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00:00I think the media had a lot of vehiculence that I had changed, that I had changed.
00:09I had a little bit of a guy, I had matured.
00:12The only thing I can tell you is that I have nothing to regret.
00:23I assume my consequences, I regret a lot.
00:29every single thing will never catch up.
00:32The darks and the darks...
00:36With the wind off the top of thesty
00:40Lâchez-moi pas, and to the end of the day I will be there,
00:44Just at the end of my voice, thank you.
00:46Eric Lapoine!
00:48I got always the impression that everyone hates me.
00:53Now, a poor song for Eric Lapoine in his role of a moverse boy.
00:58I think it would be excellent.
01:00He would buy a cocaine or a double agent.
01:07My relationship with him, it's a lot of sadness
01:10to see him do so badly.
01:12He would think he would die.
01:14I was always afraid to lose him,
01:16but I had a confidence
01:18that he would always go out.
01:23The album is now for Obsession of Eric Lapointe.
01:28He is the first African-American artist
01:33to have sold a million of albums.
01:36Eric Lapointe is not going well.
01:38I'm not sure he would have been able to do it.
01:40He would have been able to do it.
01:42He would have been able to do it again.
01:44It's a hard time and a hard time for the record.
01:46Together, we are now for a couple of years.
01:47I don't want to kiss you!
01:49Thank you, Eric Lapointe!
01:51Bye!
01:52I'm sorry!
01:53Thank you so much!
01:55I'm not sure if you want me to tell yourself.
01:56J'ai 15 mois de célébrité, c'est glamour, le gars qui fait du café.
02:03J'aime mon café in a man, que je coupe mon café avec du décal, que j'en bois.
02:07J'en bois trop d'une journée.
02:09Je sais pas exactement ce que tu veux que je te dise.
02:11Tu veux que je me présente?
02:13Simplement, je m'appelle Éric Lapointe, alcoolique.
02:18Dépendant affectif, musicien.
02:21Depuis la préadolescence, sûrement.
02:24Si on parle de l'alcoolisme, c'est pratiquement impossible de définir quelqu'un
02:28ou 55 ans de vie en une présentation.
02:33À partir du moment où moi-même, j'arrive pas à me comprendre ni à me définir,
02:38je serais bien en peine de résumer ça dans une phrase.
02:43J'aimerais ça, je te trouve une présentation à puncher.
02:47Je suppose de précis, mes pilules qui sonnent.
02:51Il y a des années, j'appelais ça ma poignée d'Elvis le matin.
02:53C'est réduit à sa plus simple expression, des pilules pour l'estomac,
02:56pis ça règle le problème.
02:58Il y a eu une époque où je donnais fort dans le pharmaceutique
03:00pour contrer mes angoisses, mon stress, mes gueules de bois.
03:08J'avais pas assez de l'alcool liquide, fallait que j'en trouve un peu d'eau en plus.
03:12Tu fais des permets de service dans ce petit café, là?
03:15C'est assez.
03:16C'est-tu correct?
03:17Tu feras du montage, je crois, ici.
03:18OK, c'est parti.
03:23Et le chanteur Éric Lapointe a plaidé finalement coupable
03:26à une accusation de voix de fait envers une femme.
03:28Il a dit d'ailleurs regretter ses gestes.
03:31Ils ont eu un conflit et à un certain moment,
03:33Éric Lapointe a mis sa main sur le cou de la femme
03:36et l'a adossé à un garde-manger.
03:39Il a bénéficié aujourd'hui d'une absolution conditionnelle.
03:41Ça fait en sorte qu'il n'aura pas de casier judiciaire.
03:43Il y a un paquet de monde qui trippait dessus et qui trippait encore dessus,
03:46mais sur le coup, t'es comme, OK, t'as peur, là, c'est pas rien ce qui vient de se passer.
03:50C'est comme s'il y avait eu la gloire, la coupe Stanley au bout des bras,
03:53puis qu'il l'échappe, puis là, sa coupe Stanley est bossée.
03:56Les gens disaient que ce gars-là ne devrait plus avoir le droit de chanter.
03:59Il ne savait pas d'allure.
04:00Mais le jugement, qui peut être très sévère de l'opinion publique,
04:04personne ne doit être à l'abri de ça.
04:102019, c'était une année riche en émotions.
04:12C'était une année où j'ai fait les plaines pour ce que j'avais appelé le show de ma vie,
04:16le show pour mes 50 ans, avec plein, plein d'invités, les plaines, plein à craquer.
04:22C'était nettement le plus gros show que je faisais dans ma vie.
04:27Le 29 septembre au matin, après le bien cuit pour mes 50 ans,
04:34une soirée bien riche en émotions avec tous les amis,
04:38avec des témoignages d'amour de fous.
04:40C'était une soirée bien émotive.
04:45Bon, matin, bien, est arrivé l'événement.
04:48Je ne peux pas retourner en arrière.
05:02Mes regrets sont sincères.
05:05C'est quatre secondes de mon existence où j'ai perdu le contrôle
05:08et j'ai malheureusement accoté une femme dans un mur.
05:11Ça ne se reproduira plus.
05:14Puis j'ai toujours condamné la violence envers les femmes et je vais continuer.
05:19Pourquoi j'ai plaidé coupable?
05:20J'ai plaidé coupable parce que j'assume le geste posé.
05:24Le fait qu'il ait plaidé coupable, j'ai trouvé ça très courageux de sa part.
05:27Je trouve que ça lui ressemble aussi.
05:28Je dirais que ce n'est pas quelqu'un qui se défile,
05:30c'est quelqu'un qui est dans la vérité.
05:32Je n'étais pas fier de mon chum, honnêtement.
05:34C'était un signe évident qu'il fallait qu'il fasse quelque chose avec sa consommation.
05:37J'étais catastrophé. Il a payé un prix quand même assez considérable de tout ça.
05:42Il y a un nombre et nombre de shows qui ont été annulés.
05:45Il a perdu des contrats, perdu des gigs.
05:48Nos tunes ne jouaient plus à la radio.
05:49Tout le monde s'enquière de lui que ça lui a fait.
05:51Mais moi, j'ai des droits d'auteur que j'avais.
05:54Si tu ne fais plus jouer les tunes, mon salaire vient de baisser.
05:57Si on ne joue plus, mon salaire vient de baisser.
05:59À chaque fois que je présentais un spectacle, il y avait des commentaires sur Internet.
06:03La notoriété, c'est vraiment une arme à double tranchant.
06:06Parce que le jour où tu fais une énorme bêtise, le prix que tu payes est certainement plus élevé
06:14que si tu étais un anonyme ou quelqu'un que personne ne connaît.
06:17Il y avait un travail à faire au départ de ma part.
06:22De sortir publiquement, puis de faire le point de sa situation avec tous les médias.
06:26J'ai commencé par une grande entrevue avec Sophie Duraché.
06:30Si tu sais que mon entourage ait à subir des conséquences de mes erreurs, de mes gestes, je m'excuse.
06:42À la victime et à ton entourage?
06:44À la victime, bien oui, évidemment. Premièrement, à la victime.
