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  • il y a 10 heures
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Agathe Lambret et Renaud Dély.

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00:00Générique
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans Les Informés.
00:10C'est parti pour une demi-heure de décryptage de cette actualité
00:14à la veille des commémorations des attentats du 13 novembre.
00:18Bonjour Renaud Delis.
00:19Bonjour Agathe.
00:19Dix ans après les attentats de novembre 2015,
00:23quel est l'état de la menace terroriste en France ?
00:26Comment a-t-elle évolué ?
00:28Nos renseignements ont-ils suffisamment de moyens ?
00:31Pour nous éclairer ce matin, Louis Osalter, journaliste politique au Figaro,
00:35auteur de La foudre et les cendres,
00:36Macron, les secrets d'une succession interdite aux éditions de l'Observatoire.
00:40Bonjour Louis.
00:41Mathieu Sug, journaliste à Mediapart, spécialiste du terrorisme et du renseignement,
00:46auteur de Vendredi 13, les attentats vus depuis les services secrets aux éditions à HarperCollins.
00:51Bonjour Mathieu.
00:52Et puis Gilles Bornstein, présentateur des 4 vérités tous les matins sur France 2.
00:56Bonjour Gilles.
00:56Bonjour Agathe, bonjour à tous.
00:58Et donc on commence par ce point, Renaud, sur l'état de la menace terroriste en France dix ans après.
01:03Dix ans après, donc ces attentats du 13 novembre 2015 que l'on s'apprête à commémorer demain.
01:07Cette série d'attentats qu'il y avait fait au Stade de France, sur les terrasses, au Bataclan,
01:10132 morts, plus de 400 blessés, un bilan d'une ampleur inédite dans l'histoire du terrorisme en France.
01:16Depuis, le terrorisme islamiste a continué de frapper sur notre territoire et ailleurs,
01:21d'ailleurs en Europe et dans le monde.
01:22Mais est-ce qu'une telle organisation, de telles attaques coordonnées, des attentats de masse aussi sanglants seraient encore possibles ?
01:28Et comment est-ce que cette menace terroriste a muté dix ans après ?
01:32Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes.
01:34Sur ce plateau, votre invitée, Céline Berton, qui est la directrice générale du Renseignement intérieur.
01:39La menace terroriste, elle est aussi composée par une autre physionomie, c'est ce qu'on appelle la mouvance endogène.
01:46Ce sont les gens qui sont déjà présents sur le territoire national français et qui adhèrent à l'idéologie mortifère du terrorisme
01:54et sont capables d'imaginer des passages à l'acte.
01:57L'année 2024, elle a cela de singulier que nous n'avons pas connu d'attentats mortels sur notre territoire.
02:02Pour autant, on a déjoué l'année dernière neuf projets d'attentats.
02:06Et une demi-douzaine d'autres ont déjà été déjouées en 2025, dont d'ailleurs tout récemment avec un certain nombre d'arrestations.
02:14Donc, est-ce que cette menace est aujourd'hui plus diffuse et peut-être plus complexe encore à affronter ?
02:20Et puis, dans quelle mesure a-t-elle évolué avec notamment cette menace endogène qu'évoque Céline Berton à l'instant ?
02:26Mathieu, je suis qu'une menace endogène, donc de l'intérieur, pas forcément très structurée, organisée,
02:33c'est aussi une difficulté, un défi pour les services de renseignement aujourd'hui ?
02:37C'est ça le principal enjeu ?
02:40Le problème, c'est qu'effectivement, on n'a pas affaire à des réseaux structurés qu'on peut éventuellement connaître,
02:45passant, ayant besoin de trafiquants d'armes et de choses,
02:49et d'une logistique comme on a pu les connaître dans les attentats complexes qu'on a vécu entre 2014 et 2016,
02:56au plus plein cœur de la vague d'attentats.
02:58Ce sont des très jeunes gens, ça a été dit, ces derniers mois, enfin sur l'année 2025,
03:05ils ont entre 17 et 22 ans.
