Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
Depuis mai 2023, la REP oblige les acteurs de plusieurs secteurs à prendre en charge le recyclage de leurs déchets. Valobat accompagne la filière du bâtiment afin qu’elle s’organise pour répondre à cette réglementation. Le réseau Ostreya, lui, permet de rendre plus efficace le tri des déchets de chantier.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00C'est le débat de ce Smart Impact, on parle du secteur du bâtiment et de l'économie circulaire avec David Carraron, bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Bienvenue, vous êtes le directeur réseau d'Austria Big Bag et Rami Jabour, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Bienvenue, directeur stratégie de Valobat, éco-organisme au service de cette économie circulaire du bâtiment.
00:24Je commence avec vous, en quelques mots, Valobat existe depuis quand ? Quelle est sa mission ?
00:29Alors bonjour, Valobat existe depuis bientôt 4 ans et est opérationnel depuis 2 ans et notre mission c'est de mettre en oeuvre ce qu'on appelle la REP bâtiment.
00:40Donc responsabilité élargie du producteur.
00:42Exactement, responsabilité élargie du producteur qui vise en fait à passer sur un système de pollueur-payeur dans le secteur du bâtiment
00:49et de faire en sorte que le producteur d'un produit est en charge du financement de la fin de vie du produit et donc notamment la gestion des déchets issus de ce produit.
01:00Effectivement, c'est un système qui s'est mis en place secteur par secteur.
01:04On est, je crois, dans le cadre de la loi AGEC de l'économie circulaire.
01:09C'était prévu que les différentes filières puissent passer à l'économie circulaire.
01:15On va voir que, évidemment, quand on crée une nouvelle filière et de nouveaux usages, ce n'est pas forcément évident.
01:21Je veux bien que vous nous présentiez.
01:22Est-ce que vous êtes en quelque sorte un intermédiaire entre Valobat et les entreprises du secteur ?
01:28C'est exactement ça.
01:29Nous, on est un réseau national et on est spécialisé dans la gestion des déchets de chantier, principalement en big bag.
01:34Donc on accompagne aujourd'hui...
01:35C'est quoi big bag ?
01:36Big bag, ce sont ces gros sacs que vous voyez certainement sur certains chantiers, peut-être, qui font 1000 litres, 2000 litres.
01:41Dans votre cuisine, vous avez des plus petits sacs.
01:43Ce que vous faites dans votre cuisine, nous, on le fait sur les chantiers, mais avec des plus grands sacs.
01:47Donc on vient installer des stations de tri avec une règle simple, c'est un big bag, un flux, une matière pour dissocier les matières.
01:55Donc on vient les collecter, on vient peser les big bags pour la traçabilité qui est un point essentiel.
01:59Et ensuite, on vient les acheminer vers nos centres de tri ou ceux de nos partenaires.
02:03Donc l'objectif, c'est de trier bien évidemment à la source dans le but d'une valorisation.
02:08Est-ce que ça existait avant qu'il y ait cette préoccupation, cette volonté, grâce à la loi, de systématiser en quelque sorte ce tri ?
02:20Nous, ça fait 15 ans qu'on existe.
02:21Donc ça répond à la question.
02:22On n'a pas entendu Valobat, effectivement.
02:25Pourquoi ? Pour une simple et bonne raison.
02:27C'est que un déchet trié coûtera toujours moins cher qu'un déchet non trié pour être valorisé.
02:32Et donc depuis mai 2023, il y a cette REP, cette responsabilité énergie du producteur avec cette REP bâtiment.
02:43C'est un outil qui est assez ambitieux, qui a été demandé, plébiscité par le secteur.
02:49Est-ce qu'il y a eu un moratoire qui a été décidé au mois de mars ?
02:51Alors on a beaucoup changé de ministre, mais c'était par l'ancienne ministre Agnès Pagny-Runacher qui a demandé une refondation.
02:57Est-ce que c'était une demande du secteur et comment on peut expliquer ce moratoire ?
03:02Oui, en effet, c'était une demande du secteur parce que, comme vous le dites, la REP, c'est un outil qui est très puissant pour améliorer l'économie circulaire
03:09et accélérer les taux de recyclage, on va dire, des différents déchets, sur une filière bâtiment qui est très, très importante en termes de volumétrie de déchets.
03:17On parle plus de 20 millions de tonnes de déchets par an et une diversité des matériaux au sein du secteur qui est très différente.
03:23Comme on le disait, en fait, le bâtiment n'a pas du tout attendu la REP pour recycler les déchets, mais c'est concentré surtout sur des filières comme les filières minérales, le béton, les gravats ou encore le bois, etc.
