- il y a 2 jours
Dans « LCP-Lundi C'est Politique », en partenariat avec Radio Classique et Challenges, Francis Letellier reçoit le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.
Alors que l'Assemblée nationale figure plus que jamais au coeur de la vie politique, Francis Letellier interroge chaque lundi les ténors du parlement et du gouvernement.
En première partie de l'émission : un tête-à-tête avec une grande personnalité politique, pour mettre en perspective l'ouverture de la semaine parlementaire, avant les Questions au Gouvernement du mardi.
Francis Letellier est ensuite rejoint en plateau par trois chroniqueurs, journalistes politiques des rédactions de LCP, Radio Classique et Challenges, pour un échange avec l'invité.
Pour conclure l'émission, le face à face : une personnalité issue du monde culturel, économique ou social (écrivain, artiste, expert...) interpelle l'invité et réagit à ses propos.
Hugo au Perchoir, « streamer » politique et parlementaire sur Twitch, intervient également en relayant les questions de sa communauté.
Diffusée le lundi à 19h30 et rediffusée à 23h30, l'émission est également disponible en replay sur LCP.fr et la chaîne YouTube de LCP. Les moments forts seront aussi relayés sur Radio Classique et Challenges.
Alors que l'Assemblée nationale figure plus que jamais au coeur de la vie politique, Francis Letellier interroge chaque lundi les ténors du parlement et du gouvernement.
En première partie de l'émission : un tête-à-tête avec une grande personnalité politique, pour mettre en perspective l'ouverture de la semaine parlementaire, avant les Questions au Gouvernement du mardi.
Francis Letellier est ensuite rejoint en plateau par trois chroniqueurs, journalistes politiques des rédactions de LCP, Radio Classique et Challenges, pour un échange avec l'invité.
Pour conclure l'émission, le face à face : une personnalité issue du monde culturel, économique ou social (écrivain, artiste, expert...) interpelle l'invité et réagit à ses propos.
Hugo au Perchoir, « streamer » politique et parlementaire sur Twitch, intervient également en relayant les questions de sa communauté.
Diffusée le lundi à 19h30 et rediffusée à 23h30, l'émission est également disponible en replay sur LCP.fr et la chaîne YouTube de LCP. Les moments forts seront aussi relayés sur Radio Classique et Challenges.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00:00Régulièrement, l'État est sommé de rendre des comptes devant la Cour des comptes, que précise Pierre Moscovici depuis cinq ans en fonction qu'il va bientôt quitter dans un contexte particulier un gouvernement qui n'est pas sûr de faire voter un budget en bonne et due forme d'ici la fin de l'année.
00:00:12Cette situation risque-t-elle de creuser encore plus ses déficits ? La situation est-elle sous contrôle ? La France est-elle un pôle de stabilité en Europe ou au contraire son maillon faible ?
00:00:21Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et l'invité de LCP, l'indice est politique.
00:00:30Pierre Moscovici, bonsoir, merci d'être sur le plateau de LCP, l'indice est politique.
00:00:45Pour vous interroger ce soir également, on a Clément Méric pour LCP, bonsoir Clément, bonsoir Lauriane, Lauriane Tout-le-Mont pour Radio Classique, bonsoir Rémi, Rémi Clément pour Challenge,
00:00:55et bonsoir Hugo, Hugo Couturier, pour Hugo Auperchoir, la chaîne Twitch LCP Assemblée Nationale qui vous relèvera des interrogations, des réactions qui peuvent être parfois étonnantes ou détonnantes.
00:01:07Oui, il connaît, il connaît.
00:01:08Demain, les députés devront choisir, voter ou pas, le budget de la Sécurité Sociale pour 2026.
00:01:13Chaque voix va compter, la position de chaque groupe va être cruciale.
00:01:16D'ores et déjà, le Parti Socialiste votera pour, avec le Bloc Présidentiel, à l'inverse du côté des Républicains, les contres ou les abstentionnistes se font entendre.
00:01:25Aujourd'hui, c'est une copie qui est passable, et donc c'est la raison pour laquelle, demain, devant mon groupe, je plaiderai le fait que nous votions pour ce projet de loi de financement de la Sécurité Sociale.
00:01:36Que vous votiez pour, c'est-à-dire que vous ne vous contenterez pas de vous abstenir ?
00:01:41Non, parce que je vois bien ce qui se passe à droite, je vois bien qu'il y a toute une série de gens qui sont devenus des ingénieurs du chaos, Edouard Philippe en tête.
00:01:49Le compromis nécessite que d'autres groupes qui sont aujourd'hui dans l'opposition, et puis défendre un certain nombre de mesures qui leur tiennent à cœur.
00:01:57Donc, évidemment que ce budget n'est pas parfait, mais je crois qu'un budget parfait, en pareille circonstance, ne peut pas exister.
00:02:03Je vais m'abstenir, comme d'ailleurs un grand nombre de parlementaires, à la fois pour ne pas blâmer le Premier ministre qui a cherché avec ténacité un accord,
00:02:12mais qui, de mon point de vue, a trop participé à une forme de chantage de la part du Parti Socialiste.
00:02:18Et mon opinion, c'est qu'on ne peut pas sacrifier les générations futures, demain, après-demain, au chantage du Parti Socialiste.
00:02:25– Pierre Moscovici, vous allez suivre ce vote de près ?
00:02:28– Je le suive.
00:02:30– Mais attentivement, quand même, j'imagine ?
00:02:33– Attentivement.
00:02:34– Qu'est-ce que vous allez essayer de voir, d'analyser ?
00:02:37– Écoutez, il y a deux dimensions. Il y a une dimension qui est strictement politique, c'est est-ce que ça passe, est-ce que ça ne passe pas ?
00:02:42– Ça, ça vous intéresse ?
00:02:44– Bien sûr, parce que si ça ne passe pas, ça a aussi des conséquences financières, c'est-à-dire qu'à ce moment-là, ça coûte plus cher.
00:02:49– Mon sentiment, vu d'aujourd'hui, c'est que les députés sont confrontés à un dilemme ou à un choix.
00:02:58Ce budget, en effet, n'est pas satisfaisant, comme ça a été dit à la fois par Gabriel Attal et par Olivier Faure.
00:03:04Mais l'absence de budget pose d'autres problèmes, des problèmes de stabilité politique, des problèmes de gestion de la sécurité sociale.
00:03:10Donc, il y a à la fois l'envie légitime d'opposition, de s'opposer, la satisfaction de certains députés.
00:03:17Et puis, à côté de ça, un sentiment de responsabilité.
00:03:20Mon sentiment, mon impression, mon souhait aussi, c'est qu'il est préférable que le PLFSS soit voté.
00:03:27J'ajoute aussi que le PLF soit voté.
00:03:28On est en démocratie, on est dans l'ensemble parlementaire.
00:03:31– C'est le budget de l'État, ça.
00:03:31– C'est toujours souhaitable.
00:03:33– Donc l'un peut amener l'autre, c'est-à-dire qu'à partir du moment où certains ont voté le budget de la sécurité sociale,
00:03:37ce serait bizarre qu'ils ne votent pas le budget de l'État.
00:03:39– Non, ça, je crois que ça n'a aucune forme de connexion et au contraire, peut-être, même…
00:03:43– Vous avez plus d'inquiétudes sur le budget de l'État ?
00:03:44– J'ai plus d'inquiétudes, je vois le calendrier, je vois que la partie recette
00:03:49était rejetée à la quasi-unanimité de l'Assemblée nationale.
00:03:53Il y a un député, Harold Duvart, qui l'a voté pour, et qu'on n'a pas examiné les dépenses.
00:03:58Il va falloir mettre un peu d'huile de coude pour y arriver.
00:04:00Mais ça, c'est…
00:04:01– On va y revenir, surtout.
00:04:02Mais vous êtes inquiet sur le budget d'État, si j'entends ?
00:04:04– Je suis curieux de voir comment ça va se passer.
00:04:08La deuxième dimension, elle est financière.
00:04:11C'est que dans la position qu'est la mienne de Premier Président de la Cour des comptes,
00:04:13je ne fais pas de politique.
00:04:15Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si ça permet de maîtriser les déficits,
00:04:19les déficits de la sécurité sociale et les déficits, en général, de la France.
00:04:23– On va y revenir en détail.
00:04:23– Et de ce point de vue-là, il semblerait que le point d'aboutissement des débats,
00:04:30c'est qu'on reste à peu près à 23 milliards d'euros de déficits de la sécurité sociale,
00:04:35ce qui est deux fois plus qu'il y a deux ans,
00:04:37et ce qui est 6 milliards de plus que ce qui avait été proposé initialement par le gouvernement.
00:04:41– On va y revenir en détail, juste Olivier Faure.
00:04:43– Avec notamment un nom d'âme, c'est l'adjectif national d'assurance maladie,
00:04:47qui a été proposé à 1,6% et qui est montré à 3%.
00:04:50Donc disons que du point de vue des finances publiques,
00:04:53des finances publiques, après je ne me prononce pas sur le détail des choses,
00:04:56ce n'est pas mon rôle, c'est quand même moyennement contenu.
00:04:59– Olivier Faure, numéro 1 du PS, dit que c'est passable.
00:05:02Vous reprendriez ce mot, vous, sur le budget d'assécur ?
00:05:04– Je n'ai aucun commentaire, ni ce que sur l'effort, et je ne juge jamais.
00:05:06– Non, mais est-ce que c'est passable, dans tous les sens du terme ?
00:05:08– Non, non, non.
00:05:09– Aussi bien comme note qu'acceptable ?
00:05:12– Non, non, ce n'est pas du tout mon point de vue.
00:05:13– Si le budget d'assécurité...
00:05:14– Mon point de vue, encore une fois, il est celui d'un citoyen
00:05:17qui regarde se dérouler un débat public,
00:05:19qui souhaite que la France ait un projet de loi de financement,
00:05:23la sécurité sociale ait un projet de loi de finances, un budget en gros,
00:05:25et il est celui d'un responsable d'une institution de la Cour des comptes
00:05:28qui souhaite que nos déficits diminuent.
00:05:31Pourquoi ? Parce que nous avons des engagements en la matière,
00:05:33que nous sommes un pays dont les finances publiques sont dans une situation préoccupante
00:05:37et qu'il faut, je le dis ici, que le déficit global soit en deçà de 5%,
00:05:44si nous voulons rester sur la trajectoire de crédibilité qui est la nôtre,
00:05:48pour revenir sous les 3% de déficit en 2029,
00:05:52ce qui est quand même un impératif,
00:05:53contre le fait que nous serions les derniers en Europe à être dans cette situation.
00:05:56– Juste, c'est l'ordre de vérité demain pour le budget de la Sécu,
00:05:58s'il n'est pas voté, quelles conséquences ça a ?
00:06:01– Je ne me parle pas du tout dans cette situation-là.
00:06:03D'abord, je pense que l'esprit de responsabilité l'emportera,
00:06:07si je ne suis pas pas joueur, je ne suis pas parieur,
00:06:11mais j'essaie de...
00:06:12– Non mais c'est un scénario possible.
00:06:13– Non, non, Francis, j'essaie de raisonner.
00:06:15– C'est un scénario possible.
00:06:16– Je me dis que le coût du non-vote est nettement supérieur au coût du vote.
00:06:19Et donc je suis, allez, toute chose étant égale par ailleurs,
00:06:23confiant dans l'esprit de responsabilité des parlementaires,
00:06:26dans leur diversité, pour que ce budget soit voté.
00:06:29Ensuite, on voit.
00:06:30J'ai appris une chose dans ma longue carrière politique et de fonctionnaire,
00:06:34il ne faut jamais penser au plan B,
00:06:36alors que le plan A est encore sur la table.
00:06:37D'abord le plan A, ensuite on verra.
00:06:39– Clément.
00:06:39– Alors, il y a à peine plus d'un mois,
00:06:41la Cour des comptes alertée sur le risque, je cite,
00:06:44d'une perte de contrôle du budget de la Sécurité sociale.
00:06:48Et vous pointiez du doigt, à l'époque, le fait que 80% des économies
00:06:51reposaient sur une poignée de mesures.
00:06:55Toutes ces mesures d'économie, elles ont sauté pendant le débat budgétaire.
00:06:59Est-ce que ça veut dire qu'on est dans la perte de contrôle ?
00:07:01Est-ce qu'on va droit dans le mur ?
00:07:02– Écoutez, encore une fois, les choses sont tellement compliquées,
00:07:04les débats sont tellement mouvants,
00:07:06que je ne peux pas, comme ça, ici, improviser une analyse de ce PLFSS.
00:07:12– Vous avez la copie quasi définitive, là.
00:07:14– Oui, mais on ne l'a pas regardé dans le détail, on ne l'a pas expertisé.
00:07:17Il me semble, je l'ai dit, j'ai cité le chiffre,
00:07:20que le déficit de la Sécurité sociale resterait autour de 23 milliards d'euros.
00:07:24Et dans le rapport de la Cour des comptes, il avait été dit
00:07:27que 23 milliards d'euros, c'était deux fois plus,
00:07:29c'est la balissade que les 11 milliards d'euros il y a deux ans,
00:07:31c'est donc un doublement.
00:07:33Et que sur ce trade-là, dans cette tendance-là,
00:07:35oui, nous perdions le contrôle de nos finances sociales.
00:07:38Ça ne suffit pas pour une année,
00:07:40mais disons qu'il n'y a pas eu le ressaisissement
00:07:44de nos finances sociales qui eût été souhaitable
00:07:47du point de vue des finances publiques.
00:07:48– Alors, vous citez le chiffre de 23 milliards,
00:07:50je crois que Roland Lescure, hier, sur LCI,
00:07:52a évoqué autour de 20 milliards de déficit,
00:07:55et dans l'entourage d'Amélie de Montchalin,
00:07:57on va jusqu'à espérer 18,5 milliards.
00:07:59Est-ce que ça change quelque chose pour vous ?
00:08:01– Bien sûr, ça change quelque chose.
00:08:02– Oui.
00:08:03– Bien sûr.
00:08:03Mais c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il faudra,
00:08:05encore une fois, faire gérer l'autopsie de tout ça.
00:08:08J'ai quand même le sentiment
00:08:09qu'on sera bien au-dessus de 20 milliards.
00:08:13C'est l'impression que j'ai en regardant les choses,
00:08:15et j'entends dire, comme vous,
00:08:17les chiffres sont plutôt à 21, 22, 23 milliards.
00:08:19– Je n'ai pas l'impression qu'on va réduire substantiellement
00:08:22le déficit de la santé sociale avec ces budgets, franchement.
00:08:26– Sur ce texte, demain, il y a un dernier volet à négocier,
00:08:29c'est l'ondame, vous l'avez évoqué,
00:08:30l'objectif des dépenses de l'assurance maladie,
00:08:33qui pourrait augmenter encore de 2,5 à, dernièrement,
00:08:373% l'année prochaine.
00:08:39Est-ce que, pour vous, ce n'est plus acceptable ?
00:08:41C'est trop ?
