00:00En l'espace de quelques semaines, de quelques matchs et de 18 buts en championnat,
00:04quelques autres en Coupe d'Europe et encore quelques autres en Coupe d'Italie,
00:08la ville de Turin, l'une des capitales du football italien, s'est donnée un roi.
00:13A la fin de la dernière saison, après une brillante Coupe du Monde et pour des raisons personnelles,
00:18Michel Platini décida de préférer la Juventus de Turin au Paris Saint-Germain
00:22en un mot de choisir un exil sportif que peu de footballeurs français étaient parvenus à mener à bien.
00:28La réussite a été, sinon immédiate, du moins totale,
00:32en proportion du champion d'exception qu'est le capitaine de l'équipe de France.
00:36Cela, le président de la Juve, Jean-Pierro Bonniperti, en est parfaitement conscient.
00:57Platini, puis, est vraiment un grandissime édicateur.
01:03Mon cher président a dit qu'il avait accumulé les deux choses sur les deux questions que vous avez posées.
01:09Il a dit qu'ils auraient pris Platini et Boignac pour refaire une équipe de classe
01:13et d'essayer de gagner le championnat, de gagner la Coupe d'Europe.
01:16On a perdu le championnat tout en ayant Platini et Boignac,
01:19mais qu'on essaierait de gagner la Coupe d'Europe.
01:21Après, il a dit que mon sujet, qui était très, très content,
01:26que j'avais très, très, très bien joué,
01:27et qu'au début, je regardais un peu comment était fait le calcio
01:37et puis ensuite, pour sortir de tout ça,
01:40pour m'exprimer un peu à mon plus haut niveau.
01:45Même son fils aîné, Laurent Platini, s'est bien adapté.
01:55Michel, quant à lui, est bien dans sa peau.
01:58Grâce à ses origines, il est rapidement devenu un véritable Italien,
02:02s'adaptant parfaitement à toutes les situations.
02:08J'ai commencé vraiment, j'avais de très gros problèmes physiques au départ.
02:11Je ne pouvais pas m'entraîner, je ne pouvais pas taper dans le ballon.
02:14J'étais obligé de me démarquer, de donner le ballon,
02:16de ne pas jouer à 10 mètres, de ne pas jouer à 20 mètres.
02:19Ce n'était pas mon jeu qui me convenait.
02:20Quand on est un étranger, quand on arrive dans cette Juventus,
02:23ou un attendu, on est le dos au mur, pratiquement.
02:28Je me suis fait énormément critiquer, je crois que c'est vrai.
02:32Mais pour moi, j'étais très content de ce que je faisais
02:34parce que je ne pouvais pas donner plus, je ne pouvais pas faire plus.
02:36Donc, j'avais une certaine satisfaction en moi-même.
02:37Je me suis dit que la Pubalgie étant partie, j'ai commencé à jouer assez bien.
02:42Et puis, comme ils disent eux, j'ai pris en main l'équipe.
02:44Et puis, ça a bien tourné.
02:45On en arrive à ce point qu'on est à trois jours de la finale de la Coupe d'Europe.
02:49Et si on vous avait dit, Michel Platini, vers le mois de novembre, décembre,
02:53que vous alliez terminer la saison comme, comment on dit, capot ?
02:56Capot canonnière.
02:57Capot canonnière, c'est-à-dire meilleur buteur du championnat italien.
03:00Ce qui n'était pas arrivé à un étranger depuis Deluxe, vous auriez éclaté de rire.
03:04Ah, tout le monde aurait éclaté de rire.
03:05Il n'y a pas que moi.
03:07Non, mais c'est drôle parce que j'ai marqué des buts, des buts, des buts, des buts.
03:10J'en ai marqué un paquet.
03:11J'ai marqué 14 buts en neuf matchs, ce qui est vraiment rare en Italie.
03:15Ils ne comprennent toujours pas comment ça se fait qu'un milieu de terrain ait marqué tant de buts que ceux-là.
03:18Il faudrait qu'on leur explique un peu en France parce qu'on en marque souvent.
03:21Les garçons comme Gires, Jean Ginny, ils en ont mis un paquet.
03:24Donc, je crois qu'on aurait tous éclaté de rire, même mes supporters en France.
03:27On vous sent libérés.
03:28J'ai l'impression que c'est un Platini beaucoup plus mûr.