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  • il y a 10 heures
Chaque année, le début de l'automne est marqué par une avalanche de prix littéraires français. Du célèbre Goncourt au Renaudot en passant par les prix Femina et Médicis, l'attribution de ces récompenses peut dévier la trajectoire d'un roman, bouleverser la vie de son auteur et de ses éditeurs et les faire rentrer au panthéon littéraire.Ces prix, s'ils sont souvent auréolés de prestige et de publicité, peuvent parfois faire l'objet de critiques quant à leur mode d'attribution ou la composition de leur jury. Que valent ces prix si nombreux que l'on peine parfois à différencier ?Anna Cabana et Gérard Holtz se retrouvent pour en discuter, en compagnie de leurs invités Amélie Nothomb, prix Renaudot 2021 pour Premier Sang, Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020 pour son roman L'Anomalie, Muriel Beyer, éditrice et fondatrice des Éditions de l'Observatoire et Jules Stimpfling (@julescommecesar), influenceur littéraire et co-fondateur du média Le Crayon.Parce qu'il manquait une émission qui prenne la culture au sérieux sans se prendre au sérieux. Parce que comprendre le monde, c'est aussi comprendre les récits qui le façonnent. Parce qu'il est temps de réconcilier le savant et le populaire. "Le banquet" est une émission qui parle de la culture savante de manière populaire et de la culture populaire de manière savante. Un temps long, une respiration, un espace de réflexion, dans un monde saturé d'informations et de débats immédiats.Aux manettes, deux voix familières mais inattendues ensemble : Anna Cabana, journaliste politique et essayiste, et Gérard Holtz, grand témoin du sport et de la société, réunissent leurs regards pour dresser une table singulière où se croisent idées, oeuvres, figures et imaginaires. Deux fois par mois, "Le banquet" s'attaque à un grand thème culturel, éclairé à la fois par l'histoire des idées, la sociologie, la politique, et la pop culture. Dans un esprit résolument humaniste, mais jamais élitiste, l'émission fait dialoguer Platon et Netflix, Molière et Marvel, Barthes et les réseaux sociaux.

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00:00...
00:00Tant mieux.
00:09Maman, après avoir tué 20 chats du quartier,
00:12a assassiné Bishop, mon meilleur ami chat,
00:14celui de ma meilleure amie.
00:16Ce tant mieux ne voulait rien dire.
00:18Je m'en fiche, je m'en sers quand même
00:19parce que je veux continuer à aimer maman.
00:22Tant mieux.
00:23Elle a agi pour le compte de forces obscures
00:25que je ne peux pas comprendre.
00:27J'ai déjà remarqué que maman n'est pas uniquement gentille.
00:29Avec Jacqueline, elle est carrément mauvaise.
00:32Tant mieux.
00:33Maman fait des choses horribles, elle a ses raisons.
00:35C'est tant mieux quand même.
00:38Bonsoir Amélie Nothomb.
00:40Bonsoir Anna.
00:41Bienvenue dans Le Banquet.
00:42Ce soir, on va parler des prix littéraires
00:45puisque c'est la fin de la saison.
00:46...
00:46...
00:48...
00:50...
00:54...
00:56...
00:58La France est le pays des prix littéraires.
01:07On le sait, on en a plus de variétés que de fromages.
01:09Plus de 2000 prix littéraires sont remis chaque année.
01:12Le concours bien sûr, mais aussi le Renaudot,
01:14le Médicis, le Fémina,
01:16le Grand Prix de l'Académie française
01:17et j'en passe pour ne parler que des plus prestigieux.
01:21Ce soir, à la table du Banquet,
01:23eh bien, pas de galettes en peupliées,
01:25mais du papier et des bandes rouges.
01:27Beaucoup de bandes rouges.
01:28Nous allons parler des prix littéraires
01:30qui est une de nos passions françaises.
01:33Amélie Nothomb, vous êtes une des écrivaines
01:35les plus lues, les plus reconnues.
01:38Votre dernier livre, dont je viens de lire un extrait,
01:41est un petit bijou.
01:43Et pourtant, vous n'avez, il n'a figuré,
01:45ce livre dans aucune des listes.
01:47Comment vous expliquez ça ?
01:49J'ai eu un très beau prix littéraire il y a 4 ans,
01:53qui est le prix Renaudot.
01:54En 2021, pour le livre sur votre père.
01:57C'est ça, qui s'appelait Premier 100.
01:59Ça, c'est très bien passé.
02:01Donc, je pense que les prix estiment
02:03que je n'ai plus besoin de prix littéraire,
02:05ce qui n'est pas tout à fait faux.
02:06Par ailleurs, ça me ferait quand même très plaisir
02:08d'en avoir un, mais je crois qu'on a estimé
02:10que je n'en avais plus besoin.
02:12Oui, mais le Renaudot en 2021,
02:14ça faisait quand même 30 ans, 30 livres
02:16que vous écriviez, qui étaient couronnés
02:18de succès, de succès et de la critique
02:20et du succès dans les librairies.
02:23Il a fallu attendre 30 ans, Amélie Nothomb,
02:25pour que vous ayez votre premier Grand Prix littéraire.
02:28Écoutez, ça valait donc la peine d'attendre.
02:31Auparavant, je n'étais pas malheureuse
02:34puisque j'ai toujours eu la faveur du public.
02:36Mais j'avoue que j'ai été très heureuse
02:38d'avoir aussi la faveur de mes pères.
02:40Alors, si vous voulez, on va écouter
02:42ce que disait du bon cours
02:44le seul écrivain qu'il a eu deux fois.
02:47Je veux bien sûr parler de Romain Garry.
02:50Il est de bon ton de dire que ce bon cours-ci,
02:52vraiment, est très mal écrit.
02:54C'est de bon ton de dire ça.
02:55Très exact, oui.
02:56C'est exact.
02:57Il est de bon ton de dire ça.
02:58Et je dois dire que j'en ressens
02:59un certain plaisir et une certaine joie
03:02parce qu'un bon cours qui n'est pas attaqué,
03:05un bon cours qui n'est pas discuté,
03:06je ne sentirais pas que je l'ai.
03:08Maintenant, j'ai l'impression vraiment
03:09d'avoir fait quelque chose
03:10puisqu'on m'attaque.
03:12Et puis, je dois dire que lorsque vous habitez
03:14l'étranger, à 10 000 kilomètres de la France,
03:18c'est une telle joie de voir
03:20que pendant qu'une période historique
03:22que nous traversons,
03:23les temps difficiles que nous vivons,
03:25c'est une telle joie, un tel plaisir
03:27de voir qu'un livre, un roman,
03:28peut soulever des polémiques profondes,
03:31des animosités, de haine,
03:32de rancune, des menaces.
03:35C'est merveilleux.
03:36Je crois que c'est le seul pays au monde
03:38et naturellement, c'est le plus beau pays
03:40à cause de cela, décide.
03:42Et oui, c'est ça la France,
03:43Méligne Autombe ?
03:44Cette passion française ?
03:45C'est merveilleux.
03:46Je suis tout à fait d'accord.
03:47Je trouve ça fantastique
03:48quand on voit la gravité de ce qui se passe
03:50en ce moment même, partout sur Terre,
03:53qu'on puisse s'étriper en France
03:54pour des questions de prix littéraires.
03:56Quel pays merveilleux !
03:57Ça veut dire que la littérature
03:58nous habite, nous émeut,
04:00nous enflamme ?
04:01Absolument.
04:02Qu'on est toujours capable
04:03de se battre pour des motifs littéraires.
04:06Et on a raison,
04:06la littérature, c'est extrêmement important.
04:09Mais ce qui est intéressant,
04:10c'est qu'au fond,
04:11on arrive à mettre de la passion là-dedans.
04:14Ce n'est pas rien
04:15d'arriver à mettre de la passion
04:17sur quelque chose
04:19qui pourrait tenir les autres à distance.
04:22Ça veut dire quoi ?
04:23Ça veut dire qu'on est plus littéraire,
04:25qu'on est plus fou,
04:26qu'on est plus querelleur ?
04:28Je crois que ça veut dire
04:29qu'on a mieux compris
04:30l'essence même de la littérature.
04:33L'essence même de la littérature,
04:34c'est une jouissance
04:36tellement particulière,
04:37tellement unique
04:38que oui,
04:39se battre pour être,
04:42pour montrer les meilleurs maîtres
04:44de cette jouissance-là,
04:45je trouve que c'est un enjeu important.
04:47On a raison.
04:48Est-ce que vous pensez
04:49que ceux qui ont des bandes rouges
04:50sur leur livre
04:51sont les maîtres de la jouissance ?
04:53Alors, ce serait malheureusement
04:55un raccourci un petit peu trop saisissant.
04:57Mais il peut arriver
04:58qu'il y ait conjonction
04:59entre en effet
05:01ceux qui font le plus jouir
05:02leur lecteur
05:03et la fameuse bande rouge.
05:05Alors, on parlait
05:06de votre nodo en 2021,
05:08c'était le livre
05:09où vous avez dit « je »
05:10à la place de votre père,
05:12premier sang.
05:14Et là, cette année,
05:15vous avez publié
05:17le livre de votre mère.
05:18Oui.
05:18Alors là, vous ne dites pas « je »
05:20quand vous parlez de votre mère.
05:21J'ai essayé,
05:22mais ça ne marchait pas.
05:23Il se trouve que je ressemblais
05:24terriblement à mon père,
05:26alors que je ne ressemble pas
05:27du tout à ma mère.
05:28J'ai essayé de lui prêter mon jeu,
05:30ça ne marchait absolument pas.
05:32Donc, j'en ai fait
05:32un personnage de conte,
05:33puisque ma mère a en effet
05:34toutes les caractéristiques
05:36d'un personnage de conte.
05:37Et pendant les 9 premiers 10e du livre,
05:39c'est un conte de grime.
05:40Un conte de grime.
05:41Un peu trash quand même,
05:42je le dis à nos téléspectateurs.
05:44C'est-à-dire qu'on est
05:44dans une forme de cruauté de conte.
05:46On est dans la cruauté
05:47la plus absolue,
05:47c'est-à-dire en effet
05:48dans un conte.
05:49Et vous avez raison,
05:50un conte de grime.
05:51Et puis, après 9-10e de roman
05:53comme ça,
05:54on tourne une page
05:55et tout à coup,
05:56il y a un jeu qui apparaît.
05:57Coucou, c'est moi.
05:58Et là, c'est vous.
05:58C'est moi et je veux dire
05:59bon, alors vous avez cru
06:00que cette femme n'existait pas.
06:02En fait, cette femme,
06:03elle a existé.
06:04C'était ma mère
06:05et elle est morte.
06:06Donc, un sacré paquet
06:08d'informations à la fois.
06:09Et là, vous vous dévoilez
06:10comme jamais.
06:11Oui, c'est vrai
06:12parce que bon,
06:13voilà, j'ai rien inventé.
06:14Père de sa mère,
06:15c'est quelque chose.
06:16Et ce chagrin-là,
06:18je n'ai pas trouvé
06:19d'autre manière
06:19de l'exprimer
06:20que cette forme
06:21très particulière.
06:23De dévoilement.
06:24À la fois,
06:24il a fallu les deux.
06:25Il a fallu à la fois
06:26se grimer
06:27derrière le conte de grime
06:28et ensuite
06:30ouvrir les vannes
06:32du jeu
06:32et de la confidence
06:34sans aucun voile.
06:37Sans aucun voile ?
