- il y a 2 jours
 
L'été dernier, les boomers ont été pointés du doigt par celui qui était alors 1er ministre, François Bayrou, qui les accusait d'avoir creusé la dette. 
Les boomers, ce sont ces Français nés après la Seconde Guerre mondiale, jusqu'au milieu des années 1960, et qui ont bénéficié de la dynamique des 30 glorieuses.
Ils ont aujourd'hui entre 62 et 80 ans, et représentent 21,8 % de la population en 2025.
Ces seniors sont-ils des privilégiés ? Les jeunes générations sont-elles les victimes directes de boomers trop dépensiers et vautrés dans leur confort ?
C'est le moment d'entrer dans la controverse.
Sous la forme d'une confrontation empruntée aux exercices d'éloquence des universités anglaises, « Controverse » propose chaque mois un débat contradictoire qui oppose deux points de vue distincts porté par deux intervenants sur des sujets d'actualité, de société ou de géopolitique qui donnent lieu à une controverse et emportent des partisans et des détracteurs.
Alexandre Devecchio, rédacteur en chef au service débats du Figaro, assurera la médiation de ces débats contradictoires et recevra deux invités défendant des positions opposées ou divergentes sur le sujet.
Les intervenants disposeront d'un temps limité et rigoureusement identique, sans interruption, pour développer leur thèse.
Avant que l'échange ne commence, le public donnera sa première opinion sur le sujet posé sous forme de question « pour » ou « contre » ou « oui » ou « non ». À l'issue de la confrontation, le même public votera à nouveau : aura-t-il changé d'avis sur le sujet ?
Une coproduction LCP-Assemblée nationale et Le Figaro TV et en partenariat avec Opinion Square.
Les boomers, ce sont ces Français nés après la Seconde Guerre mondiale, jusqu'au milieu des années 1960, et qui ont bénéficié de la dynamique des 30 glorieuses.
Ils ont aujourd'hui entre 62 et 80 ans, et représentent 21,8 % de la population en 2025.
Ces seniors sont-ils des privilégiés ? Les jeunes générations sont-elles les victimes directes de boomers trop dépensiers et vautrés dans leur confort ?
C'est le moment d'entrer dans la controverse.
Sous la forme d'une confrontation empruntée aux exercices d'éloquence des universités anglaises, « Controverse » propose chaque mois un débat contradictoire qui oppose deux points de vue distincts porté par deux intervenants sur des sujets d'actualité, de société ou de géopolitique qui donnent lieu à une controverse et emportent des partisans et des détracteurs.
Alexandre Devecchio, rédacteur en chef au service débats du Figaro, assurera la médiation de ces débats contradictoires et recevra deux invités défendant des positions opposées ou divergentes sur le sujet.
Les intervenants disposeront d'un temps limité et rigoureusement identique, sans interruption, pour développer leur thèse.
Avant que l'échange ne commence, le public donnera sa première opinion sur le sujet posé sous forme de question « pour » ou « contre » ou « oui » ou « non ». À l'issue de la confrontation, le même public votera à nouveau : aura-t-il changé d'avis sur le sujet ?
Une coproduction LCP-Assemblée nationale et Le Figaro TV et en partenariat avec Opinion Square.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro de Controverse en partenariat avec le Figaro, Opinion Square et Ipsos.
00:07Vous connaissez désormais le principe, pendant une heure, deux personnalités vont s'affronter sur un grand thème d'actualité.
00:13Face à eux, un public en plateau, mais aussi des étudiants en visio depuis l'école de l'INSEC MSC.
00:20Bonjour les étudiants, ils vont écouter, poser des questions et surtout, ils voteront au début et à la fin de l'émission.
00:26Lequel de nos deux invités sera le plus convaincant ? Notre public va-t-il changer son vote ?
00:32Pour le savoir, restez avec nous pour ce nouveau numéro de Controverse. C'est parti !
00:48Et au cœur de notre débat ce mois-ci, les boomers, ces Français âgés de plus de 62 ans.
00:54L'été dernier, ils ont été pointés du doigt par celui qui était alors Premier ministre, François Bayrou, qui les a accusés de creuser la dette.
01:03Le débat est aujourd'hui relancé. Alors que le gouvernement a suspendu la réforme des retraites, on leur reproche de sacrifier les générations futures.
01:12Alors, les boomers ont-ils ruiné la France ?
01:16On en débat tout de suite avec nos invités, Anne-Sophie Alcif et Pascal Bruckner.
01:20Anne-Sophie Alcif, bonjour.
01:22Bonjour.
01:22Ravie de vous recevoir. Vous êtes chef économiste du cabinet d'expertise comptable et de conseil BDO France
01:29et du bureau d'information et de prévision économique.
01:33Vous êtes auteur aussi de La France est-elle exposée aux risques protectionnistes ?
01:38Vous allez plutôt avoir le rôle de procureur aujourd'hui, puisque vous êtes celle qui va critiquer les boomers.
01:45Pascal Bruckner, vous serez l'avocat des boomers aujourd'hui.
01:48Vous êtes philosophe, auteur de nombreux ouvrages.
