À 28 ans, Tom Laperche a remporté jeudi à Fort-de-France la Transat Café L'Or, son premier grand succès en Ultim. À son arrivée au ponton, le skippeur de SVR-Lazartigue a témoigné de ces dix jours victorieux en mer en compagnie de Franck Cammas.
00:06Forcément, hyper heureux de gagner avec Franck, avec Stream 1 Resvers les Artigues.
00:11Cette histoire a commencé il y a 4 ans, c'était notre première course avec François.
00:15On avait fait deuxième de nouveau en 2023 et cette année, c'était l'objectif de réussir à bosser pour ça.
00:22Avec toute une équipe, on a réussi, Franck nous a rejoints, on a aligné plein de choses et on a bien travaillé.
00:28Tout ce qu'on a fait, nous deux en mer et toute l'équipe qui est autour de ce bateau et de ce projet Mer Concept au long de l'année.
00:36Parce qu'il y a eu plein de tâches établies, des programmes ambitieux et on a bien avancé.
00:42Et puis un énorme merci au groupe Cresc, au Marc SVR et les Artigues, ils sont nombreux.
00:50Et Didier Tavary, il fait partie des gens qui m'ont fait confiance il y a 4 ans et aujourd'hui je suis hyper heureux de leur offrir cette victoire.
01:00Bravo !
01:02Merci Franck pour ces propos, je vais laisser la parole à Franck Hamas.
01:06Merci, je rappelle à nos amis journalistes que vous allez avoir tout le temps possible pour vous.
01:12Ce petit mot, il est pour le public de Fin de France qui est venu nombreux ce soir.
01:16Franck, cinquième victoire sur cette transat, c'est pas un vin. Un petit mot pour le public qui est là.
01:22Merci d'être si nombreux ce soir, ça fait vraiment chaud au cœur, on a passé 10 jours qu'à 2 sur un bateau donc la transition est spéciale.
01:34Et c'est la première victoire de Tom et je pense qu'il peut en gagner 5 facilement dans sa carrière.
01:40Donc il a la vie devant lui et le talent et la rigueur pour être un grand champion et c'est déjà un grand champion.
01:48Donc j'étais ravi de partager ce moment avec le bateau et avec Tom sur une transat qui a été compliquée.
01:57Il y a eu plein de conditions météo, on est parti du Havre dans des conditions assez difficiles face au vent.
02:04On se retrouve ici au chaud mais entre les deux il y a eu beaucoup de choses.
02:07Il y a eu 2 poteaux noirs notamment qui étaient compliqués.
02:09Mais voilà, on est content de gagner une course qui était intense et nos adversaires ils sont pas loin.
02:13Ils se sont bien battus aussi, ils allaient vite donc ça n'a jamais été facile.
02:17Voilà, les applaudissements s'il vous plait encore une fois pour les vainqueurs sur leur routine de faire Lazartigue,
02:26Tom La Perche et Franck Kamas.
02:28Le public du bruit pour eux s'il vous plait !
02:30Du bruit pour eux s'il vous plait !
02:35Fort de France, on peut nous entendre encore pour SDR Lazartigue comme La Perche, Franck Kamas !
02:48C'est toujours un énorme soulagement parce que c'est un sport mécanique et on sait qu'on a beau avoir quelques heures d'avance,
02:55tant que la ligne n'est pas franchie, la course n'est pas finie et la première chose c'est de réussir à la terminer.
03:01Et donc on attend dans un coin de la tête depuis le départ.
03:03C'est que d'abord il faut arriver au bout et jusqu'à la ligne d'arrivée et malgré...
03:07On peut toujours arriver des petits problèmes et on a encore vu cet après-midi où on a abîmé le grand gennaker qui s'est décroché à l'étrave du bateau à la Barbade.
03:16Donc voilà, on sait que tant que la ligne n'est pas franchie, la soupape est lâche et on décompresse complètement quand il est franchi et quand il y a du monde avec nous pour s'occuper du bateau.
03:30Quand on est devant, on a vraiment envie que ça se finisse très tôt.
03:33Quand on est derrière, on n'a pas envie que ça se finisse parce qu'on a toujours une possibilité de doubler le premier.