06:38Bon, il reste bien sûr
06:39une très grande pudeur.
06:41Ça, c'est vous.
06:42Mon but n'était pas
06:42de m'effondrer en larmes
06:44en écrivant.
06:45Mais bon, je pense
06:46qu'il y a quand même
06:46énormément d'émotions
06:47qui passent.
06:48Il y a quand même
06:48des larmes pour celui
06:49qui va vous lire,
06:50celui ou celle
06:51qui vous lira.
06:52Et justement,
06:53pour revenir
06:55sur cette affaire
06:57de passion française
06:58que sont les prix,
07:00il y aurait eu quelque chose,
07:01finalement une boucle
07:02bouclée,
07:03joliment bouclée,
07:05à ce que ce livre-ci,
07:06précisément,
07:07après avoir eu
07:08le premier Grand Prix
07:09avec votre père,
07:10que vous ayez
07:11un deuxième Grand Prix
07:12avec votre mère.
07:13Moi, j'aurais trouvé ça joli.
07:15Ça m'aurait fait très plaisir,
07:17chère Anna,
07:17quel dommage
07:18que vous ne soyez pas
07:19à la tête du Goncourt.
07:21Oui, c'est ça,
07:21pour décerner
07:22les bandes
07:24qui montrent
07:25qu'ils sont
07:25les maîtres
07:26de la jouissance.
07:28Alors, Amélie,
07:29si vous voulez bien,
07:29nous allons aller
07:30rejoindre les autres invités
07:32avec lesquels
07:34nous allons converser
07:35de cette passion française.
07:36Bonsoir,
07:38chère Gérard Holtz.
07:39Je suis ravie de vous retrouver
07:40pour animer ce banquet.
07:43Chère Anna,
07:45nous allons déguster ensemble.
07:46J'espère bien.
07:47Bonsoir,
07:48chère Muriel Beyer.
07:49Alors,
07:49vous êtes
07:50une des éditrices
07:51les plus influentes
07:51de Paris,
07:52fondatrice des éditions
07:53de l'Observatoire.
07:55On est ravis de vous avoir.
07:57Bonsoir,
07:57chère Jules Stimfling.
07:59Alors,
07:59vous êtes le cofondateur
08:01du Crayon Groupe
08:02Un Média Digital
08:03et votre compte Instagram,
08:05Jules Comme César,
08:06est suivi par près
08:07de 400 000 followers.
08:09Si je ne dis pas de bêtises,
08:10vous y faites
08:11des recommandations
08:12de lecture.
08:13Bonsoir,
08:14Hervé Letellier.
08:14Bonsoir.
08:15Alors,
08:15vous êtes,
08:15vous,
08:16le Goncourt
08:17le plus vendu,
08:18le plus lu
08:19de toute l'histoire
08:20du prix.
08:21Vous avez reçu
08:21le Goncourt
08:22en 2020
08:23pour l'anomalie.
08:24Et comme notre émission
08:26se passionne
08:28pour cette passion française,
08:30je ne résiste pas
08:31à la tentation
08:32de lire un extrait
08:33de votre anomalie.
08:36Ce sont les premières lignes
08:38de présentation
08:38de votre personnage central,
08:40donc votre double
08:41dans le texte,
08:42un certain Victor Miezel
08:43qui est un écrivain confidentiel
08:46et dont vous écrivez
08:47quand vous le présentez
08:49« Victor Miezel
08:50ne manque pas de charme,
08:51son visage longtemps anguleux
08:53s'est adouci avec les années.
08:55Son grand corps est long,
08:56encore mince,
08:57bien que la sédentarité
08:58inhérente à son métier
08:59l'est quelque peu empâtée,
09:01car Victor écrit. »
09:02Hélas,
09:03en dépit de la bonne réception
09:04critique de deux romans,
09:06« Les montagnes viendront
09:07nous trouver »
09:07et « Des échecs
09:09qui ont raté ».
09:10Malgré un prix littéraire
09:11très parisien,
09:12mais de ceux
09:12dont la bande rouge
09:13ne provoque aucune ruée,
09:15jamais ses ventes
09:16n'ont dépassé
09:17les quelques milliers
09:18d'exemplaires.
09:18Il s'est persuadé
09:19que rien n'est moins tragique
09:21qu'une désillusion
09:22et le contraire
09:23d'un échec.
09:23À 43 ans,
09:25dont 15 ans
09:26passés dans l'écriture,
09:27le petit monde
09:28de la littérature
09:29lui paraît
09:29un train burlesque
09:31où des escrocs
09:32sans tiquet
09:33s'installent
09:33tapageusement
09:34en première,
09:35avec la complicité
09:36de contrôleurs incapables,
09:38tandis que reste
09:39sur le quai
09:39de modestes génies,
09:41espèces en voie
09:42de disparition
09:42à laquelle
09:43Miezel
09:43n'estime pas
09:44appartenir.
09:46Ma question,
09:47évidemment,
09:47Hervé Letellier,
09:48vous la voyez venir,
09:49est-ce que c'était
09:49vous avant le Goncourt ?
09:51J'ai même été étonné
09:52qu'avec une sortie
09:54pareille,
09:54je puisse avoir
09:55le Goncourt.
09:56Mais oui,
09:57c'est moi avant le Goncourt.
09:59C'est une vision
09:59qui est celle de Miezel,
10:01ce n'est pas forcément
10:01la mienne,
10:02soyons donc clairs.
10:03C'est un petit peu
10:04vous quand même.
10:04Oui,
10:05c'est un peu moi quand même.
10:06Et je suis touché aussi
10:07en le réécoutant
10:08et d'avoir écouté
10:09Gary juste avant
10:10parce que les deux
10:11titres de Miezel
10:13qui sont là
10:13sont des extraits de Gary.
10:15Des échecs qui ont raté.
10:16Les montagnes
10:17viendront nous trouver.
10:18C'est deux phrases
10:19de Gary.
10:20Votre héros, Gary.
10:21Mon héros absolu,
10:22oui absolument.
10:23Dans la littérature française,
10:24c'est vraiment une figure
10:25pour moi très importante.
10:27D'abord parce que
10:27je pense qu'il est
10:28l'un des seuls
10:29à produire des textes
10:31de la nature
10:32de ses textes.
10:33comme par exemple
10:34le début
10:35de La Vigie devant soi
10:37qui est rien que
10:38le premier paragraphe
10:39est une leçon de choses
10:40en matière d'écriture.
10:42Voilà.
10:42C'est une femme
10:43qui aurait mérité
10:44un ascenseur
10:44pour parler de Madame Rosa.
10:47C'est quand même
10:47une formule formidable.
10:49Et oui,
10:50Gary pour moi
10:51ça a longtemps été un modèle.
10:53Je pense que
10:54tous les écrivains
10:55ont besoin
10:55lorsqu'ils se mettent
10:57à écrire de modèles
10:57et Gary en était un.
10:58Et est-ce que vous avez
10:59sur les prix littéraires français
11:00la même espièglerie,
11:02la même cruauté
11:05que Romain Gary ?
11:07Je rêverai les auteurs
11:07d'avoir deux fois
11:09le concours.
11:11Non,
11:12j'ai trouvé
11:12ce que disait Amélie
11:13très juste,
11:13c'est-à-dire qu'il y a
11:14à un moment donné
11:15un plaisir,
11:16même si on a des lecteurs,
11:18d'être couronné
11:18par ses pairs.
11:19Tous les jurys
11:20ne sont pas
11:21des jurys de pairs.
11:22Il y a des jurys aussi
11:23qui sont des jurys
11:24constitués
11:25de boulangers,
11:27de prisonniers,
11:28qui sont des jurys
11:30plus complexes
11:30et plus montés
11:31qu'un simple jury
11:33de pairs.
11:33Mais il y a
11:34évidemment une satisfaction
11:35à savoir qu'à un moment donné
11:36on est couronné
11:37par des gens
11:37pour lesquels
11:39on a du respect
11:39et qu'on aime bien.
11:41Anna,
11:41le chiffre pour Hervé
11:43est très étonnant,
11:44on l'a en tête,
11:451 600 000 exemplaires
11:47pour le concours.
11:48Sans le numérique ?
11:50Sans le numérique.
11:51Et puis surtout,
11:51à propos des divers prix,
11:54en moyenne,
11:56entre 2017 et 2019,
11:58pour un concours
11:58c'est 319 000
11:59en moyenne.
12:01Pour un Renaudot,
12:02194 000.
12:03Pour un concours
12:04des lycéens,
12:05131 000.
12:05Pour un Fémina,
12:06121 000.
12:0837 000
12:09pour le prix Médicis.
12:101 600 000.
12:12C'est mieux que l'amant
12:13de Marie-Durace.
12:14Il faut quand même
12:15le rappeler
12:15parce que c'était
12:17jusque-là.
12:18C'est bizarre comme formule
12:19c'est mieux que l'amant
12:19de Marie-Durace.
12:20C'est mieux que l'amant.
12:21C'est une formule
12:22extrêmement bizarre.
12:23On a commencé
12:24sur la jouissance
12:25avec Amélie Notambe.
12:26On arrive sur l'amant.
12:27Si vous voulez,
12:27tout ça paraît...
12:29Non, c'est un chiffre étonnant.
12:31Un jour,
12:32on s'interrogera
12:32sur les raisons.
12:33Mais c'est une coïncidence
12:34et un alignement
12:35de planètes
12:36qui fait que le concours
12:37a eu cet effet
12:40créateur sur un livre
12:41qui marchait un petit peu
12:41mais qui d'un seul coup
12:42a bénéficié aussi
12:44du confinement.
12:45Il y a eu plein de raisons
12:45pour lesquelles ça aussi
12:46vient marcher.
12:47Donc désormais,
12:47Victor Miesel
12:48ne pourra plus jamais
12:49prétendre être
12:49un écrivain confidentiel ?
12:51Non.
12:51C'est fini.
12:52Pour Miesel, c'est fini.
12:53Voilà.
12:54Et alors,
12:55on a quand même tous
12:55envie de savoir
12:56si le concours
12:57change vraiment la vie.
12:58Est-ce que ça a vraiment
12:59changé la vôtre ?
13:00Je ne peux pas dire le contraire.
13:01Ça serait vraiment
13:01une mauvaise foi.
13:02Vous pouvez même crier
13:03que ça a changé votre vie.
13:03Oui, je peux le crier.
13:10C'est un effet réel.
13:11Le premier,
13:11c'est que les livres antérieurs
13:14renaissent
13:15alors que certains sont oubliés.
13:17Et le deuxième,
13:18c'est qu'on conquiert
13:19un lectorat nouveau
13:20non seulement nationalement
13:21mais parce que c'est
13:22le Goncourt internationalement.
13:24Le Goncourt fait partie
13:24de ces prix
13:25que les Américains connaissent
13:26alors que ce n'est sans doute
13:28pas le cas
13:29du prix de l'Académie française.
13:30C'est injuste
13:31mais c'est comme ça.
13:32Ce prix Goncourt
13:33a une notoriété mondiale.
13:35Un peu comme le Pulitzer.
13:37Et on bénéficie finalement
13:38de l'aura
13:40de tous les prix antérieurs.
13:41On bénéficie
13:42de la visibilité
13:44des grands anciens.
13:45Ça va de Proust
13:46en passant par Malraux,
13:47en passant par Garry,
13:49par Duras, etc.
13:51Et cette visibilité
13:52évidemment nous profite forcément.
13:54On est sur les épaules de géants.
