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  • il y a 21 heures
Le mal-être de la jeunesse concerne près de 20 % des Français, pourtant ce sujet reste tabou pour la majorité d'entre nous.
Plus inquiétant encore, le désenchantement des plus jeunes ne cesse d'augmenter. En effet, entre angoisse écologique et inquiétudes concernant leur avenir, la jeunesse semble de plus en plus désabusée.

Anna Cabana et Gérard Holtz se penchent sur le sujet en compagnie de leurs invités :
- Isabelle Carré, actrice, auteure et réalisatrice du film Les Rêveurs ;
- Franz-Olivier Giesbert, journaliste et écrivain, auteur de Voyage dans la France d'avant (Gallimard) ;
- Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste ;
- Rebecca Amsellem, fondatrice de la lettre d'information féministe « Les Glorieuses » ;
- Léna Lazare, activiste écologiste, porte-parole des Soulèvements de la Terre.

Parce qu'il manquait une émission qui prenne la culture au sérieux sans se prendre au sérieux.
Parce que comprendre le monde, c'est aussi comprendre les récits qui le façonnent.
Parce qu'il est temps de réconcilier le savant et le populaire.
"Le banquet" est une émission qui parle de la culture savante de manière populaire et de la culture populaire de manière savante.
Un temps long, une respiration, un espace de réflexion, dans un monde saturé d'informations et de débats immédiats.
Aux manettes, deux voix familières mais inattendues ensemble : Anna Cabana, journaliste politique et essayiste, et Gérard Holtz, grand témoin du sport et de la société, réunissent leurs regards pour dresser une table singulière où se croisent idées, oeuvres, figures et imaginaires.
Deux fois par mois, "Le banquet" s'attaque à un grand thème culturel, éclairé à la fois par l'histoire des idées, la sociologie, la politique, et la pop culture.
Dans un esprit résolument humaniste, mais jamais élitiste, l'émission fait dialoguer Platon et Netflix, Molière et Marvel, Barthes et les réseaux sociaux.

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Transcription
00:00Je tourne.
00:03Cher Gérard.
00:04Oui, non, Anna, avant toute chose.
00:06Et en quel honneur.
00:07Mais parce que vous méritez, Anna.
00:08C'est notre banquet qui vous inspire comme ça, en fait.
00:10Oui, au Poinçon, donc on va se retrouver avec grand plaisir.
00:13On va parler de désenchantement, de la jeunesse et de nous aussi.
00:17Alors on a un beau plateau.
00:18On a Isabelle Carré pour son film, François-Olivier Gisbert,
00:22Caroline Alliacheff, Léna Lazare et Rebecca Amsalem.
00:26Plein de personnalités, plein de tempéraments différents.
00:28Ça va être top.
00:30Bonsoir Isabelle Carré.
00:52Bonsoir.
00:53Je suis ravie de vous accueillir ce soir.
00:55Votre film Les Rêveurs est sorti au cinéma le 12 novembre.
00:58Il est adapté, ce film du livre que vous aviez publié chez Grasset en 2018.
01:04Il est très émouvant.
01:05Ce film est autobiographique.
01:06Vous y racontez votre internement en psychiatrie à l'âge de 14 ans,
01:10après une tentative de suicide.
01:12Alors avant d'en parler, on va regarder la bande-annonce.
01:14Avec plaisir.
01:16Peut-être avant de commencer, je dois vous dire quelque chose.
01:19J'ai été internée ici quand j'avais votre âge.
01:21Non, je reste pas ici.
01:25Si, tu vas rester un petit peu ici.
01:26Papa !
01:27Dimanche, lundi.
01:29Je me souviens en CP, quand on apprenait à les écrire.
01:31C'est moi, on voulait tous dire quelque chose.
01:33Mais en fait, ils sont vides.
01:34Tout est vide.
01:35La Gestapo !
01:37Comment ça se passe ce matin ?
01:39Pourquoi je dois rester ici ?
01:41Parce que tes parents ont peur que tu recommences.
01:45C'est ta première fois, hein ?
01:46T'as fait quoi ?
01:48J'ai vidé l'armoire à pharmacie.
01:50Pourquoi vous me regardez comme ça ?
01:51Vous n'avez pas autre chose à foutre ?
01:52Mais qu'est-ce qu'on se fait chier ici ?
01:54Qu'est-ce que vous avez à nous proposer à part des cours de cuisine et des médocs ?
01:57Si je pouvais disparaître,
01:59si je pouvais fondre comme un sucre dans une tasse de thé.
02:02Elisabeth, tu veux te marier avec moi ?
02:04Tu sais quoi, Francis ?
02:05Quoi ?
02:06On va t'épouser toutes les deux.
02:08Tu danses ?
02:11Bah alors habille-toi.
02:12Je ne danse pas avec un mec en pyjama, moi.
02:20Tes émotions, tes blessures ne vont pas t'abandonner.
02:22Jamais.
02:23Mais sans le savoir, tu as puisé en elle.
02:25Et c'est ça qui vient faire de toi une actrice.
02:34Alors ça part de vous, de votre histoire, ce film.
02:38Mais ce n'est pas du tout un égo-trip.
02:39C'est-à-dire que vous êtes très loin du narcissisme,
02:42puisque vous essayez d'être tournée vers les autres.
02:46Et au fond, c'est presque une mise en perspective de votre expérience à vous,
02:49d'internement, par rapport à ce que vivent les jeunes aujourd'hui.
02:53Exactement.
02:54En fait, j'avais envie de...
02:55Mon plus grand vœu, c'était d'ouvrir les conversations,
02:58de permettre aux familles de se parler,
03:01ou aux amis, aller ensemble au cinéma,
03:05voir ce film, se dire
03:05« Tiens, on a une amie qui est passée par un service comme celui-là,
03:09je comprends mieux ce qu'elle ressent. »
03:11Ou aux parents, aux grands-parents,
03:12de pouvoir discuter après que les enfants soient passés
03:15par un service comme celui-là ou pas.
03:17Mais il y a forcément des amis...
03:19Enfin, depuis que j'ai travaillé sur ce film,
03:21je suis hallucinée de voir que ça touche vraiment
03:24soit un premier cercle, soit un deuxième cercle.
03:27Et pourtant, des sujets comme celui-là au cinéma,
03:30il n'y en a pas.
03:32Donc on a vraiment besoin d'être représentés
03:34pour être déstigmatisés.
03:36Moi, je me souviens très bien,
03:37quand je suis sortie de ce service,
03:39impossible d'en parler à personne,
03:42c'était honteux.
03:43Et encore une fois, la proie, évidemment, à tous les clichés,
03:46puisqu'il n'y avait pas de représentation.
03:49Et là, vous voulez vous engager.
03:50En fait, c'était un film d'engagement.
03:52Oui, voilà, c'est ça.
03:53Et après, j'ai voulu faire un beau film de cinéma,
03:57justement aussi pour rendre hommage à ces enfants.
03:58C'est réussi.
03:59Et pour les déstigmatiser.
04:00C'est réussi parce que c'est bouleversant,
04:01mais c'est aussi du vrai cinéma.
04:03Voilà.
04:03Bien sûr.
04:04Et qui va vers la lumière.
04:05C'était très important pour moi
04:06de ne pas replonger la tête sous l'eau
04:08à tous ces enfants et à leur famille,
04:11mais de leur dire que ça passe,
04:14qu'il y a des solutions.
04:15Je parlais de l'art-thérapie,
04:16mais il y a aussi l'amitié qui fonctionne à 100% dans ce service.
04:21Et puis, ces évolutions,
04:23pouvoir parler, être interrogé sur ce passage à l'acte,
04:27c'est très important.
04:29Moi, ça n'a pas été mon cas.
04:30C'est pour ça que je parle d'internement.
04:32Mais aujourd'hui, évidemment,
04:33quand un enfant est dans ce genre de service,
04:36la première chose qu'on fait,
04:37dès qu'il va mieux, c'est de le questionner.
04:39Et c'est très important que ce questionnement ait lieu
04:43à plusieurs moments
04:43et qu'il puisse y avoir un véritable échange.
04:46Dans le film, on voit bien que les enfants,
04:49à un moment, le personnage se révolte,
04:50on le voit dans la bande-annonce,
04:52petite Elisabeth qui dit
04:54« Mais qu'est-ce que vous avez d'autre à nous proposer
04:55à part des médocs ? »
04:57Et évidemment, je ne suis pas contre les médicaments
04:59et je suis marraine de la Fondation pour la recherche médicale
05:03sur le pôle santé mentale pour les enfants.
05:06Donc, c'est dire, je crois au progrès médical,
05:08je crois à la possibilité d'avoir de nouvelles molécules
05:11et à ce qu'elles soient mieux dosées.
05:13Pour autant, ça ne peut pas être la seule façon
05:16de soigner les enfants.
05:17Et pour vous, au fond, il y a eu une nécessité
05:19à quel moment de passer à l'acte de film,
05:23de prendre ce bout-là de votre histoire,
05:25de prendre ce bout-là de votre livre
05:26et de le mettre à l'écran ?
05:28Ce n'était pas du tout dans mes projets, pas du tout.
05:31Je n'avais pas le fantasme, l'ambition
05:35de passer derrière la caméra.
05:36Mais au moment du confinement, je me suis dit que ces chiffres
05:41m'ont bouleversé.
05:43246, c'est un pourcentage de l'augmentation des hospitalisations
05:46des jeunes filles de 10 à 14 ans
05:48pour tentative de suicide ces 10 dernières années.
05:51J'ai le sentiment que...
05:52C'est pour ça que je suis contente de parler
05:54sur cette chaîne parlementaire.
05:55J'ai le sentiment qu'on se contente de voir ces chiffres grimper.
05:59Et puis, qu'est-ce qu'on fait ?
06:02Est-ce qu'on se questionne sur le pourquoi ça flambe ?
06:07Est-ce qu'on a mis en place des choses
06:08pour arrêter cette hémorragie ?
06:11À part Miel, l'instagrammeuse...
06:14Miel Abidol.
06:14Exactement, qui a créé une application qui s'appelle Link.
06:19Mais à part elle, je ne sais pas,
06:20je n'ai pas entendu d'autres jeunes parler de tout ça.
06:23Pourtant, c'est eux qu'il faudrait interroger.
06:25On va aller, on va à table,
06:27on va retrouver des jeunes et des moins jeunes
06:29pour parler de ce désenchantement,
06:31de la jeunesse et de nous, de notre société.
06:34Et de ce qu'on fait surtout.
06:34Voilà, je vous invite à me suivre.
06:36Merci.
06:41Et c'est vendredi soir,
06:42donc notre banquet dressé dans ce lieu formidable.
06:45Et Gérard, notre éternel adolescent.
06:48Rebonsoir.
06:48Mais c'est gentil.
