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  • il y a 2 jours
Dans ce premier numéro de « VIP Very Important Paysans », Frédérique Courtadon et ses chroniqueurs mettent en lumière les coulisses de la fabrication de la baguette et de son ingrédient phare, le blé : l'enjeu des récoltes, la fluctuation des prix, la culture du blé, ou encore, peut-on manger une bonne baguette à 29 centimes ?
Ils se pencheront également sur la culture du légume préféré des Français, la pomme de terre.

Frédérique Courtadon et ses chroniqueurs reçoivent en plateau :
- François-Xavier Sainte Beuve, agriculteur, céréalier dans l'Aisne, engagé pour des pratiques agricoles durables ;
- Catherine de Saint Laurent, agricultrice dans le Pas-de-Calais, spécialisée dans la production de pommes de terre et engagée dans une démarche d'agriculture raisonnée ;
- Nicole Le Peih, députée Ensemble pour la République du Morbihan, ancienne agricultrice.

Le grand talk-show bimensuel qui met l'agriculture au centre du débat.
« Very Important Paysans », consacrée à l'agriculture et à ses acteurs, s'adresse à tous : aux urbains qui veulent mieux comprendre ce qu'ils mangent, comme aux agriculteurs qui cherchent des moyens pour répondre à ces attentes.
Entre actualité, saisonnalité et décryptage, l'émission veut réduire le fossé qui sépare encore producteurs et consommateurs, en offrant un espace de dialogue et de réconciliation.
Sur le plateau : un invité politique, une personnalité du monde culinaire ou culturel, et une bande de jeunes chroniqueurs engagés et complémentaires.
Chaque numéro s'articule autour de rubriques fortes - « Aux champs en ce moment » ou « C'était comment avant ? » - pour mettre en perspective le présent et l'avenir de l'agriculture.
« Very Important Paysans », une émission engagée, vivante et citoyenne, au rythme des saisons, pour retisser le lien entre ceux qui nourrissent et ceux qui se nourrissent.

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Transcription
00:00Chaque matin, ils sont debout aux aurores. Ils prennent soin de leurs champs, de leurs bêtes, de leurs fermes pour nourrir chacun d'entre nous.
00:16Ce sont nos 600 000 héros du quotidien, des VIP, des Very Important Paysans.
00:21Amis des campagnes, amis des villes, bonjour. Soyez les bienvenus dans ce tout premier numéro de VIP, Very Important Paysans.
00:30La première émission d'information consacrée au monde agricole, du champ à l'assiette.
00:34Alors dans cette émission, nous allons mettre à l'honneur bien sûr nos agricultrices et nos agriculteurs, raconter leur quotidien, leurs difficultés, leurs inquiétudes, mais aussi leurs espoirs.
00:44Et pour animer notre plateau, je ne serai pas seule, j'ai la chance d'avoir avec moi mes VIP, mes Very Important partenaires.
00:50Je vais vous les présenter. Et on commence tout de suite avec Louise.
00:53Bonjour Fred.
00:53Bonjour Louise Lespart. Vous nous venez du sud-ouest des Landes ?
00:57Exactement, de Mont-de-Marsan.
00:58Oui, de Mont-de-Marsan. Vous êtes petite fille de paysans, on entend cet accent. Et vos grands-parents sont aussi à Mont-de-Marsan ?
01:05Non, ils sont entre le Pays Basque et les Landes et les éthées éleveurs laitiers.
01:09Vous, vous avez créé aussi un podcast qui cartonne, on peut le dire, qui met à l'honneur les agriculteurs et surtout leurs paroles.
01:15Et dans cette émission, vous allez nous présenter une personnalité inspirante de l'agriculture.
01:21Effectivement, j'ai rencontré plus de 200 agriculteurs et le podcast La Clé des Champs.
01:24Donc j'ai plein de belles histoires à vous raconter.
01:26Eh bien, on a hâte de les découvrir. Lui aussi, il a plein d'histoires à nous raconter.
01:30C'est Jean-Baptiste Vervy. Bonjour Jean-Baptiste.
01:32Et bonjour Fred.
01:33Alors vous êtes céréalier.
01:34Oui.
01:35Dans la Marne.
01:36Oui.
01:37Vous cultivez quel type de céréales ?
01:39Du blé, du maïs, du colza. Et puis j'ai une petite particularité, c'est que je fais du blé dur que je transforme en pâte avec ma compagne.
01:46Avec Caroline, votre compagne.
01:48Vous nous raconterez cette belle expérience. Et vous êtes aussi un agri-youtubeur.
01:52C'est un mélange entre agriculteur et influenceur. Qu'est-ce que vous faites dans vos vidéos ?
01:56On prend son smartphone et on filme un peu son quotidien. On essaye un peu d'expliquer notre métier.
02:01Et puis les tâches que l'on fait dans les champs pour donner un peu de pédagogie à ceux qui veulent bien regarder ces vidéos.
02:08Très bien. C'est aussi ce qu'on va faire dans notre émission V.I.P. Véry. Importante. Paysans.
02:13À vos côtés, il y a Michel Biéraud. Bonjour Michel.
02:16Bonjour Fred.
02:17On est ravis de vous avoir puisque vous allez être notre monsieur conso.
02:20Exactement. Je suis très heureux d'être là.
02:22Et effectivement, je vais essayer de décortiquer les étiquettes, les produits.
02:25En tout cas, vous donner un maximum d'infos sur la distrie et aussi sur les produits que nos chers agriculteurs produisent.
02:32Et puis la grande distribution, vous la connaissiez bien puisque vous avez travaillé pour cette grande distribution pendant plus de 20 ans.
02:39Exactement.
02:40Et voilà. Et avec vous, on va décrypter les étiquettes qui nous cachent parfois des petites choses.
02:43Et puis on termine avec Antoine Robin. Monsieur Robin, comment ça va ?
02:46Ça va très bien. J'ai ravi que cette émission existe et on est très heureux.
02:50On est très heureux, très fiers de vous présenter cette nouvelle émission sur LCP.
02:53Je crois que vous n'êtes pas là par hasard vous non plus.
02:56Je crois que vous êtes issue du pays du Saint-Nectaire.
02:59C'est vrai. Je suis d'Auvergne. Je suis une petite fille de paysan dans le Puy-de-Dos, ma chatte Beaufort.
03:05Et là, vous voyez le pépé Jean-Tout et la mémémarque qui reviennent d'un concours de danse traditionnelle labourée auvergnate.
03:11Et je suis très fière de mes origines.
03:13Bien, on a fait le tour de toute la bande de VIP.
03:17Tout de suite, le sommaire.
03:18Nous allons plonger dans les coulisses de la fabrication de la baguette et de son ingrédient phare, le blé.
03:23Nous recevrons également Nicole Lepay, députée du Morbihan et elle-même agricultrice.
03:28Puis place aux légumes préférés des Français, c'est la pomme de terre, bien sûr.
03:33Mais tout de suite, que s'est-il passé ces dernières semaines dans nos campagnes ?
03:38Antoine Robin nous dit tout, c'est le very important de presse.
03:45Je vais vous parler d'un mot qui a mis les agriculteurs en furie et surtout qui les a mis dans la rue.
03:51C'est bien sûr le Mercosur.
03:53Tout le monde a entendu parler du Mercosur.
03:55Alors ça veut dire quoi le Mercosur ?
03:56Ça veut dire Mercado Coma del Sua.
03:58Alors, petit rappel, dans les années 90, il y a cinq pays d'Amérique du Sud, dont le Brésil et le Uruguay,
04:03qui décident de créer une espèce de marché commun entre eux pour faciliter les échanges commerciaux.
04:07Ce sont des énormes pays et surtout c'est un bassin économique de 260 millions de consommateurs.
04:12Alors évidemment l'Europe a l'usine de Chimène pour le Mercosur.
04:17Et ça fait 25 ans qu'on essaye de négocier avec eux pour des échanges de marchandises.
04:22Les Sud-Américains nous ont dit pas de problème, vos voitures, vos produits pharmaceutiques, vos machines, etc.
04:29En échange de quoi, on va augmenter les quotas de matériel et de produits agricoles.
04:35Évidemment, ce sont des mastodontes qui font peur, avec des normes sanitaires qui ne sont pas exactement les mêmes que dans l'Union Européenne.
04:42Je rappelle que les exploitations de viande font la taille d'un département.
04:45Les espèces les plus reproductives sont par mois clonées.
04:48Et puis les bêtes sont aussi nourries au soja et soja parfois transgénique.
04:52On en parlera bien sûr du Mercosur et de ces nouveaux accords qui font grincer des dents avec notre prochaine invitée.
04:57Mais je crois que vous avez une autre info à nous communiquer.
05:00Écoutez, il n'y a pas que des mauvaises nouvelles parce qu'on a appris cette semaine,
05:03alors là pour le coup c'est une information assez étonnante,
05:06qu'il y a un petit éleveur de la Sarthe, un producteur de lait qui s'appelle Julien Le Pelletier,
05:11qui avec son exploitation vient d'intégrer le jeu mondialement connu qui s'appelle Farming Simulator.
05:16Je crois que tu connais très bien toi Jean-Baptiste.
05:17Ça donne d'ailleurs beaucoup à deux jeunes agriculteurs l'envie de se lancer dans les exploitations.
05:25Et donc on voit son exploitation de la Sarthe, la pichonnière qui est juste derrière,
05:28qui a été reconstituée image par image.
05:31Alors je rappelle le but de Farming Simulator, vous gérez votre exploitation.
05:34Et si vous livrez du lait et qu'il est justement rémunéré à la sortie,
05:38comme certaines marques qu'on connaît très bien, vous gagnez des points.
05:41Et ça veut dire que nos agriculteurs eux ont réellement basculé dans le futur.
05:45Et c'est bien et c'est tant mieux pour nous.
05:46On va terminer par, on dit que l'agriculture française ne s'exporte pas.
05:51Je vais vous montrer quelqu'un qui s'exporte.
05:53Regardez-le.
05:54Montrez-nous.
05:55Il est quand même très joli.
05:56Ouh le beau bébé !
05:57Il s'appelle Alexandre Jacquier et c'est notre candidat pour le concours qui a lieu ce soir à Los Angeles pour élire Mister Universe.
06:07Regardez.
06:08Donc c'est un paysan des Landes dans le Béarnes.
06:11Alors en fait, quand on l'a enquêté, on s'est rendu compte qu'il n'était pas vraiment paysan.
06:15Ça lui servait de décor.
06:15Il a transformé sa porcherie en salle de musculation.
06:18Je comprends pas ce qu'au départ, ils avaient pensé à Michel Birault.
06:20Ils m'ont appelé, ils m'ont appelé, mais je pouvais pas, j'avais VIP.
06:26Et donc en tout cas, Alexandre Jacquier a reconnu qu'il n'était pas vraiment paysan.
06:29C'était bien pour la candidature.
06:30En tout cas, ce qui est chouette, c'est que ça donne une image extrêmement sexy du monde agricole tel qu'on le connaît.
06:36Et c'est tant mieux.
06:37Et on adore.