00:08:42– Je ne discute jamais sur l'acceptable, pas acceptable.
00:08:45Chacun doit être à sa place.
00:08:46Dans un pays, ceux qui gouvernent,
00:08:50c'est le couple gouvernement-parlement.
00:08:54Ça, c'est la démocratie.
00:08:55La Cour des comptes n'est pas un pouvoir.
00:08:56La Cour des comptes n'est pas un contre-pouvoir.
00:08:58Et ce n'est pas à nous de dire ce qui est acceptable
00:09:00et pas acceptable.
00:09:01En revanche, ce que nous pouvons dire, c'est,
00:09:03regardez les chiffres, j'ai fait un constat.
00:09:06C'est que le PLFSS a été déposé.
00:09:08La Cour des comptes et le Haut Conseil des Finances Publiques
00:09:10avaient d'ailleurs émis des doutes à l'époque.
00:09:11que c'était il y a deux mois.
00:09:13Avec un non-d'âme à 1,6%.
00:09:15Nous avions remarqué que c'était quand même très tendu,
00:09:17qu'on n'avait pas fait ça depuis les années 2015,
00:09:20dans un autre contexte,
00:09:21et de surcroît que c'était plus de deux fois moins
00:09:24que l'on-d'âme de l'an dernier qui était à 3,6%.
00:09:26Bon, ce que je constate, c'est qu'au final,
00:09:29on serait autour de 3%,
00:09:30ce qui serait deux fois plus que ce qui a été...
00:09:32– On revient à la caisse départ.
00:09:33– Deux fois plus que ce qui a été présenté au PLFSS initialement
00:09:37et plus près, même beaucoup plus près,
00:09:39de ce qui se faisait.
00:09:40– 5,6% de l'an dernier.
00:09:41– L'Orient.
00:09:41– Et ce qui confirme quand même
00:09:43que la maîtrise des finances sociales
00:09:46n'aura pas été, somme toute,
00:09:49le principal déterminant de ce vote,
00:09:50ce que je peux comprendre.
00:09:51Par ailleurs, encore une fois,
00:09:52j'ai été moi-même élu parlementaire trois fois,
00:09:55j'ai été ministre,
00:09:56je sais ce que c'est que la politique,
00:09:57mais je suis président de la Cour des comptes.
00:09:59Et ce que je vous dis, moi,
00:10:00c'est la liste que je peux faire en tant que tel.
00:10:02– Le gouvernement s'est finalement engagé
00:10:04à ne pas doubler les franchises médicales.
00:10:07Est-ce que, selon vous,
00:10:08ce n'était pas finalement, financièrement,
00:10:10la meilleure solution ?
00:10:11– Pas de commentaire.
00:10:12– Là-dessus, non.
00:10:14– Rien du tout.
00:10:14– Comment on compense ?
00:10:17– Je ne suis pas l'arbitre
00:10:18des élégances politiques de ce pays.
00:10:20– Non, ce n'est pas ça.
00:10:21C'est un avis qu'on vous...
00:10:22– Mais je ne donne aucun avis de cette nature-là.
00:10:23Je ne fais pas mes mesures par mesures.
00:10:25La seule chose sur laquelle je peux me prononcer,
00:10:28là, c'est sur les grands équilibres,
00:10:29comme on dit,
00:10:30c'est-à-dire sur le niveau de déficit
00:10:32auquel on parvient in fine,
00:10:33c'est ça qui me soucie maintenant.
00:10:35Après, il y a un Parlement,
00:10:36je n'ignore pas le côté extrêmement difficile
00:10:40de gouverner la France.
00:10:41– Un compromis, ça a un prix, quoi.
00:10:43– Sébastien Lecornu se donne beaucoup de mal
00:10:45dans une situation qui est extrêmement compliquée.
00:10:48– Ça se paie.
00:10:48– Puisque 2024, depuis 2024,
00:10:51non seulement il n'y a pas de majorité relative,
00:10:53la majorité relative, c'est déjà une minorité,
00:10:55mais là, il n'y a plus de majorité du tout,
00:10:57avec des comportements qui...
00:10:58– Donc ça coûte cher aussi, ça ?
00:11:00– Forcément, ça coûte très cher.
00:11:02– Très cher.
00:11:03– C'est la situation politique qui coûte cher.
00:11:04– Nous payons le prix,
00:11:07alors j'allais dire le prix financier,
00:11:09je ne parle pas du prix politique,
00:11:10nous payons le prix financier
00:11:11de l'absence de majorité.
00:11:12Et donc forcément, en effet,
00:11:14on construit des compromis entre des forces
00:11:16qui sont opposées, antagoniques,
00:11:19parfois contradictoires.
00:11:21Et au final, ce qui se perd quand même
00:11:23dans cette logique, c'est les forces d'économie.
00:11:26Économie en matière de finances sociales,
00:11:28économie en matière de finances publiques,
00:11:29de l'État et des collectivités locales.
00:11:31C'est ça qui est en train de se produire.
00:11:33Alors que notre situation de finances publiques globales
00:11:36est, je le répète, préoccupante.
00:11:37Un pays comme la France qui a 5,4% de déficit,
00:11:42qui a 115% de dette publique,
00:11:44qui rembourse chaque année 74 milliards d'euros
00:11:47pour sa dette publique,
00:11:49alors que c'était 35 milliards d'euros en 2021.
00:11:51Un pays qui a les taux d'intérêt,
00:11:54au jour où nous parlons,
00:11:55les plus élevés de la zone euro,
00:11:57alors qu'il y a encore 4 ou 5 ans,
00:11:59nous étions en dessous de la Belgique,
00:12:01le Portugal, l'Espagne, la Grèce et l'Italie.
00:12:03C'est un pays dont la situation se dégrade.
00:12:05Et un pays dont la situation se dégrade,
00:12:07c'est un pays qui perd en crédibilité.
00:12:09Oui, bonjour, c'est moi, Hugo.
00:12:11Il y a une question de tranche dans le chat
00:12:13qui dit, qui cache,
00:12:14il dit qu'il se cache à la cour des comptes,
00:12:16mais la situation économique de la France,
00:12:18il en est en grande partie responsable.
00:12:19Vous avez été ministre de l'économie et des finances
00:12:22pour deux budgets.
00:12:23Est-ce que vous n'avez pas, vous aussi,
00:12:24à titre personnel, une part de responsabilité
00:12:26dans la situation économique du pays ?
00:12:27Tout le monde a des parts de responsabilité,
00:12:28mais je suis très tranquille là-dessus.
00:12:30Je suis arrivé à Bercy.
00:12:32Ça fait partie des légendes urbaines
00:12:34que balance la Twittosphère
00:12:37et quelques personnes pas toujours bien associées.
00:12:39Les déficits étaient à 5,2%.
00:12:42C'était pendant la crise financière.
00:12:43J'ai quitté Bercy en avril 2014.
00:12:46Les déficits étaient à 3,9%.
00:12:48Donc s'il y a une chose dont je suis responsable,
00:12:50c'est d'avoir été le ministre qui,
00:12:52depuis 20 ans, a le plus fait baisser
00:12:54les déficits publics.
00:12:55Donc c'est la faute à ceux d'après ?
00:12:57Pourquoi voulez-vous le dire à la faute ?
00:12:59Je vous parle simplement de ce que moi j'ai fait.
00:13:02Ensuite, ça a continué à s'améliorer
00:13:04et puis ça s'est détérioré.
00:13:05Ça, c'est une séquence simplement.
00:13:07Pour ceux qui pensent que je suis un maniaque du déficit,
00:13:10on avait dit un braconnier devenu garde de chasse.
00:13:14Non, je n'ai jamais été braconnier,
00:13:15je suis venu de garde de chasse.
00:13:16Et donc, j'ai juste toujours eu à cœur
00:13:19de faire baisser les déficits
00:13:20parce que je crois à une chose profondément,
00:13:23c'est que la dette publique,
00:13:24c'est l'ennemi de l'économie,
00:13:25c'est l'ennemi de la cohésion sociale,
00:13:26c'est l'ennemi des politiques.
00:13:27Dans ce projet de loi de financement
00:13:28de la sécurité sociale,
00:13:29il y a la suspension de la réforme des retraites,
00:13:31une concession faite au Parti socialiste.
00:13:32Elle va coûter cher, cette suspension ?
00:13:34Alors, il y a deux dimensions.
00:13:36D'abord, elle ne coûte pas extrêmement cher
00:13:38sur les deux années qui viennent.
00:13:39On sait que c'est quelques centaines
00:13:40de millions d'euros.
00:13:41La France estime un petit peu plus,
00:13:44un petit peu moins.
00:13:44Et c'est un peu moins d'un milliard 5
00:13:47pour l'année suivante.
00:13:48Mais 10 milliards jusqu'à 2030.
00:13:49Alors, ça, c'est autre chose.
00:13:51Parce que ça, ce n'est pas la suspension.
00:13:52Ça voudrait dire qu'on arrêterait la réforme.
00:13:56Et toute la question va naître
00:13:57pendant l'élection présidentielle de 2027.
00:14:00Ce chantier sera remis sur le métier.
00:14:03Si des forces politiques arrivent
00:14:05et disent qu'il n'y aura pas de réforme des retraites,
00:14:08alors à ce moment-là,
00:14:09je parle strictement aux termes financiers.
00:14:10Aujourd'hui, nous avons 6 milliards d'euros
00:14:12de déficit dans notre régime de retraite.
00:14:15En 2030, nous aurons toujours 6 milliards.
00:14:18À condition que les 10 milliards
00:14:20que rapporte la retraite soient rentrées dans les caisses.
00:14:23Si, par hypothèse,
00:14:24ils ne rentrent pas dans les caisses,
00:14:25alors à ce moment-là,
00:14:25on sera plus près de 15 milliards.
00:14:27Même avec la réforme,
00:14:29en 2035, on aura 15 milliards.
00:14:31Et même avec la réforme,
00:14:32on aura 30 milliards en 2045.
00:14:34Qu'est-ce que je veux dire par là ?
00:14:36Que ceux qui pensent
00:14:37que le débat sur les retraites
00:14:38est derrière nous se trompent.
00:14:39Mais ça aurait été plus coûteux
00:14:40de ne pas le faire politique.
00:14:41Je vais vous dire une chose très simple.
00:14:43On est dans un système de retraite
00:14:44par répartition.
00:14:48Ça veut dire que ce sont les cotisants
00:14:49qui paient la retraite
00:14:49de ceux qui ne travaillent plus.
00:14:50C'est comme ça.
00:14:52Pour que ce régime marche,
00:14:54alors que le rapport inactif sur actif
00:14:57ou plutôt actif sur inactif se dégrade,
00:14:59il faut forcément qu'il y ait
00:15:01soit un niveau de cotisation plus élevé,
00:15:03soit effectivement un âge
00:15:05ou une durée de retraite
00:15:07qui s'étend avec le...
00:15:08En effet, ne pas le faire
00:15:09aurait été plus coûteux politiquement
00:15:10de ne pas faire cette question ?
00:15:12Vous me posez des questions politiques
00:15:13qui ne me regardent vraiment pas.
00:15:14Franchement, c'est un choix,
00:15:16un arbitrage qui a été fait.
00:15:17Il n'y avait sûrement pas
00:15:18d'autres solutions pour le faire.
00:15:19Et d'ailleurs, c'est une solution temporaire.
00:15:21Il est très clair que l'ouvrage
00:15:23sera remis sur le métier en 2027.
00:15:25Et en 2027, vous savez,
00:15:27l'élection approche.
00:15:28Il y aura quand même des grands débats
00:15:29qu'il faudra avoir.
00:15:31Et notamment celui-là.
00:15:32Mais il faudra d'abord un grand débat
00:15:33de qu'est-ce qu'on fait
00:15:33de nos finances publiques.
00:15:35Pourquoi ?
00:15:35Parce qu'il n'y a pas de bonne finance,
00:15:37de bonne politique publique
00:15:38sans bonne finance publique.
00:15:39Il y aura le débat des retraites.
00:15:41Il y aura le débat de la démographie.
00:15:42Il y aura le débat de l'écologie.
00:15:43Et il faudra quand même qu'à un moment donné,
00:15:44on parle des visions pour le pays.
00:15:46Là, pour l'instant,
00:15:47vous savez,
00:15:48regardons les choses en face.
00:15:49Nous sommes dans une fin de quinquennat
00:15:51qui va durer encore un an et demi
00:15:53sans majorité,
00:15:55avec un gouvernement
00:15:56qui, du coup,
00:15:56est obligé de naviguer
00:15:58pour trouver des compromis.
00:15:59Ce n'est pas là
00:15:59où on va faire des références structurelles.
00:16:01Mais il faudra les faire après.
00:16:01À la Cour des comptes,
00:16:02vous faites des préconisations.
00:16:03Quand vous faites ces préconisations,
00:16:04est-ce que vous prenez en compte
00:16:05la situation politique du pays ?
00:16:07C'est-à-dire,
00:16:07on a un Premier ministre
00:16:08qui n'a pas de majorité,
00:16:09qui est l'un des plus faibles
00:16:10de la Sacré-Prépulée,
00:16:11qui l'a dit.
00:16:11Ça, ça entre en compte
00:16:12dans vos préconisations ?
00:16:13Non, pas du tout.
00:16:13Nous avons des analyses.
00:16:14Vous extrayez du...
00:16:15Oui, nous avons fait des analyses,
00:16:17des faits, des chiffres.
00:16:19On essaie de faire des propositions
00:16:20qui correspondent
00:16:21à ce qu'il faudrait faire.
00:16:23Mais vous ne prenez pas en compte
00:16:24les données politiques telles qu'elles ?
00:16:26Non.
00:16:26On ne les ignore pas,
00:16:27mais on ne les prend pas en compte
00:16:28comme on voudrait.
00:16:29On ne va pas dire
00:16:30« Ouais, bon, voilà,
00:16:31il faudrait faire 4,6 »,
00:16:33mais compte tenu du fait que...
00:16:35On ne serait pas dans notre rôle.
00:16:36On n'est pas une officine politique
00:16:37de qui que ce soit.
00:16:39On n'est pas un organe politique.
00:16:40On est une institution de la République
00:16:41qui informe le citoyen.
00:16:43À l'instant...
00:16:43Qui donne la vérité des prix.
00:16:46À l'instant, Pierre Moscovici,
00:16:47on en parlait tout à l'heure,
00:16:47le gouvernement vient d'annoncer
00:16:48qu'il dépose un amendement
00:16:50pour porter la hausse
00:16:51des dépenses d'assurance maladie
00:16:52de 2 à 3 % l'année prochaine.
00:16:54Quand vous vous entendez ça,
00:16:56vous dites « Ça y est,
00:16:57on creuse encore le déficit ? »
00:16:59Je vous ai déjà répondu à ça.
00:17:01Je constate que le 1,6 est devenu 3.
00:17:03Donc c'est deux fois plus
00:17:04que ce qui avait été initialement déposé.
00:17:06Je constate que le 3 est proche du 3,6.
