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  • il y a 1 jour
Lauréat du prestigieux Prix Interallié 2025, Louis-Henri de La Rochefoucauld avec son nouveau roman "L’amour moderne" est consacré comme l’un des grands moralistes de notre temps, dans la lignée de son illustre ancêtre François de La Rochefoucauld. Derrière les façades impeccables du XVIᵉ arrondissement, l’auteur met à nu les blessures cachées d’un monde privilégié, entre apparences sociales, ambitions étouffées et drames intimes. Inspiré d’un fait divers réel – le meurtre d’une famille dans un milieu jésuite et bourgeois – le roman explore la culpabilité et le vernis fragile de la réussite. Ivan, dramaturge désabusé, Albane, comédienne retirée, et Michel, producteur cynique, forment un trio amoureux où désir, hypocrisie et solitude se confondent. Dans cette comédie humaine moderne, l’amour devient un miroir des élites, un théâtre où les sentiments jouent contre les conventions. Louis-Henri de La Rochefoucauld signe un vaudeville noir, d’une ironie raffinée, qui mêle Chateaubriand, Balzac et Hergé. À travers une prose élégante et cruelle, il interroge notre époque, sa superficialité, son narcissisme et sa peur du vide. "L’Amour moderne" : un roman sur les passions, les fantômes et la décadence douce de ceux qui croient tout avoir. Certainement l’un des meilleurs livres de cet automne !

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Transcription
00:00– Critique littéraire et écrivain, Louis-Henri de Larochefoucauld est notre invité pour un livre qui se dévore,
00:12l'amour moderne, un des livres de la rentrée littéraire aux éditions Robert Laffont dans la collection Pavillon
00:19et c'est en vente sur le site TVL. Vous connaissez le chemin tvl.fr et vous allez dans la boutique de TVL.
00:25Monsieur bonjour, merci d'être sur TVL. Comment raconter l'amour aujourd'hui à cette question ?
00:30Vous avez répondu déjà dans les colonnes du magazine Paris Match et vous avez dit, je vous cite,
00:35l'amour moderne est un roman anti-moderne. En quoi ce décalage entre le titre et les propos est-il essentiel
00:41ou est-ce que c'est simplement un titre trompeur ?
00:44Oui en effet, ce n'est pas un titre ironique mais je dirais qu'il y a un sourire dans ce titre
00:49puisque rien que la couverture ne sent pas vraiment la modernité.
00:55Et je trouvais ça drôle d'avoir un titre comme ça qui sonnait un peu comme un slogan publicitaire
01:01et avec une réalité qui comme souvent dans la vie ne correspond pas à ce qui est annoncé.
01:09Est-ce que vous ne faites pas le constat que derrière les gadgets numériques
01:13ou ce qu'on appelle le polyamour maintenant, l'amour lui reste, les passions humaines,
01:19ça reste fondamentalement inchangé.
01:21Et en fait vos trois personnages sont au service de la permanence des passions amoureuses.
01:26Tout à fait, c'est sûr que la société peut changer, des lois peuvent changer, des gadgets peuvent apparaître.
01:34Mais ce qui est des sentiments humains, je pense que ça c'est immémorial.
01:38C'est ce qui vous rend anti-moderne.
01:40Tout à fait, mais je pense que, je me suis intéressé un peu à des textes comme ça,
01:45plutôt des essais parlant de l'amour à travers les siècles.
01:47Et c'est vrai que finalement, de mon ancêtre, Laroche-Foucault, qui écrit des Maximes au XVIIe,
01:52à Stendhal, quand il écrit De l'amour en 1822, jusqu'à Roland Barthes,
01:56quand il écrit Fragments d'un discours amoureux en 1977,
02:00est-ce qu'il y a une avancée dans la connaissance du sentiment amoureux ?
02:02Est-ce qu'il y a un progrès ? Je ne pense pas.
02:06Dans Château de Sable, c'était votre précédent ouvrage.
02:08Vous étiez venu en parler sur TVL.
02:10Vous faisiez le portrait un peu au vitriol du monde des lettres, du milieu littéraire.
02:15Là, dans l'amour moderne, vous consacrez une véritable étude de mœurs au monde du cinéma, du showbiz.
02:21On a la précision et la cruauté qu'on retrouve chez Balzac.
02:25Et est-ce que vous vous revendiquez cet héritage ?
02:28Ce n'est pas facile, mais néanmoins, est-ce que vous revendiquez cet héritage ?
