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  • il y a 2 jours
Bout’ à Bout participe à la mise en place de la filière de réemploi des bouteilles en verre. Dans les Pays-de-la-Loire, la société contribue à un test pour réintroduire ce système dans la filière viticole. Le projet a pour ambition de devenir national. Cette interview est en partenariat avec l’interprofession de vins de Loire, InterLoire.

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Transcription
00:00Bsmart4Change et Interloir sont partenaires pour éditer une série de podcasts animés par Sibyl,
00:12Aoudjan, et on termine notre tour des raisons pour mieux comprendre la dynamique du réemploi
00:18avec un acteur du retour de la bouteille consignée. Bonjour Yann Priou.
00:22Bonjour.
00:23Bienvenue, heureux de vous accueillir, vous êtes directeur général de BoutaBout.
00:26D'ailleurs, vous intervenez dans le dernier podcast de Sibyl et on a envie de vous accueillir.
00:31Peut-être une présentation de BoutaBout pour commencer, comment est née l'histoire, l'initiative ?
00:36En quelques mots, BoutaBout, on est un acteur du réemploi des bouteilles en verre.
00:39On remet la consigne des bouteilles en verre au bout du jour.
00:43Le projet a démarré en 2016, au départ avec un dispositif relativement local,
00:47et puis progressivement ça a pris de l'ampleur.
00:49Et moi, quand je suis arrivé, on a investi dans une grosse usine de lavage
00:51pour faire un changement d'échelle et remettre ce geste dans le quotidien des Français.
00:57Remettre le geste de retour des bouteilles dans le quotidien des Français.
01:00Et donc là, on va évidemment se concentrer sur le secteur de la viticulture.
01:05Absolument.
01:05Avec cette volonté d'Interloir d'enclencher une dynamique de remploi de ces bouteilles de vin.
01:13Déjà, est-ce qu'au-delà d'Interloir, le secteur, vous le sentez réceptif à cette démarche ?
01:17En fait, il y a deux choses. Il y a le secteur et les consommateurs.
01:22Le secteur du vin est en ce moment à certaines pressions.
01:26Oui, c'est un secteur en difficulté.
01:27C'est un secteur en difficulté.
01:28Après, la vallée de la Loire a anticipé relativement et a pris des virages relativement tôt
01:34pour travailler sur les problématiques environnementales.
01:38Et nous, ça fait quelques années qu'on échange avec les vignerons du Val-de-Loire
01:41et avec Interloir pour préparer les choses.
01:43Et en fait, le travail collectif fait avec Interloir pour embarquer un certain nombre de vignerons
01:52dans ce projet de réemploi fait qu'on a quand même une dynamique positive sur les ventes.
01:59Et puis, les produits se démarquent aussi avec cette démarche environnementale.
02:04Oui, on reparlera de la réaction, de la demande éventuelle des consommateurs.
02:09Mais alors, si on rappelle, on l'a déjà un peu dit avec d'autres interlocuteurs,
02:12mais je pense que c'est important.
02:14Déjà, ça se prépare, une démarche comme ça.
02:16C'est un processus assez long.
02:18Absolument.
02:19En fait, la consigne et le réemploi, c'était une pratique usuelle dans les années 60-70
02:24et progressivement, elle a été abandonnée parce que les bouteilles en verre,
02:30on a travaillé sur le poids avec des bouteilles très légères
02:32qui ne permettaient plus forcément d'être réemployées.
02:35Donc, la première démarche, chez Boutabou, qu'on opère, c'est d'accompagner les vignerons.
02:39Dans le fait d'utiliser des bouteilles suffisamment solides pour être réemployées plusieurs fois.
02:43Et puis, un travail sur les étiquettes, pour que les étiquettes partent bien au lavage,
02:46mais aussi qu'on puisse communiquer au consommateur la démarche
02:49et le fait que le consommateur peut rapporter la bouteille.
02:52Donc, oui, effectivement, il y a un travail de préparation et de sensibilisation après des consommateurs.
02:56Oui, et puis après, il y a peut-être un travail de logistique aussi.