01:51Le dernier, Je souffre, donc je suis, c'est aux éditions Grasset.
01:56Bon courage pour défendre les seniors sur la sellette.
01:59Avant d'attaquer ce débat, un petit point sur la polémique en images et en graphiques.
02:06En pleine vacances estivale, François Bayrou, alors Premier ministre, lâche une petite bombe sur la dette et les jeunes.
02:14C'est eux qui sont les victimes, c'est eux qui devront payer la dette pendant toute leur vie.
02:18Et on a réussi à leur faire croire qu'il fallait encore l'augmenter.
02:21Vous ne trouvez pas ça génial ?
02:23Tout ça pour le confort de certains partis politiques et pour le confort des boomers, comme on dit,
02:30qui, de ce point de vue-là, considèrent que, ma foi, tout va très bien.
02:36Les boomers, ces présumés coupables, ce sont ces Français nés après la Seconde Guerre mondiale jusqu'au milieu des années 60
02:44et qui ont bénéficié de la dynamique des Trente Glorieuses.
02:47Ils ont aujourd'hui entre 62 et 80 ans, ils représentent près de 22% de la population en 2025, soit plus de 14 millions de personnes.
02:58Après eux, sont arrivées les générations X, Y, Z, Alpha et Beta.
03:06Ces générations, de X à Beta, sont-elles les victimes directes de boomers trop dépensiers et vautrés dans leur confort ?
03:14C'est le moment d'entrer dans la controverse.
03:16Alors, c'est bientôt l'heure du premier vote.
03:19Les boomers ont-ils ruiné la France ? Oui ou non ?
03:22Mais avant, on va prendre le pouls de notre plateau, avec le point de vue de Julienne, je crois.
03:30Où est Julienne ? Bonjour Julienne.
03:32Bonjour.
03:33Bonjour.
03:33Moi, les boomers n'ont pas ruiné la France, parce que ruiné, pour moi, c'est un gros mot.
03:39Moi, je dirais qu'ils ont plus profité d'une situation favorable de cette époque.
03:44Et accuser une génération de la situation économique de la France, pour moi, ce n'est pas mon avis.
03:53Les boomers, pour moi, ils ont plus participé à créer la France moderne d'aujourd'hui.
03:57Merci Julienne.
04:00Françoise, vous avez également un avis sur la question.
04:03Non, pardon, Pauline.
04:03Pauline avant, Françoise.
04:05Allez-y.
04:05Bonjour.
04:06Moi, mon avis serait plutôt que les boomers ont ruiné la France, avec leurs choix,
04:10qui ont beaucoup compromis non seulement l'économie, mais aussi l'écologie,
04:14par conséquent la santé, dont nous payons encore le coût aujourd'hui.
04:16Merci, Pauline, pour cet avis tranché et Françoise, qui est ici.
04:24Bonjour, Françoise.
04:25Bonjour à tous.
04:26Alors, moi, je ne suis absolument pas de l'avis de Pauline.
04:29Pourquoi ? Alors, qui sont les boomers, déjà ?
04:30Les boomers, ce n'est pas une population homogène.
04:32Les boomers, vous avez des chefs d'entreprise, des patrons du 440,
04:36vous avez des patrons de PME et vous avez aussi des femmes de ménage.
04:39Donc, on ne peut pas placer tout le monde sur le même plan, d'accord ?
04:43Ruiner la France, la France n'est pas ruinée.
04:46Elle est très endettée, mais elle n'est pas ruinée, d'accord ?
04:49Le lien de causalité, donc, je ne le vois pas.
04:50Donc, non, les boomers n'ont pas ruiné la France.
04:53Par contre, on peut se poser plein de questions.
04:55Il y a des voies d'amélioration à trouver, bien sûr.
04:57Mais ça, on va sans doute en débattre maintenant.
05:00Mais non, il n'y a pas de problème.
05:01Voilà. J'espère bien qu'on va en débattre avec Pascal Bruckner et Anne-Sophie Alciste.
05:06Mais d'abord, vous allez voter pour donner votre avis.
05:10Peut-être que votre avis changera après le débat.
05:13Donc, je vous propose de prendre vos téléphones.
05:15C'est parti.
05:16Et pendant que vous votez, on va entendre quelques-uns de nos étudiants
05:20à qui on a demandé, juste avant l'émission, ce qu'ils votaient.
05:23Je ne pense pas que les boomers ont ruiné la France parce que je pense que c'est le résultat
05:29de plusieurs décisions politiques, sociales et de crises économiques qui ont conduit à notre situation actuelle.
05:36Ils n'ont pas décidé de naître dans la trentaine glorieuse.
05:40Et il faut avouer que les actions qu'ils ont menées ne sont pas forcément toutes négatives.
05:49Il y a eu des actions qui ont contribué au développement social et économique.
05:55Toutefois, il faut reconnaître également que certaines décisions et certains agissements ont impacté les générations actuelles.
06:05Bien au contraire, ils ont sauvé la France à une certaine époque et que sans eux, on ne serait pas là.
06:12Alors, nous avons déjà le résultat du vote.