06:48Je ne dis pas que c'est bien, je n'endosse pas ce qu'il a fait.
06:51Parce qu'on voudrait toujours que nos enfants soient parfaits, puis qu'il n'y ait pas d'écart.
06:56Mais ça, ce n'est pas possible.
07:00Je l'ai appris avec les années.
07:04Par la bande, vu que leur père était méchant, mes enfants ne pouvaient plus jouer avec leurs enfants.
07:08Il n'y a plus personne qui nous parlait.
07:10Mes enfants avaient la peste.
07:11Mes amis de la colonnette, tu sais que c'est sûr que je suis devenu radioactif du jour au lendemain.
07:17La carrière d'un artiste, c'est tellement fragile, c'est tellement toujours à recommencer.
07:23Ce n'est pas aux autres artistes à mettre leur carrière en péril au nom de l'amitié.
07:28Je n'ai jamais pensé vraiment « foutre mon camp de là ».
07:31Mais s'il dit « là, une autre tempête, elle passe à travers ».
07:33Toutes les niaiseries qu'il a faites, ça ne m'empêchera pas d'aimer ce gars-là, puis qu'il soit mon ami.
07:39Ça n'arrivera pas, ça.
07:40Tu sais, je maintiens que les gens ont le droit de décider de s'éloigner dans ces moments-là.
07:44Les gens qui partent en général, ils ne partent pas pour nuire Eric, ils partent pour se protéger.
07:48Ça fait qu'en se rendant compte qu'il n'y a plus de danger, ils vont revenir.
07:50Un rond de poêle qui est chaud, tu ne mets pas ta main dessus, mais une fois qu'il est refroidi, il n'y a plus de danger.
07:54Excusez-moi le dire en québécois, mais il y a une crise de la limite, là.
07:57Ça fait cinq ans, là. Personne ne peut remonter dans le temps, puis personne ne peut arranger les erreurs, puis effacer ce qui s'est passé.
08:03J'ose croire que même si c'est une ombre qui va me suivre toute ma vie,
08:10je pense que c'est derrière moi, puis j'essaie de regarder par en avant,
08:15puis je vais se concentrer à faire de la musique, à faire ce que j'aime dans la vie.
08:21Essayer de faire du bien au monde, tu sais, en montant sur scène, puis en étonnant mes tripes sur le stage.
08:27Puis il dit, je vais dans la vie ou je vais dans la crevée.
08:30On ne juge pas les gens quand ils tombent, on les juge quand ils surlèvent.
08:35Et voilà.
08:38Tant d'obsession.
08:39Poussé par le vent, rien n'en est pas, je me promets, au gré de saison, poussé par le vent,
08:49je fais de ma crache, je t'aborde, je vais partir qu'à l'horizon, poussé par le vent,
08:56même quelqu'un t'attend.
08:59Faut que je cherche un... Je suis pas un pianiste, moi.
09:00Poussé par le vent, partout où la route te mène.
09:06Quelqu'un t'attend!
09:08Eh oui, je lave mon linge, je sais, je lave mon linge, je vais essayer de sacrer le moins possible.
09:14Je lave mon linge, je suis celui de mes enfants, évidemment.
09:17À ce soir, 30 ans d'obsession.
09:18Ça fait partie des célébrations de ce 30 ans de carrière-là,
09:21lancé le réenregistrement de l'album Obsession.
09:25C'est un peu hypocrite de ma part, parce que c'est principalement à moi que je fais un cadeau.
09:29Obsession, on a vendu 225 000 copies de cet album-là.
09:33Album rock, jour de nuit, tu sais, c'est pas cet album-là.
09:36Album de l'année rock 97.
09:38Tu vois, est-ce que t'y trente ans, ça passe vite, hein?
09:42Entends une minute, il est plein de picière.
09:45C'est sûr que ça fait 30 ans.
09:4895, album de l'année rock.
09:52Obsession.
09:54C'est un seul-là.
09:55Obsession de Réthrope-Lapain!
09:57Mais c'est sûr que cette année-là, tu sais,
10:00découverte, album, c'est la première fois que je montais sur scène.
10:03Là, ça passe à travailler encore plus fort, merci.
10:05Ça commence bien, c'est sûr.
10:08Ça s'est passé tellement vite.
10:09Elle est mon eau de vie.
10:24La température grame quand elle entre.
10:27Elle me sourit.
10:31Et toute la nuit, on danse avec elle.
10:35Le rythme devient pervers.
10:38Quand j'ai connu Éric Lapointe dans les années 86,
10:40j'avais déjà quand même un certain parcours.
10:43J'opérais le Spectrum depuis 1982,
10:45mais je produisais des concerts depuis le milieu des années 70.
10:49Le rock québécois était un peu en manque de modèles.
10:57Le décès de Jerry Boulay, peut-être pas étranger
10:59au fait que j'ai passé dans la fin de la porte,
11:02il a laissé un trou gigantesque dans le paysage culturel québécois,
11:05puis je pense que le Québec avait besoin d'un bombe,
11:09avait besoin d'une voix rauque,
11:10avait besoin de...
11:11Vous voulez un bombe, je suis là.
11:13Je suis coloré.
11:14Coloré.
11:16Est-ce que toi, tu te considères comme un bombe, un rocker?
11:20Un bombe, ça dépend de l'écution d'un bombe.
11:22C'est un bombe dans le jour,
11:24puis il se couche à 4 heures du matin, je suis un bombe.
11:26Je suis François Mio, agent de spectacle d'Éric Lapointe.
11:30Quand on a commencé la carrière d'Éric,
11:33le rock en français, ça marche pas,
11:35j'ai dû l'entendre 200 fois.
11:38Musique Plus était énormément responsable
11:41de beaucoup de débuts et d'explosions de carrières.
11:45T'as promis, c'est assurément...
11:46C'est le début de tout au niveau de ma carrière.
11:49C'est la première chanson, c'est mon premier clip.
11:51C'est la première fois que je me suis entendu chanter en radio.
11:56J'entre avec l'aube dans le village endormé.
12:01La première fois que j'ai entendu parler d'Éric,
12:04j'étais caméraman de la Musique Plus.
12:06Il nous avait présenté comme Jerry ou un nouveau Robert Charlebois,
12:10puis moi, je me suis dit, bien, voyons, pour qui qui se prend, lui?
12:14C'était mon métier de filmer des chanteurs à la semaine longue.
12:18Quand je l'ai cadré, j'ai eu un buzz parce que j'ai jamais vu ça.
12:24J'ai jamais filmé un Québécois avec cette énergie-là.
12:27Salut, je m'appelle Patrick Marsolet.
12:29Faut que je fasse ça?
12:29Oui.
12:30Quand Éric est arrivé avec Obsession, il y avait un certain scepticisme.
12:34Est-ce que c'était mal vu de m'Éric Lapointe?
12:37Oui.
12:37On était une gang de critiques, peut-être, par snobisme,
12:41qui faisait fi d'Éric Lapointe.
12:44Mais tu sais, à un moment donné, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse?
12:47Il y avait des centaines et des centaines de milliers de Québécois qui tripaient là-dessus.
12:51Ça ne trompe pas, tout ça, là, tu sais.