02:59Il faut récupérer, il faut mettre en place des points de collecte, de récupération.
03:03Tout à fait. Donc, avec Boutabou, on a développé notre propre dispositif de collecte.
03:09On a 300 points de collecte.
03:10Mais là, en ce moment, le moment qu'on est en train de vivre, là, en 2025,
03:13c'est le passage à...
03:16Enfin, on teste sur quatre régions un dispositif qui a visé national de réemploi en grande distribution.
03:22Donc, il y a à peu près 500... Pardon, 400 magasins, là, d'ici la fin de l'année,
03:26qui vont être équipés de machines où les consommateurs vont pouvoir rapporter leurs bouteilles.
03:30Donc, c'est sur la carte nord-ouest de la France.
03:33Et ça, c'est largement accompagné par les éco-organismes, notamment Citeo.
03:37Et c'est vrai que, de ce point de vue-là, la logistique, toute la communication et la sensibilisation des consommateurs,
03:45quelque part, c'est un enjeu important qui est opéré aussi par les éco-organismes.
03:49Alors, on voit bien l'intérêt environnemental en termes de bilan carbone.
03:53Mais alors, il y a quelque chose qui est un peu contre-intuitif, quand même.
03:56C'est-à-dire que, moi, j'ai reçu pas mal de représentants du secteur de la viticulture
04:00qui disaient « Oh, on fait tout pour réduire le poids de nos bouteilles, parce que... »
04:03Et puis, alors là, vous leur demandez de nouveau de faire des bouteilles plus lourdes.
04:07Bon, ils doivent être un peu perdus, quoi.
04:09En fait, le réemploi, les chiffres sont sans appel, c'est pas nous qui le disons, c'est l'ADEME.
04:16Lavez une bouteille plutôt qu'en refabriquer une nouvelle,
04:19ça permet d'économiser 80% d'énergie et donc, du coup, de réduire de 79% les gaz à effet de serre.
04:25Et c'est contre-intuitif, mais ça réduit aussi les consommations d'eau.
04:28Lavez une bouteille consomme un peu moins d'eau que d'en refabriquer une nouvelle.
04:31C'est-à-dire que de récupérer le verre, puis de, à partir du verre brisé, refaire une nouvelle.
04:34C'est ça. Alors, la filière de recyclage, on n'est pas du tout en opposition réemploi et recyclage.
04:38Du tout. Les deux se cohabitent très bien.
04:40En fait, l'objectif, c'est de dire « Le matériau vert est un très bon matériau,
04:43qui est solide, qui est résistant, qui est complètement inerte
04:45et qui ne réagit pas du tout avec le produit qui est à l'intérieur. »
04:48Et en fait, il a aussi la capacité à être lavé et à être réutilisé.
04:53Donc, ce que vous nous dites, c'est que la petite perte dans l'efficacité,
04:58dans le bilan carbone, de redemander un peu plus de lourdeur aux bouteilles,
05:02c'est largement compensé par le gain du réemploi.
05:05Largement. Et puis, au-delà du...
05:08Enfin, il y a ces sujets environnementaux qui sont clés,
05:11mais aussi on fait face à un enjeu de réindustrialisation
05:13et quelque part de réancrer un certain nombre de valeurs
05:17et d'industries dans nos territoires.
05:21Et en fait, en ayant des boucles de réutilisation de bouteilles sur nos territoires,
05:26ça nous permet aussi de travailler la résilience de nos territoires.
05:30Il y a quelques années...
05:30Pourquoi ?
05:31Pourquoi ? Parce qu'en fait, on importe 40% des bouteilles en verre.
05:34On ne le sait pas forcément, mais aujourd'hui, en France,
05:3640% des bouteilles qu'on utilise viennent d'autres pays,
05:39et parfois de très loin, de Chine, de Turquie.
05:42Et le fait de pouvoir travailler avec les verriers français,
05:45mais aussi avec des solutions de réutilisation en local,
05:49ça permet d'avoir une résilience et un parc de bouteilles
05:51qu'on met à disposition des vignerons.
05:55Donc ça, c'est un point aussi important.