06:50Mais voilà, cher Gérard.
06:52Bonsoir Caroline Alléchef.
06:53Vous êtes pédopsychiatre, psychanalyste
06:55et auteur de très nombreux ouvrages,
06:57notamment Ma vie avec la comtesse de Ségur.
07:00François-Olivier Gisbert,
07:02journaliste, écrivain, écrivain, journaliste.
07:05Vous venez de publier Voyage dans la France d'avant,
07:08qui est une sorte de conclusion
07:10à votre merveilleuse histoire intime de la Vème République.
07:13Bonsoir, chère France.
07:16Avec Al-Amsalem, vous êtes la créatrice
07:18de la lettre d'information féministe Lé.
07:21Glorieuse.
07:21Bonsoir.
07:22Bonsoir.
07:23Etna Lazare, bonsoir.
07:24Vous êtes agricultrice et boulangère
07:25et activiste de l'écologie,
07:27puisque vous êtes porte-parole
07:28des soulèvements de la terre,
07:30ce mouvement radical qui prône notamment
07:32et vous allez nous en dire plus,
07:33la désobéissance civile.
07:34Je souhaite à tous la bienvenue à ce banquet.
07:38Et alors d'abord, Gérard,
07:39pour savoir de quoi on parle,
07:41donne-nous quelques chiffres de ce mal-être,
07:43de ce désenchantement des jeunes.
07:4613 millions de personnes
07:47présentent des troubles psychiques
07:50tous les ans en France.
07:5113 millions.
07:5315% des collégiens,
07:5414% des lycéens
07:56présentent un risque important de dépression.
07:58C'est affolant.
07:58Et même si la santé mentale,
08:01donc, a été la grande cause en 2025,
08:03en fait, elle reste taboue
08:04dans les discussions
08:05pour 70% chez les Français.
08:08C'est incroyable.
08:09C'est incroyable.
08:10Et c'est pour ça
08:10qu'on va s'y intéresser
08:12très fort ce soir
08:13avec des personnalités
08:14complètement différentes,
08:15dont mon idole absolu
08:16qui est M. Gisbert.
08:17Alors, je commence par votre idole,
08:19Franck,
08:20vous citez Gouchaud-Marx,
08:22un épigraphe de votre livre.
08:23Dans chaque vieux,
08:24il y a un jeune qui se demande
08:25ce qui s'est passé.
08:28Ce qui s'est passé,
08:28c'est aussi ce qu'il fait là.
08:29Enfin, il y a plusieurs variétés.
08:32On peut lui faire dire ce qu'on veut,
08:33à Gouchaud-Marx.
08:35C'est vraiment la vraie citation.
08:37Mais c'est vrai qu'on l'entend souvent
08:39d'une autre manière
08:40parce qu'elle est tellement géniale.
08:41Est-ce qu'aujourd'hui,
08:42on ne peut pas dire
08:43qu'il y a dans chaque jeune
08:44un enfant qui se demande
08:45ce qui se passe ?
08:47Bien sûr.
08:48Évidemment.
08:49Et puis, si vous voulez m'amener
08:50sur la question dont vous parliez,
08:53c'est vrai que c'est un phénomène effrayant
08:56et moi, je peux le constater.
08:58Et ce que j'ai aimé dans votre discours,
08:59c'est quand même,
09:00on voit bien, vous dites
09:01que ce n'est pas comme ça
09:02que ça se passe aujourd'hui.
09:03Et c'est vrai.
09:04C'est-à-dire qu'il y a eu
09:05d'énormes améliorations.
09:07Ça ne se passe pas non plus
09:08comme dans une chatte sur un toit brûlant.
09:10Mais maintenant qu'on sait faire,
09:12il n'y a plus de moyens,
09:13plus de soignants.
09:14Voilà.
09:15Maintenant, on sait faire.
09:16Mais il faut garder ses moyens.
09:18On sait faire.
09:19Il y a l'idée de l'amitié,
09:20de l'écoute.
09:21Enfin, il y a tout un travail qui est fait.
09:22Et il manque de place.
09:23Oui.
09:25Ça me fait penser à une phrase de Camus
09:26qui dit que chaque génération
09:28a à cœur de réinventer le monde,
09:32mais que notre génération, à nous,
09:34n'a pas cette possibilité-là.
09:36Juste la possibilité de faire en sorte
09:38que le monde ne se délite pas.
09:39Caroline Aliachef, vous êtes notre médecin,
09:44n'est-ce pas, sur ce plateau.
09:47Écoutez, on parle des jeunes français.
09:52Tous les jeunes n'ont pas les mêmes préoccupations,
09:56dépressions, etc.
09:58Pensez aux jeunes marocains,
10:00pensez aux jeunes femmes iraniennes.
10:02Donc, essayons aussi peut-être
10:05d'élargir un tout petit peu notre vision.
10:08Oui, en France,
10:09il y a énormément de choses à faire,
10:11mais il n'y a pas une fatalité
10:13à être déprimé et à aller mal
10:15quand on est jeune.
10:16Et d'ailleurs,
10:17beaucoup de jeunes vont bien quand même.
10:19Oui, mais qu'est-ce qui nous permet
10:21d'aboutir à ce constat ?
10:23Les chiffres sont là, néanmoins.
10:26Et ils vont crescendo.
10:28Si on prend ce que disait Isabelle Carré...
10:30Je parle de ce que je connais.
10:31C'est-à-dire que les conditions économiques
10:33des jeunes, etc.,
10:33ce n'est pas mon sujet, je ne sais pas.
10:35Non, bien sûr.
10:36Mais sur le mal-être, oui.
10:37Voilà.
10:38Sur le mal-être,
10:40il y a évidemment des causes familiales individuelles
10:42et puis il y a la société
10:43dans laquelle ces jeunes vivent.
10:46Ces jeunes,
10:47ils sont nés depuis un moment.
10:51Et donc, on peut se demander
10:52dans quelles conditions sont-ils nés
10:54et comment ont-ils été éduqués
10:56puisque à l'adolescence,
10:57ils se trouvent qu'ils vont mal.
10:58Donc, ces jeunes,
10:59très majoritairement,
11:00je parle toujours de la France,
11:01sont des enfants désirés.
11:05Pratiquement, tous les enfants sont désirés.
11:07Et d'ailleurs, s'ils ne sont pas désirés,
11:08les femmes ont la possibilité d'aborter.
11:11Et c'est très bien.
11:12C'est évidemment rien contre l'abortement.
11:15Mais l'enfant désiré,
11:16c'est aussi l'enfant non désiré.
11:18Donc, les enfants arrivent,
11:19ils sont désirés.
11:21Ce sont eux qui font la famille.
11:23La majorité des enfants en France
11:24arrivent dans des couples,
11:26alors quelle que soit la nature des couples,
11:28qui se constituent au moment de l'arrivée de l'enfant,
11:32ils font la famille.
11:33Ils font la famille qui va divorcer.
11:3650% des couples divorcent.
11:38L'idéal de l'éducation,
11:40auto-détermination.
11:41L'enfant, soi-disant,
11:42n'est auto-déterminé.
11:44Est-ce que,
11:45lorsque nous prenons aujourd'hui comme éducation,
11:48est-ce que nous leur donnons les moyens
11:50de cette auto-détermination ?
11:52Alors, au moment où,
11:54à l'adolescence,
11:56tout d'un coup,
11:57eh bien,
11:57ça coince un petit peu.
11:59Ça coince un peu.
12:00Ils n'ont pas été tellement accompagnés.
12:04Et dans votre film,
12:05ce que je trouve extraordinaire,
12:06je n'ai pas l'once d'une critique
12:07par rapport aux parents que vous présentez,
12:10qui ne sont évidemment pas vos parents.
12:12C'est les parents que vous voulez bien montrer.
12:15Ces parents sont...
12:16Ils sont assez sympathiques.
12:18Ils sont négligents.
12:19Ce ne sont pas du tout des parents maltraitants.
12:21Ce sont des parents négligents.
12:23Leurs enfants vont s'élever.
12:25Ils sont auto-déterminés.
12:26Ils vont y arriver tout seuls.
12:28Ils arrivent à l'adolescence.
12:29Ils n'y arrivent pas vraiment tout seuls.
12:32Et ce qui est assez étonnant,
12:33c'est que dans nos pays,
12:34contrairement,
12:35par exemple,
12:35au Maroc,
12:36parce qu'on vient d'entendre
12:37ce que font les jeunes du Maroc,
12:39au lieu de se révolter contre la société,
12:41ils se révoltent contre eux-mêmes.
12:43Ils s'attaquent.
12:45Voilà.
12:45Mais ça vient de loin.
12:47Ce n'est pas tout d'un coup,
12:48comme ça, ça arrive.
12:50Alors, je vous voyais,
12:51Léna Lazare,
12:52opiner quand vous entendiez
12:54Caroline,
12:55elle est chef,
12:55faire le diagnostic
12:57sur la jeunesse.
12:59J'étais d'accord sur le fait
13:00que le mal-être de la jeunesse
13:03ne vient pas de nulle part
13:03et que ça dépend...
13:04C'est le reflet de la société
13:06dans laquelle on vit.
13:07Et c'est vrai que,
13:09avant d'être au soulèvement de la Terre,
13:10j'ai été engagée à Youth for Climate,
13:11le grand mouvement de grève
13:14des jeunes pour le climat.
13:15Et j'ai trouvé ça assez intéressant
13:17de voir tout un tas de jeunes
13:18arriver dans le mouvement
13:19qui n'avaient jamais milité avant,
13:20qui étaient peu politisés.
13:22Vraiment,
13:22avec ce sentiment d'urgence
13:24et parfois de colère,
13:26de peur,
13:26de mal-être.
13:26Vous l'avez éprouvé,
13:27ce sentiment d'urgence,
13:28de colère,
13:29de mal-être ?
13:29Oui, oui, totalement.
13:31Comment ça s'est passé pour vous ?
13:32Moi, j'étais à la fac de sciences
13:35et c'est vrai que je faisais partie
13:38quand même des personnes
13:39un petit peu plus âgées
13:40à Youth for Climate.
13:40J'étais déjà à l'université,
13:42il y avait aussi des collégiens,
13:43même parfois des jeunes
13:44en primaire dans le mouvement.
13:46Et donc, c'est vrai que moi,
13:46j'ai beaucoup constaté l'urgence
13:49au moment de la COP
13:49et comme j'étais en fac de sciences,
13:51beaucoup à travers
13:51les rapports scientifiques.
13:53Mais c'est vrai que notre slogan,
13:55c'était
13:55« Pourquoi aller en cours
13:56lorsqu'on n'a pas d'avenir ? »
13:59Et c'est vrai que l'avenir
13:59est très incertain.
14:00Mais par contre,
14:01le mal-être, je ne pense pas
14:02qu'il vienne forcément
14:02de ce constat-là,
14:05c'est...