13:55Alors Muriel Baillère,
13:56je me tourne vers l'éditrice.
13:57Est-ce que le Goncourt
13:59c'est le Graal
14:00et en même temps
14:01c'est aussi une fantasmagorie
14:02très française ?
14:03Et ce que disait
14:04Arbel Othélier très juste
14:04c'est que ce prix Goncourt
14:06il est connu
14:06dans le monde entier.
14:07Donc ça entraîne
14:09des traductions.
14:10Ça entraîne
14:10qu'un auteur
14:10est connu à l'étranger.
14:12Donc c'est vraiment
14:13toute une économie
14:14extrêmement importante.
14:16Et ça,
14:17pour tous les éditeurs,
14:18c'est le rêve.
14:19Le rêve absolu,
14:20bien sûr.
14:21Oui, on peut le dire
14:22et il n'y a pas besoin...
14:23Il n'y a pas de honte
14:23à dire que tous les éditeurs
14:25aient du Goncourt.
14:26D'ailleurs,
14:26dans toutes les rentrées littéraires,
14:28tous les éditeurs s'efforcent.
14:30Alors notre premier travail
14:31à nous, éditeurs,
14:32c'est de faire lire
14:33les livres que nous publions
14:34à tous les membres
14:35du juré.
14:36Voilà.
14:36Donc ça,
14:37c'est notre travail.
14:38Après,
14:38c'est un autre débat.
14:40Mais c'est vrai
14:40qu'on est tous impliqués
14:42dans cette rentrée littéraire
14:43autour des prix littéraires.
14:45J'en profite
14:45pour rebondir
14:46sur ce sujet
14:47de la manne financière
14:47que ça représente.
14:49Et je pense que c'est le sujet
14:50à mettre sur la table aussi
14:51pour les éditeurs.
14:52C'est évidemment clé.
14:54Et c'est l'un des motifs
14:55de potentiel critique
14:58qui peuvent aussi
14:58être adressés à ce prix.
14:59C'est qu'il y a derrière
15:00un business
15:02qui est important
15:02pour les éditeurs.
15:03Marketing.
15:04Et de potentiel
15:05conflit d'intérêts.
15:05On sait que les grandes
15:06maisons d'édition
15:07raflent la plupart des prix
15:09et que c'est très rare
15:10que Philippe Pré,
15:11par exemple,
15:12sorte un concours
15:13avec...
15:13Il en a eu.
15:14Il en a eu.
15:15Avec Maman et Gersart.
15:16Avec Maman et Gersart.
15:16C'est un très grand concours.
15:18Et c'est ce dont je veux parler justement.
15:19Mais c'est l'anomalie
15:20en l'occurrence
15:21plutôt de la remise de ce prix.
15:23Et je pense que ça
15:23c'est aussi
15:24une des dimensions
15:24qu'il ne faut pas occulter
15:26dans les prix littéraires
15:27et dans le crédit
15:29que leur accorde
15:29une partie du public
15:30qui n'est pas
15:30du milieu de l'édition.
15:33Il y a certaines vidéos
15:35sur les réseaux sociaux
15:36par exemple
15:36qui documentent ça.
15:38Et moi,
15:39c'est des choses
15:39auxquelles ma communauté
15:40peut être sensible.
15:41La question typiquement
15:43des conflits d'intérêts.
15:43Ce sont ceux
15:44qui ont été choisis
15:44qui ensuite choisissent
15:46et qui, comme Tare Ben Jaloun
15:48par exemple,
15:49récompensent des prix,
15:50enfin donnent des prix
15:51dans les maisons d'édition
15:51dans lesquelles ils sont édités eux-mêmes.
15:53Ils étaient avant.
15:54Est-ce que ça disqualifie
15:55à vos yeux
15:56et aux yeux de votre communauté
15:57les prix qui sont décernés ?
16:00Non, pas nécessairement.
16:02Et je pense que ça reste
16:03en général des bons livres
16:04quoique chacun a son avis
16:05sur la valeur
16:06de chacun des prix
16:07et que le concours des lycéens
16:09par exemple
16:09plaît à certains,
16:10le concours à d'autres, etc.
16:11Mais quand on a en 2021
16:13par exemple
16:13une des membres
16:14de l'Académie de Boncours
16:15Camille Laurence
16:15qui non seulement a
16:17dans la sélection
16:18un roman qui est écrit
16:19par son conjoint
16:20mais qui en plus
16:21publie une tribune
16:22dans Le Monde
16:22qui s'en prend
16:24à un autre roman
16:25de la sélection
16:27qui traite d'un sujet similaire
16:29en l'occurrence
16:29La Carte Postale
16:30d'Anne Berest.
16:32On peut se demander
16:33s'il n'y a pas
16:34une situation de conflit d'intérêts
16:35qui serait gênante
16:36dans une situation politique
16:37et dans un monde journalistique
16:38et que d'autres prix
16:39à l'international
16:40comme le Pulitzer
16:40n'auraient pas permis
16:41parce que c'est un jouri
16:43qui se renouvelle plus.
16:44C'est un peu les pieds dans le plat.
16:45Mais vous avez constaté
16:46qu'à ce moment-là
16:47ça a été porté
16:48à la connaissance du public
16:49et ça a été réglé
16:51au sein même
16:52de l'institution du concours.
16:54Ce que je veux dire
16:54c'est qu'il n'y a pas eu
16:54de déni de l'institution.
16:56Ça a été traité.
16:57Et encore heureux.
16:59Oui.
16:59Mais ça veut dire
17:00que ça ne s'est pas fait
17:01si vous voulez
17:01caché derrière
17:03des rideaux
17:05ou des volets.
17:06Anna, moi j'ai envie
17:06de faire un grand compliment
17:07à ce jeune homme.
17:09Parce que c'est le numéro 1
17:10des influenceurs
17:11pour la littérature.
17:13Il prêche
17:15pour la littérature
17:16classique en particulier
17:17avec 400 000 abonnés
17:18c'est ça ?
17:20Merci.
17:21Alors c'est...
17:21Non mais c'est formidable
17:22qu'un jeune comme vous
17:23là s'intéresse
17:24à la littérature
17:25mais passionnément.
17:28C'est une mission
17:28qui est très simple
17:29par rapport à tous
17:29les professeurs
17:30de l'éducation nationale
17:31qui sont les premiers
17:32typiquement à donner envie
17:33de lire.
17:34Et je ne me compare
17:35absolument et aucunement
17:36à quiconque initie
17:38d'abord des enfants
17:39et des adolescents
17:40à la lecture
17:40et pas non plus
17:41aux auteurs
17:42qui ont un impact
17:42bien supérieur.
17:44Mais à mon ample échelle
17:45j'essaye de...
17:45Vous voulez un fouet
17:46pour vous flageller ?
17:46Non mais à mon échelle
17:48en tout cas
17:48j'essaye de me servir
17:49de ce qu'est la consommation
17:51média des jeunes
17:52aujourd'hui
17:52pour les intéresser
17:54à l'objet du livre
17:55et à la lecture.
17:56Et le CNL a sorti,
17:57le Comité National du Livre
17:58a sorti en avril
17:59une étude
18:00qui sort tous les deux ans
18:01à propos des Français
18:03et de la lecture.
18:04On y voit que les Français
18:05passent 31 minutes par jour
18:07devant un livre
18:08contre 3h20 sur un écran.
18:11Donc c'est globalement
18:127 fois plus sur un écran.
18:15Et c'est effectivement
18:15un des problèmes
18:16auxquels s'attaquer.
18:17Et moi j'essaye
18:17de prendre les écrans
18:18et de rediriger vers les livres.
18:19Et vous avez 25 ans ?
18:21Presque, un peu.
18:2328.
18:2328 maintenant.
18:24C'est fou comme le temps.
18:26Alors, Hervé Lothélier,
18:28j'aimerais,
18:28comme on aime bien
18:29dans cette émission,
18:30les magnétos,
18:31j'aimerais qu'on écoute.
18:32Parce qu'avant de devenir
18:33cet auteur à succès,
18:35n'est-ce pas ?
18:351,6 million,
18:36vous avez été
18:37mathématicien et écrivain
18:39et mathématicien et écrivain.
18:40Enfin, tout ça à la fois.
18:41On regarde.
18:42– Est-ce que vous êtes
18:43oulipien ?
18:44– Oui.
18:45– Comme les Pérecs ?
18:47– Oui.
18:48– Est-ce qu'on peut rappeler
18:49ce que c'est que
18:50nous voir de littérature potentielle ?
18:52– En peu de temps.
18:53– Et les contraintes
18:54que ça impose ?
18:55– Bon, l'oulipo,
18:56c'est un groupe
18:58qui regroupe
18:58à la fois des mathématiciens
19:00et des écrivains,
19:01des écrivains mathématiciens.
19:03Et des écrivains
19:04non-mathématiciens,
19:06des mathématiciens non-écrivains
19:07et des mathématiciens écrivains.
19:09Voilà.
19:09– C'est extrêmement explicatif.
19:13– C'est extrêmement clair,
19:15franchement.
19:15– Heureusement que c'était à minuit.
19:17– Alors, je le dis
19:18à nos téléspectateurs,
19:19c'était le 9 février 2005
19:22et en effet,
19:22c'était des mots de minuit
19:23et on n'a pas exactement compris
19:26ce qu'était l'oulipo,
19:28mais grâce à Gérard.
19:29– Après, je vais vous expliquer
19:32un peu mieux.
19:32– Après, grâce à Gérard,
19:34nous allons comprendre Gérard
19:35qui nous a préparé
19:36un petit jeu.
19:37– Alors, l'oulipo,
19:38l'oulipo,
19:40ouvroir de littérature potentielle.
19:43C'est une réunion
19:44d'écrivains,
19:45donc mathématiciens,
19:46mais surtout,
19:47surtout des écrivains,
19:48qui jouent avec les mots
19:49et qui jouent avec les consonnes.
19:50– Ça, vous le savez.
19:52Il y a plusieurs sortes de jeux.
19:54On est d'accord, Hervé ?
19:55Je parle sous votre contrôle.
19:57Le lipogramme,
19:58le pangramme,
19:58la neige,
19:59le boule de neige,
20:00le S plus 7,
20:01le prisonnier volontaire,
20:02le poëntotogramme
20:03et la canine,
20:04entre autres.
20:04– Entre autres.
20:05– Alors, vous allez me dire
20:06si j'ai raison ou pas.
20:07Je me suis lancé.
20:08– Vous avez osé.
20:10– J'ai osé.
20:11– Waouh.
20:11Et j'ai fait, donc là,
20:13moi, j'ai pris un pangramme.
20:16Alors, le pangramme,
20:17c'est donc utiliser
20:18toutes les lettres de l'alphabet.
20:21J'ai écrit.
20:23« J'avais envie de braver les interdits
20:25et de faire le fou.
20:27Contraint et forcé,
20:28en m'agenouillant en haut
20:29de ce promontoire
20:30appelé Montjoie,
20:31quant au kangourou venu de Wallonie
20:33sauta dix fois de suite avec zèle,
20:36comme cela se fait encore
20:37dans le Yucatan. »
20:38Donc, de A à Z.
20:41– C'est un peu long comme texte.
20:42– Ah bah oui, mais…
20:44Ah bah oui, d'accord,
20:44ça fait partie du jeu.
20:45Ah, il faut faire plus court.
20:46– Le plus court possible.
20:47– Il faut faire plus court.
20:48– Le plus court possible.
20:48– Bien, je prends un carton jaune déjà.
20:50– Non, non, non, non.
20:51C'est pas un artissement.
20:52– Alors, Hervé,
20:53je me suis permis aussi
20:54de faire un poème
20:55« Totogramme ».
20:57Donc, chaque mot
20:58commence par la même lettre.
21:01« Toutes tes tendances
21:02toucheront toujours
21:04tes tentes taquines,
21:06tendrement tendues
21:07tenant la ta tentation
21:09terminant ton tennis,
21:11tête-à-tête,
21:12tintinabulant,
21:14théâtralement. »
21:15Amélie, Hervé ?
21:16– Oui, je me suis toujours
21:17demandé pourquoi
21:17ça ne me plaisait pas
21:18tellement ces formes-là.
21:20– C'est chaque Oulipien.
21:21– J'en ai la démonstration, là.
21:23– Ah, j'ai appris ça.
21:24– Non, chaque Oulipien
21:25a des formes qu'il aime.
21:27Et je veux dire
21:28que les formes linguistiques
21:29aussi dures que celles-là,
21:31ce n'est pas forcément
21:31ma tasse de thé.
21:32le pangramme le plus connu
21:34en français,
21:35c'est « Porter ce vieux whisky
21:37au juge blond qui fume »,
21:39qui est une des formes
21:40les plus ramassées
21:41qui permet d'utiliser
21:41toutes les lettres de l'alphabet.
21:43Mais c'est vrai
21:43qu'on utilise le whisky
21:44dans lequel il y a quand même
21:45pas mal de lettres difficiles.
21:47– De lettres, voilà,
21:48c'est ça.
21:49Au Scrabble,
21:49c'est pas mal, le whisky.
21:51– Il y avait à Oulipo
21:52une poétesse
21:54qui s'appelle
21:54Michel Grangot
21:55qui, elle,
21:56était la reine de l'anagramme
21:58et qui faisait des choses
21:58absolument magnifiques
21:59avec une forme
22:00qui, moi,
22:00mais totalement étrangère,
22:02qui est l'anagramme
22:03et qui est très complexe.
22:04Vous savez,
22:04c'est écrire une phrase
22:06différente de la phrase d'origine
22:08en utilisant uniquement
22:09les lettres de la phrase d'origine.
22:10Et ça,
22:11c'est d'une complexité
22:12absolument folle
22:13parce qu'évidemment,
22:14on n'a pas le droit
22:14d'avoir besoin de lettres en plus
22:16et on n'a pas le droit
22:16de laisser des lettres
22:17sur le carreau.
22:19Donc, elle arrivait
22:19à faire ça
22:20de manière remarquable.
22:21– Mais même,
22:21tous les Olympiens
22:22doivent faire ça,
22:22même ceux-là,
22:23non ?
22:23– Non, non, non, non.
22:24– Non ?
22:25– Il y a des Olympiens
22:25qui détestent ce genre de jeu
22:27et on a le droit.
22:28– Vous en êtes ?
22:29– Pas l'anagramme,
22:30mais le totogramme,
22:32ce n'est pas du tout
22:32ma tasse de thé.
22:33Bien que tasse de thé
22:34ne soit pas loin du totogramme.
22:36– Amélie, vous…
22:37– Non, ne tentez pas
22:38notre Gérard Rolls, là,
22:39parce que ça y est.
22:40– Amélie,
22:41vous avez, vous,
22:41des mots que vous rejetez
22:43ou au contraire
22:44des mots presque tiques,
22:46des mots routines
22:47qui reviennent ?
22:47– Alors,
22:48je n'ai pas de mots routines
22:49mais j'ai un pari avec moi-même,
22:50c'est que je dois placer
22:51le mot pneu
22:52dans chacun de mes textes.
22:53– Ah, ben la cha-pneu,
22:54dans tant mieux.
22:55– Ce qui n'est pas facile
22:56parce que, bon,
22:57là, c'était très facile,
22:58mais par exemple,
22:58j'ai écrit un livre
22:59sur la passion du Christ
23:00qui s'appelle Soif
23:01et là, je vous assure
23:02que placer le mot pneu
23:03a été très difficile
23:04mais j'ai quand même réussi.
23:06– Il y a un texte de Jarry
23:07qui s'appelle
23:08« La course cycliste,
23:10la passion du Christ
23:11considérée comme une course de côte ».
23:13Je pense qu'il arrive
23:14à placer le mot pneu
23:15à l'intérieur.
23:15– Pourquoi le mot pneu ?
23:18– Uniquement par fascination
23:20sonore pour ce mot.
23:21Je ne m'intéresse pas du tout
23:22aux pneus
23:23mais je trouve que
23:23cette sonorité pneu
23:24est étonnante.
23:26– Le pneu
23:26et la nuit du chien.
23:28– Et nous,
23:29en télévision,
23:29ça nous arrive aussi
23:31en télévision
23:31de temps en temps
23:32dans des très grandes émissions
23:33avec des grosses audiences
23:34d'avoir des mots à placer
23:35pour faire un message
23:36subliminal à quelqu'un.
23:38– Alors,
23:39quel est le message subliminal
23:40que vous voulez faire passer
23:41ce soir, Gérard ?
23:42– Dans le journal de 20 heures,
23:43par exemple,
23:43un jour,
23:44moi, j'ai dit
23:44« L'amour, toujours l'amour ».
23:46Pour placer ça
23:46dans le journal de 20 heures,
23:47pour être un tout petit peu culotté.
23:49celui que j'ai envie de placer,
23:50c'est le même.
23:52C'est « L'amour, toujours l'amour »
23:53avec ma Murielle.
23:54– Eh bien, écoutez,
23:55alors, Amélie,
23:57ne croyez pas
23:57que vous allez échapper
23:58au magnéto
23:58parce qu'on a donc vu
24:00Hervé Letellier en 2005
24:02et eh bien,
24:03on va vous voir aussi,
24:05chère Amélie,
24:06en 1992
24:07au moment de la sortie
24:09de votre premier livre
24:10« Vienne de l'assassin ».
24:12On regarde.
24:12– Il n'y a pas
24:13que les prix littéraires
24:14dans la vie,
24:14il y a aussi ceux
24:14qui sont sur les prix,
24:16sur la liste des prix
24:16et qui ne les ont pas
24:17mais qui les auront un jour,
24:20comme disait la Gise.
24:20– Vous avez parlé d'Amélie Noton
24:21qui est parmi nous ce soir
24:22et qui a écrit
24:22« Hygiène de l'assassin ».
24:24Alors, il faut dire
24:24qu'elle a le temps, Amélie,
24:25parce qu'elle est très jeune,
24:26vous avez 25 ans,
24:26ce n'est pas indiscret
24:27de dire votre âge.
24:28Allez, vous écrivez
24:30« Comment on respire ? »
24:30C'est-à-dire que ça,
24:31en fait,
24:31c'est le premier roman
24:32que vous publiez
24:33mais vous en avez écrit,
24:34paraît-il,
24:3511 autres avant
24:36et vous êtes en train
24:37en ce moment même
24:38d'écrire le 16e.
24:39– À la fin,
24:39il y a le prix Nobel
24:40et puis il y a cette journaliste
24:41de la fin,
24:42on ne va pas le raconter
24:43mais la fin est vraiment super,
24:44qui lui tient tête
24:45et on a l'impression
24:46qu'elle s'est quand même
24:47plus identifiée
24:48à la journaliste
24:48qu'à l'écrivain prix Nobel.
24:50– Non.
24:50– Ni à l'un,
24:51ni à l'autre ?
24:52– L'écrivain,
24:53c'est moi.
24:55Même si je ne suis pas
24:56encore prix Nobel
24:56et même si ça risque pas
24:58de m'arriver
24:58avec un bouquin pareil.
24:59– Oui, mais moi,
25:00je n'ose pas l'interview
25:00mais Patricia,
25:01je vous laisse continuer
25:02parce que je ne vous dis pas la fin.
25:03– Mais je suis toujours
25:05à la recherche
25:05d'un journaliste
25:06qui puisse se livrer
25:08à ce genre de tour de force.
25:09– Je vous rassure,
25:10pour le prix Nobel de littérature,
25:11il faut publier
25:11un certain nombre de livres.
25:13On n'a pas en général
25:13le Nobel de littérature
25:14pour un livre.
25:15– Je sais,
25:16mais enfin,
25:16je crois que celui-ci
25:17compromet mes chances
25:18dès le départ.
25:19– Alors, il faut quand même
25:19le dire,
25:20c'était votre première télé.
25:21– Votre première télé.
25:23– Un vrai sens de la répartie
25:24pour votre première télé
25:25parce que donc,
25:25c'était Michel Field
25:26et Patricia Martin
25:27et ils y sont allés assez fort.
25:29– C'est vrai
25:30et je me souviens
25:31que j'étais absolument liquéfiée
25:33de terreur.
25:34Et je…
25:35Voilà,
25:35ça donne quand même
25:36quelque chose.
25:37– Et ça donne vraiment
25:38une forme de même
25:39de résistance.
25:40– Il y avait Régis Debray
25:41sur le plateau.
25:41– Oui, il y avait
25:42Régis Debray aussi.
25:44– Franchement,
25:44pour une première télé.
25:45– Parfait.
25:46– En plus,
25:47quel âge vous aviez ?
25:4725 ans ?
25:48– 25 ans.
25:48– Oui, c'est ça.
25:49Donc encore plus jeune
25:50que vous, Jules.
25:51– Oui, absolument.
25:51Alors, j'ai de la graine.
25:53Enfin, il faut qu'on prenne
25:54de la graine.
25:56– Réaction de Muriel
25:57à l'époque.
25:58– À l'époque ?
26:00Qu'est-ce que tu veux
26:01que je te dise ?
26:02Que voilà,
26:03c'est formidable
26:04d'avoir une émission télé.
26:05On débute,
26:06on est angoissé,
26:06mais on tient quand même.
26:08On tient.
26:09On tient et on répond.
26:11Et voilà, bravo.
26:12Ce n'était pas évident,
26:13d'ailleurs.
26:14– Mais les émissions littéraires,
26:15Muriel Beyer,
26:16c'est presque aussi important
26:18que les prix ?
26:19Ou pas ?
26:19– Alors, d'abord…
26:20– Rassurez-nous.
26:21– Alors,
26:22les émissions littéraires,
26:24d'abord,
26:24je suis ravie d'être là
26:25parce que tu es une émission littéraire,
26:26parce qu'il n'y en a pas beaucoup
26:28littéraire.
26:29Donc, oui,
26:30c'est important,
26:31mais c'est peut-être,
26:33honnêtement,
26:34un peu moins important
26:35que ça ne l'était
26:35à l'époque d'Apostrophe,
26:36par exemple.
26:37Moi, quand j'ai débuté,
26:39Apostrophe,
26:39c'était le Graal,
26:40il fallait absolument
26:41avoir Apostrophe.
26:42Aujourd'hui,
26:42c'est beaucoup plus diffus.
26:43C'est-à-dire,
26:44il y a plusieurs émissions,
26:45il y a les réseaux sociaux
26:47qui ont complètement
26:48changé la donne aussi.
26:49Donc, c'est un ensemble de choses.
26:50– Donc, maintenant,
26:51Jules est plus important
26:52que les émissions littéraires.
26:52– Jules est très important
26:53parce que ça a changé
26:55beaucoup les choses.
