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  • il y a 2 jours

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00:00Et ce matin, on commémore les 10 ans du 13 novembre 2015, les 10 ans des attentats de Paris et Saint-Denis,
00:05qui ont fait 132 morts, dont 90, au Bataclan pendant un concert du groupe Eagle of Death Metal.
00:11Margot, notre invitée ce matin, est un marnet rescapé de la tuerie dans la salle de spectacle.
00:15Bonjour Jérôme Barthélémy.
00:16Bonjour.
00:17Merci d'accepter de témoigner ce matin.
00:20Je précise que nous n'allons pas revenir avec vous sur la nuit du 13 novembre,
00:24ni sur les dernières actualités qui sont liées aux attentats,
00:27mais sur vous, votre reconstruction, comment est-ce que vous allez 10 ans après ?
00:32Ça va plutôt bien.
00:36Le temps est passé assez vite quand même.
00:39Il y a des périodes où ça allait un peu moins bien, ça m'a amené quand même des angoisses,
00:43mais en général, ces 10 années se sont plutôt bien passées, ils se sont passés rapidement.
00:48Parce que vous n'avez pas été blessé physiquement, est-ce que vous avez encore des séquelles psychologiques par exemple ?
00:54Oui, ça m'a quand même amené, mais pas tout de suite, plutôt 2-3 ans après.
00:59Ça m'a amené quand même des angoisses un peu indirectes.
01:03Je ne repense pas tous les jours à la scène, comment ça s'est passé,
01:07mais je peux être peut-être beaucoup plus angoissé pour autre chose dans ma vie personnelle.
01:12Peut-être que c'est dû au Bataclan.
01:14Ça laisse forcément des traces, qu'on a peut-être du mal à visualiser, à concrétiser, mais ça laisse des traces.
01:23Mais après, je n'ai pas été blessé physiquement, tout s'est quand même bien passé, j'ai quand même eu beaucoup de chance.
01:30Après le 13 novembre, vous avez décidé de vous couper de tout ce qui a un lien avec les attentats.
01:36Vous avez par exemple choisi de ne pas aller au procès.
01:39Est-ce que cette coupure, elle vous a aussi permis d'avancer ?
01:43Je pense, oui, c'est vrai que je n'ai pas du tout, n'étant pas sur Paris, je suis rentré chez moi,
01:48je me suis dit que je suis vivant, je ne suis pas blessé.
01:51Je ne voulais pas un peu cultiver, comme il y a tellement d'autres cas, tellement d'histoires,
01:56beaucoup plus graves, les gens qui sont restés toute la nuit, les otages, etc.
02:00Je me suis dit que j'ai eu beaucoup de chance, je ne suis pas blessé, tout se passe bien.
02:03L'indemnisation, je n'ai pas eu de problème administratif.
02:06J'ai voulu passer à autre chose rapidement, alors je n'aurais peut-être pas dû le faire aussi radicalement, je ne sais pas.
02:14Mais après, je n'habitais pas à Paris, je n'ai pas voulu rencontrer d'autres survivants, etc.
02:19J'ai coupé, oui.
02:21Et vous avez quand même accepté de témoigner aujourd'hui, pour les dix ans ?
02:25Oui, parce que je trouve que c'est important.
02:27Et puis peut-être qu'après, on va quand même, j'espère pas, mais on va sans doute moins en parler, à mon avis.
02:33Et puis dix ans, c'est tellement...
02:34Et puis je me demandais toujours, dans dix ans, quand c'est arrivé, dans dix ans, où est-ce que je serais ?
02:39Et maintenant que vous y êtes ?
02:41Oui, je suis content.
02:43Après, la vie, elle reprend un peu son...
02:46On n'y pense pas tous les jours, on y pense.
02:49Mais la vie, elle reprend un peu ses droits.
02:51Puis voilà, on est content d'être vivant, puis pas d'être blessé.
02:56Puis on pense à tous ceux qui sont partis.
02:59C'est aussi pour eux que vous voulez témoigner aujourd'hui ?
03:01Oui, bien sûr, c'est pour eux.
03:02C'est un peu un devoir de mémoire pour leur rendre hommage aux familles qui ont perdu leurs enfants, leurs parents, leurs femmes, leurs maris, etc.
03:12Est-ce qu'au quotidien, c'est un sujet que vous abordez avec vos proches ?
03:17Non, pas plus que ça.
03:18Ça m'arrive, mais pas plus.
03:20Les gens ne m'en parlent pas plus que ça.
03:22Peut-être qu'ils n'osent pas.
03:24Ou à l'inverse, tout est un peu...
03:28Enfin, ou à l'inverse, je suis peut-être trop rattaché au Bataclan aussi.
03:33C'est peut-être un petit peu embêtant aussi dans ce sens-là.
03:36Mais non, je n'essaie de pas en parler plus que ça.
03:39J'essaie d'oublier.
03:42Enfin, moi, personnellement, je n'oublie pas, mais je ne cultive pas ça.
03:45Alors, ces derniers jours, les attentats, forcément, ont été omniprésents dans la presse, sur les réseaux sociaux, à l'approche des 10 ans du 13 novembre.
03:54Comment est-ce que vous avez géré tout ça ?
03:56En fait, c'est un peu douloureux, parce qu'on est obligé, là, je suis venu en voiture ce matin, on ne peut pas y couper.
04:02Donc, on est obligé de se replonger dedans.
04:05Donc, ce n'est pas un moment spécialement agréable, en fait.
04:11On ne peut pas...
04:12Donc, c'est impossible, finalement, de se couper, complètement ?
04:15Oui, aujourd'hui, c'est particulier, parce que c'est 10 ans après les mois ou les années d'avance, on pouvait un peu s'y couper.
04:22Mais oui, c'est vrai qu'on est toujours, comme je dis souvent, c'est un peu comme un tatouage, quoi.
04:26On l'a sur soi, et puis, on ne peut pas...
04:29Il y a des périodes où on a un bon oubli, et là, forcément, aujourd'hui, on ne peut pas, mais c'est normal.
04:33Alors, aujourd'hui, plusieurs cérémonies sont prévues, plusieurs cérémonies d'hommage,
04:37notamment une grande cérémonie à 18h à Paris.
04:40Est-ce que c'est important que la nation rende hommage au quotidien du Bataclan ?
04:44Oui, je pense que c'est vraiment important.
04:46Pardon, j'ai cité que le Bataclan, mais évidemment des attentats, en général.
04:49Oui, les stades de France, les terrasses.
04:52D'ailleurs, on ne parle peut-être pas assez du stade de France ou des terrasses,
04:57tout ce qui s'est passé un peu autour du Bataclan.
05:00Mais oui, c'est très important.
05:01Je crois qu'ils ont créé un jardin, ils vont faire un musée.
05:04Un jardin mémoriel, oui, tout à fait.
05:06Oui, ils vont créer un musée mémorial.
05:08Je trouve ça vraiment bien, qu'on n'oublie pas.
05:11Ça restera dans le temps pour les générations futures, pour qu'on n'oublie jamais.
05:17Et effectivement, vous évoquiez les victimes, les blessés et le mort au stade de France.
05:23Pour rappel, la personne décédée au stade de France était un marnais.
05:26Il s'appelait Manuel Dias et sa fille Sophie a témoigné ce matin sur notre antenne.
05:30Vous l'entendrez à nouveau dans le journal de 9h.
05:33Merci beaucoup, Jérôme Barthélémy, d'avoir accepté de témoigner ce matin.
05:38Merci et bonne journée à vous.
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