02:31Balzac, comme vous d'ailleurs, habitez ce qui est devenu le 16e arrondissement de Paris.
02:35On y reviendra.
02:36Tout à fait.
02:36C'est vrai que j'aime bien cette tradition française,
02:38mais qui remonte même avant à Balzac, à quelqu'un comme la Bruyère,
02:43ou même à Molière, etc.
02:45à s'amuser à rire de cette comédie humaine.
02:48Je pense que les costumes changent, les décors changent,
02:51mais les types humains, dans le bon comme dans le mauvais, traversent les siècles.
02:58Antimoderne et respect de la filiation.
03:00Vous évoquez déjà M. de la Rochefoucauld, c'est Maxime.
03:02Vous voulez vraiment que cette filiation, elle existe ?
03:04Vous la revendiquez aussi.
03:06Tous les écrivains ne font pas.
03:07Non, mais c'est vrai que plus je vieillis, plus je me sens de la sympathie pour cet ancêtre.
03:14J'aime aussi beaucoup Mme de Lafayette, par ailleurs, à commiser Tellier.
03:19En fait, je m'aperçois que plus j'ai de la sympathie pour le 17e siècle d'une manière générale,
03:24tant dans son versant le plus mélancolique ou le plus pessimiste avec Pascal,
03:30jusqu'au plus comique avec Molière.
03:31Et oui, je pense que des écriveurs contemporains feraient bien de relire un peu les siècles précédents.
03:37Avant d'écrire.
03:38L'amour moderne.
03:39Évoquons maintenant le cadre du roman.
03:41Alors, j'ai évoqué l'arrondissement bourgeois de Paris, le 16e arrondissement.
03:44C'était bien évidemment volontaire, parce qu'il est partie prenante dans l'ouvrage L'amour moderne.
03:50Même, il se réduit à un quartier précis, Passy et la muette.
03:54Est-ce que l'amour moderne vous ouvre les portes et les mystères des appartements bourgeois et d'un quartier faussement endormi ?
04:03Soyons plus terre à terre, c'est parce que vous revendiquez, décrez que ce que vous connaissez bien.
04:07Et donc, c'est l'arrondissement que vous connaissez bien.
04:09Donc, vous l'évoquez.
04:11Écoutez, je pourrais faire plusieurs réponses à cette question.
04:13J'espère.
04:14Alors, ce qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui, dès qu'on parle d'autre chose que ce qu'on connaît,
04:18on est axé d'appropriation culturelle.
04:19Donc, je pourrais vous dire, au moins, moi, je parle de ce que je connais.
04:24À l'impression que ça fait 40 ans que je vis dans ce quartier.
04:28Je connais bien la sociologie de ce quartier.
04:30Je connais bien la géographie de ce quartier.
04:32C'est le restaurant.
04:33C'est le restaurant.
04:35Et j'y suis attaché.
04:37Et finalement, en littérature, ça n'avait pas si représenté que ça ces derniers temps.
04:41Il y a eu pas mal Modiano dans certains de ses livres.
04:45Accident nocturne, par exemple.
04:46Rue des boutiques obscures.
04:47Il y a des scènes qui se passent pas loin de chez moi.
04:50Mais, oui, c'est vrai que j'aime bien peindre ce quartier.
04:54Essayer de rendre un peu à ce quartier son mystère.
04:57Alors, il y a aussi quand même d'autres endroits que vous connaissez bien.
05:00On a Saint-Jean-de-Luz, on a Guernoset.
05:03Vous n'êtes pas fermé dans Passy.
05:05Non.
05:05C'est vrai que, oui, c'est les quartiers que vous évoquez.
05:08Ce ne sont pas des favelas.
05:10Oui, c'est ça que vous pourriez vous le reprocher.
05:12En disant que vous avez peut-être une vision un peu particulière de la capitale.
05:16Après, c'est vrai que c'est peut-être un souci de trouver aussi des beaux décors.
05:23Un souci un peu peut-être esthétique.
05:26Mais après, il se passe des choses dessous.
05:27C'est beau décor.
05:28Il se passe des choses parfois dramatiques.
05:30Je décris les milieux que je connais, c'est de vous.
05:33J'écris sur ce que je connais, répétez-vous, dans un récent entretien.
05:36Vous écrivez aussi que ce que vous avez personnellement vécu.
05:40Votre héros, alors, Yvan Kamenov, vit un drame.