03:08Et ça commence dès 13-14 ans, nous disait la patronne de la République.
03:10Aussi, oui, et avec des gens qui ont d'abord une fascination pour la violence.
03:16Et d'ailleurs, là, lors d'entretiens qu'on a fait ces derniers jours,
03:20pour réactualiser un peu nos connaissances,
03:22on nous disait, c'est marrant, c'est qu'il y en a certains, ils pourraient basculer du côté des nazis ou du côté du djihad,
03:30le djihad ayant quand même la prédominance.
03:33Mais donc, ce sont des enfants qui vont d'abord aller voir des contenus violents sur des réseaux sociaux,
03:38et les algorithmes vont les orienter après sur des contenus de la propagande de l'État islamique.
03:43Et le problème, c'est que, ça aussi on l'a détaillé, c'est que les parents, on est dans des cadres familiaux très structurés,
03:54ce ne sont pas des gens en déshérence, et les parents sont dépassés parce que les enfants sont très connectés,
03:59on connaît tous ça, et qu'ils maîtrisent comment cacher leur connexion à leurs parents.
04:07Donc, c'est difficile dans le milieu familial, dans la cellule familiale, de détecter.
04:11Pour les services, ça l'est aussi, parce que ce sont des gens, la plupart des enfants ou des jeunes adultes
04:18qui ont été interpellés, n'étaient pas connus des services de renseignement en amont.
04:24Donc voilà, on est face à une feuille blanche, et d'où cette difficulté.
04:28En revanche, des attaques coordonnées, préparées depuis longtemps, déclenchées depuis l'étranger,
04:32comme la Syrie sur le modèle du 13 novembre, est-ce que ce serait encore possible aujourd'hui, Louis ?
04:37On a entendu Céline Berton, et les chefs des services de renseignement, de manière générale, sont un petit peu rassurants là-dessus.
04:44Un petit peu, parce qu'ils ne disaient évidemment pas que c'est impossible.
04:47Je lisais récemment dans le Figaro une tribune de Jean-François Ricard, qui est l'ancien procureur national antiterroriste,
04:52qui dit « attention quand même, attention à ne pas s'endormir ».
04:55À la fin des années 2000, en France et en Europe, il n'y a pas eu d'attentats islamistes pendant une certaine période.
05:00C'était après Madrid, c'était après Londres, après évidemment le 11 septembre.
05:04Et jusqu'en 2011, il n'y avait pas eu spécialement d'attentats djihadistes.
05:07Alors qu'en fait, des cellules existaient, des réseaux dormants existaient, que des attaques projetées sont redevenues possibles.
05:12Évidemment, la plus violente, la plus traumatisante a été celle de Paris et Saint-Denis le 13 novembre.
05:18Donc ils disaient « attention, il y a des périodes comme ça, où l'espacement des attentats djihadistes pourrait nous laisser penser que les réseaux sont affaiblis,
05:24que le discours islamiste ne porte plus, alors qu'en réalité, il est toujours là.
05:30Ce n'est pas parce qu'il y a plus d'attentats ou plutôt moins d'attentats, parce que malheureusement, il y en a encore, que ça n'existe plus.
05:35En effet, la menace a quand même beaucoup changé de forme et quelque part, elle devient presque plus imprévisible.
05:41Parce que ce qu'on lisait beaucoup dans les enquêtes après le 13 novembre, notamment le travail de Mathieu Suc,
05:45c'est que si ça a été possible, c'est aussi parce qu'il y avait un problème dans les services de renseignement eux-mêmes.
05:49Ils ne se parlaient pas. Et d'ailleurs, ça a été réorganisé en profondeur derrière pour que le travail de renseignement
05:55et de déminage de ces cellules en amont soient mieux faits.
05:58Mais aujourd'hui, avec la menace que vous venez de décrire, celle de jeunes qui peuvent se radicaliser en quelques semaines sur TikTok
06:04ou sur d'autres réseaux sociaux, évidemment, ça demande une nouvelle structuration, une nouvelle méthode de services de renseignement.
