L'ancienne Miss France s'est livrée, ce mercredi, devant la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale, sur sa relation avec le chef Jean Imbert, marquée par la violence conjugale. Cinq anciennes compagnes du chef étoilé ont témoigné contre lui, et deux ont déposé plainte.
00:00Je prends aujourd'hui la parole publiquement pour partager une expérience personnelle qui a profondément marqué ma vie.
00:08Il me semble que c'est nécessaire pour montrer des mécanismes qui sont souvent incompris et souvent invisibilisés.
00:16Je me permets de prendre des petites notes parce que même si je connais très bien ce qui s'est passé, je suis un peu impressionnée d'être devant vous.
00:23Alors ça me rassure.
00:24Pendant un an et quatre mois, j'ai vécu une relation au sein de laquelle se sont progressivement installés des comportements que je peux aujourd'hui identifier comme relevant du contrôle coercitif.
00:36Ce type de contrôle n'est pas toujours compris ni reconnu à sa juste gravité.
00:40Pourtant, il est désormais bien défini par les spécialistes.
00:43En voici la définition avec des références utilisées par les psychologues.
00:47Le contrôle coercitif est un ensemble de comportements répétitifs visant à dominer une personne, la couper de ses soutiens, la déstabiliser, limiter son autonomie et créer un climat de peur, d'obéissance.
01:01L'homme que je décris coche absolument toutes les cases.
01:04J'aimerais vous parler d'abord de mon vécu.
01:07Pendant ma relation, j'ai d'abord ressenti un amour très fort, passionnel, dévorant.
01:12Puis un isolement progressif de mon entourage.
01:15Il acceptait sans problème une seule amie.
01:18Une seule, celle qui disait que c'était un gars super et que j'exagérais.
01:22Toutes les autres étaient dénigrées et insultées.
01:25J'ai ressenti également une fragilité émotionnelle, sachant que j'avais et j'ai toujours une maladie auto-immune depuis l'enfance.
01:31J'étais donc très fatiguée physiquement et en grande détresse psychologique.
01:36J'étais toujours sur les nerfs, toujours en alerte.
01:38Il provoquait des colères pour les retourner contre moi et me traiter de folle.
01:43J'ajoute qu'il m'humiliait régulièrement sur mon milieu social, sur ma façon de m'habiller, de m'exprimer.
01:49Il me faisait croire que ses amis ne m'aimaient pas, qu'il me trouvait bête.
01:53Mais surtout, je craignais ses réactions.
01:55Il me tenait constamment très fort par les bras, comme ça, tout le temps.
01:59C'était pour me contenir et m'empêcher de bouger.
02:01Il tapait dans les murs et il m'a même fracturé le nez en me mettant un coup de tête.
02:05Il n'a pas nié, il s'est justifié avec l'argument de l'accident, car comme on le sait tous, on peut casser le nez d'une femme par inadvertance.
02:15Bref, tous ces comportements m'ont fait perdre peu à peu confiance en moi et surtout en ma perception de la réalité.
02:21A force, j'ai commencé à minimiser des choses que je n'aurais jamais dû trouver normales.
02:29Il en reste des traces, encore aujourd'hui.
02:32Je me surprends à trop me justifier, à détailler ce que je fais pour éviter un conflit,
02:37alors que je suis à présent dans une relation saine, avec un homme qui ne me veut aucun mal.
02:42J'aimerais vous dire pourquoi j'ai accepté de m'exprimer aujourd'hui.
02:45Dans cette histoire, je ne suis pas seule.
02:47Sur 15 ans de faits répétés, nous sommes cinq ex-compagnes à avoir parlé dans la presse à ce jour.
02:53J'insiste, pas des relations d'un soir, mais des femmes dont il connaissait, les familles, les enfants, les parents.
03:00Cinq compagnes qui disent la même chose sur une durée de 15 ans.
03:04C'est inédit.
03:05Il y a deux plaintes contre lui, et pourtant certaines femmes ont encore peur de s'exprimer, car il est extrêmement puissant.
03:11Il est soutenu officiellement par des grands noms, il a pris les meilleurs avocats, il a un cabinet de conseil en communication, et il a des moyens que nous n'avons pas.
03:21Quand une femme explique qu'elle a été isolée, humiliée, ou coupée des gens qui lui voulaient du bien, ça doit être pris très au sérieux.
03:29100% des féminicides commencent par du contrôle coercitif.
03:31Quand cinq compagnes font état des mêmes pressions, des menaces, de violences psychologiques, physiques, sur 15 ans, sans que l'homme n'ait jamais changé son comportement, cela devrait nous alerter.
03:45Je témoigne pour que cela change, pour que d'autres n'aient pas à traverser cette peur et ce silence.
03:50Malheureusement, avant que je donne mon nom, rien n'était pris au sérieux.
03:54Quatre campagnes avaient parlé dans le magazine Elle, mais ce n'était pas suffisant.
03:59Aujourd'hui encore, aucune des marques qui emploient ce monsieur n'a pris la parole.
04:03Aucune.
04:04Même malgré leur charte d'entreprise en faveur des droits des femmes.
04:08Les petites filles et les petits garçons qui auront dîné au restaurant Disney pendant les fêtes de Noël trouveront sur le menu le nom de l'homme qui a reconnu m'avoir fracturé le nez.
04:16Je souhaite ajouter que cela fait plus de dix ans.
04:21Aujourd'hui, même si le traumatisme est toujours présent, j'ai le courage de m'exprimer.
04:25Pour ma part, ce ne sont pas les coups qui m'ont laissé le plus de traces, mais c'est vraiment l'impact psychologique, tout ce qui ne se voit pas.
04:32Ces blessures qui conduisent à des dépressions et même au suicide.
04:36Je peux vous assurer que si la parole n'était pas venue à moi, jamais je n'aurais osé parler.
04:41Aujourd'hui, l'affaire est entre les mains de la justice.
04:43J'espère qu'en dépit de la prescription, le fait qu'il s'agisse de faits répétés et concordants sera pris en compte.
04:50Cette question du contrôle coercitif est très importante.
04:55Pour reparler de la prescription, je trouve que six ans, c'est trop peu pour ce que j'ose à peine aujourd'hui.
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