14:06Il vient vraiment
14:07du sentiment d'impuissance.
14:08Et justement,
14:08quand j'ai commencé
14:09à rejoindre le mouvement...
14:11Le mouvement,
14:12les soulèvements de la Terre ?
14:13Youth for Climate, pardon.
14:14Oui, d'accord.
14:14Elle est grave pour le climat, désolée.
14:16Quand j'ai commencé
14:17à rejoindre ce mouvement-là
14:18et justement à faire partie
14:19d'un collectif
14:19où on retrouvait de la puissance d'agir,
14:21ça allait beaucoup mieux.
14:22Et c'est vrai qu'on nous invitait
14:23beaucoup pour parler
14:24d'éco-anxiété à l'époque.
14:26Et c'est ce que je disais.
14:27Et peut-être que ça rejoint
14:28ce que vous étiez en train de dire.
14:31Mais lorsque, justement,
14:33en fait,
14:33on comprend mieux la société,
14:35qu'on est dans un contexte,
14:36en fait,
14:36où on a l'impression
14:38d'avoir un pouvoir sur sa vie,
14:41je pense que ça va vraiment
14:42beaucoup mieux.
14:44France, Olivier Gisbert.
14:46Oui, je suis désolé,
14:47je vais un peu gâcher
14:48la conversation,
14:49mais il y a l'éléphant
14:50au milieu de la pièce
14:51dont on ne parle pas.
14:52c'est qu'il y a le mal-être,
14:54c'est vrai, des enfants.
14:55Mais il y a quelque chose
14:56qui...
14:57Il suffit de fréquenter
14:58ce qui m'arrive,
14:59hélas,
15:00de temps en temps,
15:00les hôpitaux psychiatriques.
15:03Les psychiatres le disent tous.
15:04Il y a tous les produits du shit.
15:07C'est-à-dire tous ces enfants
15:08qui ont pris du shit
15:10entre 15, 16, 17, 18 ans
15:12et qui ont des marques indélébiles
15:17parce qu'il y a des enfants
15:19sur lesquels ça réagit très mal
15:21et ça provoque...
15:24Caroline Eliashev,
15:25je suis sûr,
15:26connaît bien le sujet.
15:28Ça provoque...
15:28On a beaucoup changé.
15:29...des difficultés considérables.
15:32Alors, Caroline Eliashev
15:33et après, Rebecca Amssel.
15:34Là, on n'est plus dans le mal-être,
15:35on est dans autre chose.
15:36On est dans l'autodestruction
15:37par la société.
15:39Quand même, une chose,
15:39c'est que quand il y a
15:40un passage à l'acte,
15:41c'est jamais une raison.
15:43C'est un faisceau de raisons.
15:45Et le mal-être,
15:47ça ne peut pas être une seule chose.
15:49Il y a évidemment
15:50l'environnement familial,
15:52mais la société compte énormément.
15:55Vous voyez bien
15:55qu'on est dans une société
15:56qui est déjà illisible
15:58pour nous, les adultes.
15:59On a déjà du mal
16:00à trier le vrai du faux.
16:02Moi, quand j'étais gamine,
16:03on ouvrait les informations,
16:05on savait que c'était
16:05à peu près vrai.
16:07Maintenant, tout est tellement complexe
16:09et on n'a pas donné aux enfants
16:12les armes pour faire le tri là-dedans.
16:16Vous avez raison,
16:17mais simplement,
16:17je pense que la drogue
16:19est quand même un sujet
16:20qu'il ne faut pas éviter.
16:22Il faut en parler.
16:23Il faut lutter contre la drogue
16:24pour les jeunes
16:25et pour les autres après.
16:27D'ailleurs, bien sûr,
16:27mais pour les jeunes.
16:29sur la drogue
16:29ou sur le mal-être,
16:30plus généralement,
16:32vous n'êtes pas obligée
16:32de parler de votre expérience personnelle,
16:34mais vous pouvez le faire.
16:35Je n'ai pas grand-chose
16:36à dire sur la drogue.
16:37Je pense que je suis en train
16:40de réfléchir au moment
16:41où j'ai décidé
16:43de lancer une newsletter féministe,
16:45le moment où j'ai décidé
16:46d'utiliser ma voix,
16:48d'utiliser mon temps
16:49pour faire en sorte
16:50de transmettre.
16:52Vous aviez quel âge
16:52quand vous avez commencé ?
16:54Quand j'ai commencé,
16:54j'avais 25 ans, 26 ans.
16:57Donc, c'était il y a
16:57une dizaine d'années
16:58et je sais que j'avais envie
17:00de le faire
17:01à cause d'une sorte
17:02de promesse non tenue
17:04auxquelles je faisais face.
17:05C'est-à-dire que j'avais grandi
17:06dans une société
17:07extrêmement développée.
17:09En France,
17:10comme vous l'avez dit,
17:10je pense que les jeunes filles
17:12ont eu énormément de chance.
17:13J'ai eu des héroïnes,
17:15des héroïnes au cinéma,
17:16des héroïnes à la télé.
17:17J'ai eu Fantomette,
17:19Mathilda,
17:19vraiment des filles
17:20auxquelles je me suis identifiée.
17:22Et puis,
17:22arrivée à l'âge adulte,
17:24pré-adulte,
17:25je me suis confrontée
17:25à un certain nombre
17:26de discriminations
17:28comme même
17:30toutes les jeunes filles.
17:31je me suis confrontée
17:32à la violence dans la rue,
17:33au fait que je devais faire attention
17:34à l'heure à laquelle
17:35je devais rentrer,
17:37le fait que je ne pouvais pas
17:37courir la nuit
17:38parce que je courais un danger.
17:40Et en fait,
17:40c'est cette promesse non tenue
17:42qui, moi,
17:42m'a donné envie
17:43de faire quelque chose.
17:44Et effectivement,
17:45à ce moment-là,
17:46j'avais beaucoup d'énergie,
17:48peut-être plus qu'aujourd'hui,
17:49je ne sais pas.
17:51Mais je pense qu'il y a
17:52un moment donné,
17:53cette énergie
17:54et ce souffle
17:55va peut-être avoir tendance
17:57à s'essouffler aussi
17:58parce qu'à force
17:59de vivre ce genre
18:00de discrimination
18:01tous les jours de sa vie,
18:03en fait,
18:03à un moment donné,
18:04on baisse un peu les bras.
18:05Et effectivement,
18:06je pense que c'est le cas
18:07beaucoup plus rapidement
18:08pour les jeunes filles
18:09et ça me fait penser
18:10à un texte sublime
18:11qu'on a publié
18:12dans Les Glorieuses
18:13il n'y a pas longtemps
18:13écrit par Carol Gilligan
18:15qui est une chercheuse américaine
18:16qui a développé
18:17le concept
18:18de voix intérieure
18:19et de voix extérieure.
18:20Elle s'est rendue compte,
18:21elle a étudié
18:22les jeunes filles
18:22et les adolescentes
18:23pendant une trentaine d'années
18:24et elle s'est notamment
18:25rendue compte
18:25qu'aux Etats-Unis,
18:26environ 30% des jeunes filles
18:28avaient eu à un moment donné
18:29de leur vie
18:29des idées suicidaires,
18:31donc des jeunes filles
18:32entre 15 et 24 ans quand même
18:33et elles se sont rendues compte,
18:35enfin,
18:35Carol Gilligan s'est rendue compte
18:36qu'à l'âge
18:37vers 12-13 ans,
18:39il y avait une sorte
18:39de doublement de voix,
18:41c'est-à-dire que
18:41les jeunes filles apprenaient
18:43qu'elles devaient dire
18:44quelque chose
18:45quand bien même
18:45elles pensaient autre chose.
18:47Pourquoi ?
18:47Parce qu'elles voulaient se protéger,
18:48parce qu'elles voulaient continuer
18:49à avoir des relations
18:50avec d'autres personnes
18:51et c'est pour ça aujourd'hui
18:52qu'on vit, je pense,
18:54une crise relationnelle.
18:55C'est parce qu'en fait,
18:56on fait une nouvelle
18:57fausse promesse aux adolescentes
18:59et aux adolescents,
19:00par ailleurs,
19:00on leur dit
19:01soyez vous-même
19:02mais ne soyez pas
19:03trop vous-même non plus.
19:04Ce qui est intéressant,
19:06c'est qu'on vient de passer
19:06juste au mois de novembre
19:07une date extrêmement pour vous,
19:10extrêmement significative
19:11qui est normalement
19:12le 8 novembre,
19:13si je ne me trompe pas.
19:14Le 10 novembre.
19:14Le 10 novembre,
19:15ça a changé.
19:16Donc le 10, j'accepte.
19:17Le 10 novembre,
19:19pourquoi ?
19:19Parce qu'il me semble
19:20que c'est le jour...
19:21On commence à travailler gratuitement.
19:22Voilà, c'est le jour
19:24où vous avez mis
19:26avec les Glorieuses
19:26le doigt là
19:27sur quelque chose
19:28d'extraordinaire.
19:29Les femmes commencent
19:30à travailler gratuitement
19:31jusqu'à la fin de l'année
19:32dû à la non-égalité
19:34entre le salaire masculin
19:35et féminin.
19:36C'est ça.
19:37Réexpliquez-nous un peu.
19:38Oui, bien sûr.
19:39La première fois
19:40que j'ai fait ce produit
19:41en croix,
19:41c'était en 2016.
19:43Ce que j'ai fait,
19:43c'est que j'ai utilisé
19:45une des statistiques
19:46de l'INSEE
19:46qui montre qu'il y a
19:47un écart de rémunération
19:48entre les femmes et les hommes
19:49qui est de l'ordre de 15%.
19:51Donc en 2016,
19:52c'était 15,1.
19:53Cette année,
19:53c'est 14,2.
19:54C'est-à-dire qu'à temps
19:56de travail égal,
19:57donc équivalent en temps plein,
19:58il y a un écart de rémunération
19:59entre les femmes et les hommes
20:01en France en 2025
20:02d'environ 14%.
20:03Et ce que je fais,
20:04c'est que j'utilise
20:04ce pourcentage
20:06que je rapporte au nombre
20:07de jours ouvrés sur l'année,
20:08donc entre 250,
20:10251, 253.
20:11Et donc j'arrive
20:12sur cette date du 10 novembre.
20:14Et la raison pour laquelle
20:15je fais ce calcul,
20:16c'est...
20:17Bon, déjà,
20:17j'adore faire les produits en croix,
20:18mais au-delà de ça,
20:20je trouve que c'est un symbole
20:22très fort.
20:23Et en fait,
20:23on se rend compte
20:24de la réalité
20:25de ces inégalités de salaire.
20:26Oui, mieux qu'en disant
20:2714% des dates.