05:43Le meurtre tragique de son meilleur ami, qui est en CE2.
05:48Alexis, on est en 1994.
05:50Et ma première question, bien évidemment, cette tragédie, est-ce que vous l'avez vous-même vécu ?
05:54Tout à fait, oui.
05:55J'étais dans une école privée du 16e arrondissement, Franklin, pour ne pas la nommer.
05:59Et en effet, en 1994, j'ai un camarade de classe qui a été tué par son père.
06:03Homme qui, un an après l'affaire Romand et quelques années avant l'affaire Dupont-de-Ligonnès,
06:08c'est une histoire un peu semblable d'un homme qui entre dans un peu une spirale paranoïaque, psychotique,
06:16et qui donc tue sa femme et deux de ses trois enfants.
06:19Et c'est une histoire qui m'a beaucoup marqué à l'époque, parce qu'en fait, on en a assez peu parlé.
06:25Et il y a assez peu d'articles de presse, en plus, sur cette histoire,
06:29qui a été pas mal étouffée par la famille à l'époque.
06:32Et c'est vrai que ça fait 30 ans que ça revient de temps en temps dans ma tête, comme ça.
06:37Et là, j'ai trouvé, j'espère, le moyen d'écrire dessus, sous la forme romanesque,
06:42puisque cette histoire qui a lieu il y a 30 ans revient dans la vie de deux des trois personnages.
06:47– Vous posez d'ailleurs la question, combien de moments dans la vie retient-on, finalement ?
06:52Vous avez retenu cette date de 1994, en disant même qu'il y a un avant et un après 1994 pour votre héros,
06:58et on comprend bien aussi que c'est pour vous, d'ailleurs.
06:59– Tout à fait, parce qu'il se trouve que cet événement, dans ma vie et dans le livre, a eu lieu en mai 1994.
07:05Donc moi, j'avais 9 ans à ce moment-là.
07:08C'est juste après la mort accidentelle d'Ayrton Senna sur le circuit d'Himola,
07:12et juste après le suicide de Grosse Ouvre à l'Élysée.
07:17Deux événements qui avaient marqué l'enfant que j'étais,
07:19parce que je dirais que Grosse Ouvre, c'était le monde politique,
07:21c'était le monde assez mystérieux de Mitterrand,
07:24qui était quand même un monde mystérieux à de nombreux égards.
07:27Mais pour l'enfant que j'étais, c'était en même temps le monde des adultes.
07:30Et Ayrton Senna, c'était le monde du sport, qui était un peu un monde de demi-dieux.
07:34Et donc, il s'était passé ces événements très violents,
07:36à la fois dans le monde politique, le monde du sport,
07:39et soudainement aussi dans mon école.
07:42Et donc, je pense que ça m'a montré, quand j'avais 9 ans,
07:46que le monde pouvait être plus violent qu'il en avait l'air.
07:50– De cette année 1994, Yvan, votre héros, lui retient bien sûr Mitterrand de Grosse Ouvre.
07:54Vous en avez parlé.
07:55Il retient aussi Kurt Corben.
07:57– Tout à fait.
07:58– Ce n'est pas 16e arrondissement, ce n'est pas 17e siècle.
08:00– Non, non, et Guy Debord aussi.
08:01Guy Debord s'est suicidé aussi en 94.
08:04Cobben s'est suicidé aussi.
08:06Ça, c'est des figures auxquelles je me suis intéressé plus tard.
08:09Mais c'est vrai que voir que tous les deux,
08:11Kurt Cobben, qu'on prend un peu maintenant comme le dernier rocker,
08:15et Guy Debord, qui a encore une sorte d'influence intellectuelle,
08:20que ces deux figures se sont tuées aussi en 94,
08:22ça a ajouté deux, je dirais, deux figures à cette petite constellation tragique de 94.
08:30– Alors, votre héros, Yvan, au moment où nous parlons,
08:33il vous ressemble puisqu'il a vécu un acte que vous-même avez vécu,
08:38mais on va peut-être s'éloigner quand même de ce rapprochement,
08:42parce que très vite vous dites, c'est un dramaturge, un créateur en panne,
08:46vous ne l'êtes pas, vous l'êtes d'écrire, désormais incapable d'écrire,
08:48c'est la preuve que le héros ne vous ressemble pas,
08:51et puis vous ne l'épargnez pas, je cite, une fin de race,
08:53un homme qui avait pris la vie comme une sorte de temps additionnel.
