- il y a 10 minutes
Elle est la maire de Paris pour quelques mois encore, et sa parole publique est très rare : 10 ans après les attentats du 13 novembre 2015, Anne Hidalgo est l'invitée de RTL Matin. L'occasion pour elle de revenir sur les grands sujets politiques du moment.
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 13 novembre 2025.
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00:00Thomas Soto, RTL Matin.
00:03Elle est pour quelques mois encore la mère de Paris, une capitale meurtrie et sans doute changée à jamais.
00:08Il y a 10 ans, le 13 novembre 2015, Anne Hidalgo est l'invitée d'RTL Matin.
00:12Bonjour et bienvenue sur RTL, Anne Hidalgo.
00:13Bonjour Thomas Soto.
00:14Paris a tremblé, Paris a vacillé, Paris a beaucoup pleuré, mais sans oublier jamais,
00:19Paris a repris le cours de son existence depuis 10 ans.
00:22Qu'avez-vous appris, Anne Hidalgo, de cet effroyable 13 novembre 2015 ?
00:27Ça a changé nos vies, vraiment, parce que c'est vrai que je fais partie de ces générations
00:34qui n'ont jamais connu ni la guerre, ni vu des scènes d'une telle violence,
00:40avec des morts, des morts par balle, des armes de guerre.
00:46Et donc c'est vrai que c'est plonger dans un monde qui n'était pas le nôtre.
00:51Et sans doute pour Paris aussi, perdre de sa légèreté.
00:55Parce que les terroristes ont voulu attaquer aussi cette culture qui est la nôtre.
01:02C'est la culture de la joie, de la fête, du mélange, du partage, de la musique.
01:07On l'a perdu à jamais cette légèreté ?
01:08Non, je pense qu'ils ont voulu nous faire perdre tout cela.
01:13Et en fait, on l'a reconstruit avec à la fois une forme de gravité,
01:18mais en sachant où était l'essentiel et où était l'accessoire.
01:23En tout cas, pour moi, ça a fonctionné de cette façon-là aussi, en tant que maire de Paris.
01:28Et derrière, beaucoup des transformations, beaucoup des choses qui ont été pensées,
01:33y compris dans l'aménagement de la ville, dans son évolution, y compris l'engagement.
01:38Ça a joué sur tout ça en fait ?
01:39Surtout, ça a joué sur ma vie.
01:41Ça a joué aussi sur la ville et le fait de faire de Paris une ville apaisée,
01:50dans laquelle on respire, dans laquelle on peut lâcher la main de nos enfants,
01:53dans laquelle il y a des jardins, dans laquelle on a fait les jeux aussi,
01:57qui ont été le prolongement.
01:58Ça a été un pansement aussi, les jeux, par rapport aux attentats ?
02:00Ça a été peut-être pas la fin, parce que je ne suis pas sûre qu'il y ait une fin à ce traitement-là,
02:07mais ça a été quand même une façon de dire, voilà, nous on veut vivre ensemble dans la fraternité.
02:12Le sport nous a donné cette occasion de le démontrer,
02:15et de montrer que la ville, avec ses espaces, pouvait le permettre.
02:20Et oui, ça a été vraiment, pas un aboutissement,
02:25mais vraiment dans le chemin de reconstruction et de transformation,
02:29personnel et collectif, de cette communauté qu'est la ville de Paris,
02:35je pense que ça a joué un rôle essentiel.
02:37Si vous deviez garder une image, celle qui ne vous a pas quittée depuis dix ans, Anne Hidalgo ?
02:41Moi, j'ai été évidemment sur les lieux très très vite,
02:46et de voir ce Paris meurtri,
02:49de voir toutes ces personnes, notamment, qui sortaient du Bataclan,
02:54qui parlaient toutes les langues, qui étaient...
02:57Je n'arrive plus à passer dans ces lieux sans revoir cette nuit-là.
03:04Aujourd'hui encore ?
03:05Aujourd'hui encore.