06:11C'est moins prévisible, c'est plus friable. Et du coup, ça ne veut pas dire que c'est moins menaçant qu'avant, bien évidemment.
06:16Pour vous dire ce que vous dites, Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur à l'époque, a raconté depuis qu'à l'époque de 2015,
06:22la dernière loi de renseignement datée de 1991.
06:26Donc comment lutter avec des téléphones perfectionnés, Internet, des années plus tard avec une loi aussi obsolète ?
06:32Aujourd'hui, Mathieu Suc, les renseignements sont mieux armés ?
06:36Oui, et d'ailleurs, pour compléter ce qu'on disait sur la jeunesse et peut-être rassurer les gens,
06:40bon, déjà, c'est une menace moins létale. Les attentats auxquels nous sommes soumis ces dernières années,
06:47ce ne sont pas des tueries de masse. Alors, un mort, c'est déjà un de trop.
06:51Mais voilà, le danger est un peu moindre. Et ce qu'on voit, Mme Berton, là déjà ici, nous a expliqué un certain nombre d'attentats déjoués.
06:59On a quand même beaucoup plus d'attentats déjoués que d'attentats réussis.
07:01C'est aussi parce que la loi a changé et que, notamment, elle a permis les cyberinfiltrations, y compris en judiciaire,
07:10et que, donc, nous avons beaucoup de ces projets qui sont pris très en amont.
07:15Alors, des fois, ça peut être un problème quand ça arrive au procès, c'est que les faits reprochés sont relativement légers.
07:22Les préparations d'attentats, on le voit aussi sur le contentieux terroriste d'extrême droite.
07:26Mais l'essentiel, c'est qu'il y a moins d'attentats.
07:30Elle a parlé de 2024 où il n'y a pas eu de mort.
07:34Et il y a eu aussi, entre 2022 et 2023, une période de 18 mois où on n'a pas eu de mort du terrorisme.
07:40Donc, on est quand même sur une espèce d'accalmie, même s'il y a ces petits dossiers qui apparaissent.
07:46Mais, Gilles Brandechein, il y a une recrudescence tout de même des actes terroristes liés aussi aux attaques du 7 octobre.
07:54Donc, la France n'en a clairement pas fini.
07:57Et là, les services de renseignement, qu'est-ce qu'ils peuvent faire ? Est-ce qu'il manque de moyens ? Est-ce qu'il faut aller plus loin ?
08:05Écoutez, votre interlocutrice disait que franchement, ça travaillait bien, qu'il n'y avait plus la guerre des services, la guerre des polices dont on pensait.
08:13On a le sentiment, vu de l'extérieur, que les moyens mis à la disposition de la justice antiterroriste et de la police antiterroriste sont plutôt satisfaisants.
08:23Après, oui, on n'en a pas terminé.
08:25Moi, je suis frappé.
08:26Il y a vu, il y a quelques temps, une querelle entre Gilles Kepel et Olivier Roy, savoir si c'était vraiment une radicalisation de l'islam.
08:32Une radicalisation de l'islam ou une islamisation de la radicalité.
08:36Quand on entend le comportement des jeunes, on a quand même un peu l'impression que c'est une certaine radicalité de jeunes radicaux, violents, sans repères,
08:46qui cherchent un moyen d'exprimer une certaine radicalité et une certaine violence et qui le trouvent à travers l'islam.
08:54C'est un peu ce que vous disiez.
08:56Et donc, forcément, c'est plus compliqué à détecter.
09:01Oui, je vous voyais un peu dubitatif.
09:04C'est plus compliqué que ça.
09:05Gilles parlait de Gilles Kepel, qui donne une interview au Figaro ce matin, ça tombe bien,
09:10et qui explique quand même qu'on a toujours du mal à émettre un contre-discours à l'islamisme qui grignote la société.