20:30Non, au départ,
20:30votre calcul fait sourire au départ
20:32et en fait,
20:32c'est une réalité,
20:33c'est terrible, quoi.
20:34Oui, parce qu'en fait,
20:35finalement,
20:35la raison pour laquelle
20:36on se bat pour
20:36l'égalité salariale,
20:38au-delà du fait
20:39que j'ai envie personnellement
20:40que les femmes
20:40soient plus riches en France,
20:42c'est pour faire en sorte
20:43que les femmes
20:44aient la même indépendance
20:45financière et économique
20:46que les hommes.
20:46Et surtout,
20:47pour faire en sorte
20:47que si dans une situation
20:48X ou Y,
20:49une femme doit se lever
20:50à 4h du matin,
20:51prendre ses enfants
20:52et se barrer,
20:53je veux qu'à aucun moment
20:54la question de l'argent
20:54rentre en considération
20:56dans cette prise de décision.
20:57Léna Lazare,
20:58je vous vois sourire.
21:00À qui c'est ?
21:01Ah oui,
21:02je suis aussi militante féministe,
21:04mais c'est sûr que pour moi,
21:05l'écologie n'est pas décorrélée
21:06de la justice sociale
21:07et je rejoins votre combat.
21:11Oui,
21:11vous vous sentez bien
21:13quand vous l'entendez ?
21:14Ah oui,
21:15c'est pour ça que j'acquiesce.
21:16Non,
21:17non,
21:17mais je ne sais pas
21:18si on peut faire un parallèle.
21:19Moi,
21:19du coup,
21:20j'ai décidé de me rediriger
21:21vers le monde agricole
21:22où les acquis sociaux
21:23pour les femmes
21:24ont été particulièrement tardifs.
21:27Et bon,
21:28après,
21:29moi,
21:29je suis dans l'agriculture paysanne,
21:31en vente directe.
21:32Voilà,
21:33je m'installe
21:33avec un associé,
21:35mais bon,
21:36dans un cadre
21:37qui n'est pas
21:38dans un cadre familial,
21:39etc.,
21:39où malheureusement,
21:40souvent,
21:40c'est vrai que les femmes
21:41travaillaient à la ferme
21:42et en plus devaient
21:42s'occuper des enfants.
21:44Pour le coup,
21:44ce serait compliqué,
21:45je pense,
21:45de faire ce calcul-là
21:46dans le monde agricole
21:47parce que malheureusement,
21:48il y a peu de frontières
21:49entre le travail
21:51pour la ferme
21:51et le travail
21:52pour la famille.
21:54Et voilà,
21:56en tout cas,
21:57je...
21:57Mais c'est vrai
21:57que c'est bien
21:58de parler de ça
21:59parce que quand on regarde
22:00la population
22:01qu'il y a
22:02dans les services
22:02de pédopsie,
22:03c'est beaucoup,
22:04beaucoup,
22:04beaucoup,
22:04beaucoup de jeunes filles,
22:06de plus en plus jeunes.
22:08Et ça,
22:08c'est une question
22:09aussi qu'on doit
22:10essayer de comprendre
22:12tous.
22:12Pourquoi ?
22:13Pourquoi les jeunes filles
22:14en premier lieu ?
22:14Et évidemment,
22:15il y a les violences sexuelles,
22:18elles sont deux fois
22:18plus touchées,
22:20donc ça correspond.
22:22Absolument,
22:22et je pense que
22:23vous l'avez noté
22:24tout à l'heure,
22:25et c'est vrai
22:25qu'on est sur
22:26la chaîne parlementaire,
22:27en fait,
22:27à un moment donné,
22:28si jamais on veut
22:29faire en sorte
22:29de vivre dans une société
22:30où les jeunes vont bien,
22:31il faut qu'ils aient
22:31l'impression
22:32qu'on donne les moyens
22:33qui vont bien.
22:34Et là,
22:34aujourd'hui,
22:34quand on voit
22:35les coûts budgétaires,
22:36on a l'impression
22:36que les nouvelles générations
22:38ne sont pas du tout
22:38un sujet,
22:39une quelconque importance
22:40pour nos représentants.
22:41Alors,
22:42j'aimerais qu'on remonte
22:42dans le temps,
22:43qu'on fasse un petit pas
22:44de côté,
22:44qu'on regarde une archive,
22:45c'était dans
22:4616 millions de jeunes,
22:47c'était diffusé
22:48le 19 novembre 1954
22:51sur l'ORTF,
22:53Cher France,
22:54Olivier Zisbert,
22:55et on va voir
22:55que les problématiques
22:57de harcèlement
22:57des jeunes femmes
22:58existaient malheureusement
22:59bien avant
23:01les réseaux sociaux.
23:01Vous avez l'air
23:03d'être très marquée
23:04par la ville.
23:07Parce que ça me dégoûte.
23:09Qu'est-ce qui vous dégoûte
23:10dans cette ville ?
23:12Un peu de douce.
23:14J'aimerais que vous fassiez
23:15un petit effort.
23:20Les gens vous croisez
23:21dans la rue ?
23:22Oui,
23:23ils sont méchants.
23:25Ils sont tous méchants.
23:27Pourquoi est-ce que vous parlez
23:28de la méchanceté ?
23:29Vous avez l'air
23:30d'avoir une expérience
23:31très désagréable.
23:32Oui.
23:33On a été très méchants
23:33avec vous ?
23:34Oui.
23:35Dans quelles circonstances ?
23:37Certaines personnes,
23:39surtout sur ma famille.
23:42Racontez-moi ça.
23:44Comment je vais vous dire ça ?
23:48On vous a reproché
23:49de votre conduite ?
23:50Oui, un peu.
23:52Pourquoi ?
23:54Tout disant
23:55que j'étais un peu
23:55un jour.
23:59Alors elle dit
24:00les gens,
24:00les gens sont méchants.
24:01Ils sont tous méchants.
24:05France.
24:07C'est très bien
24:08de montrer ça
24:08parce que ça montre...
24:101954.
24:11Oui, ça montre
24:13d'abord que c'était
24:13pas forcément mieux avant
24:15et puis que les problèmes
24:17auxquels nous sommes
24:18confrontés aujourd'hui
24:19ont été confrontés avant.
24:21Il faut aller contre
24:22le sens de...
24:24Disons,
24:25le sens de la société
24:26aujourd'hui,
24:27c'est plutôt de dire
24:28qu'il n'y a pas d'histoire
24:28en fait.
24:29On essaye d'oublier
24:30toujours ce passé
24:31et on fait comme si
24:32l'histoire était
24:35une page blanche
24:35ou que l'histoire
24:37a commencé le jour
24:38de notre naissance
24:39et on finit par oublier
24:40tout ce qui se passait avant.
24:41Mais c'est vrai
24:41que le harcèlement
24:43des femmes,
24:44ça n'est pas
24:45un sujet nouveau.
24:47C'est un sujet
24:48très ancien,
24:49peut-être aussi ancien
24:50que les humains
24:52sont toujours contextualisés.
24:55Et c'est vrai
24:55qu'aujourd'hui
24:56ça se développe
24:57mais peut-être
24:58ça se développe aussi
24:59parce qu'on a plus conscience
25:01que c'est un problème.
25:02Autrefois,
25:03on avait tendance
25:04à laisser les gens
25:05sur le bas-côté,
25:06on ne faisait pas
25:06trop attention,
25:07on disait
25:08il a un grain.
25:09Voilà,
25:10souffrant en silence.
25:11Et aujourd'hui,
25:12on va aller chercher.
25:12Donc forcément,
25:13ça fait remonter
25:13les chiffres aussi.
25:15Pour autant dire
25:16que le fait
25:17que ça a toujours été
25:18devrait être
25:20une forme d'acceptation.
25:21– Je n'ai jamais dit ça.
25:22– Ah d'accord,
25:23alors ça va.
25:24– Surtout pas.
25:26C'est idiot de dire ça.
25:27– Voilà,
25:27il y a…
25:28– Dès qu'on parle
25:29d'histoire de passé,
25:30tout de suite,
25:31on se fait rabrouer.
25:32– Ah non,
25:32je ne vous rabroue pas du tout.
25:34C'est simplement que,
25:35oui,
25:35on peut s'étonner
25:36que le consentement
25:38soit une notion
25:39si récente.
25:41On peut s'étonner
25:41qu'Annie Arnaud
25:43a écrit Mémoire de fille
25:45et n'arrive toujours pas
25:46à parler de viol
25:47quand elle écrit ce livre
25:48et pourtant,
25:48c'en est un.
25:49On peut s'étonner
25:50de choses comme ça.
25:51– Oui, bien sûr.
25:51– Plus que du fait
25:52que, oui,
25:53ça a toujours existé.
25:55Moi,
25:55ce n'est pas vers ça
25:57que j'ai envie
25:57de questionner la société.
26:00C'est plus
26:00comment ça se fait
26:01qu'on ait attendu
26:02tant de temps
26:02et puis qu'est-ce qu'on fait
26:04aujourd'hui
26:04pour toutes ces jeunes filles
26:05qui sont en souffrance.
26:06– L'histoire
26:07ne peut nous donner
26:08des réponses,
26:09de savoir
26:09est-ce qu'il y en a
26:10plus qu'avant,
26:11moins qu'avant,
26:13comment,
26:13enfin,
26:14je ne parle pas
26:14de ces cas-là
26:15en particulier,
26:16mais je pense que
26:17les réponses
26:18sont aussi dans l'histoire.
26:19Il faut aussi
26:19aller chercher
26:20les réponses
26:21pour l'avenir
26:21dans le passé.
26:23– En tout cas,
26:23j'entends tout à fait
26:24quand vous dites
26:24qu'on nous a vendu
26:25une fiction,
26:26c'est tout à fait
26:27le discours
26:28de Lola Lafou
26:28où elle disait
26:30nos mères,
26:32voilà,
26:32on nous disait,
26:33moi, jeune fille,
26:34quand j'ai grandi,
26:34on nous disait
26:35c'est un combat
26:35d'arrière-garde
26:36le féminisme.
26:38Elles ont réussi
26:41avec l'avortement,
26:42elles ont réussi
26:43à faire en sorte
26:44qu'il y ait
26:44une réelle égalité
26:45homme-femme
26:46et non,
26:48la fiction
26:49est bien là
26:50non seulement
26:51au niveau
26:51des salaires
26:52mais à plein d'égards.
26:55Moi,
26:55je fais partie
26:55de la génération
26:56des Judith Goderet,
26:57j'ai commencé
26:57le cinéma
26:58à ce moment-là
26:58donc je peux vous dire
27:00que quand j'ai vu
27:00pour la première fois
27:01marqué sur une feuille
27:03de service
27:04ce qu'on nous donne
27:05avant le tournage
27:06les deux référents
27:08harcèlement,
27:09j'ai eu les larmes
27:09qui me sont montées
27:10aux yeux
27:10parce que je me suis dit
27:11enfin,
27:12enfin,
27:14si j'étais cette jeune fille
27:15aujourd'hui,
27:15j'aurais des moyens.