00:17:08Et donc, du coup, je me dis
00:17:09qu'on ne va pas beaucoup réduire
00:17:10les déficits de la Sécurité sociale,
00:17:12y compris de l'assurance maladie.
00:17:13Occasion ratée, occasion manquée.
00:17:15Je ne porte pas de jugement de valeur.
00:17:16Ne cherchez pas à le faire.
00:17:18Non, mais...
00:17:18Non.
00:17:19C'est la suite logique de ce que vous dites, en fait.
00:17:21Non, location manquée.
00:17:22Là, pour le coup, je prends en compte
00:17:24la réalité politique.
00:17:26Il y a un monde pur et parfait,
00:17:28qui est le monde des chiffres,
00:17:30qui est le monde dans lequel
00:17:31il y aura une majorité,
00:17:32le monde dans lequel il y aura une volonté,
00:17:34le monde dans lequel on serait conscient
00:17:36que ces problèmes de finances publiques
00:17:37sont nécessaires.
00:17:38Et il y a le monde réel,
00:17:39le monde où il n'y a pas de majorité,
00:17:40le monde où on cherche
00:17:41des compromis difficiles,
00:17:43le monde où la conception même
00:17:45de la nécessité de réduire les déficits,
00:17:47et sinon absents du moins,
00:17:49extrêmement faibles,
00:17:50c'est dans ce monde-là que nous vivons.
00:17:51Ça, c'est le monde de l'Assemblée.
00:17:53Moi, je vous parle d'autre chose,
00:17:54je vous parle du monde,
00:17:56des faits, des chiffres...
00:17:57Non.
00:17:57Je vous parle de ce qu'il faudrait faire
00:18:00pour que la France maîtrise
00:18:02ses finances publiques,
00:18:03ce qui serait bon pour les Français.
00:18:05Justement, on va parler du budget maintenant,
00:18:07parce que la sécurité sociale,
00:18:08c'est une chose.
00:18:09Après, il y a le budget de l'État.
00:18:10Rémi.
00:18:10Justement, en France,
00:18:11est-ce qu'il n'y a pas une part
00:18:11de dramatisation sur le budget ?
00:18:13En Espagne, on voit qu'il n'y a pas de budget
00:18:14et chaque année,
00:18:16c'est reconduit sans problème.
00:18:17Est-ce que ça, c'est une hypothèse
00:18:19sur laquelle vous vous êtes penché
00:18:20sur sa faisabilité technique en France ?
00:18:22Est-ce que c'est un scénario
00:18:23que vous pourriez préconiser pour la France ?
00:18:25Certainement pas.
00:18:26Pourquoi ?
00:18:26D'abord, parce que dans une démocratie parlementaire
00:18:28qui prévoit qu'on a 70 jours pour débattre,
00:18:31il faut chercher un compromis sur un budget.
00:18:33Un budget voté par une Assemblée,
00:18:35c'est nettement mieux.
00:18:36Ensuite, parce que nous avons un système en France
00:18:38qui est le système de la loi spéciale
00:18:40suivi ensuite des services votés,
00:18:43qui fait qu'on reste extrêmement statique,
00:18:46que chaque mois, on met en place
00:18:47des mesures d'économie
00:18:48qui sont extrêmement dures
00:18:49mais qui sont totalement indifférenciées,
00:18:52qu'au bout d'un moment,
00:18:52on ne sait pas ce que l'État peut payer
00:18:54et qu'on ne peut pas déployer
00:18:56des dépenses nouvelles et intelligentes.
00:18:58Je prends un exemple.
00:18:59Ce qui marche en Espagne
00:18:59ne peut pas marcher en France.
00:19:00Est-ce qu'il marche en Belgique ?
00:19:01Je pense que nous ne sommes pas du tout
00:19:02dans cette situation-là.
00:19:04Ce n'est pas du tout la même situation.
00:19:05Ce n'est pas du tout la même façon
00:19:06de gérer les choses.
00:19:07Il y a aussi ce que peuvent faire
00:19:09les décrets, ce qu'ils ne peuvent pas.
00:19:10Enfin, je vais prendre un autre exemple
00:19:11que le Premier ministre d'ailleurs
00:19:11a utilisé à juste titre.
00:19:13La France est confrontée...
00:19:15Enfin, on est en ce moment
00:19:16dans un moment très tendu sur l'Ukraine
00:19:19avec une recherche de la paix
00:19:21mais une menace de la guerre.
00:19:23On nous dit qu'il faut nous préparer
00:19:25à une agression russe
00:19:28vers la fin de cette décennie.
00:19:30Je le crois aussi.
00:19:31La Russie est en train de tester nos limites
00:19:33et elle peut très bien,
00:19:34pendant cette période,
00:19:35attaquer, agresser
00:19:36un pays membre de l'OTAN
00:19:38et membre de l'Union européenne.
00:19:40Donc, nous devons nous muscler.
00:19:41Et ça veut dire que dans le budget
00:19:42tel qu'il est dépensé,
00:19:44le PLF,
00:19:44il y a 6 milliards d'euros
00:19:45de plus pour la défense.
00:19:47Si on est en loi spéciale,
00:19:49walou, on ne peut pas faire.
00:19:51Et donc, ça veut dire que
00:19:52la loi spéciale,
00:19:54c'est un système qui congèle,
00:19:56qui empêche le progrès.
00:19:59On peut le faire,
00:20:00mais ça s'appelle un expédient
00:20:01et ce sera difficile.
00:20:02Et ce que je crois,
00:20:04c'est que si on a une loi spéciale,
00:20:05ça peut arriver,
00:20:06compte tenu du moment où on en est,
00:20:08il faudra quand même reprendre
00:20:08assez vite en début d'année
00:20:10le débat avec une deuxième lecture
00:20:12et parvenir à avoir un budget,
00:20:14comme d'ailleurs ça a été fait en 25.
00:20:15Sur le déficit,
00:20:16le gouvernement vise 5,4%
00:20:17d'ici la fin de l'année,
00:20:18mais des économistes
00:20:19alertent ce matin dans les échos
00:20:20en disant que ça pourrait être plus.
00:20:21C'est aussi ce que vous croyez ?
00:20:23Je ne crois rien.
00:20:24Il faut connaître les données
00:20:24parce que ça,
00:20:25c'est des chiffres
00:20:26qu'on peut avoir
00:20:27qui dépendent justement
00:20:28des aléas,
00:20:29de la sensibilité,
00:20:30des recettes à la croissance,
00:20:31de la croissance elle-même.
00:20:33Donc, il n'y a pas de risque
00:20:33de dérapage supplémentaire ?
00:20:35Je ne peux pas le garantir.
00:20:36Vous ne pouvez pas l'écarter ?
00:20:40Disons qu'il ne devrait pas
00:20:42y avoir de surprise dramatique.
00:20:44Il peut y avoir une surprise
00:20:45légèrement favorable
00:20:46si la croissance
00:20:47a été un peu plus favorable,
00:20:49ce qui semble être le cas,
00:20:49et si les recettes ont été bonnes.
00:20:51Il peut y avoir des surprises
00:20:52légèrement défavorables.
00:20:53Attendons tranquillement
00:20:54les chiffres de fin d'année.
00:20:55En tout cas,
00:20:56on reste dans cet ordre d'idée.
00:20:57Et enfin, sur la dette,
00:20:58on sait que c'est un enjeu
00:20:59fondamental pour vous.
00:21:00La plupart des économistes
00:21:01estiment qu'il faudrait mieux
00:21:02faire 100 milliards d'économies
00:21:03sur 6 ans.
00:21:05Le CAE parle de 27 milliards d'euros
00:21:07dès la première année.
00:21:07C'est rejoint par Terra Nova,
00:21:09donc plutôt proche
00:21:09de vos idées originelles,
00:21:11qui parle de 100 milliards.
00:21:12C'est gentil avec mes idées originelles,
00:21:14mais aujourd'hui,
00:21:15les seules idées que j'ai,
00:21:16c'est les idées de la Cour des comptes.
00:21:17D'accord, mais vous êtes sur la même...
00:21:18Comme citoyen,
00:21:19je peux en avoir d'autres,
00:21:20mais ça ira plus tard.
00:21:21Vous êtes sur la même longueur d'onde ?
00:21:24100 milliards d'euros sur 6 ans,
00:21:25c'est ce qu'il faut
00:21:26pour redresser,
00:21:27stabiliser la dette en France ?
00:21:27Je vais me raisonner
00:21:28en termes de milliards.
00:21:29Je raisonne en termes de trajectoire.
00:21:31Ce que je dis...
00:21:32Mais les trajectoires,
00:21:32c'est des milliards.
00:21:34Non, mais ce n'est pas exactement
00:21:35comme ça.
00:21:35Marc, je ne veux pas embêter
00:21:36nos téléspectateurs avec ça
00:21:39parce qu'on raisonne parfois
00:21:40sur ce qu'on appelle
00:21:41un tendanciel.
00:21:42On fait comme s'il ne se passait rien
00:21:44et donc c'est comme ça
00:21:44qu'on accumule des milliards
00:21:45et qu'en fait,
00:21:46la Cour des comptes
00:21:46ne raisonne pas comme ça.
00:21:47Bref, laissons tomber les milliards.
00:21:49Moi, je raisonne en termes
00:21:50de trajectoire.
00:21:51Et ce que je dis,
00:21:52c'est qu'il faut faire
00:21:53ce qu'il faut
00:21:53pour qu'on ait moins de 3%
00:21:56en 2029.
00:21:58Théoriquement,
00:21:58ça devait être 4,6
00:21:59ou 4,7% de déficit.
00:22:01Si on est à plus de 5,
00:22:03ça va devenir quand même
00:22:03assez difficile à jouer.
00:22:05C'est pour ça qu'il faut
00:22:06que ce soit moins de 5%.
00:22:07Après, la façon de faire,
00:22:09c'est soit des économies
00:22:10soit de la fiscalité.
00:22:11Je pense en effet
00:22:11qu'il faut faire plus d'économies
00:22:13que de fiscalité.
00:22:14Je constate qu'il y a
00:22:14une petite tendance
00:22:15à faire plus de fiscalité
00:22:16que d'économies.
00:22:17Vous dites que la France
00:22:18reste un pays solvable.
00:22:20Mais jusqu'à quand ?
00:22:21C'est pour quand le crash ?
00:22:23Une question.
00:22:232030 ?
00:22:25Écoutez,
00:22:25je ne veux pas spéculer
00:22:27sur les années qui viennent
00:22:28et j'ai confiance dans la France.
00:22:29Ce que je dis juste,
00:22:30c'est que je ne suis jamais catastrophiste.
00:22:33Et puis j'ai un peu de bouteille
00:22:34quand même.
00:22:34Avant d'être pris dans le cours des comptes,
00:22:36j'étais commissaire européen
00:22:37en charge des finances.
00:22:38Et avant d'être commissaire européen
00:22:39en charge,
00:22:39j'ai mis des finances.
00:22:40Mais comme 12, 13 ans
00:22:41que je suis dedans tous les jours.
00:22:44Donc un,
00:22:45la France n'est pas au bord
00:22:46de la crise financière.
00:22:47Elle est solvable.
00:22:48On achète notre dette.
00:22:49Elle trouve preneur.
00:22:50Pourvu que ça dure.
00:22:51C'était ça la question.
00:22:52Jusqu'à quand ?
00:22:53Jusqu'au bout.
00:22:53La France n'est pas
00:22:54à la veille d'une crise à la grecque.
00:22:57Notre État n'est pas failli.
00:22:59Notre marché du travail
00:23:00n'est pas fictif
00:23:00et nos comptes sont solides.
00:23:02Troisièmement,
00:23:03nous ne sommes pas
00:23:04à la veille de l'arrivée du FMI.
00:23:05Donc arrêtons un peu
00:23:06avec tous ces fantasmes
00:23:07qui font peur.
00:23:07Ce n'est pas le cas.
00:23:08En revanche,
00:23:09ce que j'ai dit de la manière
00:23:10la plus claire,
00:23:10c'est que nos finances publiques
00:23:11se dégradent.
00:23:12Que notre crédibilité s'affaisse.
00:23:14Que le coût de notre dette augmente.
00:23:17Vous dites qu'il faudra faire attention
00:23:18dans les prochaines années.
00:23:19C'est pour ça que je demandais.
00:23:20Oui, à un moment donné,
00:23:21vous savez, un accident.
00:23:22Au fond,
00:23:23je ne suis pas en une métaphore,
00:23:25c'est presque la saison.
00:23:27Nous sommes sur un effet
00:23:28boule de neige.
00:23:29Notre dette grossit.
00:23:31Le remboursement
00:23:31de notre dette grossit.
00:23:33Quand on est en montagne
00:23:34et qu'il y a de la poudreuse,
00:23:35ça peut à un moment donné
00:23:35déclencher une avalanche.
00:23:36Je ne sais pas quand
00:23:37se déclenchent les avalanches.
00:23:38Il faut toujours faire attention
00:23:39aux avalanches.
00:23:39Parce qu'il ne suffit pas grand-chose
00:23:41pour que ça parte.
00:23:42Aujourd'hui, manifestement,
00:23:43la France continue d'avoir
00:23:44la confiance des prêteurs
00:23:47parce qu'elle appartient
00:23:49à la zone euro.
00:23:50Ça, c'est très important.
00:23:52Et parce que c'est un grand pays.
00:23:53Mais toute confiance
00:23:54peut se retourner à un moment donné.
00:23:55Pour sauver notre modèle social,
00:23:58vous proposez,
00:23:58la Cour des comptes
00:23:59propose dans son rapport
00:24:00publié la semaine dernière
00:24:01sur la démographie
00:24:02et les finances publiques
00:24:04de taxer la consommation.
00:24:06Ça veut dire quoi ?
00:24:07Concrètement augmenter la TVA,
00:24:10par exemple ?
00:24:10Ce rapport n'a fait
00:24:12aucune préconisation particulière.
00:24:15Il attire simplement
00:24:15l'attention sur...
00:24:16C'est une liste.
00:24:17Il attire l'attention sur un fait.
00:24:19C'est que dans un pays
00:24:20qui vieillit,
00:24:21le vieillissement de la population
00:24:22a des conséquences
00:24:23sur les finances publiques.
00:24:24Mais augmenter...
00:24:25Taxer la consommation,
00:24:26ça veut dire quoi ?
00:24:26Les conséquences
00:24:27sur les finances publiques,
00:24:28il n'y a pas de préconisation fiscale,
00:24:29donc je ne vais pas
00:24:29les inventer sur place.
00:24:31Vous évoquez plusieurs leviers
00:24:32dans ce rapport quand même.
00:24:33Oui, mais en gros,
00:24:36quand la population vieillit,
00:24:38c'est-à-dire qu'il y a moins d'actifs.
00:24:39Moins d'actifs,
00:24:40ça veut dire
00:24:40que ça génère moins de revenus.
00:24:42La population qui vieillit,
00:24:44ça veut dire aussi
00:24:44plus de dépenses.