26:56parce que quand on sait aujourd'hui
26:58que la moyenne d'âge
26:59des gens qui regardent la télé,
27:00c'est un peu âgée quand même.
27:02Donc, si on veut toucher
27:03les jeunes,
27:03aujourd'hui,
27:04les jeunes lecteurs,
27:04on sait que quand même
27:05la lecture,
27:06c'est plutôt les plus de 50 ans.
27:09Vous parlez de l'étude du CNL,
27:12c'est un peu ça quand même.
27:13– Justement.
27:13– Et donc, justement,
27:15il y a d'autres manières
27:16aujourd'hui aussi
27:17de toucher les jeunes lecteurs.
27:19Donc, c'est plus diffus.
27:20Voilà.
27:20Alors, évidemment,
27:21les émissions de télé
27:22et les émissions littéraires,
27:23on est ravis.
27:24C'est très important
27:25parce que ça touche un lectorat
27:26quand même de cibles
27:28qui lit beaucoup.
27:29Mais il n'y a pas que ça.
27:31Voilà.
27:32– Aujourd'hui,
27:32c'est 79% des 15-24 ans
27:34et 60% des 25 à 35
27:37qui se servent des conseils
27:39et des vidéos
27:40sur les réseaux sociaux
27:41– Exactement.
27:42– pour leur consommation
27:44de livres
27:44et leur envie de lire.
27:46Donc, ça participe
27:47de la notoriété des ouvrages.
27:49On a vu avec TikTok
27:50et l'émergence
27:51du phénomène BookTok
27:52certaines ventes
27:54dans des catégories
27:55relativement nichées.
27:56– Vous voulez nous expliquer
27:57exactement ce que c'est
27:58BookTok comme ça ?
27:58– Oui, alors,
27:59sur le réseau social TikTok,
28:00on a toute une vague
28:02de créateurs de contenu,
28:03de vidéastes
28:04qui font des vidéos
28:06à propos de livres.
28:07Ce sont souvent
28:08ou des thrillers
28:09ou des polars
28:10ou de la romance.
28:11– Littérature de genre.
28:11– Voilà.
28:12– Voilà,
28:12de la littérature de genre,
28:13des romances,
28:14de la fantasy,
28:16donc des ouvrages
28:17souvent sériels
28:18et qui sont
28:19plébiscités
28:21par des audiences
28:22à la fois en ligne
28:22et derrière
28:23dans l'achat
28:25sur des plateformes
28:27ou sur les liseuses.
28:29Donc, il y a
28:29tout ce phénomène-là
28:30qui a émergé sur TikTok
28:31mais ça va au-delà de ça.
28:33Je dirais que c'est
28:33complémentaire d'autres...
28:35– C'est complémentaire.
28:35En revanche,
28:36je crois que ce que vous disiez
28:37c'est cette littérature de genre
28:39ce qui serait formidable
28:40sur les réseaux
28:41et avec justement
28:42des trucs comme
28:43BookTok
28:44ou ce que vous faites,
28:45c'est d'amener quand même
28:46les jeunes
28:46à un autre type
28:47de littérature.
28:48Moi, c'est mon souhait.
28:49– C'est ce que j'essaie de faire.
28:50– Voilà,
28:50c'est ce qu'il faut faire
28:51parce que s'ils ne lisent
28:52que de la romance
28:53et des thrillers,
28:55il y a des choses
28:56très intéressantes
28:56dans les thrillers.
28:57Mais ce que je veux dire
28:58c'est que si on veut
28:58les amener
28:59à lire autre chose,
29:00ce qui est le combat
29:01normalement de tout éditeur,
29:02c'est d'arriver quand même
29:03à toucher un public
29:05plus jeune,
29:06il faut quand même
29:07ouvrir là-dessus.
29:08– Mais c'est un premier pas
29:09et typiquement,
29:11le succès l'année dernière
29:12de La Femme de Ménage
29:13qui a été
29:14autant de 600.
29:15– 600 000.
29:16– Ah oui.
29:16– Au moins.
29:17– Oui, parce qu'il y a
29:18plusieurs volumes.
29:18– C'est le premier exemplaire
29:19mais il y a certains
29:19premiers exemplaires
29:20et puis après,
29:21il y a eu des suites.
29:22– Moi, j'en parlais
29:22pas plus tard que ce week-end
29:23avec un abonné,
29:24c'est un livre
29:26que certains lisent
29:27qui ne lisent pas
29:27d'autres livres
29:28mais qui peut être
29:29un étrier,
29:30qui peut être
29:30un marche-pied
29:31vers d'autres
29:32consommations littéraires
29:33qui remettent
29:34l'habitude de la lecture
29:35à certains.
29:37– On l'espère
29:37mais ça peut être
29:38qu'ils recherchent
29:39la même chose.
29:40– Amélie,
29:40on sait que vous répondez
29:42à vos lecteurs
29:42mais vous répondez
29:43sur du papier.
29:45– Alors je suis 100% analogique,
29:46il faut m'écrire
29:47une vraie lettre
29:48sur une feuille de papier
29:49avec une enveloppe
29:50moyennant quoi
29:51je réponds
29:52à tout le courrier
29:53que je reçois
29:53sauf bien sûr
29:54aux insultes
29:55ou aux obscénités.
29:56– Mais les réseaux non.
29:57– Mais je ne peux pas me dire.
29:59– C'est pour ça
30:00que je ne t'ai jamais répondu.
30:02Voilà,
30:02je suis totalement
30:03étrangère au réseau,
30:04il n'y a là
30:05aucun jugement.
30:06C'est un choix personnel,
30:09c'est un choix
30:09qui m'intéresse.
30:10– Et c'est vrai Amélie
30:11que vous continuez
30:12d'écrire au stylo,
30:13au BIC,
30:144h tous les matins,
30:18au thé noir.
30:20– Votre routine là
30:20par exemple ce matin
30:21vous avez écrit.
30:22– Il n'y a aucune exception,
30:23aucun jour,
30:24même le jour de la mort
30:26de ma mère,
30:26je l'ai fait.
30:28Et je suis à ma connaissance,
30:29la dernière a apporté
30:30à mon éditeur
30:31le manuscrit,
30:32c'est-à-dire
30:33j'apporte ce que j'ai écrit
30:34à la main.
30:36– Alors,
30:36vous avez parlé de votre père,
30:37vous avez parlé de votre mère.
30:38– Oui.
30:39– Les prochaines inspirations.
30:40– Alors ça,
30:41ça ne me regarde que moi.
30:43Mais ne vous inquiétez
30:44surtout pas.
30:44– Votre soeur,
30:45Juliette ?
30:46– Ne vous inquiétez surtout pas.
30:47– Non.
30:48– En fait,
30:48vous êtes superstitieuse.
30:50– Je suis extrêmement superstitieuse,
30:51j'appelle ça être enceinte,
30:52je suis enceinte de mes livres,
30:54et je pense que l'échographie
30:55porte malheur au manuscrit,
30:57donc voilà.
30:58– Est-ce que vous êtes superstitieux
31:00ou enceinte,
31:01Hervé Letellier ?
31:02– Voilà bien un mot
31:05qui n'a pas de masculin,
31:06je pense.
31:08Non, mais c'est vrai
31:09qu'il y a différents types
31:11de livres.
31:12Il y a des livres aussi
31:13qu'on ne porte pas forcément
31:14en soi,
31:14mais qui vont naître
31:15parce qu'on vous demande
31:16de l'écrire.
31:17Moi, j'ai fait des pièces
31:18de théâtre sur commande,
31:19je trouve ça aussi intéressant
31:20parce que c'est une contrainte.
31:22Il y a une demande
31:22d'un comédien qui veut un texte
31:24et on lui écrit son texte,
31:25alors qu'on ne pensait pas
31:26à un quelconque instant
31:27être amené à avoir
31:29été le sujet,
31:31traiter tel ou tel
31:32personnage.
31:35Là, je suis sur un projet
31:36qui est un projet ample,
31:37compliqué et c'est vrai
31:39que j'hésite à en parler
31:40et en même temps,
31:41j'en parle en intimité
31:42parce que parfois,
31:44je le développe
31:46en même temps
31:46que j'en parle,
31:47c'est-à-dire que je trouve
31:48des choses en même temps
31:49que j'en parle.
31:50Dans l'anomalie,
31:51par exemple,
31:51je me souviens
31:51que j'ai trouvé la fin
31:52en l'expliquant à un ami
31:54alors que je n'avais pas
31:55du tout l'idée de la fin
31:56et je lui expliquais
31:58comme si j'avais l'idée
31:58vraiment de la fin
31:59alors qu'en fait,
32:01elle s'élaborait
32:02au fur et à mesure
32:02que je l'expliquais
32:04et ça,
32:05c'est un phénomène
32:05qui ne s'arrive pas souvent,
32:06on est content.
32:07Donc, en général,
32:08je garde ça pour moi.
32:09Et le livre d'après,
32:10parce qu'on parlait
32:11de ce que le Goncourt change
32:12dans une vie d'écrivain,
32:14mais écrire le livre
32:15d'après le Goncourt,
32:16ce n'est pas facile.
32:17Et d'ailleurs,
32:17votre livre d'après le Goncourt,
32:18alors il se trouve
32:19qu'il est très réussi,
32:20il est vraiment magnifique,
32:22mais en plus,
32:23vous avez vraiment choisi
32:24d'aller ailleurs,
32:25c'est-à-dire qu'autant
32:26on vous connaît,
32:27c'est pour votre humour,
32:28noir, très noir,
32:29votre sens de l'ironie,
32:30la dérision, etc.
32:31– Il y a deux blagues.
32:32– Et là,
32:32oui, enfin là,
32:33là, pardon,
32:34mais on est quand même
32:35dans du premier degré
32:36d'Hervé Le Tellier
32:37et c'est un magnifique premier degré
32:39très émouvant,
32:39ça s'appelle
32:40Le Nom sur le Mur,
32:42mais voilà,
32:42si vous avez compté les blagues,
32:43il y en a peut-être deux,
32:44mais…
32:44– Non,
32:45ce n'est pas un livre drôle.
32:45– Ce n'est pas un livre drôle,
32:46ce n'est pas fait pour ça
32:47et là,
32:47vous avez joué à autre chose.
32:48– C'était un livre
32:49qui s'imposait
32:50parce que c'était 2024
32:51et que c'était le centenaire
32:52de la naissance d'André Schex,
32:54qui est Le Nom sur le Mur
32:56de ma maison
32:56et je découvert…
32:57– On le voit là.
32:58– Oui, voilà.
32:59– Voilà.
32:59– J'ai découvert en fait
33:01que c'était interrésistant.
33:02J'ai décidé d'écrire
33:03quelque chose
33:05qui n'était pas pour moi
33:06quelque chose
33:07que j'avais fait avant,
33:08qui était un récit
33:09complètement historique
33:11à partir d'un individu
33:12dont je ne savais rien
33:13et j'ai eu la chance
33:14de tomber sur une petite boîte
33:15où il y avait tout
33:16et j'ai suivi la petite boîte
33:17pour raconter
33:19à travers des images,
33:20des photographies,
33:22des extraits de livres
33:23qu'il avait conservés,
33:25qui il était,
33:26comment il était amoureux
33:27de sa fiancée,
33:28comment il s'était engagé
33:29dans le maquis
33:29et quelle était la France
33:31de l'époque,
33:31l'époque de la résistance
33:33et celle aussi
33:33de la collaboration
33:34et ça m'a fait
33:35une trame assez naturelle
33:36pour faire quelque chose
33:37que je n'aurais sans doute
33:38pas fait
33:38si je n'avais pas eu
33:39cette sorte d'injonction
33:40de le faire pour le centenaire
33:41et de le faire aussi
33:43parce que les gens
33:44m'avaient donné une boîte
33:44et que j'étais dépositaire
33:45d'un projet littéraire
33:48contenu dans la boîte même.