12:52Alors, Yves-François Blanchet, ancien gérant et collaborateur de mon ami Éric.
12:57Pour la petite histoire, toutes les maisons de disques ont fusé, sauf Gamma.
13:02Il y a eu du doute au début.
13:04Ça te prenait les radios de énergie, puis ça te prenait c'est quoi?
13:08Sans ça, tu n'existais pas.
13:09Éric, il y a une gueule de petit baveu de 16-17 ans, la première fois qu'on le voyait.
13:16J'ai l'air d'un petit cul.
13:18Alors, moi, Guy Brouillard, en 1994, ma job, c'était de découvrir des chansons.
13:23Ma première réaction en recevant le premier extrait d'Éric Lapointe, j'avais de sérieux doutes.
13:29On se disait, ça ne marchera pas, c'est trop corporate.
13:32Pour moi, c'était comme une copie de Bon Jovi.
13:36Je pense que ça a pris un mois à Guy Brouillard à déclasher.
13:42Il était rendu qu'il m'accusait de faire rappeler mes amis pour les demandes spéciales.
13:46Je pense que mes chansons d'autres choses à faire, mais jusqu'à temps qu'il se rende compte que j'avais trop d'amis.
13:51Je pense que même aujourd'hui, il n'avouera jamais, il va juste dire que ce n'est pas parce que j'ai du talent, c'est parce que j'ai bien travaillé mon marché.
13:57C'est quoi? Il avait toujours une vocation de suivre ce que le monde aimait, ce que le monde voulait entendre.
14:02On s'est ralliés, mettons.
14:03Tout a commencé avec Terre Promise.
14:13Et encore aujourd'hui, 30 ans plus tard, je n'ai jamais passé un show sans la faire.
14:20Puis je pense, mon humble avis, elle vieille bien.
14:24C'est une mini-prestation de lancement, mais comme j'ai vu, l'espèce de déploiement de la promo de ce lancement-là est pratiquement déployé comme un show.
14:373 heures moins 10, ça fait que je parte d'ici à 4 heures et quart maximum.
14:48Donc j'ai une demi-heure restée pour pomper un peu dans le gym, puis faire un peu d'abdos, prendre ma douche, décider ce que je mets.
14:57Je reste par-dessus quand je n'en ai pas de manche.
15:02Ça, c'est trop pâle, ça fait trop, ça joue trop, hein?
15:04Je suis toujours en besoin d'un styliste.
15:06C'est 50 ans que je suis habillé pareil.
15:07Jeans, T-shirt, petite veste.
15:10Pas très, très original, bottes de bessic.
15:14Je me reste tête de teinture dans le bout.
15:16Oui, vrai, c'est, le reste, je vais rouler dans la sénage et je suis triste.
15:19Moi, je vais laisser quelques années plus tard.
15:24Ouais, je suis triste.
15:26Je suis encore anxieux, hein?
15:27Je suis à des crises d'anxiété le soir.
15:30Je suis un gars qui se pose bien, bien des questions dans lui.
15:33Mon secret contre le stress, CBD.
15:36J'ai essayé de réduire la sénage sur la consommation de Valium.
15:39Valium qui n'est plus ni moins que de l'alcool en pédale, mais aussi bien être addict au Valium qu'être sous en commandant.
15:47Tu peux le constater, il n'y a rien de glamour, c'est-à-dire le rocker qui se prépare dans la sénage.
15:53J'ai toujours aimé les bijoux.
15:55Ça fait un peu partie aussi du personnage de scène.
15:58J'en porte moins de bijoux au quotidien que j'en portais avant, c'était constamment.
16:03Je ne sortais pas de la maison sans avoir un restitut.
16:07T'as un livre de bijoux sur moi, là, mais j'aime encore ça beaucoup,
16:13donc j'en profite quand je fais un show pour me décorer.
16:18Comme en vrai de scène, ça fait bien.
16:23Non, non, c'est sûr que d'un show à l'autre, j'ai tellement un show,
16:27que ma petite cuirette, elle sèche.
16:31Puis, il y a mes taches de sel dessus.
16:35Fait qu'il faut nourrir la cuirette, asti.
16:39Si c'est cuir, nourris sa cuirette.
16:41C'est toujours important d'avoir des doigts prêtes.
16:47Ouais, c'est pas mal le cas où ça.
16:51Je ne sais pas de mon point de vue.
16:54Qu'est-ce que j'oublie, puis que je vais dire tabarnak.
16:57Hé!
16:58On va faire de la neige un peu le thé, ça.
17:01Fait que j'oublie quelque chose à vous assister.
17:04J'espère juste que de la batterie venait.
17:05C'est bon, il faut que je tombe sur une plaine.
17:13Je suis content.
17:15C'est sûr que ma mère est là.
17:30Comme beaucoup de parents, elle a vécu à travers ses enfants toute sa vie.
17:34Elle n'a pas manqué un de nos matchs de hockey ou un de nos matchs de baseball.
17:37Elle a toujours été là.
17:39Puis, en même temps, je suis content qu'elle est là parce que je lui demande son avis après le show.
17:43Je ne suis pas nécessairement toujours d'accord avec elle,
17:45mais au moins, je sais qu'avec ma mère, je vais aller juste.
17:48Elle ne me dirait pas qu'elle trouvait ça bon.
17:50Elle m'a fait plaisir.
17:51Ou bien, tu sais, si j'ai dit une connerie ou si j'étais trop saoul.
17:54Bien, ma mère, elle va me dire, tu sais.
17:55Qu'est-ce que tu pries pour Éric Lapointe?
18:03Un coup que le premier accord est parti, puis un coup que je suis monté sur scène.
18:09Chacun a sa façon de canaliser l'adrénaline.
18:12C'est la drogue la plus puissante qui existe, puis j'en connais un bout, c'est les drogues.
18:16Chosez!
18:22Chosez ça, c'est là que je suis le mieux.
18:23Tu sais, là, je me sens le mieux, c'est sur scène.
18:26J'en viens chez moi après un show, j'ai juste hâte au prochain, tu sais.
18:28Je suis très privilégié, très chanceux de faire ça dans la vie.
18:34Puis on ne veut jamais que ça s'arrête.
18:36J'espère faire ça jusqu'à ma mort, tu sais.
18:38La retraite, dans mon cas, moi, ça ne peut pas exister.
18:41Je ne suis pas capable d'imaginer ma vie sans la scène, tu sais.
18:45Tu as passé tout le show dans le loge?
18:46Non, non, non, j'étais là, ça fait le temps.
18:49J'ai l'impression que je ne vois pas qu'elles ont fait un bord des bruits.
18:52Ils pensent qu'ils vont faire des problèmes, là, moi, j'ai remarqué.
18:55C'était très bon.
18:56Oui.
18:57Tout le monde a bien les besoins.
18:58Il a une belle énergie dans le fond.
19:01Mais quand tu écris une première chanson, dans le fond, c'est pas pour la chanter aux autres,
19:05c'est pour la chanter à toi-même.
19:06Moi, j'écris une chanson, je me la chante pendant trois semaines.
19:09J'apprenais à écrire, oui.