08:56Était-il capable d'aimer pleinement ?
08:57– Oui, alors c'est vrai qu'au début du livre, ça se passe donc 30 ans plus tard,
09:01aujourd'hui à peu près, Yvan approche de la quarantaine,
09:03il a été marié, il ne l'est plus.
09:07Et en effet, il a eu quelques pièces de théâtre qui ont eu du succès,
09:10mais il ne sait pas très bien quoi faire.
09:11Et quand le livre commence, un personnage qui s'appelle Michel,
09:17Michel Hugo, le joint pour écrire une pièce de théâtre,
09:22et je ne veux pas mordre sur vos questions suivantes,
09:25mais disons que voilà, ce Michel Hugo est marié à une femme
09:28qui s'appelle Albane Blanzac,
09:30et Yvan sait que cette femme a elle aussi un lien avec ce fait divers
09:32qui a eu lieu 30 ans avant,
09:33et c'est pour lui une motivation du coup de travailler avec cette femme
09:38et il ne sait pas que c'est peut-être avec elle
09:41qu'il va reconnaître une nouvelle fois le sentiment amoureux.
09:44– Cette Albane, c'est une grande actrice qui a été oscarisée,
09:48mais qui s'éloigne de la scène,
09:49qu'elle s'éloigne du jeu, du spectacle,
09:51comme Yvan, elle est détachée de tout,
09:54y compris de sa propre vie d'ailleurs,
09:56et vous lui faites dire cette phrase que quelquefois on pourrait lui envier,
10:00je ne veux plus prendre part à cette société falsifiée.
10:03Retour dans le XVIIe siècle.
10:05– Oui, oui, bah écoutez, rien n'a changé depuis la société de cours
10:09et les masques qu'il faut parfois mettre
10:13pour se ménager une place dans la société.
10:16Et c'est vrai que cette femme a la chance de pouvoir sortir un peu du jeu.
10:23Et je suis d'accord avec vous qu'on aimerait bien parfois
10:24pouvoir avoir en effet cette expérience de faire l'école buissonnière.
10:29– Vous n'aimez vraiment pas cette société ?
10:32– Et là vous protégez…
10:33– Ah si, si, non, non, en plus…
10:34– Dénoncer le showbiz, dénoncer la presse,
10:36dénoncer le monde littéraire qui est le vôtre.
10:39C'est quand même le sentiment que vous n'êtes pas à l'aise
10:42dans le monde qui est le nôtre, ce qui n'est pas un reproche.
10:45– Oui, oui, non, mais après je crois qu'il faut savoir,
10:46c'est vrai que c'est un apprentissage de la vie,
10:50c'est qu'il faut réussir à se faire une place quand même dans le monde
10:54sans renier ses valeurs, mais parfois en composant un petit peu.
10:59Moi j'arrive à mener une vie qui me paraît, comment dire,
11:05conforme à mes valeurs, mais c'est vrai qu'il faut être parfois
11:08un peu stratège dans la vie, oui, pour réussir à…
11:11– Et le troisième personnage chez Michel, vous l'avez dit,
11:13le producteur s'en scrupule.
11:15Il est vraiment digne d'un vaudeville, il incarne le cynisme,
11:18l'arrivisme, la corruption, bien sûr, la passion aussi.
11:21Est-ce que le mari d'Alban n'est pas en définitive le vrai moderne du roman ?
11:24C'est lui qui manipule au lieu d'aimer ?
11:27– Tout à fait, lui c'est un mâle alpha pour parler la langue d'aujourd'hui.
11:32C'est un homme toxique.
11:35C'est Hitchcock qui disait que pour qu'un film soit réussi,
11:38il fallait que le méchant soit réussi.
11:40Et pour lui, un méchant réussi, ce n'était pas un méchant caricatural,
11:43mais c'était un méchant qui pouvait aussi être sournois
11:45et donc être aussi, avoir du charme, avoir de l'intelligence, être séduisant.
11:51Et c'est ce que j'ai essayé de faire avec ce personnage
11:52qui est un ancien ministre de la Culture,
11:54une sorte de dernier nabab du cinéma français,
11:57par ailleurs propriétaire d'un théâtre,
11:59et qui en effet a fait un peu de cette Albane sa chose.
12:04Et oui, il est moderne au sens où il incarne d'une certaine manière
12:06ces hommes de sa génération, ces hommes de pouvoir de sa génération.
12:12Post-baby-boomer, j'ai envie de dire.
