00:0017h23, on est très en retard, on revient à l'équipe de France et à la triste date anniversaire de demain soir où les Bleus ont rendez-vous avec l'Ukraine pour espérer se qualifier à la Coupe du Monde.
00:08On ne va pas parler de terrain pour l'instant mais plutôt du contexte, Juju, parce qu'il y a 10 ans, jour pour jour, Paris était douloureusement touché.
00:14Oui, les terribles attentats du 13 novembre 2015 avec une série de fusillades et d'attaques suicides du Stade de France où les Bleus affrontaient l'Allemagne jusqu'aux rues parisiennes en passant par le Bataclan.
00:25Trois commandos islamistes et revendiqués par l'État islamique avaient causé la mort de 132 personnes.
00:31Le sélectionneur des Bleus, Dié Deschamps, lui, avait clairement dit le fond de sa pensée quand tu as la tenue de ce match à cette date-là.
00:38C'était jeudi dernier lors de l'annonce de sa liste pour ce rassemblement de novembre.
00:44Au fond de moi, si on avait pu éviter de jouer ce 13 novembre, ça aurait été bien.
00:50C'était possible, c'était pas possible, j'ai pas les réponses et ça dépend pas de moi.
00:55C'est une journée particulière avec les différentes commémorations qui seront organisées.
01:05Je ne sens pas la force de parler de ce qui s'est passé, tout simplement par rapport au respect que j'ai pour les familles qui ont souffert et qui ont perdu des êtres chers.
01:20Donc le devoir de mémoire, il doit être toujours là et tout ce qui sera fait sera important.
01:28Et il y a un match de foot qui est à cette date-là et qui est très important pour nous.
01:33Voilà, et on sent à Dié Deschamps bien embêté de devoir répondre à cette question.
01:36Et pourtant, je vais vous la poser en plateau.
01:38Est-ce qu'il fallait vraiment jouer ce match le 13 novembre ?
01:42J'ai hâte d'entendre vos réponses.
01:43Je vais d'abord donner la parole à quelqu'un qui était au Stade de France il y a 10 ans.
01:46Braque, pour nous apporter ton témoignage et ta réponse.
01:49Déjà, il faut dire une chose, c'est que pour moi, c'est très compliqué de parler de ça.
01:53Moi, j'en parle jamais parce qu'évidemment, il y a des gens qui ont perdu la vie.
01:57Il y a des gens qui en souffrent encore et ça, c'est une réalité.
01:59Et j'ai beaucoup de respect pour ça.
02:01Moi, il ne m'est rien arrivé ce jour-là.
02:02Moi, j'étais au Stade.
02:03J'ai vécu ce qui s'est passé comme tout le monde.
02:06Les mouvements de foule dans les couloirs.
02:08On s'est retrouvés sur la pousse du Stade de France à la fin.
02:10Donc nous, quelque part, on s'est sentis un petit peu protégés.
02:13Oui, ça aurait pu être très grave parce que finalement, ce terroriste n'est pas rentré.
02:19Et vraiment, on a été sauvés.
02:21Beaucoup d'entre nous ont été sauvés ce jour-là.
02:22Mais quelque part, c'est très bizarre parce qu'on se sentait quand même protégés.
02:26Parce qu'en fait, on était dans une enceinte qui nous donnait la sensation de ne pas vraiment craindre.
02:30Ce qu'il y a, c'est que c'était très dur parce qu'on ne comprenait pas ce qui se passait autour de nous.
02:35C'est-à-dire qu'à partir du moment où on entend la première explosion, le souffle,
02:39on voyait bien que ce n'était pas un pétard.
02:40On l'a tous compris dans le stade et on s'est tous regardés en mode, qu'est-ce qui se passe ?
02:43Et après, avec les téléphones, on recevait des messages.
02:46Les gens étaient un peu inquiets.
02:47On voyait autour de nous que plus personne n'était concentré sur le match jusqu'à la fin.
02:50Parce que c'est arrivé quand même assez tôt dans la partie.
02:53Donc oui, le souvenir, il est très bizarre parce qu'il ne nous n'est rien arrivé.
02:58Mais en même temps, on était tellement angoissés par rapport à ce qu'on entendait,
03:00par rapport à ce qui se passait dehors, que ça reste quand même très difficile d'en parler.
03:08Toi qui es passé par là, qui a eu peur, est-ce que pour toi, c'est une bonne idée de jouer ce match ?
03:12Ce n'est pas le bon mot, mais est-ce qu'il fallait vraiment jouer ce match-là le 13 novembre ?
03:15Moi, je pense qu'il faut jouer.
03:16Après, je ne sais pas comment ça s'est organisé en termes de calendrier, en termes de date et tout.
03:20Si c'est tombé là, c'est tombé là.
