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  • 12 hours ago
Transcript
00:00On en vient maintenant à cette décision historique. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a apporté vendredi son soutien au plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental.
00:08La résolution a été adoptée par 11 voix pour, aucune contre, 3 abstentions et l'Algérie a refusé de participer à ce vote.
00:15Bonjour à vous, Karim Yahyaoui, grand reporter à la rédaction de France 24.
00:19On va d'abord tenter, vous allez tenter de nous expliquer d'abord comment le Maroc est parvenu Ă  cette victoire diplomatique.
00:25Alors le chemin a été long, mais c'est vrai que le Maroc est parvenu à obtenir un succès qui marque sans doute un tournant.
00:34Cette réunion du Conseil de sécurité à l'origine devait permettre de reconduire le mandat de la mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental.
00:44C'est quelque chose qui se fait chaque année depuis 1991.
00:48Mais cette année, le Maroc a senti qu'il avait suffisamment de soutien pour aller plus loin.
00:53Et notamment avec un certain nombre de pays qui siègent au sein du Conseil de sécurité.
00:58On peut citer par exemple la France ou la Grande-Bretagne.
01:03Finalement, on est dans la concrétisation d'une dynamique qui est favorable au Maroc depuis un moment.
01:07Depuis déjà la fin du premier mandat de Donald Trump, lorsque le Maroc avait obtenu un soutien de poids,
01:13les Etats-Unis et notamment Donald Trump avaient reconnu la marocanité du Sahara occidental.
01:19A ce moment-là, le Maroc avait régularisé ses relations, normalisé ses relations avec Israël et intégré les accords d'Abraham.
01:27Depuis, d'autres pays ont boîté le pas aux Etats-Unis.
01:31On peut citer l'Espagne et on se souvient d'une volte-face tout de même étonnante à l'époque.
01:36En tout cas, beaucoup de médias l'avaient largement évoqué comme un retournement de situation déjà majeur.
01:41L'Allemagne, la France, le Royaume-Uni entre autres.
01:44Et donc, cette résolution du Conseil de sécurité est favorable à l'idée d'un plan qui se baserait sur ce qui a été proposé par le roi du Maroc en 2007 à l'ONU.
01:54Alors, le texte initial rédigé par les Etats-Unis était encore plus favorable au Maroc.
02:00Mais la résistance, notamment algérienne, qui n'a pas participé au vote, mais aussi la volonté de désamorcer un éventuel veto des Russes et peut-être des Chinois, ce qui était beaucoup moins probable,
02:11a poussé un peu la diplomatie américaine à jouer un peu sur les mots et à édulcorer le texte.
02:17On parle évidemment d'autonomie sous, en quelque sorte, la responsabilité du Maroc.
02:25Mais on utilise le conditionnel. On explique que cette autonomie pourrait représenter la solution la plus praticable.
02:33Et plusieurs références au droit à la détermination ont été ajoutées à ce texte.
02:38Et puis, les Américains ont consenti aussi que cette mission de l'ONU, qui est là théoriquement pour accompagner en cas de référendum,
02:46et bien reste encore un an, alors que les Américains prévoyaient plutôt trois mois.
02:52On sait l'animosité qu'a Donald Trump pour les agences onusiennes.
02:56Et quant aux Algériens qui n'ont pas participé à ce vote, Karim, comment ont-ils réagi ?
03:01Ils ont toujours la même posture, la même quasiment que depuis une cinquantaine d'années.
03:05Ils font référence au droit international.
03:07Et ils considèrent que, finalement, l'ONU a trahi les principes onusiens en écartant l'organisation d'un référendum libre, juste et équitable.
03:18Ce sont des mots qui sont utilisés, notamment dans les médias algériens,
03:21qui permettraient au peuple sahraoui de choisir librement son avenir.
03:26La position algérienne n'a jamais changé.
03:28Ce qui a changé, c'est que de moins en moins de pays soutenaient cette posture,
03:33qui était une posture parfois d'équilibre, on peut parler de l'Espagne ou de la France,
03:38qui ont toujours joué un jeu d'équilibriste sans véritablement soutenir une partie ou l'autre.
03:44Mais c'est vrai qu'on a le sentiment que là, il y a véritablement un tournant.
03:49Ce qui est aussi notable, c'est que du côté du front polisario,
03:52qui contrôle à peu près 20% de ce Sahara occidental,
03:56alors que le Maroc administre déjà 80%,
03:58eh bien on a laissé la porte ouverte à ce plan d'autonomie marocain,
04:04mais en y ajoutant la nécessité d'organiser un référendum.
04:08Alors pourquoi le Sahara occidental, en tout cas le front polisario,
04:12a douci un peu sa posture ?