19:10Je trouvais bien gros sur la chanson française.
19:12Puis la chanson québécoise, c'est toujours fait partie de ma vie.
19:15Je vais vous trouver comme un fou.
19:19Serge Chiari, je l'ai écouté énormément.
19:22Je pense que j'ai pris beaucoup de lui au niveau de l'interprétation,
19:26au niveau de la sensibilité qu'il avait,
19:29au niveau de toute son intention,
19:32puis sa façon de communiquer l'émotion.
19:34J'écoutais Leptad, puis j'en pleurais.
19:37Je rentrais vraiment dedans.
19:39C'était...
19:40Il m'a bien gros influencé.
19:42Puis au niveau de l'écriture, bien, écoute, je me cherchais.
19:44Le premier album, j'ai peut-être écrit 50 chansons.
19:48C'est sûr qu'en premier album, t'as toute ta vie pour l'écrire.
19:50Quand Aldo Nova est arrivé dans le décor,
19:53j'en ai présenté une vingtaine.
19:55Je me rendais même pas au refrain.
19:57Je me disais, c'est pourri, c'est pourri, t'en as-tu d'autres?
20:00Son point, ma job, c'est de l'enferter dedans,
20:01puis faire le nettoyage de ça,
20:03puis dire, là, t'as besoin d'un refrain, là,
20:05là, les tunes sont pas assez bonnes, faut que t'écrives d'autres tunes.
20:07Puis là, il se retournait, puis là, il s'en allait écrire sur les tunes.
20:11Tu sais, je lui présentais des tunes,
20:12mais c'est quoi, ça, à la pointe?
20:13C'est pas une chanson, c'est un poème, c'est-tu, là?
20:16Éric, c'est sûr qu'il connaît pas ça bien,
20:18mais, par exemple, il avait pas vraiment le choix
20:20parce qu'il avait pas l'expérience.
20:22Comme je te dis, il était encore dans le local,
20:25il avait jamais enregistré, il avait jamais fait,
20:27puis moi, j'avais déjà 20 ans de carrière, tu sais,
20:29sur, sur, j'ai dit, écoute, faut que tu retournes
20:31à écrire des chansons chez vous.
20:32Mais là, c'est la même tune, t'as juste changé deux accords,
20:35va en faire une autre, jette-la, celle-là,
20:37si elle est pas bonne, elle est pas bonne.
20:39Alors, fais un autre.
20:40C'était une bonne école, finalement.
20:42Je revenais en Christ chez nous.
20:44J'étais en peine d'inspiration, là, j'avais écrit,
20:47elle avait peut-être écrit 25 chansons.
20:49J'étais en peine d'amour,
20:51ma première grosse, grosse peine d'amour.
20:55Marie-Pierce et Marie-Stone,
20:57c'est elle qui était là pendant que j'ai écrivait le premier album.
20:59Ça a été ma première blonde vraiment officielle,
21:02la première femme avec qui j'ai habité.
21:04Et fin 19 ans jusqu'à 22 ans, 23 ans.
21:09Marie-Stone, c'était le surnom que moi j'avais
21:11quand j'étais au secondaire.
21:13Quand le disque est sorti,
21:16Éric était plus dans sa période
21:17où il allait danser, je dirais.
21:20Donc, beaucoup de gens,
21:21à cause des paroles de cette chanson-là,
21:23tout le monde pensait que Marie-Stone,
21:24c'était une danseuse.
21:26J'étais pas une danseuse, clairement.
21:28On était deux univers complètement différents.
21:35Elle et son cercle d'amis, c'était tous des universitaires.
21:38Moi, c'était tous des bombes et des poètes de la rue.
21:41On se rejoignait sur ben des points.
21:43Puis elle m'a allumée sur plein de choses,
21:45dont la littérature.
21:46C'est sûr que l'écriture et la musique
21:48prenaient énormément, déjà à l'époque,
21:50prenaient énormément, énormément de place dans sa vie.
21:52Je pense pas qu'elle y croyait vraiment.
21:54J'étais pas connu du tout.
21:56C'est sûr que Marie-Pierre,
21:57elle me soutenait financièrement aussi.
22:00Demain, j'habitais chez eux,
22:02souvent elle m'aidait à payer mes paiements de chars
22:06puis elle me donnait de l'argent pour sortir.
22:07Dans des parties, genre on amenait une caisse de 24.
22:10Lui, il buvait...
22:11Moi, j'en buvais peut-être 8,
22:13puis lui, il buvait le reste.
22:14Donc c'était du gros party.
22:15La nuit, on se couchait, le soleil se levait.
22:18Une vieille photo de moi au travers.
22:20C'était avec ce petit gars-là qui sortait, oui.
22:22Tu sais, j'avais quand même l'air d'un ange,
22:23mais je n'étais pas prêt.
22:25À la fin, j'étais pas capable de suivre le rythme,
22:27de suivre le party, de suivre l'école,
22:29de suivre tout ce que j'avais à faire.
22:31Donc c'est sûr qu'à la fin,
22:33c'était... pour moi, physiquement, c'était difficile.
22:35On s'est séparés.
22:38J'ai sûrement fait une couple d'erreurs au travers de ça, tu sais.
22:40Éric, au cours de notre relation,
22:42il m'a trompée une ou deux fois, que je sais pour sûr.
22:46Donc c'est sûr que ça a créé beaucoup d'insécurité pour moi.
22:49Donc c'est sûr que ça a créé de la jalousie.
22:51Lui était là, il faut qu'on trouve une solution.
22:53Moi, j'ai dit, bien, je vais en trouver une solution, moi.
22:55Elle m'a crissé dehors comme un accord.
22:58La vieille joke de comment t'appelles un musicien, pas de blonde,
23:01bien, t'appelles ça un sans-abri, tu sais.
23:03Cette séparation-là, ça a donné, bon...
23:06Ça m'a donné peut-être l'énergie, puis la rage,
23:08puis la concentration pour interpréter cet album-là en studio.
23:12Puis écrire la dernière ballade qui me manquait à n'importe quoi,
23:15qui était le ou un de mes pires succès.
23:19Éric a écrit l'essentiel du premier album,
23:23qui a été une révélation pour l'ensemble du Québec.
23:26Et après ça, Roger est arrivé là-dedans.
23:28Deux oiseaux de nuit, clairement.
23:31Plus le fait que ces deux personnages-là
23:33t'es mis ensemble pour créer,
23:34il y a une chimie qui se faisait.
23:37Puis là, est arrivé le moment dans la production du premier album
23:41où j'étais en pleine inspiration.
23:43Il me manquait toujours la ballade, la ballade.
23:46Puis là, je partage ça avec Roger un soir à la maison.
23:49On s'était fait un super spaghetti ketchup.
23:52Il dit, on va le faire, bonhomme, on va le faire.
23:54Mais qu'est-ce que tu veux lui dire, putain?
23:55Qu'est-ce que tu veux lui dire?
23:57Je sais pas, Roger, n'importe quoi.
23:59On a le titre, putain.
24:00On a le titre, on va le faire.
24:02J'avais déjà la musique d'entamer.
24:04Puis là, avec Roger, ça s'est emboîté.
