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  • il y a 10 minutes
Ces 5 dernières années, il y a eu en moyenne 650 000 décès par an en France (un chiffre en nette en augmentation).
Derrière la douleur des familles, il y a aussi un secteur économique en pleine expansion : obsèques, pompes funèbres, contrats de prévoyance, marbrerie, crémation… Un marché estimé à plusieurs milliards d’euros chaque année.
Alors, comment s’organise ce secteur ? Quelles sont ses dérives ? Et surtout, comment mieux encadrer ce que certains appellent désormais “le business du deuil” ?
Pour en parler sur notre plateau Yann Chinan : agent funéraire et Béatrice Majza : Maître de conférences à l’Université de Caen Normandie
Le marché de la mort, on vous en dit +
« On vous en dit + », c’est tous les jeudis à 18h30 sur 20 Minutes TV.
Une émission présentée par Noham Huclin, disponible sur le canal 32 de la TNT en Île-de-France, sur les box partout en France (Free : 910, Orange : 349, Bouygues : 300;  SFR : 461)  et sur 20minutes.tv (http://20minutes.tv)

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Transcription
00:00La mort. Un mot qui peut faire peur, qu'on évite même parfois de prononcer.
00:05C'est un univers que nous connaissons peu, que l'on regarde avec pudeur, voire avec malaise.
00:10Pourtant, derrière elle se cache tout un monde rempli de métiers et de savoir-faire.
00:15En France, chaque année, plus de 600 000 personnes disparaissent,
00:18et à chaque fois, une chaîne entière de professionnels se met en mouvement.
00:22Du thanatopracteur au maître de cérémonie, du marbrier au faux soyeur,
00:26des minces affaires dans l'ombre pour offrir aux défunts un dernier hommage,
00:31et aux vivants, un peu de réconfort.
00:33On compte près de 25 000 personnes qui travaillent dans le secteur funéraire en France.
00:38Ce sont des métiers discrets, essentiels, faits de traditions,
00:42mais qui souvent cherchent à innover pour mieux s'adapter à son temps.
00:45On vous en dit plus sur l'univers de la mort, pour mieux comprendre ce qui la côtoie chaque jour.
00:56Ces cinq dernières années, il y a eu en moyenne 650 000 décès par an en France,
01:13un chiffre en nette augmentation.
01:15Derrière la douleur des familles, il y a aussi un secteur économique en pleine expansion,
01:20obsèques, pompes funèbres, contrats de prévoyance, marbreries ou encore crémations,
01:24un marché estimé à plusieurs milliards d'euros chaque année.
01:27Alors, comment s'organise ce secteur ?
01:30Quelles sont ses dérives ?
01:31Et surtout, comment mieux encadrer ce que certains appellent désormais le business du deuil ?
01:36Pour en parler, sur notre plateau, à ma droite, Cécile de Cèze.
01:40On te connaît bien, tu es journaliste pour 20 minutes.
01:42Merci d'être avec nous.
01:44À tes côtés, Johan Chinan.
01:46Vous êtes agent funéraire.
01:48C'est ça, tout à fait.
01:49Vous avez laissé tomber le costume aujourd'hui pour la chemise.
01:51Voilà, c'est ça, tout à fait.
01:53Petite tenue décontractée, on en profite de ne pas porter le costume.
01:56Exactement.
01:57Merci à vous d'être là.
01:59Et puis, à ma gauche, Béatrice Majza.
02:01Vous êtes maître de conférence en droit public à l'Université de Caen.
02:06Vous êtes experte en droit funéraire.
02:08Et on parlera avec vous, on prendra un petit peu de hauteur en fin d'émission.
02:12Surtout, ce qu'il faut savoir en matière de droit funéraire.
02:16Le marché de la mort, on vous en dit plus.
02:17C'est tout de suite.
02:18La grande faucheuse Thanatos, le dernier soupir, le grand voyage.
02:23Peu importe le nom qu'on lui donne, la mort, c'est un monde que l'on préfère souvent ignorer.
02:28Pourtant, les gens qui y travaillent sont essentiels pour enterrer la sœur de mamie,
02:32pour incinérer Martin, l'ancien boucher.