27:17J'ai envie de vous écouter
27:18sur le mot de respect
27:20parce que je pense
27:21que c'est un des mots clés
27:22dans notre société
27:23aujourd'hui.
27:24Je pense qu'on a perdu
27:25par rapport à l'époque
27:26soulignée par François-Olivier
27:28dans son livre en particulier,
27:30il n'y a plus le respect,
27:32le respect du professeur,
27:34le respect des parents,
27:35le respect des éducateurs
27:36et le respect des uns les autres.
27:38Ce qu'elle dit
27:38la jeune fille
27:39déjà en 54,
27:40méchant pour moi
27:41c'est la tension.
27:43Aujourd'hui,
27:43c'est vrai
27:43qu'il y a une tension
27:44dans notre société.
27:46Il y a une tension
27:46avec une compétition.
27:48Moi, j'ai envie de parler
27:49du respect des enfants.
27:50Et du respect des enfants.
27:52Merci Madame Dolto.
27:54Madame,
27:55notre docteur.
27:58Sur la perception.
28:00La perception a changé,
28:02bien évidemment.
28:03Aujourd'hui,
28:03on considère
28:04la chose la pire
28:06qui puisse arriver,
28:07c'est la pédophilie,
28:09par exemple.
28:10C'est l'infanticide.
28:12C'est des choses
28:13qui étaient appelées.
28:13C'est le viol.
28:14C'était absolument...
28:16Ça existait,
28:17bien sûr,
28:18mais c'était
28:18beaucoup moins puni
28:20et même
28:21beaucoup mieux toléré.
28:23Justement,
28:23c'était comme ça.
28:24On n'y pouvait rien.
28:25Alors, ce qui est
28:26très intéressant,
28:27c'est que cette perception
28:28s'est renversée,
28:29mais que pour autant,
28:31il y a encore
28:32énormément
28:33d'enfants maltraités,
28:35de femmes violées,
28:36de maltraitances
28:38d'une façon générale.
28:40C'est ça
28:40qui est le plus troublant.
28:41C'est que la perception
28:43s'est renversée
28:44et que dans les faits,
28:46les faits n'ont pas...
28:48Et comment vous l'expliquez, ça ?
28:49Je n'ai pas...
28:50Si j'avais une explication...
28:51Non, mais quels sont
28:52les débuts,
28:53les commencements
28:54d'explications
28:55qu'on peut avoir ?
28:55Écoutez,
28:56je n'ai pas vraiment
28:57d'explications
28:58parce que ce qu'on dit,
28:59par exemple,
28:59sur la maltraitance,
29:01quand on a fait
29:01l'année de la maltraitance,
29:02etc.,
29:03les signalements
29:04ont augmenté en flèche.
29:06Donc on a dit,
29:08et c'était vrai,
29:09puisqu'il peut y avoir
29:10des signalements,
29:10etc.,
29:11c'est normal
29:11que ça augmente.
29:12Mais c'est monté
29:13jusqu'à un plateau
29:14qui n'a pas tellement baissé.
29:17La maltraitance,
29:18elle est flagrante.
29:20Et je reviens
29:22sur le film
29:23où on voit aussi
29:24quelque chose
29:24de très partagé
29:25qui est la négligence,
29:27qui est encore plus difficile
29:29à percevoir
29:31et c'est encore plus difficile
29:33de faire quelque chose
29:34parce que ses parents
29:35ne sont pas du tout
29:35des parents affreux,
29:36abominables,
29:37pas du tout.
29:38Comment va-t-on faire
29:39pour protéger les enfants ?
29:40Alors on a d'un côté
29:41vraiment un grand mouvement
29:42de transformation
29:44de la société
29:45et en même temps,
29:47on se dit,
29:47mais quand est-ce
29:48que ça va s'arrêter ?
29:49Quand est-ce que les viols
29:50des femmes vont s'arrêter ?
29:51Sur les femmes,
29:52je voudrais dire quelque chose.
29:54Pourquoi c'est si difficile
29:56aujourd'hui ?
29:58Pourquoi il y a tellement
29:58de jeunes filles
29:59qui hésitent
30:00à avoir envie
30:01de devenir des jeunes femmes ?
30:03Donc on a d'un côté,
30:05il y a un certain
30:06discours féministe
30:07où quand même,
30:08toute femme va être violée,
30:10toute femme va être
30:11le patriarcat, etc.
30:13Ça ne fait pas très envie.
30:15Et à l'autre extrémité,
30:17vous avez ce qu'on appelle
30:18les femmes puissantes.
30:19Tout le monde,
30:20toutes les filles,
30:21n'ont pas envie
30:21d'être des femmes puissantes.
30:23Donc entre la victime
30:24et la femme puissante,
30:26il faut arriver quand même
30:26à réfléchir,
30:27chaque fille doit réfléchir
30:29et à trouver une voie
30:30qui n'est ni l'une ni l'autre.
30:32Aucune fille n'a envie
30:34d'être violée,
30:34mais toutes les filles
30:35n'ont pas envie
30:36de devenir des PDG,
30:38etc.
30:39Il y a une réelle difficulté.
30:41Je pense que c'est encore
30:42plus difficile
30:42pour les garçons aujourd'hui.
30:44Oui, parce qu'on parle
30:44de la souffrance des femmes,
30:46des jeunes filles
30:47et des très jeunes filles.
30:49Mais il y a aussi,
30:51même s'ils sont moins nombreux
30:52dans les chiffres,
30:53la souffrance
30:53des très jeunes petits garçons.
30:55Oui, aujourd'hui,
30:56ça a évolué
30:57dans le sens où il y a,
30:59par exemple,
30:59l'anorexie.
31:01Vous qui l'avez traité
31:01dans les années 85,
31:05on se parlait tout à l'heure
31:06et on a été
31:07dans le même service.
31:08On va vous dire un scoop.
31:09C'est quand même incroyable.
31:10Alors, on veut ce scoop,
31:11mesdames.
31:12Vous commencez.
31:14Non, c'est vous
31:14qui m'avez dit que je vous ai découvert.
31:16Je voulais juste terminer
31:17sur les jeunes garçons
31:18qu'il y a de plus en plus
31:19aujourd'hui
31:20de très jeunes garçons
31:21aussi anorexiques.
31:22Et ça, c'est un fait
31:23tout à fait nouveau.
31:24Ça, c'est l'égalité homme-femme.
31:26Ce que je voulais...
31:28J'ai la chance
31:30d'avoir vu le film en entier.
31:33Je regarde ça.
31:34Je vois qu'elle est à Necker.
31:35Je fais un rapide calcul
31:37et je me rends compte
31:38que l'année où Isabelle
31:40a été hospitalisée,
31:41c'est 85.
31:4385, j'étais à Necker.
31:46Mais je n'étais évidemment
31:47pas dans ce service.
31:49Donc, vous étiez au moment
31:50où Isabelle était...
31:51J'étais médecin.
31:52Vous étiez bien sûr.
31:53Vous n'étiez pas hospitalisée.
31:53Non, non, mais j'entends bien.
31:55Vous étiez médecin
31:55et Isabelle était hospitalisée.
31:56Elle était, pour nous,
31:58enfin pour moi
31:59qui étais psychanalyse
32:01dans une unité de psychanalyse,
32:03le service à Necker
32:04où elle était,
32:05était ce que nous considérions
32:07comme le pire
32:08de ce qui pouvait arriver.
32:09C'était le pire service.
32:10Je ne dirai pas
32:11le nom du chef de service
32:12parce que Isabelle
32:13veut rester discrète,
32:14mais voilà,
32:15tout le monde le connaissait.
32:16Dans le film,
32:16vous parlez de la Gestapo.
32:18Oui, la Gestapo.
32:19Elle n'était pas la seule
32:21à parler de la Gestapo.
32:23Donc, elle est tombée quand même
32:25dans un des pires services
32:27de pédopsychiatrie de l'époque.
32:28Je précise parce que d'autres choses,
32:30même à l'époque, existaient.
32:32Et donc, si elle avait été anorexique
32:34et en pédiatrie,
32:37peut-être que nous nous serions rencontrées
32:39à cette époque.
32:39Je regrette que vous...
32:41Vous auriez mieux fait
32:42d'être anorexique
32:43que d'avoir fait
32:44une tentative de suicide.
32:46La disparité territoriale,
32:49aujourd'hui, elle est immense.
32:50Il y a des endroits
32:51où il n'y a rien.
32:53Ni centre de pédopsie,
32:55ni maison des adolescents,
32:57ni pédopsie.
32:59Et la disparité aussi qualitative
33:01des soins,
33:02elle existe même dans les endroits
33:03où il y a des centres.
33:07Donc, ça, c'est assez terrible
33:10de se dire ça,
33:10qu'il y a autant d'inégalités.
33:13Autant d'inégalités
33:14et qu'il y a énormément
33:15de médecins, aujourd'hui,
33:16qui sont obligés
33:17de faire le tri
33:18entre les enfants
33:19et qui se retrouvent
33:20à devoir dire
33:21« Lequel va le moins
33:24se mettre en danger
33:25et lequel je vais garder ? »
33:27Ça, c'est insupportable.
33:28Un enfant sur deux,
33:29aujourd'hui,
33:30ne peut pas être soigné
33:31par manque de place
33:33et de professionnels formés.
33:36Léna, Lazare,
33:37est-ce que,
33:38quand on parle de désenchantement,
33:39tout à l'heure,
33:39on parle de mal-être,
33:40on parle de désenchantement,
33:42est-ce que le mot
33:42désenchantement,
33:43vous paraît correspondre
33:45à ce que vous avez éprouvé ?
33:49C'est vrai que,
33:50par rapport à ce qu'on disait
33:51vis-à-vis du féminisme,
33:52il y a toujours un moment
33:53où, en fait,
33:53on se rend compte
33:54de la société
33:56dans laquelle on vit
33:56et que beaucoup de choses
33:58vont mal.
33:58parce que moi,
34:00j'ai grandi dans une super famille
34:03aimante, etc.
34:04Et c'est vrai que,
34:05oui,
34:05quand on commence
34:06à conscientiser
34:07beaucoup de choses,
34:08je pense qu'il y a toujours
34:09une phase de désenchantement.
34:12Et c'est vrai
34:12que pour beaucoup de jeunes,
34:13ça a été le climat,
34:14mais en vrai,
34:14me concernant,
34:15ça a été aussi
34:16sur les questions
34:17de féminisme avant.