09:19Parce que c'est ça quand même qui n'a pas changé depuis le 13 novembre.
09:20Il y a quelque chose où il n'y a pas eu de retour en arrière.
09:22Parce que l'islamisme continue à grignoter la société.
09:25Ça ne veut pas dire que ça crée des gens violents du jour au lendemain.
09:28Non mais évidemment.
09:29Mais il faut faire attention quand même au discours.
09:32J'entends évidemment que, d'ailleurs je suis très surpris moi aussi par des profils jeunes,
09:35où effectivement ils hésitent parfois entre le nazisme et le djihadisme.
09:38Cela existe et cela existe de plus en plus.
09:40Mais pour autant, peut-être le combat qui n'a pas été gagné,
09:44j'espère qu'il n'est pas perdu depuis le 13 novembre,
09:46c'était celui contre le discours islamiste en général,
09:48qui peut prendre différentes formes évidemment.
09:50Ça peut être quiétiste, ça peut être simplement du salafiste
09:53et la construction d'une contre-société sans passer à un acte violent contre les civils
09:59comme c'est le cas dans les attentats djihadistes.
10:02Mais Gilles Kelpel a alerté sur le fait que, attention,
10:04ce combat-là n'est pas du tout gagné, voire il est en passe d'être perdu.
10:08Et ça, ce n'est évidemment pas quelque chose qu'on demande aux services de renseignement,
10:11qui ne sont pas la réponse, la baguette magique à tout.
10:13Ça, c'est un aspect éducatif, c'est un aspect culturel, c'est un aspect sociétal,
10:18qui est évidemment essentiel pour combattre aussi ce continuum de la violence islamiste.
10:21Et sur ce plan, c'est vrai qu'en disant, le débat public,
10:24et le débat politique en particulier, n'a pas vraiment progressé.
10:26C'est-à-dire que le fait est que, parfois, des jeunes au profil surprenant
10:30peuvent tomber dans cette violence islamiste sans être eux-mêmes,
10:33d'ailleurs comme s'ils s'emparaient d'une forme de radicalité
10:36sur les réseaux sociaux, sur Internet.
10:39Sauf que le problème, c'est qu'il y a une idéologie, l'idéologie islamiste,
10:41qui fournit un prêt à penser, j'allais dire un prêt à tuer d'ailleurs,
10:44dont ils s'emparent.
10:46Et là, il y a une offensive qui perdure, qui continue,
10:48de différentes façons, de façon parfois parfaitement paisible et pacifique,
10:52alors qui est-il, salafiste, comme le disait Louis Ocelter,
10:54j'allais dire communautariste, tout simplement,
10:56avec un certain nombre de marqueurs qui sont avancés dans la société
10:59pour fracturer la société, c'est-à-dire la République, laïque,
11:02soucieuse de l'intérêt général,
11:03et de distinguer ce qui relève du religieux
11:06de ce qui relève de la loi civile.
11:09Et puis, en revanche, ça peut prendre un tour,
11:11violent, extrêmement violent, et donc terroriste.
11:14Et sur ce point, je voudrais vous faire écouter
11:15l'un des invités de France Info ce matin,
11:18c'est le patron de Charlie Hebdo,
11:20RIS, rescapé de l'attentat de Charlie du 7 janvier 2015.
11:24On se souvient que RIS avait été lui aussi très gravement blessé.
11:27Et il l'évoque d'ailleurs de nouveau dans le numéro de Charlie
11:30qui paraît aujourd'hui, évidemment, cette mémoire du terrorisme,
11:34ce qui a changé ou pas dans la société française.
11:36Et il met le doigt, justement, sur cette offensive idéologique
11:39que les responsables politiques ont toujours bien du mal à désigner.
11:44Je pense que ce qui nous préoccupe à Charlie,
11:46c'est le fait qu'on a du mal aussi à mettre des mots sur tous ces événements
11:52et à donner des explications.