00:24:46Plus de dépenses pour le grand âge,
00:24:48plus de dépenses de retraite.
00:24:49Et ça veut dire effectivement
00:24:50qu'il faut à ce moment-là
00:24:51voir comment nous finançons
00:24:53notre système de protection sociale.
00:24:55Et il y a plusieurs pistes possibles.
00:24:56On parle de taxes sur la consommation.
00:24:57On peut aussi...
00:24:58Il y a une proposition intéressante
00:24:59qui consiste à dire
00:25:00que dans une société
00:25:01où on se porte mieux
00:25:02de plus en plus longtemps,
00:25:04les âges de 60 à 70 ans
00:25:06sont des âges
00:25:07où ceux qui le veulent
00:25:08peuvent continuer à travailler.
00:25:10Je peux vous en parler.
00:25:12Ça ne veut pas dire
00:25:12passer la retraite à 70 ans.
00:25:14Ça veut dire...
00:25:15Non, mais ça veut dire...
00:25:15Vous entendriez parler le pays ?
00:25:17Pas du pays, le pays.
00:25:18Oui, je ne propose pas ça.
00:25:20Puis simplement,
00:25:20prenez mon cas.
00:25:23J'ai 68 ans.
00:25:25J'espère que je ne vous parais pas
00:25:26un vieillard qu'à Cochime.
00:25:27J'arrive encore à présider
00:25:28la Cour des Comptes.
00:25:29J'ai une énergie absolument intacte.
00:25:31J'adore ce que je fais
00:25:32et je vais continuer à bosser.
00:25:33Voilà.
00:25:35Personne ne m'oblige à le faire.
00:25:37Si, on m'oblige
00:25:37à prendre ma retraite d'ailleurs.
00:25:38Bon, allez.
00:25:39Mais à la Cour des Comptes.
00:25:42Mais je suis un cas
00:25:44sans doute exceptionnel.
00:25:45Mais il y en a d'autres.
00:25:46Il faut qu'on considère
00:25:48que ces âges de la vie
00:25:48sont des âges
00:25:49où on peut prendre sa retraite
00:25:51si on le souhaite,
00:25:52si on en a besoin.
00:25:53Notamment, c'est la question
00:25:54de la pénibilité.
00:25:55Où on peut aussi
00:25:55continuer à travailler
00:25:56si on le peut.
00:25:57Après, vous n'avez pas un job
00:25:57qui vous a cassé le dos non plus,
00:25:58si je puis me permettre.
00:25:59C'est exactement ce que je veux dire.
00:26:01Il y a des gens
00:26:02qui peuvent et doivent
00:26:03prendre leur retraite plus tôt.
00:26:05L'espérance de vie
00:26:06entre un ouvrier et un cadre,
00:26:08post-retraite,
00:26:09la différence...
00:26:10Clément Rasant.
00:26:11Pour un homme,
00:26:12deux ans pour une femme.
00:26:13Donc, c'est des choses
00:26:13qu'il faut prendre en compte.
00:26:14La pénibilité,
00:26:15c'est indispensable.
00:26:16En revanche,
00:26:17pour d'autres
00:26:17qui sont en école Blanche
00:26:18et dont effectivement
00:26:19le boulot n'a pas cassé le dos
00:26:20ni cassé le cerveau,
00:26:22si on se sent apte,
00:26:24si on peut être utile
00:26:25à la société,
00:26:25pourquoi ne pas continuer ?
00:26:26C'est des réflexions comme ça
00:26:27qu'on fait dans ce rapport.
00:26:28Vous êtes le premier
00:26:29à avoir mis en garde
00:26:30contre le ras-le-bol fiscal
00:26:31des Français.
00:26:31C'était en 2013
00:26:32quand vous étiez ministre
00:26:33de l'économie.
00:26:34Quand vous voyez
00:26:34ce qui a été voté
00:26:36en première lecture
00:26:36par les députés
00:26:37sur le projet de loi de finances,
00:26:39vous dites quoi ?
00:26:40Sur cet enjeu-là
00:26:41du ras-le-bol fiscal.
00:26:42Si je ne me trompe pas,
00:26:43rien n'a été voté.
00:26:43Les amendements
00:26:45qui ont été votés.
00:26:46Je ne vais pas commenter
00:26:46les amendements.
00:26:47Je vois qu'au final,
00:26:48rien n'a été voté.
00:26:49Je ne vais pas commander
00:26:49ce qui n'a pas été voté.
00:26:50Le ras-le-bol fiscal,
00:26:51il menace toujours ?
00:26:52D'abord,
00:26:54je préside aussi
00:26:55le Conseil des prélèvements
00:26:56obligatoires.
00:26:57Oui.
00:26:57C'est une institution
00:26:58rattachée à la Cour des comptes
00:26:59qui fait des rapports
00:26:59sur les impôts
00:27:00et on fait un baromètre
00:27:03du consentement à l'impôt.
00:27:04Je ne sais pas si vous avez
00:27:04regardé ce truc.
00:27:05C'est très intéressant.
00:27:0778% des Français,
00:27:0878% estiment
00:27:11qu'ils payent trop d'impôts.
00:27:12Et là,
00:27:12il ne s'agit pas
00:27:12des entreprises,
00:27:13il s'agit des ménages.
00:27:14Alors,
00:27:14est-ce que c'est ça
00:27:14le ras-le-bol fiscal ?
00:27:15Quand 78% des Français
00:27:17estiment qu'ils payent
00:27:18trop d'impôts
00:27:18et qu'ils se disent
00:27:19à un moment donné
00:27:19je vais faire la graphe de l'impôt,
00:27:20c'est ça le consentement
00:27:21à l'impôt,
00:27:22c'est une forme
00:27:22de ras-le-bol fiscal.
00:27:23Par ailleurs,
00:27:24autre chiffre objectif,
00:27:26nos prélèvements obligatoires
00:27:27sont supérieurs
00:27:27à 43% du PIB,
00:27:28c'est 39,5%
00:27:30dans la zone euro.
00:27:31J'en tire une conclusion,
00:27:33c'est que
00:27:33si vous voulez réduire
00:27:34les déficits,
00:27:35vous pouvez agir
00:27:36soit sur la dépense,
00:27:37soit sur la fiscalité.
00:27:39Certains,
00:27:39à l'Assemblée par exemple,
00:27:40semblent penser
00:27:41qu'il faut faire
00:27:41de la fiscalité à gogo.
00:27:43Je pense qu'ils...
00:27:44Ma propre famille politique
00:27:45semble être plutôt...
00:27:46Je n'ai plus de famille politique
00:27:47depuis...
00:27:47Alors on va dire
00:27:48le Parti Socialiste.
00:27:49Le Parti Socialiste,
00:27:49appelez-le comme ça.
00:27:51N'essayez pas
00:27:53de me ramener
00:27:53une appartenance politique
00:27:55que je reprendrai peut-être
00:27:56un jour
00:27:56mais que je n'ai pas aujourd'hui.
00:27:57Et si je la reprenais,
00:27:59ce serait toujours
00:28:00sur des bases
00:28:00qui furent les miennes.
00:28:01C'est-à-dire de considérer
00:28:02que la...
00:28:02Mais c'est trop pides quand même.
00:28:04Alors je viens...
00:28:05Je réponds quand même
00:28:08essentiellement
00:28:09à la question
00:28:09qui a été posée.
00:28:10La question qui a été posée,
00:28:12c'est que
00:28:12dans le partage
00:28:13entre les économies
00:28:14et la fiscalité,
00:28:15il faut faire
00:28:15beaucoup plus d'économies
00:28:16qu'une fiscalité.
00:28:17Il ne faut pas
00:28:17s'interdire la fiscalité.
00:28:19Dans un Parlement,
00:28:20on peut voter des impôts.
00:28:22Il est fait pour ça.
00:28:23La fiscalité
00:28:23est un outil essentiel.
00:28:25Mais le tout fiscal,
00:28:26le tout fiscal
00:28:27me paraît une erreur, oui.
00:28:29Vous rappeliez
00:28:29que vous présidez
00:28:30le Conseil des prélèvements
00:28:30obligatoires
00:28:31qui a préconisé récemment
00:28:33une réforme
00:28:34de la taxation
00:28:35des héritages.
00:28:36Oui.
00:28:37Il faut les taxer davantage ?
00:28:38Alors,
00:28:39ce que nous avons dit,
00:28:40c'est peut-être
00:28:40de manière un peu plus
00:28:41suce que ça.
00:28:44J'ai lu
00:28:45dans le Figaro
00:28:46que la Cour des comptes
00:28:49était venue
00:28:49à l'appui
00:28:49du Parti Socialiste.
00:28:51Ça aussi,
00:28:51ça fait partie
00:28:52des choses extrêmement
00:28:53malsaines
00:28:53dans lesquelles nous vivons.
00:28:54La Cour des comptes
00:28:55n'est pas l'appui
00:28:55du Parti Socialiste,
00:28:57ni des Républicains,
00:28:58ni du Rassemblement
00:28:58Socialiste.
00:28:58C'est une institution
00:28:59indépendante.
00:29:00Et je fais cette petite parenthèse
00:29:01parce que si on s'habitue
00:29:02dans ce pays
00:29:03à flinguer
00:29:03les institutions indépendantes
00:29:05quand elles disent
00:29:05des choses
00:29:05qui ne plaisent pas,
00:29:06on est très mal pas.
00:29:07Alors revenons à l'héritage.
00:29:09Ça, c'est encore autre chose.
00:29:10Non, je ne peux pas
00:29:11l'utiliser.
00:29:11Mais revenons à l'héritage.
00:29:12Je viens à l'héritage
00:29:13parce qu'on nous disait
00:29:14écoutez,
00:29:15on aurait proposé
00:29:16la taxe Zucman.
00:29:17Non,
00:29:17il y a une espèce
00:29:18de proposition
00:29:18qui peut aller jusqu'à
00:29:192,5 milliards d'euros.
00:29:20J'ai cru comprendre
00:29:21que la taxe Zucman
00:29:22c'était 25 milliards d'euros.
00:29:23Ce n'est pas tout à fait pareil.
00:29:24Deuxièmement,
00:29:25c'est un peu plus subtil
00:29:26parce que nous ne proposons
00:29:26pas d'augmenter le poids
00:29:28de la fiscalité du patrimoine
00:29:29de zéro euro.
00:29:31Et troisièmement,
00:29:31parce que nous disons
00:29:32oui,
00:29:32on peut augmenter
00:29:33la taxation
00:29:34de certaines grosses successions
00:29:36pour permettre
00:29:37de baisser
00:29:39les droits de succession
00:29:40pour les centaines d'euros.
00:29:41Mais c'est quoi
00:29:41une grosse succession ?
00:29:42C'est Bernard Arnault ?
00:29:43Non,
00:29:45mais c'est quoi
00:29:45une grosse succession,
00:29:46sincèrement ?
00:29:47C'est une grosse succession.
00:29:49Mais ça veut dire que...
00:29:50Bernard Arnault,
00:29:51je pense que ce sera
00:29:51une très grosse succession.
00:29:52Oui,
00:29:52alors c'est très gros.
00:29:53D'accord,
00:29:53donc on descend.
00:29:54Ça veut dire que...
00:29:55Oui, bien sûr.
00:29:55On est au-dessus de...
00:29:56Du million.
00:29:57Ah oui.
00:29:58Mais bon,
00:29:58c'est une grosse succession.
00:30:00Quand on évoque ce chiffre
00:30:02de jusqu'à 9 000 milliards d'euros
00:30:04qui pourraient changer de main
00:30:05dans les 15 ans qui viennent
00:30:06avec les successions,
00:30:08vous n'y voyez pas
00:30:09un levier potentiel
00:30:10pour désendetter la France ?
00:30:13Je me suis exprimé là-dessus.
00:30:15J'ai cité les rapports
00:30:16de la Cour des comptes.
00:30:16La Cour des comptes
00:30:17et le Conseil des prédéments obligatoires
00:30:18viennent de sortir deux rapports.
00:30:19Un, sur la fiscalité du patrimoine,
00:30:21dont je tiens quand même
00:30:22à rappeler
00:30:23qu'il propose
00:30:24une approche équilibrée
00:30:25qui consiste effectivement
00:30:26à sans doute taxer davantage
00:30:28les très grosses successions
00:30:29pour permettre de faire baisser
00:30:30les droits de succession
00:30:31pour la plupart des Français.
00:30:33Pour la plupart des Français.
00:30:34Et deuxièmement,
00:30:35nous avons parlé
00:30:35du pacte d'Utreil,
00:30:37dont l'excellent Renaud Dutreuil
00:30:38devenu un populiste
00:30:39vraiment outrancier
00:30:41dit n'importe quoi
00:30:43puisque nous ne proposons pas
00:30:44de défaire le pacte d'Utreil
00:30:45mais de le diviser
00:30:46à peu près par deux.
00:30:47Je rappelle que ce pacte d'Utreil...
00:30:49On rappelle peut-être
00:30:49pour les Français
00:30:50ce que c'est le pacte d'Utreil.
00:30:51C'est la transmission des entreprises
00:30:53au sein d'une même famille.
00:30:54Une même famille
00:30:54qui permet quand même
00:30:55d'un pays à un taux extrêmement bas
00:30:57d'avoir 75% d'abattement.
00:30:59J'ajoute aussi
00:30:59d'y inclure
00:31:00les biens personnels.
00:31:02Donc par exemple
00:31:02pour des gens très riches
00:31:03le yacht,
00:31:05le bateau,
00:31:06les tableaux
00:31:07et aussi d'optimiser fiscalement
00:31:09de manière parfois
00:31:10assez bestiale.
00:31:11D'ailleurs...
00:31:11Donc il concerne
00:31:11des gens très très riches.
00:31:12Très très riches.
00:31:14Et vous savez,
00:31:15ça coûtait 800 millions d'euros
00:31:16en 2020.
00:31:17Ça coûte 5 milliards d'euros maintenant.
00:31:20Nous avons des propositions
00:31:20qui consistent à recentrer
00:31:22le pacte d'Utreil
00:31:23pour qu'il coûte
00:31:232,5 milliards d'euros.
00:31:26Franchement,
00:31:27si ça c'est confiscatoire...
00:31:29Sauf que vous savez
00:31:29que quand vous parlez héritage
00:31:31à tous les Français,
00:31:32y compris les plus modestes
00:31:33qui ont des petits héritages,
00:31:34ils ont peur pour leur héritage.
00:31:36Vous parliez du ras-le-bol fiscal,
00:31:37ça peut être autre chose.
00:31:38Je répète que ce que nous proposons
00:31:40c'est de baisser
00:31:40les droits de succession
00:31:41pour les héritages modestes.
00:31:42On a entendu,
00:31:43mais les gens entendent héritage.
00:31:44On va taxer nos héritages.
00:31:46Non, vous ne croyez pas ?
00:31:47Non, je pense qu'un...
00:31:48Héritage,
00:31:48c'est une mauvaise conception française.
