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00:00Elle a eu mille vies, des podiums au cinéma, du Rwanda à la France.
00:17Elle connaît le prix de la différence et du déracinement.
00:21Sonia Rolland habite avec intensité son rôle de basketteuse
00:24à la recherche de son passé au Rwanda dans Kouibouka.
00:28L'actrice a présenté le long métrage au festival du film francophone d'Angoulême.
00:33Cette odeur.
00:37Je me souviens bien de cette odeur.
00:42Ça ne te manque pas ?
00:44Quoi ?
00:46Bonjour Sonia Rolland.
00:47Bonjour Sonia.
00:48On va parler de Kouibouka dans un instant.
00:50Mais avant cela, vous avez eu mille vies, mannequins, Miss Bourgogne puis Miss France 2000.
00:57Productrice, comédienne.
00:59Vous avez été franco-rwandaise en exil à un moment de votre vie.
01:03D'où vous vient cette énergie, cette ténacité ?
01:07De cette histoire en fait.
01:09C'est une histoire où il y a beaucoup de départs précipités,
01:13beaucoup d'incertitudes.
01:14Et en même temps, ça nourrit forcément l'imaginaire d'une gamine
01:19qui va grandir avec plein de rêves, des absolus.
01:24Moi, j'ai toujours été animée par cette envie de devenir comédienne un jour.
01:28J'ai fait du théâtre quand j'étais à l'école française au Rwanda,
01:32à Bujumbura après, au Burundi.
01:34Et puis, ma mère, qui était une femme qui aimait beaucoup le théâtre aussi,
01:41tenait au Burundi un café littéraire.
01:44Et là, je voyais des poètes lire des contes.
01:47Je me disais, mais c'est vraiment ce que j'ai envie de faire en fait.
01:50Mais arriver en France, c'est une autre histoire,
01:53parce qu'on arrive dans des conditions difficiles.
01:56Et puis surtout, il y avait un manque de représentation.
01:59Et du coup, il a fallu quand même que je pousse cette détermination.
02:04Mais c'est un truc qui m'anime depuis toute petite.
02:07Et la famille a compté.
02:08Je crois que vos parents aussi vous ont beaucoup encouragé.
02:11Surtout mon père.
02:12Mon père, c'est un artiste.
02:13Enfin, c'était un artiste, il n'est plus de ce monde.
02:16Mais c'est quelqu'un qui m'a beaucoup poussée à y croire, en fait.
02:19Ma mère était pragmatique.
02:21Et c'est vrai que quand elle arrive en France,
02:23comme il y a très peu d'exemples de réussite
02:25incarnés par des Noirs ou des Métis,
02:28elle me dit, bon, peut-être que ce serait quand même bien
02:30que t'aies un diplôme en poche,
02:32que t'assures tes arrières, quoi.
02:34Et mon père, lui, qui était plutôt jusqu'au boutiste,
02:36a dit, non, ma fille, si elle a envie d'être actrice,
02:39elle sera actrice, quoi.
02:41Alors, quand on regarde le parcours,
02:43vous êtes souvent la première.
02:45Première femme d'origine africaine
02:47à être sacrée reine de beauté en France en l'an 2000.
02:50La première aussi à tenir le rôle principal d'une série,
02:53c'était dans Léa Parker, sur M6, en 2004.
02:56C'est vrai.
02:58C'est drôle.
02:59C'est drôle de me rappeler tout ça, oui.
03:00Il a fallu pousser des murs ?
03:02Ah ouais.
03:03Enfoncer des portes, pousser des murs,
03:06mettre le pied dans la porte plus d'une fois,
03:07enfin, je n'ai jamais eu peur,
03:09parce que je savais qu'il y avait un facteur
03:10qui était essentiel, c'était le travail.
03:12Et comme je suis une grosse bosseuse,
03:14il n'y a rien qui me fait peur.
03:16Ce qui me fait peur,
03:18c'est parfois l'ignorance, la bêtise des gens,
03:20mais dans notre milieu,
03:23on peut très vite contourner ces problèmes-là.
03:26Ce ne sont pas des choses sur lesquelles je m'attarde.
03:29Vraiment, si on a envie de réussir,
03:30il faut savoir avoir un objectif et s'y tenir.
03:33Et donc, s'armer de patience.
03:35Mais ça, c'est votre force, Sonia Roland,
03:37parce que vous expérimentez la colère,
03:39les attaques racistes.
03:41À l'époque, vous décidez de ne rien dire.
03:43Pourquoi ?
03:44Parce qu'à l'époque,
03:46on avait le choix de ne pas les mettre en lumière.
03:49Ces gens-là,
03:51ce groupe de gens bien énervés.
03:54Par exemple, je peux raconter cette anecdote
03:55après Miss France.
03:56En fait, Mme de Fontenay,
03:58qui était donc la chaperonne des Miss,
04:01en fait, elle était ébranlée
04:02par les lettres et les attaques racistes
04:04qu'elle recevait,
04:05qui disaient que je ne représentais pas la France.
