Sébastien Lecornu sur le narcotrafic : «C’est un combat qui ne fait que commencer»

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Sébastien Lecornu sur la lutte contre le trafic de drogue : «C’est un combat qui ne fait que commencer»

Transcript

00:00Monsieur le Premier Ministre, jeudi dernier, Mehdi Kessassi a été abattu.

00:06Mehdi avait 20 ans. Il était joyeux, il était généreux.

00:09Il voulait mettre sa vie au service des autres.

00:11Il a hésité à devenir infirmier, puis il a décidé de passer les concours d'entrée à l'école de police.

00:17Alors que les obstacles se tiennent en ce moment même,

00:20je tiens à rendre hommage à Mehdi et à dire tout mon soutien à sa famille,

00:25à son grand frère Amine, que nous connaissons bien,

00:27à ses parents, à ses frères, à ses sœurs, à ses nièces

00:31et à tous ceux qui pleurent la vie d'un jeune homme qui manquera tant à Marseille.

00:37Si la vie de Mehdi a pu être arrachée et volée à sa famille,

00:41c'est qu'Armédie n'a pas été protégée.

00:43Alors que l'Etat savait qu'Amine et sa famille étaient menacées.

00:48Alors que depuis trop longtemps, les narcotrafiquants exploitent et tuent les plus fragiles,

00:53comme cet enfant de 12 ans, mineur isolé, grièvement baissé par balle ce week-end à Grenoble,

00:58aujourd'hui, ils tuent pour faire taire.

01:00Aucun crime d'intimidation ne doit plus jamais se reproduire.

01:04La protection de la famille Kessassi que vous avez annoncée est indispensable.

01:08Plus aucune famille qui se lève face au narcotrafique ne doit être laissée seule.

01:12Elles ont besoin d'une protection à la hauteur du péril.

01:17Et je veux dire aux grands frères de Mehdi, Amine,

01:21ton combat pour la mémoire des victimes du narco-banditisme,

01:24pour leurs familles, pour les habitants des quartiers populaires,

01:28fait l'honneur de la France.

01:30Amine, tu te lèves et nous nous levons avec toi.

01:34Pour tous ces quartiers populaires victimes de la double peine,

01:38l'emprise toujours plus forte des narcotrafiquants

01:40et l'abandon coupable de l'Etat,

01:43cet abandon doit cesser.

01:44Les moyens doivent être débloqués.

01:46Monsieur le Premier ministre,

01:49ne cédez pas aux propos des propagateurs de haine

01:51qui instrumentalisent ce drame.

01:54J'ai une seule demande,

01:55la même que celle faite par Amine,

01:58le 2 septembre 2021,

02:00à Emmanuel Macron.

02:01Les plans faits depuis Paris sont inutiles.

02:04Ce qu'il faut, c'est construire un plan de lutte contre le narcotrafique

02:07avec les élus locaux,

02:09avec les associations et avec les familles des victimes.

02:12Merci, Madame la Présidente.

02:14La parole est à Monsieur le Premier ministre.

02:26Madame la Présidente de l'Assemblée nationale,

02:28Mesdames et Messieurs les députés,

02:29Madame la Présidente Châtelain,

02:31je tiens à mon tour à partager votre émotion.

02:35La colère aussi et la solidarité de l'ensemble de la nation

02:39avec cette famille qui est en deuil,

02:41qui a été plusieurs fois en deuil

02:44dans cette lutte contre les addictions à la drogue d'une part

02:48et contre les narcotrafiques d'autre part.

02:50Et mon premier message sera le plus simple possible,

02:53le plus efficace possible,

02:54c'est que tout sera fait pour que la justice soit rendue.

02:57Et des moyens importants sont débloqués

03:00par la police judiciaire,

03:01par l'autorité judiciaire.

03:03Je ne rentre pas dans les détails ici

03:04au nom de la séparation des pouvoirs.

03:05Il y a évidemment du secret de l'enquête.

03:07Mais la première des choses, évidemment,

03:10c'est de faire en sorte que la justice puisse passer.

03:12La deuxième des choses, vous l'avez dit,

03:14c'est que, et le ministre de l'Intérieur a repris les mots

03:16du procureur de la République de Marseille,

03:19un meurtre d'avertissement,

03:22un meurtre de terreur,

03:24visant à propager la terreur

03:26chez celles et ceux qui sont des militants

03:28et qui sont engagés,

03:29et au-delà même,

03:31chez celles et ceux qui servent l'autorité judiciaire,

03:35qui rendent la justice,

03:37qui s'investissent évidemment au sein de nos forces de l'ordre.