02:34Qu'est-ce qu'en pensent les Français ?
02:35Elphipia leur a demandé s'ils seraient prêts à travailler au quotidien avec la mort.
02:40Non, sincèrement non.
02:41Je trouve que c'est un petit peu, il y a un côté un petit peu angoissant.
02:44Après, il y en a besoin, évidemment.
02:47Je pense qu'on se lève le matin pour la vie.
02:50Du coup, avoir le côté mort omniprésent, personnellement, ça m'angoisserait.
02:54Certains métiers, notamment par exemple les métiers d'accueil, les métiers concernant la préparation en amont de la mort,
03:04c'est effectivement traiter le défunt, là c'est plus compliqué.
03:10Il faut avoir un savoir-faire et beaucoup d'expérience.
03:15Savoir choisir les bons mots, accompagner les proches dans un moment délicat.
03:19Et c'est vrai que ça reste, je pense, des compétences qu'il faut avoir que là, pour le coup, pas tout le monde n'a.
03:26Ouais, au quotidien, je pense que c'est compliqué d'avoir tout le temps affaire à des personnes qui sont en phase de deuil
03:31et qui ont vécu un événement, genre, tragique dans les jours qui viennent ou semaines ou jours qui viennent de passer.
03:37Je ne suis pas trop disposé pour ce gérard d'activité, bien que je reconnaisse que ça soit très utile.
03:43Oui, parce que je pense que ça procède quand même d'une vocation, tout ce qui est rapport à Thanatos, c'est-à-dire la mort.
03:49Voilà, il faut avoir des dispositions philosophiques particulières, il me semble.
03:53Cécile, j'imagine qu'il faut quand même une bonne dose de motivation et puis le cœur bien accroché pour se lever tous les matins
03:59et côtoyer les morts toute la journée.
04:01Je suis bien d'accord avec toi, Noam, mais certains arrivent quand même à s'épanouir dans ce secteur,
04:06comme Sabrina, une tiktokeuse qui explique les dessous de son métier sur son compte.
04:11Certaines vidéos cumulent plus d'un million de vues et Sabrina se définit comme une croque mort qui croque la vie.
04:18Ah oui, c'est donc une influenceuse de la mort ?
04:20Oui, c'est un peu ça en fait et elle n'est pas la seule.
04:23Apparemment, il y a un vrai filon.
04:25Plus de 56 000 personnes suivent son activité quotidienne en vidéo,
04:29même si certains internautes restent encore un peu perplexes face à ce business.
04:34Sans vexer, c'est méga glauque, lui commente Charteau sur une vidéo de montage d'un cercueil.
04:41Ce n'est pas un métier, ça critique un autre.
04:44Pourtant, c'est quand même un métier centenaire, Cécile.
04:46Bien sûr, et puis indispensable, certains l'ont bien compris.
04:49Et remercie chaudement la croque mort.
04:52D'autres veulent même suivre son chemin.
04:55Puis la mort, personne n'y échappera.
04:57Alors, autant la prendre un peu plus légèrement.
04:59C'est ce qu'avait essayé de faire la série Six Feet Under.
05:02Je vous la recommande.
05:02Eh bien, je peux quand même regarder un extrait, si tu veux, Cécile.
05:06Fais ça.
05:07Merci à toi.
05:08Il a commencé en tant que chauffeur.
05:38porteur, puis a évolué vers le métier d'agent funéraire.
05:42Un métier qu'il exerce depuis deux ans et demi.
05:44À quoi ressemble son quotidien ?
05:46Comment perçoit-il l'expression, justement, marché de la mort ?
05:49On en parle avec lui.
05:50Yohann, la première question que j'ai envie de vous poser, puisqu'on parle de business de la mort depuis tout à l'heure.
05:59Qu'est-ce qui vous a poussé, vous, à faire ce métier ?
06:01Alors, pour moi, c'était complètement une envie de découvrir, on va dire, l'arrière-cuisine de tout ce domaine-là.
06:10Dans le sens où je voulais avoir une idée de comment ça se passe derrière, parce que j'ai déjà été à des obsèques de mes oncles.