24:08Ben, moi, je lui dois tout.
24:10Avant lui, je t'ai pas connu, hein?
24:12Ouais, c'est ça.
24:12On a fait n'importe quoi ensemble,
24:13et puis ça a généré plein de choses.
24:15Tu m'avais dit le mot le plus fort.
24:21Arznavour sentait, il faut savoir, garder les cris de haine,
24:25qui sont les derniers mots d'amour.
24:26Ben, quand je l'appelais dans la nuit,
24:29c'était des cris de haine.
24:31C'était pas romantique.
24:33Donc, lui, il m'appelait à 5 ou 6 heures du matin,
24:35ou carrément, à la fin de ses parties,
24:37vers 5 ou 6 heures.
24:38La toune est très belle, c'est très balade,
24:40mais c'était pas des beaux moments.
24:41C'était assez tortueux, je dirais.
24:43Je voulais m'accrocher à quelque chose.
24:45Tu sais, tu veux pas...
24:46Tu veux pas accepter que c'est terminé.
24:49À 23 ans, dans ta première peine d'amour,
24:52tu sais pas, ça, que ça va passer.
24:54T'as l'impression que ça passera jamais.
24:56La seule tristesse que j'avais à cette époque-là,
25:04quand j'ai lancé l'album,
25:05c'est qu'elle était pas là pour le vivre avec moi, tu sais.
25:07C'est sûr que moi, je voyais que là,
25:09il allait percer, sa carrière allait bien.
25:12Puis moi, j'étais pas confortable,
25:13avec plusieurs aspects de ça.
25:15Donc, je pensais que j'étais pas une bonne blonde
25:17pour lui à cette époque-là.
25:19Tout ce que tu veux, si tu veux tout,
25:22je te promets,
25:25n'importe quoi.
25:27Au lancement de l'album en 1994,
25:30c'était déjà parti,
25:31il y avait quelque chose qui se passait, tu sais.
25:34J'avais fait une prestation,
25:35c'était l'hystérie dans la place.
25:37C'était intense, puis c'est tout nouveau.
25:40C'est tout nouveau, les entrevues,
25:42la tournée,
25:43le véné d'Aria, les femmes.
25:46Éric, son obsession, je pense que c'est de plaire.
25:49C'est un grand charmant.
25:51Les femmes, dans sa vie, ont beaucoup compté.
25:53« Est-ce que je sais que tu existes ? »
25:59« Que je fais derrière mes rêves fous. »
26:02La beauté, quand tu fais de la musique,
26:05puis t'es populaire comme ça,
26:07c'est qu'à travers tes chansons,
26:09à travers tes entrevues,
26:10à travers tes prestations,
26:13t'as la chance de faire la cour
26:15tout en même temps, tu sais.
26:17Donc, inévitablement,
26:19il y en a une couple qui sont intéressés.
26:20Éric, j'ai remarqué que tu semblais être fidèle
26:23à ton entourage,
26:24que tu travailles toujours avec les mêmes personnes.
26:26Est-ce que tu te considères comme un homme fidèle
26:28dans la vie de tous les jours ?
26:30Je me dis souvent que j'ai passé à côté
26:34de tellement de grandes histoires d'amour
26:37mais j'étais trop pressé,
26:39j'étais trop dans ce tourbillon-là.
26:42Tu sais, c'était la soirée de gala toutes les soirs.
26:44Il était beau parleur,
26:45puis tout de suite, c'était le coup de foule.
26:47Tout de suite, tout de suite, en partant.
26:49Quand on sortait,
26:50si c'était des salles pleines,
26:52puis il avait envie de m'embrasser,
26:53il marchait littéralement sur les tables,
26:56genre, parce qu'il ne pouvait pas passer
26:57à travers le monde,
26:57il marchait sur les tables pour venir m'embrasser
27:00comme si j'étais la seule
27:01et dernière personne sur Terre.
27:03Je veux dire, on se donnait énormément d'amour.
27:06Même si on veut s'aimer,
27:08même si on veut y croire,
27:12on ne peut jamais recommencer
27:14que fois la même histoire.
27:18Les chansons d'amour sont très intenses,
27:20très rock'n'roll.
27:21Est-ce que ta vie amoureuse
27:22a été aussi rock'n'roll que ça ?
27:24L'histoire d'amour, c'est toujours
27:25ben rock'n'roll.
27:26C'est toujours ben cool.
27:27Est-ce que c'est un mauvais chum ?
27:29Non, mais il faut trouver sa place
27:32dans cette vie-là,
27:33qui est une vie assez
27:34hors de l'ordinaire, je dirais.
27:37Parce que quand t'aimérique,
27:38il faut que tu le partages.
27:39Puis quand tu l'aimes,
27:40t'acceptes que le partager,
27:42c'est ce qui le rend heureux aussi.
27:44Donc tu attends ton tour.
27:47Est-ce que vous avez confiance aux femmes ?
27:49J'ai confiance en ma mère.
27:50Ben moi, des fois, je lui dis toujours
27:52t'es en amour avec l'amour,
27:53parce que des fois,
27:55sa vision de l'amour
27:56n'est pas nécessairement la mienne.
27:58Il n'y a pas eu une vie sentimentale
28:00très plate, comme on dit.
28:03C'était pas mal en dentie.
28:06De cœur au verre
28:08Ça tourne à l'affection
28:11L'infirmière
28:14De service
28:16On revient de l'affection
28:19Faire des chansons, c'est vraiment un besoin.
28:21Ça l'a été très jeune,
28:23la minute que j'ai su
28:25trois accords sur une guitare,
28:26j'ai ressenti le besoin
28:27d'écrire des chansons.
28:28J'écrivais des chansonnettes
28:29pour ma mère.
28:30J'écrivais ce qu'un gars
28:31d'11 ans a dit,
28:32mais j'écrivais des chansons
28:33pour qu'il me faisait du bien.
28:34Il est en amour avec l'amour,
28:36mais l'amour qui fait mal,
28:38surtout dans ces moments
28:40de plus forte consommation.
28:42Mon fils, il m'appelait la nuit,
28:57trois heures, quatre heures.
28:59Soit qu'il était découragé
29:01ou qu'il avait le goût de parler à quelqu'un
29:03ou qu'il n'avait pas été satisfait
29:06d'un spectacle ce soir-là
29:08puis il voulait m'en parler.
29:10Fait que moi, à ce moment-là,
29:12c'est sûr, j'en mettais pas plus.
29:14J'essayais de l'encourager.
29:16D'accord, on arrête d'en parler.
29:20Même il y a des soirs,
29:21je suis tellement...
29:22J'avais dormi une demi-heure
29:24puis je m'en allais au chou
29:25puis là, je me disais,
29:25je serais pas capable,
29:27je serais pas capable.
29:28La gueule de Boitreau effroyable.
29:29Deux, trois cognacs,
29:32il est le premier raccord qui déclenche.
29:34L'adrénaline fait la job.
29:36La magie va perdre.
29:38Ma mère est arrivée dans la loge
29:39après le chou
29:39puis elle dit,
29:40c'est le meilleur chou
29:41que t'as jamais donné.
