Réforme des retraites : "Le Sénat a voté cette réforme, je pense que nous la rétablirons"

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il y a 2 jours

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00:00Immédiatement avec votre invitée, la sénatrice union centriste Elisabeth Douaneau,

00:04rapporteure générale du budget de la sécurité sociale,

00:07alors que l'Assemblée nationale s'apprête à débattre de la suspension de la réforme des retraites.

00:12Bonjour Elisabeth Douaneau.

00:13Bonjour Alexandre.

00:14Alors l'Assemblée nationale s'apprête à voter la suspension de la réforme des retraites.

00:18Est-ce que vous dites, même si cette suspension est adoptée,

00:20de toute façon la réforme des retraites sera rétablie au Sénat par la majorité de droite et du centre ?

00:24Écoutez, c'est probable puisque c'est ici qu'est née cette idée

00:27qu'il fallait réformer les retraites.

00:30Quand on est face à la pyramide des âges que l'on connaît,

00:33aux défis démographiques, au problème de la baisse du nombre d'actifs par rapport au nombre de retraités,

00:39c'était en tout cas une réforme que nous souhaitions ici au Sénat,

00:42que nous avons votée au Sénat.

00:43Alors je ne dis pas qu'elle a été votée dans toute la sérénité qu'on peut imaginer,

00:49mais néanmoins elle a été votée ici à une très large majorité.

00:52Donc je pense qu'ici au Sénat, nous rétablirons cette réforme.

00:55Mais quand même dans le contexte politique qu'on connaît, dans la crise politique actuelle,

01:00cette concession faite au Parti Socialiste,

01:03est-ce qu'elle n'est pas nécessaire pour éviter une nouvelle dissolution,

01:06qu'on s'enfonce encore dans cette crise politique ?

01:08Je suis d'accord avec vous, mais en réalité,

01:10est-ce que beaucoup de Françaises et de Français nous interpellaient encore sur cette réforme ?

01:16Pas tellement.

01:17En réalité, tout le monde a plus ou moins compris que le système ne pouvait pas tenir,

01:22parce que c'est un coup de canif qui est fait aux générations futures.

01:26Pour aujourd'hui en tout cas, le déficit, il reste néanmoins existant.

01:32Et donc on voit bien que finalement, les Françaises et les Français avaient compris

01:37qu'il fallait absolument réformer le système.

01:39Et en tout cas, ce que je peux dire ici au Sénat, c'est que nous avons voté cette réforme.

01:44Je ne pense pas que nous allons nous renier dans les prochaines semaines.

01:47Alors en tout cas, vous parlez des Français.

01:49Si on regarde les sondages actuels, il y a quand même encore une majorité de Français

01:51favorable à cette suspension.

01:53Et à l'époque, en 2023, on le rappelle, une grande majorité de Français

01:56étaient contre cette réforme des retraites à 64 ans.

02:00Est-ce que cette suspension, c'est aussi une manière de les écouter,

02:02d'apaiser le débat public ?

02:04J'entends l'idée de l'apaisement.

02:07Ça, c'est une réalité, il faut apaiser.

02:10Mais néanmoins, il faut être aussi face aux réalités.

02:12On ne peut pas être devant un déni de réalité.

02:15Il faut quand même les uns et les autres qu'on se dise qu'en France,

02:19le départ de l'âge à la retraite est quand même moindre que dans d'autres pays européens

02:24qui sont avec des majorités plus à gauche.

02:27Donc, c'est une réalité, je dirais, de l'hémisphère nord.

02:30Et donc, est-ce qu'en France, on pourrait se permettre de partir plutôt à la retraite,

02:35mais surtout de laisser à penser que les jeunes générations n'auront pas de retraite du tout

02:38puisqu'on leur laissera la facture ?

02:40Alors, pour financer cette suspension, les députés ont voté la hausse de la CSG sur le patrimoine.

02:46Vous, en tant que rapporteur sur le budget de la Sécurité sociale ici au Sénat,

02:51Elisabeth Douano, qu'est-ce que vous pensez de cette mesure qui peut apporter des recettes à la Sécurité sociale ?

02:55Certes, ça apporte 2,5 milliards d'euros.

02:59Mais encore là, on voit bien que c'est une mesure ponctuelle.

03:01Une fois qu'on aura usé de cette mesure, les années qui viennent montreront que ce ne sera pas suffisant.

03:07Ce ne sera pas suffisant.

03:09Donc, on reporte le problème encore un peu plus loin.

03:12Alors, l'Assemblée a jusqu'à minuit aujourd'hui pour terminer l'examen du budget de la Sécurité sociale

03:18avant de le renvoyer au Sénat.

03:21Et le gouvernement a assuré que tout ce qui a été voté par les députés,

03:25tous les amendements votés seront transmis au Sénat.

03:27En tout cas, c'est l'intention du gouvernement.

03:28Est-ce que du côté du Sénat, on va être dans une démarche de compromis avec l'Assemblée

03:32sur ce budget de la Sécurité sociale ?

03:34En tout cas, on va montrer de l'intérêt pour certains amendements

03:37qui ont été déposés par l'Assemblée.

03:39Mais encore là, nous ne serons pas dans la surenchère des taxes, des impôts,

03:44parce que notre pays, aujourd'hui, montre justement qu'on est au bout de ces solutions-là.

03:49Il faut trouver dans la prévention, dans d'autres mesures,

03:56la transformation de notre système de santé.

04:00En fait, moi, je pense qu'on ne travaille pas assez sur l'efficience.

04:03L'efficience, on voit bien qu'il y a des redondances de soins.

04:06Donc, c'est sur les mieux de dépenses qu'il faut travailler.

04:09Et c'est sur moins de dépenses, de toute façon.

04:11Et moi, je vous rappelle qu'aujourd'hui, pour payer les retraites notamment,

04:16il nous faut avoir des recettes.

04:19Et c'est l'ACOS, donc l'URSSAF, qui paye aujourd'hui l'ensemble des prestations.

04:23Elle nous dit bien qu'elle est dans une zone à risque.

04:26Et comme nous ne pouvons pas reporter de la dette de la Sécurité sociale sur la CADES,

04:30puisque finalement, ce n'est plus possible ou peut-être à la marge,

04:34eh bien, il faut faire très attention.

04:35La CADES, c'est une caisse d'amortissement de cette dette de la Sécurité sociale.

04:37Exactement. Et si on ne fait pas attention, en fait, en cas de crise, demain,

04:42eh bien, nous n'avons absolument aucune capacité à régler les problèmes.

04:47Dernière question rapidement.

04:48Est-ce que vous allez rétablir le gel des aides sociales

04:50qui a été abandonné par le gouvernement ?

04:52C'est une mesure que nous avions proposée à François Bayrou.

04:55Et donc, effectivement, nous allons proposer d'y revenir.

04:58Merci beaucoup, Elisabeth Douano, d'avoir répondu à mes questions.

05:01Merci. Merci beaucoup, Alexandre, pour cette interview.

05:04Tandis que l'on voit...

05:05Merci.

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