06:20Mais je ne savais pas quelle était toute cette logistique.
06:24Et au final, un jour, je me suis dit, je vais me lancer.
06:29Et j'ai pu découvrir le métier de chauffeur-porteur, premièrement.
06:34J'ai beaucoup apprécié cette fonction-là, mais je sentais que je pouvais aller chercher au-delà de ces compétences-là et me diversifier encore plus.
06:45Et c'est pour ça que, depuis deux ans et demi, je travaille en tant qu'agent funéraire.
06:50D'accord. Et à quoi ça ressemble, votre quotidien ?
06:53Alors, on peut croire que le quotidien est assez similaire jour après jour, mais pas du tout,
06:58parce qu'on tombe sur une multitude de situations différentes et qui peuvent être par moments rocambolesques,
07:05si je peux dire ça comme ceci.
07:07Mais alors, nous, on s'occupe d'ouvrir notre établissement, donc de vérifier s'il n'y a pas, on va dire, des petits pètes sur les murs.
07:17Vraiment que tout soit parfait pour accueillir les familles.
07:20Parce qu'il faut qu'ils soient impeccables pour les familles.
07:21Voilà, c'est ça. C'est vraiment, on va avoir un standing proche des palaces parisiens,
07:27en termes de qualité de service et d'accueil pour les familles.
07:31On va s'occuper de vérifier aussi en partie technique l'état de tous les équipements qu'on va utiliser au cours de notre journée.
07:41Et ensuite, on s'occupe d'accueillir les familles, de les diriger dans les salons où se trouvent leurs proches.
07:48Par moment, de fermer les cercueils.
07:52Moi, personnellement, je sais que j'ai une bonne qualité à parler auprès des familles.
07:57Et du coup, je fais office par moment de mettre des cérémonies, juste au moment de la fermeture de cercueil.
08:03D'accord. Qu'est-ce qui est le plus compliqué ? C'est quoi le plus difficile dans votre métier ?
08:08C'est selon vous.
08:10Personnellement, je pense que le plus compliqué, ce serait de procéder aux toilettes funéraires.
08:17parce que j'ai une formation pour préparer les défunts.
08:23Je pense que ce serait la partie la plus compliquée sur toutes mes fonctions.
08:29Après, personnellement, je ne ressens pas cette tâche-là comme une difficulté.
08:36Je prends plaisir à préparer la personne et de faire du mieux que je peux pour que les familles gardent le meilleur des souvenirs
08:49juste avant le moment fatidique de fermer le cercueil.
08:53Dernière question.
08:55Qu'est-ce que vous aimeriez que les gens comprennent mieux de votre métier ?
08:59Vous voudriez dire quoi aux gens qui nous regardent ?
09:01Ce que j'aimerais évoquer à ces personnes-là, c'est de ne pas avoir d'a priori sur notre métier.
09:12On essaye de faire au mieux pour que toutes ces petites légendes
09:17qui peuvent traîner dans les mémoires de chacun, qui déteintent sur notre domaine.
09:25J'aimerais vraiment que les familles ne gardent pas ceci en tête.
09:29Vous, en tant que professionnel, comment vous percevez cette expression ?
09:34Personnellement, pour ma personne à moi, je ne ressens pas ce côté business de la mort
09:41dans le sens où, sur ma fonction, on va être vraiment au service des familles,
09:46vraiment être au plus proche d'eux, être les personnes qui vont parfois les rassurer, les conseiller.
09:52Et nous, en fait, on ne va pas forcément s'occuper de vendre des services,
09:57on va vraiment s'occuper du défunt, de sa prise en charge au départ pour ses obsèques.
10:04C'est vraiment le côté humain, vous ?
10:05Voilà, tout à fait.
10:06On va quand même parler du prix d'un interment,
10:09puisque le prix moyen d'un interment en France, c'est de 3 350 euros à peu près.
10:14Souvent, on estime que ces frais sont un peu jugés excessifs.
10:18On met quoi dans tous ces coûts ? Comment ils sont justifiés, ces coûts ?