29:43Merci, maman.
29:46Souvent, il y a des personnes
29:47qui vont me dire,
29:47ah, ça devait pas être drôle,
29:48toi, garçon, puis non.
29:51Quand ils étaient enfants,
29:52Éric et Marc,
29:53ils s'entendaient très bien.
29:56Puis Hugo, il est né quand même
29:57six ans après Marc.
29:59Donc là, c'était le petit frère
30:01qu'il fallait qu'il prenne soin.
30:02Il n'y a jamais eu vraiment
30:03de conflit entre les trois frères.
30:05Passer une journée en plein air,
30:07c'est toujours cool.
30:08Toujours jouer une ou deux fois par année.
30:09Ça fait juste peut-être 4-5 ans
30:11que je me suis mis à jouer
30:11plusieurs fois par année,
30:13mais je reste médiocre.
30:15Mais je m'en fais pas avec ça.
30:16C'est un beau prétexte
30:17pour voir mes frères
30:19que je jouais peu.
30:20Je pense qu'Éric,
30:22il a toujours été une vedette.
30:24Le roi de son univers.
30:26Déjà, très jeune enfant,
30:27d'être porté de famille,
30:29j'avais 5, 4, 5 ans.
30:31Il me montait sur la table
30:33puis je chantais,
30:34puis je chantais,
30:35puis je chantais.
30:36Puis la famille me donnait
30:37des cinq cents,
30:38puis je chantais.
30:39Il lui rendait le temps meilleur,
30:41agréable.
30:41Bien, à l'Île-la-Pointe,
30:45on vient de l'Île-d'Orléans.
30:46Le premier, là, né ici,
30:48il s'appelait...
30:49Innocent.
30:49Innocent à la Pointe.
30:50Innocent à la Pointe.
30:52Moi, je suis né,
30:52mes parents restaient à Pointe-aux-Trembles.
30:54Moi, je suis né à l'hôpital de Gardard.
30:56Moi, je suis né à Montréal,
30:57mais mon premier souvenir,
30:58c'est à l'Allemagne.
30:58C'est un gars d'Ole.
31:00Dans 21 ans de mariage,
31:05on a déménagé 19 fois.
31:08Ça a été difficile, des fois,
31:10dans la situation familiale.
31:13C'était toujours un petit nouveau,
31:14tu sais.
31:15Je n'ai jamais vraiment eu le temps
31:16de m'adapter à aucune place.
31:20Je n'ai pas vraiment un ami d'enfance.
31:23Ouf!
31:24Par le travail de notre paternelle,
31:27on avait essayé à déménager
31:29tout le temps.
31:30C'était quelque chose
31:30qui était difficile.
31:31Des fois, c'était trois déménagements
31:32en une année,
31:33fréquenter trois écoles.
31:35Troisième année,
31:36moi, je n'ai pas de trois écoles
31:37dans mon année.
31:38Je pourrais dire qu'à l'âge de 11 ans,
31:41Éric a fait une mini-dépression.
31:44Il se met à rire sans raison.
31:47Il était dans un rang à l'école
31:50et il se met à rire.
31:51Il pensait qu'il était fou.
31:53Je ne sais pas s'il se sentait mal à l'aise
31:55ou s'il s'est mis un poids sur les épaules
31:57et ça l'a cru.
32:00J'imagine qu'il y avait une façon
32:02de s'évader.
32:03C'était sa façon à lui.
32:05Il se met à rire.
32:06N'importe quand, n'importe comment.
32:08Sans raison.
32:10Sorti la trappe, tombé d'un autre.
32:14Ça, clairement.
32:16Je ne peux pas être bon en tête.
32:17Je ne peux pas dire qu'on s'est habitués
32:18en tant qu'enfants
32:19à toujours recommencer.
32:21On arrivait à une place.
32:23On était déjà les meilleurs chums
32:24parce qu'on avait juste un sur l'autre
32:26pour rester sur qui compter
32:26quand on arrivait dans une nouvelle école.
32:28Ouais.
32:29C'est sûr, ça a toujours été ça.
32:32Puis la dynamique, c'est sûr
32:33qu'Éric étant un peu plus vieux,
32:35c'était mon protecteur.
32:37C'est mon grand protecteur, Éric.
32:39Moi, je suis le bébé de la famille,
32:41donc les deux frères m'ont toujours protégé.
32:44Même à 48 ans,
32:46il n'a pas perdu le rôle.
32:47Malgré les agrandaires,
32:48c'était mon grand frère
32:49puis je l'avais...
32:51Je l'avais.
32:53J'ai l'avis en admiration, je dois dire.
32:55Il y a une chance qu'on a ça.
32:56Une chance qu'on a ça.
32:57Hugo, on a essayé de se chicaner avec,
32:58il n'y a pas moyen d'enlever.
33:04On va voir la même place.
33:05Je suis là-bas, moi aussi.
33:07Je suis parti de la maison,
33:08Hugo avait 9 ans, tu sais.
33:09Je t'ai laissé un vide sonore.
33:11Il fallait que je le remplisse.
33:13Il ne s'inquiétait plus, là.
33:14Ça, là, parfait.
33:19Marc est allé à l'université.
33:20Marc a toujours été bon à l'école
33:22puis étudiant.
33:23C'est un gars sérieux, c'est de nature.
33:25Moi, j'étais tête folle pour deux.
33:27Hugo, il lui a décidé,
33:28il a rendu au cégep
33:29puis il est allé étudier en musique.
33:30Moi, j'ai un secondaire 5.
33:32Après ça, je suis allé au cégep aussi.
33:34Je me suis inscrit.
33:35C'est à peu près tout ce que j'ai fait de concret.
33:37J'avais 16 ans.
33:38Je n'étais pas allé à mes cours,
33:39j'étais à un café.
33:41J'étais à ce qu'on appelait
33:41le 7e pavillon,
33:43qui était à une brasserie
33:44qui s'appelait à Boustifoy
33:45à côté du cégep à Sherbrooke.
33:47Mes démontres étaient déjà bien réveillées.
33:49J'avais déjà, là,
33:51j'avais déjà un gros problème
33:52de consommation.
33:53Et après la première session,
33:55moi, en janvier,
33:55il est arrivé à la maison
33:56puis il dit,
33:57« Oui, j'ai décidé d'arrêter l'école. »
34:00Je dis, « Quoi?
34:01Arrêter l'école? »
34:02« Voyons là. »
34:03« Je vais faire quoi dans la vie? »
34:05« Je vais vivre de ma musique. »
34:07« Je vais vivre ou je vais en crever. »
34:10« Putain, Bernard,
34:11mais mec, hein, t'es en forme, hein? »
34:13J'ai toujours été quand même typé
34:15et je n'ai jamais vraiment
34:15changé mon look
34:16à travers les années.
34:17Je me regardais hier
34:18avant de monter sur le stage,
34:19je stique mes bijoux,
34:20mes tattoos,
34:22puis là, je...
