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Transcription
00:00De la Bible à la science, comment l'Europe a fabriqué le racisme ?
00:04D'abord, on disait que Dieu avait créé les peuples.
00:07Puis un jour, on a décidé de les mesurer.
00:10Tu sais, le racisme n'a pas toujours eu un langage scientifique.
00:13Avant qu'on parle d'ADN ou même d'anatomie comparée,
00:17on parlait de descendance biblique.
00:19Les Européens croyaient que les peuples venaient des trois fils de Noé,
00:23c'est-à-dire Sem, Sham et Japheth.
00:25Cette croyance très vite va muter.
00:27De la religion à la biologie.
00:30À la fin du XVIIIe siècle, un homme du nom de Julien-Joseph Viret
00:34reprend cette idée des origines humaines, mais l'habit d'un vocabulaire scientifique.
00:39Il publie entre 1800 et 1830 plusieurs traités où il tente de classer l'humanité.
00:44À la page 454 et 455 du livre Racisme de Bettencourt, on peut lire ceci, je cite.
00:49« Viret partageait la foi monogéniste de Buffon,
00:52mais il fit progresser cette vision ambiguë des origines de l'humanité
00:56en développant un projet à la fois monogéniste et polygéniste.
00:59Pour Viret, les Noirs et les Cocoy faisaient partie des formes les plus grossières de l'humanité. »
01:04Viret pense que les Noirs sont proches des singes
01:08et que l'homme blanc représente la perfection idéale.
01:10Cette idée va nourrir toute une génération de savants européens
01:14qui, eux, veulent expliquer les différences entre les peuples par la nature et non plus par Dieu.
01:20Mais au début du 19e siècle, certains commencent à douter de cette dérive.
01:24C'est le cas, par exemple, de James Coles Pritchard, un médecin britannique et quaker.
01:28Lui, tend de réconcilier la foi chrétienne et la science.
01:32Il affirme que tous les humains viennent d'un même ancêtre
01:35et refusent de voir dans les races une différence d'espèce.
01:38À la page 458, on peut lire ceci, je cite.
01:41Pritchard refusa explicitement le polygénisme
01:44et maintient toute sa vie une position monogéniste basée sur sa vision de la religion révélée.
01:50Mais même chez lui, une idée reste, celui du progrès humain.
01:54L'homme blanc dit civilisé est vu comme l'aboutissement.
01:58L'africain comme la forme primitive à améliorer.
02:01Et c'est là que la foi et la science se rejoignent.
02:04Tous deux placent l'Europe au centre.
02:06Et c'est Alexander von Humboldt qui, enfin, va dénoncer cette illusion.
02:11À la page 459, on peut lire ceci.
02:14Humboldt alla plus loin que les auteurs précédents
02:16en dénonçant l'absence de définition claire du mot race.
02:19Il proposa d'utiliser l'expression « variété d'êtres humains ».
02:22Pour lui, il n'existe pas de race, mais des variétés humaines
02:26produites par les climats, les cultures et l'histoire.
02:29Et c'est la première fissure dans le mur du racisme scientifique.
02:33Tout ce que ces hommes appelaient « science »
02:36n'était qu'un nouveau langage pour justifier l'ancien mythe.
02:38Un mythe où l'Europe devait toujours être au sommet.
02:41Du mythe biblique à la pseudo-science raciale,
02:44c'est la même histoire.
02:46Celle du pouvoir déguisé en savoir.
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