10:22Alors, je pense que les familles n'ont peut-être pas forcément conscience
10:26de la logistique qu'il peut y avoir dans tout le monde funéraire.
10:31Ça peut paraître un peu gros comme haut de dire qu'ils n'ont pas conscience,
10:35mais en fait, il y a une multitude de métiers dans ce domaine-là,
10:38que ce soit de la personne qui va récupérer le bois dans les forêts
10:41à la personne qui va s'occuper de les préparer,
10:45puis le transporteur qui va s'occuper de récupérer la personne
10:50pour l'emmener dans les funérariums,
10:52et ensuite, toutes les personnes qui vont veiller à ce que le séjour
10:56de la défunte se passe au mieux dans les locaux d'un funérarium.
11:01Est-ce que dans les services funéraires, les agences funéraires,
11:05est-ce qu'il y a ce qu'on appelle des commerciaux qui sont là
11:08pour vendre les prestations auprès des familles ?
11:10Comment ça se passe ?
11:11Oui, tout à fait.
11:13Alors, le mot commercial est peut-être un petit peu gros
11:15par rapport à la fonction de ces personnes-là.
11:18L'intitulé exact, c'est conseiller funéraire.
11:21Et en fait, ce sont des personnes qui vont s'occuper de prévoir
11:24et organiser les obsèques avec les familles de A à Z
11:27et de prévoir le moindre détail,
11:29que ce soit pour le choix du cercueil,
11:32les draps qui vont servir à l'intérieur du cercueil,
11:35ainsi que pour la cérémonie,
11:38que ce soit le type de véhicule ou le cimetière souhaité
11:42ou le crébatorium.
11:44Est-ce que on…
11:46Alors, ce n'est pas votre métier, c'est le métier des conseillers funéraires,
11:48mais est-ce qu'on pousse à vendre ?
11:51Est-ce qu'il y a une pression sur les commerciaux
11:53pour vendre, pour faire du chiffre ?
11:55Comment ça se passe ?
11:56Alors, moi, personnellement, je ne suis pas au courant
11:59s'il y a quelques-uns de pressions qui sont faites
12:02par rapport à des objectifs financiers.
12:04Tout ce que je sais, c'est que les conseillers vont essayer
12:08de vendre le meilleur service et celui qui est le plus adapté aux familles,
12:13de façon à ce que ces personnes-là ne se retrouvent pas,
12:17on va dire, dans une situation compliquée financièrement
12:20et qu'ils essayent d'organiser les meilleurs obsèques possibles,
12:27on va dire, en toute légalité.
12:29Vous qui êtes professionnel, comment est-ce qu'on peut repérer les abus ?
12:34À quel moment on peut se dire, non, là, ok, c'est un service sérieux,
12:37là, il y a des abus.
12:38Pour une famille, comment elle fait pour se repérer dans tout ça ?
12:41C'est quoi les gages de qualité ?
12:43Alors, pour moi, personnellement, les gages de qualité,
12:46ça va être à chaque professionnel de ce domaine
12:50qui vont devoir s'efforcer de faire au mieux leur tâche de travail,
12:55ne pas forcément négliger certaines parties de leur travail,
13:02que ce soit sous n'importe quelle forme.
13:05Vraiment, qu'ils vont devoir s'efforcer à faire au mieux,
13:08que ce soit pour le respect des familles,
13:11le respect professionnel,
13:12ainsi que pour les services qui ont été commandés par les familles.
13:18Ils travaillent dans le silence des allées,
13:21à l'abri des regards.
13:22Leur mission, préparer le dernier repos des défunts.
13:26Qui sont ces femmes et ces hommes que l'on croise rarement,
13:29mais qui veillent sur nos cimetières ?
13:31Nous sommes allés à la rencontre de Fossoyeurs
13:33pour comprendre la réalité de ce métier,
13:35souvent mal compris à un reportage d'Antoine Boitel.
13:39Cimetière du Père Lachaise,
13:40au milieu des touristes qui viennent photographier les tombes des célébrités,
13:44s'agit-il à un ballet incessant de véhicules funéraires
13:46et d'ouvriers qui rythment la vie de ce grand parc parisien.
