00:00Voici Tanguy Pastureau !
00:02Bien, vous l'avez constaté les amis, il fait de nouveau froid, même moi qui aime
00:07les grands manteaux d'hiver qui donne un air de poète, je les ai troqués contre une
00:10parca matelassée qui me fait ressembler à un sandwich crudité.
00:13C'est très dur d'être glamour par temps froid, c'est peut-être pour ça que Vladimir
00:16Poutine souhaite envahir l'Europe par l'ouest, il sait qu'en blousons de ski personne n'a
00:19envie de se le taper, je pense qu'il va envahir les Canaries puis Hawaï, et ce matin il y
00:23avait même du givre sur les pare-brises, avec le doigt j'ai écrit Pastureau Président,
00:27j'attends de voir comment c'est perçu, la personne va-t-elle donner un coup de raclette
00:31pour savoir si je me lance ou non ? Et qui dit froid dit souffrance, les Restos du Coeur
00:35par exemple viennent de rouvrir, j'adore les Restos du Coeur, surtout grâce à la chanson
00:38des Restos qui en 1986 a été écrite par Jean-Jacques Goldman, il y avait toutes les
00:43stars de l'époque, à part Daniel Morin qui comme aujourd'hui devait être souffrant
00:46le jour de l'enregistrement, et je me souviens que Michel Drucker disait dans cette chanson
00:50« j'ai pas mauvaise conscience, ça m'empêche pas de dormir », et moi j'étais petit
00:54donc entier, et je me disais « mais qu'est-ce qui t'empêche de dormir alors, salaud va ? »
00:58Puis j'ai réalisé que moi aussi, malgré la pauvreté, j'arrivais à dormir, alors
01:01je me disais « Drucker et moi, on est les deux pires fils de la Terre », sauf un jour
01:07où je m'étais dit « mais enfin moi j'ai 12 ans, je fais 4 heures de foot par jour
01:10et du B-Cross, et j'ai écouté le nouveau Modern Talking, tout ça, us, physiquement et intellectuellement ».
01:15Drucker lui a juste interviewé Rose Laurence, charge mentale 0, c'est là que j'ai réalisé
01:19que j'étais une meilleure personne que Michel Drucker. Mardi, le Président des Restos du
01:23Coeur, Jean-Michel Richard, était invité de la matinale de TF1, je ne l'ai pas écouté
01:27parce qu'à la même heure j'écoute France Inter, par solidarité, un auditeur de plus
01:31par les temps qui courent, ce n'est pas du luxe. Monsieur Richard a parlé de la précarité
01:36qui augmente. Et des jeunes, parce qu'ils sont nombreux à venir au resto, 50% des personnes
01:40accueillies, dit le Président, ont moins de 25 ans. Voilà, je vous laisse un petit temps pour
01:44y penser. Voilà, on n'a pas beaucoup de temps en radio. Bien, vous savez que je suis libéral.
01:48Voilà, un jeune, j'aurais tendance à lui dire « écoute, t'es en forme, tu te bouges,
01:51ouvre un compte OnlyFans pour les fétichistes des pieds comme tout le monde ». Mon rêve
01:55étant que Benjamin Millefied ouvre un compte. Non, parce que comme ça, il y aurait les fétichistes
01:59des pieds et des calembours. Le cercle de la Hong Kong serait en sueur devant son écran d'ordi.
02:04Mais ici, c'est France Inter, ok ? Pas le journal Les Echos. Alors, je vais faire taire le business
02:08manager qui sommeille en moi, Jean-David, pour faire parler le travaillant social en moi. Thomas dit Tom Tom.
02:13Monsieur Richard parle d'épidémie de solitude chez les jeunes. Ils n'ont jamais été
02:17aussi seuls. Ce qui est cruel comme constat, parce que la jeunesse, c'est le groupe. En
02:21théorie, c'est le moment où on est le plus entouré, à part les acnéiques. Même moi
02:25qui suis moins sociable qu'un rottweiler à qui on viendrait de couper la queue, jeune,
02:28j'avais des potes. Et en cas de coup dur, on s'épaulait quand il y en a un qui se faisait
02:32virer de chez ses parents. Je lui montrais le paillasson sur le palier en lui disant « je t'en
02:35prie, passe la nuit ici et demain en contrepartie tu me feras le ménage et tu laveras mes slips ». Pourquoi ? Parce
02:40que j'en étais humain à l'époque. L'Observatoire des Restos a sorti son rapport, il parle de
02:45détresse sociale des jeunes. D'accord, les jeunes ont toujours été sur la brèche. James
02:49Dean dans les films, il était loin d'être zen. Et à 22 ans, on te pardonne le port
02:53d'un t-shirt « hasta la révolution ». Sauf si tu vis dans le 7ème arrondissement
02:56où là tu es écartelé. Pourquoi ? Parce que la jeunesse, c'est ça, c'est la fougue,
03:01le désespoir parfois. Moi, jeune, je vivais dans le noir et j'écoutais les écorchés de
03:06Noir Désir. Je pensais que c'était une chanson, pas un projet. Mais j'avais de l'allant parce
03:10que je me disais quand je voyais Nagui à la télé « un jour tu seras mien ». Oh oui,
03:14un jour. J'ai l'impression, je ne sais pas qu'on était à la fois sombre mais qu'on
03:18avait plein d'envie. Et là, ce rapport dit que 64% des jeunes accueillis ont traversé
03:23au moins un épisode dépressif dans l'année écoulée contre 26% seulement si on prend l'ensemble
03:28de la population. Ça fait trois fois plus. Admirez-moi, je sais compter. Si vous ne m'admirez
03:33pas déjà pour autre chose, c'est l'occasion. Tout ça est dû à la précarité, bien sûr,
03:37mais aussi à la solitude. Et souvent, ça va de pair. On voit rarement un SDF faire
03:40un pot pour les collègues. Quand il s'agit de survivre, en général, on est seul. Regardez
03:44Eric Ciotti. Il pensait que tout LR allait faire un pas avec lui vers le RN. Eh ben maintenant,
03:49il y est allé tout seul. Ça revient à s'inscrire à une soirée haute au club « Les lapins
03:52délurés » de Panto Combo et d'apprendre le soir même qu'une MST a mi-Kao toute l'équipe,
03:56y compris Josie et Catherine Lédoyenne, surnommées « Les Mamis Kiki ». « Je sors des jeunes », comme dirait
04:01Vincent Kessel. Si on prend la population générale, parmi les gens accueillis au resto, un tiers
04:07disent se sentir seuls, 27% n'avoir absolument personne sur qui compter. À toutes ces personnes,
04:13j'ai envie de dire « Venez ». Pas chez moi, bien sûr, mais chez Holdelaff, car il est
04:17de gauche. Une soirée crêpe, une guitare, c'est de la convivialité. Merci pour notre
04:21ami. Et voyez comme c'est paradoxal, la jeunesse et la solitude ne vont pas ensemble. Et c'est
04:25triste, moi je trouve, de passer seul les meilleures années de sa vie. On réalise plus tard que ce
04:30sont les meilleures années de sa vie. Moi, chaque matin, j'y pense, je me dis, mais il
04:32y a eu un moment où je me levais de mon lit, je n'avais mal nulle part. J'étais en forme
04:37alors que je buvais que de la chicorée. J'écoutais The Offspring et Green Day et je ne trouvais
04:41pas ça trop fort. Je disais, il est où le 12 sur volume 1 à 10 ? Vers 20 ans, j'habitais
04:46Rouen et certains matins, pas tous, mais cela était magique. On allait au bord de la mer voir
04:51le lever du soleil, on était une bande. La plupart d'entre nous étaient précaires, parfois
04:55sur un Rouen-et-Rota, la voiture qui était pourrie tombait en panne à 4 km de Rouen. Le
04:59lever du soleil, on le voyait au-dessus d'un champ de vache, mais on s'en foutait parce
05:03qu'on écoutait Fight Boy Slim right about now. Et ces souvenirs communs sont précieux
05:07parce qu'ils étaient partagés. Quels seront les souvenirs des jeunes qui aujourd'hui
05:10sont dans la solitude ? Je le dis comme je le pense, je trouve ça affreux. Même Jean-David,
05:14le trader en moi, qui pourrait crier « Allez, t'as de mollusque, on se bouge ! » n'a pas envie
05:18de le faire. Je souhaite à chaque jeune des levées de soleil à plusieurs parce que les levées
05:22de soleil ont ce site beau qu'on regarde dans la même direction, ensemble en fait.
05:26Et Tanguy, tu es sur scène le 6 décembre, on peut te retrouver au Touquet-Plage.
05:33Au Touquet-Plage, Paris-Plage, Touquet-Paris-Plage.