06:38EJB, ça vous tente pour l'année prochaine ?
06:40Oui, oui.
06:40On vous inscrit au concours ?
06:41En fait, c'est juste un problème d'agenda.
06:43Parce que franchement, moi je suis taillé pareil.
06:46Je me balade à cheval pareil, torse nu sur mon tracteur.
06:49Petit joueur quand même, JB.
06:51Merci beaucoup en tout cas, mon cher Antoine.
06:53Vous nous donnerez des nouvelles d'Alexandre.
06:55Savoir s'il a gagné ce concours de Mister Univers.
06:58Allez, sans transition.
06:59Est-ce que vous saviez que la France est le premier pays producteur de céréales dans l'Union Européenne ?
07:04Eh bien nous, dans VIP, on a décidé de vous parler de la céréale star de l'agriculture.
07:09C'est bien sûr notre verre et importante produit.
07:11Et cette céréale, c'est évidemment le blé.
07:19J'aimerais que vous regardiez les chiffres qui s'affichent à l'écran.
07:21Le blé, c'est 55% de l'ensemble des céréales produites en France.
07:2653% de blé tendre contre seulement 2% de blé dur.
07:30Ça, c'est étonnant.
07:32Pourquoi ? Et c'est quoi la différence, Jean-Baptiste ?
07:35C'est une céréale qui est un peu plus compliquée à produire, un peu plus fragile.
07:39Elle sert à quoi ?
07:40Alors, le blé dur a plutôt une vocation à partir dans les pâtes ou dans la semoule.
07:43Le blé tendre, plutôt dans les farines ou dans l'alimentation animale.
07:46Eh bien merci beaucoup JB de remettre un petit peu d'infos sur ce plateau.
07:50Mais finalement, comment est-ce qu'on passe d'un champ de blé à la baguette de nos repas quotidiens ?
07:55Eh bien c'est ce que nous sommes allés voir avec ce reportage de Lisa Bergès.
07:58En France, il s'en vend près de 30 millions par jour.
08:05Bon, est-ce que nous pouvons avoir une baguette, s'il vous plaît ?
08:07La baguette, c'est notre emblème national et la star de nos boulangeries.
08:13Une baguette, ça touche toutes les tables, que ce soit le président Macron comme la petite famille à côté.
08:19Tout le monde aura le même produit.
08:20Ça c'est super important.
08:22Nous allons vous emmener dans les coulisses de sa fabrication.
08:25Du champ au fournil, en passant par le moulin.
08:28Et vous allez voir que le secteur est aujourd'hui en pleine mutation.
08:31Entre exigence des consommateurs, respect de l'environnement et adaptation du travail agricole,
08:36le monde de la baguette change de tradition.
08:41On va commencer par la fin, parce que c'est ici que la magie prend forme.
08:46Damien Dedin est double champion d'Europe de baguette.
08:48Je suis en train de préparer une autolise.
08:53Une autolise, qu'est-ce que c'est ?
08:56C'est un mélange de farine et d'eau, uniquement.
08:59Dans sa boulangerie en banlieue parisienne,
09:01il confectionne chaque jour des centaines de baguettes.
09:06Donc là, on va juste faire le mélange.
09:08Une fois que la farine est absorbée, on arrête.
09:11La recette est ancestrale, elle date de l'Antiquité.
09:14De la farine, de l'eau, un peu de sel et de la levure.
09:17Et on reviendra plus tard et on va pétrir.
09:19On rajoutera le sel, l'albure et on sera bon.
09:22Avec quand même aujourd'hui un peu moins de pain sur la planche.
09:26Donc à l'époque, les boulangers, ils pesaient tout à la main.
09:29Maintenant, on a des machines.
09:33Ce qui va permettre aussi de gagner du temps.
09:41Donc là, on voit.
09:42Vous voyez là, encore mieux.
09:43Ça, c'est les petites bulles qu'on va retrouver dans notre baguette.
09:46L'albée au lage, il est là déjà.
09:47La baguette, c'est un pain de 60 centimètres de long, 5 ou 6 de large et 250 grammes.
09:55Tout cela est très calibré.
09:57Ce qui fait la différence, c'est la qualité du travail, bien sûr, et celle de la farine.
10:01Ça, c'est une farine qui est plus jaune que celle-là.
10:03Ça, c'est la différence.
10:04On a une farine pour faire de la baguette blanche, farine pour faire de la baguette de tradition.
10:08Donc il y a beaucoup plus d'enveloppes à l'intérieur.
10:10Elle n'a pas été écrasée pareil.
10:11C'est super important, en fait, d'avoir une belle qualité de farine.
10:15Et qui dit farine, dit meunier.
10:18À Corbeil-Essonne, ce moulin existe depuis le 19e siècle.
10:22À l'époque, c'était même le plus grand d'Europe.
10:26Aujourd'hui, 1000 tonnes de blé continuent d'arriver ici chaque jour.
10:30Et l'endroit s'est modernisé.
10:34Le meunier en chef, c'est François-Xavier.
10:37Oublier la meule, les ânes ou les ailes en bois,
10:39son outil de travail à lui, c'est cette salle bourrée d'écran.
10:44C'est la tour de contrôle.
10:45Les principes de la meunierie sont restés les mêmes
10:48depuis des dizaines et des centaines d'années.
10:50Mais la technologie a permis d'avoir un travail beaucoup plus fin
10:54et beaucoup plus efficace par rapport à des installations plus anciennes.
11:00Quand le blé arrive, il est mouillé, puis écrasé.
11:03Alors, là, on est sur le premier appareil.
11:07Là, il y a le blé, le B1.
11:09Le laitier va contrôler la qualité de l'esslavement.
11:16Si ces grandes machines très bruyantes empêchent le meunier de dormir,
11:20elles sont surtout là pour débarrasser le blé de son enveloppe.
11:22Ensuite, le blé transformé en farine chemine dans l'usine jusqu'à ses tamiseurs.
11:35Donc le blé qui rentre dans le moulin, c'est l'échantillon qu'on voit en haut à gauche de la table.
11:40La farine qui sort du moulin, c'est l'échantillon que l'on voit en bas à droite de la table.
11:47Vient enfin l'étape de l'assemblage en fonction du produit souhaité.
11:51Les fameux types de farine avec la lettre T devant un numéro.
11:55Et depuis quelques années, la demande évolue.
11:57Je dirais que l'évolution principale, c'est plus sur la largeur de la gamme.
12:03C'est-à-dire qu'on va faire plus de qualité de farine qu'historiquement.
12:07Parce que les besoins et les demandes des clients sont plus variés qu'auparavant.
12:11On va de plus en plus vers des blés filières.
12:14Des blés qui ont des caractéristiques données par rapport aux conditions de culture.
12:19Ce que François-Xavier appelle des blés filières, ce sont des blés produits différemment.
12:25Avec un cahier des charges plus respectueux de l'environnement, du produit et du travail de l'agriculteur.
12:33Et ça, ça commence dans les champs.
12:36Laurent est producteur de blé depuis 30 ans.
12:40Si on n'a pas la passion, c'est pas la peine de vouloir y aller.
12:45Ces dernières années, il a changé de méthode.
12:48Il pratique ce qu'on appelle l'agriculture régénératrice.
12:52Plus de labours.
12:53A la fin de la récolte, il fait pousser dans ses champs un cocktail de plantes
12:56qui permet au sol de se régénérer naturellement.
12:59Voilà.
13:00Donc le radis, c'est pas celui que vous connaissez.
13:03On va chercher chez le primeur.
13:05Le radis, le gros intérêt, c'est d'avoir une racine qui est quand même assez puissante.
13:09Et c'est surtout que cette masse de végétation
13:11qui va générer vraiment une réserve en termes de nourriture aussi pour toute la vie du sol.
13:18On pourrait presque le manger tellement c'est bon.
13:20Et c'est encore plus visible quand on creuse.
13:24Voilà un petit spécimen.
13:26Donc le verre de terre qui, lui, est dans ce qu'on appelle la litière de surface.
13:30Ça, c'est la terre que je viens de sortir en profondeur.
13:33Et aujourd'hui, quand on compare avec la terre qu'on a en surface,
13:36on est bien capable de voir la différence de couleur.
13:38Et la différence de couleur, elle est tout simplement liée
13:41à l'enregistrement en matière organique qu'on a en surface.
13:44Avec cette méthode, Laurent travaille moins
13:46et il utilise 15% de produits chimiques en moins.
13:50La terre que je cultive aujourd'hui, elle ne m'appartient pas.
13:53Elle appartient tout simplement aux générations futures.
13:55Donc si aujourd'hui, je brûle le potentiel de production
14:02ou de productivité de ce que j'exploite aujourd'hui,
14:08demain, qu'est-ce qu'on va leur laisser comme héritage ?
14:10Et nous allons continuer à parler du blé avec notre invité, agriculteur.
14:15Bonjour François-Xavier.
14:16Bonjour Frédéric.
14:17Merci d'être avec nous.
14:19Vous êtes céréalier dans l'Aisne.
14:21Vous avez plusieurs cultures.
14:23Céréalière, blé, orge, colza, lin, c'est bien ça ?
14:26Lentilles, betteraves.
14:28Oui, pas mal.
14:29J'ai envie de vous poser une question toute simple.
14:31Pour commencer, comment est-ce qu'on produit le blé ?
14:32Quelles sont les étapes et comment vous, surtout, vous le produisez ?
14:36Alors le blé, je le produis déjà dès l'année d'avant,
14:40dès le mois de mai ou juin de l'année d'avant, avant la moisson,
14:43en observant en fait les dernières variétés de blé
14:45et leur réaction par rapport aux aléas climatiques,
14:49aux aléas d'insectes.
14:51Et en fonction de ces différents critères,
14:56je choisis à ce moment-là des variétés
14:58qui me séduiront pour la prochaine campagne
15:00et qui feront de belles farines pour produire le pain.
15:04Vous êtes adepte, vous aussi, de l'agriculture de régénération ?
15:08On a entendu parler, c'est très important,
15:10ces redonnées vie au sol qui ont été épuisées
15:12depuis des années par évidemment des labours
15:14et des cultures successives.
15:15Vous aussi, vous êtes adepte de ça ?
15:16Oui, j'aime le système de l'agriculture régénérative.
15:21C'est une agriculture qui travaille avec le vivant.
15:24On ne travaille pas ou moins sur les sols nus.
15:27On sème des couverts, on limite l'érosion,
15:30on favorise la biodiversité dans les cultures.
15:32Rien d'incompatible avec la production du blé.
15:36Au contraire, elle est très valorisante pour le pain.
15:38Comment vous êtes venu à cette activité, François-Xavier ?
15:41Par passion.
15:42Je suis fils d'agriculteur, petit-fils d'agriculteur.
15:46J'avais quitté le métier de l'agriculture
15:48pendant une dizaine d'années
15:50pour travailler en périphérie de l'agriculture
15:52dans une entreprise.
15:53Et j'y suis revenu après le départ de mon papa.
15:56On va voir d'autres chiffres qui s'affichent sur notre écran.
15:58147 000 producteurs de blé en France.
