Macron à Berlin : le tandem franco-allemand en quête de souveraineté numérique

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00:00Et on va passer à une autre séquence ce matin à l'Elysée, en fin d'après-midi à Berlin.

00:06Emmanuel Macron qui a fait le trajet jusqu'à l'Allemagne.

00:10Responsables politiques et acteurs de la tech sont effectivement réunis aujourd'hui à Berlin

00:14pour replacer l'Europe dans la course à l'IA en assurant sa souveraineté numérique face aux Etats-Unis.

00:20C'est évidemment tout l'enjeu de cette séquence.

00:23Un sommet qui va être clôturé tout à l'heure par le chancelier allemand Friedrich Merz

00:27c'est le président français Emmanuel Macron venu pour impulser un tandem, cette quête d'indépendance technologique.

00:34Caroline de Camaret, on aborde le sujet à vos côtés.

00:37Pourquoi la souveraineté numérique est-elle aujourd'hui un enjeu crucial pour les Européens ?

00:42Pourquoi en ce moment ?

00:43En ce moment, le ministre allemand du numérique a affirmé que l'Europe est prête à bâtir son propre avenir numérique.

00:50Et pour cela, il le démontre avec un sommet qui réunit les 27 ministres en charge.

00:55Un sommet au plus haut niveau, présidé donc par la France et l'Allemagne, le chancelier et le président

01:01qui s'articule autour de cette table ronde d'une trentaine d'événements

01:05pour favoriser l'émergence de partenariats européens, notamment de start-up et de grandes groupes.

01:10En ce moment, parce que justement, il y a eu le retour à la Maison Blanche d'un certain Donald Trump

01:15qui mène une politique commerciale offensive,

01:18qui a des droits de douane accrus, qui veut se désengager peut-être militairement du continent européen

01:24et qui surtout a une big tech derrière lui, des géants du numérique

01:30qui ont une dominance extrême sur le secteur

01:34et qui veulent la dérégulation maximale des Européens

01:38et qui le disent et le redisent.

01:40Pendant ce temps, à cette réunion du tout numérique européen,

01:46on a inauguré un chantier de centres de données pour 11 milliards d'euros.

01:51Et ça, c'est important à souligner parce que ces méga centres,

01:55ces IA Factory, comme on dit, ces grandes usines à intelligence artificielle,

02:01une ministre danoise me disait la semaine dernière

02:04qu'il fallait surtout, pas qu'il y en ait 27,

02:07mais qu'on soit capable d'en faire que 5

02:09parce que c'est polluant, parce que c'est difficile à faire, etc.

02:12et de se les répartir sur le territoire européen,

02:15donc de partager.

02:16Et puis, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas comme problème

02:19que la dominance des États-Unis, il y a aussi celle de la Chine.

02:21Pourquoi ? Parce que la Chine, pour les équipements,

02:24les semi-conducteurs, les composants d'ordinateurs,

02:27est absolument essentielle à tel point que 90%

02:31des entreprises allemandes dépendent de cette Chine

02:33pour l'importation des biens ou des services numériques

02:36qu'ils font rentrer dans les composantes chez eux.

02:39Donc, tout cela, évidemment, met l'Europe face à une obligation

02:43d'en faire plus sur le numérique.

02:45Voilà, elle t'empresse, répète aujourd'hui les Allemands.

02:48Quelles sont les priorités françaises en matière de numérique

02:50et en quoi diffèrent-elles des priorités allemandes ?

02:53Alors, Paris, elle soutient plusieurs priorités

02:57qui ne sont pas toujours compatibles entre elles.

03:00Déjà, Paris soutient le report d'une partie de l'IA Act.

03:04Donc, ça, c'est un règlement sur l'intelligence artificielle.

03:09Elle voudrait qu'on le reporte d'un an.

03:11Et puis, elle souhaite aussi que le règlement européen

03:13sur la protection des données personnelles évolue,

03:17évolue, soit simplifiée.

03:19Vous allez voir la simplification, qu'est-ce que ça recouvre ?

03:22Afin de faciliter certains usages de l'intelligence artificielle.

03:25Et en cela, elle est en accord avec Berlin pour une simplification.

03:30Mais attention, quand on dit qu'on veut la simplification,

03:32est-ce qu'on peut dire qu'on veut en objectif numéro 2 la protection ?

03:35C'est-à-dire la préférence européenne dans les commandes publiques,

03:39la défense des données sensibles, la protection des mineurs

03:41et la lutte contre la désinformation en encadrant précisément les plateformes numériques.

03:46Ça, c'est un problème.

03:47Est-ce que la première priorité va avec la deuxième

03:49et va aussi avec la troisième, qui est finalement l'innovation,

03:53l'investissement dans le marché des capitaux,

03:56la montée de la chaîne de valeur, les puces, les services,

04:00l'essor d'acteurs européens crédibles dans un cloud

04:03comme dans l'intelligence artificielle.