13:50Toute la semaine,
13:50les Fossoyeurs de la ville de Paris sont là
13:52pour encadrer les enterrements
13:54et s'assurent que chaque famille vit son deuil dans la dignité.
13:57Un métier méconnu qui exige du sang-froid.
14:00On doit avoir de l'empathie,
14:02des fois on doit se mettre en retrait,
14:03des fois un petit peu plus accompagné.
14:04C'est triste, on voit des pleurs tous les jours,
14:07on voit des gens,
14:08c'est vraiment pas évident.
14:10Et effectivement, oui, il ne faut pas qu'on se loupe
14:11parce qu'il y a des risques énormes pour les agents derrière.
14:14On peut être amené à avoir de sacrés problèmes
14:16si on se loupe sur une animation.
14:19Il faut toujours faire en sorte
14:21que la famille passe un bon enterrement.
14:23C'est pas évident au début,
14:25mais au bout d'un moment,
14:26on fait avec.
14:28Déjà, quand on traverse le cimetière,
14:29on oublie ses propres soucis.
14:31On fait partie d'un collectif,
14:32on se parle entre nous, beaucoup.
14:35Et quand il y en a un qui ne va pas bien,
14:36on essaie de le camoufler tant bien que mal.
14:39Mais la répétition de ces scènes
14:41que les agents apprennent à gérer aussi bien que possible
14:44n'est pas sans effet sur leur vie personnelle.
14:47C'est pas évident de voir, quand on est parent,
14:49de voir des parents dans des états
14:51où, limite, ils veulent accompagner le cercueil
14:54jusqu'au dernier moment.
14:56Mais nous, on est là pour dire,
14:57attention, vous allez vous blesser.
14:59Et voilà, c'est vrai que le soir,
15:00quand on rentre, on repense à cette situation.
15:02On se dit, mais si ça avait été nous,
15:03c'est vrai que c'est pas évident.
15:04On n'est jamais blindé à ce genre de...
15:06Voilà, à la mort, c'est pas possible.
15:07Quand notre conjointe nous dit, ça s'est bien passé,
15:09ah ben non, ça s'est pas bien passé
15:10parce qu'il y a eu ci, il y a eu ça.
15:11Mais effectivement, il faut un petit temps
15:13pour après se dire, voilà, c'est bon,
15:17au sein de la fête des morts.
15:19200 000 visiteurs arpentent la vingtaine de cimetières
15:22gérées par la ville de Paris
15:24avec près de 20 000 inhumations par an.
15:27Béatrice Majzat est maître de conférences
15:29à l'université de Caen depuis plus de 25 ans.
15:32Experte en droit funéraire,
15:34elle a créé le premier diplôme universitaire public
15:37sur le droit funéraire à Caen, justement.
15:39Elle a constaté de nombreuses lacunes
15:41dans les connaissances juridiques liées au funéraire,
15:44souvent dues à la méconnaissance du domaine.
15:46Elle nous en parle.
15:47Béatrice, on parlait du coût d'un enterrement
15:52il y a un instant, il est d'environ 3 500 euros en France.
15:56Mais certains enterrements peuvent coûter bien plus cher,
16:00parfois même plus de 10 000 euros.
16:02Aujourd'hui, question simple,
16:04combien coûte la mort ?
16:05La mort peut effectivement coûter très cher
16:06puisque 3 350 euros peuvent s'ajouter
16:10le coût d'un cercueil qui peut aller jusqu'à 3 800 euros,
16:13la marbrerie jusqu'à 5 000 euros,
16:15le coût des fleurs,
16:16le coût également des avis de faire part
16:18qui peuvent aller jusqu'à 1 000 euros
16:20ou encore les soins de conservation
16:21que l'on peut trouver effectivement
16:22dans les chambres funéraires ou à l'hôpital
16:24qui peuvent monter jusqu'à 500 euros.
16:26Donc effectivement, il est difficile de chiffrer la globalité,
16:28mais ça peut coûter très cher.
16:29On parle de business de la mort,
16:32de marché de la mort.