12:14– La question, la vraie question, on ne va pas aller plus loin dans l'ouvrage,
12:20il va falloir le lire, mais est-ce qu'il y a une recette d'un amour heureux ?
12:24Ou comme vous l'avez dit à Paris Match, j'ai trouvé cette phrase encore assez amusante,
12:27c'est la référence, j'ai cherché l'amour moderne, c'est l'amour et la violence,
12:31comme le dit la chanson de Sébastien Tellier.
12:34J'ai regardé les paroles répétitives d'ailleurs, introspectives de cette chanson.
12:39Dis-moi ce que tu penses de ma vie, de mon adolescence, j'aime aussi l'amour et la violence.
12:45– Écoutez, l'amour peut être violent, mais il faut essayer de l'attendrir.
12:52Je pense que, je crois quand même que les sentiments purs ont de l'avenir,
12:58et l'amour moderne, ça serait peut-être en effet un amour anti-moderne
13:02qui serait renoué avec certaines valeurs de l'amour courtois.
13:07– Retour au précédent siècle, après avoir lu l'amour moderne,
13:11que souhaitez-vous que vos lecteurs retiennent de cet ouvrage, de cette fresque ?
13:14Un constat sur l'amour contemporain, une réflexion sur les passions humaines,
13:18ou simplement le plaisir d'une lecture ?
13:20Ou se mêle d'ailleurs beaucoup d'humour, de mélancolie,
13:23votre ville, tragédie, ironie, satire sociale ?
13:28Qu'est-ce que l'amour moderne ?
13:29– Écoutez, je crois que c'est vrai que ce que j'aime bien en littérature,
13:32c'est qu'il y a une forme de lucidité, parfois sans concession en effet,
13:37mais qui ouvre quand même sur une forme d'espérance.
13:39Et c'est vrai que dans ce livre, je brocarde un peu ce milieu
13:43un peu du showbiz incarné par Michel.
13:47Mais à la fin, voilà, la fin du livre est un peu ouverte,
13:50je ne vais pas tout dévoiler, mais quelque chose est possible
13:53entre Alban et le personnage divan.
13:55Et je pense, voilà, sans vouloir parler comme un pape,
14:02mais il faut toujours garder au cœur l'espérance, oui.
14:06– Garder l'espérance.
14:07Une dernière question, Louis-Henri Larchoucault,
14:10l'accueil de votre ouvrage, il a été excellent.
14:13C'est parce que vous êtes critique littéraire,
14:14qu'on a des bonnes critiques littéraires ?
14:16Ce n'est pas une question sympathique ?
14:17– Écoutez, non, non, alors, non, non, mais vous faites bien de me la poser.
14:20Honnêtement, non, parce qu'en vérité, j'ai eu la chance que ce livre soit bien accueilli,
14:25mais par des gens qui, je pense…
14:27– Très bien accueillis, même.
14:28– Oui, sont un peu, en entre guillemets, de ma famille,
14:31mais ce livre a été aussi ignoré par une part des médias non négligeables.
14:36– Pourquoi ?
14:37– Je veux dire, Télérama, tout ça, je n'ai pas eu une ligne.
14:40– C'est une bonne nouvelle, non ?
14:42– Oui, oui, alors moi, ça ne me dérange pas du tout, je trouve ça plutôt bien.
14:45Mais disons qu'il y a parfois, oui, une forme de polarisation aussi,
14:50mais c'est drôle parce que j'ai dû relire Illusion perdue
14:52il n'y a pas longtemps pour une conférence que je devais faire dans un lycée.
14:56Et Balzac explique déjà ça dans Illusion perdue,
14:58que souvent, une sorte de clivage esthétique
15:02se retrouve aussi dans des clivages, entre guillemets, politiques.
15:06Alors à l'époque, c'est entre les libéraux et les ultra-royalistes.
15:10Et aujourd'hui, c'est vrai que c'est un peu pareil,
15:12des sensibilités littéraires se retrouvent dans le champ médiatique.
15:18Et si vous avez un bon papier dans le Figaro Magazine,
15:20a priori, ça sera plus dur à Télérama, et vice-versa.
15:23– Et pourquoi vous ne l'avez pas à Télérama ?
15:24Vous vous êtes posé cette question ? Vous les avez appelés, par exemple ?
15:27– Non, alors c'est vrai que je ne connais personne qui travaille là-bas.
15:29– Tant mieux ?