03:36Il y a d'autres matériaux qui sont plus en retard.
03:38Alors, pour expliquer la problématique du moratoire, de la refondation, dès le début, en fait, nous, on savait et on le voyait venir, cette REP est une REP qui coûte cher.
03:51Pourquoi ? Parce que, dès le début, le principe de la REP a été de dire, si je trie mes déchets, ils sont repris gratuitement.
04:00Et cette gratuité de la reprise des déchets qui, donc, en fait, coûte à l'éco-organisme qui doit le financer et donc aux éco-contributions, aux éco-participations qui sont la source de financement,
04:12encore une fois, il n'y a pas d'argent magique dans cette histoire, en fait, ça gonfle très rapidement le coût de la filière,
04:19le fait de collecter de plus en plus de déchets, le volume des déchets augmente, les coûts augmentent.
04:24Et comme les éco-organismes sont des structures de financement à but non lucratif, pour financer les coûts de déchets,
04:31on a des éco-contributions qui augmentent en termes de prix pour équilibrer les recettes et les dépenses.
04:36Et donc, en fait, on est arrivé à un moment où le niveau d'éco-contribution ramené au prix de vente des produits était devenu insoutenable
04:45ou allait devenir insoutenable, d'où la refondation qui a été demandée vraiment par la filière, nous en premier.
04:52Et on va l'expliquer dans un instant le modèle économique qu'il faut ou qu'on peut mettre en place.
04:58Mais je veux bien qu'on revienne sur le tri de la valorisation, parce que vous dites 7 flux,
05:02donc de quels déchets on parle ? Vous avez commencé à en citer quelques-uns, mais...
05:06Les déchets du BTP, on va les retrouver toujours, principalement, les mêmes flux.
05:10On a bien sûr les inertes, donc ce sont les gravats qu'on va retrouver sur un chantier.
05:13On a le plâtre aussi, qui est un vrai enjeu, et on a le bois.
05:16Et ça, ce sont les déchets pondéreux, ce sont ceux qui pèsent lourd.
05:19Et l'enjeu se trouve sur ces flux-là.
05:22Ensuite, il y a les déchets annexes, on va parler du carton, des plastiques durs, des plastiques souples.
05:26Donc, il faut quand même avoir une approche pragmatique, et nous, c'est comme cela qu'on accompagne nos clients.
05:31Un chantier, déjà, quand on va commencer à traiter 5, 7 flux, on est déjà plutôt assez vertueux.
05:38Ensuite, on peut aller plus loin, ça va dépendre des pratiques.
05:40Mais là, l'idée, l'objectif, c'est vraiment d'accompagner toute la chaîne de valeur, tous les acteurs du BTP,
05:44pour déjà bien faire sur ces flux principaux qu'on va retrouver.
05:47Est-ce que tous ces flux sont valorisables ou pas ?
05:50Alors, comment ?
05:50Alors, ça, c'est l'enjeu...
05:51J'avais commencé à répondre.
05:52J'imagine que si on en fait 5 et pas 7, c'est qu'ils ne sont pas tous forcément valorisables ?
05:56Nous, on a un maillage national.
05:57Notre enjeu aussi, c'est d'être présent partout où il y a un chantier.
06:00Donc, il y a un sujet de logistique là-dedans.
06:01Donc, évidemment, si...
06:03On va parler du polystyrène.
06:04Si un recycleur de polystyrène se trouve à 500 km d'un chantier, ça va être évidemment compliqué.
06:10Donc, la plupart de ces flux que je viens de citer, ils sont valorisables.
06:13Il y en a certains encore où on rencontre certaines difficultés parce que les filières ne sont pas en place.
06:17D'accord.
06:18Donc, on peut espérer améliorer ces filières.
06:21Quel modèle économique il faut trouver, ou vous êtes en train de trouver, pour relancer cette règle bâtiment ?
06:27En fait, je vais quand même rebondir sur la question d'avant pour répondre à la bonne idée.
06:30Le rôle de l'éco-organisme, c'est en fait, effectivement, de rendre tous les déchets valorisables.
06:36En tout cas, c'est notre objectif.
06:38Et l'ambition d'une REP, c'est ça.
06:40Donc, justement, le modèle économique qu'on essaye de travailler, en tout cas d'imaginer pour demain,
06:46c'est un modèle économique où la REP ne va pas s'occuper des déchets qui sont déjà bien valorisés,
06:51qui n'ont pas forcément besoin d'un coup de main, d'un coup de pouce,
06:53et de se concentrer sur des familles de déchets qui ont un retard, on va dire, en termes de recyclage ou qui sont en développement.