05:57C'est quoi le parcours d'une bouteille réemployée,
06:00de sa collecte au réemplissage, retour chez le vigneron et remplissage ?
06:05C'est relativement simple.
06:07Le vigneron, une fois qu'on a travaillé avec lui sur la bouteille et l'étiquette,
06:10il conditionne son vin, il le met dans les cartons,
06:13et il le vend dans ses circuits de distribution classiques.
06:16Après, en fonction des circuits de distribution,
06:18nous, on travaille avec eux pour essayer de les équiper
06:20de dispositifs où les consommateurs peuvent rapporter les bouteilles.
06:23Donc là, les consommateurs rapportent les bouteilles,
06:25nous, on vient les collecter.
06:26En général, elles sont en mélange.
06:28Aujourd'hui, le vin représente à peu près 20% de nos volumes.
06:32Le gros du volume, c'est plutôt de la bière ou des softs.
06:34Et donc, la première étape consiste à trier les bouteilles.
06:37On refait des lots homogènes,
06:39deux bouteilles type format bourguignon, format bordelaise ou bière, etc.
06:43Et puis, dans un deuxième temps, on les lave par batch.
06:45Et une fois qu'elles sont lavées, on les sèche et on les repalétise
06:48comme si elles étaient sorties d'une verrerie.
06:51Donc, ça veut dire que pour un vigneron,
06:52le fait de passer dans le nouveau dispositif de réemploi,
06:55en fait, ça lui demande assez peu d'adaptation sur ses machines,
06:58sur ses équipements.
06:58Oui, parce qu'il va récupérer une bouteille qui ressemble à ce qu'il va acheter.
07:00Une palette de bouteilles exactement lavées,
07:03ça ressemble en tout point à une palette de bouteilles neuves.
07:05Donc, ça ne change pas de soin de vue.
07:07Votre usine de lavage, je crois qu'elle fait 2500 m²,
07:10elle est près de Nantes, à Carquefou.
07:13Elle est récente ? Comment elle fonctionne ?
07:15Alors, on l'a inaugurée en fin 2023.
07:17Le vrai démarrage effectif, c'était l'année 2024.
07:20Donc là, on va terminer notre deuxième année de lavage industriel.
07:24On a investi 3,5 millions d'euros.
07:26C'est l'usine la plus capacitaire et la plus performante aujourd'hui de France.
07:31On a un système qui est relativement automatisé.
07:35Elle est capable de laver jusqu'à 50, voire 60 millions de bouteilles par an.
07:39Bon, on n'est pas encore à ces volumes-là.
07:42Le marché est en train de se construire et de se structurer.
07:45Après, c'est des technologies qui sont extrêmement maîtrisées.
07:48C'est-à-dire que le lavage de bouteilles et le retour de la consigne en France
07:51est vu comme nouveau.
07:53C'est nouveau et en même temps, on a consulté 20 fournisseurs
07:59pour la machine de lavage de bouteilles.
08:01En Allemagne, c'est un standard.
08:02En Belgique, dans plein de pays dans le monde,
08:04le lavage des bouteilles en verre est vraiment un standard.
08:06Il y a des pays qui n'ont jamais abandonné la consigne.
08:08Absolument.
08:08Il y a beaucoup de pays qui n'ont jamais abandonné.
08:10Et là, nous, on est en train de recréer ça.
08:13Et je pense que ça correspond bien aussi à nos enjeux écologiques,
08:18économiques, de réindustrialisation.
08:20Ça coche beaucoup de cases.
08:21Pour les vignerons, est-ce que ça rend leur bouteille plus chère ?
08:25Est-ce qu'ils l'achètent plus chère parce qu'elle a dû...
08:27Ça dépend des vignerons.
08:28En vrai, les très, très gros domaines qui ont des achats de très gros volumes de bouteilles
08:33achètent relativement peu cher leur bouteille.
08:35Et aujourd'hui, on est à peu près au même prix
08:37où on peut être un petit peu plus cher que de la bouteille neuve à usage unique.
08:41Par contre, pour des plus petits domaines, ça peut être compétitif dès aujourd'hui.