33:50C'est vrai que c'est un livre
33:51comme je n'en ai jamais fait
33:52mais je ne fais pas
33:54des gens qui ne font
33:55jamais le même livre aussi.
33:56– Mais est-ce que le Goncourt
33:57rendait possible ça ?
33:58Parce que au sens de…
33:59– Oui, ça le rendait possible
34:00parce que je pensais
34:01qu'il aurait un écho supérieur
34:04à ce qu'aurait eu
34:05un petit projet
34:06de cette nature.
34:07Raconter la vie d'un résistant
34:08ce n'est pas forcément
34:09quelque chose
34:10de très à la mode
34:11même si c'était
34:12par coïncidence
34:14le 80e anniversaire
34:15de la libération.
34:17C'était normal,
34:17il mourait à 20 ans
34:18donc 20 plus 80
34:19ça faisait 100.
34:21Mais oui,
34:22je pense que le Goncourt
34:23m'a aussi aidé
34:24à soutenir le projet
34:26et ça m'a même aidé
34:27d'un autre point de vue
34:29c'est-à-dire que
34:30je me suis senti légitime
34:32à le faire
34:32alors que sinon
34:33j'aurais peut-être hésité.
34:34Ça paraît bizarre
34:35mais il y a une sorte de…
34:37je n'aurais pas osé
34:38demander à des gens
34:39de m'aider
34:39à trouver
34:40des documents
34:43si je n'avais pas eu
34:44cette possibilité
34:45de leur dire
34:45si vous me les donnez
34:46je vais vraiment faire
34:47quelque chose
34:47qui va être visible
34:49qui ne va pas
34:50tomber dans l'oubli.
34:51je pensais que
34:53la notoriété apportée
34:54par le Goncourt
34:55permettait de faire
34:56un coup de projecteur
34:56supérieur que si
34:57je ne l'avais pas eu
34:58évidemment.
34:59Donc c'est aussi
35:01l'avantage
35:01c'est qu'effectivement
35:02on est une notoriété nouvelle
35:03et qu'on peut traiter
35:04des sujets
35:05qui sont des sujets
35:06parfois plus complexes
35:07et auxquels on va pouvoir
35:08apporter de la lumière
35:09alors que sinon
35:09c'est plus compliqué.
35:12Moi je lisais
35:13Hervé Letellier
35:14depuis 30 ans
35:16qu'on se connaît
35:16mais c'est vrai
35:17que ces dernières
35:18avant ton Goncourt
35:19il y a eu quelques années
35:20comme ça
35:21où je te lisais moins
35:21et puis depuis
35:23que tu as le Goncourt
35:24j'arrête pas de te lire
35:25donc oui
35:26je constate
35:28que ça me fait
35:28beaucoup d'effet.
35:30Non il y a un effet
35:31il y a un effet
35:32effectivement
35:32qui est que les livres
35:33ressortent
35:34y compris un livre d'avant
35:36qui était un récit familial
35:37qui n'avait pas eu
35:38un très grand succès
35:39qui s'appelle
35:40Toutes les familles heureuses
35:41est devenu un succès en poche
35:43donc on est très heureux
35:44de cet effet
35:45justement
35:46d'amplification
35:47et de résurrection
35:49de livres antérieurs.
35:51Et Amélie
35:52est-ce que le Renaudot
35:53a eu un effet
35:54sur vous
35:55c'est-à-dire
35:55de re-légitimation
35:57ou alors d'amplification ?
35:58Il m'a fait très très plaisir
36:00c'est vrai que
36:01se sentir légitimée
36:03par ses pères
36:03ça fait quelque chose
36:05ça tombait particulièrement bien
36:06que ce soit
36:07le livre sur mon père
36:09c'est exactement
36:09le genre de choses
36:10que mon père aurait adoré
36:11que je gagne
36:12donc j'ai pris la bande rouge
36:13et je l'ai mise
36:14sur la tombe de mon père
36:15je lui ai dit voilà ça t'appartient
36:17et vous l'avez laissé.
36:19Bon j'avoue que je l'ai repris
36:20parce qu'il n'aurait plus
36:21dessus
36:21mais voilà
36:23le moment important
36:25je l'ai mis dessus.
36:26Amélie pourquoi
36:26vous n'avez jamais eu
36:27le Goncourt ?
36:29Quelle est votre explication à vous ?
36:30Moi j'ai entendu un jour
36:31un critique dire
36:32elle vend trop
36:33vous vendez trop
36:35Écoutez
36:37je n'ai pas d'explication
36:38à proposer
36:39je ne suis pas au désespoir
36:40bien que le cas
36:41d'Hervé Letellier
36:42donne terriblement
36:43envie de gagner
36:44le Goncourt quand même
36:44je pense en effet
36:46je suis même sûre
36:46que je ne l'aurai jamais
36:47ce n'est pas une tragédie
36:49Pourquoi vous dites ça ?
36:51Vous n'avez pas la carte ?
36:53Des membres du Goncourt
36:54m'ont fait sentir
36:55qu'il en serait ainsi
36:57Parce que vous aviez
36:58trop de lecteurs déjà
37:00c'était quoi le sujet ?
37:01Écoutez
37:01posez-leur la question
37:02je pense que c'est pour ça
37:05mais posez-leur la question
37:06Mais au moins
37:07vous êtes au musée Grévin
37:08Mais voilà
37:09je suis au musée Grévin
37:10Donc déjà vous êtes au Grévin
37:10qui est une sorte de légion d'honneur
37:12déjà ?
37:12Exactement
37:13On l'appelle Cyr
37:14Et puis il y a des auteurs
37:15ma foi très célèbres
37:17et très renommés
37:18qui n'ont jamais été
37:19lauréats du Goncourt
37:20Camus
37:21Yurcenard
37:21Oui bien sûr
37:22Entre autres
37:24Entre autres
37:25Céline
37:25Pérec
37:26Céline
37:26Pérec
37:27Pérec
37:27Oui bien sûr
37:28Bon Pérec c'était peut-être
37:29un peu plus fantaisiste
37:30Attendez il y a des trucs sublimes
37:33chez Pérec
37:34La vie mode d'emploi
37:35Je voudrais quand même poser une question
37:36Est-ce que vous pensez
37:37les uns ou les autres
37:38que l'IA peut un jour
37:39avoir le Goncourt ?
37:40On est quand même
37:41dans une équation
37:43Moi j'y crois
37:44Un spécialiste
37:45qui va nous débrouiller
37:46Moi je suis persuadé
37:47que dans 5 ans
37:48l'IA surpasse l'homme
37:50dans tous les domaines
37:51Mais vous dites ça
37:52Je dis ça
37:53Par provocation
37:54C'est votre doute la provocation
37:55Non non non pas du tout
37:56Je ne suis pas du tout
37:58On en parlait dans les coulisses
37:59Non non non
37:59Je ne suis pas du tout
38:01provocateur en disant ça
38:02C'est la voie naturelle
38:04d'un système
38:05qui améliore
38:07d'un facteur 10
38:08tous les 2 ans
38:08ses capacités de création
38:10qui s'enrichit
38:12qui s'enrichit
38:12de la totalité
38:13de la création humaine
38:14D'ailleurs c'est une des raisons
38:15pour lesquelles
38:16les éditeurs freinent
38:17de tous
38:17des 4 fers
38:19pour éviter
38:20qu'on pille
38:21dans le domaine
38:22qui n'est pas encore
38:24le domaine public
38:25les créations des auteurs
38:26Les américains
38:27ont tenté de le faire
38:27les français le font également
38:28parce que sinon
38:29la totalité
38:30de ce qui n'est pas
38:31dans la même pub
38:31sera pompée
38:32Donc oui je pense
38:33que comme les IA
38:34sont parfaitement créatives
38:36elles vont arriver
38:36à faire des choses
38:37Donc l'IA aura le Goncourt
38:39forcément
38:40dans cette logique là
38:41Disons que quelqu'un
38:43qui tricherait
38:43en créant un livre
38:46avec de l'IA
38:46uniquement avec de l'IA
38:47dans 4, 5 ans, 6 ans
38:49créera un texte
38:52qui ne sera pas indigne
38:53et qui pourrait
38:54effectivement
38:54obtenir le prix Goncourt
38:55C'est toute la question
38:57Bon d'abord
38:58il n'y a pas forcément
39:00le prix Goncourt
39:02n'est pas le graal absolu
39:03c'est-à-dire
39:03c'est pas forcément
39:04le meilleur des livres
39:05de telle ou telle année
39:07je dis ça
39:08On peut le dire
39:09quand on l'a eu
39:09Exactement
39:11on peut le dire
39:12quand on l'a eu
39:12C'est encore plus fort
39:13Non mais
39:14c'est absolument vrai
39:15je ne considère pas non plus
39:16que ce soit le meilleur
39:17de mes livres par exemple
39:18donc c'est pas grave
39:20mais en même temps
39:21il y a des Goncourt
39:24que je n'ai pas aimé
39:25des Goncourt que j'ai aimé
39:26donc je pense que
39:27pour revenir à la question
39:28de la créativité
39:29par l'IA
39:29je pense qu'il ne faut pas
39:31se tromper
39:31l'IA va remplacer
39:33les mathématiciens
39:33d'ici peu de temps
39:34les médecins
39:35d'ici peu de temps
39:35et je ne vois pas pourquoi
39:37des domaines
39:38comme celui
39:38de la création littéraire
39:39y échapperait
39:40la vraie question
39:41elle n'est pas là
39:41sur l'IA
39:42c'est est-ce que
39:42les individus que nous sommes
39:43les êtres humains
39:44que nous sommes
39:45ont envie de lire
39:46des livres
39:46qui ne soient pas incarnés
39:47dans un auteur
39:49ça c'est la vraie question
39:50mais par contre
39:50est-ce qu'une IA
39:51peut faire un nouveau
39:53Flaubert
39:53est-ce qu'une IA
39:54peut faire un nouveau
39:55Patricia Eispieff
39:55est-ce qu'elle peut faire
39:56un nouveau Chandler
39:57est-ce qu'elle peut faire
39:58oui
39:58la réponse est évidemment
40:00oui dans 5, 10,
40:01je ne sais pas
40:01mais assez vite
40:03mais en cas de grande
40:05crise énergétique
40:06qui n'est pas exclue
40:07je consomme
40:08beaucoup moins que l'IA
40:09on est tout à fait rassuré
40:13Amélie Noton
40:14Muriel aussi
40:14en tant que patronne
40:15vous accepteriez
40:19encore faut-il le savoir
40:23la vraie question
40:24c'est que
40:24voilà
40:25si on considère
40:26que l'IA
40:27dans 4, 5 ans
40:28comme dit
40:29Hervé Letellier
40:30va pouvoir faire
40:30des romans
40:31de grande qualité
40:33voilà
40:34il va falloir
40:35essayer de mettre
40:36des garde-fous
40:36bon moi je ne pense pas
40:38ça du tout
40:38mais peut-être parce que
40:39j'essaye d'être optimiste
40:40sur mon métier
40:40c'est-à-dire que
40:41je crois que l'IA
40:42aujourd'hui
40:43elle peut faire
40:44à la manière de Houellebecq
40:45mais elle ne peut pas faire
40:46le prochain Houellebecq
40:47c'est ça ma conception
40:49peut-être que je me trompe
40:50mais c'est ce à quoi
40:51j'ai envie de croire
