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Dans une France du travail hyperfragmentée, la moyenne ne veut plus rien dire. Jean Pralong, professeur de GRH et auteur de la troisième édition du baromètre du rapport au travail, « Les voies de l’adaptation » de l'EM Normandie et Actual Group en partenariat avec Le Point, décrit une France active coupée en groupes sociaux très différents. dans un contexte économique compliqué et sans budget arrêté. Il pointe surtout la baisse d’employabilité de ceux qui n’accèdent pas à la formation, malgré des investissements massifs, créant un cercle vicieux de perte de compétences et de confiance, entre des travailleurs tentés par l’autonomie et des salariés en quête de sécurité.

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Transcription
00:00Le monde du travail est en pleine mutation.
00:02Incertitude économique, intelligence artificielle, nouveaux modes de vie,
00:06comment les Français vivent-ils ces changements ?
00:08On vit une époque dans laquelle la moyenne n'a pas beaucoup de sens.
00:11Donc regarder les Français au travail sous l'ordre de la moyenne,
00:14la moyenne de leurs compétences, la moyenne de leurs revenus, ça ne veut pas dire grand-chose.
00:17Il faut vraiment imaginer qu'il y a une fragmentation très forte,
00:19une hyperfragmentation qui découpe la France active en groupes sociaux
00:23qui sont fondamentalement très différents.
00:25La troisième édition du baromètre EM Normandie et Actual Group
00:29analyse l'évolution du rapport au travail des Français.
00:32Principal constat, la confiance des Français en l'avenir professionnel est en baisse constante.
00:37Le contexte économique est compliqué.
00:39En France, à ce jour, on n'a pas de budget avec toutes les conséquences que ça peut avoir.
00:44Ça a un impact sur les choix de stratégie des entreprises
00:47qui ne savent pas où investir, qui ne savent pas comment elles vont avancer.
00:51Et donc évidemment, au niveau des salariés, ça ne peut que provoquer de l'angoisse et de la confusion.
00:55Cette angoisse et cette confusion, elle a un impact évidemment sur les tactiques et les comportements des salariés.
01:00Le baromètre identifie des profils de travailleurs très différents, parmi eux, les menacés.
01:06Ce sont des gens qui ont une employabilité qui baisse et déjà une confiance en avenir assez modérée.
01:11Alors pourquoi est-ce que leur employabilité baisse et en quoi c'est un problème ?
01:14Elle baisse parce qu'ils n'ont pas accès à la formation.
01:17Alors c'est étrange parce que dans ce pays, il y a des investissements massifs en formation,
01:20mais en réalité, ces investissements en formation sont très inégalement répartis.
01:25Les gens déjà très bien formés ont accès à la formation parce qu'ils sont visibles pour les entreprises,
01:30mais aussi parce qu'ils savent s'orienter.
01:32Et puis quelque part ailleurs, dans le panorama des Français au travail,
01:35il y a des gens qui ne savent pas accéder à la formation,
01:38qui ne savent pas activer un CPF et qui sont des oubliés du plan de formation.
01:42Alors oubliés parce qu'on ne pense pas forcément à eux, c'est une possibilité,
01:46mais oubliés plutôt aussi sous l'angle de l'attentisme.
01:49C'est-à-dire qu'il y a des entreprises qui ne savent plus quels seront leur avenir,
01:53qui ne seront plus leurs produits de demain et leurs stratégies de demain,
01:56et donc qui attendent pour former ou pour reformer leurs collaborateurs.
01:59Et ça, ça crée un cercle vicieux qui crée ces menacés,
02:02des gens qui perdent en qualification, qui perdent en compétences,
02:06donc qui perdent en confiance et qui progressivement vont être de plus en plus loin du marché du travail.
02:10A l'opposé, d'autres profils parviennent à s'adapter, les éclaireurs et les avant-gardistes.
02:15J'ai de la population, des avant-gardistes qui étaient des gens qui voulaient travailler seuls,
02:19quitter l'entreprise, renoncer à la bureaucratie,
02:22créer une entreprise pour être autonome, indépendant et vivre de leur vocation.
02:26Ce groupe-là, c'est scindé en deux, ceux qui sont encore comme ça,
02:29et puis d'autres qui sont des éclaireurs qui reviennent dans le monde de l'entreprise.
02:32Donc le choix est bien là.
02:33Est-ce que dans un monde ambigu, il faut faire confiance à sa vocation et essayer des choses,
02:39ou est-ce qu'il vaut mieux, dans un monde ambigu, préférer le cadre sécurisant de l'entreprise ?
02:44C'est peut-être un choix qui dépend de chacun.
02:46Face à cette fragmentation, un message s'impose aux entreprises et aux décideurs.
02:50C'est de là que doit partir un diagnostic pour adapter les actifs de ce pays à l'emploi de demain,
02:57c'est-à-dire faire que chacun soit accompagné, pris en charge, formé en fonction de ses besoins,
03:02entre des gens hyper confiants, hyper ouverts vers l'avenir et hyper employables
03:08qui vont vouloir quitter l'entreprise,
03:10et puis des gens plus inquiets qui recherchent la sécurité du salariat,
03:14et enfin des gens de plus en plus angoissés et surtout de moins en moins formés
03:17qui sont sur la diagonale du déclin.
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