34:18Bien entendu,
34:19quand on commence
34:20à aller faire
34:21ses études à Paris,
34:22qu'on vit du harcèlement
34:24de rue,
34:24qu'on vit des agressions sexuelles,
34:25etc.,
34:26je ne dis pas
34:27que c'est forcément
34:27dans les grandes villes,
34:28on l'a dit comme ça,
34:29mais ce que je veux dire,
34:29c'est quand on part
34:31chez ses parents
34:32et qu'il nous arrive
34:32tout un tas de choses
34:33et qu'on commence
34:36à conscientiser
34:36les injustices
34:37dans la société,
34:38etc.,
34:38oui,
34:38je pense qu'on peut
34:39parler de désenchantement.
34:40Et vous,
34:41l'engagement,
34:41parce que ce n'est pas
34:42n'importe quel engagement,
34:43votre engagement politique
34:45militant,
34:45c'est-à-dire que
34:46c'est un activisme,
34:47c'est un activisme radical
34:49dans la mesure où
34:49vous êtes dans
34:50la désobéissance civile,
34:52c'est-à-dire que
34:52c'est ce que prône
34:54le soulèvement de la terre
34:55et ça veut dire
34:56que, au fond,
34:58pour parer
34:58ce désenchantement,
35:00il faut une colère
35:01qui se traduit
35:02par de la violence aussi.
35:04C'est comme ça
35:04que vous l'avez perçue,
35:06c'est le choix
35:07que vous avez fait.
35:08Alors,
35:09c'est vrai que nous,
35:10quand on parle
35:11de radicalité,
35:12c'est vraiment la question
35:12de revenir à la racine
35:13des problèmes
35:14et c'est intéressant
35:18parce que la désobéissance
35:18civile
35:19dans le mouvement écologiste,
35:21il y a des dégradations
35:22matérielles parfois
35:24mais notamment,
35:25c'était le grand débat
35:25quand il y a eu
35:26la dissolution
35:26des soulèvements
35:27de la terre
35:27car le ministère
35:28de l'Intérieur
35:29voulait parler de violence
35:29envers les biens.
35:31C'est une notion
35:32qui n'existe pas
35:33et lorsque nous,
35:36on décide,
35:36en tant que jeunes
35:37ou moins jeunes d'ailleurs
35:38parce que je viens
35:39du mouvement climat
35:40mais c'est très intergénérationnel
35:42le mouvement écologiste,
35:44on décide quand même
35:45de se mettre en danger
35:46juridiquement,
35:46aussi physiquement
35:47parce que malheureusement,
35:48il y a de plus en plus
35:49de violences policières
35:51etc.
35:51sur les actions.
35:53Dernièrement,
35:53il y a eu
35:54les révélations
35:54sur Sainte-Sauline
35:55où j'étais
35:56et donc c'était
35:56un moment très marquant
35:57et très violent pour moi.
35:59Vous y étiez ?
36:00Oui, j'y étais.
36:03C'est vrai que je suis toujours
36:04un petit peu gênée
36:05quand on parle de violence
36:05vis-à-vis de nous
36:06parce que pour moi,
36:07c'est très subjectif
36:09la question de la violence
36:09mais pour moi,
36:10on agit face à une violence
36:12qui est tellement plus grande
36:13que nous
36:13que même si on pouvait
36:15qualifier ça de violence,
36:16je trouve ça tellement minime
36:17par rapport à ce à quoi
36:19on fait face
36:20et en plus,
36:22c'est aussi un peu péjoratif
36:24vis-à-vis des raisons
36:24pour lesquelles on le fait.
36:26Malheureusement,
36:26dans dix ans,
36:27je ne sais pas sur quelle planète
36:27on habitera,
36:29c'est vrai qu'on est une jeunesse
36:31qui a du mal
36:32à se procher dans la vie,
36:33on fait ça quand même
36:34pour le bien commun,
36:35je pense.
36:37Il y a le mot-clé,
36:40c'est désenchantement
36:41et quand on dit désenchantement,
36:43on pense à Mylène Farmer,
36:46désenchantée, évidemment.
36:48Réécoutons Mylène, 1991.
36:51Allez, on l'écoute fort,
36:52fort, fort, là.
36:53Fort, fort, fort, allez.
36:54Après, ça va rester
36:55pendant toute la soirée,
36:56vous allez voir,
36:57et pendant tout le week-end.
36:59Allez, plus fort même.
36:59Plus fort encore.
37:00On est très désenchanté.
37:03Qui pourrait m'empêcher
37:06de tout entendre
37:09le coup ?
37:12Les paroles, 1991.
37:14Donc, elle a écrit
37:14avec Laurent Boutonna
37:15« Tout est chaos,
37:17à côté tous mes idéaux
37:19des mots abîmés,
37:20je cherche une âme
37:21qui pourra m'aider,
37:22je suis d'une génération
37:23désenchantée, désenchantée. »
37:26C'est au-delà de la chanson.
37:27C'est l'hymne d'une icône,
37:2940 ans de carrière.
37:31Là, elle est encore en tournée,
37:33huitième grande tournée
37:34l'année dernière.
37:34Elle a rempli le Stade de France.
37:36Et tout le monde reprend
37:37cette chanson
37:38et tout le monde connaît
37:39pratiquement les paroles
37:39de cette chanson.
37:41On est en plein dans le sujet
37:42de notre émission, Anna.
37:44Est-ce que vous aussi,
37:45plus jeune,
37:45vous la connaissez,
37:46cette chanson ?
37:47C'était la question
37:47qu'on se posait
37:48en préparant l'émission.
37:49Lena, Rebecca ?
37:50Non, c'est plus Maître Games.
37:51Non.
37:53Aliana Kamoura ?
37:54Ça lui fait bizarre,
37:55Alena, c'est ça ?
37:56Non, non, non, non.
37:57Non, non, non, non, mais enfin,
37:59c'est vrai que,
38:00pour le coup,
38:02vous allez dire,
38:02je suis sur trop de combo
38:04en même temps.
38:04Non, non, mais pour faire partie
38:05aussi de la communauté queer,
38:07c'est aussi une icône.
38:08Ah oui, bien sûr, LGBT.
38:10LGBT.
38:11Mais la première fois
38:12que j'ai entendu
38:12Mylène Farmer,
38:13je pense que ma mère
38:14écoutait Mylène Farmer.
38:15Oui, ce serait logique.
38:16Il y a une reprise de pommes,
38:20quand même,
38:21de cette chanson.
38:21Ah oui, je n'ai pas écouté.
38:23Voilà, donc là,
38:24on est plus dans votre génération.
38:26Rebecca,
38:26vous, Mylène Farmer,
38:28et cette chanson ?
38:29Vous avez le droit
38:31de nous dire
38:32qu'on est des vieux cons.
38:33Alors, absolument pas.
38:35Jamais je me permettrais.
38:37Je ne connais pas
38:38hyper bien Mylène Farmer.
38:41Quand on est des vieux cons, alors ?
38:43Oui, mais je suis désolé
38:44parce que ça rejoint
38:46ce que je disais tout à l'heure.
38:47C'est-à-dire,
38:47c'est toujours un peu
38:48les mêmes problèmes
38:48et j'entendais les uns
38:50et les autres parler.
38:51Bon, c'est sûr
38:52que ce sont des vrais problèmes,
38:53mais je ne vais pas faire
38:55ma Caroline Eliashef,
38:57enfin, je vais quand même la faire.
38:59C'est qu'il y a des pays
39:01où c'est encore pire
39:02et j'ai toujours envie
39:03de citer cette phrase
39:05de Sylvain Tesson,
39:08merveilleux écrivain,
39:10la France est un paradis
39:11où tout le monde
39:11se croit en enfer.
39:12C'est-à-dire qu'il faut,
39:14vous voyez, un peu,
39:15toujours, je suis désolé
39:17de le faire,
39:18mais toujours essayer
39:18de contextualiser,
39:20de regarder ce qui se passait
39:21avant.
39:21Enfin, c'est des choses
39:22qu'on n'a pas le droit
39:22de faire aujourd'hui.
39:23C'est drôle parce que quand on
39:23contextualise,
39:24quand on met des chiffres
39:25sur la table,
39:26quand on dit justement
39:26qu'il manque de moyens
39:28pour faire en sorte
39:28qu'une personne
39:30qui va mal sur nous,
39:30une personne qui a tenté
39:32de se suicider
39:32ou une personne qui y réfléchit
39:34ne peut pas être hospitalisée
39:35aujourd'hui,
39:36on nous dit
39:36qu'il faut se contextualiser.
39:38je pense qu'il faut remettre
39:39un peu la pendule
39:40au milieu du pays.
39:41Ce n'est pas ce que je disais
39:42par rapport aux problèmes
39:44qui se posent
39:44aujourd'hui.
39:46Non, non, parce que
39:47vous savez bien,
39:48sinon on est très heureux
39:49d'être en France.
39:51On est d'accord ?
39:52Non, non, mais c'est vrai.
39:53C'est-à-dire, c'est-à-dire
39:53je crois qu'il faut aussi
39:54le rappeler.
39:55Je suis complètement d'accord.
39:55Après, avec énormément
39:56de problèmes qu'il faut régler.
39:57Mais il y a quand même
39:58un déni.
39:59Et on peut contester.
40:01On a le devoir de contester.
40:02Absolument.
40:02Mais moi, je trouve
40:03qu'on est un pays extraordinaire.
40:05Enfin, vraiment,
40:06je suis entièrement d'accord
40:07avec vous qu'il y a
40:08d'autres endroits
40:09où c'est beaucoup plus délicat
40:11et où l'enfance
40:13est encore plus en danger.
40:14Évidemment.
40:15Mais il y a quand même
40:17un déni
40:17qui me semble évident.
40:21Encore une fois,
40:21on a commencé l'émission
40:22là-dessus.
40:23On donne des chiffres.
40:25Et qu'est-ce qu'on fait
40:26de ces chiffres ?
40:27Est-ce qu'il n'y a pas
40:28des solutions à trouver ?
40:30C'est pour ça que c'est bien
40:31ce genre de débat-là.
40:32Merci.
40:33Parce qu'au moins,
40:34on en parle
40:34et on se questionne.
40:36Oui, moi,
40:37je n'ai pas du tout envie
40:38de baisser les bras
40:40et de nous dire
40:40que c'est foutu.
40:41Et si on parlait...
40:42Désenchantée ?
40:43Non.
40:44Moi, je suis hyper enchantée.
40:45J'ai hyper envie
40:46qu'on trouve des solutions.
40:47Alors, qu'est-ce qui peut
40:48nous enchantter ?
40:49Parce qu'en fait,
40:49il y a des choses à faire.
40:51Il y a des choses à faire
40:52pour aller mieux
40:53et il y a notamment
40:54ce qui rend la vie meilleure.
40:55Moi, j'aime bien
40:56cette définition de la culture,
40:57ce qui rend la vie meilleure.