11:53Non, c'est l'islamisme, en fait, et on ne sait pas très bien comment parler
11:57dix ans après, c'est toujours un peu délicat parce que ça touche à la religion,
12:00ça touche à l'intégrisme, et c'est toujours aussi difficile d'en parler, quoi.
12:03On peut parler, effectivement, des attentats sur le plan sécuritaire, policier, etc.
12:08C'est difficile d'en parler, Gilles Bornstein, aujourd'hui, de l'islamisme ?
12:12Très difficile d'en parler, le témoin de notre conversation.
12:15C'est-à-dire que c'est vrai que c'est compliqué d'arriver à poser des mots précis
12:19sur l'islamisation, elle est une chose,
12:21que des gens veuillent donner à la société française des codes et des lois
12:25qui ne sont peut-être pas tout à fait compatibles avec les valeurs de la République,
12:29c'est une chose.
12:31Tous ne basculent pas pour autant dans la violence terroriste,
12:34donc il faut savoir nommer, effectivement, les choses, savoir graduer les choses,
12:38et c'est sûr que ce n'est pas facile, c'est sûr qu'on a tendance, parfois, à les confondre.
12:42Quand on essaye d'être précis, on vous accuse de banaliser.
12:47Si vous n'êtes pas précis, on vous accuse de faire de la stigmatisation.
12:51Donc c'est vrai que c'est assez compliqué,
12:52et c'est vrai que l'anniversaire à venir rend les choses plus compliquées.
12:57On voit qu'on rentre dans une période un peu particulière.
13:00Là, j'entendais les conversations, les gens commencent à se dire
13:02« Mais tu faisais quoi le 13 novembre ? Quels sont tes souvenirs ? Comment tu l'as vécu ? »
13:07Donc on rentre à la faveur de cet anniversaire,
13:10on rentre dans une période où la façon de parler de ces choses-là devient de plus en plus...
13:16C'est vrai que c'est un débat.
13:18Pourquoi c'est difficile, Mathieu ?
13:19Je pense qu'en fait, quand vous parliez des combats de ces deux chapelles,
13:24qu'elles sont, Képel et Roi,
13:26en fait, le problème, c'est qu'on est toujours dedans.
13:28C'est-à-dire que, pour avoir suivi un certain nombre de djihadistes et de procès djihadistes,
13:33je peux vous dire que je peux vous sortir,
13:35et n'importe quel journaliste qui a fait le même travail de chronique,
13:38je peux vous sortir des dizaines de cas qui collent à une théorie ou à l'autre,
13:42et voir des individus qui collent aux deux théories.
13:47Et même, j'entendais les polémies sur Salah Abdeslam, là, de ces jours-ci.
13:52Je pense qu'il y a un peu de vrai dans les deux.
13:54C'est-à-dire que, moi aussi, j'ai des échos comme quoi il se radicalise en prison,
13:59et en même temps, il est vrai pour tous ceux qui ont suivi le procès de V13,
14:05on a vu des variations où il a assumé son statut,
14:08où il a fait un effort avec les victimes,
14:10et c'est là qu'on est dans la pâte humaine.
14:12J'en parlais avec un chercheur hier qui me disait
14:15« Mais le problème, c'est qu'on ne sort toujours pas d'un point de vue médiatique
14:19de la querelle Keppel et Roy, qui sont deux écoles,
14:23mais en fait, dans la recherche, ça fait des années,
14:26parce que l'État a débloqué aussi des moyens,
14:29que des gens cherchent d'autres choses pour expliquer.
14:32Et ça ne veut pas dire que ce qu'on a pu dire, Keppel et Roy, était faux.
14:37Simplement, ça se complète, et le fait d'en avoir que ces deux prismes,
14:40ça nous amène à avoir une vision caricaturale. »
14:43Renaud Delis.
14:44« Ça peut être le cas, effectivement, dans certains cas,
14:46mais je ne pense pas que ça s'applique à Salab Deslam, précisément.
14:48Je pense que ce n'est pas contradictoire, l'attitude actuelle,
14:50ce qu'on entend de Salab Deslam.