16:33Est-ce qu'on peut dire qu'il y a une marchandisation
16:35aujourd'hui de la mort ?
16:37Alors c'est vrai que c'est un service public,
16:39certes, mais industriel et commercial,
16:40c'est-à-dire que depuis 1993,
16:42il est ouvert la concurrence.
16:43Donc effectivement,
16:44les tarifs sont librement fixés.
16:45Donc on peut parler d'une forme de marchandisation,
16:48même si les conseils funéraires
16:50sont tenus à une forme d'éthique.
16:52Est-ce que vous,
16:52vous avez constaté des dérives dans ce secteur ?
16:56En termes de coût ?
16:57Oui, parce qu'en fait,
16:58les prix peuvent effectivement considérablement varier.
17:02Alors comment on fait ?
17:03Il faut mieux informer les familles sur les tarifs,
17:07comment on s'en sort dans tout ça ?
17:08Est-ce qu'il y a des tarifs planchers ?
17:09Comment on fait le tri ?
17:10Alors en règle générale,
17:11les opérateurs,
17:12donc on en compte environ 4 000,
17:14sont tenus de proposer des devis,
17:16notamment aux collectivités.
17:18Surtout, les familles sont informées
17:19par les conseillers aussi,
17:21par devis ou par différentes destinations des cendres, etc.
17:24Donc normalement, il y a une information,
17:26même si on souhaite encore plus les gifférents à la matière.
17:29Est-ce qu'il existe des sites internet peut-être
17:32où je peux me renseigner,
17:33je peux chercher de l'information ?
17:35Je viens de perdre quelqu'un,
17:37je ne sais pas quoi faire,
17:38je fais quoi ?
17:40Vers qui je me tourne ?
17:41Vers quelles ressources je me tourne ?
17:43Pour être sûre de ne pas me faire avoir.
17:44Oui, c'est vrai que généralement,
17:45les familles se déplacent dans des agences.
17:50Donc nous avons toutes les filiales
17:52comme les pompes funèbres générales
17:55ou les sites, effectivement,
17:56qui peuvent proposer des devis en ligne.
17:58Et en plus, les agences sont généralement ouvertes
18:0024h sur 24, 7 jours sur 7.
18:02Donc il y a une accessibilité,
18:03mais il vaut mieux faire jouer la concurrence,
18:05si je veux dire.
18:05Tout à l'heure, on parlait beaucoup
18:08avec Yohann du côté humain.
18:11Ça, c'est un gage de qualité.
18:13Quand je recherche mon service funéraire,
18:16est-ce que je dois être aussi attentif à ça ?
18:18Est-ce que c'est un marqueur,
18:20c'est un indicateur en tout cas ?
18:22En règle générale, les conseillers funéraires,
18:23donc le premier contact,
18:25ils sont formés justement
18:26pour bien accueillir les familles.
18:28Donc l'empathie doit normalement exister.
18:30D'ailleurs, je fais partie des jurys
18:31qui font passer des concours,
18:34des conseillers funéraires
18:35et des maîtres de cérémonie.
18:36Donc l'empathie compte beaucoup.
18:38Donc normalement, effectivement,
18:39c'est le minimum à quoi les familles doivent s'attendre.
18:41Comment s'est encadré tout ça,
18:42aujourd'hui, en France ?
18:44Comment le secteur funéraire est encadré ?
18:45Alors nous avons deux principales lois,
18:47de 93 et de 2008,
18:48relatives à la législation funéraire.
18:5093 qui ouvre à la concurrence.
18:522008 qui a mis un petit peu plus d'éthique
18:54en la matière.
18:55Et nous avons surtout,
18:57tous les 5 ans,
18:58tous les opérateurs sont soumis
18:59à une habilitation préfectorale.
19:02D'accord.
19:02C'est-à-dire un contrôle des véhicules
19:04de transport des corps et des fins,
19:06mais également des crématoriums.
19:08Et également, on va vérifier,
19:11on demande le CABIS,
19:12on demande le bulletin numéro 2
19:13des agents funéraires,
19:14des dirigeants des pompes funéraires.