40:59Et donc, pour aller mieux,
41:00il y a la culture
41:02et notamment le théâtre.
41:03Et Gérard,
41:04je me tourne vers vous
41:04parce que vous,
41:05on le sait,
41:06le théâtre brûlait
41:07de passion pour le théâtre.
41:09Je brûle pour les planches, oui.
41:10Mais oui.
41:10Depuis que j'ai quitté
41:11ma fonction de journaliste,
41:13c'est un art majeur, le théâtre.
41:15Et souvent, Isabelle,
41:17dites-moi vos commentaires là-dessus.
41:19Souvent, d'ailleurs,
41:19monter sur les planches,
41:21jouer le texte de quelqu'un,
41:22comme vous le faites sans arrêt,
41:23beaucoup et bien d'ailleurs,
41:25et formidable.
41:26Est-ce que ce n'est pas justement
41:27une sorte d'exorcisme aussi ?
41:28Une catharsis extraordinaire.
41:30Une catharsis extraordinaire.
41:32On a besoin, évidemment,
41:33de se projeter dans des grands textes,
41:35des textes du passé,
41:36mais aussi du présent
41:37pour y voir clair.
41:39Encore une fois,
41:40dans cette société
41:40qui est souvent illisible pour nous,
41:42le miroir qu'offre le théâtre
41:44est évidemment salvateur,
41:46comme celui des fictions
41:47qui nous permettent,
41:48ou des documentaires,
41:49mais les fictions permettent
41:50de nous identifier
41:51et de nous projeter
41:52et de réfléchir
41:53à des questions
41:56qui nous taraudent
41:57là où on en est.
41:58Encore une fois,
41:59on peut faire évoluer les choses.
42:00Moi, ce n'est pas du tout,
42:01je veux le dire,
42:02un film négatif
42:04qui fait un constat sombre.
42:06Mais bien sûr,
42:07j'ai parlé d'espoir.
42:08Au contraire,
42:09c'est plein d'espoir
42:10et c'est simplement,
42:12au contraire,
42:12plein de confiance
42:13de se dire
42:14et si on s'emparait
42:16de ce sujet-là ?
42:17Est-ce qu'on peut dire
42:18que le théâtre
42:19vous a sauvé ?
42:20Complètement.
42:21Dans le film,
42:21on voit d'ailleurs,
42:22dans le film,
42:23à la fin,
42:24vous êtes sur scène
42:25et puis il y a la jeune fille
42:26qui a commencé à lire
42:27une pièce de théâtre
42:29qui vous fait un clin.
42:30Mademoiselle Els.
42:31Un échange dans les yeux.
42:35On est dans la catharsis absolue
42:36et Dieu sait s'il faudrait le faire
42:38dans les écoles,
42:39dans les collèges.
42:40Évidemment.
42:41L'oralité,
42:42l'expression,
42:43parce que vous étiez,
42:43vous l'avez dit aussi au départ,
42:44hypersensible, vous.
42:45Oui, c'est ça.
42:47Et je milite depuis des années
42:48pour qu'il y ait plus d'art à l'école
42:49qu'une heure de flûte
42:51et de dessin de carafe
42:52et que tous les enfants
42:54puissent avoir les mêmes chances
42:55d'apprendre le piano.
42:56Mais c'est des projets collectifs
42:58en fait qu'il faut.
43:00Écris ta série, par exemple.
43:01C'est un projet génial
43:02pour les enfants.
43:03Ils sont très seuls
43:04derrière leurs écrans.
43:05Les écrans font écran.
43:07Aydons-les à l'EBC
43:08et créons des projets collectifs
43:10avec l'école.
43:10Mais pour ça,
43:11évidemment,
43:12là aussi,
43:12il faut des budgets
43:13parce que,
43:14par exemple,
43:14quand on voit
43:15que le pass culture
43:16a été rongé
43:18pour les projets collectifs,
43:19maintenant,
43:20c'est l'épaisseur
43:21d'un papier à cigarette,
43:23alors que c'était génial.
43:24Ce pass culture
43:25pour les projets collectifs,
43:26ça permettait
43:27de faire des sorties,
43:28ça permettait
43:28d'aller au théâtre
43:30pour les jeunes
43:30qui n'y vont jamais.
43:32Et la culture,
43:32évidemment,
43:33je crois que c'est...
43:36Oui,
43:36ça vous sauve la vie.
43:37Moi, un film
43:38m'a pas seulement
43:39sauvé une soirée,
43:40il m'a sauvé la vie.
43:41Donc, j'y crois fondamentalement.
43:43Un film ?
43:44L'art guéri.
43:44C'est un film ?
43:45Un film.
43:45C'est un film que j'ai vu
43:47dans cette petite télé
43:48d'un de mes camarades
43:49de Chambray.
43:51Et c'était une femme
43:52à sa fenêtre.
43:53Il y avait
43:53la beauté
43:56de Romy Schneider,
43:57son émotion,
43:58magnifique.
43:58Je me suis dit,
43:59bon, ok,
43:59la mienne n'est quand même
44:00pas si moche que ça,
44:01finalement,
44:02en voyant la sienne.
44:02Je me suis dit
44:04qu'il y avait peut-être
44:04moyen de lui trouver
44:06une place.
44:07Et puis,
44:07cette phrase,
44:08préférer les risques
44:08de la vie
44:09aux fausses certitudes
44:10de la mort,
44:11de Victor Lanoue,
44:12pour qu'on entend
44:12un discours
44:13sur le marxisme
44:14assez confus,
44:16en tout cas
44:17pour une jeune fille
44:18de 14 ans.
44:19Mais j'ai su saisir
44:19cette phrase,
44:20je l'ai écrite
44:20sur un cahier
44:21et j'ai marqué
44:22et faire comme
44:23Romy Schneider,
44:24m'inscrire
44:25dans un cours de théâtre.
44:26Je me suis retrouvée
44:26dans un cours de théâtre
44:27et là,
44:28j'ai fait ouf,
44:29enfin,
44:30des gens
44:30qui partageaient
44:32les mêmes émotions
44:32que moi,
44:33qui avaient l'amour
44:34des textes,
44:35des grands textes,
44:36des textes anciens
44:37et des textes d'aujourd'hui
44:39et on a pu,
44:40voilà,
44:41trouver effectivement
44:42un endroit
44:42pour mettre nos émotions.
44:44Mais c'est pour ça,
44:44j'ai envie de dire aux jeunes,
44:45vraiment,
44:46ne désespérez pas
44:47parce qu'il y a...
44:49Engagez-vous,
44:50déjà,
44:50ne pas se sentir
44:51comme un bouchon sur l'eau,
44:52ça aide énormément.
44:53Mobilisez-vous.
44:54Exactement.
44:55Et puis,
44:56de trouver un endroit
44:57où s'exprimer,
44:57c'est beaucoup plus
44:58qu'une simple activité
45:00du mercredi et du samedi.
45:02C'est un moyen d'expression.
45:03Caroline Aliacheff.
45:04Oui,
45:04ce que je voulais dire
45:05par rapport,
45:06brièvement,
45:07par rapport à la crise
45:08de la psychiatrie
45:08qui est absolument évidente,
45:10je ne vais pas faire
45:11de dessin là-dessus.
45:13On s'est rendu compte
45:13quand même,
45:14les avantages
45:15de cette crise,
45:16c'est qu'on s'est rendu compte
45:17que la pédopsychiatrie
45:19et la psychiatrie
45:19ne peuvent pas tout
45:20et que donc,
45:22il va falloir trouver
45:23autre chose.
45:25Et ces autres choses,
45:25c'est ce que vous décrivez
45:26et c'est ce qu'on voit
45:27absolument partout,
45:28c'est quoi ?
45:28C'est la culture.
45:30Et la culture,
45:31ce n'est pas seulement
45:31le théâtre,
45:32c'est des tas de choses,
45:33la musique,
45:34la littérature,
45:36l'ensemble de la culture.
45:37Et ça,
45:38c'est extraordinaire.
45:39Ce n'est pas seulement
45:39l'art-thérapie,
45:41c'est la culture
45:42d'une façon générale.
45:43Et il y a des jeunes,
45:45effectivement,
45:46ils n'ont pas tous besoin
45:47d'aller voir un psychiatre,
45:49mais ils ont tous
45:49besoin de culture.
45:50Et ça,
45:51c'est formidable.
45:51Et par ailleurs,
45:53je suis vraiment
45:54enchantée
45:55de vous avoir rencontrés
45:56parce que
45:57c'est des jeunes,
45:58par exemple,
45:59qui viendraient me consulter
45:59pour éco-anxiété.
46:02Je leur dis,
46:03écoutez,
46:03d'accord,
46:04la planète,
46:05ça ne va pas bien,
46:05ce n'est pas moi
46:06qui vais vous l'expliquer.
46:07Mais faites quelque chose.
46:09C'est ce que vous faites.
46:10Au lieu d'être éco-anxieux,
46:11au lieu d'être victime
46:12de toutes les choses
46:14qui ne vont pas,
46:15agissez.
46:16Et je vois
46:16qu'une personne comme vous,
46:18effectivement,
46:19vous n'êtes pas tellement
46:19éco-anxieuse,
46:20vous agissez,
46:21vous pensez que vous allez,
46:22je ne suis pas forcément
46:23d'accord avec tout ce que vous faites,
46:24mais ça n'a aucune importance.
46:26Non,
46:26mais voilà.
46:27Mais au moins,
46:28vous mettez votre énergie,
46:30votre énergie de jeûne.
46:32Et c'est ça
46:32qu'on attend des jeunes.
46:34Mais vous savez,
46:34après un atelier d'écriture
46:36que j'avais...
46:36Oui,
46:36parce que vous animez
46:37des ateliers,
46:38voilà,
46:38c'est des ateliers d'écriture
46:39dans des centres psychiatriques
46:40pour les adolescents.
46:42Il y avait beaucoup
46:42d'éco-anxiété
46:43comme ça
46:44qui s'exprimaient
46:45et on a fait
46:46une restitution publique
46:47et il y a des parents,
46:49des grands-parents
46:50qui sont venus après.
46:52Ils disaient,
46:52dis donc,
46:52c'est très sombre,
46:54mais alors,
46:55est-ce qu'ils n'écoutent pas trop
46:56tout ce qu'on leur donne
46:57à entendre,
46:58à voir,
46:59à lire ?
47:00Est-ce que...
47:01Les médias sont très responsables,
47:04etc.
47:05Et je dis,
47:05oui,
47:05mais enfin,
47:06c'est quand même une réalité.
47:07Alors là,
47:08on m'a répliqué,
47:10oui,
47:10mais ils trouveront
47:11des solutions.
47:13Et ils trouveront
47:13des solutions.
47:15Et j'avais envie de dire,
47:15mais et nous ?
47:17Oui.
