Benoit Bordat, secrétaire général de l'association "la voix du harcèlement"

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00:00Et puis c'est l'actu de notre région, c'est l'actu qui nous concerne tous.

00:03Dans les collèges et les lycées de Bourgogne, près d'un élève sur cinq a déjà été victime de harcèlement.

00:09C'est ce qui ressort d'une enquête menée par l'Institut IFOP auprès de 3000 jeunes en France

00:12à l'occasion de la journée de lutte contre le harcèlement scolaire, c'est aujourd'hui, c'est jeudi.

00:16Les victimes, elles peuvent trouver à qui parler dans tout un réseau d'organismes et d'associations,

00:21parmi lesquelles la voix du harcèlement cofondée en mars dernier par l'invité d'ICI Bourgogne du matin.

00:26Il est ancien député La République En Marche.

00:29Bonjour Benoît Bordat.

00:30Bonjour.

00:31Le point de départ de votre engagement contre le harcèlement scolaire, c'est le suicide en 2023 du jeune Lucas dans les Vosges.

00:37Exactement, avec des collègues, ça nous a fortement impacté et touché aussi personnellement,

00:41puisqu'on avait vécu nous-mêmes du harcèlement dans notre jeunesse.

00:45On le rappelle, cet enfant se suicide, il laisse une lettre dans laquelle il disait qu'il était victime de harcèlement.

00:50Victime de harcèlement, pour des raisons d'ailleurs, je crois, LGBT, discrimination LGBT.

00:55Et donc, nous, ça nous a forcément percuté.

00:58On a voulu interpeller le ministre de l'époque, les pouvoirs publics, puisqu'on était parlementaires,

01:03pour dire qu'il fallait agir encore plus fort.

01:05Et donc, dans cette action-là, et avec les autres ministres,

01:08on a travaillé sur les actions qui sont aujourd'hui mises en place auprès de l'éducation nationale.

01:14Vous-même, ça vous a rappelé aussi des mauvais souvenirs quand vous étiez enfant ?

01:17Moi-même, mes souvenirs de harcèlement scolaire, c'est ce que je disais,

01:21c'est qu'à l'époque, on ne mettait pas de mots sur ces violences qui étaient subies au sein des établissements.

01:26Et aujourd'hui, on parle de harcèlement scolaire, il y a aussi une libération de la parole,

01:29et c'est vrai que c'est une véritable avancée.

01:31Ça reste tabou encore, aujourd'hui, le harcèlement,

01:33même si ça a tendance à de plus en plus...

01:37On s'ouvre, la parole s'ouvre, mais est-ce que ça reste encore tabou ?

01:39Moi, je trouve que la parole s'ouvre.

01:41Je trouve que j'ai fait le tour de plusieurs établissements qui mettent en œuvre beaucoup de choses,

01:45notamment via le programme phare avec des élèves ambassadeurs.

01:48Donc, il y a une vraie communication au sein des établissements.

01:51C'est-à-dire qu'ils peuvent aller voir leurs camarades référents, en quelque sorte,

01:54leur dire, voilà, moi, je rencontre ce problème,

01:57et on peut aller vers un adulte, se faire aider, parce que ce n'est pas toujours facile.

02:01Ce n'est pas toujours facile, c'est pour ça que l'évolution,

02:03c'était que des fois, les enfants ont du mal à se confier aux adultes,

02:06et donc ils peuvent se confier à leur père, à d'autres jeunes enfants,

02:10évoquer avec eux et aussi résoudre,

02:11parce qu'on parle effectivement, les chiffres sont assez vertigineux,

02:14on parle de 40% d'enfants, on parle de 800 000 enfants au plan national,

02:18mais le degré et l'intensité de la violence du harcèlement n'est pas le même pour tous,

02:21et heureusement, il y a des cas de harcèlement qui se résolvent chaque jour, quotidiennement,

02:26mais il y a des cas plus durs, plus difficiles, moins visibles,

02:29qu'il faut arriver à traiter.

02:31Alors, les personnes qui viennent vous voir, vous, directement, à l'association,

02:35la Voix du Harcèlement, ce sont surtout les parents où il y a des enfants aussi ?

02:39Nous, en fait, les cas qu'on a eus jusqu'à présent,

02:41puisque l'association est encore jeune, elle a quelques mois,

02:43ce sont des parents qui nous ont interrogés,

02:45puisque des fois, quand ils soupçonnaient du harcèlement scolaire au sein d'établissement,

02:49et qu'il y avait des fois des difficultés de dialogue avec l'établissement,

02:53nous, on les accompagne déjà pour ne pas laisser tout seul,

02:57ne pas laisser les enfants dans la souffrance, comprendre ce qui se passe.