16:03Et bien sûr, vous en faites partie, Jean-Baptiste aussi.
16:06La France est le sixième producteur mondial.
16:10Et 50% du blé est exporté.
16:13On dit que le métier est de plus en plus dur.
16:15Ce n'est pas facile de se positionner.
16:16Ce matin, on en parlait tout à l'heure à François-Xavier.
16:18La première chose qu'a fait François-Xavier quand il s'est levé,
16:21il a été regarder le cours du blé.
16:22Ce qu'on appelle le matif.
16:23C'est ça ?
16:23Aujourd'hui, le cours du blé, il est à 160 euros le blé conventionnel.
16:27Il a 170 euros le blé conventionnel, plutôt bas.
16:30Et ça, c'est l'angoisse permanente de ces céréaliers
16:33qui ne savent pas, aujourd'hui,
16:35s'ils vont être capables de vivre de leur production future
16:38quand ils regardent ces cours de bourse
16:39qui sont extrêmement fluctuants en ce moment.
16:41Exactement.
16:43En fait, c'est assez anxiogène de regarder les prix de marché
16:46quand ils sont baissiers.
16:47Vous le faites tous les jours, ça ?
16:48Je le fais très régulièrement.
16:50Peut-être pas tous les matins, mais...
16:52Jean-Baptiste le fait.
16:52C'est un réflexe d'agriculteur.
16:53Tu regardes deux trucs, en fait, quand tu te lèves.
16:55C'est la météo que tu vois quand tu te lèves
16:58et les cours du blé.
16:59Nous, en télé, c'est les audiences, vous voyez.
17:01J'ai fait sa pression.
17:03Donc, vous faites ça, oui, régulièrement.
17:04Tous les jours.
17:06Et l'idée, c'est justement de ne pas focaliser non plus sur ces prix
17:09sur lesquels on a très peu d'impact.
17:11Les techniques dont on parlait tout à l'heure
17:13d'agriculture régénérative ou de conservation,
17:15enfin, peu importe, ou même le bio,
17:17sont là aussi pour nous rendre fiers de notre métier
17:19et de nous dire que, oui, on vend des denrées alimentaires,
17:23mais on les produit surtout proprement et bien.
17:27Et ça, on en est assez fiers, plus que le cours du matif.
17:29Justement, là-dessus, en fait, ce que tu as évoqué,
17:31sur les histoires de prix du blé,
17:32c'est un sujet quand même hyper important
17:34à comprendre aussi pour les téléspectateurs.
17:36C'est qu'on a beau faire notre blé sur notre ferme,
17:39c'est les cours mondiaux qui vont régir,
17:40en fait, le prix de notre blé.
17:42C'est-à-dire que, suivant, en fait, la récolte des Russes,
17:45des Américains ou du Canada,
17:48en fait, toi, tu as beau avoir bien travaillé ou pas,
17:50les cours, ils vont monter ou descendre.
17:51Et ça, sur une ferme, en revenu,
17:53ça peut impacter x3,
17:55alors que tu ne peux pas le maîtriser.
17:56Michel, il y a 30 ans, la France, elle était championne mondiale de la farine.
18:00Aujourd'hui, elle en importe.
18:02Mais ce n'est pas toujours très clair pour le consommateur, cette farine, il a le savoir.
18:06Oui, alors déjà, le consommateur, aujourd'hui, on a la chance,
18:09il réclame de plus en plus d'origine France.
18:11Oui, c'est vrai.
18:12Donc, les distributeurs jouent quand même de plus en plus le jeu sur l'origine France,
18:15dans leur intérêt, parce que le consommateur le demande.
18:19Mais c'est vrai, il y a encore de la farine d'importation qu'on utilise,
18:23parce qu'elle est moins chère pour produire certains produits.
18:27Origine France, ça veut dire quoi ?
18:29Origine France, on a deux agriculteurs qui produisent le blé,
18:33qui est origine France, parce qu'il pousse en France.
18:35Très différente du fabriqué en France,
18:38parce qu'on peut fabriquer une baguette en France,
18:41mais dont le blé vient d'Allemagne.
18:43François-Xavier, comment votre métier évolue ?
18:47Comment vous le sentez ?
18:48Alors, moi, je le sens bien,
18:50parce qu'on a des consommateurs qui croient en l'agriculture,
18:53qui croient aux produits sains et français.
18:56On a des tensions qui sont politiques, qui sont économiques.
19:00On est sur un marché mondial, Jean-Baptiste en a parlé tout à l'heure.
19:03Le tout, c'est de continuer à exister.
19:06On pourra toujours vouloir du plus beau et du plus propre.
19:09Mais si demain, nos exploitations ne sont pas rentables,
19:11on ne sera plus là.
19:12Donc, je crois que le message, c'est là.
19:14C'est croyez en nous et on fera le reste.
19:17Par contre, François-Xavier,
19:18il y a une chose que vous pouvez maîtriser, c'est vos coûts.
19:21Produire en agroécologie ou en agriculture régénératrice,
19:24ça coûte plus cher.
19:25Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi
19:26et qu'est-ce que ça impacte pour qu'on comprenne
19:28pourquoi tous les agriculteurs n'y vont pas d'un coup ?
19:30Alors, tous les agriculteurs ne vont pas dans ces techniques-là,
19:32parce que ce sont des techniques,
19:33alors qu'on a une dizaine, une quinzaine d'années,
19:35une vingtaine d'années qui sont assez récentes.
19:37Les agriculteurs sont assez conservateurs.
19:39Il faut avoir envie d'autre chose, d'autre production.
19:44Même vous, François, vous n'avez pas basculé
19:46votre ensemble d'exploitation en agriculture de régénération.
19:49Il faut être extrêmement prudent.
19:50C'est ça. Je suis encore en pleine transition.
19:51Je suis quand même passé de trois cultures
19:52à huit cultures aujourd'hui.
19:54On parlait d'investissement.
19:56On essaie de baisser nos charges.
19:57On est là pour capter du carbone,
19:59pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
20:01C'est un des principaux intérêts de cette technique-là.
20:05Ce sont des techniques dans lesquelles on doute,
20:06dans lesquelles on n'est jamais sûr de réussir.
20:09Et donc, cette part de risque, on doit l'assumer.
20:13Le bénéfice, pardon, pour le pionfret,
20:15c'est du blé de meilleure qualité à la fin
20:18avec des meilleures valeurs protéiques
20:19pour le consommateur,
20:21du blé de l'issue de l'agriculture régénérative.
20:23Alors, j'ai envie de m'en convaincre
20:25parce que je suis fier du mode de production.
20:29Seulement, que ce soit un blé d'agriculture de régénération
20:31ou un blé produit classiquement,
20:34arrivé dans la fosse ou à part certaines filières,
20:37c'est le même blé.
20:37On entend souvent dire que les céréaliers
20:39sont les mulottis de l'agriculture.
20:41On a cette image un peu, vous savez.
20:43Ça se passait bien jusqu'à maintenant, Fred.
20:46Ça se passait bien jusqu'à maintenant.
20:47Vous allez agacer et je baptise.
20:48Je suis là pour ça, mon cher, aussi.
20:50Non, mais on a cette image un petit peu comme ça
20:52du céréalier dans la plaine des bosses,
20:54dans sa voiture de luxe.
20:55Oui, c'est ça.
20:57C'est bon, il n'y a pas plein d'en rajouter.
21:00Un faux ou un toxe, du coup ?
21:01Qu'est-ce que vous en pensez ?
21:02Eh bien, ça nous permet d'être en plateau
21:04et puis de parler d'agriculture.
21:05Ah, exactement.
21:06C'est bien ça.
21:08Ce qu'on peut quand même dire,
21:09c'est qu'en fait, c'est très variable,
21:10en fait, le métier de céréalier.
21:12Souvent, si on est dans l'Aisne ou dans le Gers,
21:13on ne gagne pas le même tarif
21:15parce qu'on n'a pas les mêmes rendements.
21:16Et quand les cours du blé, de toute façon,
21:18sont en dessous de nos coûts de production,
21:19que tu sois dans l'Aisne ou dans le Gers,
21:21c'est sûr que tu feras une année à zéro.
21:22On est d'accord.
21:23Alors, ce blé, on le transforme, évidemment,
21:25pour en faire de la farine.
21:26Et pour en faire quoi ?
21:27Du pain.
21:27Voilà notre pain quotidien tellement cher aux Français.
21:32Alors, quelques chiffres.
21:3430% du pain est acheté quand même en grande distribution
21:37contre 70, évidemment, en boulangerie.
21:39C'est vrai qu'on les aime, nos boulangers artisans.
21:42On les chérit.
21:43Mais est-ce que vous saviez, vous,
21:44que dans certains supermarchés,
21:45depuis la fin de l'été,
21:46des baguettes sont ventues à 29 centimes d'euros ?
21:50Michel, vous le confirmez,
21:51vous allez nous expliquer tout ça.
21:53C'est bien sûr le biéroscope tant attendu.
21:55On parle de la baguette,
21:56mais pas de n'importe laquelle.
21:58Oui, oui, je le confirme.
21:59On parle de cette baguette à 29 centimes
22:02et qui a fait hurler les journalistes,
22:05les boulangers, bien sûr.
22:07Et les agriculteurs aussi.
22:08Les agriculteurs, oui.
22:09Et même mes voisins à l'apéro.
22:11Donc, ça a fait hurler tout le monde.
22:13Mais en réalité, Fred, on ne parle pas de pain.
22:15On parle d'une perception.
22:16En fait, la baguette, c'est devenu un marqueur social,
22:19un symbole.
22:20C'est devenu, et pour les baguettes à ce prix-là,
22:23c'est devenu un produit d'appel.
22:25Donc, c'est vrai, 29 centimes,
22:27ça peut paraître très bas
22:28par rapport à une baguette de l'artisan boulanger
22:31qui est vendue entre 1,20 et 1,40 €
22:35en fonction des régions.
22:36Mais on a opposé finalement deux baguettes
22:39qui ne jouent absolument pas dans la même cour.
22:41Il y a une baguette à 29 centimes
22:42qui est produite de façon industrielle
22:45à très grande échelle,
22:46des millions d'exemplaires.
22:47On optimise absolument tout.
22:49On y rajoute même du gluten de blé
22:51pour accélérer la fermentation.
22:53Bref, c'est l'efficacité industrielle.
22:55Et à côté de ça, on a l'artisan boulanger
22:57qui façonne sa baguette,
22:59qui la travaille.
23:01Évidemment, c'est plus cher
23:02parce que plus de main-d'oeuvre,
23:03plus de temps.
23:04Donc, on a deux baguettes, deux prix,
23:06mais on a aussi deux clientèles différentes
23:08parce que l'une répond à un besoin
23:10de pouvoir d'achat
23:11quand celle du boulanger répond
23:13à un goût de savoir-faire.
23:16Donc, la vraie question,
23:17est-ce que 29 centimes, c'est trop peu ?
23:19Non, je pense que la vraie question,
23:21la vraie question, c'est de savoir
23:22si les producteurs de blé,
23:25donc toute la chaîne,
23:26jusqu'au supermarché
23:27ou à l'artisan boulanger,
23:28peuvent vivre de leur métier.
