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  • il y a 19 heures

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00:00Il m'a pris à part, mon père, et puis mon frère était déjà malheureusement décédé et enterré,
00:05puisqu'ils n'ont pas voulu m'annoncer des nouvelles avant, ils ont bien fait, ils ont préféré être là.
00:11Et puis mon père m'avait dit, voilà, bon, ton frère, j'avais 9 ans et demi, je me rappelle encore,
00:18il me dit, est-ce que tu sais comment Coluche est mort ?
00:20J'ai dit, oui, oui, il est arrivé la même chose à ton frère.
00:23Donc voilà, je n'ai pas trop bougé sur le moment, et puis il m'a dit surtout, voilà,
00:27mamie qui était là-bas, à côté la famille qui attendait, il fait, voilà, il ne faut surtout pas pleurer.
00:34Parce que si tu pleures, tu fais pleurer mamie, donc il ne faut pas, il faut que tu sois solide,
00:38et tu as le droit de pleurer tout seul, il y avait déjà cette, mais la mamie,
00:44c'est-à-dire la maman de mon père, ma grand-mère, voilà, nous a élevés dans cette force aussi
00:51d'être assez solide devant les gens, et donc il y avait une vraie force familiale là-dessus,
00:55et c'est le seul souvenir que j'ai, mais je l'ai toujours en photo, voilà, mon frère partout.
01:00C'est un accident, Olivier, qui est arrivé à votre ère ?
01:03Oui, un accident de moto sur une route de merde, on peut le dire comme ça,
01:07d'ailleurs où il y a eu d'autres accidents, je pense notamment, si je ne me trompe pas,
01:12aux chanteurs et guitaristes des Ducey King, Ray,
01:17qui donc, je crois, a perdu son frère aussi, au même endroit, précisément,
01:21quelques années avant, quelques années après, d'une espèce de haricot
01:25qu'il y avait sur cette route, cette route, voilà, dans le sud de la France,
01:30et puis bon, la route a été changée depuis.
01:33Mais il y avait quelqu'un en tort, du coup ?
01:34Non, non, non, c'est de la vitesse, parce qu'à l'époque, à cette époque-là,
01:38dans les années 85-90, il filait des bécanes à des gamins de 18 ans qui débridaient,
01:44donc ce n'était pas les mobilettes qu'on avait, nous, à l'époque, quoi.
01:46Puis, enfin, ça faisait du 300, quoi.
01:51Donc, je veux dire, moi, ça ne pardonne pas.
01:52Vous vous souvenez, la dernière fois, vous avez vu votre frère ?
01:54Aucun souvenir.
01:56Je me souviens du coup de pied au cul.
01:57Oui, ça, je me rappelle.
01:58Parce qu'il y avait des Santiago.
02:00Et il vous faisait chier, quoi.
02:01Non, non, voilà.
02:02Mais c'est des petits flashs, comme ça, voilà.
02:04Mais j'ai pas de...
02:05Enfin, j'ai beaucoup...
02:05J'ai des trucs de tendresse qui viennent, voilà.
02:08Comment vous avez vécu l'après avec votre père ?
02:12Il a été extrêmement choqué, je suppose, Patrick Sébastien ?
02:17Alors, on en a parlé beaucoup, bien sûr, tous les deux.
02:22En fait, c'est un tel traumatisme de perdre un enfant.
02:24Il faut être solide.
02:25Je sais qu'il fête aujourd'hui, enfin, cette année, les 40 ans sans alcool.
02:29Voilà.
02:29Oui.
02:30Il faut du courage.
02:32D'ailleurs, je m'adresse à toutes les personnes qui ont ce courage d'arrêter,
02:35parce que c'est de l'alcool excessif et qui, en fait, comme il le dit lui souvent,
02:38ne devient plus un plaisir, ou tu as plus d'emmerde que de plaisir.
02:43Donc là, voilà, c'était plus d'une bouteille et demie de whisky par jour.
02:46Je dis ce qu'il dit.
02:47Donc, voilà, ça devient à ce moment-là problématique.
02:50Et il avait arrêté de...
02:52En 90, il avait déjà arrêté de consommer.
02:54Et puis, quand il a appris la nouvelle dans la nuit,
02:56puisque ça s'est passé vers les 5 heures du matin,
02:59il a pris une bouteille de whisky et puis il ne l'a pas touché.
03:02Voilà.
03:03C'est ce qui était très dur, parce qu'il aurait pu craquer à ce moment-là.
03:06Il ne l'a pas fait.
03:07Je sais qu'il a appelé deux amis.
03:09Donc, il n'y avait pas les portables à l'époque.