03:00Et puis, savoir si c'est vraiment du harcèlement,

03:02des fois, on n'est pas trop sûr, peut-être, d'avoir une association.

03:04Alors, nous, on n'est pas là, en tant qu'association,

03:05je ne suis pas là pour déterminer s'il y a harcèlement ou pas,

03:07en tout cas, on est là pour les orienter au mieux, les accompagner.

03:11Et puis, moi, je fais le lien aussi,

03:12puisque je suis au conseil d'administration de France Victime 21,

03:14et des fois, de les orienter s'il y a des questions juridiques

03:17ou des besoins psychologiques,

03:18et ensuite, d'aider, en tout cas, d'être une plateforme d'accompagnement

03:21et d'écoute des familles.

03:22Et voilà, vous, vous avez un rôle d'alerte aussi, qui est essentiel.

03:25Et on fait aussi de la formation,

03:27puisque l'objectif, avec la cofondatrice,

03:29qui était une maman que j'avais rencontrée,

03:31dont l'enfant avait été harcelé,

03:33on s'est formé sur une formation certifiante

03:37en tant que référent à harcèlement scolaire

03:39pour donner un conseil le plus précis possible aux familles.

03:42Et alors, quand vous avez des familles qui viennent vous voir,

03:44qui vous disent, voilà, mon enfant est harcelé,

03:47quels conseils, les premiers conseils que vous donnez aux parents ?

03:49Qu'est-ce qu'il faut faire, en fait ?

03:51Quand on a un enfant qui est harcelé...

03:52Il faut aller voir le prof, il faut...

03:54Il y a des démarches assez simples,

03:57il y a des élèves ambassadeurs,

03:58il y a un prof principal,

04:00il y a un ou une CPE,

04:01et donc c'est tout de suite de faire un mail,

04:03de faire un écrit pour solliciter un rendez-vous

04:04et faire un point.

04:05Et ensuite, il y a ce qu'on appelle le dispositif phare

04:08dans les établissements publics,

04:09qui met en place tout un protocole

04:11pour écouter les enfants, les harceleurs, les harcelés,

04:14éventuellement des témoins,

04:15et donc il y a tout un schéma qui est suivi d'accompagnement

04:19et puis aussi d'écoute des uns et des autres.

04:21Aujourd'hui, sur notre territoire,

04:23la Côte d'Or,

04:24quelle est l'urgence en matière de harcèlement scolaire ?

04:28Quelle est l'urgence ?

04:29C'est assez complexe à ce que vous me posez comme question,

04:32mais en tout cas,

04:33je pense que l'urgence,

04:34c'est de continuer à communiquer

04:35et à sensibiliser.

04:37En fait, nous, par exemple,

04:38notre association,

04:39on a des difficultés des fois à nous faire connaître,

04:41donc par exemple,

04:41en nous invitant,

04:42ça nous aide à nous faire connaître,

04:45mais je crois que l'urgence,

04:46c'est de continuer à communiquer

04:48et à donner les informations,

04:50à donner ce numéro aussi,

04:51le 3018,

04:52quand les parents ont une question,

04:54ont un besoin,

04:54ils appellent le 3018,

04:55ils ont une plateforme.

04:56C'est un numéro gratuit ?

04:57C'est un numéro gratuit,

04:58c'est un numéro national,

05:00et je crois que,

05:01quand vous parlez des urgences,

05:02il y a vraiment un sujet très très urgent,

05:04c'est la question du cyberharcèlement

05:06qui a fait exploser aussi

05:08les questions de harcèlement scolaire

05:09et l'utilisation des réseaux sociaux

05:11en lien avec les familles et les enfants.

05:13Donc, très grande vigilance

05:15sur les réseaux sociaux,

05:16ce numéro gratuit,

05:17le 3018.

05:18Merci beaucoup,

05:19Benoît Bordat,

05:20d'être venu ce matin

05:20dans les studios d'ici Bourgogne.

05:22On rappelle que vous êtes

05:22secrétaire général de l'association

05:24La Voix du Harcèlement.

05:26On vous retrouve sur les réseaux sociaux aussi,

05:28notamment sur Instagram et Facebook.

05:30Merci beaucoup.

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