19:15Donc il y a ce contrôle
19:16au niveau de la préfecture.
19:18Et si la concession,
19:19délégation, par exemple,
19:20d'un crématorium,
19:21la commune va déléguer
19:22la gestion de ce crématorium
19:23à un opérateur privé,
19:24il y a un contrôle obligatoire
19:25prévu dans le contrat.
19:26D'accord.
19:26Des tarifs,
19:27mais également de la bonne gestion.
19:29Donc on rend compte,
19:30effectivement,
19:30le concessionnaire rend compte
19:32à la commune.
19:32Ça, c'est important de le souligner.
19:34Qui peut ouvrir aujourd'hui
19:36un service de pompe funèbre ?
19:37Parce que n'importe qui
19:38peut ouvrir comme ça.
19:39Tiens, je vais changer de métier,
19:40je vais ouvrir un service
19:41de pompe funèbre.
19:42Alors on constate
19:42un certain nombre de reconversions
19:44puisqu'effectivement,
19:44comme vous le soulignez,
19:45également,
19:46il y a une augmentation
19:46du nombre de décès.
19:48Donc en réalité,
19:49il faut surtout suivre,
19:50il y a une cinquantaine
19:51d'organismes de formation
19:52à la matière.
19:53Il faut suivre,
19:54par exemple,
19:5470 heures de formation
19:55pour les maîtres de cérémonie,
19:56140 heures pour les conseillers funéraires.
19:58Les dirigeants ont en plus
19:59une formation en matière
20:00de comptabilité.
20:01Donc c'est accessible.
20:03Après, il faut voir
20:03la prise en charge.
20:04Ensuite, il y a aussi des stages,
20:05environ une quinzaine de jours.
20:07Et ensuite,
20:07on passe le diplôme
20:08devant un jury
20:09au niveau départemental.
20:10Donc c'est vraiment ouvert
20:11et c'est un domaine
20:12qui recrute beaucoup
20:13à l'heure actuelle.
20:14Pourquoi vous,
20:14vous avez choisi justement
20:15de créer,
20:16je le rappelle,
20:17le premier diplôme universitaire
20:18public sur le droit funéraire ?
20:20Pourquoi vous avez choisi ça ?
20:22Je choisis parce qu'en fait,
20:23il manquait effectivement,
20:24comme vous le soulignez également,
20:25un manque d'encadrement
20:26et de connaissance,
20:27une réelle méconnaissance
20:28de la part surtout
20:29des petites communes
20:30du droit en la matière.
20:32Et c'est un des us
20:33vraiment orientés
20:33sur la gestion des cimetières
20:36et toute la procédure
20:37d'inhumation,
20:38de crémation,
20:38d'exhumation.
20:39Donc qui recadre
20:40effectivement juridiquement
20:41toutes les bases,
20:42toutes les règles à suivre
20:43puisqu'on peut très vite
20:44commettre malheureusement
20:46des erreurs.
20:47Par exemple,
20:47une reprise trop rapide
20:48de concession
20:48alors que le délai de 30 ans
20:50n'est pas abouti
20:51ou comment vérifier
20:52dans un terrain
20:53qui a quelques siècles
20:55après des tombes.
20:56Donc voilà,
20:56qu'il s'agissait avant tout
20:58d'encadrer ce domaine
20:59qui est aussi très sensible
21:00puisque je me heurte aussi
21:01à ce tabou de la mort
21:02comme vous l'avez souligné également
21:03en France.
21:05Si je devais résumer
21:06de façon très concrète
21:08pour les personnes
21:08qui nous regardent,
21:10aujourd'hui,
21:10comment je ne me fais pas avoir ?
21:12Eh bien faire jouer
21:13la concurrence.
21:14C'est vraiment ça
21:14le plus important ?
21:15Oui.
21:15Comparer les deux vies ?
21:16Oui, comparer les deux vies.
21:18Et si je prends en compte
21:18par exemple la ville de Lisieux
21:19qui est une des rares villes
21:20dans le Calvados,
21:21ma région,
21:23gère en direct
21:24le service municipal
21:25des pompes funèbres.
21:27Ces coûts sont peu élevés.