03:38Donc oui, c'est vrai que c'est un stress en fait de se retrouver pendant 10 jours devant parce qu'on a plus de chances de perdre quelque chose que de gagner quelque chose.
03:48Mais en même temps, c'est ce qu'on recherche et je trouve qu'on a bien navigué.
03:54Donc ça c'est bien, on a fait des belles trajectoires.
03:57On n'a pas gagné par la vitesse, on a gagné par la façon de naviguer et ça c'est encore mieux.
04:01Et voilà, et la classe ultime que je retrouve à nouveau, je trouve que ça s'est bien densifié.
04:07Même s'il manque toujours des bateaux, on peut dire ça, mais le combat il est quand même vraiment présent et de plus en plus.
04:15Je crois qu'on voit vos visages fabriquer à tous les deux ?
04:18Pas du tout.
04:19C'est un exercice difficile, même à deux, racontez-vous la difficulté du terme ?
04:24Déjà, c'est des gros bateaux, donc chaque manœuvre, même si on n'est que deux, on passe du temps à tourner les manivelles.
04:31Donc on arrive avec beaucoup plus de muscles que ce qu'on est parti, moi personnellement.
04:35Les jours de course en ultime, évidemment c'est hyper intense, on sait, c'est hyper physique.
04:39Et puis engager au niveau concentration et anticipation en permanence pour réussir à ne pas faire la sortie de piste ou l'erreur qui peut soit coûter du matériel, soit coûter trop de distance.
04:50Donc c'est une concentration de permanence.
04:52C'est aussi ça qui est beau, c'est de faire du multicoque et réussir à aller vite en plein vol.
04:57Tout en dormant.
04:58C'est quelque chose qui n'est pas évident à faire.
05:00Pourquoi c'était un transit difficile pour vous ?
05:04C'est difficile parce que les conditions étaient difficiles.
05:09Après la première nuit, on était déjà tous un peu rincés.
05:13On ne savait pas comment allait se passer cette première nuit.
05:16On était bord à bord avec Bankpop à tirer des bancs.
05:19On ne savait pas si on allait prendre un deuxième riz ou garder un riz.
05:22Donc ça a été un peu la guerre et ensuite ça s'est enchaîné.
05:26Ça n'a jamais arrêté le long du Portugal.
05:28On s'est pris des éclairs incroyables et des rafales de tous les côtés.
05:31La sortie était compliquée après les poteaux noirs où on était plutôt stressé.
05:35Pas physiquement, mais au vu du classement.
05:38Donc on n'a jamais arrêté avec les bateaux qui vont vite.
05:40Le problème, c'est que si on s'arrête soit pour une casse technique, soit pour un mauvais choix météo,
05:48les autres reviennent très très vite.
05:50Et même 150 000, c'est rien du tout en fait.
05:52Donc voilà, c'est cette tension qui est permanente.
05:56Il y a un enchaînement météo qui a été particulièrement compliqué.
05:59Deux dépressions avant d'arriver au sud du Portugal.
06:02Ce n'est pas souvent qu'on a ça à affronter en ultime avec des coups de vent.
06:05Et donc on a beaucoup de manoeuvres.
06:08On est passé au centre d'une dépression.
06:10C'est rare de passer vraiment.
06:11On ne savait pas si on allait passer par le vent d'est ou par le vent d'ouest.
06:15On s'est retrouvé pile au centre.
06:17C'est sûr qu'on arrive au Canary en sortant de la bannette.
06:20Après les siestes, j'étais bien tendu.
06:23Les bras bien congestionnés.
06:26Il se passe quelque chose là.
06:28Sportivement, vous avez été très fort tous les deux évidemment.
06:31Humainement, où est-ce qu'il a été très fort ?
06:34Humainement, c'est qu'on est sur la même longueur d'onde.
06:37C'est ça.
06:39Quand je regarde Tom, j'ai l'impression que je me regarde avec la même concentration.
06:45La différence, c'est qu'il a un poil plus d'expérience.
06:48La prudence qui va bien juste au bon dosage.
06:51Et franchement, c'est super de pouvoir s'imprégner de ça et de voir sa façon de faire.
06:58Parce qu'avec des années de course au large, tu sens bien les moments où ça vaut le coup de prendre des risques ou non.