04:06Il y a des divergences là entre Paris et Berlin,

04:09notamment sur le cloud.

04:10La France reste prudente face au risque d'extrateriorité américaine,

04:19je vais y arriver,

04:20alors que l'Allemagne a une approche beaucoup plus pragmatique.

04:23Donc, certains veulent un cloud européen,

04:25d'autres pas.

04:26Il y a une forte poussée aussi, évidemment,

04:28de tous les acteurs de ce numérique qui disent

04:31non, non, il n'y a pas besoin de fabriquer,

04:33ça coûte cher, un cloud européen.

04:35Vous n'avez qu'à finalement avoir un cloud ouvert,

04:38donc des technologies ouvertes,

04:39une open source

04:40et vous allez peser l'Europe

04:43dans la définition des standards ouverts et collaboratifs.

04:46Pour l'instant, ça ne marche pas trop,

04:47la régulation, l'encadrement, etc.

04:49On n'ose pas aller jusqu'au bout avec les Américains.

04:51Donc, vous voyez bien que l'Union européenne,

04:53elle est dans cette tentative d'arbitrer

04:55entre régulation,

04:57elle est très régulatrice,

04:58protection et innovation

04:59et on est dans cette contradiction-là.

05:02Quelles sont les prochaines étapes

05:04pour que l'Union européenne puisse affirmer

05:06son autonomie stratégique ?

05:08On en est loin ?

05:09Le problème, c'est qu'elle doit se manifester

05:11dans tous les secteurs

05:11et en particulier,

05:13on parle de l'IA,

05:14mais il y a beaucoup d'applications

05:15dans le secteur de la défense.

05:17Et là, la France et l'Allemagne,

05:19elles ne sont pas du tout raccords

05:21sur le secteur de la défense.

05:22On voit bien qu'en ce moment même,

05:24ils sont en train de discuter

05:25de l'hypothèse d'abandonner

05:27un avion de chasse nouvelle génération conjoint,

05:29le SCAF,

05:30parce qu'on n'arrive pas

05:31à se mettre d'accord.

05:32On voulait avoir

05:33un avion de chasse commun,

05:35nouvelle génération

05:36et là, c'est Dacio Aviation

05:39qui bloque

05:39et on en est presque

05:41à abandonner le projet.

05:42La France et l'Allemagne,

05:44elles ont du mal aussi

05:45avec les questions d'armement.

05:47Par exemple,

05:48la France est très contente

05:49d'avoir signé pour 100 avions

05:50de combat Rafale

05:52avec l'Ukraine

05:53et vous le savez,

05:54avec Vladimir Zelensky.

05:55l'Allemagne veut fournir aussi

05:57mais là encore,

05:58c'est en ordre dispersé,

06:00chacun de son côté

06:01et puis tous les deux plaident

06:02pour qu'on puisse piocher

06:03dans les avoirs russes gelées

06:05et là, c'est un autre petit acteur,

06:07la Belgique,

06:08qui bloque

06:09et ça, ça nous permettrait

06:10pourtant d'impulser véritablement

06:12parce qu'on aurait des fonds,

06:13des millions d'euros

06:16à mettre à disposition,

06:17même des milliards,

06:18bien entendu,

06:19140 milliards

06:20à mettre à disposition

06:21des Ukrainiens

06:22pour nous acheter des armes

06:24donc lancer

06:24une défense européenne

06:26en tant que telle

06:27et puis,

06:27ils ne sont pas d'accord non plus

06:28les Français et les Allemands

06:30à long terme

06:30sur le budget de l'Union Européenne.

06:32Vous savez que l'Allemagne

06:33veut rester quand même

06:33dans les clous

06:34d'un budget

06:35qui a 1%,

06:361,3% du PIB

06:37de tous les pays

06:38et aller pour qu'on baisse

06:40les subventions agricoles

06:41et régionales.

06:42La France,

06:43elle ne veut pas de ça

06:43donc elle voudra

06:44un budget beaucoup plus important

06:45et là encore,

06:46c'est une bataille

06:47qui est en train

06:47de se jouer là-dessus

06:48donc ça,

06:48tout ça,

06:49c'est véritablement

06:50la bataille de l'autonomie

06:52dans tous les secteurs

06:54afin de se jouer en Europe.

06:56Merci beaucoup Caroline

06:58pour cette séquence.

07:00Emmanuel Macron

07:00donc en Allemagne tout à l'heure,

07:01on apprend d'ailleurs

07:02qu'avant sûrement

07:04probablement de s'envoler

07:05pour Berlin,

07:06le chef de l'État français

07:06a reçu l'écrivain

07:08franco-algérien

07:08Boilem Sansal

07:09à l'Élysée.

07:10Boilem Sansal

07:11tout juste

07:12de retour à Paris,

07:14lui qui était logé

07:17à Berlin

07:17après sa grâce

07:18et sa libération

07:19par l'État algérien.

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