21:28Donc voir les opérateurs
21:29et faire vraiment jouer
21:30cette concurrence.
21:30Regardons ces chiffres,
21:31Béatrice,
21:32ensemble.
21:32En 1980,
21:341% des décès
21:35ont donné lieu
21:36à une crémation
21:37contre presque 45%
21:40en 2023,
21:41soit bientôt
21:41un Français sur deux.
21:43Des chiffres
21:44qui nous ont été donnés
21:44par la Fédération française
21:45de crémation.
21:47Qu'est-ce que ça dit
21:47aujourd'hui,
21:48Béatrice,
21:49de notre rapport
21:50à la mort ?
21:51Il s'agit avant toute chose
21:52d'une évolution
21:52de la société
21:53et des familles
21:54qui sont souvent éclatées,
21:55dispersées
21:55et donc qui préfèrent
21:56se réunir une fois
21:57pour la crémation
21:59puis la dispersion des cendres.
22:00Ça évite aussi
22:01le coût de l'entretien
22:02d'une tombe
22:03et puis le côté culpabilisant
22:04de ne pas pouvoir
22:05effectivement s'en occuper.
22:06Il faut cependant remarquer
22:07que le coût d'une crémation
22:09est parfois plus élevé
22:10qu'une élimation.
22:11D'accord.
22:12Et à cela s'ajoute
22:13l'obligation, bien sûr,
22:13d'avoir un cercueil
22:14puisqu'on ne peut pas inhumer
22:15en France
22:15pour recourir à la crémation
22:17sans cercueil
22:17puis le coût d'une urne
22:19qui peut monter
22:19jusqu'à 750 euros.
22:21D'accord.
22:21Ensuite, la dispersion
22:22des cendres
22:23est généralement gratuite
22:24mais le coût d'un columbarium
22:26on peut aussi mettre l'urne
22:27dans un columbarium.
22:29Là, pour le coup,
22:29il s'agit également
22:30d'une prestation payante.
22:31À savoir que depuis 2008,
22:32on ne peut plus posséder
22:33d'urne chez soi.
22:35D'accord.
22:35Ça, c'est intéressant à savoir.
22:37Est-ce qu'aujourd'hui,
22:38tout ce marché du funéraire
22:40est assez transparent
22:41ou est-ce qu'il y a
22:42un travail à faire
22:43pour rendre plus transparent
22:44les services et les prix ?
22:45Je pense qu'il y a toujours
22:47une marge de manœuvre
22:48en la matière.
22:49Même si les familles
22:50ont accès aux devis,
22:51à des conseillers funéraires,
22:54il serait intéressant
22:54de mieux informer les familles
22:56sur le coût des inhumations,
23:01le coût des concessions.
23:04Donc, il y a encore
23:04matière à évoluer
23:06en la matière.
23:08Merci à tous les deux
23:10d'être venus sur notre plateau
23:11pour nous en dire plus
23:13sur le marché de la mort.
23:14C'est la fin de cette émission.
23:17Merci à nos invités.
23:19Merci à vous
23:19de nous suivre chaque semaine.
23:21Vous pouvez retrouver
23:22l'intégralité de nos contenus
23:23sur notre site internet
23:2420minutes.fr
23:26et sur les réseaux sociaux.
23:28Et puis, pour ne rien rater
23:29de 20 minutes,
23:30vous pouvez vous inscrire
23:31à notre newsletter.
23:33La semaine prochaine,
23:34un autre sujet.
23:35Comment surmonter un traumatisme ?
23:37Ce sera dans le cadre
23:38de la commémoration
23:40du 13 novembre.
23:42Nous avons encore tous en tête
23:43ces attentats.
23:44C'était il y a tout juste
23:4510 ans.
23:46Nous aurons sur le plateau
23:47le témoignage d'une personne
23:48qui se trouvait dans le Bataclan.
23:50On se donne rendez-vous
23:51la semaine prochaine
23:52à la même heure.
23:53Sous-titrage Société Radio-Canada
23:57Sous-titrage Société Radio-Canada
24:04Sous-titrage Société Radio-Canada
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