23:30La réponse est dans la question,
23:31quand même, Michel.
23:32À 29 centimes, je vois mal.
23:33François-Xavier et Jean-Baptiste
23:35se rémunéraient correctement.
23:37Alors, à 29 centimes,
23:38je vous le confirme,
23:39j'ai l'expérience,
23:42le producteur de blé peut vivre,
23:44le transformateur peut vivre
23:46et le supermarché, lui,
23:48ne perd pas d'argent.
23:49C'est un prix d'appel.
23:50Alors, il n'en gagne pas
23:51parce qu'il en a fait un prix d'appel,
23:53tout simplement.
23:54Michel, sur un sujet comme ça,
23:55quand tu es agriculteur,
23:57tu envoies un message
23:58que la nourriture ne vaut pas cher
23:59et ça n'encourage pas
24:01les pratiques de François-Xavier
24:03à se dire tout ce qui va être différent
24:05chez nos agriculteurs français,
24:07quand tu encourages à dire
24:08que ce n'est pas cher l'agriculture,
24:10ce n'est pas cher l'alimentation,
24:12c'est un peu gênant.
24:13À 29 centimes,
24:13tu n'es pas sur la farine de régénération
24:15telle que la pratique François-Xavier.
24:17On est d'accord,
24:17mais il en faut d'une pour tout le monde.
24:20Encore une fois,
24:21vous disiez que c'est 30%
24:23qui sont vendus en supermarché.
24:24La baguette dont on parle,
24:26à 29 centimes,
24:27c'est une toute petite vente
24:28dans ces 30%
24:29parce qu'il y a plein d'autres pains
24:31dans les supermarchés.
24:31Donc, encore une fois,
24:32c'est un produit d'appel.
24:34En tout cas,
24:35sacré le débat,
24:36on l'a vu.
24:37Et comme vous le dites,
24:37Michel, il en faut pour tous.
24:39C'est un peu cette idée.
24:41Vous nous avez un peu énervé,
24:42Jean-Baptiste.
24:42Un tout petit peu,
24:43je vais m'écarter un petit peu plus.
24:44C'est le moment de sa chronique.
24:46C'est peut-être pas le bon moment.
24:48On passe aux very importants pratiques
24:50avec Jean-Baptiste Vervy.
24:52Alors, moi, je vais vous poser
24:58une petite question.
24:59Quel est le point commun
25:00entre votre téléphone portable
25:01et mon tracteur ?
25:03Bon, j'imagine que c'est le GPS.
25:04Ah, c'est parce qu'on a répété.
25:06Si vous, ça ne devait pas sortir comme ça.
25:08Effectivement, c'est le GPS.
25:10Sachez que dans l'agriculture,
25:11les tracteurs et tous les matériels
25:14que l'on a,
25:15globalement,
25:15un matériel sur deux
25:17utilise du GPS.
25:18Alors, nous, on ne l'utilise pas
25:19pour venir en studio
25:20avec notre tracteur.
25:21On peut le faire quand même
25:22pour retrouver des parcelles,
25:24des fois, avec les collègues.
25:25Mais en fait,
25:25ça va surtout nous servir.
25:27C'est des satellites
25:27qui vont nous aider
25:28à nous positionner
25:29dans la parcelle.
25:30Par exemple, là,
25:31on voit des images.
25:31On est en train de semer.
25:33Et donc, on va se positionner précisément.
25:35Avant, on avait un petit traceur
25:36et puis on regardait toute la journée
25:37comme ça, dans la poussière,
25:39avec le soleil.
25:39Bon, ce n'était pas très confort.
25:41Mais au-delà du confort de travail,
25:43ça nous permet d'éviter
25:44les chevauchements,
25:46de redoubler, on va dire,
25:47avec notre semoir,
25:48avec notre pulvée.
25:50C'est à l'intérieur de ce semoir
25:51que tu vas...
25:52Pour semer les graines.
25:54Mais si je mets de l'engrais,
25:55si je mets...
25:56Et en plus, on a des machines
25:57qui font 4 mètres,
25:58des fois 20 mètres,
25:59des fois 30 mètres de large.
26:00Donc, à l'œil,
26:00ce n'est pas toujours évident.
26:01Et éviter ce recroisement,
26:03c'est entre 10 et 15,
26:06de matières qu'on peut utiliser.
26:09Donc ça, c'est quand même
26:09plutôt positif.
26:10Et puis après,
26:12travailler avec des GPS,
26:13ça nous permet de mieux optimiser
26:14le matériel.
26:15C'est-à-dire que des fois,
26:16on va travailler un peu la nuit.
26:18Du coup, on va étendre
26:19les plages de travail
26:20et ça va vous permettre
26:21d'amortir du matériel,
26:22des fois à plusieurs
26:23et d'automatiser un petit peu tout ça.
26:26Et enfin, c'est un pas
26:27sur la robotisation
26:29et l'automatisation.
26:30Vous avez en fait
26:31un constructeur aux Etats-Unis
26:32où, avec la moissonneuse-batteuse,
26:35on pilote le tracteur
26:36qui est à côté
26:36qui est en train
26:37de récupérer le grain.
26:39Et demain, après,
26:39ça sera les robots en agriculture.
26:41Mais ça, ça sera
26:41une autre chronique.
26:42Et tout ça,
26:43c'est un prix, non ?
26:43Oui, voilà.
26:45Exactement.
26:45Merci.
26:45Oui, oui, c'est un prix.
26:46Alors, des GPS,
26:47ça vaut entre 5 et 15 000 euros,
26:49on va dire.
26:50Et ça dépend, on va dire,
26:51des fonctionnalités.
26:52Soit ça te dit
26:53ça va tout droit,
26:54soit ça fait des demi-tours.
26:56Et c'est justement là
26:57où, quand on avance
26:58dans des fonctionnalités poussées,
26:59on arrive dans
27:00de l'automatisation.
27:01Vous avez même en Asie
27:02des tracteurs
27:03qui fonctionnent
27:04en maîtres-esclaves.
27:04Il y en a un qui a un chauffeur
27:06et l'autre,
27:06il n'y a pas de chauffeur.
27:07Il se copie, quoi.
27:08Oui, il y a beaucoup de vols
27:09parce que ça coûte très cher.
27:10Vous êtes confronté.
27:11François-Xavier, oui ?
27:12Oui.
27:13GPS équipé, vous l'êtes ?
27:14On travaille en groupe
27:17donc on est content
27:18de pouvoir partager le matériel.
27:19Et c'est convoité
27:21et ça part très rapidement,
27:22surtout quand on est
27:23proche des frontières.
27:23Parce que les gens
27:24ne savent pas forcément Fred,
27:25c'est que sur des matériels
27:27qui coûtent aussi cher,
27:28souvent les agriculteurs
27:28le partagent,
27:29on appelle ça les cubas.
27:30Exactement.
27:30Et chacun l'utilise.
27:31Après, il faut gérer
27:32son emploi du temps,
27:33surtout en période de maçon,
27:34ce qui n'est jamais très simple.
27:35En fait, ils le partagent
27:36pour éviter des surcoûts
27:37et de l'impacter
27:38sur les coûts de production
27:38de la matière première.
27:39Évidemment.
27:40Merci beaucoup JB
27:42d'avoir éclairé nos lanternes.
27:43JB, ça y est,
27:44on est copains.
27:45Je vous appelle JB.
27:46Excusez-nous.
27:46On est un appel dans la campagne.
27:48JB !
27:48Voilà, c'est familier.
27:49Et puis surtout,
27:50merci à vous François-Xavier
27:51d'avoir partagé votre expérience.
27:53Eh bien,
27:54pendant qu'un agriculteur nous quitte,
27:56c'est une agricultrice
27:57qui nous rejoint,
27:58mais une agricultrice
27:59qui est aussi députée.
28:00Et oui,
28:01c'est l'heure
28:01de notre interview
28:02vers Importante Politique.
28:08Nous recevons Nicole Lepey.
28:10Bonjour Madame Lepey.
28:11Bonjour à vous.
28:12Merci d'être avec nous.
28:13Vous êtes notre première
28:14invitée politique
28:15et vous essuyez les plats
28:17avec nous.
28:19Je suis sûre
28:19que ça va très bien se passer.
28:22Vous êtes députée
28:24ensemble pour la République
28:25du Morbihan en Bretagne.
28:27Vos thèmes de prédilection
28:28sont bien sûr l'agriculture,
28:29l'alimentation,
28:30la ruralité.
28:31Vous avez eu
28:32plusieurs carrières professionnelles
28:34avant d'arriver à l'agriculture.
28:36Vous avez même
28:36travaillé dans l'hôtellerie.
28:38Absolument.
28:38Et puis en 1989,
28:40qu'est-ce qui s'est passé ?
28:41Vous avez décidé de créer
28:43votre exploitation,
28:44c'est ça ?
28:44C'est ça.
28:45C'est-à-dire qu'en 1989,
28:47j'ai eu l'opportunité aussi,
28:49après un séjour en hôtellerie,
28:50vous avez raison de le préciser,
28:52et ensuite en agroalimentaire
28:54avec import-export,
28:56je suis rentrée
28:56dans une réflexion
28:58sur l'avenir
28:59de l'agriculture
29:00sur nos territoires
29:01riches de compétences,
29:02mais souvent
29:03pas assez,
29:04je dirais,
29:06pas assez dans
29:07l'exemplarité
29:08que l'on ne sait pas
29:09toujours mettre en avant.
29:11Vous étiez en avant,
29:11vous étiez pionnière en 90,
29:13déjà,
29:13mener ce genre de réflexion.
29:14J'étais dans les précurseurs,
29:15c'est vrai,
29:16et comme tout précurseur,
29:18ça coûte parfois cher
29:19d'avoir raison trop tôt.
29:20Il faut faire le monde.
29:21Et oui,
29:22on sait,
29:23on est d'accord.
29:24Vous avez donc créé
29:25un élevage de vaches
29:26allaitantes et de volailles,
29:27c'est bien ça ?
29:27Avec votre mari ?
29:29Exactement.
29:29Et je crois que votre fille
29:30reprend l'exploitation ?
29:32Oui,
29:32alors on a créé
29:33cette production
29:36de volailles plein air
29:37en circuit court
29:38et avec un atelier
29:40de transformation.
29:41Et ensuite,
29:42nous avons fait
29:42un élevage aussi
29:43de vaches allaitantes
29:44de raches charolaises
29:45puisque nous avions
29:4635 hectares de prairies
29:47au bord de l'eau.
29:48Donc voilà.
29:49J'ai une petite question
29:50à vous poser.
29:51À votre avis,
29:51qui sont les plus têtus ?
29:53Les poules ou les députés ?
29:55Alors compliqué,
29:57et je rentre à l'émissif
29:58tout à l'heure à 16h
29:59avec des amendements
30:01à défendre.
30:02Donc je ne vais pas répondre.
30:03Jingle.
30:04Vous avez bien raison.
30:06Alors on va revenir
30:06tout de suite
30:07un peu plus sérieusement
30:08sur l'actualité
30:08du monde agricole.
30:09C'est bien sûr
30:09le Mercosur, Antoine.
30:11Ce Mercosur,
30:12vous en avez parlé
30:13dans votre revue de presse ?
30:14Madame la députée,
30:14vous qui avez traité
30:16de vaches allaitantes,
30:17de volailles,
30:18évidemment,
30:20le petit revirement
30:21de position
30:22de notre résident
30:23concernant le Mercosur,
30:24vous agricultrice,
30:26mais aussi députée,
30:26donc la voix
30:27de la société civile,
30:28qu'est-ce que
30:29vous en avez pensé ?
30:30Alors moi,
30:30je reste sur ma première
30:31ligne de défense
30:32puisque nous défendons
30:34une traçabilité,
30:35une sécurité alimentaire
30:37en France,
30:38tous les producteurs.
30:40Nous avons mis,
30:41je dirais,
30:41depuis
30:42les années 80-90,
30:45nous avons accéléré
30:46sur cette formation
30:47pour être exemplaires.
30:50Nous avons aujourd'hui
30:51un besoin
30:51de produits plus haut de gamme
30:55qui est demandé
30:57par le consommateur.
30:58Or,
30:59nous allons rester
31:00sur cette rigueur
31:04pour pouvoir
31:05demain
31:06exister.
31:07Donc là,
31:08vous dites de manière
31:08assez polie
31:09que pour l'instant,
31:10vous avez beaucoup de réserves
31:10vis-à-vis du Mercosur.
31:12sur ma ligne de défense,
31:14je défendrai
31:15l'agriculture française
31:17comme je sais le faire
31:18jusqu'à maintenant
31:18et je défendrai
31:20la position
31:20de garder
31:22nos produits
31:23en qualité,
31:24en traçabilité
31:25et en sécurité alimentaire.
31:27Jean-Baptiste,
31:28je sais que ça vous inquiète
31:29forcément.
31:30Oui, bien sûr.
31:31Et puis,
31:32en plus,
31:32ce que vous dites,
31:33ce n'est pas si évident
31:34parce que vous dites
31:35et c'est à juste titre,
31:37vous avez raison,
31:38on fait des produits
31:38de qualité.
31:39Mais si c'est pour avoir
31:39des produits de qualité
31:40et qu'à côté,
31:41on nous fait rentrer
31:42des produits
31:42qui ne respectent pas
31:43nos normes,
31:44en fait,
31:44là,
31:44c'est quand même
31:45un gros souci.
31:46Et surtout que le consommateur,
31:47lui,
31:47ne s'en rend pas compte
31:47dans ses nuggets
31:48qu'il mange.
31:49Comment on le protège ?
31:50Exactement.
31:51Et le consommateur,
31:51moi,
31:52j'aimerais qu'il devienne
31:52aujourd'hui responsable
31:54puisque 80% de ses repas
31:56sont souvent pris
31:57à l'extérieur du foyer.
31:59OK ?
32:00Alors,
32:00est-ce qu'il s'inquiète
32:01de ce qu'il mange
32:02en restauration ?
32:04C'est une bonne question.
32:05Il devrait être plus
32:07consomme-acteur.
32:08Consomme-acteur.
32:09C'est quand même lui
32:09qui a le porte-monnaie
32:10et effectivement,
32:11je suis d'accord
32:11avec madame la députée,
32:13il faut que le consommateur,
32:14après,
32:14c'est à nous aussi,
32:16en tout cas,
32:16je parle au don des distributeurs,
32:18de faire de la pédagogie
32:19et d'expliquer les choses
32:20et de bien,
32:21mettre en avant
32:22ce qui est produit en France
32:23et ce qui vient de l'étranger.
32:25Et comme ça,
32:25il peut faire son choix.
32:26Pour compléter,
32:27madame la députée,
32:27est-ce que justement,
32:28il n'y a pas un manque
32:29de courage politique
32:30d'aller jusqu'au bout
32:31de ces positions-là ?
32:33Parce que nous vivons aussi
32:34dans une mondialisation,
32:35nous sommes conscients.
32:37Donc,
32:37aujourd'hui,
32:37il y a un jeu d'échange
32:38de produits.
32:40D'ailleurs,
32:40pour le lait,
32:41nous exportons,
32:43je viens de quitter
32:44le ministre,
32:44justement,
32:45nous exportons
32:46aujourd'hui le lait
32:47en Amérique du Sud
32:48mais aussi au Canada.
32:49Donc,
32:49le CETA,
32:50il y a aussi l'accord CETA
32:51mais aujourd'hui,
32:53la force aussi
32:53de la production laitière,
32:55c'est qu'on exporte
32:56parce qu'on a cette qualité,
32:57je reviens,
32:58parce qu'on a cette traçabilité.
33:00Lorsque là,
33:00est-ce que ce n'est pas
33:01un manque de clarté aussi
33:02vis-à-vis des agriculteurs
33:03de dire,
33:04voilà,
33:04on va mettre en place
33:05ces échanges,
33:05voilà pourquoi on le fait,
33:06certaines filières
33:07vont en pâtir
33:07et il va falloir vous adapter
33:08simplement parce que
33:09des fois,
33:10on a le sentiment
33:10d'un double discours
33:11entre ce qui est tenu
33:11au national
33:12et ce qui se négocie
33:13à Bruxelles ?
33:13C'est quand même complexe,
33:15le tout est complexe,
33:16je peux l'entendre,
33:18mais cette formation
33:19que nous avons
33:19depuis des années
33:20sur cette qualité,
33:22je reviens,
33:22c'est un mot
33:23que je vais dire souvent
33:23mais sur cette traçabilité,
33:25c'est ce que veut
33:25le consommateur aujourd'hui.
33:27Donnons-nous les moyens,
33:28ensemble,
33:28avec tous les acteurs
33:29du territoire,
33:30d'aller vers cette traçabilité
33:32et c'est ce qui sauvera
33:33peut-être
33:34et la France
33:34et l'Europe.
33:35Alors on va passer
33:36à un autre sujet,
33:38tout à l'heure
33:38on évoquait,
33:39vous évoquiez la pétition,
33:40la fameuse pétition
33:41de la loi Duplomb,
33:42plus de 2 millions
33:43de signatures,
33:45ça a été examiné
33:46la semaine dernière
33:47en commission
33:48à l'Assemblée,
33:49comment on examine
33:50une pétition,
33:51quelles sont les étapes,
33:51qu'est-ce qu'on en fait ?
33:52Qu'est-ce que vous allez en faire ?
33:52Alors on a accepté
33:53d'examiner cette pétition,
33:56d'ailleurs si vous voulez
33:56me parler de l'article 2,
33:58il a été rejeté
33:59par le Conseil constitutionnel
34:00mais au-delà de ça,
34:02je vais au-delà.
34:03Ok,
34:03il y a eu donc plus
34:05de 2 millions de signataires
34:06qui se posent la question
34:07de la qualité,
34:09on est bien d'accord,
34:09de nos produits.
34:10Ok,
34:11les mêmes,
34:12je les renvoie,
34:13qu'est-ce qu'ils consomment
34:14matin,
34:15midi et soir ?
34:16La France produit
34:17des produits
34:18avec une traçabilité,
34:20une sécurité alimentaire
34:21et je sais de quoi je parle,
34:22je fais de la volaille
34:23plein air,
34:24circuit court,
34:25donc quelque part
34:26j'aimerais qu'il y ait
34:27cette attention
34:28à chaque achat.
34:29Regardez la betterave,
34:30l'acétamiprine,
34:31bon la betterave,
34:32on a dit ok,
34:33personne n'en veut,
34:34etc.
34:36Sauf qu'aujourd'hui,
34:37l'Allemagne,
34:38notre voisin,
34:39l'Allemagne aujourd'hui
34:40est remontée
34:41dans sa production
34:41de betterave
34:42jusqu'à plus 40%.
34:43Ça veut dire
34:44que le sucre
34:45que mesdames,
34:45messieurs,
34:46vous prenez
34:46dans votre café
34:47ou dans votre yaourt
34:49le matin
34:49vient aujourd'hui
34:50de l'Europe du Nord.
34:52Est-ce qu'à l'inverse,
34:53on ne peut pas se réjure
34:53qu'une partie
34:54de la société civile
34:54finalement s'enquiert
34:55un peu du futur
34:56et de la manière
34:57dont sont fabriqués
34:58nos aliments ?
34:58Deux millions de Français
34:59qui décident
35:00et qui affirment
35:01qu'ils ne souhaitent pas
35:02de pesticides
35:02dans notre alimentation,
35:04on peut le voir aussi
35:04comme quelque chose
35:05d'extrêmement vertueux,
35:06non ?
35:07Alors,
35:08je suis d'accord
35:09puisqu'ils ont signé
35:10donc ils se sont engagés.
35:12Nous,
35:12on s'engage au quotidien
35:13à faire meilleur
35:14à chaque fois.
35:15Pourquoi pas,
35:16justement.
35:17Et cet engagement,
35:19je renverserai la vapeur.
35:21Cet engagement
35:22a été signé
35:23à plus de 2 millions.
35:24Ok,
35:25même pas peur.
35:26Mais c'est l'ensemble
35:27de la France
35:28qui va aujourd'hui
35:29empêcher et freiner
35:31des produits importés
35:33avec des toxines,
35:35avec d'autres produits
35:36qui ne sont pas autorisés
35:38pour les producteurs français.
35:39On est bien d'accord.
35:40Ok,
35:40alors je m'interroge.
35:42Justement,
35:42Jean-Baptiste aussi
35:43vous interrogez,
35:44évidemment.
35:45Je m'interroge,
35:46ça m'agace en fait.
35:47Ce sujet m'agace
35:48parce qu'en fait,
35:50alors pas contre vous,
35:51je n'ai rien contre vous,
35:53mais à un moment donné,
35:55si effectivement,
35:56c'est une bonne chose
35:57qu'il y ait 2 millions de personnes
35:58qui se soucient de ce qu'ils ont
35:59dans les champs,
36:01dans les champs.
36:02Si on les écoute,
36:03il faut se soucier
36:03de ce qu'il y a dans l'assiette.
36:04Donc là,
36:05il faut être dur
36:07et intransigeant
36:08sur dire
36:08ça,
36:09ça ne rentre pas.
36:10Le Nutella
36:10aux noisettes
36:11qui sont traitées,
36:13il n'y a plus de Nutella,
36:14c'est terminé en France.
36:15Les nuggets de telle chaîne,
36:17il n'y a plus de ces nuggets-là.
36:18On va jusqu'au bout.
36:19C'est ces consommateurs
36:21qui vont peut-être
36:21dans le bon sens aussi
36:22pour la qualité des aliments
36:23qu'on mange
36:23par rapport à notre agriculture.
36:25Allons-y jusqu'au bout,
36:26mais bloquons les accès
36:27à ces produits.
36:28Même pas peur
36:29et produisons local
36:30beaucoup plus.
36:31Merci beaucoup,
36:32Madame Lepay.
36:33Je vous propose
36:33de rester encore avec nous
36:35puisque ce qui va suivre
36:35risque de vous intéresser.
36:37Je sais que
36:37vous vous attachez
36:39de grande importance
36:39à la place
36:40et au statut des femmes
36:41dans l'agriculture.
36:43Justement,
36:43on va en parler
36:45de ces femmes
36:45avec la chronique
36:46Very Important de Personne
36:47de Louise L'Espart.
36:53Ma chère Louise,
36:54vous avez décidé
36:55de nous parler
36:56d'une pionnière
36:57qui a été très importante
36:58pour toutes les femmes
36:59dans l'agriculture,
37:01mais aussi pour vous,
37:02je crois.
37:03Exactement.
37:03Aujourd'hui,
37:03je vais vous parler
37:04de Michou Marcus.
37:05Michou,
37:06elle est née en 1931
37:07entre les deux guerres.
37:08Elle a 94 ans aujourd'hui.
37:09Elle est née
37:10dans les Landes,
37:10chez moi.
37:11Et Michou,
37:11c'est un symbole.
37:12C'est le symbole
37:13de la lutte des femmes,
37:14des agricultrices,
37:15plus précisément,
37:15pour avoir le droit
37:16d'exister.
37:17Alors,
37:18je vais vous raconter
37:18cette histoire.
37:19Michou,
37:20elle a eu le certificat
37:21d'études en poche
37:21et puis,
37:22elle a épousé Jean,
37:23un agriculteur.
37:24Et à l'époque,
37:25encore plus qu'aujourd'hui,
37:26quand on épouse
37:26un agriculteur,
37:27on épouse l'agriculture
37:29et même la belle famille
37:29qui va avec.
37:30Puisque,
37:31comme beaucoup de femmes
37:32à l'époque,
37:32Michou,
37:33elle va se retrouver
37:33à cohabiter
37:34pendant 4 ans
37:34avec ses beaux-parents
37:36et toutes les difficultés
37:37qu'on imagine.
37:38Et après 4 ans
37:39de cohabitation,
37:40c'est décidé,
37:41Michou et Jean,
37:41ils prennent leur indépendance,
37:42ils ont leur propre exploitation
37:44et leur propre habitation.
37:46Mais ce qui rend Michou unique,
37:47c'est sa vision
37:48parce que Michou,
37:48tout de suite,
37:49elle croit au collectif.
37:50Donc,
37:50elle va s'investir
37:51dans les jeunesses agricoles catholiques
37:53qui sont des groupes
37:54de jeunes agriculteurs
37:55qui échangent
37:56pour l'agriculture de demain
37:57et puis,
37:57elle va s'investir
37:58pour les femmes.
37:59Elle va intégrer
38:00des groupes de femmes
38:00qui échangent,
38:01qui discutent
38:02pour en fait,
38:03avec un objectif,
38:04exister en tant que tel,
38:05ne plus être juste
38:06la femme d'eux
38:07et puis surtout,
38:08être indépendante
38:09économiquement.
38:10Et alors,
38:11tous ces combats,
38:11ils mèneront Michou
38:12jusqu'à Paris
38:13puisqu'elle travaillera
38:14aux côtés d'une fameuse
38:15Simone Veil
38:16sur la place des femmes
38:17dans notre société
38:18et elle aura même eu
38:19la Légion d'honneur.
38:20Et Michou,
38:21vous la connaissez personnellement ?
38:23Eh oui,
38:23j'ai la chance
38:23de la connaître personnellement
38:25parce que c'est une amie
38:25de ma grand-mère
38:26et elles se sont battues
38:27toutes les deux
38:27pour le droit des femmes
38:28dans les Landes.
38:29Oui, oui.
38:30Et j'ai une petite anecdote
38:31à vous raconter.
38:32C'est il y a cinq ans,
38:33on la voit,
38:33on voit Michou en photo derrière.
38:35Il y a cinq ans,
38:36on a eu une femme
38:37qui a été élue
38:37à la tête de la présidence
38:39de la Chambre d'agriculture
38:40des Landes
38:40et les deux m'ont soufflée
38:42enfin,
38:43enfin une femme
38:43à la tête
38:44d'une instance agricole locale.
38:46Ça veut dire
38:46que ce combat
38:46a porté ses fruits
38:47d'après vous ?
38:48Oui,
38:48ça a porté ses fruits
38:49mais ça a été long,
38:50ça a été très long.
38:51Il a fallu attendre 1986
38:52pour que les femmes
38:53aient le droit
38:54au statut
38:54de chef d'exploitation
38:55et 2019,
38:57donc il y a à peine six ans
38:58pour que les femmes
38:58aient le droit
38:58à des indemnités
38:59de congé maternité
39:00quand elles ne sont pas remplacées
39:02sur leur exploitation.
39:03Voilà,
39:04alors aujourd'hui,
39:04elles sont 103 000,
39:05elles sont 103 000
39:05chefs d'exploitation
39:06qui sont les dignes héritières
39:08de Michou
39:09et qui mettent
39:09toute leur énergie
39:10et leur courage
39:11à faire tourner
39:11les exploitations
39:12et je voulais
39:13leur rendre hommage
39:14aujourd'hui.
39:14Merci beaucoup Louise
39:16pour ce beaucoup
39:16de projecteurs
39:17sur une femme
39:17exceptionnelle
39:18et engagée.
39:19Nicole Lepe,
39:20vous connaissiez
39:21Michou Marcus ?
39:22Alors,
39:22je ne connaissais pas
39:23le nom
39:23mais je pense
39:25à ma maman,
39:25je pense à ma grand-mère
39:26etc.
39:27qui, elles,
39:28se sont battues.
39:30Ma maman,
39:30longtemps,
39:31s'est appelée
39:32MME,
39:33vous voyez,
39:33sur le courrier,
39:35la MME.
39:36Et quand je me suis installée,
39:38d'ailleurs,
39:39je ne me serais jamais installée
39:40en 1990,
39:40sans avoir un statut,
39:42sans avoir une responsabilité
39:43puisque je m'engageais,
39:44je m'engageais au niveau bancaire,
39:46je m'engageais au niveau physique,
39:48déjà sur une exploitation,
39:49au niveau familial,
39:50au niveau social,
39:52avec des salariés
39:52et au niveau sociétal
39:53aujourd'hui.
39:55Donc,
39:55cet engagement,
39:56il a une place,
39:56il a un statut.
39:58Et quand même fois,
39:58Fred,
39:59les agricultrices me racontent
40:01quelqu'un vient à la ferme
40:01et dit,
40:02il est où le patron ?
40:03C'est moi la patronne.
40:04Il y a encore des choses à faire.
40:06Encore maintenant.
40:06Encore maintenant.
40:07Bon,
40:07mais le combat continue en tout cas.
40:09Merci beaucoup Louise,
40:10merci Nicole Lepé.
40:12Et tout de suite,
40:12on va passer à notre deuxième
40:14very important produit.
40:15Et ce produit,
40:22c'est le légume préféré des Français
40:24et c'est la pomme de terre.
40:26Et oui,
40:26est-ce que vous saviez
40:27qu'il en existe
40:28plus de 1000 variétés
40:29partout dans le monde
40:30et quand même 250 répertoriés en France ?
40:33Vous le saviez ça ?
40:34Oui.
40:35Oui, bien sûr qu'il le souhaite.
40:36On va faire un petit tour de table.
40:42J'ai envie que vous nous citiez
40:43le plus rapidement possible
40:45les variétés de pommes de terre
40:46qui vous viennent à l'idée.
40:47Michel ?
40:48La Mona Lisa.
40:49La Mona Lisa,
40:49très jolie.
40:50Amandine,
40:50la gâte à la chérie.
40:52Ah oui,
40:52bah...
40:52Oh,
40:52la mouzant !
40:53La harie,
40:54la harie même.
40:54La harie ?
40:55La harie,
40:55nouvelle variété ronde,
40:56on dirait Golden.
40:57Ah, je la connais.
40:57La grenaille.
40:58La grenaille,
40:59très bonne,
40:59la petite grenaille.
41:00Et puis,
41:00il y a la viclotte aussi,
41:01il y a la binche,
41:02voilà,
41:02pour nos amis du Nord.
41:04Et je vois qu'il y a des amateurs
41:05de patates dans cette émission.
41:09Eh bien, d'ailleurs,
41:09tiens,
41:10la patate,
41:10les Français l'adorent
41:11puisqu'ils en consomment
41:12près de 50 kilos par an.
41:14Alors,
41:14on doit être un peu loin encore
41:15des nos amis belges,
41:16mais quand même,
41:16on se maintient.
41:17C'est un succès incroyable
41:18pour un légume
41:19qui n'est cultivé
41:19que depuis 300 ans en Europe.
41:21Et Fred Morris
41:22nous retrace la genèse
41:23de cette histoire d'amour
41:24entre la patate
41:25et les Français.
41:27Aïe,
41:27persite,
41:28romarin.
41:29Sauté,
41:30vapeur,
41:31opuré,
41:31sarladès,
41:32en frites,
41:33en gratin,
41:33en pâté.
41:34La pomme de terre
41:35est le légume
41:36le plus consommé en France
41:37avec une moyenne
41:38de 50 kilos par an
41:39et par habitant.
41:40C'est beaucoup ?
41:41Juste ce qu'il faut,
41:42mais pas trop.
41:43C'est trois fois moins
41:44qu'au milieu du XXe siècle
41:45où nous en engloutissions
41:46150 kilos chaque année.
41:48Alors,
41:48la France est-elle
41:49le berceau de la patate ?
41:51Pas du tout.
41:52Quand le résultat est là,
41:53effectivement,
41:54on est content.
41:55Des fois,
41:55on est déçu.
41:55Ça peut...
41:56Ça se passe pas toujours
41:58comme on veut.
41:59Et pluchons un peu mieux
42:01cette histoire
42:01qui débute au Pérou
42:02où les conquistadeurs espagnols
42:04ont découvert
42:05ce précieux tubercule
42:06qui se décline
42:07en plus de 5000 variétés.
42:10Ramenée en Europe,
42:11la patate fait un carton,
42:13notamment en Allemagne.
42:14Tiens, on dit
42:14kartoffel
42:16en langue teutonique,
42:17même si ça n'a
42:18aucun rapport.
42:19Mais en France,
42:20rien.
42:20personne ne veut la cultiver.
42:22On se refile la patate chaude
42:24sans jamais la planter.
42:25Alors,
42:25frites,
42:26fricadelles,
42:26voilà,
42:26voilà.
42:27C'est l'ingénieur agronome
42:28Antoine Parmentier
42:29au 18e siècle
42:30qui la rendra populaire
42:32grâce à un stratagème.
42:33Aiguiser la curiosité
42:35des Français
42:35avant d'aiguiser
42:36leur appétit.
42:37Il organise
42:38des tours de garde
42:39autour d'un champ
42:39de patates
42:40comme on surveillerait
42:41un trésor.
42:42Mais il laisse
42:42le champ libre
42:43à la nuit tomber.
42:44Les curieux
42:45volent la récolte
42:45et découvrent
42:46tous les bienfaits
42:47de la pomme de terre
42:47qui prend son nom actuel
42:48à cette époque
42:49car on considère
42:50que c'est là
42:51un fruit de la terre.
42:53Elle acquiert enfin
42:54ses lettres de noblesse
42:55et peut se faire appeler
42:56Madame Patate
42:57pour ce qui est de
42:58Monsieur Patate.
42:59Ça,
43:00c'est une autre histoire.
43:02Et pour continuer
43:04à apprendre plein de choses
43:04sur la pomme de terre,
43:06on accueille
43:06Catherine de Saint-Laurent,
43:08productrice dans le Nord.
43:09Bonjour Catherine.
43:10Merci d'être avec nous
43:11sur le plateau de VIP.
43:13Bien vous.
43:13Vous êtes vous spécialisée
43:14dans la production
43:15de pommes de terre
43:16certifiée agriculture
43:17raisonnée.
43:19Vous travaillez en famille
43:20avec votre mari,
43:21c'est ça ?
43:21Je crois qu'on a
43:22quelques petites photos
43:23d'ailleurs.
43:23Je ne sais pas
43:23si on va pouvoir
43:24les afficher.
43:25Voilà.
43:26Donc ça,
43:27c'est Monsieur de Saint-Laurent,
43:28c'est ça ?
43:29Donc vous cultivez
43:30des pommes de terre
43:30depuis combien de temps ?
43:31Alors la troisième génération
43:33sur nos exploitations agricoles.
43:36Mon mari s'est installé
43:37en 2000
43:38sur une exploitation
43:40d'une cinquantaine d'hectares.
43:42Et moi,
43:42je l'ai rejoint en 2010.
43:44J'ai repris
43:44une exploitation familiale
43:46dans le but
43:47de continuer
43:47à développer
43:48le commerce
43:48de la pomme de terre.
43:50Aujourd'hui,
43:51on cultive
43:51tous les deux
43:52350 hectares.
43:53Ah oui,
43:53pas mal.
43:54Et combien
43:54de variétés
43:55de pommes de terre ?
43:56On en cultive
43:57six variétés
43:58et 60 hectares
43:59de pommes de terre
43:59parce que sur
44:00350 hectares produits,
44:02on a un assolement
44:03quinquennal.
44:04On revient
44:04tous les cinq ans
44:05dans le même champ.
44:05Donc on a aussi
44:06des céréales,
44:07du lin,
44:07des betteraves sucrières
44:08et un peu de colza
44:10et de maïs
44:11dans les champs
44:12où on ne peut
44:13rien mettre d'autre.
44:13Il y a 20 ans,
44:14vous avez fait le choix
44:15de vendre
44:15vos pommes de terre
44:16en direct producteur
44:18sans passer
44:19par des intermédiaires.
44:20Il y a 20 ans,
44:21ça se faisait ?
44:22C'était un peu
44:24précurseur.
44:25En fait,
44:25l'idée est venue
44:25que dans notre village,
44:27il y avait une supérette
44:28dans laquelle il y avait
44:30des pommes de terre
44:30qui venaient de la Marne.
44:32Ah,
44:32ça c'est chez moi !
44:34C'était pas possible.
44:35On va les séparer
44:36les deux là.
44:37C'était pas possible.
44:39Je dois reconnaître.
44:39Et donc,
44:40voilà,
44:41avec beaucoup de bon sens,
44:43c'est juste le bon sens.
44:45Je dis au directeur du magasin
44:46« mais ça vous gêne pas
44:47de vendre des pommes de terre
44:48qui ont fait autant de kilomètres
44:48alors que mon champ
44:49est juste en face ? »
44:51Et il me dit
44:52« mais amène-moi
44:53ta marchandise ».
44:54Et là,
44:54l'idée culmine
44:56et on se dit
44:57« bon allez,
44:57on va faire une petite étude
44:59quand même
44:59auprès des magasins locaux ».
45:01Il y avait moyen
45:01de faire une place
45:03auprès de la grande distribution.
45:06Justement,
45:06j'aimerais qu'on en parle.
45:07Elle est là.
45:08Voilà,
45:09en tout cas,
45:09il incarne
45:10d'une certaine manière
45:11la grande distribution.
45:12Les circuits courts,
45:13la pomme de terre locale.
45:14C'est génial ce qu'elle a fait.
45:15C'est génial.
45:15Après,
45:16la pomme de terre,
45:17c'est vrai qu'il en existe
45:18des milliers de variétés.
45:21Dans un supermarché,
45:22on en compte une dizaine.
45:24Allez,
45:24entre 8 et 10
45:25parce qu'il y a
45:25chaque pomme de terre
45:26à son usage.
45:27On en parlera.
45:29Mais c'est vrai que
45:30c'est un produit
45:31qui est presque
45:32le produit phare
45:34d'un rayon fruits et légumes
45:35aujourd'hui,
45:36quel que soit l'endroit
45:37dans la France.
45:37Alors,
45:38c'est vrai que dans le Nord,
45:38on consomme beaucoup plus
45:39de pommes de terre
45:40parce qu'on a cette culture
45:41de la base.
45:43Rien que la frite,
45:44déjà,
45:44je pense qu'une grande partie
45:46des patates
45:46passe dans la frite.
45:47Mais non,
45:48en supermarché,
45:49oui,
45:49c'est un produit
45:49extrêmement important
45:50du rayon fruits et légumes.
45:51Et puis Catherine,
45:52vous faites tout
45:52en vente direct,
45:53mais c'est souvent
45:54érigé comme la solution idéale,
45:56mais c'est beaucoup
45:56de boulot supplémentaire
45:57quand même.
45:58C'est vrai,
45:58c'est vrai,
45:58c'est vrai.
45:59Du coup,
45:59on a investi,
46:01ce qu'on a rien sans rien,
46:03notre métier a évolué.
46:04On n'est pas que producteur,
46:05on est aussi producteur-vendeur.
46:06On a une relation
46:07avec des magasins
46:09avec lesquels
46:09on n'a pas de contrat.
46:11On est sur un marché
46:12complètement libre,
46:13ce qui nous plaît aussi
46:14parce qu'on aime
46:15cette liberté.
46:17On négocie les prix,
46:18c'est presque à la journée
46:19ou voire la semaine
46:20quand il y a des promotions
46:21de prévues.
46:22On joue le jeu
46:23sur l'année.
46:25On s'engage,
46:26nous,
46:26à produire des variétés
46:27qui plaisent
46:28aux consommateurs.
46:29Il y a aussi un changement
46:29de stratégie de production.
46:31On peut suivre la mode,
46:31effectivement.
46:32Mais en parlant de prix,
46:33on a abordé,
46:34on en parlait avec Antoine,
46:35comme on lise tout à l'heure,
46:35surproduction.
46:37C'est vrai, ça ?
46:37C'est la crise de la population
46:38quand même.
46:38On a très, très bien produit.
46:40Les industriels, d'ailleurs,
46:41aussi ont été extrêmement demandeurs
46:43pour notamment
46:44transformer en frites fraîches.
46:45Oui.
46:46Connu un boom extraordinaire
46:47l'année dernière.
46:48Et là, du coup,
46:48on est dans une phase
46:49de surproduction
46:50avec des prix qui s'effondrent.
46:51Comment vous vivez ça
46:52au quotidien ?
46:53En fait,
46:53on sort de trois années
46:56extraordinaires,
46:58on peut le dire comme ça,
46:59avec des appels aussi
47:01des industriels
47:01sur le fait de produire plus
47:03parce que
47:03nouvelles usines,
47:05parce que...
47:05Ça va dans le Nord.
47:06Exactement.
47:06Ils ont eu des nouvelles usines.
47:07Et parce qu'il y a eu
47:08des marchés émergents aussi
47:09qui ont fait que les industriels
47:11vous ont demandé plus.
47:12C'est ça.
47:12Sauf qu'avec les nouvelles taxes
47:14de notre ami M. Trump,
47:17ça a basculé
47:18et du coup,
47:18il y a surproduction.
47:19Alors, nous,
47:20on n'est pas directement impactés
47:21par ce cours,
47:23même si en grande distribution,
47:25on ne peut pas être
47:26complètement déconnecté
47:27de la réalité.
47:30Un producteur de pommes de terre
47:31classique, entre guillemets,
47:33va produire pour un industriel
47:34avec un contrat.
47:35Il a un prix de contrat
47:36qui a été défini aujourd'hui
47:37entre 150 et 180 euros la tonne.
47:40S'il engage plus de 30 ou 40 tonnes hectares
47:43et qu'il en récolte 70,
47:45qui est le cas de cette année,
47:46il faut bien qu'il écoule
47:47le reste de sa production,
47:48qui aujourd'hui n'est pas contractualisé.
47:50Et c'est ce qui fait
47:51que le marché est engorgé.
47:53Parce qu'ils se disent
47:54mais en fait,
47:54ce n'est pas vendu
47:55et le prix du libre,
47:56complètement libre,
47:57c'est 15 euros la tonne.
47:58Mais c'est pour ça qu'aujourd'hui,
47:59la grande distribution
48:01fait des mises en avance,
48:02ce qu'on appelle des mises en avance
48:04sur la pomme de terre
48:04très, très régulièrement.
48:06J'ai vu encore la semaine dernière
48:07le kilo de pommes de terre
48:08à 30 centimes.
48:10À 30 centimes ?
48:11Alors je ne suis pas sûre
48:12qu'à 30 centimes.
48:13Vous ne gagnez pas votre vie
48:13à 30 centimes.
48:14Alors, si je le prends au jour J
48:17et que je calcule,
48:18je vais vous dire
48:19non, c'est limite.
48:20Mais moi, je ne peux pas
48:21raisonner comme ça.
48:22D'abord, on a une installation
48:23qui est amortie.
48:24Ça fait 23 ans qu'on fait ça.
48:26On a une relation avec les magasins
48:28qui est plus qu'annuelle.
48:29On est présent dans les magasins.
48:31On va expliquer aux consommateurs
48:32que c'est bien nous qui produisons.
48:33Ça ne sort pas d'une usine.
48:34Ça sort d'une ferme
48:36avec des gens,
48:38des salariés,
48:39une équipe.
48:40Ça donne un sens autre
48:42au produit.
48:43Catherine,
48:44est-ce que vous commercialisez
48:46des pommes de terre terreuses ?
48:48Vous allez comprendre
48:48pourquoi je vous pose
48:49la question dans un instant.
48:50Oui.
48:50Non laver.
48:52Oui.
48:52En fait, on a deux chaînes.
48:53On a une chaîne de lavage
48:55et une chaîne de brossage.
48:57Et en fait,
48:57on travaille pour
48:58un gros faiseur
48:59de fruits et légumes français
49:01qui est bien développé
49:02sur Paris.
49:03Et lui,
49:03il ne veut que de la binge brossée.
49:04et il a raison.
49:06Donc non laver.
49:07Donc non laver.
49:07Non laver, c'est ça.