14:52D'un côté, on entend la patronne de la DGSI que vous receviez tout à l'heure,
14:56qui rappelle qu'il y a un certain nombre de signes,
14:57qui montrent de façon très précise qu'il est tout à fait,
15:00ça demeure aujourd'hui un terroriste radicalisé,
15:03un islamiste radicalisé.
15:05Preuve en est que son ex-compagne a été mise en examen
15:09pour lui avoir fait parvenir des clés USB
15:11avec lesquelles, à ce stade de l'enquête,
15:13il aurait consulté de la propagande djihadiste,
15:16notamment liée à Al-Qaïda ou à Daesh, etc.,
15:19sur son ordinateur.
15:20Donc, a priori, c'est un des nombreux signes
15:23qui illustrent le fait qu'il n'a pas changé.
15:27Et dans le même temps, c'est un détenu
15:30qui a un avocat, des avocats,
15:33et qui a une stratégie de défense qui est parfaitement légitime.
15:35C'est un citoyen qui est en prison
15:36et qui a une stratégie de défense.
15:38Et en l'occurrence, le fait de manifester visiblement
15:43son intention d'entrer dans une démarche de justice restaurative,
15:47même si ce n'est pas la première fois
15:48et que jusqu'à présent, il ne l'a pas fait,
15:50ça participe à une stratégie de défense.
15:53C'est assez transparent,
15:55avec un certain nombre de conséquences
15:56qu'évoquerie Risse ce matin aussi sur l'antenne,
15:59parce que ça participe aussi d'une forme de banalisation
16:01des crimes terroristes qui ne sont pas des crimes de droit commun,
16:03parce que le crime terroriste,
16:04au-delà des victimes directes que font les actes terroristes,
16:09et notamment les actes terroristes islamistes,
16:10il vise aussi à fracturer la société,
16:12quelle qu'elle soit, d'ailleurs pas uniquement la société française,
16:14il faut rappeler que l'islamisme,
16:15il tue partout dans le monde,
16:16des musulmans, des juifs, des chrétiens, des athées,
16:19et on l'a vu, il tue tout le monde
16:20comme on l'a vu justement le 13 novembre 2015.
16:23On va préciser ce que c'est que cette justice restaurative
16:26et ce qu'il faut penser, ce que l'on peut penser
16:29de cette démarche de Salah Abdeslam.
16:31Mais tout de suite, il est 9h22,
16:33c'est l'Info en une minute avec Théo Metton-Réjambaud.
16:36L'élargissement de la suspension de la réforme des retraites
16:39aux longues carrières coûtera 200 millions d'euros en plus
16:42l'an prochain selon le ministre du Travail.
16:45Policiers, pompiers, égoutiers ou encore contrôleurs aériens
16:49seront concernés.
16:50Les députés débattent aujourd'hui de la suspension de la réforme.
16:53La volonté de Salah Abdeslam de participer à la justice restaurative
16:57est une démarche très perverse,
17:00clame ce matin sur France Info RIS,
17:02le directeur de la publication de Charlie Hebdo.
17:04Le terrorisme n'est pas un crime de droit commun,
17:07dit-il encore.
17:08La une du journal satirique est consacrée aujourd'hui
17:11aux attentats du 13 novembre.
17:13Nous commémorons demain les 10 ans des attaques
17:15qui ont fait 132 morts en région parisienne.
17:18La COP 30, brièvement barricadée par les agents de sécurité
17:22avec des tables et des meubles pour empêcher des manifestants
17:26d'entrer en salle de conférence.
17:27Hier, la réunion de l'ONU sur le climat se tient à Belém.
17:31Plusieurs dizaines de personnes représentant des peuples autochtones
17:35estiment que leurs voix ne sont pas entendues.
17:38Un buraliste sur trois vents du tabac aux mineurs
17:41alors que c'est illégal selon le Comité national contre le tabagisme
17:45qui jugent la situation préoccupante.