00:31:50Qu'est-ce qui s'est passé
00:31:51avec le pacte d'Utreil ?
00:31:52Pourquoi est-ce que ça
00:31:53a explosé comme ça ?
00:31:54C'est probablement
00:31:55parce qu'en 2024
00:31:56comme en 2025,
00:31:58il y a eu,
00:31:59chaque année,
00:32:00au moins une très,
00:32:01très grosse succession
00:32:02qui s'est produite
00:32:03et qui a donné lieu
00:32:05à un abattement tel
00:32:06que ça coûte
00:32:07des milliards d'euros.
00:32:09Les Français qui nous écoutent,
00:32:10ils ne doivent pas
00:32:11se sentir concernés par ça.
00:32:12Non, sûrement.
00:32:12Non, ils n'ont pas
00:32:13une entreprise familiale à transporter.
00:32:14C'est le mot héritage
00:32:15quand on touche à l'héritage.
00:32:16Tout simplement,
00:32:16c'est français.
00:32:18On parle de la transmission
00:32:20d'entreprises,
00:32:21d'entreprises patrimoniales,
00:32:22familiales.
00:32:23Ce n'est pas le cas
00:32:24de tous les citoyens
00:32:27qui nous écoutent.
00:32:27Vous êtes patron de PME ?
00:32:29Non !
00:32:29Mais non !
00:32:30Dans trois semaines !
00:32:30D'ailleurs,
00:32:31on constate que
00:32:32la quasi-totalité
00:32:34du travail
00:32:35est concentrée
00:32:35sur de grosses fortunes
00:32:37et pas sur des petites.
00:32:38Que les patrons de PME
00:32:39n'aient pas peur.
00:32:40Pierre Moscovici,
00:32:40dans trois semaines,
00:32:41vous allez rejoindre...
00:32:41La Cour des comptes n'a quand même pas
00:32:42le couteau entre les dents.
00:32:45Vous allez rejoindre
00:32:45la Cour européenne...
00:32:46On est très modérés.
00:32:47Vous allez rejoindre la Cour européenne
00:32:48des cours à Luxembourg
00:32:49dans trois semaines.
00:32:50Changement de vie.
00:32:50Le budget de l'Union européenne
00:32:51pourrait augmenter
00:32:52dans les années qui viennent.
00:32:53Et vous savez qu'en France,
00:32:53il y a un débat,
00:32:54notamment autour du Rassemblement national,
00:32:56qui veut revoir à la baisse
00:32:57la contribution de la France
00:32:58au budget de l'Union européenne.
00:33:00Est-ce que ce débat
00:33:01peut être ouvert pour vous ?
00:33:03Juridiquement,
00:33:03je ne vois pas comment.
00:33:04La Cour des contributions
00:33:05de la France
00:33:06au budget de l'Union européenne
00:33:08n'est pas quelque chose qui...
00:33:09Nous ne sommes pas dans un régime...
00:33:11Dans le temps,
00:33:11nous étions dans un régime
00:33:12de contribution nationale.
00:33:13C'est-à-dire,
00:33:14on payait
00:33:14une contribution nationale.
00:33:16Maintenant,
00:33:16c'est un calcul automatique
00:33:17qui dépend du PIB du pays.
00:33:21Et donc,
00:33:21il y a simplement
00:33:22ce que nous devons
00:33:23à l'Union européenne.
00:33:24C'est un dû.
00:33:25Ce n'est pas quelque chose
00:33:26qui est apprécié.
00:33:26Donc, ce n'est pas
00:33:26un débat constitutionnel ?
00:33:28Quand le gouvernement
00:33:28présente ce chiffre,
00:33:30il ne dit pas
00:33:31j'ai envie de...
00:33:32je veux baisser un peu,
00:33:33etc.
00:33:33Il dit simplement
00:33:34ce que nous devons
00:33:35au titre des traités
00:33:36et au titre
00:33:37des règles budgétaires européennes.
00:33:38Donc,
00:33:39si on raisonne en pur droit,
00:33:41si on décide
00:33:42de ne pas revenir
00:33:42à des systèmes
00:33:43de contribution nationale,
00:33:44alors on ne peut pas y toucher.
00:33:46Derrière ça,
00:33:46il y a un autre débat.
00:33:47C'est ne faut-il pas
00:33:48renationaliser
00:33:50les politiques européennes ?
00:33:51C'est un débat
00:33:52beaucoup plus profond.
00:33:53Et qu'est-ce que vous en pensez ?
00:33:54Est-ce que vous posez la question ?
00:33:56Non.
00:33:56Moi, je n'ai jamais
00:33:57été nationaliste.
00:33:59Je ne le serai jamais.
00:34:00Je suis attaché
00:34:01à la nation.
00:34:02Je pense que l'Union
00:34:02est faite de ses états-nations.
00:34:04Je crois qu'il faut
00:34:05être patriote
00:34:06et ne pas laisser ça
00:34:08à quelques-uns.
00:34:10En revanche,
00:34:10l'idée de défaire
00:34:11l'Union européenne
00:34:12en ce moment...
00:34:12Écoutez,
00:34:13je parlais tout à l'heure
00:34:13de l'Ukraine.
00:34:14Le monde dans lequel
00:34:15nous vivons
00:34:16est un monde dans lequel
00:34:17les grandes puissances
00:34:18sont en train de faire
00:34:19leur retour.
00:34:20La Chine,
00:34:21les États-Unis,
00:34:22la Russie,
00:34:23l'Inde.
00:34:23Et nous,
00:34:24nous serions en train
00:34:25de défaire l'Union européenne
00:34:26qui est notre outil de puissance
00:34:27si c'est ça,
00:34:28c'est suicidaire.
00:34:30Parce qu'il ne faut pas imaginer
00:34:31que la France seule,
00:34:32l'Allemagne seule,
00:34:33l'Italie seule,
00:34:34l'Espagne seule
00:34:35pèsent dans ce monde.
00:34:36Ça n'est pas vrai.
00:34:37Ça n'est pas le cas.
00:34:38C'est pour ça que l'Union européenne,
00:34:40j'allais dire,
00:34:40c'est ce qui nous permet
00:34:41de peser
00:34:42dans un monde dangereux.
00:34:43Est-ce que vous pensez
00:34:44que le rapprochement
00:34:45entre Vladimir Poutine
00:34:46et Donald Trump
00:34:47a aussi pour le but
00:34:47d'afflébillir,
00:34:48voire de tuer l'Union européenne ?
00:34:50En tout cas,
00:34:51je pense que ni l'un ni l'autre
00:34:52ne sont des amis, oui.
00:34:52Je ne dis pas que c'est leur but,
00:34:54mais c'est un point commun
00:34:56entre eux.
00:34:58Est-ce que nous avons envie ?
00:35:00C'est ça la question
00:35:01qui est posée,
00:35:01y compris à ceux qui disent
00:35:02qu'il faut tout racialiser.
00:35:03Est-ce que nous avons envie
00:35:04de faire plaisir
00:35:05à ceux qui veulent nous détruire ?
00:35:07Si on fait ça,
00:35:08c'est pour ça que je dis
00:35:08que c'est Maso.
00:35:09C'est Maso.
00:35:10Avec Lauriane,
00:35:11on va revenir à votre départ
00:35:14bientôt au Luxembourg.
00:35:15On va revenir à notre échelle,
00:35:17à l'échelle de la France,
00:35:17de la Cour des comptes,
00:35:19qui, pour vous succéder,
00:35:21il y a quelques semaines,
00:35:22vous aviez dit
00:35:22que ce soit un politique
00:35:24parce que ça donne
00:35:25plus de poids à la fonction.
00:35:27Et vous avez ajouté
00:35:28que si c'était une femme,
00:35:29ce serait mieux.
00:35:30Or, il est question
00:35:31pour vous succéder
00:35:32du patron de l'Agence française
00:35:33de développement
00:35:34sur France Info.
00:35:36Si je l'ai dit,
00:35:36c'est un petit cénacle.
00:35:38Je ne l'ai pas dit public.
00:35:38France Info,
00:35:39ce n'est pas un petit cénacle.
00:35:40Non, non,
00:35:40c'était repris dans la DPJT.
00:35:42Oui, je me lâche un peu.
00:35:43Sourcé.
00:35:43Avec le temps,
00:35:44je perds mes éditions.
00:35:45Il est question de Rémi Rioux,
00:35:47le patron de l'Agence française
00:35:48de développement.
00:35:49Vos voeux n'ont donc pas
00:35:50été exaucés ?
00:35:51D'abord,
00:35:52aucun choix n'a été fait.
00:35:54Il n'y a que des noms
00:35:54qui circulent.
00:35:56Je vais prendre les choses
00:35:56un tout petit peu différemment
00:35:58de ce que je l'avais fait
00:35:59sur France Info.
00:36:00Quelles sont les qualités,
00:36:01pour moi,
00:36:02que doit avoir
00:36:02un Premier Président
00:36:03de la Cour des comptes ?
00:36:05D'abord,
00:36:05il doit pouvoir parler
00:36:06haut, fort et librement.
00:36:08Je suis devant vous.
00:36:10Je parle haut, fort et librement.
00:36:12Les Français,
00:36:12même ou ne mêment pas.
00:36:13Les forces politiques,
00:36:14même ou ne mêment pas.
00:36:15Je suis une personnalité identifiée
00:36:17et je dis ce que j'ai à dire.
00:36:19Et personne ne m'impressionne.
00:36:20Ça, c'est très important.
00:36:21Deuxièmement,
00:36:22ce Premier Président
00:36:23doit avoir des règles éthiques
00:36:25en béton.
00:36:26À ceux qui expliquent
00:36:28que parce que j'ai été
00:36:29au Parti Socialiste,
00:36:30la Cour serait devenue
00:36:31une Officité Socialiste,
00:36:32je leur réponds que,
00:36:32un,
00:36:32ils ne savent pas
00:36:33ce que c'est que la Cour.
00:36:33J'ai proposé à René Lutraïde
00:36:35de venir faire un stage chez nous.
00:36:37Il verrait que non,
00:36:38ce ne sont pas
00:36:38des courloirs socialistes.
00:36:39Pas du tout.
00:36:40Et il faut être impartial.
00:36:42Ça, c'est fondamental.
00:36:43Et puis la troisième chose,
00:36:45c'est qu'il faut être prêt
00:36:46dans une période
00:36:47où on le sent,
00:36:48le libéralisme gagne,
00:36:50où on a envie
00:36:51de s'attaquer
00:36:51aux institutions indépendantes.
00:36:52Il faut être prêt
00:36:53à résister.
00:36:54Il faut être d'une faculté totale.
00:36:55Ça, c'est un discours politique
00:36:56quand vous dites ça ?
00:36:57Non, c'est le discours
00:36:58de quelqu'un
00:36:59qui veut garder...
00:37:00Vous dites le libéralisme gagne.
00:37:02Ça, c'est une observation mondiale.
00:37:05L'illibéralisme gagne.
00:37:06Qu'est-ce que c'est,
00:37:06l'illibéralisme ?
00:37:07J'ai compris le libéralisme.
00:37:09L'illibéralisme,
00:37:09c'est quand on continue
00:37:10à voter,
00:37:11mais on s'attaque
00:37:12aux juges et aux médias.
00:37:14Faites-y attention,
00:37:14moi j'y fais attention
00:37:15pour la Cour.
00:37:16Et donc,
00:37:16ces trois qualités-là,
00:37:17j'espère que mon successeur,
00:37:20homme ou femme,
00:37:21politique ou pas politique,
00:37:22les aura.
00:37:23L'Oriane.
00:37:23C'est un homme,
00:37:24pas politique,
00:37:24mais son nom circule.
00:37:25Il a été d'ailleurs,
00:37:26je crois,
00:37:27votre directeur de cabinet
00:37:28quand vous étiez à Bercy.
00:37:32Écoutez,
00:37:33encore une fois,
00:37:33c'est le président de la République
00:37:34qui discutait.
00:37:37On dit toujours,
00:37:38pape à l'entrée au conclave,
00:37:39cardinal à la sortie.
00:37:41C'est pas ce que je souhaite
00:37:42à Rémi Rioux,
00:37:42que j'aime beaucoup,
00:37:43mais les noms qu'on agite,
00:37:45comme ça,
00:37:45il faut voir ce qu'il se passe
00:37:46à l'arrivée.
00:37:47Donc ne faisons pas
00:37:48comme s'il est nommé,
00:37:50je ne m'en plaindrai pas.
00:37:52S'il n'est pas nommé,
00:37:53ça peut-être...
00:37:53Ce serait un bon candidat.
00:37:54Il a été directeur
00:37:55de cabinet de chez vous.
00:37:55Non, vous savez,
00:37:57tout ça aussi,
00:37:57c'est pareil.
00:37:58On essaie de réduire les gens
00:38:00à des appartenances passées.
00:38:02Non, c'est un parcours,
00:38:03ça s'appelle.
00:38:03Non, non,
00:38:04Francis Letellier,
00:38:05j'y insiste quand même.
00:38:06Vous savez,
00:38:06les conflits d'intérêts,
00:38:07ça se passe pour trois ans,
00:38:09en général.
00:38:10J'ai quitté Bercy
00:38:10il y a 11 ans.
00:38:12Rémi Rioux est un fonctionnaire
00:38:13de la Cour des comptes.
00:38:15Il est d'une efficacité,
00:38:16d'une gentillesse,
00:38:17d'une technicité
00:38:18absolument parfaite.
00:38:20Donc,
00:38:20c'est un formidable magistrat
00:38:21de la Cour des comptes.
00:38:22Est-ce qu'il sera
00:38:22premier président ?
00:38:23Ce n'est pas à moi
00:38:23de le décider.
00:38:24Mais je ne supporte pas
00:38:26qu'on le discrédite
00:38:27au nom du fait
00:38:28que précisément
00:38:28il a été directeur du cabinet
00:38:29ou bien qu'il est
00:38:30directeur général de l'AFD,
00:38:32ce qu'il a remarquablement
00:38:33réussi aussi.
00:38:34Donc, ensuite,
00:38:35le président de la République,
00:38:35dans sa sagesse,
00:38:37choisira la personne
00:38:38qu'il estime être là.
00:38:39Clément,
00:38:40vous expliquez
00:38:41que votre nouveau poste
00:38:42au niveau européen
00:38:42va vous permettre
00:38:43de retrouver,
00:38:44je cite,
00:38:44une liberté d'écrire
00:38:45et de penser.
00:38:47Sur quoi est-ce que vous avez
00:38:47le plus envie d'écrire ?
00:38:50Mon pays.
00:38:52Mon pays.
00:38:53Qu'est-ce que vous comptez dire ?
00:38:54Un ouvrage à dimension
00:38:55complexe ?
00:38:55Dimension réflexive.
00:38:59Écoutez,
00:38:59franchement,
00:39:00je prends les étapes
00:39:01une par une.
00:39:03Jusqu'au 31 décembre,
00:39:04je suis le président
00:39:04de la Cour des comptes
00:39:05et je le suis complètement.
