Professeur Philippe Camus pneumologue  au CHU de Dijon - Vidéo Dailymotion

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00:00100% local, ici matin.

00:03Ça a commencé, ça y est, c'est parti, le mois sans tabac.

00:06C'est ce mois pendant lequel on est tous invités à arrêter de fumer.

00:09Pour certains, il faut s'y prendre à plusieurs fois, mais ça finit toujours par payer.

00:12Pour d'autres, c'est plus compliqué.

00:14Cette année, la campagne de sensibilisation s'adresse plus particulièrement aux jeunes.

00:18On en parle ce matin avec Anne-Anne, votre invité.

00:20Il est professeur en pneumologie au CHU de Dijon et président du réseau prévention tabac en Côte d'Or.

00:25Bonjour Philippe Camus.

00:27Bonjour.

00:27Les jeunes fument moins qu'il y a 10 ans.

00:30En 2015, 16% des jeunes de 16 ans se disent fumeurs réguliers.

00:34C'est 3% aujourd'hui.

00:36Pourquoi les jeunes restent quand même une population très fragile vis-à-vis du tabac ?

00:41Alors, je commencerai par la première chose, c'est encourageant.

00:43Ça veut dire que la cigarette se démode, elle est ringardisée.

00:46Déjà, ça c'est bien.

00:47C'est un progrès considérable.

00:50Je parlais avec Bertrand Dotsenberg, qui est une voix nationale sur le sevrage tabagique depuis longtemps.

00:55Lui parle d'effondrement, donc c'est très significatif.

01:00Pourquoi les jeunes ? Parce que c'est plus fragile pour l'addiction.

01:04Une fois l'addiction installée, c'est d'autant plus difficile.

01:07En plus, il y a des effets cognitifs qui sont dommageables.

01:11Et puis, tout simplement parce que mathématiquement, quand vous fumez depuis tout petit,

01:15depuis tout petit, depuis la jeune, vous serez plus longtemps exposé.

01:19Or, comme le risque cumule ou se cumule avec les années, voilà.

01:23On entend ce matin, dans nos reportages, que les jeunes fument moins de cigarettes,

01:28mais ils vapotent beaucoup plus.

01:30Il y a quelques minutes, dans un reportage, une jeune fille nous disait

01:32« Pour moi, la PEUF, c'est partout, tout le temps. »

01:34C'est alarmant, selon vous ?

01:36Je comprends sa réflexion, mais...

01:40La cigarette, c'est interdit partout, maintenant, mais la PEUF, c'est un peu plus facile, on va dire.

01:44Ça n'est pas possible partout.

01:46Maintenant, quelques fois, les gens le font partout.

01:49Jusqu'à même, dans l'Assemblée nationale, comme on l'a vu, il y a quelques années.

01:55Effectivement, une cigarette n'est pas allumable, par exemple, en classe.

02:01Il arrive, j'ai vu des reportages, et peut-être votre jeune personne le dit-elle,

02:05qu'en classe, elle peut prendre une bouffée,

02:09et ce qui, machinalement, pour le geste, l'a satisfait.

02:13Si il y a de la nicotine dedans, peut lui donner un petit boost.

02:16Voilà, la réalité est là.

02:18Une vaste étude internationale publiée cet été montre aussi que le vapotage chez les jeunes de moins de 25 ans,

02:25ça mène souvent au tabac.

02:26Après la vapote, on passe à la cigarette.

02:30Alors, on est partagé là-dessus, lorsqu'on regarde les chiffres.

02:35Il est normal que les professionnels ou les gens qui se préoccupent de la santé disent

02:38« Attention, utiliser la cigarette électronique est une porte d'entrée vers le tabac plus tard. »

02:47Mais quand on regarde les chiffres du tabac et les chiffres de la cigarette électronique chez les jeunes,

02:52on voit que si le vapotage a augmenté, le tabac, lui, n'a pas augmenté.