15:30– Non, alors ce qui est vrai, c'est qu'en tant que critique,
15:33moi j'essaye de…
15:35quand il y a un bon livre qui sort, dans ce que je pourrais appeler,
15:38entre guillemets, un camp qui n'est pas le mien,
15:40j'ai toujours plaisir à en dire du bien,
15:43parce que j'estime que la littérature est au-dessus de tout ça.
15:45– Est-ce que ça veut dire que vous, un homme de droite ?
15:48– Voilà, sans doute, c'est vrai que souvent, on est finalement plus ouvert.
15:50Après, il y a des écrivains que j'aime bien, comme Modiano, par exemple,
15:54qui ont toujours été adoubés par tout le monde.
15:58Et c'est vrai d'ailleurs que pour moi, un bon critique littéraire
16:00est quelqu'un qui sait voir la littérature,
16:04même dans des camps ou des milieux qui ne sont pas censés être le sien.
16:08– Parce que là, le reproche, il n'est pas politique,
16:11il n'y a rien de politique, il y a la dénonciation du showisme,
16:14ce n'est pas la vision politique des choses,
16:16donc c'est le fait que cet amour moderne, il est en fait anti-moderne,
16:19c'est ça le reproche, c'est qu'il s'explique dans la tradition
16:22et qu'on n'est pas dans une série Netflix du trouble…
16:26– Je pense qu'à vrai dire, c'est plus simple que ça,
16:29je pense que c'est juste le nom que je porte,
16:31– Vous pensez que le fait… – M'élimine dans certains…
16:33– C'est quoi, La Rochefoucault ou La Particule ?
16:35Ou le 16e arrondissement ou Louis-Henri ?
16:37– La Rochefoucault et La Particule vont de pair.
16:39– Oui, je n'ai pas échappé.
16:42– Non, non, mais…
16:43– Vous voulez échanger ?
16:44J'ai vu votre ami et collègue Nicolas Essendorf,
16:48il publie ce nom de Néo des fois.
16:50– C'est vrai, c'est vrai.
16:51– Pour lui faire LHLR.
16:53– C'est vrai, c'est vrai.
16:54– Si c'est de rapporter.
16:55– Non, mais il y a des gens qui arrivent, par exemple,
16:57quelqu'un que vous recevez souvent,
16:58que j'estime comme Emmanuel Levaresquiel, par exemple,
17:01même en parlant pourtant de sujets historiques comme la Révolution,
17:05arrive à avoir une audience dans des médias variés.
17:11Donc, c'est possible.
17:15Mais voilà, c'est parfois avoir ou ne pas avoir la carte
17:17est quelque chose d'assez mystérieux, honnêtement.
17:21Après, c'est vrai qu'il m'arrive aussi, comme critique parfois,
17:26de dire du mal d'écrivains importants pour les gens de Télérama,
17:30ce qui ne leur fait peut-être pas plaisir
17:32et ne leur donne pas envie de m'aimer.
17:35Mais bon.
17:36– Mais Télérama, ça reste important.
17:38Je vous pose la question parce que ça a l'air de vous marquer
17:40de ne pas être dans Télérama.
17:40– Non, non, mais je dis ça.
17:41– Alors que moi, je ne me rappelle plus
17:43et on lue le Télérama une fois dans sa vie.
17:46– Non, non, mais vous avez raison.
17:46En fait, je dis ça juste comme ça parce que…
17:50– C'est l'impression que ça vous marque.
17:51– Non, non, pour résumer, je pourrais vous prendre,
17:54on pourrait dire France Inter, si vous préférez,
17:59qui sont pour moi, c'est un peu le même monde.
18:04Je ne sais plus quelle était votre question.
18:07– Ma question, c'est…
18:07– Non, non, franchement non, on vit très bien sans.
18:11Mais c'est vrai que je remarque que parfois,
18:14quand on est dans l'autre camp, on est plus indulgent
18:16qu'eux le sont.
18:18Mais c'est ce que vous disiez vous-même.
18:19– Voilà, le sectarisme.
18:20– N'est pas là où on le pense.
18:22– Bon, moi j'en étais convaincu.
18:24L'amour moderne, c'est aux éditions Robert Laffont,
18:27collection Pavillon, et je vous invite à trouver
18:30et à lire ce beau roman.
18:32Merci à vous, Louis.
18:33– Merci à vous.
18:34– Au revoir.
18:34– Sous-titrage Société Radio-Canada
18:37
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