00:39:06Et j'essaie de mettre
00:39:08ma maison en ordre
00:39:09pour qu'à la fin,
00:39:10elle soit plus forte
00:39:11qu'elle l'était
00:39:11quand j'y suis arrivé
00:39:12et je pense
00:39:13que j'aurais réussi.
00:39:14Le 5 janvier,
00:39:15j'arriverai à Luxembourg
00:39:16et ma première chose
00:39:18consistera
00:39:18à m'intégrer
00:39:20comme membre
00:39:20de la Cour des comptes européenne.
00:39:21après,
00:39:23dans mon temps libre,
00:39:24dans ce que je ferai,
00:39:25dans ma réflexion
00:39:26sur la France,
00:39:26je me sens
00:39:27justement tout à fait libre.
00:39:28Vous allez contribuer
00:39:29au débat
00:39:30de la prochaine présidentielle
00:39:31sous une forme ou une autre ?
00:39:32Je pense, oui.
00:39:34Plutôt pour soutenir quelqu'un
00:39:35ou peut-être en votre...
00:39:36Pour donner des idées.
00:39:38À quelqu'un d'autre que vous ?
00:39:39Pour donner des idées.
00:39:40Vous donnez gratuitement
00:39:41des conseils
00:39:42à d'autres que vous ?
00:39:43En général,
00:39:43j'en ai des conseils gratuits
00:39:44parce que ça fait 45 ans
00:39:45que je suis dans le service public,
00:39:46je n'ai jamais rien fait payer.
00:39:46Je n'ai jamais bossé
00:39:49dans une boîte publique
00:39:50de premier conseil.
00:39:50Quand vous dites des conseils,
00:39:51vous pourriez faire des conseils ?
00:39:53Pour vous,
00:39:53ça pourrait être pour vous aussi.
00:39:56Franchement,
00:39:57mon souci à moi,
00:39:58mais on en parlera
00:39:59après le 1er janvier,
00:40:01c'est de faire en sorte
00:40:02qu'en 2027,
00:40:03on ait une élection présidentielle
00:40:04qui ait du sens.
00:40:06Oui, la question,
00:40:06c'est que vous n'êtes pas candidat.
00:40:09Aujourd'hui,
00:40:09je suis premier président
00:40:10de la Cour des comptes,
00:40:10je ne suis pas candidat.
00:40:11Et les candidats,
00:40:15vous savez,
00:40:16je pense qu'il faut partir
00:40:17d'un point de vue différent.
00:40:18Le point de vue différent,
00:40:19c'est quels sont les besoins
00:40:21de la société française,
00:40:22quelles sont les questions
00:40:23qu'elle doit répondre
00:40:24à une élection.
00:40:25Ce que je crois aujourd'hui,
00:40:26quand je regarde
00:40:26le débat public,
00:40:28c'est qu'on manque de vision.
00:40:30Vous parliez tout à l'heure
00:40:31des populistes
00:40:32ou du Rassemblement national,
00:40:33ils ont une forme de vision,
00:40:34ils ont un bloc,
00:40:35ils disent quelque chose.
00:40:37S'il n'y a pas en face
00:40:38des gens qui ont une analyse,
00:40:40une vision,
00:40:41une stratégie,
00:40:42une proposition différente,
00:40:43ils ne gagneront pas.
00:40:43Le camp raisonnable,
00:40:44comme dit Gabriel Attal ?
00:40:45Je ne l'appelle pas comme ça.
00:40:46Vous l'appelez comment, vous ?
00:40:47Les autres.
00:40:49Ah non ?
00:40:50C'est démocrate.
00:40:51Non, on verra.
00:40:52Si vous voulez,
00:40:52je ne suis pas en train
00:40:53de faire des dénominations.
00:40:54Ce que je dis simplement,
00:40:55c'est que l'idée,
00:40:57le Front républicain,
00:40:58on le voit bien,
00:40:58il est lézardé,
00:41:00il ne suffira pas
00:41:01de dire l'an prochain
00:41:02qu'ils sont méchants,
00:41:03on ne les aime pas.
00:41:04Pour nous,
00:41:05ça ne marchera pas
00:41:05quand vous voyez
00:41:06ce qu'écrit Nicolas Sarkozy,
00:41:08ce que dit
00:41:09Justement, Clément, Clément.
00:41:11Je veux dire par là que,
00:41:12de toute façon,
00:41:13une élection,
00:41:14c'est toujours un projet.
00:41:15Il faut avoir quelque chose
00:41:16à proposer aux Français.
00:41:17Si les Français
00:41:18n'ont pas le sentiment
00:41:18qu'il y a une proposition
00:41:19plus forte que celle du RN,
00:41:21ils éliront le RN.
00:41:22Vous venez d'évoquer
00:41:23le livre qu'a rédigé
00:41:24Nicolas Sarkozy
00:41:24pendant ces quelques jours
00:41:26en prison dans ce livre.
00:41:27Il explique
00:41:27qu'il n'appellera plus
00:41:29au barrage républicain
00:41:30face au Rassemblement national.
00:41:33Vous-même,
00:41:33vous disiez récemment
00:41:34que pour que la démocratie fonctionne,
00:41:36il faut qu'il y ait
00:41:36une droite et une gauche.
00:41:37Est-ce qu'une droite
00:41:39qui ne fait plus barrage
00:41:40à l'extrême droite
00:41:41est toujours de droite ?
00:41:44Oui.
00:41:45Je pense que vraiment
00:41:46ça fait partie
00:41:46des débats stratégiques,
00:41:48des débats tactiques
00:41:49que peut avoir la droite.
00:41:50Ça, c'est tout à fait légitime.
00:41:52Après,
00:41:53les choix qu'ils font
00:41:53ne sont pas sans conséquences.
00:41:55Mais je n'ai pas à les juger.
00:41:56Simplement,
00:41:57cette parole de Nicolas Sarkozy,
00:41:58que je respecte profondément,
00:42:00n'est pas une parole
00:42:01sans poids
00:42:02ni sans importance.
00:42:03Parce qu'au fond,
00:42:05il dit quelque chose
00:42:06que beaucoup pensent tout bas.
00:42:08C'est-à-dire que le Front républicain
00:42:09qui a joué jusqu'aux élections
00:42:10législatives de 2024
00:42:11ne jouera pas l'an prochain.
00:42:13Et s'il ne joue pas l'an prochain,
00:42:14c'est que ça va se jouer
00:42:15autrement, pardon,
00:42:16de cette lapalissade.
00:42:17Pour vous,
00:42:18ça n'est qu'un propos tactique.
00:42:19Ça ne va pas au-delà de ça.
00:42:20Parce que quand même,
00:42:21quand Nicolas Sarkozy
00:42:23tourne le dos
00:42:23à Jacques Chirac,
00:42:24par exemple.
00:42:25Oui,
00:42:25mais je n'ai pas apporté
00:42:26de jugement moral là-dessus.
00:42:28Non, politique.
00:42:28Ben, politique.
00:42:29Je n'ai pas apporté
00:42:30de jugement politique.
00:42:30Je constate
00:42:31que ce n'est pas la même chose
00:42:32du tout.
00:42:33Moi, j'ai été
00:42:34ministre de Jacques Chirac
00:42:35pendant cinq ans.
00:42:36Eh oui, on l'oublie
00:42:36en 2015-2002.
00:42:38Et quand il était devenu
00:42:41que Jean-Marie Le Pen
00:42:42était allé au deuxième tour
00:42:43de l'élection,
00:42:44j'ai voté pour Jean-Jacques Chirac
00:42:45avec, non seulement,
00:42:47avec force,
00:42:48avec conviction.
00:42:49Et je connais
00:42:50le président Chirac.
00:42:50Je sais aussi qu'en 98,
00:42:52j'étais candidat
00:42:53aux élections régionales
00:42:54dans ma région
00:42:55de Franche-Comté.
00:42:56Et c'est une région
00:42:56très particulière,
00:42:57pardonnez-moi de vous raconter
00:42:58cette anecdote,
00:42:58parce que la gauche,
00:43:00j'étais le candidat
00:43:01de la gauche,
00:43:01est arrivé à égalité
00:43:02avec la droite.
00:43:05Le sénateur
00:43:05Jean-François Humbert
00:43:06qui est mort d'ailleurs
00:43:07tout récemment.
00:43:08Et l'extrême droite
00:43:09avait voté
00:43:10pour Jean-François Humbert.
00:43:11Il a refusé son élection.
00:43:13Moi, qui étais plus jeune
00:43:13que lui,
00:43:14j'ai estimé qu'il ne fallait
00:43:14pas aller jusqu'au doyen d'âge
00:43:16et j'ai accepté
00:43:16de voter pour lui.
00:43:17Et c'était ce que Jacques Chirac
00:43:19avait préconisé en 98.
00:43:20Il avait dit,
00:43:21il ne faut pas laisser...
00:43:21Mais pourquoi ça n'est plus valable
00:43:22aujourd'hui ?
00:43:23Je ne sais pas,
00:43:23moi, je ne suis pas de droite.
00:43:25En tout cas,
00:43:25ça c'est sûr.
00:43:26Je ne vous dis pas
00:43:29ce que je suis,
00:43:29mais ce n'est pas
00:43:31ma faille politique.
00:43:32Clément,
00:43:32vous avez aussi dit
00:43:34chez nos confrères
00:43:34de Radio Classique récemment
00:43:35que vous souhaitiez
00:43:36un candidat social-démocrate
00:43:37en 2027.
00:43:38Oui, ça je pense
00:43:39que c'est une chose
00:43:40qui est saine
00:43:40pour la démocratie française.
00:43:41Qui sont les sociodémocrates
00:43:42dans la France ?
00:43:43Il n'y a pas besoin
00:43:44d'être social-démocrate.
00:43:45Il n'y a pas besoin
00:43:45d'être socialiste
00:43:46pour souhaiter
00:43:46un candidat social-démocrate.
00:43:47Mais c'est quoi
00:43:47les sociodémocrates
00:43:48en France ?
00:43:48C'est qui ?
00:43:49Non, mais sérieusement.
00:43:51Ça n'existe pas
00:43:51le Parti Social-Démocrate
00:43:52en France.
00:43:53Mais à eux de le dire.
00:43:54Qu'est-ce que vous voulez
00:43:54que je fasse, moi ?
00:43:55À eux de le dire.
00:43:56Ça n'existe pas
00:43:57le Parti Social-Démocrate
00:43:58en France.
00:43:59C'est le Parti Socialiste.
00:43:59Qui est les SOSDEM ?
00:44:01Les SOSDEM,
00:44:01c'est des gens
00:44:02qui croient
00:44:05à l'économie sociale
00:44:06de marché,
00:44:07qui croient
00:44:08à la cohésion sociale,
00:44:09à la justice sociale,
00:44:10qui sont pro-européens,
00:44:11qui sont aussi attachés
00:44:13à la réduction des déficits
00:44:14et qui ont une vision
00:44:14internationaliste du monde.
00:44:18Est-ce qu'en janvier,
00:44:19vous serez un SOSDEM ?
00:44:21Vous verrez bien.
00:44:22Laissez-moi jusqu'en 30 ans
00:44:23être le premier président
00:44:24de la Cour des Comptes.
00:44:24Ensuite, je le verrai.
00:44:26Rien à voir.
00:44:26Sur le cambriolage du Louvre,
00:44:27l'enquête se poursuit
00:44:28et la Cour des Comptes
00:44:29a alerté sur le manque
00:44:30de moyens financiers
00:44:31dévolus à la sécurité.
00:44:33Qui a mal géré ?
00:44:35Qui est responsable
00:44:35dans cette histoire ?
00:44:36Écoutez, nous,
00:44:36on n'a pas fait un rapport
00:44:37qui est sur la sécurité.
00:44:38On a fait un rapport
00:44:38sur la gestion du Louvre
00:44:39en général.
00:44:40Et il y a un message
00:44:41que je crois très important
00:44:42qu'il faut retenir.
00:44:43Ce n'est pas juste
00:44:44sur la sécurité.
00:44:45C'est qu'au cours
00:44:46des dernières années,
00:44:47on a mené une politique
00:44:48au Louvre
00:44:49qui est une politique muséale
00:44:51extrêmement forte
00:44:52et que je salue.
00:44:53On a ouvert
00:44:54de nouvelles ailes.
00:44:55On a acquis
00:44:56beaucoup d'oeuvres.
00:44:56Quand même,
00:44:57on a acquis 2500 oeuvres
00:44:58où la carte
00:44:59est accessible au public.
00:45:00On a donc dépensé
00:45:01beaucoup d'argent.
00:45:02Et on a mis en place
00:45:03un grand projet
00:45:03qu'on appelle
00:45:04le Louvre Renaissance.
00:45:05Une ouverture
00:45:06sur Saint-Germain.
00:45:09Ce que la Cour a dit,
00:45:11c'est qu'on avait dépensé
00:45:12trop peu d'argent
00:45:13sur tout ce qui concerne
00:45:14les infrastructures.
00:45:15Donc c'est le gouvernement,
00:45:16c'est le ministre de la Culture
00:45:17qui a...
00:45:18Les administrateurs du Louvre.
00:45:19Qui doit rendre des comptes
00:45:20en clair ?
00:45:21C'est effectivement
00:45:23ceux qui pilotent le Louvre.
00:45:25Je vois la photo
00:45:25de Mme Descartes
00:45:26que je ne connais pas.
00:45:26Laurence Descartes
00:45:27n'a pas très...
00:45:28Elle doit rendre des comptes.
00:45:29Mais rendre des comptes,
00:45:30oui.
00:45:30On n'est pas en train
00:45:31de parler comme ça.
00:45:32Je ne suis pas en train
00:45:32de rendre...
00:45:32C'est un peu quand même,
00:45:33des explications.
00:45:33On est en train de rendre des comptes.
00:45:34Mais elles l'ont fait.
00:45:36C'est un musée
00:45:38dans lequel certaines salles
00:45:40sont inondables.
00:45:40Il y avait des livres
00:45:41qui avaient été inondés.
00:45:43Ou il y a des inondations
00:45:44par le sous-sol.
00:45:46Où la sécurité
00:45:47n'est pas assurée.
00:45:48Où l'incendie menace.
00:45:50Ce n'est pas un musée
00:45:51qui a fait ce qu'il devait.
00:45:54Donc moi,
00:45:54ce que je dis,
00:45:55ce que la Cour dit,
00:45:56c'est que maintenant,
00:45:56il faut remettre l'église
00:45:57au centre du village
00:45:58et donner la priorité
00:45:59aux infrastructures.
00:46:00La priorité,
00:46:01c'est fondamental.
00:46:02Et vous savez,
00:46:03cette situation de sécurité,
00:46:05oui,
00:46:05nous l'avions souligné.
00:46:06Pas du tout en visant.
00:46:07C'est deux pages
00:46:08dans le rapport.
00:46:08ne faisons pas comme si
00:46:09on avait fait rapport
00:46:10sur la sécurité du loup.