07:04Et tout le jeu dans un dosage d'une course et encore plus sur Z-Ultime ou en multicoque, c'est de savoir doser entre le risque.
07:10Quand est-ce que ça vaut le coup de prendre du risque ou pas ?
07:13Et pour le coup, Franck, il a ça dans son bagage depuis longtemps.
07:17Qu'est-ce qui était ? C'était un grand soulagement ou une grande joie ?
07:22Les deux. D'abord une grande joie parce que content d'arriver, content d'avoir le bateau ici et puis de gagner la course.
07:30Et soulagement, c'était la première question.
07:33C'est qu'à un moment donné, on décompresse parce que la pression retombe.
07:37Et c'est pas évident d'ailleurs de faire le changement entre...
07:40Jusqu'à quelques milles de la ligne, tout est tendu, tout peut se passer.
07:43Les problèmes mécaniques, on est à l'attention de tout, à l'écoute de tout.
07:46Et d'un coup, on se retrouve jetés dans la fosse aux lions.
07:49C'est eux les lions, quoi.
07:51Ouais, carrément.
07:52Ils sont hyper émus quand même, il y a quoi derrière ces pieds ?
07:55Qu'est-ce qu'on se voit avec les deux ?
07:59Ça arrive pas tous les jours de gagner une belle transat et d'avoir...
08:02une belle histoire comme ça.
08:04Donc, c'est des souvenirs qu'on aura encore longtemps.
08:09La première victoire de Tom, la cinquième pour moi.
08:12Mais chaque victoire, elle est vraiment unique.
08:15Et puis moi, je suis content, on n'a pas la même génération.
08:18Mais c'est complètement nouveau le rôle que j'avais avec quelqu'un de si jeune.
08:23J'ai souvent eu des équipiers plus âgés que moi qui m'ont appris plein de choses.
08:28Et j'espère que j'ai appris des choses à Tom cette fois-ci.
08:31Bon, là-dessus, évidemment.
08:33Moi, ce qu'on a vécu avec Franck, c'est hyper fort et j'ai appris plein de choses.
08:37Mais quand je repense aux dernières années d'avoir appris le multicoque
08:41ou en tout cas progresser en multicoque aussi rapidement avec François Gabart,
08:46Pascal Bideghori et Franck Hamas, l'apprentissage, il est extraordinaire.
08:50Et ce sont les meilleurs marins qui existent sur ces bateaux-là au large.
08:54Et Peter Burling il y a quelques semaines.
08:58Il a des bonnes preuves quand même, non ?
09:00Ça va bien, oui.
09:02Est-ce que vous avez l'impression de confirmer tous les espoirs qu'ils ont placés en gros ?
09:06Encore un peu plus ?
09:08Maintenant, il a la pression pour le Rome, par contre.
09:10Non, franchement, non, pas particulièrement.
09:13Parce que la victoire, c'est de cocher du résultat sportif.
09:18Mais en soi, je sais que, sans prétention, je sais que j'étais déjà reconnu par mes pères
09:26ou par les autres concurrents de la classe ultime.
09:28Et j'ai déjà montré que je savais faire du bateau et que je savais aller vite,
09:33bien manœuvrer et faire de la stratégie et tout ce qu'il faut faire pour être devant.
09:38Après, gagner une belle transat avec ce projet-là, c'est plus ça qui est super satisfaisant.
09:44Je pense qu'être seul à cinq victoires, ça représente quelque chose ?
09:48Je dirais que c'est plutôt anecdotique.
09:51Chaque victoire est différente, mais visiblement, la Transat Jagva me réussit bien, maintenant qu'elle fait l'or.
09:57J'aime bien cette formule du double, j'aime bien naviguer à fond sur ces gros bateaux et en double on peut le faire.
10:02Donc voilà, quand on prend du plaisir à participer, on a des beaux résultats après.
10:08Vous avez dû faire le routage, est-ce que ça a rajouté une difficulté ?
10:15Ça a rajouté un intérêt, je trouve que c'est un vrai ingrédient de la victoire ou de la défaite, le routage.
10:21Donc c'est bien que ça soit l'équipage qui en est la charge.
10:26Même si auparavant on regardait aussi la météo, on n'était pas téléguidés.