17:48Un millier de visites mystères ont été organisées
17:52où un mineur tentait d'acheter des cigarettes.
17:58France Info
17:59Les informés, Renaud Delis, Agathe Lambret
18:04Les informés, Louis Zalter du Figaro, Mathieu Suc de Mediapart
18:12et Gilles Bernstein de France 2
18:13ont parlé à l'instant de Salah Abdeslam, Mathieu Suc
18:17parce que l'on a appris, avant de parler de justice restaurative,
18:21que son ex-compagne était mise en examen pour projet d'attentat
18:24et si Salah Abdeslam n'est pas concerné a priori par ce projet d'attentat,
18:28qu'est-ce qui s'est passé ?
18:29Racontez-nous, elle lui aurait transmis une clé USB ?
18:32Oui, en fait, il a le droit...
18:34Ce qui peut paraître insensé alors qu'il est en prison ?
18:36Alors, il a le droit à avoir un ordinateur sans connexion à Internet
18:40pour poursuivre des études,
18:42enfin, ça c'est le commun de beaucoup de détenus,
18:46il n'y a pas de soucis là-dessus.
18:47Il se trouve qu'il y a eu un contrôle du contenu de cet ordinateur,
18:53alors c'est assez flou pour l'instant,
18:55enfin moi je ne sais pas précisément le contexte,
18:57c'est qu'on m'a parlé, c'était peut-être même diligenté, piloté,
19:00quasiment en judiciaire, je ne sais pas,
19:02comment ça démarre, est-ce que c'est un contrôle administratif routinier
19:05ou parce qu'on avait déjà un soupçon ?
19:09Et donc, on va retrouver la trace d'une connexion à une clé USB,
19:15ce n'est pas la clé USB, c'est qu'on retrouve la connexion.
19:18Dedans, il y aurait de la propagande djihadiste,
19:23alors a priori c'est quand même de la propagande assez ancienne,
19:27ce sont des choses qui datent de 2015,
19:29mais alors ceci dit, c'est très révélateur,
19:31c'est que les jeunes aussi,
19:34la propagande qu'ils consultent sur les réseaux sociaux,
19:37ce sont souvent de vieilles vidéos de l'époque de gloire,
19:40si j'ose dire, de l'état islamique,
19:42des fois retouchées par l'intelligence artificielle.
19:45Et donc, il y a ça,
19:48les policiers vont enquêter là-dessus,
19:51alors on peut s'étonner de la concomitance des dates,
19:53parce que c'est quand même une enquête ouverte en janvier,
19:55et on va placer en garde à vue Salah Abdeslam une semaine avant le 13 novembre,
19:59ce qui quand même est symboliquement très fort
20:01et réveille quelques traumatismes chez certaines victimes.
20:05Et on va découvrir que la femme,
20:08l'ex-compagne d'Abdeslam,
20:10avait, semble-t-il, ou discutait de projets terroristes,
20:14il va être replacé en garde à vue,
20:16mais, à l'heure où nous parlons,
20:18il n'est pas mis en examen,
20:19contrairement à sa ex-compagne et deux complices.
20:22Et dans ce contexte, vous altère, on apprend que Salah Abdeslam
20:25veut rencontrer les victimes des attentats
20:28dans une démarche, dit-il, de justice restaurative,
20:32ce que RIS, le patron de Charlie Hebdo,
20:33qualifie de démarche perverse.
20:35Oui, j'ai entendu sa réaction,
20:37qui est d'ailleurs tout à fait compréhensible.
20:40D'abord, parce que, comme le disait René,
20:41on n'est pas face à des crimes de droit commun,
20:43la justice restauratrice est d'abord conçue pour cela,
20:47donc je rappelle que c'est une démarche
20:49dans laquelle victime est coupable,
20:51parce que ce sont les individus condamnés,
20:53se parle pour essayer de purger,
20:58ou en tout cas d'avancer,
20:59les uns dans la reconstruction
21:01et les autres dans la reconnaissance du mal
21:04qu'ils ont fait aux uns et aux autres.
21:06Je n'ai pas souvenir de cas, évidemment,
21:08comme cela dans les affaires de théoristes,
21:10tout simplement parce que, pour l'instant,
21:11nous n'avons aucun cas probant
21:13de déradicalisation islamique.
21:15C'est d'ailleurs aussi un des échecs,
21:18ou en tout cas, avec le recul,
21:20une des choses qui a été mise en évidence
21:22après les attentats djihadistes,
21:24il n'y a pas, à ce jour,
21:26de repenti célèbre qui est complètement sorti
21:29de sa radicalisation djihadiste.
21:32D'où la qualification de démarche perverse.
21:34Il est vrai que, et sous réserve, évidemment,
21:36de l'enquête de ce que vous avez dit,
21:38Mathieu Suc,
21:38consulter, d'une part,
21:40consulter du contenu djihadiste
21:42si tant est qu'on était en prison,
21:43tout en demandant à rencontrer
21:45et dialoguer avec les victimes du terrorisme
21:48et donc d'attentats auquel Salah Abdeslam
21:49a été associé,
21:51il est le seul survivant du commando,
21:53c'est à tout le monde une contradiction,
21:54le mot est faible.
21:55Et juste un tout petit point,
21:56en quelques secondes,
21:57sur lequel il faut quand même insister,
21:58enfin tout le monde l'a en tête,
21:59et là, on sort du sujet
22:00dont nous avons débattu à l'instant,
22:02l'idée qu'une clé USB
22:04puisse parvenir à Salah Abdeslam,
22:06qui doit être quand même à peu près
22:07le détenu, j'imagine,
22:08le plus surveillé de France,
22:10et ça, sauf erreur de ma part,
22:12son ex-compagne a reconnu
22:13pendant sa guerre d'avis
22:14qu'elle lui avait fait parvenir
22:15une clé USB,
22:17il n'y a pas de doute là-dessus,
22:18c'est quand même assez sidérant.
22:20Voilà.
22:20Avant d'un le vieil,
22:21cette fameuse prison
22:21qui est devenue depuis...
22:23Parce qu'en fait,
22:23il a le droit des parloirs,
22:24j'ai appris,
22:25il a le droit des parloirs normaux.
22:26Ça, ça n'a rien de...
22:28C'est pas ça que je pointe.
22:29Il a le droit, évidemment,
22:30d'avoir des visites
22:31et d'avoir un ordinateur.
22:31Oui, mais dans le cadre des visites,
22:32on sait qu'il y a des objets qui passent.
22:34Dans le cadre,
22:34j'imagine qu'encore une fois,
22:35j'imaginais jusque-là
22:36qu'il était assez surveillé
22:37pour pas qu'on puisse lui transmettre
22:38en cachette une clé USB.
22:40Mathieu Suc, un mot.
22:41Vous me trompez.
22:42Après, on sait très bien
22:43que la prison
22:45n'est pas un monde clos.
22:47Mais on pensait
22:47que vendant le vieil était.
22:48Allez, on va poursuivre ce débat.
22:50Merci beaucoup les informés.
22:52Merci Mathieu Suc,
22:54journaliste à Mediapart.
22:55Je rappelle votre livre.
22:56Vendredi 13,
22:57les attentats vus depuis
22:58les services secrets
22:59aux éditions HarperCollins.
23:01Merci Louis-Ozalter,
23:02journaliste politique au Figaro.
23:04Votre livre,
23:04La foudre et les cendres,
23:05Macron,
23:06les secrets d'une succession interdite
23:07aux éditions de l'Observatoire.
23:10Et Gilles Bornstein,
23:11présentateur des 4 vérités
23:12tous les matins sur France 2.
23:14Merci Renaud Deligny.
23:15On se retrouve demain
23:16et vous retrouvez les informés
23:17ce soir à 20h
23:19avec Victor Maté.
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