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Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.
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00:00Je voudrais qu'on revienne sur ce sujet que vous aviez commencé à évoquer, Antoine Oberndorf, et sur ces Américains, s'ils sont encore nos alliés.
00:08Alors, peut-être plus pour très longtemps, surtout si l'on lit le compte X d'Elon Musk.
00:14Vous l'avez forcément regardé, notamment Nicolas Conquer, et nous tous aussi autour de ce plateau.
00:18C'est vrai qu'il nous en veut un petit peu. Il en veut à l'Union européenne.
00:21Il ne digère pas l'amende de 120 millions de dollars que Bruxelles vient d'infliger à X.
00:27S'il n'arrête pas de cibler l'Union européenne dans ses derniers tweets, regardez ce qu'il a partagé, notamment.
00:33Alors, il y en a un qui est d'accord avec ce qu'il dit.
00:35Alors, il écrit « L'Union européenne n'est pas la démocratie, le pouvoir du peuple, mais plutôt la bureaucratie, le pouvoir du bureaucrate non élu. »
00:43Et puis, il dit aussi « L'Union européenne devrait être abolie et la souveraineté rendue au pays afin que les gouvernements puissent mieux représenter leur population. »
00:57Et puis, Premier ministre aussi, qui a répondu exactement.
01:02À quoi est-ce qu'il joue Elon Musk ?
01:04Est-ce que d'abord, ça peut être dangereux, colonel peut-être, d'avoir Elon Musk dans son collimateur ?
01:11Alors, je ne dirais pas jusque-là.
01:13Le problème, c'est que l'Union européenne, si vous voulez, pour les États-Unis, c'est effectivement, c'était la même chose pour l'URSS il y a très longtemps.
01:22Quel numéro de téléphone ? Est-ce que c'est M. Macron qu'on appelle ?
01:25Parce que Mme von der Leyen, elle n'a aucune prérogative militaire, par exemple, ou de défense, ou de diplomatique un peu plus.
01:34Mais, si vous voulez, chaque pays européen a sa propre stratégie qui dépend de ses frontières.
01:39Et on le voit bien avec l'Italie, l'Espagne, la Grèce.
01:42Pourquoi la Grèce maintient-elle le service national ?
01:43C'est à cause de la menace turque, ce n'est pas la menace russe.
01:46Pourquoi la Croatie a-t-elle remonté son service national ?
01:50C'est parce qu'elle a peur que les Russes interviennent via la Serbie, avec l'armée serbe, qui est toujours une menace pour eux.
01:56Donc, en réalité, ce qu'a bien compris Elon Musk, c'est qu'il n'y a pas une Europe, mais il y a des Europes.
02:02Alors, effectivement, la France et la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni, jouent un rôle particulier parce qu'ils ont de l'arme nucléaire.
02:07Et ce seraient peut-être les seuls en mesure de parler avec l'Allemagne au nom de l'Europe entière.
02:13Mais il y a beaucoup de pays européens qui n'en veulent pas, qui voudraient, eux aussi, s'exprimer à leur façon.
02:18Donc, en fait, c'est ça que souligne Elon Musk. Il met le doigt où ça fait mal.
02:23Mais je me demandais si c'était un problème, en gros, d'être dans le viseur d'Elon Musk.
02:27Est-ce que c'est un problème que l'homme le plus riche au monde, qui peut nous mener à une guerre idéologique, une guerre de l'information...
02:34Le lien vers les satellites, c'est un léger... Alors, pour les Ukrainiens, mais évidemment, c'est pas un point de vue opérationnel.
02:39Et puis, c'est un léger souci, là, je reviens à ma partie politique, quand on sait que les prochaines échéances électorales se joueront peut-être en grande partie,
02:46pour ne pas dire intégralement, sur les réseaux sociaux et en particulier sur X.
02:51C'est-à-dire que...
02:53Et TikTok, bien évidemment.
02:55Donc, Elon Musk, sa force de frappe est énorme, considérable, et sa parole n'engage pas que lui.
03:01C'est-à-dire que vous avez montré qu'il avait eu une réponse de Dimitri Medvedev,
03:08mais il y a eu aussi des retweets de J.D. Vance, le vice-président des États-Unis, de Marco Rubio.
03:13Donc, on voit que la conception que se fait Elon Musk de l'Union européenne, une Union européenne qui le méprise,
03:20effectivement, vous disiez quel numéro de téléphone, enfin, des gens comme Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
03:25ou alors Kadja Kalas, qui tient lieu de mise des affaires étrangères de l'Union européenne,
03:29sont pour Elon Musk, mais des gens de rien, de peu.