34:24Je me regardais mes chums,
34:26je me dis, « Je trouvais pas
34:26qu'on dirait que ça marche plus
34:27que ma face aussi. »
34:28« J'ai de l'air d'un canton,
34:31aussi. »
34:32« J'essaie pas de faire le rock'n'roll. »
34:41« Je connais pas d'autre
34:41vraiment de manière de m'habiller. »
34:43« Mais à un moment donné,
34:44je pense que la coupure
34:45entre mon frère Éric
34:47puis l'artiste,
34:49il y a eu une époque
34:50où ça avait l'air
34:51un peu plus difficile
34:51de faire cette coupure-là.
34:53J'avais cette impression-là.
34:55En tout cas, du moins,
34:55t'avais chaud. »
34:57« Je suis rendu trop vieux.
34:59Pas nécessairement
35:00pour m'habiller en rockstar.
35:02Je suis trop vieux
35:02pour jouer la rockstar aussi,
35:05tu sais.
35:05À un moment donné,
35:06si moi j'y crois pas,
35:07il y a personne
35:07qui va lui croire. »
35:08« Tout le monde
35:08qui a travaillé avec,
35:09c'était Éric,
35:10mais quand il y avait
35:11des entrevues
35:12ou quand il y avait
35:12des prestations,
35:14des shows,
35:14il tombait en mode
35:15de la poingue. »
35:16« Les premiers 4-5 ans
35:19de carrière,
35:20je montais sur scène
35:21à genre.
35:22Ou pratiquement,
35:23je faisais le party
35:25en masse après.
35:27Mais je montais sur scène
35:28à Jean.
35:30Ça s'est gâté
35:31par la suite. »
35:35« Tu veux un m'aliment
35:36de cigarette
35:36entre deux questions ? »
35:38« Je voyage en enfer
35:40dans les bas-fonds
35:43de la rue. »
35:44« Il y a Éric
35:45puis il y a La Pointe,
35:46le chanteur rock.
35:47Mais moi,
35:48j'ai connu Éric
35:48avant que La Pointe existe.
35:50Entre Éric
35:51puis La Pointe,
35:52c'est sûr
35:52que j'aime mieux Éric
35:53parce que La Pointe,
35:55elle se te fraîchit
35:56un peu.
35:57Moi, c'est tellement
35:58pas moi.
35:59Les bijoux,
36:00le cuir,
36:01la vie de rock'n'roll.
36:03Tu sais,
36:03moi, mon frère Éric,
36:04on est très, très proches
36:05l'un et l'autre.
36:06Il y a eu une période
36:06de notre vie
36:07où on l'a été
36:07un peu moins
36:08parce qu'on était
36:09en train de se construire
36:10au plan professionnel
36:10chacun de notre bord
36:11puis il y avait
36:12comme un écart
36:13entre ce qu'il faisait
36:14puis le mode de vie
36:14que ça m'impliquait.
36:16Puis moi,
36:16ma job, ça.
36:17Au moins,
36:18l'organisation,
36:19l'indépendance,
36:21l'autonomie,
36:22la discipline.
36:23Effectivement,
36:24là, je suis le plus
36:24organisé des trois.
36:26Moi, c'est ça,
36:27t'as Birdie.
36:27Birdie.
36:28Birdie.
36:28C'est surprenant
36:37qu'on soit encore là,
36:39qu'on soit encore vivant.
36:40C'est peut-être moins
36:41ce qui est en mode
36:43pour les jeunes aujourd'hui,
36:44mais à mon époque,
36:45les gros band rock,
36:47ça passait par le party,
36:49la débauche,
36:51les femmes,
36:52la dope,
36:52l'alcool,
36:53les parties.
36:55Le rôle du gars
36:56qui donne tout,
36:57qui livre tout,
36:57ça, c'est pas fauné.
36:58Ça, je sais qu'il donne
36:59tout le temps tout
37:00encore à ce jour,
37:02mais la star de rock,
37:03Sex, Rock and Roll,
37:04je pense qu'il y avait
37:06de la misère
37:06à l'assumer à jeun.
37:08Si le monde disait
37:09que la nuit,
37:10c'était fait pour dormir,
37:11je le sais pas,
37:11mais ça s'est pas rendu
37:12à ce band-là.
37:13Si tu fais un party,
37:14l'autre durait plus longtemps.
37:16Si tu prends de la dope,
37:17nous autres,
37:18on en faisait plus
37:19que les autres.
37:19Si tu prends de la bière,
37:20on en buvait plus
37:21que les autres.
37:22Puis lui,
37:23c'était le maître
37:25de cérémonie
37:27de tout ça.
37:27Écoute,
37:28quand les morceaux
37:29du Bicic vont se mettre
37:30à casser,
37:30bien, je me calmerai
37:32puis je chanterai
37:33d'autres choses.
37:34Puis tu te rends
37:34comme plein de monde
37:35inspirant aussi la nuit,
37:36tu sais,
37:36ça te rapproche
37:37de tes émotions,
37:38le monde parle plus,
37:39se confie plus,
37:40ça donne des chansons.
37:42Puis j'avais du plaisir
37:43à boire,
37:43j'étais en amour
37:44avec l'ébriété aussi.
37:46On fait le tour
37:47de la province
37:47puis après les shows,
37:48bien là,
37:48c'était...
37:49Ma gang de loup,
37:50on sortait,
37:51puis on se trouvait
37:51à un hôtel pas loin,
37:52même si je m'en parlais
37:53les pieds-là.
37:54Que je parte de là
37:55ou de Montréal
37:55pour aller au show
37:56d'après,
37:57ça a changé
37:57absolument rien.
37:59Alors,
37:59on est chez nous,
38:00bien,
38:00je vais laver mon ingénie
38:01puis on part du site
38:02pour le prochain show.
38:03C'est pas plus compliqué
38:04que ça.
38:05Tu t'es allé bien,
38:06je veux dire,
38:06bon,
38:07j'ai la fête,
38:08je rencontre plein de monde
38:09le fun,
38:10j'ai un beau chasse-pare,
38:12j'ai de l'argent
38:12dans mes poches,
38:13je mange dans un grand restaurant,
38:14je me paye des suites
38:15puis je fais ce que j'aime
38:16dans la vie
38:17puis si tu veux de plus.
38:18On s'épanouit
38:19dans le brouillard
38:20et dans l'or
38:21à l'école du rock'n'roll
38:23Hey, hey, rock'n'roll
38:26Un dernier vin
38:27pour le lasca
38:28Hey, hey, rock'n'roll
38:31T'as l'accord
38:31de ce qu'il y a de l'or
38:33Une chanson
38:34à l'école du rock'n'roll
38:35du premier album,
38:36je vante,
38:38je glorifie
38:39l'ébriété
38:40puis le party,
38:41tu sais.
38:42Le party commençait
38:43sur scène,
38:43on buvait
38:45pendant le show.
38:46J'ai jamais vu ça après.
38:47On buvait pendant...
38:49Ça, ça prenait juste
38:50cette gang-là
38:51pour faire ça.
38:52On était tous,
38:53pas de victimes là-dedans,
38:54tous très consentants
38:55de faire ça aussi.
38:56Fait que le backstage,
38:56c'était un petit peu
38:57l'anarchie
38:58avec plein de monde
38:59puis le party
39:00t'as commencé, là.