40:52je pense que
40:53elle ne peut pas faire
40:54ce qui n'est pas encore
40:55fait par l'humain
40:56maintenant
40:57peut-être qu'elle fera bien
40:58qu'elle fera
40:59voilà
40:59mais c'est ma conviction
41:01et c'est ce que j'ai envie
41:02de croire aussi
41:02c'est que la création humaine
41:05il y a la sensation
41:06il y a les intuitions
41:10il y a
41:10voilà
41:11il y a tout ça
41:12que je crois
41:13aujourd'hui
41:14être le propre
41:15de l'humain
41:15voilà
41:16je pense qu'on se trompe
41:17sur l'IA
41:17quand on considère
41:19qu'elle n'est qu'une machine
41:20qui n'apprend pas
41:22cette dimension créative
41:23c'est ce qu'on espère
41:24et je le comprends
41:25cet espoir
41:25j'espère
41:26et c'est pour ça
41:26que j'ai dit
41:27en bulle
41:27j'espère
41:28parce que voilà
41:29je suis d'accord
41:30avec Hervé Letellier
41:30sur la rapidité
41:32de progression
41:33de l'intelligence artificielle
41:34et ce qu'elle apprend
41:35qu'on n'imaginait pas
41:36qu'elle apprenne
41:36simplement
41:38aujourd'hui
41:38on voit
41:39l'intelligence artificielle
41:41comme
41:41on voit
41:43dans
41:432001
41:44l'Odyssée de l'espace
41:45une machine
41:47complètement désincarnée
41:48or
41:49à mon avis
41:49c'est pas comme ça
41:50que ça va se passer
41:50c'est des
41:51formes humaines
41:53qui vont être
41:54des formes roboïdes
41:55humanoïdes
41:56qui vont en fait
41:57être
41:57dictées
41:59dirigées par
42:00une intelligence artificielle
42:01mais qui auront
42:02une forme humaine
42:03et donc
42:03on ne récompenserait pas
42:04un texte produit
42:05par Tchad GPT
42:06en revanche
42:06un ou une auteur
42:07créé de toutes pièces
42:08par intelligence artificielle
42:09mais qui aurait
42:10une vie
42:10un personnage
42:11tout ça fictif
42:12virtuel
42:13mais qui
42:14mais aujourd'hui
42:15on a en Albanie
42:15une ministre
42:17qui a été nommée
42:17qui est une ministre
42:18IA
42:19vous savez que je me demandais
42:22tout à l'heure
42:23si Anna Cabana
42:23n'était pas
42:24intelligence artificielle
42:25une humanoïde
42:26si c'était pas une humanoïde
42:27moi je suis certaine que non
42:28évidemment
42:29je me demandais
42:30et ça on va y venir aussi
42:32à mon avis
42:32sur la littérature
42:33on a aujourd'hui
42:34des humanoïdes
42:35qui sont capables
42:35d'exprimer des émotions
42:36et de faire du soin
42:37de l'affectif
42:38de remplacer
42:38potentiellement des personnes
42:40et quel va être
42:41l'intérêt du lecteur
42:42d'avoir un texte
42:43fait par une machine
42:44alors qu'en général
42:46quand vous lisez un roman
42:47vous avez une personne derrière
42:49que vous avez envie
42:50de rencontrer
42:51il y a une espèce
42:52de rencontre
42:53très forte
42:53vous pourrez rencontrer
42:54l'humanoïde
42:55oui mais j'en ai rien à faire
42:56moi de l'humanoïde
42:57c'est pas mon sujet
42:58en fait je m'en fous
42:58complètement de l'humanoïde
42:59vous voyez
43:00deux choses
43:00d'abord on rencontrerait
43:02ou on aurait un récit
43:03derrière cet auteur
43:05c'est à dire que ce serait
43:05pas simplement un logiciel
43:06mais justement
43:06on aurait besoin
43:07et la personne qui serait
43:08derrière ce logiciel
43:09aurait besoin de lui créer
43:10une histoire
43:11évidemment on est des humains
43:12on a besoin de cette histoire là
43:13et la deuxième chose
43:14je pense qu'on conserverait
43:15un intérêt pour
43:16des oeuvres écrites
43:18par des humains
43:18on citait le jeu d'échecs
43:19en coulisses
43:21les échecs ça fait
43:22depuis 1997
43:23que Deep Blue
43:24a battu Kasparov
43:25et qu'aujourd'hui
43:25il y a quand même toujours des humains
43:26qui jouent aux échecs
43:26et on joue encore aux échecs
43:27le jeu d'échecs
43:29qui a un essor phénoménal
43:30on se sert des ordinateurs
43:31pour céder entre humains
43:32ce que vous voulez nous dire
43:33c'est que ça va cohabiter
43:34ça va cohabiter
43:35et les humains garderont
43:36un affect pour les oeuvres
43:38produites par des humains
43:38on est rassuré alors
43:40là franchement
43:41on peut tous laisser
43:42Anna je voudrais redescendre
43:43en parlant d'argent
43:45non
43:46Gérard vous n'allez pas faire ça
43:47si
43:48un concours rapporte
43:503 millions d'euros
43:52à peu près
43:52ah non
43:53non
43:54Hervé Lothéli a dit
43:55non
43:55pas l'auteur
43:56Hervé
43:58pas l'auteur
43:59à l'éditeur
44:00à l'éditeur
44:01à l'auteur beaucoup moins
44:02et au marché du livre
44:03beaucoup plus
44:04oui au marché du livre
44:05oui
44:05mais alors l'auteur
44:07Muriel
44:08parlons clairement
44:09l'auteur
44:10un concours
44:11ça lui rapporte combien
44:12mais ça dépend du contrat
44:13qui est là
44:1310 euros
44:1410 euros
44:15à l'académie concours
44:15c'est 10 euros
44:16du contrat
44:17oui
44:17ça dépend beaucoup du contrat
44:19c'est entre
44:20bon on va dire
44:21de toute façon un livre
44:22c'est entre
44:231 euro
44:24et 3 euros par livre
44:25en gros
44:26ça dépend du contrat
44:27pour l'auteur
44:27alors les gens sont très surpris
44:29parce qu'ils disent
44:29mais comment c'est possible
44:30l'auteur qui a créé
44:31qui a tout fait
44:32etc
44:32bon
44:32le problème c'est ce fameux camembert
44:35qu'on essaye toujours d'expliquer
44:36à tout le monde
44:36c'est à dire que nous
44:37les éditeurs
44:39d'abord on paye
44:40on paye des gens
44:41pour travailler
44:42on paye le papier
44:43et le diffuseur
44:44le diffuseur distributeur
44:46nous prend à peu près 51%
44:47donc
44:48donc voilà
44:49donc le calcul
44:50il est à peu près fait
44:52mais encore une fois
44:52ça dépend des contrats
44:54quand même
44:54on peut dire
44:55pour un auteur
44:56Amélie et Hervé
44:57300 000 euros
44:59pour un prix littéraire
45:00comme ça
45:01pour moi
45:03beaucoup plus
45:03beaucoup plus
45:04évidemment
45:04beaucoup plus
45:05mais en fait
45:06c'est un raisonnement
45:08qui est complexe
45:09parce que
45:10pendant des années
45:11la plupart des auteurs
45:13vendent des livres
45:14presque entre 5 000
45:15et 10 000
45:15exactement
45:16c'est la moyenne
45:17c'est la moyenne
45:17c'est la moyenne
45:18et donc ce chiffre là
45:19est effectivement
45:21à multiplier par 2 euros
45:22donc ça veut dire
45:23qu'un auteur
45:24gagne entre 10 000
45:25et disons
45:2730 000
45:28par an
45:30et par roman
45:31par roman
45:32qui parfois est écrit
45:33sur 2 ans
45:34voire sur 3
45:35donc ça veut dire
45:36un revenu extrêmement bas
45:37si on ramène
45:38effectivement ça
45:39à l'heure passée
45:40et au travail
45:41et au travail
45:42que ça représente
45:43donc c'est
45:44c'est un métier
45:45très peu rémunérateur
45:46c'est pour ça
45:47que l'enjeu des prix
45:48est énorme
45:49parce que d'un seul coup
45:50le prix
45:51vient compenser
45:52une vie de travail
45:53ou 20 ans de travail
45:56qui d'un seul coup
45:56par un prix donné
45:58que ce soit Médicis
45:59le Renaudot
45:59le Goncourt
46:00vont permettre
46:01finalement
46:01d'aplanir une courbe
46:03qui était extrêmement basse
46:05et soudain
46:05il y a un pic
46:06qui d'ailleurs
46:07ne dure pas longtemps
46:08c'est-à-dire qu'il ne faut pas
46:09se tromper
46:09c'est-à-dire qu'un Goncourt
46:10ça dure
46:11disons il y a une sorte
46:12de queue de comète
46:13ça va durer 2 ans
46:14en termes de vente
46:15et ensuite on retombe
46:15à des niveaux de vente
46:17qui sont banals
46:19voilà
46:20et l'idée
46:23c'est aussi ça
46:24c'est-à-dire que le Goncourt
46:25va aussi améliorer
46:25la vie matérielle
46:27des auteurs
46:27de manière
46:28non négligeable
46:30pendant un certain temps
46:31c'est pour ça
46:32comme tu le disais
46:33tout à l'heure
46:33le fait
46:34qu'un auteur
46:35qui a déjà
46:36un très fort lectorat
46:38et qui a déjà eu un prix
46:39n'aura pas un deuxième prix
46:41moi j'aurai jamais
46:41le Renaudot
46:42j'aurai jamais le Médicis
46:43parce que à quoi bon
46:44alors que d'autres auteurs
46:47qui méritent d'être couronnés
46:48et méritent d'avoir
46:50un coup de projecteur
46:51sur leur travail
46:52peuvent l'avoir
46:53pour moi c'est pas la peine
46:54et pour
46:55je pense que le raisonnement
46:56pour injuste qu'il soit
46:57pour le Goncourt d'Amélie
46:58c'est aussi celui-là
46:59de la part des jurés
47:00qui se disent
47:01on peut couronner
47:03un auteur neuf
47:05un auteur qui a
47:06déjà une histoire
47:07mais qui n'est pas aussi
47:09vendeur ou vendeuse
47:10qu'Amélie
47:10et c'est injuste
47:12mais c'est comme ça
47:12c'est un raisonnement
47:13qui est un raisonnement
47:14justement économique
47:15et pas seulement
47:16un raisonnement
47:16lié à l'oeuvre elle-même
47:18alors vous avez Muriel Baillère
47:19qui fait une petite mou
47:19oui parce que je crois
47:21qu'aujourd'hui
47:21les jurés Goncourt
47:23ou autres prix
47:24regardent énormément
47:26le niveau de vente
47:27parce que nous avons
47:28quelque chose
47:29d'un peu inversé
47:30il faut aussi
47:31que ça soit bien
47:31pour le prix
47:32donc au départ
47:33le Goncourt était fait
47:34pour récompenser
47:35un jeune auteur
47:35et lui donner
47:36toute la possibilité
47:37d'exister
47:37aujourd'hui
47:38vous avez un très bel auteur
47:40qui a beaucoup de presse
47:41qui intéresse les gens
47:42si son niveau de vente
47:43est bas
47:43il n'aura jamais le Goncourt
47:45voilà