03:21Mais moi, je pense qu'il faut jouer parce que la vie doit continuer.
03:25Et puis notre pays, il est fait comme ça, de toute façon, il se passe des drames.
03:29Il peut s'en passer à tout moment.
03:31C'est malheureux, mais c'est la vie qui est comme ça.
03:33Moi, pour moi, le pays doit toujours se relever et ne surtout pas donner raison aux gens qui nous attaquent,
03:38aux gens qui nous veulent du mal.
03:40Moi, je pense qu'il ne faut surtout pas se renfermer sur nous-mêmes
03:44et que la vie, justement, doit se poursuivre.
03:47Et c'est pour ça que moi, je pense que le match, il doit se jouer, tout simplement.
03:49Et aussi se jouer pour rappeler au monde ce qui a pu se passer, pour dire, voilà, on se souvient de ce qui s'est passé.
03:56Mais notre pays, il est encore plus fort que ça.
03:58Notre pays, c'est un pays qui veut toujours être debout.
04:01Donc, je ne vois pas pourquoi, en fait, on ne jouerait pas sans oublier, bien sûr, de rendre hommage et de commémorer ce triste anniversaire.
04:08Une minute de silence avant le match, de demain.
04:12Une bâche football for peace, le foot pour la paix, si vous voulez que je traduise.
04:17L'insigne bleuet de France, il va être porté, c'est le symbole de soutien aux victimes du terrorisme et aux militaires blessés.
04:24Et puis, il y aura également une collecte de dons et plusieurs courses hommages près du Stade de France
04:28et aussi près de la Place de la République.
04:30Et on rappelle que le match est qualificatif.
04:33Donc, si la France se qualifie, on se doute qu'ils vont célébrer ça avec retenue.
04:36Pierre Boubi, ton avis là-dessus ? Est-ce qu'on jouait ce match-là ? C'était une bonne idée ?
04:41Oui, enfin, c'est un sujet, de toute façon, ça ne va jamais plaire à tout le monde.
04:44On ne fera jamais l'unanimité sur le sujet.
04:48Moi, je considère, un peu sur la même ligne que Braque, sur le fait de, en fait, jouer au 13 novembre.
04:53Mais parce que c'est un contexte qui est particulier par rapport à un attentat.
04:58Je veux dire, ce n'est pas un drame comme ça a pu avoir lieu dans d'autres stades par le passé.
05:03Furiani, par exemple.
05:04Là, on est sur un drame.
05:05Et le message envoyé, c'est justement, comme le disait Braque, c'est-à-dire qu'on est au-dessus de ça.
05:09Et qu'on se serve, en fait, de ce match-là pour mettre en image que la nation est forte, qu'on est unis et qu'on représente quelque chose.
05:18Je pense que, honnêtement, je pense que ce sera un match particulier, même pour les Bleus.
05:22Je pense qu'émotionnellement, pour Didier Deschamps, on voit l'émotion qu'il avait pendant la conférence de presse.
05:27Je pense que c'est important de rappeler au monde et aux Français que, malgré tout, on pense aux victimes.
05:35Le fait de jouer ce match-là ne manque pas de respect, en fait, aux victimes.
05:37Au contraire, je pense que ça les met en avant.
05:40Et ça met en avant le fait qu'on est une nation forte, en fait.
05:42Et j'ai envie qu'on joue ces matchs.
05:45C'est liquide à en faire un tous les 13 novembre, en fait, pour faire en sorte que c'est notre rendez-vous de l'année
05:50pour célébrer, justement, les commémorations pour les victimes de cet attentat.
05:54Moi, je suis plus axé sur cette ligne-là, quoi.
05:57Un peu plus tôt, dans la journée, le capitaine des Bleus, Kylian Mbappé, était présent en conférence de presse.
06:01Et avant même que les journalistes lui posent des questions, il a tenu à rendre hommage, justement, aux victimes de ces attentats du 13 novembre 2015.
06:10Écoutez, sa prise de parole est très forte.
06:11Je voudrais juste avant de commencer la conférence de presse avoir quelques mots.
06:17Au nom de toute l'équipe de France, au nom des joueurs, du staff et de l'ensemble des personnes,
06:21parce que je ne sais pas si tout le monde aura l'occasion d'en parler demain.
06:24Tout le monde sait à quel point demain est une journée spéciale, pas dans le bon sens du terme.
06:27Donc, on voulait avoir une pensée pour toutes les personnes qui ont perdu leurs proches,
06:33qui ont pu être touchées, blessées, que ce soit mentalement ou physiquement.
06:37On va essayer demain de rendre hommage à toutes ces personnes,
06:41que ce soit durant la journée, pendant le match, en essayant de mettre des sourires sur le visage des personnes
06:47qui vont venir au stade, même si on sait que ce n'est pas une journée joyeuse.