03:39Et nous devons toutes et tous refuser

03:41et faire bloc derrière celles et ceux qui s'engagent.

03:45La troisième des choses,

03:46au-delà de ce combat culturel,

03:49c'est évidemment de voir que l'adversaire

03:51est en train d'évoluer.

03:53Il est plus nombreux qu'avant.

03:56Il y a 15 ou 20 ans,

03:57au fond, il existait quelques grands réseaux

03:59sur lesquels les enquêteurs pouvaient travailler.

04:02Aujourd'hui, on le sait très bien

04:02que ces réseaux sont beaucoup plus diffus,

04:04beaucoup plus nombreux,

04:06avec aussi, malheureusement,

04:08des acteurs de plus en plus jeunes,

04:10y compris des assassins

04:12qui peuvent avoir 14, 15 ou 16 ans.

04:15Et que face à cette mutation de l'adversaire,

04:18on doit évidemment, à notre tour, s'adapter.

04:21C'est le sens de la loi narcotrafic

04:23qui a été largement débattue

04:25et votée ici, à l'Assemblée nationale.

04:27C'est le sens, évidemment,

04:29des moyens importants

04:30qui vont être encore alloués

04:31pour l'autorité judiciaire,

04:33pardonnez-moi, à Marseille.

04:35Mais enfin, ça doit aussi nous conduire

04:37déjà à imaginer la suite

04:38parce que cette adaptation

04:40est un combat absolument nécessaire

04:42et l'adversaire va continuer

04:44d'épouser la violence

04:47et va continuer, évidemment,

04:49sa mutation vers des choses

04:51qui seront de plus en plus graves.

04:52Je veux le dire aussi

04:53avec beaucoup de solennité.

04:55au regard des différentes réunions

04:56que nous avons pu tenir

04:57avec le garde des Sceaux

04:58et les ministres de l'Intérieur,

04:59c'est un combat qui ne fait que commencer,

05:01malheureusement.

05:02Et donc, ce qui a été fait

05:04avec succès dans le passé,

05:06y compris en matière d'organisation,

05:08ça avait été d'ailleurs initié

05:09par le président Hollande

05:10sur la lutte contre le terrorisme,

05:12doit aussi nous inspirer

05:13dans la lutte contre le narcotrafic,

05:15le décloisonnement

05:16entre le national et le local,

05:18vous l'avez dit,

05:18le décloisonnement

05:19entre tout ce qui relève

05:21de la police administrative

05:22et la police judiciaire.

05:24Vous l'avez dit,

05:25le décloisonnement

05:26en matière de frontières

05:29avec les nécessaires

05:30coopérations internationales

05:32qui sont davantage encore urgentes

05:34avec un certain nombre de pays

05:35sur lesquels on voit bien

05:36qu'un certain nombre

05:36de commanditaires,

05:38évidemment,

05:39se tiennent à distance

05:40du territoire national,

05:41mais continuent de donner

05:42des ordres

05:43ou de se réfugier

05:43ou d'y blanchir de l'argent.

05:45Et puis, évidemment,

05:45la question de la sécurisation

05:46de nos prisons

05:47avec le plan que vous connaissez.

05:50En tout cas,

05:51moi, je veux vous redire

05:52notre entière

05:53et notre profond engagement

05:55pour faire en sorte

05:57que cette rupture,

05:59comme on le dit,

06:01soit une rupture

06:01qui sert fondamentalement

06:03à lutter contre

06:04les narcotrafiques,

06:05y compris parce que,

06:06malheureusement,

06:06la consommation

06:07des drogues dures

06:07est en train d'augmenter

06:09dans le pays,

06:09notamment de la cocaïne,

06:11et que plus il y a

06:11de consommateurs,

06:13plus les prix diminuent,

06:14plus les prix diminuent,

06:14plus le marché augmente,

06:15plus le marché augmente,

06:17plus il devient lucratif,

06:18malheureusement,

06:18de s'adonner

06:19à ces différents trafics.

06:21Et donc,

06:21c'est un énorme défi

06:22de société

06:22qui nous attend,

06:24sur lequel,

06:24j'en suis certain,

06:25on saura faire cause commune

06:27et proclamer une forme

06:28d'unité nationale

06:28dans la lutte

06:29contre le narcotrafic.

06:30Merci beaucoup.

06:30Sous-titrage Société Radio-Canada

06:33Sous-titrage Société Radio-Canada

06:35Sous-titrage Société Radio-Canada

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