47:45parce qu'il faut aussi
47:46que le prix
47:47soit important
47:49et couronne
47:50quelqu'un
47:50qui vend déjà
47:51donc on a quelque chose
47:52d'un peu particulier
47:53ça ne m'étonne pas du tout
47:55mais du coup
47:55je trouve que le Goncourt
47:56devrait s'intéresser à moi
47:57ben voilà
47:58avec ce raisonnement là
48:00vous avez raison
48:01vous avez raison
48:02effectivement
48:03parce qu'il regarde
48:03le niveau de vente
48:04chaque fois
48:05et chaque fois
48:06moi j'ai des gens
48:07qui travaillent avec moi
48:08qui me disent
48:08écoute
48:09cet auteur
48:09oui il a été lu
48:11ça plaît
48:11etc
48:12mais tu comprends
48:12ton niveau de vente
48:13il est trop bas
48:14alors là
48:16je pense que c'est en train
48:17de changer un petit peu
48:19quand même
48:20je vois que notre
48:21Gérard national
48:22brûle de jouer
48:24n'est-ce pas
48:25vous jouez
48:26on va jouer ensemble
48:27vous allez vous concentrer
48:28maintenant
48:28parce qu'on va jouer
48:29je vais vous poser
48:29cinq questions
48:30et vous allez me donner
48:31j'espère la bonne réponse
48:33les deux prénoms
48:35des frères Goncourt
48:36Julie
48:36Julet
48:38ils l'ont dit en coeur
48:41tous les deux
48:42moi à la table
48:43Jules
48:44éliminé
48:44vous vous l'avez dit en coeur
48:45je ne sais plus
48:46lequel on va d'abord
48:47le prix en argent
48:49du premier Goncourt
48:51un euro
48:52de celui qui a reçu
48:53en 1903
48:54le premier Goncourt
48:55un euro
48:55un franc
48:55non
48:56il a reçu
48:585000 francs
49:01en or
49:01ah bon
49:025000 francs
49:03en or
49:04ah d'accord
49:04c'est pas mal
49:05et aujourd'hui
49:06vous savez c'est 10 euros
49:0810 euros aujourd'hui
49:08souvent c'est un chèque
49:09n'est-ce pas
49:10vous l'avez mis où
49:11il est toujours dans mon tiroir
49:12il est toujours pas encadré
49:13c'est 20 euros
49:14c'est 20
49:15non
49:15c'est 20
49:16incroyable
49:17alors autre question
49:19Antoine Blondin
49:20a-t-il reçu le Goncourt
49:21non
49:21Antoine Blondin
49:22non
49:22pour un singe en hiver
49:24en particulier
49:25non
49:25non
49:25la réponse est non
49:27il a eu
49:28l'interallié
49:29les deux magots
49:30l'académie française
49:31il a eu le Goncourt
49:32de la Nouvelle
49:33Antoine Blondin
49:34vous savez Antoine Blondin
49:35c'est extraordinaire
49:36sur le Tour de France
49:37ça c'est encore mieux
49:38n'est-ce pas
49:39aux yeux d'Hermé Le Tellier
49:40tout de suite
49:41c'est sûr
49:41Antoine Blondin
49:43sur le Tour de France
49:44quand il revenait
49:45après avoir fait
49:45tous ses écrits
49:47pour le journal L'Équipe
49:47sur le Tour de France
49:48Antoine Blondin
49:49des textes valifs
49:50non mais j'ai compris
49:51qu'on avait affaire
49:52à un héros
49:53pour vous
49:53quand il buvait beaucoup
49:55il donnait la facture
49:57au journal L'Équipe
49:57verre de contact
49:58qui a écrit
50:01l'académie Goncourt
50:02me paraît malade
50:03ça a l'air d'une maison
50:05de retraite
50:05pour vieux amis
50:06Jules
50:08vous n'êtes pas loin
50:11de rien
50:11Jules aurait pu l'écrire
50:12c'est Jules
50:13j'ai trop de respect
50:15Renard
50:15c'est lui qui a critiqué
50:18l'académie Goncourt
50:19c'est pas Poil de Carotte
50:20c'est Poil à gratter
50:21alors là
50:22très spécial
50:23parce qu'il y a eu
50:23très peu de femmes
50:24qui ont eu le Goncourt
50:25la première
50:26c'est Elsa Triolet
50:27mais bon
50:27le premier nom
50:29du prix Fémina
50:30qui a été créé
50:32en 1904
50:33oui pour
50:34pour dire que le Goncourt
50:35n'était pas assez féminin
50:36exactement
50:37absolument
50:38ça s'appelait
50:39le prix
50:40de la vie heureuse
50:42parce que le magazine
50:44qui avait organisé
50:45le premier prix féminin
50:46s'appelait
50:47la vie heureuse
50:48à l'instar
50:51d'Anna de Noaï
50:52il y avait déjà
50:53une Anna dans l'histoire
50:54alors qu'on va rester
50:55sur les femmes
50:55n'est-ce pas
50:56et on va écouter
50:57parce qu'on ne peut pas
50:57faire une émission
50:58sur les prix
50:59sans écouter un peu
51:00de Marguerite Duras
51:01allez un peu
51:02de Marguerite Duras
51:02donc concours
51:04l'amant
51:04on l'écoute
51:06c'était temps
51:061984
51:07donc au moment
51:08de la sortie
51:09de l'amant
51:10je reviens au style
51:11alors tous les critiques
51:12se disent
51:12mais fichtre
51:13comment c'est fait
51:16ce style
51:17d'où vient
51:17sa séduction
51:19d'où vient
51:19son magnétisme
51:20alors là
51:21vous savez
51:22je crois que c'est parce
51:22que je ne m'en occupe pas
51:23comment vous n'en occupez pas
51:25du style
51:26je ne m'en occupe pas
51:26dans le livre
51:27je dis les choses
51:29comme elles arrivent
51:30sur moi
51:31je fais le geste
51:33oui c'est ça
51:34comme elle m'attaque
51:36si vous voulez
51:36comme elle m'aveugle
51:38et oui
51:39ça c'est Marguerite Duras
51:40avec Bernard Pivot
51:41évidemment
51:41qu'on ne pouvait pas
51:42ne pas entendre
51:44ce soir
51:44parce que c'est quand même
51:45il est étroitement associé
51:46à notre passion française
51:48pour la littérature
51:49et pour les prix
51:50qu'est-ce que ça vous inspire
51:52quand vous entendez
51:53Marguerite Duras
51:53dire que le style
51:54ne s'en occupe pas
51:56je crois que je comprends
52:00ce qu'elle veut dire
52:01mais pour moi
52:03ce n'est pas la négation
52:04du style
52:04qu'il y ait quelque chose
52:06de pulsionnel
52:07dans l'écriture
52:07est pour moi une évidence
52:09est-ce que ça veut dire
52:10que ce n'est pas du style
52:11je crois que
52:13Cocteau définit le style
52:17en parlant de ligne
52:19il dit que
52:20la ligne de l'écrivain
52:21c'est l'ensemble des techniques
52:23qu'il déploie
52:23pour ne pas s'effondrer
52:24quand il écrit
52:25c'est exactement ça
52:26ce n'est pas des recherches
52:28à bras d'abrande
52:31il s'agit simplement
52:32de ne pas s'effondrer
52:33ce n'est pas du tout
52:35en contradiction
52:35avec ce que dit Duras
52:37il y a aussi une formule
52:39que j'aime bien
52:40qui est écrire bien
52:41c'est écrire mal
52:42c'est-à-dire que la volonté
52:44justement d'avoir un style
52:46nous fourvoie en fait
52:48c'est très vrai
52:49et il faut absolument éviter
52:51de se répéter
52:53ou de tenter
52:54de bien écrire
52:55ce n'est pas du tout
52:56le projet d'un écrivain
52:57le projet d'un écrivain
52:58c'est d'écrire
52:58et d'écrire de la manière
53:01la plus à la fois naturelle possible
53:02et de penser à son lecteur
53:03si on ne pense pas
53:05à son lecteur
53:05on passe à côté
53:07de quand même
53:08l'objectif principal
53:10d'un livre
53:11c'est d'être lu
53:11et ça va parfois
53:13à l'encontre
53:13de l'idée
53:15qu'on se fait
53:15de sa propre écriture
53:16il faut aller contre elle
53:17en fait
53:17il faut penser
53:18comme si on n'écrivait pas
53:19dans un langue maternelle
53:20en permanence
53:21et essayer de trouver
53:22des choses neuves
53:22avec des mots très anciens
53:23et pour ça
53:24il faut éviter
53:25le beau style
53:26justement
53:27et je trouve
53:28que ce que dit Duras
53:28c'est juste
53:29les choses qui l'aveuglent
53:30c'est une assez belle formule
53:32je ne suis pas toujours
53:33un très grand fan
53:34de Marguerite Duras
53:35surtout du second Duras
53:37mais pour moi
53:39un des plus beaux livres
53:40qu'elle a écrit
53:40c'est le barrage
53:41contre le Pacifique
53:42donc c'est une autre époque
53:44de Duras
53:45avant
53:46moteur auto-comptabilé
53:47ou l'amant
53:48et je comprends
53:49qu'elle veut dire
53:50effectivement
53:50que le style
53:51lui tombe dessus
53:52et que donc
53:53comme il lui tombe dessus
53:54il n'y a pas un effort
53:55en tant que tel
53:55c'est comme ça
53:56qu'il faut voir les choses
53:57je pense
53:57et bien
53:59merci d'avoir été
54:01avec nous
54:01pour ce banquet
54:03d'avoir participé
54:04au banquet
54:05c'était un plaisir
54:06de vous avoir
54:07et de parler
54:08de littérature
54:10avec vous
54:11je rappelle
54:13je rappelle évidemment
54:14les titres
54:15de vos livres
54:16Amélie Nouton
54:17donc le passage
54:18que j'ai lu
54:19en début d'émission
54:20et d'extrait
54:21de tant mieux
54:22donc votre
54:22dernier roman
54:23chez Albin Michel
54:25Hervé Letellier
54:26votre dernier roman
54:28c'est le nom
54:28sur le mur
54:29donc chez Gallimard
54:30dont on a parlé aussi
54:32ben voilà
54:32et Gérard
54:33c'est un métier
54:34Gérard le montre
54:35voilà c'est un métier
54:36mais libraire
54:38peut-être un jour
54:39libraire avec une salle
54:40de spectacle
54:40dans l'arrière-salle
54:41oui
54:42ça serait pas mal
54:42conférence
54:43de faire du café
54:43et puis on peut montrer aussi
54:47parce que Hervé Letellier
54:48ne fait pas que
54:49des romans
54:51dans la blanche
54:51de chez Gallimard
54:53n'est-ce pas
54:53ben voilà
54:54et regardez ça
54:55Amélie Nouton
54:56ça a l'air trop bien
54:57mais oui ça c'est
54:58mais oui
54:59et les comptes liquides
55:00ça c'est
55:00ça
55:01je peux prendre aussi
55:03mais je pense que vous pouvez
55:04je pense que Hervé Letellier
55:05sera ravi
55:06merci
55:06je suis confrontée
55:07je fais une très bonne affaire
55:08merci à vous
55:09et bonne fin de soirée
55:11merci à tous
55:13merci à tous
55:14merci à tous
55:15merci à tous
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