04:14Sans doute parce qu'il a eu l'aval d'Alger pour le faire,
04:18et que peut-être du côté de l'Algérie,
04:20on sent que la position est de plus en plus difficile Ă  tenir,
04:23et aussi parce qu'on a eu des menaces américaines,
04:27notamment de Donald Trump,
04:28qui promettait d'inscrire sur la liste des organisations terroristes le front polisario.
04:34Alors on est dans une situation oĂą finalement on a le sentiment
04:37qu'on n'a pas réglé un conflit,
04:40qui est lĂ  depuis 50 ans,
04:42et en même temps un certain nombre de choses ont été mises en place,
04:45et donc on est dans une contradiction.
04:47On voit par exemple que la Cour de justice de l'Union Européenne,
04:50en octobre 2024, explique que le principe d'autodétermination
04:55doit rester au cœur de cette problématique.
04:57L'importance également, je cite,
05:00du consentement du peuple sahraoui,
05:02donc on considère du côté de la Cour de justice de l'Union Européenne
05:06qu'il y a bel et bien un peuple sahraoui,
05:07et en mĂŞme temps on voit tout un tas de pays
05:10qui finalement ont reconnu la nécessité de marcher sur le chemin
05:13qui a été choisi par le Maroc,
05:15qui ont déjà mis en place un certain nombre d'investissements.
05:18L'agence française de développement par exemple
05:20a prévu 150 millions d'euros d'investissements.
05:23On a vu qu'Emmanuel Macron,
05:25lorsqu'il est parti au Maroc en 2024,
05:27était accompagné d'un certain nombre de patrons.
05:30On sait que Engie va développer des projets
05:33du côté du Sahra occidental,
05:35et donc on a le sentiment que le problème n'est pas réglé,
05:37mais qu'un certain nombre de pays ont déjà avancé,
05:40comme si finalement ce n'était que secondaire,
05:44et que les investissements étaient plus importants,
05:47finalement que le statut juridique de cette région.
05:50Alors le problème n'est pas à régler,
05:52et pourtant les Américains,
05:53l'émissaire américain Steve Whitcoff, Karim,
05:55promet de régler le conflit,
05:57il ne parle pas de conflit d'ailleurs,
05:58il parle d'un accord de paix entre l'Algérie et le Maroc en 60 jours.
06:0160 jours pour régler cette situation extrêmement tendue,
06:05il parle d'accord de paix,
06:06les Algériens ont immédiatement rétorqué
06:08que l'Algérie et le Maroc n'étaient nullement en guerre.
06:11Ils ont aussi souligné qu'on met régulièrement en avant
06:14cette question du Sahara occidental,
06:15comme l'épine qui rend les relations complexes entre les deux pays.
06:20Mais les Algériens expliquent qu'avant 1994,
06:26les relations entre les deux pays étaient plutôt apaisées.
06:29D'ailleurs, le Sahara occidental était déjà quelque chose d'extrêmement compliqué,
06:34mais ça n'avait pas interdit,
06:35ça n'avait pas empêché les deux pays d'avoir des relations.
06:37Les Algériens expliquent que ce sont surtout les accusations marocaines
06:42dans les années 90 qui accusaient l'Algérie d'être responsable d'un attentat.
06:48Puis ensuite, plus récemment, les déclarations du côté de l'ONU
06:52où le Maroc a affiché son soutien au MAC,
06:55qui est un mouvement autonomiste cabile
06:57et qui est considéré comme un groupe terroriste en Algérie.
07:01Également l'utilisation d'un logiciel espion développé par Israël
07:04et qui avait permis au Maroc d'écouter un certain nombre de dirigeants de ce monde,
07:08notamment en Europe, mais aussi en Algérie.
07:11Et donc, finalement, les Algériens écartent l'idée que le Sahara occidental
07:15serait finalement ce qui empêcherait le rétablissement des relations entre les deux pays.
07:20Mais clairement, l'Algérie est aujourd'hui sous la pression américaine.
07:24Et d'ailleurs, cette posture du front polisarieux
07:27qui laisse la possibilité d'une évolution favorable
07:31avec ce plan d'autonomie marocaine
07:33est révélatrice du fait que l'Algérie est bien seule aujourd'hui
07:38pour défendre une position qui a toujours été la sienne depuis très longtemps.
07:41On se souvient que l'Algérie se présentait un peu,
07:43ou en tout cas Alger, comme la mecque des révolutionnaires
07:45et le soutien de tous les indépendantistes de tous bords.
07:49Mais aujourd'hui, cette posture est de plus en plus difficile Ă  tenir.
07:52Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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