02:56Donc, je dirais, prudence, le mieux, et Bertrand Dotsenberg, le conseil de volontiers,

03:03c'est de ne pas et de ne jamais commencer.

03:07Mais une porte d'entrée vers le tabac, c'est à nuancer.

03:11Et alors, à l'inverse, des gens qui sont ou ont envie d'arrêter son fumeur,

03:17ont aussi peut-être cette impression de se dire « Je vais vapoter, ça va me permettre de ralentir doucement. »

03:22Vraie bonne idée ou fausse bonne idée ?

03:24Alors, vous verrez que les tabacologues, infirmières diplômées, médecins,

03:29ne sont pas très amateurs de la double prise.

03:33Ou alors, il faut une espèce de comptabilité.

03:34Tabac, cigarette électronique, oui.

03:36Vous en trouverez sur le site, par exemple, des pharmaciens d'officine,

03:40qui ont de jolis documents que j'ai revus ce matin avant de venir,

03:44qui permettent d'établir une sorte de calendrier journalier.

03:46Pour le mois sans tabac, novembre, mais comme m'a dit ce collègue Bertrand hier,

03:53tous les mois, ce sont des mois possibles sans tabac.

03:57Et comme vous le disiez, justement, il faut savoir remettre l'ouvrage sur le métier,

04:02car ça ne marche pas toujours, à la première fois.

04:05Mais ne pas y arriver n'est pas un échec.

04:08Il faut retenter plusieurs fois, très souvent.

04:10Ils sont rares, les personnes, elles sont rares, qui arrivent à arrêter du premier coup.

04:14Il faut s'y reprendre à plusieurs fois, mais c'est ok, ce n'est pas un problème.

04:17L'essentiel est d'arrêter.

04:18Alors, il y a une chose extrêmement importante,

04:22ce n'est pas tant la volonté que la décision.

04:26Et c'est un défi personnel.

04:28On décide d'arrêter.

04:29Oui, et personne n'a à dire à quelqu'un, tu devrais arrêter.

04:32Dans le cerveau, le message est différent.

04:33Nous, notre message en pneumologie,

04:35et j'imagine pour les addictologues, c'est la même chose,

04:38c'est, si vous souhaitez arrêter,

04:41et il n'y a pas plus de 30-40% de fumeurs heureux de continuer à fumer,

04:46voici les outils, on va se mettre à votre disposition.

04:50Personne n'a à culpabiliser un fumeur,

04:53parce que seuls ceux qui sont fumeurs et qui ont cette addiction

04:57peuvent se rendre compte de ce que c'est.

04:59Donc, un ancien fumeur peut à la limite parler avec,

05:02mais quelqu'un qui n'est pas fumé, on n'a pas de conseil dur à donner.

05:07Très rapidement, professeur, un mot sur ce mois sans tabac,

05:10c'est la dixième édition cette année,

05:12on a maintenant un petit peu de recul,

05:13on sait si c'est vraiment efficace ?

05:15Assez.

05:16Alors, je n'ai pas à me porter les derniers chiffres de 2024, par exemple,

05:19mais c'est une initiative absolument merveilleuse.

05:22C'est indispensable, parce que chaque année,

05:24et ce genre de choses, si on n'y prend pas garde chaque année,

05:27on tend à disparaître dans les sables.

05:30Donc, on ne baisse pas les bras, et on continue.

05:31Et surtout, tout le monde peut y arriver.

05:34Et bien voilà, ça sera le mot de la fin.

05:36Merci beaucoup, Philippe Camus, d'être venu ce matin

05:38pour nous parler du mois sans tabac.

05:40On rappelle que vous êtes professeur en pneumologie au CHU de Dijon,

05:43président du réseau Prévention Tabac en Côte d'Or.

05:45Merci beaucoup.

05:45A votre service.

Professeur Philippe Camus pneumologue au CHU de Dijon

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