03:06Et ces lieux, pour moi, même en plein jour, même en pleine journée,
03:09je ne les vois pas, je les vois à travers un filtre,
03:12qui est le filtre de cette nuit terrible,
03:15mais aussi de voir les rescapés, vraiment les survivants de...
03:21Ce qui a été incroyable, c'est aussi toute cette entraide qu'il y a eu,
03:26toute cette générosité, toute cette humanité qui s'est exprimée,
03:31et ça, pour moi, ça reste vraiment une très très belle leçon.
03:35La tour Eiffel, l'hôtel de ville, la statue de la République se sont parées de lumières bleu-blanc-rouge.
03:39Il y aura une cérémonie ce soir à 18h dans le Nouveau Jardin du Souvenir du 13 novembre,
03:43qui sera inaugurée d'ailleurs sur la place Saint-Gervais, c'est en face de l'hôtel de ville.
03:46Est-ce qu'il est prévu d'autres manifestations symboliques aujourd'hui ?
03:49Nous allons aller sur tous les lieux,
03:51parce que c'était important, avec le Président de la République d'ailleurs,
03:55et toutes les familles, qui sont nombreuses aujourd'hui pour les 10 ans,
04:00de retourner sur chacun des lieux,
04:02donc depuis le Stade de France, en passant par les terrasses,
04:06et bien sûr le Bataclan.
04:07Et ce soir, cette commémoration, nous l'avons voulu vraiment très particulière,
04:13et avec les deux associations qui représentent toutes les victimes,
04:19avec Arthur Desnouveaux et Philippe Dupéron,
04:23on a voulu faire de ce moment-là un moment qui à la fois soit grave,
04:27et bien sûr dans la commémoration de nos morts,
04:30mais qui soit aussi à l'image de ce qu'ils portaient en eux,
04:34cette joie de vivre, cette musique,
04:37l'art et les artistes seront vraiment au rendez-vous,
04:42et c'est Thierry Reboul qui a été le metteur en scène de cette soirée.
04:47La vie a repris son cours, Anne Hidalgo,
04:49avec ses difficultés, ses évolutions sociétales, économiques.
04:53L'une des plus visibles, ses évolutions économiques,
04:55se voit depuis votre fenêtre de maire,
04:56c'est le BHV qui a décidé d'ouvrir fièrement ses rayons
04:58sur 1000 m2 au Chinois-Chine.
05:00C'est le sens de l'histoire, il faut l'accepter, ça ou pas ?
05:02Non, moi je ne l'accepte pas.
05:04En tous les cas, je l'ai dit,
05:06j'avais très envie que le BHV s'en sorte,
05:08et avec un jeune dirigeant qui arrivait,
05:11il n'y avait pas de raison...
05:12Frédéric Merlin qui a dit que vous étiez une alliée dans ce projet.
05:14Non, pas du tout, surtout pas dans ce projet,
05:16je suis une alliée des entrepreneurs
05:20qui essayent de créer de l'emploi
05:24et puis de faire vivre notre ville.
05:29Mais là, ce projet-là est un projet qui n'a pas de sens,
05:32c'est un projet qui d'ailleurs heurte tout le monde,
05:36pas simplement moi comme maire de Paris.
05:38Il heurte beaucoup les salariés,
05:41auxquels je pense aujourd'hui, du BHV,
05:43mais il heurte beaucoup aussi
05:45celles et ceux qui croient dans une...
05:49C'est une faute, c'est vraiment une faute,
05:51et ça n'était pas nécessaire.
05:53Ce type de buzz ne servira à rien, malheureusement,
05:58et je pense qu'il vaut mieux aller vers du commerce,
06:01qu'il soit responsable, qu'il soit un commerce respectueux.
06:03Donc il faut sortir du BHV, c'est ça que vous aimeriez, vous ?
06:05En tous les cas, je pense que ce projet-là n'a aucun sens,
06:09et je ne le soutiens absolument pas.
06:11Anne Hidalgo, on vous entend assez peu
06:12sur les grandes questions de politique nationale.