00:46:11Mais notamment,
00:46:11il y a un tableau
00:46:12et j'ai tenu avec les collègues
00:46:14de la Cour des comptes
00:46:14qu'ils soient là,
00:46:15qui montrent bien
00:46:16qu'on a dépensé
00:46:17quelques 3 millions d'euros
00:46:19sur 83
00:46:19par rapport au plan de sécurité
00:46:21et que tout de même,
00:46:22il y a beaucoup de salles
00:46:23où il n'y a pas de caméras
00:46:23de sécurité.
00:46:25Voilà,
00:46:25et pas d'alarme.
00:46:26Donc,
00:46:27il faut vraiment
00:46:27mettre le paquet là-dessus.
00:46:29C'est notre message.
00:46:30À l'Assemblée nationale,
00:46:31la commission d'enquête
00:46:32sur l'utilisation
00:46:33des fonds
00:46:34par France Télévisions
00:46:34veut savoir
00:46:36comment l'argent
00:46:36est utilisé par l'audiovisuel public.
00:46:40Vous trouvez ça sain
00:46:41que les députés
00:46:42s'intéressent
00:46:42à la manière
00:46:43dont est financé
00:46:43l'audiovisuel public ?
00:46:44C'est leur droit.
00:46:46Est-ce que c'est sain ?
00:46:47Oui.
00:46:48Je m'interdirais toujours
00:46:51de juger comme sain
00:46:52ou malsain
00:46:52ce que font
00:46:53les parlementaires.
00:46:54Je respecte très profondément.
00:46:55J'ai été élu
00:46:56trois fois ici.
00:46:57J'ai été deux fois ministre.
00:46:59Je respecte le Parlement.
00:47:01Je ne dis pas
00:47:01que c'est sain ou malsain.
00:47:02La pratique
00:47:04des commissions d'enquête
00:47:05est un droit
00:47:05pour les députés.
00:47:07Ce n'est pas malsain, non ?
00:47:08Justement,
00:47:09sur cette commission
00:47:09d'enquête parlementaire,
00:47:10la semaine dernière,
00:47:11lors de son audition,
00:47:12le représentant
00:47:12de la Cour des comptes
00:47:13Nasser Meda
00:47:13était interrogé
00:47:15pour savoir
00:47:15s'il avait reçu
00:47:16un mail de la direction
00:47:16de France Télévisions
00:47:17pour décaler la publication
00:47:18d'un rapport
00:47:19de la Cour des comptes
00:47:19sur les finances du groupe.
00:47:21Est-ce que, oui ou non,
00:47:22la Cour des comptes
00:47:22a reçu un mail de ce genre ?
00:47:24Il y sera répondu
00:47:25de manière extrêmement précise.
00:47:26À ma connaissance, non.
00:47:28Pas de mail ?
00:47:29À ma connaissance, non.
00:47:29Cette division n'a pas écrit
00:47:30à la Cour des comptes.
00:47:31À ma connaissance, non.
00:47:32Et il y a surtout une chose
00:47:33par rapport à ce mail,
00:47:36c'est qu'en toute hypothèse,
00:47:37derrière ça,
00:47:37il y a une idée,
00:47:38c'est que nous aurions
00:47:39différé le rapport.
00:47:40Ça, c'est radicalement faux.
00:47:42Mais il n'y a aucune trace
00:47:43du mail qui aurait été reçu.
00:47:44À ma connaissance.
00:47:47Non, mais c'est un point important
00:47:49que vous apportez
00:47:49parce que, effectivement,
00:47:50Nasser Meda n'a pas dit ça.
00:47:52Il n'a pas dit
00:47:52à ma connaissance,
00:47:53il n'y en a pas eu.
00:47:53Donc vous apportez
00:47:54une information supplémentaire.
00:47:56Je crois,
00:47:57les vérifications seront faites,
00:47:58qui, à ma connaissance,
00:47:59ce mail n'a pas été reçu
00:48:00par les magistrats,
00:48:01notamment les magistrats
00:48:02qui étaient auditionnés.
00:48:03Cette mise en cause,
00:48:04je l'ai trouvée tout à fait indécente,
00:48:05surtout quand on termine
00:48:07avec un tweet
00:48:07qui dit que c'est un scandale.
00:48:08Donc vous n'avez pas retrouvé
00:48:09de traces de ce mail ?
00:48:10Vous avez dû regarder ?
00:48:12On est en train de regarder.
00:48:13Mais à ma connaissance,
00:48:14ça n'existe pas
00:48:14et les magistrats
00:48:15ne l'ont pas reçu.
00:48:16Bon, donc ça,
00:48:17c'est une première chose.
00:48:18Et la deuxième chose,
00:48:19c'est que,
00:48:20en toute hypothèse,
00:48:22ça n'a aucune importance.
00:48:24Pourquoi ?
00:48:24Parce que le rapport
00:48:25était loin d'être fini
00:48:27au moment de la renomination
00:48:28de Mme Erdote.
00:48:28L'idée derrière
00:48:29est une idée un peu complotive.
00:48:30C'est qu'on a retardé
00:48:32le rapport
00:48:32pour permettre
00:48:33à la nomination
00:48:33de définir Erdote.
00:48:34Mais non,
00:48:35on n'était même pas
00:48:36au délibéré du rapport,
00:48:37en toute hypothèse.
00:48:39Donc ça n'a pas de sens.
00:48:40Et je pense que,
00:48:40si vous voulez,
00:48:41vous me parlez des parlementaires,
00:48:42je respecte les parlementaires,
00:48:44je respecte leur droit
00:48:44à faire une commission d'enquête,
00:48:45je demande qu'on respecte
00:48:46aussi la Cour des comptes.
00:48:47Si on commence,
00:48:48à chaque fois,
00:48:49à tirer sur le pianiste
00:48:50des attitudes indépendantes,
00:48:51on est mal barré dans ce pays.
00:48:53Très mal barré.
00:48:54Hugo,
00:48:54je suis très attaché à ça.
00:48:55Et vous me parliez
00:48:56de ce que je ferai après.
00:48:58Je serai intransigeant,
00:48:59toute hypothèse,
00:49:01de là où je serai,
00:49:02par rapport à ces remises en cause.
00:49:03Je ne les accepte pas.
00:49:04Je trouve que c'est choquant
00:49:05pour l'administration.
00:49:06Ça, pour le coup,
00:49:08c'est un truc que j'ai dans l'écrivain.
00:49:08C'est un engagement politique.
00:49:10Oui, c'est un engagement...
00:49:11Ah si ?
00:49:12Non, c'est un engagement
00:49:13politique, si vous voulez.
00:49:14C'est un engagement républicain.
00:49:15C'est un engagement institutionnel.
00:49:17Je crois qu'un pays
00:49:18vit de l'équilibre
00:49:19de ses institutions.
00:49:20et quand on les touche,
00:49:21on fait mal à la démocratie.
00:49:22Hugo ?
00:49:23Oui, deux questions rapides.
00:49:24Un, est-ce que vous allez écrire
00:49:25un livre sur votre passage
00:49:26à la Cour des Comptes
00:49:27comme l'a fait Jean-Louis Debré,
00:49:29par exemple,
00:49:30à la Cour des Comptes ?
00:49:30Première question,
00:49:31la deuxième tout à l'heure.
00:49:32Est-ce que vous allez écrire
00:49:33un livre comme l'a fait Jean-Louis Debré ?
00:49:34Je ne sais pas.
00:49:34Je pense que j'ai écrit un livre
00:49:35mais je n'ai pas commencé
00:49:36la première page.
00:49:37Donc, à partir de janvier,
00:49:39je vais me poser à ma table
00:49:40et je vais voir.
00:49:41Deuxième question.
00:49:41Et dernière question,
00:49:42est-ce qu'on est au bout
00:49:42de la Ve République ?
00:49:43On voit que ça bloque,
00:49:44on est dans des situations
00:49:46totalement inédites
00:49:47dans l'histoire de la Ve République,
00:49:48c'est-à-dire un budget
00:49:49qui est voté par un député.
00:49:51Est-ce qu'on est au bout
00:49:52d'un système ?
00:49:53Je pense que les institutions
00:49:54sont, en tout cas,
00:49:56actuellement pas en forme,
00:49:58fatiguées,
00:49:58qu'on les remet en cause
00:49:59à certains endroits.
00:50:00Le 49-3,
00:50:01je ne vais pas me prononcer là-dessus,
00:50:03mais le 49-3 est un outil essentiel
00:50:05mis en place par Michel Debré
00:50:06pour contrôler la majorité
00:50:08et les oppositions d'ailleurs.
00:50:10C'est ce qu'on appelle
00:50:10le parlementarisme rationalisé.
00:50:12Et dès lors que le parlementarisme
00:50:13n'est plus rationalisé,
00:50:14on redevient dans le parlementarisme.
00:50:16Le parlementarisme fait davantage
00:50:17penser à d'autres républiques
00:50:19que la Ve.
00:50:20Il y a aussi, par exemple,
00:50:22le fait que le président aujourd'hui
00:50:23joue un rôle un peu différent
00:50:24qu'il a joué jusqu'à présent
00:50:25puisqu'il laisse le gouvernement
00:50:26gouverner.
00:50:27Donc, je ne sais pas
00:50:28s'il faut changer de république,
00:50:30mais il faut sans doute
00:50:31des changements institutionnels.
00:50:32Je note une chose,
00:50:33j'ai lu un sondage récemment,
00:50:34les Français le souhaitent en fait
00:50:35parce qu'ils sentent bien
00:50:37que leurs institutions
00:50:38sont fatiguées,
00:50:40qu'elles ont besoin de changer,
00:50:41et qu'elles ont besoin
00:50:42d'être rajeunies.
00:50:44Parmi les institutions,
00:50:45il y a demain,
00:50:46le 120e anniversaire
00:50:47de la loi laïcité,
00:50:48comme ça,
00:50:49séparation des Églises
00:50:50et de l'État.
00:50:52Il y a des débats
00:50:52autour de la laïcité aujourd'hui,
00:50:54ce qu'elle doit être aujourd'hui.
00:50:55Est-ce que d'abord,
00:50:55cette loi,
00:50:56elle est intouchable
00:50:57ou est-ce qu'il faudrait
00:50:57la modifier
00:50:58au vu de l'évolution
00:51:00de la société ?
00:51:00Une loi comme celle-là,
00:51:03qui est une loi fondatrice,
00:51:04une loi essentielle,
00:51:05qui marque en effet
00:51:06la séparation
00:51:07des Églises et de l'État,
00:51:08qui donne le droit
00:51:09à chacun de croire
00:51:10ou de ne pas croire,
00:51:11de pratiquer
00:51:12ou de ne pas pratiquer,
00:51:13mais de le faire
00:51:15dans un espace privé
00:51:16sans que cela envahisse
00:51:17l'école
00:51:18ou le service public.
00:51:20Cette loi,
00:51:20c'est un trésor.
00:51:21Il ne faut pas y toucher.
00:51:22Je crois qu'il ne faut pas y toucher
00:51:24parce que,
00:51:24vous savez,
00:51:25il faut faire très attention,
00:51:26surtout dans le contexte
00:51:27dans lequel nous vivons.
00:51:28quand vous entrez avec un texte
00:51:30à l'Assemblée nationale,
00:51:32vous pensez
00:51:33que vous avez une bonne idée
00:51:34et à l'arrivée,
00:51:35vous vous trouvez
00:51:35avec un monstre.
00:51:35Surtout en ce moment.
00:51:36Ce n'est pas bon.
00:51:38Il faut avoir
00:51:39à tous les mois
00:51:40une loi tremblante
00:51:40et pour ma part,
00:51:41je pense que c'est
00:51:42un de ces blocs de granit
00:51:43de nos institutions
00:51:45et il ne faut surtout
00:51:46ne pas y toucher.
00:51:47Un autre défi
00:51:48pour les années à venir,
00:51:49c'est le développement
00:51:49annoncé de l'intelligence artificielle.
00:51:51Vous avez aussi travaillé là-dessus.
00:51:52À moins que ce ne soit
00:51:53qu'une bulle,
00:51:54comme disent certains,
00:51:54pour l'invité
00:51:55qui va vous rejoindre
00:51:56dans un instant.
00:51:56Face à vous,
00:51:57c'est un défi en tout cas
00:51:58pour le monde de l'éducation.
00:52:00Voici son portrait
00:52:00par Marco Pommier.
00:52:03Face à vous,
00:52:03Pierre Moscovici,
00:52:05un penseur
00:52:05qui analyse
00:52:06les bouleversements
00:52:07provoqués
00:52:07par l'intelligence artificielle.
00:52:10Selon notre invité,
00:52:11nous vivons
00:52:11une véritable métamorphose.
00:52:14Eh bien,
00:52:14nos modèles mentaux,
00:52:15on se rend bien compte,
00:52:16peinent à penser
00:52:18ce qui est en train d'advenir.
00:52:19On sent bien
00:52:19que nos principes moraux,
00:52:21notre idée du bien
00:52:22et du mal,
00:52:23se heurtent un peu
00:52:24à ces nouveautés,
00:52:25complètement disruptives.
00:52:27Ingénieur de formation,
00:52:29président recteur
00:52:30de l'Université catholique
00:52:31de Lille,
00:52:32aujourd'hui,
00:52:32chercheur spécialisé
00:52:33dans les questions
00:52:34d'éthique
00:52:35des technosciences.
00:52:36Dans son dernier livre
00:52:37co-écrit,
00:52:38il s'interroge
00:52:39sur le double défi
00:52:40que représente l'IA
00:52:41pour l'éducation.
00:52:43Avec des logiciels
00:52:44capables de rédiger
00:52:45des dissertations
00:52:46et des systèmes
00:52:47capables d'expliquer
00:52:48des notions complexes
00:52:49à la place des enseignants.
00:52:51Alors,
00:52:51comment apprendre
00:52:52à réfléchir seul
00:52:53quand l'IA fournit
00:52:54déjà toutes les réponses ?
00:52:55Comment travailler
00:52:56avec l'IA
00:52:57tout en pensant
00:52:58par soi-même ?
00:52:59Peut-être en cultivant
00:53:00ce que la machine
00:53:01ne pourra jamais remplacer ?
00:53:03L'esprit critique,
00:53:04la créativité
00:53:04ou le jugement humain
00:53:06avancent notre invité ?
00:53:07Face à vous,
00:53:08Pierre Giorgini.
00:53:09Et Pierre Giorgini
00:53:11arrive sur ce plateau.
00:53:12Bonsoir.
00:53:13Je vous laisse saluer
00:53:14Pierre Moscovici.
00:53:15Bonsoir à vous.
00:53:17Vous venez de Lille,
00:53:18on l'a dit tout à l'heure,
00:53:19dans le portrait.
00:53:20Je vous laisse vous installer
00:53:21avant que vous nous disiez
00:53:23un petit peu,
00:53:24vous,
00:53:24quels sont,
00:53:25en vraiment une minute,
00:53:27quels sont les enjeux
00:53:29de cette intelligence artificielle
00:53:30pour vous ?