47:19Alors,
47:20France,
47:21France quand même,
47:22on sait que vous avez
47:23au moins une fois
47:24parlé de votre enfant
47:25sur un divan.
47:27Oui,
47:27on a retrouvé une séquence
47:28de vous sur un divan.
47:29Ne me regardez pas
47:30avec un petit air
47:31terriblement inquiet.
47:33Ah oui,
47:33il y a longtemps.
47:33On va regarder,
47:35c'était en 1990.
47:38France,
47:39Olivier,
47:39Gisbert,
47:40quel genre de garçon
47:41étiez-vous à l'âge
47:42de 7 ans ?
47:44Très solitaire.
47:45J'aimais beaucoup
47:47me promener
47:47dans la campagne.
47:49Mes parents avaient
47:49une maison
47:50au bord de la Seine,
47:52à Saint-Aubin-les-Elboff,
47:54quai d'Orival.
47:55Et je vivais là,
47:56au milieu des chèvres.
47:58Mes parents avaient
47:59acheté une chèvre
48:00pour me faire plaisir.
48:01Cette chèvre
48:01a fait des petits.
48:03Et je vivais
48:04dans la nature.
48:05Et donc,
48:05c'était le divan
48:06d'Henri Chapier.
48:07Donc,
48:07c'était en juin
48:081990,
48:10je ne sais pas,
48:10François-Olivier Gisbert.
48:12Une chèvre,
48:13donc il faudrait
48:13une chèvre à tous les jeunes.
48:15Ah bah,
48:15au moins,
48:15c'était formidable.
48:16Bien sûr.
48:17C'était un animal
48:18extrêmement intelligent,
48:20drôle,
48:20qui se moque de vous
48:21en permanence.
48:23Ouais,
48:24c'était...
48:25Je suis toujours ému
48:26quand je pense à mes chèvres.
48:27J'en avais pas mal
48:28parce qu'évidemment,
48:29elles se reproduisaient.
48:31Et bon,
48:32c'était un peu compliqué.
48:33Après,
48:33il fallait gérer
48:34les mâles,
48:35vous voyez ?
48:36Ah, c'est compliqué, là.
48:36Oui, les mâles,
48:37on ne peut pas les garder.
48:39Vous voyez ?
48:40C'est un peu triste,
48:41ça, aussi.
48:42Mais il y avait
48:42des moments
48:43chagrins,
48:43oui,
48:44quand il fallait
48:44se séparer des mâles.
48:46Je ne vous fais pas
48:46un dessin.
48:47Non,
48:47n'en faites pas plus.
48:49Parce que je peux
48:49aller plus loin,
48:49si vous voulez.
48:50Non, non,
48:50on est bien,
48:52on a besoin de sourire
48:54un petit peu.
48:55Gérard,
48:55je me tourne vers vous.
48:56Vous ne voulez pas
48:56nous faire un petit quiz ?
48:57Un petit quiz,
48:57allez,
48:58on va jouer ensemble.
48:58D'accord ?
48:59Attention,
49:00réponse,
49:00il y a des points
49:01qui vont se distribuer.
49:02Quelle chanson
49:02de Stromae
49:04évoque le vide
49:05existentiel moderne ?
49:07L'enfer.
49:07Non.
49:09L'enfer.
49:10Non.
49:10Papatéou ?
49:11Non.
49:12Stromae.
49:13Stromae,
49:14c'est Papatéou ?
49:14Alors on danse.
49:15Alors on danse.
49:17Bien sûr, bien sûr.
49:18Dans quelle pièce
49:19de Jean Hanoui,
49:21Isabelle,
49:21le héros choisit
49:22la pureté et la mort
49:23plutôt que le compremier
49:24dans un monde...
49:25Antigone, oui.
49:27Il a dit ?
49:27Oui, il a dit.
49:29Mais il a dit en premier.
49:30En premier, oui.
49:301944.
49:30Non, non, je...
49:311944.
49:32Antigone.
49:34Quel film de Xavier Dolan,
49:352009,
49:36explore le rapport explosif
49:37entre une mère
49:38et son fils ?
49:39C'était génial.
49:40Momi ?
49:40Oui !
49:41Bravo !
49:42Léna.
49:43C'était génial ce film.
49:44Regardez ma fiche.
49:45Non, ah non, premier.
49:46Non, bravo.
49:47Quel temps.
49:47Vous n'êtes pas une trichose.
49:48Non, non, non.
49:48Vous n'êtes pas une trichose.
49:49J'ai eu ma période
49:49de Xavier Dolan
49:50quand j'étais au lycée.
49:51Ah, d'accord.
49:53Quel chanteur français
49:53des années 70
49:54évoquait déjà
49:55la mélancolie
49:56de la jeunesse désabusée
49:57avec la chanson
49:58Le Sud ?
49:59Oh, ben c'est
50:00Dylan Ferrer, enfin.
50:01Ben oui !
50:02Très belle parole.
50:04C'est beau.
50:04Très beau.
50:05Vous pouvez chanter ?
50:06Non, parce qu'il va
50:08pleuvoir tout de suite
50:09et c'est embêtant.
50:09Mais il pleut déjà,
50:10Franck, vous pouvez y aller là.
50:11On est d'accord.
50:11Etendu sur la terrasse
50:13et c'est joli,
50:15on dirait le Sud.
50:17Quel film de Sofia Coppola
50:18en 1999
50:19met en scène
50:21l'ennui et la détresse
50:22existentielle
50:23de 5 ans ?
50:23Oh, ben c'est évidemment celui-là.
50:25Vous l'avez dit ?
50:26Oui, il l'en dit.
50:26Virgin Suicides.
50:28Rebecca en premier.
50:28Quel film d'animation
50:30de Pixar
50:30en 2020
50:32aborde avec délicatesse
50:33le sens de la vie ?
50:36Vous l'avez dit ?
50:36Non, j'ai entendu ?
50:37Non, pardon ?
50:38Non, non, non.
50:39La dépression
50:39et la quête de soi
50:41à travers un musicien
50:42de jazz.
50:43On ne sait pas.
50:44Pixar ?
50:45Non, personne ?
50:46La langue au chat.
50:46Saul.
50:48OK, la dernière.
50:48Oui, il l'a dit.
50:49D'ailleurs, c'est fini.
50:50Ah, la dernière,
50:50je l'aime bien, la dernière.
50:52Quel gymnaste américaine
50:54qu'à Drup,
50:55le médaille d'or
50:56aux Jeux Olympiques,
50:57s'est retiré partiellement
50:58des Jeux de Tokyo 2020
51:00en raison de troubles
51:00justement de santé mentale.
51:03Elle dit,
51:03j'arrête, j'arrête,
51:04j'en peux plus.
51:05Une américaine ?
51:06Oui.
51:07C'est la plus grande.
51:08Simone Bale ?
51:09Yeah, right.
51:11You're right.
51:1210 points.
51:13There it is.
51:14Simone,
51:14Simone en français,
51:16Biles.
51:17Simone Biles.
51:17Elle est formidable.
51:18Elle est redevenue
51:19championne à Paris
51:21en 2024.
51:23Voilà.
51:23Non, mais voilà.
51:24Et bien.
51:25Et voilà le travail.
51:26Et bien, on vous remercie.
51:28Merci.
51:29Et on va quand même garder en tête
51:30qu'on aime la France,
51:31n'est-ce pas ?
51:32Parce que c'est la leçon...
51:34Ah, il n'y a aucun doute là-dessus.
51:35Voilà, la leçon
51:36de François-Olivier Gisbert.
51:37Oui, c'est moi qui le dis.
51:38C'est moi qui le dis.
51:38Mais c'est pour ça.
51:39Mais il faut quand même noter,
51:40j'attire à tous votre attention
51:42sur le fait que
51:42François-Olivier Gisbert
51:43ne dit pas toujours ça.
51:44Donc là, on est très contents
51:47je dis qu'elle va mal.
51:49Je ne dis pas qu'elle est foutue.
51:50Je vous taquine.
51:51Je ne dis pas que c'est
51:52le pire pays au monde.
51:53Non, non, mais ce soir
51:53sur ce plateau, vous avez
51:54tapé du poing sur la table
51:56pour dire j'aime la France.
51:57Ben oui, bien sûr.
51:58Je le fais souvent d'ailleurs.
51:59Ça fait des années que je le fais ça.
52:00Et une petite phrase
52:01de François-Olivier
52:02qui est dans le bouquin
52:03que j'adore
52:04et je suis sûr
52:05que vous allez la partager.
52:06Le secret d'une belle vie
52:07Juste la phrase ou le bouquin ?
52:08C'est d'en faire qu'à sa tête.
52:10Ah ben oui.
52:10Ah ben oui, la leçon de Giacometti.
52:12Et ça, c'est Alberto Giacometti.
52:13Voilà.
52:14Qui mettait ses cendres
52:15de cigarette dans son café.
52:17J'ai bien la version de Cocteau, moi.
52:18Ce qu'on te reproche,
52:19cultive-le, c'est toi.
52:21Il touillait ça.
52:22Il touillait ça.
52:23Sans cesse, son café double express.
52:27Dès que les cendres tombaient,
52:29il touillait avec cette idée.
52:31Et c'est une bonne devise
52:32pour notre émission.
52:33Non, n'en fais qu'à ta tête.
52:35Franchement, ça nous va bien.
52:36Oui, c'est pas mal.
52:37Franchement.
52:38Caroline Eliashef,
52:39ABK, M. Salem,
52:40Léna Lazare.
52:41On n'en fait qu'à ta tête.
52:43C'est ça, par contre.
52:45À propos de Milan Farmer,
52:48Didier Varro,
52:49la chanson française
52:50chez le Robert,
52:51le dictionnaire Le Robert.
52:52Un peu, beaucoup passionnément.
52:53C'est plein, plein, plein
52:54d'histoires de chansons.
52:55Et donc, je ne peux que vous inviter
52:57à faire deux choses, n'est-ce pas ?
52:59Courir au cinéma,
53:01voir les rêveurs
53:02de notre chère Isabelle Carré.
53:04Et évidemment,
53:06en prenant dans son sac,
53:07Le voyage dans la France d'avant
53:09de François Olivier Gisbert.
53:12Merci à tous.
53:13C'était un plaisir
53:14de vous avoir avec nous
53:15pour se banquer sur LCP.
53:17À très bientôt.
53:18Merci.
53:19Merci.
53:19Merci.
53:20Merci.
53:20Merci.
53:20Merci.
53:20Merci.
53:21Merci.
53:21Merci.
53:22Merci.
53:22Merci.
53:23Merci.
53:24Merci.
53:25Merci.
53:26Merci.
53:27Merci.
53:28Merci.
53:29Merci.
53:30Merci.
53:31Merci.
53:32Merci.
53:33Merci.
53:34Merci.
53:35Merci.
53:36Merci.
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