06:13L'Assemblée nationale a voté hier la suspension de la réforme des retraites.
06:17C'était la seule bonne décision possible ?
06:19Vous la soutenez, cette suspension ?
06:20Je pense que ce qui s'est passé à l'Assemblée,
06:24et d'ailleurs le Premier ministre,
06:26avec beaucoup d'habileté,
06:28a conduit aussi la discussion vers ce compromis.
06:33C'est une culture du compromis qui nous manquait beaucoup.
06:36Elle joue sur cette question essentielle qui est celle des retraites.
06:40Pour moi, sur la question des retraites,
06:41c'est surtout la question de la pénibilité des carrières longues
06:44et des femmes qui est en jeu.
06:46Mais il y a eu, parallèlement au travail à l'Assemblée,
06:49je crois aussi une discussion très forte avec les partenaires sociaux.
06:56Donc c'est la bonne méthode, là ?
06:57C'est la bonne méthode, dialogue social et un parlementarisme
07:01où on respecte les groupes parlementaires,
07:04où la discussion se fait à l'Assemblée,
07:06sous le regard public des Françaises et des Français,
07:09où le vote enterrine ses choix.
07:12Je pense que c'est la bonne méthode
07:13qui peut nous permettre de nous en sortir,
07:15parce que notre pays a énormément d'atouts.
07:17Vous savez, je rentre de la COP de Belém,
07:20je vois bien, il y a des pays qui n'ont rien.
07:23Dans notre pays, on a vraiment énormément d'atouts,
07:25on a une chance incroyable d'être en France.
07:29Et c'est cette culture du dialogue et du compromis
07:33qui manque, qui a manqué.
07:35Et si on la trouve là, dans ce moment difficile,
07:38alors tant mieux.
07:39On va se dire quelques mots des municipales.
07:41Une certitude, vous ne serez plus maire de Paris fin mars,
07:42puisque vous avez décidé de ne pas vous représenter.
07:44Question simple, est-ce que vous soutenez, sans ambiguïté,
07:47le candidat choisi par votre camp, Emmanuel Grégoire ?
07:49Est-ce que vous allez voter pour lui ?
07:50Moi, je choisirais et je voterais pour le candidat de la gauche.
07:54Je pense qu'il faut maintenant aller vers une union de cette gauche.
07:58Et ça peut être lui ?
07:59Bien sûr, ça peut être Emmanuel Grégoire.
08:02C'est aux candidats et aux militants d'en décider.
08:07Et je soutiendrai cette alliance-là.
08:09Pour l'instant, je ne me mêle pas...
08:12Voilà, mon travail à moi, c'est de finir ma mission de maire
08:16et de conduire la ville à bon port.
08:18Et par exemple...
08:19À bon port, ça sera peut-être remettre les clés de la ville à Rachida Dati,
08:23qui est la favorisante.
08:23Ça, je n'y crois pas.
08:25D'abord, je ne crois pas aux sondages,
08:26qui ont toujours été assez peu fiables sur les municipales parisiennes.
08:34Mais elle pourrait être une bonne maire, Rachida Dati ?
08:36Non, et puis, vous savez, d'ailleurs, avec les affaires qui la concernent,
08:40avec quand même...
08:41Personne n'en parle, donc pardon d'en parler.
08:43On en parle, elle sera jugée au mois de septembre.
08:45Elle va être jugée en septembre prochain pour corruption.
08:48Ce sont des faits très graves.
08:49C'est-à-dire, elle risque vraiment une peine très, très lourde.
08:52Je n'imagine pas une seconde.
08:54Les parisiennes et les parisiens confiaient les clés à quelqu'un
08:57qui pourra être démis de ses fonctions, si la justice en décide ainsi.
09:01Elle est illégitime à se présenter aujourd'hui, vous trouvez ?
09:03Il n'y a pas d'illégitimité, puisque...
09:05D'un point de vue moral ?
09:06Mais d'un point de vue moral, ça fait longtemps qu'elle aurait dû abandonner son mandat.
09:10Parce que quand on est concerné par des affaires aussi lourdes,
09:13on prend ses responsabilités...
09:16On précise évidemment qu'elle est présumée innocente, comme tous les justiciens.
09:19Oui, d'accord.
09:19Mais enfin, il y a un jugement, il y a un procès qui est prévu,
09:23ce qui n'est pas le cas de tous les justiciables.
09:26Elle vous a beaucoup attaqué sur le braquage du Louvre,
09:28estimant que la ville n'avait pas su sécuriser le musée et ses alentours.
09:31Est-ce que vous vous sentez une responsabilité dans ce vol ?
09:34Non, pas du tout.
09:35Et d'ailleurs, ça montre bien la nature du personnage,
09:39c'est-à-dire cette capacité à ne jamais prendre ses responsabilités,
09:44à toujours essayer de porter dans le débat public quelque chose de sale,
09:51quelque chose qui attaque ses adversaires,
09:54qui considère que la faute, les fautes relèvent des autres et jamais d'elles-mêmes.
10:01Non, vous savez, en matière de vidéoprotection,
10:05et moi je me suis beaucoup engagée,
10:07j'ai créé une police municipale,
10:08je travaille très très bien avec les préfets de police,
10:11avec Laurent Nunes et aujourd'hui avec Patrice Fort.
10:14Et c'est de la compétence de la préfecture de police,
10:17et bien sûr aussi du musée du Louvre.
10:19Donc ça montre à quel point Mme Dati essaye toujours de manipuler l'information
10:25pour apporter du mensonge et de la fake news là où on a besoin de vérité.
10:32Anne Hidalgo, vous avez vous-même été épinglée pour vos notes de frais.
10:35Alors on précise, rien d'illégal sur le fond,
10:37mais beaucoup ont été choqués de voir que vous utilisiez cet argent
10:39pour acheter des robes Dior pour un peu plus de 6 000 euros,
10:42un manteau Burberry, etc.
10:43C'était une erreur, ou est-ce que vous assumez ?
10:46Vous savez, en démocratie, les élus ont une indemnisation,
10:51et c'est normal, parce que sinon la démocratie ne fonctionnerait pas.
10:55Et d'ailleurs, les frais de représentation,
10:58qui ne sont pas propres à la mairie de Paris,
11:00mais dans beaucoup, beaucoup d'élus,
11:03d'ailleurs on ne parle pas de ceux des sénateurs et des députés,
11:07qui ont aussi évidemment des indemnités,
11:10qui couvrent leurs frais de représentation,
11:11n'ont pas fait l'objet de polémiques.
11:13Il se trouve que depuis que je suis élue,
11:15c'est-à-dire depuis 25 ans à la mairie de Paris,
11:18et depuis 12 ans comme maire de Paris,
11:20j'ai fait l'objet de harcèlement permanent,
11:23d'ailleurs souvent venant d'opposants,
11:26ça c'est une chose,
11:27mais aussi, par exemple,
11:29de cette association très liée à l'extrême droite,
11:32qui a essayé de salir mon nom.
11:35Ça fait 25 ans quasiment que ça dure.
11:38Donc aucun regret sur ce sujet-là.
11:40Ça fait 25 ans que je respecte les lois de la République
11:43et le cadre qui est fixé pour mon mandat.
11:46Donc je fais honnêtement mon travail.
11:49D'autres, dans notre entourage,
11:51qui postulent à la mairie de Paris,
11:53sont eux concernés par une mise en examen
11:57et un jugement qui arrivera le 26 septembre prochain.
12:00Il s'agit de Madame Dati,
12:01pour des faits de corruption extrêmement graves.
12:03Préoccupons-nous de cette corruption
12:06qui peut vraiment démolir la démocratie,
12:10plutôt que d'aller chercher et harceler
12:12celles et ceux qui fonctionnent
12:13dans le cadre des règles de la République.
12:15Merci Nidalgo d'être venue sur RTL ce matin.
12:16Reste avec nous.
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