06:49Mais on veut faire comprendre aux Français que, malgré le fait qu'il y a une qualification à la Coupe du Monde qui se joue,
06:54il y a des choses bien plus importantes.
06:56Et la commémoration de cette journée, qui est malheureusement historique, en fait partie.
07:01Et on n'est pas déconnecté de ça.
07:02Donc, on voulait avoir une pensée pour tous les Français et Françaises.
07:05Mathieu, on parle souvent de son rôle de capitaine depuis qu'il a le brassard.
07:08Kylian Mbappé, là, c'est ultra fédérateur, ce qu'il dit en conférence de presse.
07:12Pour moi, c'est un sans-foot, c'est une prise de position parfaite.
07:15Oui, il est très juste.
07:17Dans ces moments-là, c'est clair qu'il ne fait jamais de rater.
07:23Il utilise toujours les bons mots, la bonne syntaxe.
07:26Et il a raison, le fait que, mais pas forcément que lui, le sport en lui-même est fédérateur.
07:31Donc, sur ce genre d'événement tragique, c'est, encore une fois, c'est bien de jouer.
07:37Je partage exactement ce qu'ont dit Braque et Pierrot.
07:41C'est de jouer, il ne manque absolument pas de respect.
07:44Au contraire, je trouve que c'est fédérateur de pouvoir se rassembler le temps d'un événement
07:51et de pouvoir se rappeler tout ce qui s'est passé, de pouvoir communier ensemble autour de ça.
07:58Et Kylian Mbappé le dit très, très bien.
08:01Mais expliquez-moi la différence avec, je sais bien que ce n'est pas le même drame,
08:03mais Furiani, on ne joue pas, par exemple, en Ligue 1 ou en quel que soit le match de foot le 5 mai en France.
08:08Là, ce n'est pas le même scénario, on ne peut pas arriver au même cas.
08:10Pour moi, en fait, Furiani, c'est un drame et ça appartient un peu au Bastiais.
08:15C'est une demande de leur part parce qu'ils veulent justement garder cette journée pour commémorer peut-être entre eux,
08:21c'est un drame qui s'est passé dans un contexte d'un match normal
08:24où il n'y a pas eu d'éléments extérieurs qui viennent perturber.
08:31Et ça s'entend complètement.
08:32Je comprends totalement le fait de ne pas jouer le 5 mai,
08:34mais autant ici, je pense que le message envoyé est beaucoup plus fort,
08:37justement, en sacralisant un peu cette date-là,
08:40en faisant un match de l'équipe de France au Stade de France tous les 13 novembre.
08:43Juste parce que, comme le disait Braque, c'est la meilleure image qu'il a.
08:47On est plus fort qu'eux, en fait.
08:48Il faut montrer ce message-là.
08:49Pour moi, c'est super important.
08:50Je mettrai le drame de Fiorini dans la même logique, encore une fois.
08:56Jouer, venir, entre guillemets, se rassembler au Stade.
08:59Se souvenir.
08:59Se souvenir.
09:00Oui, mais bien sûr.
09:01Ce n'est pas oublier, ce n'est pas se manquer de respect.
09:03Au contraire.
09:04Mais là, c'est une demande de leur part.
09:05Donc, tu es obligé d'être avec tout leur volonté, en fait.
09:07C'est leur volonté.
09:08On comprend et on peut le respecter, ça c'est clair.
09:10Mais moi, je resterai sur la même position, en fait, de la logique.
09:13Ça, c'est de jouer à cette date-là.
09:16Ça leur permettrait, je trouve, de pouvoir communier autour de ça.
09:18Et ce n'est pas pour autant qu'on oublie ou ça manque de respect.
09:22Oui, par rapport à ce que tu dis, quitte même à faire un…
09:26Je vais partir loin, mais si les Bastières auraient demandé qu'il y ait une journée
09:34où tout le monde joue ensemble pour jouer justement pour le 5 mai,
09:37et pour justement ce drame-là, ça aurait du sens aussi.
09:41En fait, il n'y a pas de mauvaises idées.
09:43Après, ça a du sens.
09:44Je trouve que c'est personnel aussi aux Bastières de ressentir le truc.
09:47Vous savez quoi, après la pluie, on va retourner du côté du Parc des Princes,
09:51mais pour parler foot, cette fois avec une attaque remaniée côté bleu,
09:54tiens, pour affronter l'Ukraine et espérer décrocher la calife en Coupe du Monde.
09:58Kylian Mbappé a notamment reconnu le talent de son coéquipier Ryan Cherki,
10:01qui devrait débuter avec lui demain.
10:03Toutes les dernières infos qu'on prouvent à venir dans l'équipe de choc.
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