04:08Et pour elle, c'était horrible.
04:10Et elle me dit,
04:12vous savez quoi ?
04:13On va convoquer l'AFP,
04:15je vais faire un communiqué de presse
04:17et on va leur répondre à tous ces fous,
04:20à tous ces ignares.
04:22Et en fait, moi, je lui dis,
04:22ben non, parce que là,
04:23vous leur offrez une tribune,
04:24ils n'existent pas.
04:26Moi, je peux vivre mal la situation,
04:29mais je ne vais pas leur offrir une tribune,
04:30en tout cas pas la mienne.
04:32Et c'est vrai que c'est vraiment ça
04:34qui change de l'époque actuelle
04:36avec les réseaux sociaux,
04:37où justement,
04:37ils ont accès à nous assez facilement
04:39et ils nous attaquent directement.
04:42Et après, c'est à nous de savoir
04:43si on a envie de lire ou pas.
04:45Moi, en tout cas,
04:45je ne lis jamais les commentaires des haters.
04:48Votre rôle dans Kouibuka
04:49a dû résonner assez fort en vous,
04:52puisque, vous l'avez dit,
04:53vous êtes née à Kigali,
04:54vous avez grandi au Burundi
04:56et vous avez dû quitter cette région en 1994.
04:58Au moment du génocide
05:00contre les Tutsis,
05:02vous avez quels souvenirs
05:03de votre jeunesse sur place ?
05:06Moi, j'ai que des souvenirs joyeux.
05:08L'Afrique, pour moi,
05:10jusqu'au moment de notre départ,
05:12c'est des moments heureux.
05:15Même si au Rwanda,
05:17on sentait quand même la pression,
05:19la pression qui pesait
05:20sur les épaules justement des Tutsis,
05:23des diplomates,
05:24des gens de culture,
05:26des gens de la politique,
05:28ils avaient quand même l'élégance
05:29de ne pas le faire vivre aux enfants.
05:31Et nous, en fait,
05:31on était vraiment préservés
05:33dans notre monde d'ados.
05:35Vous avez pu lire les livres de Gaël Fay
05:36qui décrivent
05:38cette période avant le génocide.
05:41Et Gaël Fay,
05:41on a grandi ensemble au Burundi.
05:43Son père était très,
05:44très ami avec le mien.
05:46Moi, je n'ai que des souvenirs heureux.
05:48Et puis, il y a ce moment
05:49de fracture dans notre vie
05:50où, et encore une fois,
05:52c'est une autre période.
05:53Il n'y avait pas de téléphone,
05:54il n'y avait pas de réseaux sociaux.
05:55Moi, je n'avais pas de téléphone
05:56à donner à mes amis,
05:57donc je les ai perdus de vue.
05:58Ce qui fait que je retrouve mes amis,
06:00c'est Miss France.
06:01Kouibouka Soransal,
06:04c'est un film
06:05sur le poids de la mémoire
06:06et de l'histoire,
06:07mais aussi sur le besoin
06:09de retisser du lien.
06:11On en découvre un extrait.
06:13Les Rwandas
06:14vont organiser la Coupe d'Afrique.
06:15Ce qui nous manque,
06:17c'est le pilier.
06:18C'est vous.
06:20Moi.
06:21On a besoin
06:22de tous nos enfants
06:23de la diaspora
06:23pour faire reconnaître
06:25et faire monter votre pays.
06:27Mon pays.
06:34Que veut dire
06:35Kouibouka,
06:35Sonia Roland ?
06:36Kouibouka,
06:37ça veut dire
06:37se souvenir,
06:39garder en mémoire.
06:42Vous savez,
06:43le Kinarwanda,
06:43c'est une langue
06:44très imagée.
06:45Et se souvenir,
06:47c'est la volonté
06:48politique actuelle.
06:50On n'oublie pas
06:51pour ne pas réitérer
06:52les mêmes erreurs.
06:53C'est un terme très symbolique
06:54parce que chaque mois d'avril,
06:55pendant 100 jours,
06:56on commémore tous ensemble.
06:58Et même les invités,
06:59même des gens
06:59de l'extérieur du pays
07:00viennent commémorer avec nous.
07:02Parlez-moi
07:02de votre personnage, Léa.
07:04C'est un personnage
07:05très pudique
07:05parce qu'elle tait
07:07énormément de colère,
07:08de frustration aussi
07:09parce que c'est une gamine
07:11qui a été choisie
07:15dans une fratrie
07:16pour être sauvée
07:18au moment du génocide.
07:19C'est une basketteuse
07:20professionnelle.
07:21Elle est recrutée
07:23par l'équipe nationale
07:24du Rwanda
07:24pour venir prêter
07:25main-forte à cette équipe
07:26et elle va prendre
07:28la décision
07:29d'enquêter
07:29sur la mort de sa mère
07:31et de la disparition
07:32de son frère
07:33parce qu'elle ne retrouve pas
07:34le nom de son frère
07:35à côté de sa mère,
07:36sur le mur des disparus.
07:37J'y suis née, mais en 1994,
07:41mon père m'a envoyée en France.
07:43Le Rwanda, j'y suis plus retournée
07:46depuis.
07:52Vous aimeriez que le film
07:53aide encore la parole
07:54à se libérer autour
07:56de ces sujets très douloureux ?
07:58Bien sûr, moi, c'est des films essentiels
08:01parce qu'ils racontent déjà
08:02le Rwanda d'aujourd'hui.
08:03Ils mettent en lumière
08:03le travail qui a été fait
08:05depuis 1994,
08:07un travail d'unité nationale.
08:11Il y a une telle résilience
08:12dans ce pays
08:13que ça force le respect.
08:15Et moi, je suis très heureuse
08:17quand des jeunes réalisateurs
08:18comme Jonas Dadeski
08:19font ce pas-là
08:20parce que c'est inédit
08:22ce qui se passe au Rwanda aujourd'hui.
08:23Et vous connaissez bien
08:24ces difficultés
08:25puisque vous retournez souvent
08:27au Rwanda
08:28où vous vous engagez
08:29depuis 2001
08:30avec la fondation Maisha Africa
08:31en soutien aux orphelins
08:33du génocide.
08:35Comment voyez-vous
08:36la nouvelle génération
08:37justement se reconstruire ?
08:39Il y a tellement
08:40de types de gens au Rwanda.
08:43Il y a ceux qui sont revenus
08:44de l'extérieur.
08:45Il y a une jeunesse
08:46qui a vécu le drame
08:48et qui a grandi avec ça,
08:49avec ça dans la chair,
08:51dans l'esprit.
08:52C'est cette jeunesse-là
08:53qui est la plus incroyable
08:54parce que c'est celle
08:54qui est la plus lumineuse finalement.
08:57C'est celle qui va de l'avant,
08:58qui est dans l'empathie tout de suite.
09:02Et puis il y a une autre jeunesse
09:03qui est dans la colère.
09:04Et d'ailleurs,
09:04j'ai alerté les autorités
09:06en leur disant
09:06vous savez,
09:08vous avez reconstruit le pays
09:09de façon remarquable.
09:11Il n'y a rien à dire.
09:12La seule chose
09:13qui est essentielle
09:15pour cette jeunesse,
09:16c'est le sas de décompression,
09:17c'est-à-dire la culture.
09:18Il faut absolument maintenant
09:20miser de l'argent
09:21dans la culture,
09:22aider les jeunes artistes
09:24parce que les Rwandais
09:25sont très créatifs.
09:26Il faut créer
09:26des outils de financement
09:28pour aider la culture
09:29à découpiller ça en fait,
09:31cette colère,
09:32cette frustration
09:33et puis qu'elle soit
09:34au service en fait
09:35des autres.
09:36Vous sentez qu'il y a
09:36une écoute de leur côté ?
09:38Il y a une écoute,
09:38il y a une envie,
09:39mais il y a tout à faire
09:41en fait au Rwanda.
09:42Et c'est ça qui est incroyable,
09:43c'est un terrain très fertile.
09:44Il faut aussi qu'on soit aidé,
09:45mais même de l'extérieur,
09:46il faut aussi qu'on ait
09:47des organisations financières
09:49qui nous aident
09:49à financer des projets
09:51en Afrique.
09:52L'Afrique est riche,
09:53mais tellement riche.
09:55On est saturé en Europe
09:58de projets
09:59et je pense qu'on a fait
10:00le tour en fait
10:01de la question.
10:01Maintenant,
10:02il faut qu'on aille
10:02vers d'autres horizons.
10:04Et en Afrique,
10:04moi, j'ai mille idées
10:05et j'aimerais vraiment
10:07avoir du soutien ici
10:08pour qu'on aille
10:10dénicher des talents,
10:12découvrir des talents
10:13et puis faire circuler
10:15un peu les énergies
10:16et les esprits créatifs.
10:19Quels sont vos prochains projets,
10:20Sonia Roland ?
10:21On a vu la saison 6
10:23de Tropique Communaire.
10:25La saison 7
10:25qu'on est en train
10:26de monter.
10:29Là, je suis en train
10:31d'écrire mon prochain film
10:32et j'espère pouvoir
10:33le tourner au Rwanda.
10:35Merci infiniment,
10:36Sonia Roland.
10:37Félicitations aussi
10:38pour votre mariage cette année.
10:39Oui, merci.
10:40Merci beaucoup.
10:43Bonsoir.
10:46Bonsoir.
10:47Félicitations.
10:48Merci.
10:49Bravo.
10:51Félicitations
10:51pour cette belle victoire.
10:53Merci.
10:53Une signature ici,
10:54c'est possible ?
10:55Bien sûr.
10:57Je m'appelle Imandi.
11:00Tiens.
11:01Merci.
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