08:46Et pour équilibrer tout ça et pour permettre le changement d'échelle,
08:50parce que tout l'enjeu, c'est le volume,
08:52il y a les éco-organismes, et notamment Citeo, qui peut accompagner.
08:56Citeo et Adelphes, qui accompagnent sur cette transition
08:58pour amorcer et compenser le petit surcoût.
09:02Et c'est dans ce cadre-là qu'avec Interloir, on a monté un consortium
09:05avec 11 acteurs du vin, des très gros domaines,
09:09des domaines plus petits mais très engagés,
09:13des négoces, des grosses maisons de négoces.
09:16Et tous ensemble, en utilisant la même bouteille,
09:19on peut faire un effet volume et clairement enclencher un changement sur la vallée de la Loire.
09:25Est-ce que c'est important pour les consommateurs ?
09:28On le voit, il y a deux choses.
09:30Il y a des études qui datent de deux ans,
09:31qui disent vraiment que les consommateurs sont prêts
09:33et sont intéressés par le retour de la consigne.
09:34Il y a une étude qui date d'il y a 15 jours.
09:37Notamment Citeo a fait toute une étude auprès des consommateurs avec l'Ipsos.
09:42Et en fait, vraiment, les consommateurs, à 92% disent
09:45« Nous, on trouve ça super, on trouve ça très bien ».
09:47Les vignerons, ils l'éditent sur leur bouteille, il y a une étiquette ?
09:51Aujourd'hui, à l'arrière de la bouteille, il y a un petit logo.
09:53Et puis, il y a surtout avec le nouveau dispositif Reuse.
09:55Nous, on opère avec bout à bout et d'autres acteurs,
09:58le projet Reuse pour développer ça en grande distribution.
10:00Parce que le marché de la boisson, à 70%, c'est la grande distribution.
10:03À 30%, c'est café, hôtel, restaurant et autres circuits.
10:06Et donc, avec la grande distribution, on est vraiment sur des messages très clairs,
10:10une communication assez forte.
10:12Il y a des messages à la télé, il y a des campagnes de pub dans la rue, etc.
10:16Effectivement, on commence à pousser sur la communication
10:18pour sensibiliser les consommateurs autour de cette démarche.
10:21Dernier mot, vous parliez des formats des bouteilles, bordelaise, bourguignonne.
10:27Dans un monde idéal, il faudrait que ce soit la même bouteille partout ?
10:30En fait, il est important quand même qu'on puisse faire la différence
10:34et que chacun puisse s'approprier sur ces bouteilles.
10:36On revient aux habitudes des consommateurs.
10:38Exactement.
10:39En fait, ce qu'on voit, c'est que le marché, il y a deux choses sur le marché.
10:45Premièrement, il y a un certain nombre de bouteilles
10:47qui est très intéressant de standardiser.
10:49Les bouteilles de Bordeaux, par exemple, il y en a 80 différentes.
10:53Vous, en tant que consommateur ou moi, en tant que consommateur,
10:55on voit assez peu la différence.
10:56Elles sont toutes similaires, alors que dans les faits, il y en a 80.
10:58Donc, si on utilise toute la même bouteille Bordeaux ou bouteille Bourgogne,
11:01en vrai, ça ne change pas, ça n'a pas d'impact.
11:03Après, sur certaines grandes marques, l'emballage est tellement accroché
11:08aux produits et à la marque qu'en fait, on va voir à la fois
11:16des emballages standardisés au service d'un grand nombre
11:20et qui a aussi un effet bénéfique sur le prix.
11:23En utilisant tous la même bouteille, quelque part, ça coûte moins cher.
11:27Et puis derrière, des entreprises ont des volumes
11:30et ou des emballages suffisamment emblématiques et iconiques
11:34pour pouvoir soit financer le léger surcoût,
11:36soit écraser les coûts avec l'effet volé.
11:39Merci beaucoup, Yann Priot.
11:40Je vous en prie, merci à vous.
11:41Sur Bsmart Fortune, j'en passe à notre débat.
11:44La féminisation des métiers de la tech au programme.
11:46C'est parti.
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