00:53:31On le comprend
00:53:31dans le titre
00:53:32de votre livre.
00:53:33Oui.
00:53:34Ils sont multiples.
00:53:35Il y a déjà
00:53:36un enjeu global
00:53:37qui concerne bien sûr
00:53:38l'éducation
00:53:38en termes de son contenu.
00:53:40Ça, c'est votre angle.
00:53:41Voilà.
00:53:41C'est les investissements
00:53:43pharaoniques
00:53:44autour de cette idée
00:53:45que l'IA
00:53:46pourrait nous permettre,
00:53:48l'idée qui pour moi
00:53:48est un peu saugrenue,
00:53:50pourrait permettre
00:53:51une maîtrise radicale
00:53:52de la complexité du vivant
00:53:54que la science,
00:53:56dont on sait
00:53:57qu'elle est incomplète,
00:53:58pourrait venir à bout
00:53:59par la technique
00:53:59d'un certain nombre
00:54:00de sujets lourds
00:54:02aujourd'hui.
00:54:03Et donc,
00:54:04on voit renaître
00:54:04derrière ça
00:54:05ce qu'on avait
00:54:06un peu oublié
00:54:07une forme
00:54:08de techno-fascination,
00:54:09une forme
00:54:09de positivisme
00:54:10qui est un peu
00:54:12comme une lame
00:54:13qui voudrait
00:54:14nous embarquer
00:54:15dans un monde meilleur,
00:54:17radicalement meilleur
00:54:18par l'IA.
00:54:20Et en fait,
00:54:21on voit bien
00:54:22que ce monde
00:54:23radicalement meilleur,
00:54:24comme d'ailleurs
00:54:25on nous l'a promis
00:54:26au 18e siècle,
00:54:28à l'époque de Newton
00:54:29et Laplace,
00:54:29on allait vaincre
00:54:30les forces du vivant,
00:54:31eh bien,
00:54:32à chaque fois,
00:54:32évidemment,
00:54:33l'homme progresse,
00:54:34mais à chaque fois,
00:54:35il découvre
00:54:35l'infinie complexité
00:54:36et mobilise
00:54:37toujours plus
00:54:38de technologies,
00:54:39toujours plus
00:54:39de ressources
00:54:40pour continuer
00:54:41à progresser.
00:54:42Et donc,
00:54:43le sujet,
00:54:44si je peux me permettre,
00:54:45c'est aussi
00:54:46que le monde meilleur
00:54:47qu'on nous promet
00:54:48ou qu'on nous décrit,
00:54:51c'est un monde,
00:54:51finalement,
00:54:52où on va
00:54:52faire sans comprendre,
00:54:55comprendre sans réfléchir,
00:54:57rédiger des textes
00:54:58sans savoir écrire,
00:55:00développer des argumentations
00:55:02sans savoir raisonner,
00:55:03etc.,
00:55:05etc.
00:55:05Alors,
00:55:06Pierre Moscovici,
00:55:06qu'est-ce que vous répondez
00:55:07à Pierre-Giorgini ?
00:55:08Je suis beaucoup moins
00:55:08spécialiste d'IA
00:55:10que M. Jorgini.
00:55:11La Cour des comptes
00:55:12a produit plusieurs rapports
00:55:13sur l'intelligence artificielle,
00:55:14un sur la stratégie nationale
00:55:15d'intelligence artificielle,
00:55:17l'autre sur la recherche
00:55:18d'intelligence artificielle
00:55:18et un troisième
00:55:19qui va apparaître
00:55:20sur l'utilisation
00:55:21de l'intelligence artificielle
00:55:22dans un ministère.
00:55:24Il se trouve par ailleurs
00:55:24que nous-mêmes
00:55:26nous utilisons
00:55:26l'intelligence artificielle
00:55:27parce que ça peut remplacer
00:55:29certaines fonctions
00:55:30de grève,
00:55:31peut aider à rédiger
00:55:33des synthèses,
00:55:33des introductions,
00:55:34etc.
00:55:34Mais là,
00:55:35je partage complètement
00:55:36ce que vous dites.
00:55:37Ça ne peut pas se substituer
00:55:38à l'intelligence humaine.
00:55:39Ça ne peut pas se substituer
00:55:40au jugement.
00:55:41Et pensons à l'éducation.
00:55:42Il se trouve que,
00:55:43vous voyez,
00:55:44je suis le père
00:55:44d'un jeune enfant
00:55:45qui a sept ans
00:55:46et mon fils me demande
00:55:48assez souvent
00:55:49est-ce que je peux faire
00:55:49un truc sur Charles-JPT ?
00:55:51Pas question, Joseph.
00:55:53Parce qu'avant,
00:55:54il faut que tu apprennes
00:55:55à lire,
00:55:56à écrire,
00:55:56à penser.
00:55:57Ce truc peut être
00:55:58un outil.
00:55:59Pardon de utiliser
00:56:00ce mot truc.
00:56:01Il ne peut pas être
00:56:01quelque chose
00:56:02qui vous domine
00:56:03ni qui vous substitue.
00:56:05Et la crainte
00:56:05qu'on peut avoir,
00:56:06c'est qu'en effet,
00:56:06l'utilisation
00:56:07de l'intelligence artificielle
00:56:08réduise l'intelligence humaine
00:56:09si on est trop fondé sur elle,
00:56:12si on lui donne tout.
00:56:13Je retiens un mot,
00:56:14Kai.
00:56:14Le jugement,
00:56:16la connaissance,
00:56:17l'intelligence de l'homme
00:56:18est irremplaçable.
00:56:19Ce qui est intéressant.
00:56:20L'intelligence artificielle
00:56:21est un outil
00:56:21qui ne doit pas devenir
00:56:22notre maître.
00:56:23Pierre-Jorgini
00:56:23a utilisé un mot intéressant,
00:56:25la techno-fascination.
00:56:26On est fasciné
00:56:27par rapport à la technique
00:56:28et on a l'impression
00:56:29que ça va tout régler.
00:56:29Bien sûr.
00:56:31La phrase qu'on entend souvent,
00:56:33c'est bluffant.
00:56:34C'est un terme
00:56:35qu'on entend souvent.
00:56:36Donc, il y a un côté
00:56:37esthétique et bluffant.
00:56:39Mais en fait,
00:56:39comme je dis souvent,
00:56:40c'est de l'intelligence
00:56:41Canada Dry.
00:56:41Pour ceux de ma génération,
00:56:43c'est un sale goût
00:56:43de l'intelligence,
00:56:45la forme de l'intelligence.
00:56:46Mais ce n'est pas
00:56:46toutes les intelligences
00:56:48comme vient de le dire
00:56:49Pierre Moscovici.
00:56:50Ça encourage aussi
00:56:51une forme de paresse.
00:56:52On ne cherche plus,
00:56:53on ne réfléchit plus.
00:56:54De temps en temps,
00:56:54quand même,
00:56:55je suis sur le chat de GPT,
00:56:56j'y vais, je cherche.
00:56:57Il y a aussi des erreurs
00:56:58absolument monstrueuses.
00:56:59Et même plus que des erreurs,
00:57:01des orientations.
00:57:02Les orientations,
00:57:03il y en a toujours.
00:57:04Mais des erreurs,
00:57:04des erreurs factuelles.
00:57:06Vous qui êtes
00:57:06des journalistes politiques,
00:57:07si vous allez interroger
00:57:08le chat de GPT sur la politique,
00:57:09ça va vous raconter
00:57:10vraiment à peu près
00:57:11n'importe quoi.
00:57:11Qu'est-ce qu'on trouve sur vous ?
00:57:13Vous avez regardé ?
00:57:15Oui, mais enfin,
00:57:17c'est pas...
00:57:17Non, non,
00:57:17c'était juste comme ça
00:57:18parce que je n'ai pas fait.
00:57:19Oui, c'est pas...
00:57:20Ça ne m'a pas le fait,
00:57:21mais je ne pense pas qu'à moi.
00:57:23Sur l'éducation.
00:57:24Oui, alors sur l'éducation,
00:57:25nous, on a mené des études
00:57:27notamment avec l'Université de Columbia
00:57:28où on voit que...
00:57:30Alors là, on est sur les étudiants,
00:57:31on est un peu au-dessus de l'école,
00:57:32mais on montre de façon
00:57:34très objective
00:57:35que l'usage abusif
00:57:37de chat de GPT, par exemple,
00:57:39ou de Mistral ou d'autres,
00:57:41produisent, d'une part,
00:57:42un effondrement cognitif.
00:57:43C'est-à-dire,
00:57:44on peut faire la métaphore
00:57:46avec un exosquelette.
00:57:47Si on met un enfant
00:57:48un exosquelette
00:57:49qui lui permet
00:57:50d'améliorer tous ses mouvements,
00:57:51etc.,
00:57:52sans effort,
00:57:52il va avoir
00:57:53des formes d'atrophie.
00:57:54Et là, on va être
00:57:55sur le même dispositif,
00:57:57c'est-à-dire des formes
00:57:57d'atrophie, on va dire,
00:57:58cognitive, voire mentale.
00:58:00On repère aussi
00:58:01des baisses d'estime de soi
00:58:02parce que le travail cognitif,
00:58:05l'effort, etc.,
00:58:06produit de l'estime de soi,
00:58:07la facilité produit le contraire.
00:58:11Et puis, on voit aussi
00:58:12une baisse du désir
00:58:13d'effort cognitif.
00:58:14Et ça, c'est assez frappant
00:58:17parce que l'enfant tout petit,
00:58:19il a un désir d'effort cognitif,
00:58:21il a envie de comprendre.
00:58:22Et quel est ce mécanisme
00:58:24qui fait qu'à un moment,
00:58:25peut-être produit aussi
00:58:26par l'éducation,
00:58:27il faut qu'on balaye
00:58:28devant notre porte,
00:58:30mais qu'à un moment,
00:58:31il y ait cette chute
00:58:31du désir d'effort cognitif
00:58:33et qui est assez préoccupant.
00:58:35Alors, je me dis,
00:58:35est-ce qu'à l'école,
00:58:36comme on a fait des cours
00:58:37d'éducation physique,
00:58:38est-ce qu'il ne va pas falloir faire
00:58:39des cours d'éducation
00:58:40cognitive en Moscovici ?
00:58:42Vous savez, il y a un grand débat
00:58:43qui est en ce moment
00:58:44sur l'interdiction
00:58:45des portables à l'école.
00:58:46Bon, je suis plutôt pour.
00:58:49Mais en tout cas,
00:58:50il me paraît très important
00:58:51que jusqu'à un certain âge,
00:58:52il y ait une interdiction
00:58:53de chat du piti
00:58:54ou de l'intelligence artificielle
00:58:55à l'école.
00:58:56Parce qu'avant toute chose,
00:58:58il faut que nos enfants
00:58:59apprennent à réfléchir,
00:59:01penser.
00:59:02Le cerveau est une forme
00:59:03de muscle aussi,
00:59:04à se muscler intellectuellement,
00:59:06à travailler
00:59:06leur faculté cognitive.
00:59:07je vois ça
00:59:08avec beaucoup de méfiance
00:59:10pour ma part.
00:59:11Je le vois comme père,
00:59:12je le vois aussi
00:59:12comme président d'une institution.
00:59:14Je vois bien, par exemple,
00:59:16enfin, je le vois bien,
00:59:17je travaille là-dessus
00:59:18et on y réfléchit.
00:59:18Quelles sont les tâches
00:59:19auxquelles l'intelligence artificielle
00:59:23peut être utile,
00:59:24ce qui le permet d'améliorer ?
00:59:26Et ça, l'idée
00:59:27qu'on tombe dans l'obscurantisme
00:59:28et qu'on ne se sert pas
00:59:29d'un tel outil,
00:59:30c'est une idée stupide.
00:59:31Je ne veux pas non plus
00:59:32que ça se substitue.
00:59:33Par exemple,
00:59:34on peut rédiger une synthèse
00:59:35d'un rapport,
00:59:36on peut rédiger
00:59:36l'introduction
00:59:37d'une synthèse.
00:59:37On ne peut pas rédiger le rapport.
00:59:39Le rapport,
00:59:39il doit être fait
00:59:40par un individu,
00:59:42d'abord une équipe,
00:59:44un collectif
00:59:45qui confronte
00:59:46les jugements
00:59:47et qui ne laisse pas
00:59:48l'intelligence artificielle
00:59:49agir, penser,
00:59:51rédiger à sa place.
00:59:52Oui, je pense que
00:59:53la question,
00:59:54vous parlez des portables,
00:59:55c'est la bonne distance
00:59:56entre une sanctuarisation
00:59:58technologique
00:59:58et puis l'intégration.
01:00:00Là, les enseignants
01:00:01ont probablement
01:00:01un rôle à jouer,
01:00:03mais comment va-t-on faire
01:00:04pour lutter
01:00:05contre l'étouffement
01:00:06qu'il pourrait y avoir
01:00:07des institutions
01:00:08incarnées
01:00:09par rapport
01:00:10à la virtualisation
01:00:11totale de la médecine ?
01:00:12On parle des médecines
01:00:13sans médecine,
01:00:14enseignements sans enseignants,
01:00:15etc.
01:00:15parce que c'est le grand défi
01:00:17des temps qui viennent.
01:00:18Ça repose encore une fois
01:00:19sur la force de l'homme,
01:00:20sur la maîtrise
01:00:21du destin par l'homme.
01:00:24Pierre-Gergini,
01:00:25merci d'être venu
01:00:26nous parler pendant
01:00:26quelques minutes
01:00:27de votre livre
01:00:27et de vos travaux,
01:00:29même si vous dites aussi
01:00:30quand même dans votre livre
01:00:30que l'intelligence artificielle
01:00:32peut aussi développer
01:00:33la créativité.
01:00:33Absolument, bien sûr.
01:00:34Tout n'est pas à jeter.
01:00:35Elle doit nous faire.
01:00:36D'ailleurs,
01:00:37quand mon fils me demande,
01:00:38il me demande
01:00:38de lui faire des dessins,
01:00:40de partir de certaines photos
01:00:41pour faire des dessins.
01:00:42Mais non, plus tard.
01:00:43parce que je sais
01:00:44de quoi on démarre,
01:00:45je ne sais pas où on arrive.
01:00:46Pierre Moscovici,
01:00:47merci aussi d'avoir accepté
01:00:48votre invitation
01:00:48dans l'Indice et Politique
01:00:50sur LCP.
01:00:52Bonne nouvelle fonction
01:00:53à Luxembourg,
01:00:54au Luxembourg.
01:00:54On se reverra.
01:00:55Oui, oui,
01:00:56j'ai cru comprendre
01:00:56qu'il y aura 2027,
01:00:57des livres, tout ça.
01:00:58Entre autres,
01:00:59mais entre autres,
01:01:00par hasard.
01:01:00Merci en tout cas
01:01:01d'être venu sur le plateau.
01:01:02Bonne soirée sur LCP
01:01:03et à lundi prochain.
01:01:13Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire