Skip to playerSkip to main content
  • 2 hours ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Générique
00:00Bienvenue à tous dans ce nouveau numéro de A l'Affiche.
00:14Générique
00:15Un panorama de Paris Photo 2025 sous la verrière du Grand Palais, rendez-vous phare de la photographie du 19e siècle à l'ère digitale
00:25et un tour du monde du médium en 33 pays, la directrice de Paris Photo, Florence Bourgeois, est à nos côtés.
00:38Immersion dans la vie des femmes en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans, une vie d'enfermement.
00:42La metteuse en scène Caroline Gillet est notre invitée pour présenter la pièce Kaboul, une chambre à soie au Théâtre de la Ville à Paris.
00:50Bonjour à toutes les deux.
00:52Bonjour.
00:52Et merci donc d'être avec nous pour ces deux événements parisiens du moment.
00:57Je commence avec vous Florence Bourgeois, pas mal de nouveautés pour cette 28e édition de Paris Photo
01:04avec une ouverture plus grande vers l'international, des galeries venues d'Inde, d'Arabie Saoudite
01:09et un ressort en force des galeries japonaises.
01:12Oui absolument, nous avons vocation à représenter la scène internationale à Paris Photo.
01:18Nous avons cette année 178 galeries qui viennent de 33 pays et 42 éditeurs.
01:25Et combien de visiteurs sont attendus ?
01:27Nous avons eu l'année dernière 81 000 visiteurs en 5 jours, donc on peut estimer que ce sera de cet ordre-là.
01:33La foire a déjà commencé avec beaucoup d'énergie et d'entrain.
01:37On sent un intérêt important.
01:40Oui, c'est énorme.
01:41Dans le même moment que Paris Photo se tient le festival d'automne à Paris,
01:45on peut expérimenter la vie d'une jeune femme afghane sous le régime des talibans dans votre pièce,
01:50Kaboul, une chambre à assoir au théâtre de la ville.
01:54Expliquez-nous le dispositif, Caroline Gillet.
01:56L'idée, c'était de permettre à un spectateur ou une spectatrice de rentrer dans une pièce qui ressemblerait à un salon afghan.
02:03Donc l'artiste Koubra Academy avec laquelle on travaille a fabriqué des coussins.
02:09On a mis au sol des tapis sur les murs.
02:12Elle a fait des peintures.
02:13Et puis par les fenêtres, on voit des vidéos qui ont été tournées par des artistes afghans qui sont anonymes,
02:18puisque évidemment, tourner des films là-bas aujourd'hui est très dangereux.
02:21Et donc on rentre et on entend l'histoire d'une jeune fille qui parle de ce que ça a été l'arrivée des talibans en 2021, en août 2021.
02:29Et elle parle des mois qui ont suivi.
02:31Et on essaie de faire ressentir un petit peu comment les choses peuvent se resserrer
02:35et comment on peut se faire l'écho de l'enfermement des femmes là-bas.
02:40Justement, regardez, on écoute Koubra Academy, artiste afghane en exil,
02:44qui, vous le disiez, a collaboré à la pièce, nous parler de ses influences.
02:47J'ai été profondément inspirée par une figure très importante de la poésie et de la littérature persane du 10e siècle,
02:57Rabia Balhi.
02:59Elle est née dans le nord de l'actuel Afghanistan et était une grande peintre, poétesse, archère et cavalière.
03:05Son frère l'a assassinée parce que ses poèmes étaient, à son époque, devenus extrêmement importants dans toute la région.
03:18L'un de ses poèmes, que j'ai utilisé sur des pièces de céramique,
03:21m'a permis de relier la figure de Rabia Balhi aux jeunes femmes d'aujourd'hui qui résistent en Afghanistan
03:27grâce à l'art, à l'activisme ou par tout autre moyen.
03:33C'était une manière de tisser leur histoire des siècles passés jusqu'à aujourd'hui.
03:40Et sur la table dressée, des pièces de céramique réalisées par Koubra Academy
03:44où l'on reconnaît ces images de femmes libres et nues.
03:47En bout de table, il y aura une comédienne afghane qui ne dira pas un mot et ne bougera pas.
03:52Et cet audio qui fait un récit.
03:54Quel récit exactement, Caroline Gillet ?
03:56Eh bien, ce récit, il a été enregistré par des jeunes filles qui m'ont envoyé des notes vocales
04:00à partir de l'arrivée des talibans.
04:02Elles ont eu ce courage-là.
04:03Koubra parlait de ça, de la résistance des femmes en Afghanistan.
04:07Elles en font partie, ces jeunes femmes de 23 et 25 ans à l'époque
04:10qui ont commencé à me livrer des enregistrements du quotidien,
04:15enregistrer les ambiances, du checkpoint, le point militaire qui venait de s'installer sous leurs fenêtres
04:20et qu'elles pouvaient entendre crier des slogans religieux le matin
04:25ou enregistrer peut-être le son, par exemple, du moment où elle a dû enlever les cordes de sa guitare
04:31pour ensuite cacher son instrument, sachant que les instruments sont désormais interdits.
04:35Donc voilà, on entend cette jeune femme qui est restée là pendant deux ans après l'arrivée des talibans,
04:41qui raconte comment les choses ont pu se refermer pour elle et pour ses sœurs,
04:44puisqu'elle a plusieurs sœurs plus jeunes qui ont dû arrêter d'aller à l'école, comme on sait.
04:50Retour à Paris Photo avec vous, Florence.
04:53On parlait à l'instant d'identité, d'invisibilité.
04:58On va prendre le contre-pied parce que la place des femmes est en nette progression dans la foire.
05:03Et parmi les 1385 artistes exposés cette année, il y a de nombreuses femmes,
05:11une progression qui doit beaucoup au parcours LX Paris Photo.
05:15Vous nous en dites quelques mots ?
05:17Oui, absolument. On est très fiers de ce partenariat qu'on a noué avec le ministère de la Culture
05:21et créé en 2018, puisqu'on a fait le constat à l'époque
05:25que seulement 20% des artistes représentés sur la foire étaient des femmes
05:29et que c'était tout à fait insuffisant, nous avons décidé chaque année de nommer une commissaire
05:35qui va définir un parcours sur la foire, choisir un certain nombre de photographies
05:41et puis avoir une conversation dans l'auditorium.
05:45Nous avons également une publication dédiée aux femmes.
05:48Et grâce à ce programme LX Paris Photo, le pourcentage de femmes représentées sur la foire
05:55a donc augmenté d'année en année pour atteindre 39% cette année.
05:58Donc on n'est pas encore tout à fait à la parité, mais on s'en approche.
06:01On y travaille.
06:03Coup de cœur de notre équipe, l'exposition consacrée à la collection de la new-yorkaise Estrelita Brodsky,
06:10originaire d'Amérique latine.
06:12On compte une soixantaine d'œuvres des années 40 à aujourd'hui.
06:15C'est un autre temps fort cette année.
06:17Oui, absolument. Et c'est une richesse de Paris Photo
06:20qu'aussi de dédier une partie de ces espaces à de la programmation.
06:25Et donc là, on sort de la partie marchande de la foire.
06:29Estrelita Brodsky, qui est une très grande collectionneuse d'art contemporain,
06:33mais aussi de photographie, nous fait le plaisir de présenter une partie de ces pièces.
06:39Ça montre aussi à quel point la photographie peut sortir du cadre,
06:44évoluer vers l'image.
06:45Il y a également des vidéos, des installations dans cet espace qui lui est dédié.
06:51Caroline Gillet, de votre côté, avec cette installation immersive.
06:56Avant cette installation, il y a eu un podcast, puis une série animée.
07:02Pourquoi avoir choisi finalement cette forme artistique désormais
07:05pour parler de l'intimité des femmes afghanes ?
07:08Je pense que j'avais envie qu'on puisse se retrouver tous ensemble dans un même espace
07:13et vivre une expérience collective,
07:14qu'on puisse aussi peut-être, à la suite de cette expérience, échanger, discuter.
07:21C'est assez étonnant comme expérience, parce qu'on va se retrouver face à des personnes inconnues
07:26qui sont de l'autre côté de la pièce et qui vivent cette expérience avec nous.
07:30On se regarde, il y a des choses qui se passent, je pense,
07:33parce qu'on traverse cette heure ensemble.
07:37Et je pense qu'on a créé aussi un son spatialisé,
07:40donc on entend des choses qui viennent des fenêtres.
07:43On a beaucoup travaillé avec à la fois le son qu'on avait reçu originellement,
07:47et ça, ça a été super intéressant pour moi.
07:50Moi, je travaille à la radio, mais c'est la première fois que je crée un son immersif,
07:54donc qui est tridimensionnel.
07:56Il y a 12 enceintes qui sont installées tout autour de la boîte.
08:00Et donc, on a demandé aussi à des jeunes filles là-bas, en Afghanistan,
08:03aujourd'hui, de nous envoyer encore des ambiances, des nouvelles ambiances,
08:06pour continuer à enrichir cette collection et donner ces sensations
08:09de recréer un peu l'Afghanistan ici à Paris.
08:12Il y a aussi des jeunes filles qui sont réfugiées afghanes ici à Paris
08:15et qui nous ont rejoints pour enregistrer des chants qu'on entend aussi dans la pièce.
08:20Donc, on aimait beaucoup cette idée d'à la fois de réunir les voix de Koubra Académie,
08:26qui est une artiste, qui est peintre, performeuse, de Ra,
08:32qui témoigne et qui est une jeune fille beaucoup plus jeune.
08:35Et puis, les vidéastes afghans qui sont clandestins,
08:38qui témoignent directement depuis là-bas.
08:40Et ces jeunes filles qui sont ici et qui chantent pour nous.
08:43Donc, on raconte à travers toutes ces voix l'Afghanistan et aussi la résistance,
08:50que ce soit là-bas ou ici.
08:52Une résistance artistique, évidemment, parce que toutes ces femmes
08:56et toutes les personnes qui contribuent à cette pièce prennent des risques, évidemment.
08:59Voilà. Effectivement, les personnes qui ont, par exemple, fait les vidéos,
09:04moi, je n'ai jamais été en lien avec elles. Je ne connais même pas leur nom.
09:08Ça a été très compliqué de recevoir ces fichiers.
09:10Il a fallu prendre, évidemment, énormément de précautions.
09:14Et c'est spectaculaire de se dire que, voilà, que là-bas, en tout cas,
09:17ces risques semblent importants et qu'ils sont prêts à les prendre pour qu'on continue aussi à parler de ce qui se passe là-bas.
09:23Et c'est là où je suis heureuse que ce projet existe, sous une autre forme, pour qu'on continue à...
09:28Qu'on ne les oublie pas. Je pense que c'est ça qui est le plus dur pour eux et elles.
09:32Et encore plus pour les femmes, évidemment, de se dire que, voilà,
09:35peut-être que l'actualité est très riche et qu'on finit peut-être par oublier ce qui se passe là-bas
09:40et que le pays s'enfonce de plus en plus, voilà, dans une situation de crise.
09:45Merci infiniment. Florence Bourgeois, peut-être le mot de la fin.
09:49Vous, qu'est-ce qui vous attire le plus cette année dans Paris Photo ?
09:53Nous, ce qui nous anime, c'est de faire découvrir à nos visiteurs
09:56de la photographie historique jusqu'à la photographie contemporaine,
10:00y compris sur un secteur digital que nous avons créé il y a trois ans.
10:04C'est une chance unique de pouvoir partager l'expertise des galeristes,
10:10de pouvoir discuter avec eux et d'apprendre.
10:15On ressort toujours plus riche de cette fois de toutes les images qu'on a pu voir
10:19et des échanges qu'on a pu nouer.
10:21Merci infiniment, Florence Bourgeois.
10:23Je sais que c'est un gros week-end pour vous et évidemment pour vous aussi, Caroline Villet.
10:29Merci à toutes les deux. Bonne continuation.
10:31Donc jusqu'au 19 novembre, Kaboul, une chambre à soie au Théâtre de la Ville à Paris.
10:36Et Paris Photo continue jusqu'à dimanche.
10:39On se quitte d'ailleurs avec l'hommage rendu à la photographe française Sophie Ristel-Luebet,
10:47qui vient de recevoir le prestigieux prix Hasselblad, l'équivalent du Nobel en photographie.
10:53Une installation monumentale de plus de 40 mètres rassemble 60 tirages sur près de cinq décennies.
10:58Cette frise réunit ses images les plus emblématiques pour documenter les traces laissées par les guerres et l'histoire.
11:03L'information continue sur France 24 et tous nos réseaux sociaux.
11:07Je vous dis à très vite. Merci.
11:33Sous-titrage Société Radio-Canada
Be the first to comment
Add your comment

Recommended