03:33Donc, véritablement, ils ont un mépris profond pour l'Union européenne, à moins, à moins que,
03:39et ça, les élections en Allemagne avec le cas d'Alice Weidel, la tête de gandole de l'AFD nous l'avait montré,
03:45à moins que l'Union européenne ne se convertisse à une idéologie qui leur s'y est mieux.
03:51Et dans ce cas-là, si vous avez les Viktor Orban, demain, qui prolifèrent partout en Europe,
03:56alors là, oui, peut-être à cette condition-là, ils pourront devenir pro-européens.
03:58Oui, mais est-ce que ça participe à toute une stratégie menée contre l'Union européenne ?
04:03Patrick Sos, on parlait de ce document explosif de 33 pages,
04:06où, finalement, les États-Unis disent qu'ils veulent quoi, précisément ?
04:10Faire évoluer notre…
04:12Faire corriger, aider l'Europe à corriger sa trajectoire actuelle.
04:16Donc, ils veulent c'est de l'ingérence ?
04:18Je regarde mon petit brief de l'Elysée.
04:20Il y a un point qui m'a quand même inquiété, parce qu'on a interrogé le conseiller qui nous parlait de ce sommet de demain.
04:25Il y avait aussi une question sur ce document.
04:29Et, eh bien, ce diplomate, ce conseiller diplomatique, il a parlé d'une lettre de cadrage, en fait.
04:35Pourquoi ? Parce que l'Elysée nous a dit, en fait, il va y avoir des documents thématiques qui arrivent dans les prochaines semaines.
04:40On demandait vraiment, mais que pensez-vous ?
04:41Les Allemands sont partis très vite en disant, les Américains, mêlez-vous de ce qu'ils vous regardent.
04:45Oui, je disais, en gros, on s'en tige de ce document.
04:47Pourquoi ? Parce que dans les prochaines semaines, d'ici la fin de l'année, il y aura des documents thématiques et donc beaucoup plus précis, semble-t-il, sur l'action américaine en Europe.
04:57Qu'est-ce qu'ils vont faire au-delà de civilisationnel ?
04:59Ils sont très contents de leur coup.
05:01Lorsqu'on lit notamment les articles ou qu'on va écouter CNN, on comprend que pour écrire tout ça, Donald Trump s'est entouré de très peu de monde, de très peu de conseillers,
05:11alors que d'habitude, vraiment, vous faites appel à vraiment tout le département d'État américain, ça veut dire qu'on est dans quelque chose de totalement idéologique pour l'instant.
05:20Mais pourquoi ? C'est ce qu'on nous dit encore à l'Élysée, c'est une lettre de cadrage, c'est-à-dire un document très général.
05:24Et c'est là qu'on parle de la menace, de la migration de masse, de l'effacement civilisationnel.
05:29Ça veut dire quoi ? L'Élysée prend ça au sérieux, alors ?
05:31Prend ça au sérieux, mais surtout attend des précisions, j'irais presque pratiques.
05:36Qu'est-ce que ça veut dire, encore une fois, corriger la trajectoire actuelle ?
05:40Est-ce qu'on vient de parler de X, de TikTok ?
05:42On va se retrouver avec une triple ingérence en 2027, parce que TikTok, c'est de nationalité quand même chinoise.
05:48Vous avez les Russes qui sont là depuis bien longtemps, qui font leur guerre hybride.
05:51Et si en plus, on a les Américains, ça commence à faire beaucoup.
05:55Qu'est-ce que ça veut dire ? Peut-être que vous pouvez nous donner la traduction, Nicolas Conquer.
05:58C'est davantage, dans le temps de la part de Musk, qui n'est pas dans l'administration que de Trump et de son nouveau mandat,
06:03qui est de vouloir, mais il avait un pôle très temporaire, et ce n'était pas du tout de dicter la politique étrangère des États-Unis.
06:08Mais l'enjeu, c'est surtout de réaffirmer son attachement pour la souveraineté populaire,
06:12plutôt que d'élite non élue, telle que ce qu'on voit à la Commission européenne.
06:15Alors, au Parlement européen, on a l'élu, exactement.
06:17D'accord, mais ce n'est pas de Musk dont il est question, là, c'est genre juste une cesse de confiscation du débat public
06:21et de réglementation de l'espace en ligne, notamment qui va venir appliquer les standards les plus restrictifs,
06:29tels que ceux qui sont en Allemagne, et donc qui viennent confisquer la parole, imposer un discours officiel.
06:33Et, accessoirement, ce document, rappelons-le, ne vise pas à prendre uniquement des menaces
06:38et de faire un zoom sur l'Europe, alors que, rappelons-le, la sélection, elle s'appelle
06:41« Promouvoir la grandeur de l'Europe », s'assurer que l'Europe pourra devenir grande,
06:44c'est-à-dire qu'ils sont attachés aux origines et à la civilisation.