07:01Moi, je pense beaucoup à la filière des menuiseries, les fenêtres, en fait, par exemple.
07:04Aujourd'hui, le verre des menuiseries est très peu recyclé, alors qu'on sait très bien recycler le verre.
07:09Mais la chaîne logistique n'est pas optimisée.
07:11Et depuis deux ans que la REP existe, on a déjà multiplié par quatre le taux de recyclage du verre de menuiserie.
07:16C'est un exemple, on a également les isolants, les laines de verre, les laines de roche, les isolants de toutes formes.
07:23Tous ces produits-là qui sont aujourd'hui beaucoup vendus, dont on n'a pas beaucoup de déchets,
07:27parce qu'ils n'étaient pas encore vendus il y a 30 ans, mais aujourd'hui, c'est un enjeu pour demain.
07:32Et bien, notre enjeu à nous, c'est de développer le recyclage.
07:34Donc, le modèle économique qu'on essaye d'imaginer, c'est un modèle où la REP est différenciée selon les matériaux.
07:43Il y a des matériaux qui sont plutôt matures, comme vous le dites, le bois, les gravats.
07:47Il y a déjà un modèle économique existant qui fonctionne très bien.
07:51Il n'y a pas besoin de nous, en fait, là-dessus.
07:52Donc là, l'idée, c'est de dire, sur ces matériaux-là, on va réduire les ambitions.
07:57La REP, elle va moins servir et elle va concentrer ses efforts sur les matériaux qui sont le plus en besoin de développement
08:03pour industrialiser la filière du recyclage.
08:06Ce qui signifie que ça ne demandera pas, parce qu'on revient au coût,
08:08ça ne demandera pas plus de participation aux entreprises du secteur pour financer l'éco-organisme.
08:15Non, l'idée, c'est que ça demande moins de participation, justement,
08:18en enlevant les coûts qui sont liés à des matériaux, comme vous dites,
08:21qui sont impondéreux et deux, qui représentent un volume très important.
08:26Et en revanche, concentrer le financement qu'on lève sur les matériaux qui en ont besoin.
08:31Si on parle du plâtre, vous avez commencé à l'évoquer tout à l'heure,
08:34c'est un matériau, j'imagine, très présent.
08:38Est-ce qu'il est très recyclé ? Sinon, pourquoi ?
08:41Alors, il est très recyclé dès lors qu'il n'est pas souillé.
08:45Là, je ne sais pas sur le schéma pour venir ici, j'ai retrouvé, j'ai vu à peu près une dizaine de chantiers.
08:49La plupart de ces chantiers, qu'est-ce qu'on retrouve ?
08:51On trouve ces bennes, des bennes de 15 mètres cubes ou autres.
08:54La plupart de ces bennes, malheureusement, on y retrouve du plâtre,
08:57mais le plâtre, il est souillé, il est mélangé avec des matières, des déchets dangereux.
09:01Donc, dans ce cadre-là, il ne peut pas être trié.
09:02Nous, notre enjeu, on gère à peu près 10 000 big bags de plâtre par an.
09:06Donc, on sait le faire en big bag, mais il faut, encore une fois,
09:09que ces déchets soient dissociés des autres matières.
09:12Et effectivement, il peut être valorisé et très bien valorisé.
09:15On peut refabriquer du gypse, notamment avec, c'est un matériau qui est très valorisable.
09:19L'enjeu ici, c'est les volumes.
09:22Aujourd'hui, je pense que vous allez pouvoir en parler,
09:24on a énormément de volumes de plâtre qui se sont retrouvés en centre de traînement.
09:30Donc, il y a une capacité.
09:31Les centres de traînement ont une capacité qui ont été surpassées.
09:35Donc, je crois savoir qu'il y a aujourd'hui des entités de recyclage de plâtre
09:39qui sont en construction, qui seront opérables d'ici fin 2026.
09:42Donc, c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a un vrai enjeu sur cette matière en particulier.
09:46Ça veut dire qu'elle est valorisable, mais qu'on n'a pas assez de structure pour la traiter,
09:50c'est ça, pour traiter le plâtre ?
09:52Alors, en tout cas, on n'a pas assez aujourd'hui, mais il y a du développement en cours.
09:56Et normalement, on devrait avoir beaucoup.
09:57Le plâtre, c'est certainement l'une des success stories de la REP.
10:00C'est-à-dire que pendant 10 ans, alors moi, je connais bien parce que je bossais avant dans le plâtre,
10:04dans l'industrie du plâtre.
10:05Pendant 10 ans, on essayait de faire recycler le plâtre.
