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00:00C'est le moment, comme promis, d'ouvrir notre chapitre culture, comme tous les dimanches, à la même heure.
00:05Aujourd'hui, coup de projecteur sur Haïti, porté à l'écran dans un documentaire magistral.
00:10Cela s'appelle Les âmes bossales.
00:13Nous sommes en ligne dans un instant avec son réalisateur François Perlier.
00:18Mais avant cela, un extrait de la bande-annonce du film.
00:30C'est normal pour l'État, qui a prolongé le système colonialiste.
00:49C'est l'État qui a joué au lieu lycéen.
00:51C'est normal pour l'État qui a prolongé le système colonialiste.
00:59Avec nous, François Perlier, bonjour.
01:02Vous êtes le réalisateur de ce documentaire, Les âmes bossales, pour qu'on fasse un peu de pédagogie comme on aime bien le faire.
01:09Qui sont, pour commencer, les bossales dans l'histoire de la traite des guerrières transatlantiques et dans l'histoire contemporaine d'Haïti ?
01:17Bonjour, Philomère Robert.
01:19Merci beaucoup de me recevoir sur votre plateau.
01:22Les bossales, en fait, c'est un terme créole.
01:25Il désignait les esclaves qui, à l'époque de la Révolution haïtienne, au début du XIXe siècle, étaient nés en Afrique.
01:39Puisqu'il y avait un turnover très fort des esclaves, malheureusement, puisqu'ils mouraient très jeunes.
01:43Donc, quand les Haïtiens se sont libérés de l'esclavage et de la colonisation, la plupart d'entre eux et d'entre elles étaient nés en Afrique et on les appelait les bossales.
01:55Et ensuite, ce terme a eu plutôt une connotation péjorative dans le vocabulaire créole haïtien, pour désigner quelqu'un d'un peu brutal, d'un peu sauvage, quelque chose d'un petit peu dénigrant.
02:09Et plus récemment, en fait, maintenant, et c'est ce que j'ai aussi constaté en Haïti, c'est un terme qui se réapproprient des artistes, des militants politiques, des nouvelles générations,
02:22de façon à la fois provocatrice, ironique et avec ce poil de l'histoire de la libération, pour se désigner avec l'esprit bossale, pour se désigner leur propre esprit de résistance aujourd'hui.
02:35Et c'est dans cet esprit qu'il faut voir dans votre film, François Perlier, corrigez-moi si je me trompe, une ode à Haïti à la résistance de celles et ceux qui se battent chaque jour dans un environnement extrêmement difficile, extrêmement violent.
02:48Oui, tout à fait. Les personnages du film, les gens avec qui j'ai fait ce film, sont définitivement des résistants à leur manière, qu'ils soient des résistants spirituels, des résistants politiques,
03:02des gens qui résistent simplement parce qu'ils essayent de survivre dans un environnement très difficile.
03:07Donc effectivement, à l'image de beaucoup de membres de ce peuple, ils sont obligés effectivement d'être dans une position de résistance et qu'ils assument avec beaucoup de force et de courage.
03:22Le document dure un peu plus d'une heure. Une heure et 21 minutes pour être précis, François Perlier.
03:26C'est un mélange de poésie et de politique.
03:28On entend un personnage dire des extraits de Foukifoura, un texte de l'écrivain haïtien Franck-Étienne.
03:35Je vous propose qu'on l'écoute. On se retrouve dans quelques secondes, si vous le voulez bien.
03:43Moi, Foukifoura, je voyage au mi-temps de trèbre.
03:49Je foutre à l'ingue, je brins des aigues, je blingue d'ingue, je calbre d'ingue, je décalambre d'ingue.
03:54Moi, Foukifoura, j'aristocratise la gauche, je démocratise la droite, je défalocratise le pouvoir.
04:08Moi, Foukifoura, je suis le roi. Je suis le roi de la scène. Je suis le roi du plateau. Je suis le roi. Je ne suis le clown de personne.
04:17François Perlier, comment s'est effectué ce mariage entre politique, poésie et théâtre ?
04:26Ça a été un peu comme une évidence, puisque moi, j'ai d'abord rencontré ce comédien que vous venez de voir à l'écran,
04:34qui s'appelle Ilyric Perrin, mais que tout le monde à Haïti appelle Foukifoura,
04:38puisqu'il a joué, au moment où je l'ai connu, ce célèbre monologue de Résistance de Franck-Étienne,
04:45un grand poète du peuple haïtien qui nous a quittés il y a quelques mois, malheureusement.
04:51J'ai été très impressionné par son jeu et par ce texte,
04:54et de comprendre que dans la littérature haïtienne, par Franck-Étienne et d'autres,
04:57il y avait un très fort esprit de Résistance.
05:01Et ça a été assez naturel, après, de mélanger la poésie, la musique, la danse, la spiritualité,
05:08la résistance politique, la résistance sociale.
05:11Tout ça se mêlait, en fait, de façon assez évidente à travers des combats du peuple haïtien.
05:18Et voilà, et donc ce monologue de Foukifoura, nous en avons utilisé quelques extraits dans le film,
05:23et il raconte effectivement comment, de façon en ayant l'air peut-être un petit peu fou,
05:29un petit peu provocateur, finalement, de fait que résister et militer.
05:32Parce qu'il ne faut absolument pas occulter la question sérieuse, de fond, bien au contraire,
05:37François Perlier, je vous propose qu'on regarde un autre extrait, une autre séquence,
05:42on se retrouve tout juste après.
05:45Côté Bob.
05:51Côté l'agent Pebla.
05:53L'agent quitté pour faire route pour Pebla.
05:55Côté Bob.
06:03Côté l'agent,
06:04qui pou te faire l'hôpital pour m'insistant mouri,
06:07tant qu'oubet, sans mètre.
06:11Côté l'agent l'école gratis pour ti mouni yo, ti alia.
06:17Côté Bob.
06:18Côté.
06:25Côté.
06:26Côté.
06:27L'agent vén s'enquestade,
06:30pil mil yon gagotea.
06:33Côté l'agent,
06:35c'est IRH la,
06:37qui te pou réconstruit
06:39pays d'Aïtia.
06:40Ici, François Perlier,
06:42c'est quelqu'un qui s'interroge
06:44sur le scandale
06:45Petro-Caribé.
06:47Rappelez-nous en quoi
06:48a consisté ce scandale
06:49et pourquoi c'était important
06:51de revenir dessus
06:52dans votre film.
06:55Alors, je ne suis pas spécialiste
06:56de géopolitique,
06:57mais je ne suis pas le meilleur
06:59pour en parler.
06:59Mais en tout cas,
07:00ce que je peux vous dire,
07:01c'est que, voilà,
07:02Petro-Caribé,
07:03c'est une alliance
07:04que le président vénézuélien
07:06Chavez a souhaité proposer
07:07à plusieurs pays de la Caraïbe
07:09et de l'Amérique centrale
07:10pour leur vendre son pétrole
07:13avec des tarifs
07:15très préférentiels,
07:17un petit peu aussi
07:18pour concurrencer les États-Unis
07:19puisque ces deux pays
07:20sont quand même opposés
07:22sur l'échiquier international.
07:24Et donc, Haïti,
07:26à la fin des années 2000,
07:27a accepté cet accord
07:29et une condition a été mise,
07:33enfin, voilà,
07:33une décision a été prise
07:34que la marge
07:36que les Thaïtiens feraient,
07:38pourraient faire une marge
07:38entre le fait d'acheter
07:39le pétrole haïtien à Bakou
07:40et le revendre
07:41aux exploitants pétroliers haïtiens.
07:44Et sur cette marge,
07:45devaient, effectivement,
07:46consacrer tout cet argent,
07:48ces milliards
07:48pour développer le pays,
07:50construire des hôpitaux,
07:51des écoles,
07:52comme le personnage l'évoque,
07:53des infrastructures routières,
07:55etc.,
07:55qui sont manquantes en Haïti.
07:57Et malheureusement,
07:59un certain nombre de dirigeants
08:00de ces époques-là
08:01ont visiblement détourné
08:05cet argent à leur profit.
08:07En tout cas,
08:09il n'y a pas vraiment eu
08:10tous ces investissements
08:10de demande
08:11où est passé cet argent.
08:12Et ça a déclenché,
08:13à partir de 2018,
08:15un mouvement social
08:16très fort en Haïti
08:17où des milliers de personnes
08:20sont descendant la rue
08:21manifester,
08:21protester,
08:22contester,
08:22demander justice.
08:23Cette justice n'a toujours
08:24pas été rendue à ce jour.
08:26Et moi,
08:27j'avais commencé le film avant,
08:28mais évidemment,
08:29cette actualité très forte
08:31de révolte
08:32face à ce scandale,
08:34c'est évidemment invité
08:35dans le film.
08:36C'est pour ça que ça fait partie
08:38de l'œuvre,
08:39finalement.
08:39Et cet argent
08:40de Petro-Caribé,
08:42les Haïtiens n'en ont pas vu
08:43la couleur.
08:44Vous avez parlé du tournage,
08:46François Perlier.
08:47Dans quelques instants,
08:48je vais vous demander
08:49quelles ont été
08:50les conditions de tournage
08:51parce qu'on voit des images
08:53qui sont quand même
08:53très très fortes.
08:55Peut-être un mot
08:55sur un autre élément du film.
08:58C'est le vaudou
08:59qui occupe une place
09:01assez importante.
09:02On regarde un court extrait
09:04et puis on se retrouve
09:05dans quelques secondes
09:08comme on l'a fait tout à l'heure.
09:08«C'est le petit gâteau »
09:15«C'est le petit gâteau »
09:18«C'est le petit gâteau »
09:25Philippe Oyao
09:34Papa Oyao
09:42Extrait d'une danse vodou dans les embossales de François Perlier.
09:49Comment, puisque en général François Perlier,
09:51quand on parle d'Haïti, on associe souvent ce pays,
09:54et à juste titre, au vodou.
09:56Comment filmer cela sans tomber dans le piège de la caricature ?
10:02Peut-être en comprenant ce qu'est le vodou pour les Haïtiens et les Haïtiens.
10:07Ce n'est pas simplement une religion, une spiritualité
10:10qui a été évidemment caricaturée, notamment par le cinéma américain,
10:14comme on le sait à travers le zombie.
10:16Le vodou haïtien, c'est le fondement, la base de la culture haïtienne,
10:22de la nation haïtienne.
10:24Donc c'est partout, c'est très important,
10:27et c'est quelque chose d'extrêmement riche, d'extrêmement puissant,
10:29d'extrêmement intéressant,
10:31qui définit la nation haïtienne.
10:34Et comment filmer le vodou ?
10:35Alors il y a certainement mille façons.
10:37Moi je l'ai fait à travers de rencontres,
10:39de gens qui m'ont introduit dans des...
10:41dans des péristilles, dans des confonds,
10:44dans des événements liés au vodou,
10:46qui sont souvent des événements communautaires,
10:48familiaux, parfois privés, parfois publics,
10:51et qui racontent à la fois l'histoire et le quotidien d'Haïti,
10:57et qui fait la communauté,
11:00qui fait beaucoup de choses pour le peuple haïtien,
11:04de façon très belle, très forte et très philosophique.
11:06François Perlis, on se rapproche de la fin de notre interview.
11:09Où est-ce qu'on peut voir le film ?
11:10Il a été retenu dans pas mal de festivals un peu partout,
11:14mais en France par exemple, où est-ce qu'on peut le voir ?
11:16Quels sont les rendez-vous ?
11:19Alors c'est un film qui effectivement tourne depuis un an et demi
11:21dans les festivals internationaux,
11:22qui a reçu plusieurs prix aux Etats-Unis,
11:24en Amérique du Sud, en Europe,
11:26et qui commence à tourner en France à partir de cet automne.
11:30Donc notamment, je vous donnerai...
11:31Alors vous pouvez trouver toutes les dates
11:32en tapant Les Ambeaux Salles sur Internet,
11:36sur le site de la production Corpus Film Les Ambeaux Salles.
11:38Après, donc il y aura, pour les dates très proches,
11:42le dimanche 9 novembre prochain à Toulouse,
11:46week-end haïtien organisé par chercheurs d'autres
11:48et le festival Afri-Clap.
11:49Le film sera projeté à 16h15 au cinéma Le Cratère,
11:52et sinon à Paris, le 14 novembre.
11:54Alors il n'y a plus beaucoup de place, c'est gratuit,
11:56vous pouvez réserver, précipitez-vous,
11:58parce qu'il n'y a plus trop de place,
11:59à 18h30 à l'Hôtel de Ville de Paris, le 14 novembre.
12:03On sera avec Jean-Marie Théoda,
12:05le grand géographe, professeur à la Sorbonne,
12:08grand géographe haïtien,
12:09et Brissa Onou, qui est anthropologue visuel,
12:12spécialiste d'Haïti pour présenter le film,
12:15avec l'association Boyo Haïti
12:16et l'association Diffé Caco,
12:18donc à Paris, Hôtel de Ville de Paris,
12:2118h30, le 14 novembre prochain.
12:23Le rendez-vous est pris rapidement.
12:26Les conditions de tournage, premièrement.
12:27Deuxièmement, pour qu'on ne soit pas surpris,
12:29dans votre film, il n'y a pas de commentaire,
12:31pas de script, comme on dit,
12:32juste les images qui vivent avec les déclarations
12:35des personnes qui vous avez suivies.
12:36Quel est ce choix ?
12:39Là, on a essayé de faire avec les moyens du cinéma,
12:43du cinéma documentaire, sans prétention,
12:45c'est-à-dire comment, avec l'image et le son,
12:47on peut emporter le spectateur,
12:49parfois dans un film qui n'est pas forcément didactique,
12:51même si, effectivement, comme vous le rappeliez,
12:53il y a des témoignages très forts
12:55qui, évidemment, expliquent des choses
12:57et font ressentir des choses.
12:58Mais on a aussi misé sur le fait
13:00d'emporter le spectateur dans les rues,
13:03dans les cérémonies vaudou,
13:05auprès des gens,
13:06sans forcément être didactique,
13:08donner beaucoup d'explications,
13:09mais compter sur le fait qu'en ressentant les choses,
13:11on peut aussi comprendre beaucoup
13:13et se laisser emporter.
13:14Moi, j'ai vécu des choses en Haïti exceptionnelles
13:17qui m'ont bouleversé,
13:18qui m'ont touché,
13:19qui m'ont mis de la joie,
13:20qui m'ont mis de la peine.
13:21Et j'ai voulu proposer aux spectateurs
13:23un petit peu,
13:24j'ai remis un petit peu en scène
13:25les choses comme je les avais vécues,
13:27c'est-à-dire déjà prendre la réalité comme ça
13:29et pas forcément comprendre tout de suite
13:31et se laisser emporter
13:32et après ressentir.
13:34Merci beaucoup, François Perlier,
13:36réalisateur des Ames Bossal.
13:38C'est ainsi que se referme ce journal.
13:41Merci de votre fidélité à nos antennes
13:43ou que vous soyez dans le monde.
13:44L'information continue sur nos chaînes.
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