03:10Tout le monde était en tournée dans le sud de la France, entre Perpignan et Toulon.
03:14Il y avait ses grands amis, deux grands amis, Carlos et Philippe Laville.
03:19Ah oui, bien sûr.
03:19Pas très loin, dans un hôtel, pas très loin.
03:22Il les a appelés.
03:22Il leur a dit, voilà, vous avez appris pour le petit.
03:25Oui, on a appris.
03:26Il s'est tué, mais perdu, quoi.
03:29Est-ce que vous pouvez venir me voir, quoi ?
03:31En fait, pour me demander du soutien.
03:32D'accord.
03:33Et les deux, Philippe Laville et Carlos, si je ne me trompe pas, on dit, on peut venir,
03:38mais on ne viendra pas.
03:39Parce qu'on sait que tu chantes demain, ou l'après-demain, c'était.
03:44Et si on vient, tu vas t'appuyer, tu ne vas pas monter sur scène.
03:48Et si tu ne montes pas sur scène, tu es mort.
03:51Voilà.
03:52Donc, je trouve qu'il faut des couilles.
03:55C'est clair.
03:55En tant qu'ami, pour dire ça.
03:58Et c'est ce qu'il a, il m'a dit aussi, beaucoup sauvé.
04:01Parce qu'il est rentré après le combat.
04:02Oui, c'est ça, bien sûr.
04:03Et d'ailleurs, il le dit.
04:04J'ai rencontré malheureusement, dans mon petit village, à Martel, aussi, un monsieur,
04:09je ne sais plus trop le nom, qui est un simple plombier, voilà, qui a perdu son petit, pareil,
04:14de 16 ans d'un accident de moto.
04:1615-16 ans.
04:18Castanier, je crois que c'était le nom, si je ne dis pas de bêtises.
04:20Mon père est venu le voir, bien sûr, parce qu'il habitait avec le oiseau, juste à côté.
04:24Et la première chose qu'il lui a dit, c'est, qu'est-ce que tu fais demain ?
04:26Voilà.
04:27Ouais, d'accord, c'est ça.
04:28C'est-à-dire qu'on...
04:28Voilà.
04:29Bon, là, la souffrance est liée, c'est dur, mais qu'est-ce que tu fais lundi ?
04:32Oui, c'est ça.
04:32Parce que c'était prévu que tu bosses, et le plombier a fait, ouais, mais bon, je vais annuler.
04:35Non, surtout pas.
04:37Va bosser.
04:38Vas-y.
04:39Et la douleur, je pense qu'elle est la même qu'on soit Patrick Sébastien, ou qu'on soit un simple plombier.
04:46Bien sûr, ouais, ouais.
04:47La douleur est la même, mais il faut aller au travail.
04:49C'est facile à dire, moi, je souhaite de jamais vivre quelque chose comme ça.
04:52C'est pareil, ouais.
04:53Donc, je trouve qu'il y a une force énorme pour ça, donc on en a beaucoup parlé après,
04:57mais plus dans le fait de dire que dans des moments comme ça, qui n'appartiennent qu'à la personne qui perd son fils,
05:04je veux dire, parce qu'on peut avoir toutes les merdes qu'on veut dans la vie, il faut se relever, il faut se battre,
05:08et c'est ce que ma grand-mère et mon père m'ont appris, et c'est la plus belle des richesses.
05:11Et alors, du coup, cette femme Martine avec qui ils ont eu cet enfant, elle, je pense que ça a dû être quelque chose de très compliqué,
05:19elle aussi, parce que c'était leur seul enfant.
05:21Je ne l'ai pas beaucoup vu, comme je t'ai dit, Martine, donc je suppose, bien sûr, que ça a dû être terrible.
05:27Je ne sais pas si la mère...
05:29Enfin, je pense que la mère souffre plus que le père.
05:34Mais enfin, je ne sais pas, je ne suis pas à cette place, donc je ne peux pas parler.
05:37Mais elle a été... Je l'ai toujours vue digne, cette femme.
05:42Oui.
05:42Voilà. Et des souvenirs, comme on l'a dit, à l'enterrement ou des choses comme ça.
05:46Il n'y a pas eu... Je n'ai pas de souvenirs. Enfin, moi, je n'étais pas là, mais il n'y a pas eu de souvenirs d'effondrement, de choses comme ça.
05:51Elle a toujours été d'une dignité...
05:53Très digne.
05:53Oui, voilà. C'est les souvenirs que j'ai... Mais je n'ai vraiment pas beaucoup de souvenirs avec elle.
05:57Je sais juste que c'est une femme bien.
05:58Je sais juste que c'est une femme bien.
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