10:08Sur les 600 000 tonnes de déchets annuels du plâtre, on arrivait à peine à atteindre les 100 000 tonnes recyclées.
10:15En 2025, grâce à la REP, on est passé à 200 000 tonnes de plâtre collectées.
10:19Donc, en fait, on a doublé juste en un an, ce qu'on avait du mal à...
10:24Et on a cassé le plafond de verre.
10:26Et on estime que d'ici deux ans, on passe à 400 000.
10:28La dynamique sur le plâtre, elle est extraordinaire.
10:32En revanche, ce que ça signifie, c'est de développer également toute l'industrie derrière du recyclage
10:36pour préparer le plâtre et le recycler.
10:39Mais aujourd'hui, nous, évidemment, on suit ça de près.
10:41Encore une fois, c'est notre raison d'être, de structurer les filières.
10:45Et il y a énormément de projets en cours d'industrialisation, de centres de préparation qui sont en train d'être créés
10:52et d'industriels du plâtre qui sont en train de modifier tout leur process
10:56pour pouvoir incorporer plus de plâtre issu de recyclage dans leur matière première et dans la plaque de plâtre.
11:03Parce que la matière première ne perd pas beaucoup du tout, d'ailleurs, je ne sais pas, de sa qualité.
11:08Alors, le plâtre, on dit que c'est 100% recyclable.
11:10C'est-à-dire que le plâtre, c'est recyclable à l'infini.
11:12On peut le transformer en gypse, le remettre dans une plaque de plâtre et revenir à l'infini.
11:18Dès le moment où le déchet n'est pas souillé à la fin, en fait, il peut revivre plusieurs vies.
11:23Mais ça pose une question de mentalité aussi, parce qu'on voit quand même encore des bennes où, effectivement, tout est mélangé.
11:31Ce sont des nouvelles pratiques.
11:33Donc, effectivement, la partie sensibilisation, et quand on parle sensibilisation sur un chantier,
11:37on parle souvent des compagnons, mais ce n'est pas seulement ça.
11:39J'ai fait une sensibilisation pas plus tard qu'il y a deux jours.
11:42J'ai invité toutes les parties prenantes.
11:43Donc, ça veut dire le client, le maître d'ouvrage, les conducteurs de travaux, les directeurs de centres de travaux.
11:47En fait, toutes les parties prenantes doivent être concernées.
11:49Ce n'est pas seulement l'histoire du compagnon qui, lui, va être sur le chantier.
11:53Donc, la première étape, c'est de sensibiliser à tous les échelles.
11:56Et ensuite, effectivement, sur le chantier, là, c'est important d'être présent dès le début du chantier.
12:01Alors, sur la phase grosse œuvre, donc on va construire, effectivement, le béton, la partie béton, les murs, etc.
12:06Il y a peu de coactivité, on rencontre très peu de problèmes.
12:09Souvent, c'est une entreprise qui intervient.
12:11La problématique, c'est sur le second œuvre, où là, on va avoir énormément de coactivité.
12:15Donc, la sensibilisation va se faire au début et à la phase seconde œuvre.
12:18Et ensuite, nous, nous avons des agents qui sont formés aussi pour apporter ce qu'on appelle des quarts d'heure environnement,
12:24puisqu'il faut toujours des piqûres de rappel.
12:26Mais l'enjeu, il est vraiment là, la sensibilisation et ces nouvelles pratiques, à faire appliquer ces nouvelles pratiques.
12:31Non, mais tout à fait. Mais en l'occurrence, moi, je pense que dans le bâtiment, tout prend du temps dans le bâtiment.
12:38Il y a toujours un peu d'inertie. En revanche, moi, je pense que la transition est là.
12:42C'est-à-dire que nous, on le voit, parce que nous, on ne collecte que des déchets triés.
12:45Et on voit la quantité de déchets triés qu'on collecte, qui augmente, qui a été multipliée par 20 entre 2023 et 2024,
12:52remultipliée par 2, voire 3 quasiment entre 2024 et 2025.
12:55On a une dynamique et donc une installation des gestes de tri qui est, en fait, en termes de...
13:01Quand on compare aux d'autres filières qui existent de REP, c'est la dynamique certainement la plus puissante.
13:06Notamment parce que c'est une REP de professionnel.
13:09C'est le professionnel qui paye, à un moment donné, une éco-contribution sur son produit.
13:12Et il veut un service en face.
13:14Et donc, en fait, à partir de ce moment-là, le geste de tri, il est vraiment là.
13:17Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
13:20On passe tout de suite au grand entretien de ce Smart Impact.
13:24On va être au cœur de l'économie sociale et solidaire.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations