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Télé-réalité : la folle histoire de Loft Story (2001-2002)
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00:00Bonjour, je m'appelle Aix, c'est Laure Joubert, et en 2001, je produisais une émission qui s'appelait Love Story,
00:04et on va vous raconter la folle histoire du loft dans le loft, et qui est racontée aussi dans une série qui s'appelle Culte.
00:12Alors, j'ai jamais dit c'est débile ou c'est génial, tout simplement parce que j'ai tout de suite trouvé ça génial.
00:17C'est débile ou c'est génial ?
00:18Je suis arrivée comme ça, j'ai lu un petit encart dans un journal qui parlait d'un mec qui s'appelait John Demol,
00:23qui allait lancer un programme où il enfermait des gens pour les observer, etc.
00:26Et je me suis dit mais c'est dingue, c'est tellement révolutionnaire, c'est tellement nouveau.
00:30J'ai tout de suite trouvé ça très intelligent.
00:32Moi je comprends, aujourd'hui tout le monde a notre gamme, tout le monde veut montrer l'intérieur de sa chambre, c'est logique.
00:36TF1 et M6 se sont mis d'accord pour ne jamais produire un programme de théorialité en France.
00:41Sauf que TF1 va signer ce qui va devenir Koh Lanta, et M6 va considérer qu'ils ont rompu cet accord de la mano à la mano,
00:52et donc va signer le Love Story.
00:54Alors comment est née l'histoire Love Story ?
00:57Déjà ça a commencé par, on va dire, le père de Love Story, Big Brother, qui a été lancé en Hollande.
01:03Et il s'avère que John Demol, qui était patron dans Demol, a racheté, a pris des participations dans la société pour laquelle je travaillais.
01:10Et quand j'ai su qu'il était en train comme ça de nous racheter, je suis allée voir mes patrons, Stéphane Courbillet et Arthur,
01:15et je leur ai dit « si Big Brother arrive en France, j'aimerais le faire ».
01:18J'étais un outsider, c'est-à-dire que personne ne voulait de moi, ils me trouvaient trop jeune, trop inexpérimentée,
01:23mais il s'avère qu'ils ont demandé à plein de gens, et plein de gens, soit parce qu'ils ne pouvaient pas,
01:27soit parce qu'ils ne voulaient pas, parce que c'était un peu sulfureux.
01:31Ils ont refusé, puis à un moment, j'étais là, on est en div dans deux mois et demi, il fallait me prendre.
01:35Et c'est comme ça que je suis arrivée sur le projet.
01:37J'ai besoin d'une pointure.
01:38Je ne suis peut-être pas une pointure, mais je suis une machine de guerre.
01:41Casting.
01:41Le fait qu'on soit passé de Big Brother, qui était un peu sombre, un peu outre-Rhin, un peu expérimental,
01:47avec des gens de différentes classes d'âge, et qu'on soit arrivé à un programme un peu de dating, pop,
01:53avec plein de jeunes, gays, sympathiques, ça c'est vraiment un travail d'équipe.
01:57Les auteurs me le donnent à moi dans la série, mais la réalité c'est que ce n'est pas aussi simple.
02:01On change le concept en émission de dating, les candidats seront là pour trouver l'amour.
02:04On a installé le loft sur un parking, et je m'en rappellerai toujours, j'étais au milieu du parking,
02:08et je me disais, putain, deux mois et demi, il faut qu'on soit en div.
02:12En fait, je pense que ça a été à la fois l'Everest, et à la fois, je n'ai même pas eu temps de regarder en haut,
02:16et de me dire, putain, c'est un 8000 mètres que je dois franchir.
02:19J'ai constitué très très vite mon équipe, il me fallait un dire de prod.
02:22Et alors c'est génial, j'ai appelé un mec qui s'appelle Lionel Viananex, il a fait la coupe du monde de foot,
02:25il doit bien savoir faire un loft, donc il m'a rejoint.
02:28Après, je suis allée chercher Angela Laurenti, qui venait de chez Mireille Dumas.
02:31Et donc, tous ensemble, on a remonté les manches, et puis on est allé, quoi.
02:35Moi, je dis toujours qu'un bon casting est fait de la diversité des gens qui font le casting.
02:39Et l'avantage, c'est que moi, j'étais plutôt profil bourgeoise, bien élevé, etc.
02:44Et il y avait Angela, qui était plutôt almodovarienne, espagnole, haut en couleur.
02:50Et je pense que c'est la jonction de ces deux types de personnalités, accompagnées aussi des gens d'AM6,
02:55qui a fait qu'on a fait un casting très diversifié.
02:58Ah non, Benjamin, en fin de compte, il y a beaucoup de gens qui nous ont dit non,
03:01parce que quand même, c'était un programme qui sentait le souffre.
03:04Et Benjamin, il était chroniqueur dans une émission qui s'appelait Saga, sur TF1.
03:08Et on l'a appelé, et dans l'enthousiasme de Benjamin, qui est quelqu'un qui est fonceur,
03:14c'est un joueur, c'est un gamer, donc il n'a pas peur de tenter.
03:18Il a dit tout de suite OK.
03:19Alors peut-être qu'il avait moins à perdre que d'autres aussi.
03:21Mais ceci n'empêche qu'il y est allé tout de suite.
03:23Et donc, il nous a dit tout de suite oui.
03:26Et puis c'est comme ça que...
03:28Mais quand je vous dis que c'est une histoire d'outsider, c'est vraiment une histoire d'outsider.
03:31Je me rappellerai à la vie du moment du lancement.
03:33Déjà parce que c'était à la plainte Saint-Denis, et on attendait du public qui n'est jamais venu.
03:37Donc, la fameuse scène où tu as tous les lofters qui sortent,
03:41j'ai demandé aux équipes de courir.
03:43Et ça se voit dans le culte.
03:44Dans le culte, c'est l'équipe de prod qui fait des pancartes, etc.
03:48Toute la régie, le HMC, des draps, des pinceaux, des manches à balai, tu me fais vivre le truc.
03:52Balai.
03:53Et ce qui est dingue, c'est quand on pense au phénomène qu'après, à la fin, Loana remonte les champs,
03:58on se dit qu'on démarrait quand même très très bas.
04:00Donc, évidemment, je me rappelle de ça.
04:02Je me rappelle de Stéphane Courby qui tondait la pelouse, genre à 20 minutes de l'antenne.
04:06Il y avait une forme d'effervescence parce que c'était nouveau.
04:09On ne savait pas où on allait.
04:11Enfin, c'était vraiment très particulier.
04:13À l'époque, je me rappelle, on était une toute petite équipe et on gérait tout.
04:16C'est-à-dire, on gérait la presse, les photos, les candidats, la construction du loft, les équipes techniques, le canal.
04:2224-24, la livraison de l'émission.
04:24Et un jour, avec Angela, on n'a pas réussi à livrer l'émission.
04:27Et donc, on est parti en direct sur M6.
04:29Et c'est l'un des plus gros records de l'émission.
04:32Ah bah, je dormais pas presque sur place, je dormais sur place.
04:34On avait aménagé un local où on rangeait des cassettes.
04:37Et j'avais juste la place d'avoir un petit lit, une place.
04:39Et donc, je n'avais pas de fenêtre.
04:40Et je sortais donc directement dans le couloir.
04:42Donc, j'ai dormi là.
04:43Et le directeur de prod, c'était pareil.
04:45Je pense que c'était un produit qui était tellement nouveau qu'il avait du mal à être référencé.
04:49Et puis, il y a eu cette fameuse scène de la piscine qui a fait exploser l'audience.
04:52Et puis après, ça a été un phénomène.
04:55Ah bah, c'est pas possible.
04:57Ils sont pas en train de...
04:58Si, si.
05:00Va falloir changer l'eau de la piscine.
05:01Mais il faut se remettre dans ces années-là où le mot même Internet était assez nouveau.
05:06Et c'est vrai que le temps que je comprenne qu'il y a une scène qui est en train de se passer,
05:12qu'elle passe dans des tuyaux, qui vont chez les gens en direct,
05:15probablement par un problème neuronal que j'avais chez moi, j'ai mis un peu de temps.
05:19L'histoire veut que probablement que c'est ce temps de réaction qu'a créé le fameux buzz,
05:25qui a fait que d'un seul coup, on a pété les audiences.
05:27Ce qui est intéressant aussi, ce qu'on raconte dans la série,
05:28c'est comment d'un seul coup, l'establishment, les institutions qui gèrent la télévision sont en panique.
05:34Parce que d'un seul coup, c'est des jeunes qui prennent possession de la télévision.
05:38Et cette télévision, elle échappe à ces sortes de vieux monsieur et vieille dame qui géraient la télévision.
05:42Et d'un seul coup, ils se disent, ah non, mais il faut mettre des règles, etc.
05:46Donc ils commencent à nous dire, il faut faire un time delay,
05:48c'est-à-dire entre le moment où vous tournez et le moment où vous diffusez, il faut un petit temps.
05:52Après, ils créent la salle CSA.
05:53Ce qu'on a voulu montrer en fin de compte, c'est l'histoire d'Outsider.
05:55C'est-à-dire une jeune femme qui aurait peut-être dû terminer gogo danseuse
05:59et qui va terminer une icône de la télé réalité.
06:02Des jeunes producteurs qui d'un seul coup vont renverser les anciens producteurs
06:05et amener un genre de télévisuel.
06:07L'histoire d'M6 qui était un challenger qui d'un seul coup va damer le pion à TF1
06:11et passer devant TF1.
06:13Et l'histoire d'une certaine façon d'un public jeune
06:16qui s'empare de la télévision de papa et de maman.
06:18Donc c'est ça qu'on raconte dans cette série.
06:20Alors on ne s'attendait pas du tout à ce que ça créait un tel phénomène de société
06:24parce que Big Brother en l'occurrence en Hollande
06:27ou Big Brother aux Etats-Unis qui s'étaient lancés entre temps
06:29avaient évidemment déclenché des très grosses audiences
06:32mais pas comme ça des réactions épidermiques de la presse
06:34ou une reprise même dans le discours politique.
06:37Et les publicitaires hésitent à s'associer à un concept qualifié de télé poubelle.
06:42Mais les téléspectateurs n'ont que faire des préjugés
06:44et l'audience explose, plus 30% environ en moyenne.
06:47Ce que je dis souvent c'est qu'on est sortis à cette époque-là
06:50des pages, on va dire, de critique télé
06:52pour aller à des pages de journalistes d'investigation politique et financière.
06:56Et donc c'est pour montrer que ce truc-là était tellement puissant
07:00qu'en fin de compte il nous avait changé de service.
07:02Et donc c'est comme ça qu'on a été cambriolé,
07:05on proposait de l'argent aux journalistes de la rédac pour balancer des infos,
07:09on était insultés, j'ai dû mettre en place des schémas de protection
07:14pour par exemple Benjamin Casteldi, enfin voilà, ça a été un truc très très gros.
07:19Il y avait un psychologue, mais depuis le début,
07:20qui en l'occurrence a rencontré tous les candidats qui sont rentrés dans le loft,
07:24et après qui les a suivis au day-to-day, enfin jour à jour,
07:26et qui était très en contact avec eux.
07:28Et c'était, c'est l'une des seules fois, je crois d'ailleurs,
07:31dans un programme de Théraïté, où même il s'exprimait sur le prime.
07:34C'est-à-dire il donnait des sortes de manières pour décoder un petit peu
07:38les attitudes des candidats.
07:40Alors franchement, j'ai aucun regret pour Luana,
07:41parce que ça n'est pas lié au loft, et d'ailleurs elle le dit elle-même.
07:45Elle dit que l'endroit où elle a été le plus heureuse, c'était le loft,
07:49probablement parce qu'elle se sentait protégée.
07:51C'était un cocon, là où elle a été extrêmement maltraitée dans son enfance.
07:55Ouais, mais j'ai pas envie de sortir.
07:58Je suis bien ici.
08:00Il y a forcément des gens que t'as envie de retrouver, non ?
08:02Non, je crois pas.
08:03Et non, ce que je dis, c'est que ce qui est fantastique dans le culte,
08:07c'est que ça donne à voir un autre visage de Luana, celle d'une femme forte qui prend des décisions,
08:12qui n'est pas victime, qui est intelligente.
08:15Et je suis très fière de participer à apporter aussi cette image à la connaissance du public.
08:21Je pense qu'on a tous été dépassés.
08:23C'est-à-dire que nous, c'était notre première fois.
08:25Pour les candidats, c'était leur première fois.
08:26Ils étaient dans une forme à la fois d'innocence et de jubilation.
08:31C'est-à-dire qu'ils jubilaient de la notoriété, d'un seul coup, qu'ils avaient, de tout.
08:35En fait, Luana, elle a quand même monté les marches.
08:37Elle a fait plus de couverture que Catherine Deneuve.
08:39Enfin, on parle de ça.
08:40Je pense qu'on était tous pris dans une forme d'euphorie.
08:43Ce qui fait que probablement que le protocole, maintenant, est bien plus suivi,
08:47bien mieux mis en place qu'à l'époque.
08:50C'est une télé-réalité qui change beaucoup de celle qu'on voit maintenant.
08:53C'est-à-dire que c'est une télé-réalité qui était très peu produite.
08:54Par exemple, au confessionnal, on avait le droit juste de poser deux questions.
08:58Comment vas-tu aujourd'hui ? Comment ça se passe ?
09:01C'est tout.
09:02Bonsoir, Luana. Comment te sens-tu ?
09:04Donc, il y avait vraiment très peu d'interactions.
09:06Il y avait quelques jeux, mais très peu.
09:08Il y avait les fameuses fêtes, etc.
09:10Et je pense que moi, c'est ce que j'aimais dans cette forme de télé-réalité.
09:13C'est-à-dire que de l'ennui crée de la conversation.
09:15Et on a vu comme ça toute cette génération de jeunes femmes et de jeunes hommes
09:20qui venaient d'univers extrêmement différents, socioculturellement,
09:22qui d'un seul coup, ont commencé à se parler.
09:24Et il y a une scène comme ça, incroyablement touchante,
09:26où Luana le dit, mais moi, j'ai rien à vous dire.
09:28Moi, je suis pas... J'ai pas voyagé, j'ai pas fait d'études.
09:30J'ai pas fait un dixième de ce que vous avez fait quasiment tous.
09:33En école, qu'est-ce que je te parle de fac ?
09:35Quand vous en parlez, j'ai pas connu.
09:36J'ai arrêté en seconde pour pouvoir aller travailler.
09:38Je travaille dans une boîte de nuit.
09:39Des voyages, j'en ai pas fait.
09:41Je vis dans un 20 mètres carrés avec ma mère.
09:42Tu crois que j'ai envie de m'en vanter ?
09:43Et je trouvais que c'était tellement émouvant, cette scène.
09:47Voilà.
09:48Ça a changé même la manière dont on filme,
09:50la manière dont on fait des interviews.
09:52Ça a mis au cœur de la télévision, quand même, la télé-réalité.
09:57Alors, la télé-réalité, c'est pas uniquement la télé-réalité d'enfermement.
09:59Il peut y avoir une télé-réalité d'aventure,
10:01il peut y avoir une télé-réalité de cuisine, talent show.
10:04Voilà, sous toutes ses formes, c'est très pluriforme.
10:06Et puis, ça a mis aussi en avant toute une génération de jeunes femmes et de jeunes hommes
10:11qui, maintenant, sont extrêmement connues sur les réseaux sociaux et tout ça.
10:17Moi, j'adorerais que le Loft revienne.
10:19Et je pense, peut-être que les candidats, ça ne sera pas leur première fois.
10:22Mais si on ne produit pas trop, ce qu'ils vivront, ça sera une première pour eux.
10:26Et donc, oui, je pense que j'ai aucune info.
10:29Sous-titrage Société Radio-Canada
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