06:47Mais vous imaginez si on avait fait l'inverse avec les États-Unis ?
06:51Nous, je vous le rappelle, et vous avez raison de le dire, parce que c'est le 250e anniversaire de l'indépendance américaine
06:56pour laquelle l'indépendance, elle a été signée en France, donc on est leur plus ancienne alliée historique,
07:00et je pense qu'on a besoin de maintenir et de raviver ce lien qui soit fait compte pendant encore 250 ans.
07:04C'est une curieuse façon de l'introduire.
07:05Non, mais pardon, parce que là, si vous dites qu'il y a un risque d'effacement civilisationnel historique,
07:10c'est bien parce qu'il y a un cri d'alerte.
07:12Il faut voir ça comme un SOS fraternel plutôt qu'une forme de vassalisation, au contraire.
07:16Donc c'est un ami qui nous vaut du bien ?
07:18Absolument, parce que s'il y avait des menaces, j'espérais...
07:21Mais c'est pas nouveau, mais c'est pas nouveau, parce qu'on a eu cette discussion hier soir avec Patrick aussi.
07:26L'ingérence américaine en Europe depuis 1945, il y en a beaucoup d'exemples.
07:29Alors, sur une échelle plus petite, mais néanmoins pas anecdotique, le 4 mai 2017, je vous rappelle que les réseaux sociaux
07:37étaient inondés d'une communication de l'ex-président Barack Obama pour appuyer le président Macron,
07:44pour faire barrage au Rassemblement national.
07:46national, c'était une forme d'ingérence.
07:49Ce n'est pas assez inaperçu.
07:49Il y a la bonne et la mauvaise agence.
07:51Alors donc, effectivement, à ce moment-là, c'était alléluia au nom, justement, de ce que, sur plusieurs plateaux,
07:55effectivement, il est plus facile de fréquenter cet arc républicain qui s'arc-boute contre le Rassemblement national.
08:02Mais c'était une forme d'ingérence.
08:03Et puis, de façon beaucoup plus marquée,
08:06les Américains, ponctuellement, sont intervenus dans les affaires européennes.
08:09On en parlait avec la création de forces ouvrières,
08:11donc un syndicat qui, en partie, est venu au monde grâce à la CIA.
08:15Mais c'est l'arrivée de M. Mitterrand au pouvoir en 1981
08:18et l'annonce de futurs ministres communistes au gouvernement.
08:21Je vous assure que les Américains se sont mobilisés pour que les choses soient différemment entendues.
08:26Donc, si on vous suit bien, ça veut dire que c'est pas nouveau,
08:29donc c'est pas si grave, là, ce qui est dit dans le document?
08:31C'est pas ce que je vous dis.
08:32Je vous dis simplement que notre indignation est probablement aussi liée à ce qu'il est de bon ton aujourd'hui
08:38de détester souverainement le président Trump.
08:40Il y a un avantage dans ce document,
08:42c'est que ça cristallise sur la place publique ce que pense cette administration, ce qu'elle veut faire.
08:47Et par ailleurs, l'Europe est une petite portion,
08:49la portion congrue de ce document de 33 pages,
08:51parce que c'est surtout l'avènement d'un pays qui ne veut plus jouer aux gendarmes nulle part dans le monde,
08:56qui se recroqueville sur lui-même, très littéralement,
09:00et c'est le retour de la doctrine Monroe, en fait, la Dunro, la Trump-Raw,
09:06on peut l'appeler comme on voudra,
09:07mais c'est l'idée que sur le continent nord-américain,
09:10les Américains sont souverains, qu'ils ne veulent plus jouer le rôle de gendarmes,
09:13qu'ils n'en ont d'ailleurs plus les moyens.
09:15Là-dessus aussi, Trump est très cash.
09:16Il reconnaît que l'impérium américain, ils n'en ont carrément pas les moyens
09:21et qu'il faut aujourd'hui une souveraineté industrielle,
09:24une souveraineté énergétique,
09:26et puis au passage, avoir de bonnes relations avec une Europe qu'il voudrait évidemment.
09:30– Et puis en Europe, le but, c'est aussi le condominium avec la Russie,
09:33c'est-à-dire que c'est un peu ce qui s'est installé au moment de la guerre froide,
09:36où on se dit que c'était une hostilité, ce qui n'était pas faux,
09:38il y avait une hostilité entre l'URSS et les États-Unis,
09:40mais par pays interposés au Moyen-Orient, en Afrique, tout ça.
09:43Là, en fait, par sympathie idéologique ou par respect mutuel,
09:49la Russie et les États-Unis n'ont plus de raison de s'affronter en Europe.