39:01Tes premières années,
39:02le tourbillon,
39:03le rock'n'roll,
39:05les femmes-là,
39:06d'autres.
39:07J'ai donné fort,
39:07des fois,
39:08le monde me demandait,
39:08t'sais,
39:10t'es-tu si pire
39:11que la réputation, là?
39:13Beaucoup pire
39:14que ma réputation.
39:15Autant que nos corps
39:17pourront tenir le rythme,
39:21on pourrait chanter
39:21très fort
39:23à s'en arracher
39:24des troupes.
39:26Le reste,
39:27on s'en fout,
39:28même si l'alcool
39:29nous dévore
39:30comme d'éternels voyous,
39:34trinquant jusqu'à la mort.
39:36Tu fêtes
39:37puis il y a des fois,
39:38oui, tu débordes.
39:40Le monde qui juge
39:41puis qui dit,
39:42oh,
39:42ils sont sur le portant encore,
39:44oui, mais tu ferais
39:44la même affaire
39:45si t'es à notre place,
39:46t'sais.
39:46C'est un alcoolique,
39:48mais c'est drôle
39:48parce que quand on possède
39:50des nuits,
39:50il y avait pas nien
39:51qu'Éric, là.
39:52Bien, des fois,
39:52j'étais là
39:53d'aller dire
39:54les excès d'Éric
39:55quand tout le monde
39:55l'a fait, là.
39:57Un peu ordinaire.
39:58Faut que tu sois honnête
39:59aussi dans la vie.
40:00Quand le band marche
40:01puis ça explose,
40:02c'est ça qui arrive.
40:04Il y en a des excès.
40:05C'est pas tout le temps bon,
40:06c'est pas tout le temps correct,
40:07t'sais, mais...
40:09shit happens.
40:10La scalle des calices!
40:15Mène ça!
40:16Faut mettre ça
40:17dans le mot.
40:18C'est pas joyeux,
40:19c'est pas beau à voir,
40:21puis il n'y a pas
40:21une journée
40:22où tu te réveilles
40:24puis tu te dirais
40:24« Ouais, où j'en suis avec ça? »
40:27C'est que tu t'es emporté
40:28là-dedans,
40:29tu te lances à fond
40:30puis là, finalement,
40:31c'est toute ta consommation
40:33qui prend le dessus.
40:34Complètement un autre fuseau horaire,
40:36là.
40:36On se couche vers 9-10 heures
40:38le matin
40:38puis on se lève vers
40:392-3 heures l'après-midi.
40:41Fait que c'est sûr
40:41que c'est difficile, là,
40:42dans un contexte comme ça
40:44de retourner à l'école
40:45ou d'avoir une job normale,
40:48t'sais, fait que c'est tout ça
40:49qui fait qu'à un moment donné,
40:51t'es comme « Ok, mais j'y arriverai pas, là. »
40:53Puis je dis pas
40:54que je comprends pas
40:54la conjointe, là.
40:56Des fois, je...
40:57je comprenais
40:59puis je voyais la rupture
41:00s'en venir tranquillement,
41:03pas vite.
41:04Tu as dit, l'alcool,
41:06tu dis, c'est une histoire d'amour,
41:07je n'ai jamais bu par habitude,
41:09toujours par passion.
41:10Je bois socialement.
41:12Je bois pas en maison
41:12parce que je suis jamais...
41:13je suis pas capable
41:14de rester tout seul.
41:15T'es dans une relation à trois.
41:17T'sais, cette femme,
41:18cette bouteille,
41:20elle est là
41:21et elle s'en ira pas.
41:23Souvent, c'était le chauffeur
41:24de taxi qui m'appelait
41:25puis je dirais
41:25« Hey, il est pas capable
41:25de se rendre dans la maison. »
41:27Puis qu'il fallait
41:28que je me rende au taxi,
41:29que je l'aide à sortir
41:30puis on crashait
41:31en dessous du saut de pleureur.
41:32Il passait out, là,
41:33deux, trois heures.
41:34Fait que je restais couché
41:35avec lui deux, trois heures
41:36en dessous du saut de pleureur
41:37jusqu'à temps qu'il retrouve
41:37ses idées
41:38puis qu'on rentre dans la maison.
41:40J'avais beaucoup d'inquiétude.
41:41Des fois, je pouvais rejoindre
41:42quelqu'un
41:43pour savoir comment ça allait.
41:46Oui, tu fais ce que t'aimes
41:47dans la rue,
41:47tu fais de la musique,
41:49tu vois des stages,
41:50tu fais de la route.
41:52Tu es épuisé
41:53mais t'es toujours
41:54sous pression.
41:56Tu montres,
41:56t'as pas le droit
41:57d'être malade,
41:58t'as pas le droit
41:58de pas filer.
42:00J'étais tellement
42:00en amour
42:01puis en émerveillement
42:05avec Éric.
42:06Je pense que j'ai pas
42:07tout de suite remarqué
42:08tous ces bobos
42:08puis il y avait
42:09énormément de douleur.
42:10Il y avait vraiment
42:11beaucoup de douleur
42:12puis il consommait
42:13vraiment beaucoup
42:14pour tout oublier ça.
42:15C'était comme
42:15s'il gardait ce monde-là
42:16à part pour pas me blesser
42:18mais petit à petit,
42:19il pouvait plus le cacher.
42:19Les after hours,
42:22les filles dans la loge,
42:24la boisson en profusion,
42:25la drogue,
42:26c'est le fun à 20 ans,
42:29c'est le fun
42:29une couple d'années
42:30mais ça te rattrape
42:31puis finalement
42:32ça devient plus le fun.
42:34Ça devient un mal de vivre,
42:35ça devient une maladie,
42:36ça devient une nuisance,
42:41ça devient de la tristesse,
42:43du désespoir,
42:44de la détresse.
42:45Tu deviens l'esclave
42:46du rock'n'roll.
42:48J'avais espéré
42:49que cette année
42:49j'allais avoir
42:50ça sur un grand baptiste.
42:51C'est le flak shit
42:52de la Saint-Vent.
42:54Je suis en train
42:54plus de vous autres
42:55mais laissez-moi
42:55gagner ma vie.
42:56Je me faisais
42:56enculé
42:57puis je suis payé
42:57à la base de l'île.
42:58C'est sûr
42:58que c'est tyrannique
42:59à mon âge
43:00d'avoir des dettes.
43:04Tu t'as détruit
43:08et tu t'as détruit
43:08au tour.
43:08Puis en sortant
43:09du gars-là,
43:09on m'apprend
43:10que mon père
43:11a fait une tentative
43:12de suicide.
43:12Un tout au père,
43:13il est parti
43:14à 9h12.
43:15Je ne voudrais pas
43:15que mes enfants
43:16me fassent vivre ça.
43:22Ce monde
43:23sera jamais beau
43:25Le monde
43:30est tellement fou
43:32Ce monde
43:37j'en aurais fait
43:39cadeau
43:41Heureusement
43:44Tu changes tout
43:45Je ne voudrais pas
43:49Je ne voudrais pas
43:51J'en aurais fait
43:51Je ne voudrais pas
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