49:08Et justement,
49:09ça tombe bien
49:09parce que c'est le retour
49:10du biéroscope de Michel Biraud
49:11qui va nous expliquer
49:12pourquoi les consommateurs
49:15boudent ces pommes de terre
49:16pleines de terre
49:17alors que c'est l'origine,
49:19c'est la vie.
49:19C'est ça qui fait sens,
49:20n'est-ce pas Michel ?
49:21Évidemment.
49:22Évidemment.
49:22Alors déjà,
49:23je vais vous rappeler une évidence
49:24et on l'a vu dans le reportage.
49:26La patate, Fred,
49:28ça ne pousse pas dans les arbres.
49:30Mais non.
49:30Ah non ?
49:31Ça pousse dans la terre.
49:32C'est d'ailleurs pour ça
49:33qu'on l'a appelée
49:34la pomme de terre.
49:35Incroyable.
49:36Et malheureusement,
49:36quand on voit,
49:37enfin certains consommateurs,
49:38quand ils voient un peu de terre
49:39autour d'une pomme de terre
49:40dans les étals,
49:42c'est panique générale.
49:43Et donc,
49:44en 1990,
49:45et ce n'est pas si vieux que ça,
49:46on a inventé
49:47la pomme de terre lavée.
49:48Il y a deux raisons.
49:49La première,
49:50c'est parce que les consommateurs
49:51veulent toujours des produits
49:52brillants,
49:53bien propres,
49:54lustrés.
49:55Et la deuxième raison,
49:56c'est parce que les distributeurs,
49:58on avait un peu assez
49:59d'avoir de la terre
50:00sur les tapis de caisse
50:01et ça abîmait les tapis de caisse.
50:02Donc,
50:03on a commencé à laver
50:04les pommes de terre.
50:05Alors,
50:05les producteurs
50:07récoltent la pomme de terre
50:09et pour la conserver,
50:10on va la refroidir
50:11dans des immenses frigos
50:13pour la conserver
50:14pendant plusieurs mois.
50:16Et une fois
50:16qu'on va les sortir
50:18de ces frigos,
50:19pour les mettre
50:19sur le marché,
50:21on va les laver
50:21à grand dos.
50:23Et donc,
50:23on consomme énormément
50:24d'énergie,
50:25on consomme énormément
50:26d'eau
50:27et une pomme de terre lavée,
50:28il faut le préciser aussi,
50:29va germer
50:30beaucoup plus vite
50:31qu'une pomme de terre terreuse.
50:33Donc,
50:34la pomme de terre terreuse,
50:35elle gère moins vite,
50:36elle se conserve
50:37beaucoup plus longtemps
50:38et elle consomme
50:39beaucoup moins d'énergie.
50:40C'est vrai.
50:40Donc,
50:40c'est quand même mieux
50:41pour la planète
50:42et c'est mieux
50:42pour les producteurs.
50:43d'ailleurs,
50:44quand je travaillais
50:45dans la grande industrie,
50:45on avait lancé
50:46avec des collègues à vous
50:48de la pomme de terre équitable,
50:50issue de l'agriculture régénératrice
50:52et il fallait une variété
50:53qu'on ne pouvait pas laver.
50:56Résultat,
50:56on jetait plus de 30%
50:57dans les magasins.
50:58C'était une catastrophe.
50:59Donc,
51:00un petit conseil
51:00aux téléspectateurs,
51:02la pomme de terre,
51:03de toute façon,
51:04dans beaucoup de cas,
51:05on la lave à la maison,
51:06voire même on l'épluche.
51:08Donc,
51:08achetez-la
51:09avec un peu de terre,
51:10c'est pas grave.
51:10Bien d'accord.
51:11Et puis,
51:11la pomme de terre germée
51:12que vous évoquiez tout à l'heure,
51:13le grand chef Marc Vérat,
51:14vous savez ce qu'il en fait, lui ?
51:15Il en fait de la purée.
51:16Il dit que c'est la meilleure purée
51:18au monde,
51:18cette pomme de terre germée.
51:20On le salue,
51:20notre ami Marc.
51:21Merci beaucoup,
51:22Michel.
51:22Et puis,
51:22puisqu'on parle de patates,
51:23on peut aussi parler
51:24de la façon dont on va les cuisiner.
51:26Alors,
51:26vous êtes plutôt à l'eau,
51:27en salade,
51:28en gratin.
51:29Des frites.
51:29Frites,
51:30bah oui,
51:30des frites,
51:31des frites,
51:31des frites.
51:31Quelle surprise !
51:34C'est la bonne variété
51:36pour les frites.
51:37C'est les binches,
51:38non ?
51:39On va dire la binche.
51:39Nous,
51:40on produit aussi l'artémis.
51:41On produit de la binche,
51:42mais l'artémis et la mélodie,
51:44c'est des très très bonnes variétés.
51:45Vous cherchez toujours des nouvelles variétés
51:46pour améliorer encore la frite.
51:48En fait,
51:48c'est pas tant pour améliorer la frite,
51:50c'est aussi des variétés
51:50qui vont nous permettre
51:51d'avoir un gros calibre.
51:52Parce qu'on mange pas des frites comme ça,
51:54on veut des longues frites,
51:54on mange avec les doigts.
51:55Michel,
51:55il travaille avec des obtenteurs de plants,
51:57des gens qui vont développer
51:58des plants spécifiques
52:04de 4-5 centimètres
52:05pour faire la frite.
52:06Ça ne marche pas.
52:07Donc il faut des grosses.
52:08Il faut des gros calibres.
52:09Des grosses qui ont du goût.
52:10Pas des grosses qui partent pour l'industrie.
52:12Des grosses qui ont du goût.
52:13Donc voilà.
52:14Allez,
52:14ça tombe bien
52:15parce qu'on va aller voir
52:15dans les cuisines d'un grand chef
52:17comment on prépare,
52:18non pas les frites,
52:19mais le gratin.
52:19Oui,
52:20le fameux gratin dauphinois.
52:22Le meilleur,
52:23bien évidemment.
52:24Regardez.
52:29Bonjour,
52:29bienvenue chez le Pergra,
52:30bienvenue en Isère.
52:32Aujourd'hui,
52:32on va préparer
52:33une recette internationalement connue,
52:36mais qui est de chez nous,
52:37le gratin dauphinois.
52:39Au menu aujourd'hui,
52:40la véritable recette
52:41du gratin dauphinois
52:42que le chef Laurent Gras
52:44connaît par cœur.
52:45Elle lui a été transmise
52:46par ses aïeuls,
52:48restaurateurs
52:48depuis 5 générations
52:49à Grenoble.
52:52En se levant
52:52encore enfant,
52:53un peu tard,
52:54on avait les odeurs
52:55du gratin
52:56qui mijotait
52:56dans le four
52:57et avec l'ail,
52:58le lait,
52:59la crème
52:59et la pomme de terre
53:00qui sont en train de cuire.
53:01Je crois que je pourrais
53:02reconnaître l'odeur
53:03du gratin dauphinois
53:04de partout
53:05en passant dans une rue.
53:06J'ai les redards
53:06qui sont en éveil.
53:09Le chef épluche d'abord,
53:10évidemment,
53:11les pommes de terre.
53:12Il a choisi
53:13la variété Agatha.
53:14Tout à l'heure,
53:14on a parlé
53:15de quand est-ce que
53:16j'ai commencé
53:17mon premier gratin.
53:18C'est d'abord
53:18quand est-ce que
53:19j'ai commencé
53:20à éplucher
53:20mes produits
53:21de pommes de terre
53:22parce qu'on commence
53:23à apprendre par ça.
53:24Il les coupe en tranches.
53:25On les tranches
53:26pas trop fines
53:27parce qu'il faut garder
53:29un petit peu
53:30de consistance
53:30après cuisson.
53:32Mais le succès
53:33de sa recette
53:34tient aussi
53:34à un outil
53:35primordial.
53:36Le plat
53:37a une très grande importance.
53:38Là,
53:38on va travailler
53:39sur un plat
53:39qui est en fonte
53:40qui va répondre
53:42à une chaleur
53:42uniforme dans le four
53:43et qui va amener
53:44un appoint de cuisson
53:46autre qu'un plat
53:47en inox
53:47ou qu'un plat
53:48en pyrex.
53:49Donc ça,
53:49je vous conseille
53:49fortement
53:50le plat en fonte.
53:51Laurent hache de l'ail
53:53place son plat
53:54en fonte
53:55sur une plaque
53:55de cuisson chaude,
53:56verse le lait
53:57puis la crème fraîche.
53:59Et on va s'arrêter
54:00juste en dessous
54:01de la moitié
54:02de la hauteur du plat.
54:04Il dépose l'ail,
54:05le sel et le poivre
54:06dans le mélange.
54:07On attend
54:07que notre liquide
54:08soit à frémissement.
54:09Donc le mélange
54:10lait, crème,
54:11ail, sel, poivre
54:12est en train de chauffer.
54:13On voit que ça
54:14commence à fumer.
54:15On attend quelques minutes
54:16et ensuite,
54:16on va mettre
54:17nos pommes de terre
54:18en immersion à l'intérieur.
54:19Maintenant,
54:20on laisse reprendre
54:20l'ébullition.
54:21C'est-à-dire qu'il faut
54:22toujours travailler
54:22avec un liquide chaud
54:23pour des histoires
54:24de transfert d'amidon.
54:25Ensuite,
54:25on va recouvrir
54:26de notre crème fraîche.
54:28Donc on va ramener
54:29une touche de matière grasse
54:30dessus
54:31et on va mettre
54:33quelques parcelles
54:33de beurre également
54:34sur le dessus
54:35pour la couleur
54:37et la saveur.
54:39Il enfourne ensuite
54:40le plat
54:40dans un four chaud
54:41à 180 degrés
54:42pendant une vingtaine
54:43de minutes
54:43puis à 140 degrés
54:45pour 10 à 15 minutes
54:47supplémentaires.
54:48Et voilà,
54:49une recette très simple
54:50et la garantie
54:51d'un plat bien réconfortant
54:53pour l'arrivée
54:54des premiers froids.
54:54Et bien voilà
54:58une recette
54:59qui devrait nous ouvrir
55:00l'appétit
55:00en tout cas sur le plateau.
55:01On sait ce qu'on va faire
55:01ce soir.
55:02Du gratin dauphinois.
55:04Exactement.
55:05Et c'est déjà la fin
55:06de notre premier numéro
55:07de VIP
55:08Very Important Paysans.
55:10Merci à vous Catherine
55:11et à tous nos invités
55:12qui sont passés
55:12nous voir sur ce plateau.
55:14Merci à mes very importants
55:15partenaires
55:16pour ces échanges.
55:17Et puis on peut dire
55:18que notre agriculture française
55:19n'a pas fini
55:20de nous surprendre.
55:21Quant à nous,
55:21on se retrouve dans 15 jours
55:22à la même heure
55:23pour un nouveau numéro.
55:24Et d'ici là,
55:25vous pouvez nous retrouver
55:25en replay
55:26et sur les réseaux de LCP.
55:27À très bientôt.
55:28Au revoir.
55:28Sous-titrage Société Radio-Canada
55:34Sous-titrage Société Radio-Canada
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