09:53Donc en réalité, c'est pour ça que la stabilisation en Ukraine les intéresse,
09:58aussi bien évidemment les Russes que les Américains.
10:00Mais en fait, les Américains, eux, veulent avoir les mains libres
10:04pour agir ailleurs, au Venezuela par exemple,
10:07contre les trafiquants de drogue.
10:09Et puis aussi, le gros morceau, c'est quand même la Chine
10:11et les influences chinoises en Extrême-Orient,
10:14qui sont quand même leur théâtre principal, leur centre de gravité.
10:16L'Europe, c'est plus le centre de gravité,
10:19c'est dommage pour les Européens,
10:21c'est plus le centre de gravité de la stratégie américaine, pour l'instant.
10:24Sinon, si j'étais chinois de Taïwan,
10:26je serais très inquiet de ce que le grand frère viendra me protéger.
10:30Parce qu'aujourd'hui, l'idée de cette ambiguïté stratégique,
10:33avec la possibilité que les Américains déploient les forces nécessaires
10:36pour défendre Taïwan, elle est battue en brèche par Trump,
10:40qui dit « ouais, on y pense ».
10:41Et l'essentiel de ce qui rend aujourd'hui Taïwan incontournable pour les Américains,
10:47c'est la fabrication de microprocesseurs.
10:49Or, cette production, elle est de plus en plus ramenée aux États-Unis,
10:53particulièrement en Arizona.
10:54Et je crois que sur un horizon de deux ans, trois ans maximum,
10:57les Américains pourront contempler l'idée de perdre Taïwan sans verser de larmes.
11:02Oui, mais alors, pour en revenir à ce document, Patrick Sos,
11:05est-ce que l'Élysée, enfin, je vous l'avais demandé,
11:08prend ça au sérieux, mais dans la mesure où,
11:09est-ce que là, cette fois, comme c'est écrit noir sur blanc,
11:12que ces ingérences américaines,
11:15est-ce que là, ça change la donne, malgré tout,
11:17pour l'Élysée, ou est-ce qu'ils sont sur la même...
11:19Alors, on n'est pas encore dans la guerre hybride russe, loin de là.
11:23Mais effectivement, il y a, non pas une inquiétude, mais une vigilance.
11:27Vous ne pouvez pas dire, voilà, France, on est un grand pays diplomatique,
11:30doté de l'arme nucléaire, et dire, oh là là, attention, menace américaine.
11:34Non, d'abord, parce que, vous l'avez compris, sur la plupart des sujets,
11:38on est obligé de, je dirais, brosser Donald Trump dans le sens du poil.
11:42Je n'ai pas d'autre expression qui me vient.
11:44Pour arriver à nos fins, et arriver à une espèce de stabilité,
11:49à peu près diplomatique, on est obligé de le brosser dans le sens du poil.
11:52Ensuite, il y aura une vigilance, et ça permet peut-être...
11:55Et c'est d'ailleurs sans doute ce que Donald Trump cherche.
11:58J'essaie d'avoir mon petit optimisme, parce que je lisais encore,
12:01c'est écrit en gros, en gras, en rouge, dans ma traduction,
12:04nous voulons travailler avec des pays alignés.
12:07C'est écrit noir sur blanc par l'administration Trump.
12:10Mais ce qu'aime Trump, ce sont, j'allais dire, les hommes forts.
12:13Je ne vous parle même pas de femmes, mais des hommes forts.
12:15Et avoir des dirigeants de pays européens qui affichent leur force,
12:20avant même l'échéance de 2027, en fait, ça lui va.
12:24Encore une fois, moi, lorsqu'on me pose la question,
12:27après une plaisanterie de Donald Trump à l'endroit d'Emmanuel Macron,
12:32je dis, mais vous entendez des blagues sur Friedrich Schmerz
12:35ou Karl Starmer, il ne sait même pas qui c'est.
12:37Donc, encore une fois, par optimisme, j'ai envie de croire
12:40qu'au moins, notre pays existe un peu sur la carte à la Maison-Blanche.
12:43Ça ne plaît pas trop à Nicolas Conquer, ce que vous venez de dire,
12:46mais Nicolas, je suis désolée, je n'ai pas le temps de vous faire réagir,
12:49parce que c'est déjà la fin de cette émission.
12:51Néanmoins, on aura l'occasion de continuer de parler tout ça.
12:53N'oubliez pas, ce sera à vivre en direct sur BFM TV,
12:56le déplacement d'Emmanuel Macron à Londres,
12:58où il rencontrera notamment Volodymyr Zelensky,
13:01Kirch Schmerz et le chancelier allemand.
13:03Merci d'avoir été avec nous ce soir.
13:06L'information continue, bien évidemment, sur BFM TV.
13:08Merci d'avoir regardé cette vidéo !
13:10Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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