10:31Mais je trouvais ça très intéressant et on était hyper favorable à cette démarche.
10:36On est content d'avoir fait une belle trajectoire, on est aussi fiers d'avoir fait une belle trajectoire et ce n'est pas un routeur qui nous l'a fait faire.
10:47Franchement, pas énormément de soucis techniques et on a bien contrôlé le bateau régulièrement.
10:52Là-dessus, on peut être fiers de toute l'équipe qui a travaillé autour de Strymaran S vers les Artiques toute l'année.
10:58Et en préparation de cette course, on a eu quelques petits déboires un peu de cosmétiques plutôt de l'autre côté sur l'autre filet qui était globalement un trou.
11:06On ne peut plus trop se servir du filet à bord depuis le deuxième jour.
11:10Pour les photos.
11:12Mais à part le filet de l'autre côté où il y avait un trou, à part ça, pas de gros déboires, un peu de bricolage quotidien régulièrement de petites choses.
11:21Mais rien qui a impacté la performance donc on a toujours pu être à 100% et ça participe.
11:30Et ça c'est important.
11:31Quelque chose qui t'a impressionné Franck chez Tom ?
11:35Il est bon partout. C'est ça qui est impressionnant. C'est que je n'ai pas l'impression qu'il est de point faible. Physiquement, le talent derrière un écran d'ordinateur, il voit tout de suite le bon coup.
11:47Il sait faire avancer son bateau. Il est assez juste, comme je le disais, dans la gestion du risque. Même si ça, au fil des années, on apprend en permanence.
11:58Moi j'ai eu quelques chavirages, c'est peut-être pour ça que je…
12:01Moi je n'ai pas connu les grosses troupes.
12:04Je ralentis peut-être plus tôt. Mais non, non.
12:09Et voilà, il a… Je pense qu'il a vraiment tout ce qu'il faut pour aller très loin.
12:20Est-ce qu'un des regrets, c'est de ne pas avoir pu faire la trousse avec Bon Prof ?
12:24C'est important, c'est qu'il soit derrière, ça c'est sûr. Je pense que c'est effectivement un très bon concurrent en termes de vitesse pure.
12:32C'est sûr que ça aurait changé un peu la facette de la course. Si on l'avait eu bord à bord toute la course, potentiellement, ça aurait un peu changé la physionomie, l'engagement à certains moments.
12:43Il y a eu un petit peu plus la part de gestion. Il y a eu des moments où on savait que l'élastique avait tendance à se tendre et donc on était plutôt à conserver le bateau et à pas forcément attaquer un maximum.
12:54Si tu es au coude à coude avec un autre concurrent, il y a moins cette part de gestion. On était forcément déçus pour eux quand on apprend ça le premier matin.
13:04Là, on s'en est rendu compte directement. La première nuit, ils étaient à côté. On voyait bien qu'ils n'allaient pas vers le Cap Finistère. Je pensais qu'ils allaient à Brest, mais ils allaient à Lorient.
13:13Et en même temps, ça reste la compétition. Il y a une petite part de soulagement quand tu sais qu'ils ont 200 000 de retard quand ils repartent.
13:23Ils en ont 600 à l'arrivée. On est déçus pour eux et inévitablement, il ne faut pas le cacher, il y a une mini part de soulagement de se dire qu'on n'a pas la pression de ce concurrent-là tout de suite.
13:36On en a d'autres. Il y en a d'autres qui ont très bien navigué. Tout le monde est allé vite et ils n'ont pas gâché leur chance.
13:44On va faire un bon repas parce qu'on nous a demandé notre menu préféré. On a demandé si on fait la viande ou poisson.
13:53Moi, je puse poisson. Un vrai repas et puis dormir. On n'a pas le programme exact. Douche, dormir. On va voir le dehors du monde.
14:01On n'a pas encore dit bonjour à toute l'équipe. On est deux sur le bateau. Vous êtes autour de nous, mais il y a beaucoup de gens autour de ces projets-là.
14:11C'est assez merveilleux de partager une victoire avec eux parce qu'ils nous font confiance. Ils nous fournissent un bateau au départ de la course.
14:20On leur rend tout abîmés. On leur rend, mais on pense à eux en permanence et ils font une grosse part du boulot.
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