06:16Les boomers ont-ils ruiné la France ?
06:19Et sur ce plateau et à l'INSEC, vous êtes seulement 16% à penser que les boomers ont ruiné la France contre 84% qui pensent que non.
06:29C'est le moment pour nos invités d'affûter leurs arguments, surtout pour vous, Anne-Sophie Alsif,
06:35puisque vous avez commencé, vous allez être la première et vous allez défendre l'idée que les boomers, oui, ont ruiné la France.
06:43Je vous invite à passer au grand oral.
06:47Merci, Anne-Sophie Alsif.
06:49Merci beaucoup.
06:50Merci, c'est à vous.
06:52Merci beaucoup.
06:53En effet, je dirais plutôt que les boomers ont ruiné la France, mais surtout ont eu de la chance.
06:57Et en effet, ils ont pu vivre dans une période économique qui était très favorable.
07:02C'est les fameuses 30 glorieuses.
07:04On avait un taux de croissance très important et on était à l'époque d'après-guerre où on devait reconstruire la France.
07:09Donc on avait en effet une industrie qui était naissante, on avait plein de révolutions et on avait surtout un boom économique
07:14qui favorisait bien sûr le développement du pays.
07:17Et donc en effet, cette génération, c'est un petit peu la première qui n'a pas vécu la guerre,
07:21puisqu'on était au début de la construction de l'Union Européenne, la CK avec l'acide aluminium avec l'Allemagne
07:27et puis ensuite le début de le processus de construction de l'Union Européenne pour avoir justement la paix.
07:31Donc en effet, une génération qui connaît la paix et en plus le miracle économique.
07:36Donc c'est pour ça qu'aujourd'hui, on dit, au regard d'aujourd'hui, c'est une génération qui a eu de la chance
07:40puisqu'on voit aujourd'hui, on a beaucoup de crises et puis économiquement, on a des difficultés.
07:45L'autre élément, en effet, au niveau économique, c'est au niveau de choses qui sont assez basiques
07:49et qui aujourd'hui ont un vrai impact, notamment chez les jeunes, comme par exemple le logement.
07:53En effet, on était aussi dans une période où il y avait de l'inflation
07:55et donc c'était beaucoup plus facile d'accéder à la propriété, au logement,
07:59puisque grâce à l'inflation, eh bien en fait, c'était beaucoup plus facile,
08:03même quand vous n'aviez pas de somme d'argent, quand vous étiez primo-accédant d'avoir un logement.
08:07Donc c'était vraiment une accession qui était promesse, on va dire, de développement économique,
08:13d'ascension sociale qui était importante.
08:15Et donc ce coût du logement ne gréait pas autant votre pouvoir d'achat
08:18ou en tout cas la manière de vous projeter.
08:20Bien sûr, le taux de chômage, on était en plein emploi,
08:22donc pour les jeunes aujourd'hui, le taux de chômage est à 19%.
08:25Là, il n'y avait pas ce chômage-là puisqu'il y avait une très forte demande.
08:28Et puis la réindustrialisation, on devait construire des industries,
08:31on était en plein plan Marshall, on avait l'argent des Américains
08:34et donc là aussi, il y avait un boom au niveau économique.
08:38On demandait beaucoup de travailleurs, il y avait vraiment une très forte demande de travail.
08:42La transition écologique, c'est vrai qu'on entend les interrogations,
08:45mais à cette période-là, ce n'était même pas une question
08:47puisqu'on avait très peu d'études, très peu de chiffres dessus
08:50et donc ce n'était pas une question qui était présente,
08:53en tout cas sur cette croissance économique.
08:55Donc encore une fois, c'était vraiment un contexte qui était très favorable
08:59et qui a permis à cette génération d'être une des générations les plus riches,
09:02notamment par rapport à leurs ancêtres,
09:05et d'avoir vraiment accès à une émancipation
09:07qui n'était pas seulement économique, mais qui était également sociale.
09:10Donc à mon sens, on peut dire que c'est bien.
09:12Maintenant, aujourd'hui, quelle est la difficulté une fois qu'on en a dit tout ça ?
09:15Eh bien aujourd'hui, en effet, on a une situation très différente
09:17où on voit la démographie beaucoup moins importante.
09:20Baisse des naissances, on a ce problème en effet démographique
09:24qui va vraiment avoir un impact sur les gains de productivité
09:27et donc sur la croissance future.
09:29Et on a des problèmes économiques importants,
09:31désindustrialisation, problèmes de protectionnisme,
09:34troubles économiques, même si à l'époque des boomers,
09:37il y avait d'autres troubles, notamment avec la guerre froide.
09:39Donc on a en effet de nouveaux troubles,
09:41mais surtout on a une croissance économique qui est beaucoup moins dynamique.
09:43C'est beaucoup plus facile de se procher quand on a 5% de croissance
09:46que quand on est quasiment à 0,5.
09:48Et donc c'est ça en fait le sujet.
09:50Et aujourd'hui, je pense que pourquoi on a cette question de ruiner les boomers ?
09:53En effet, on a accumulé une dette publique très importante.
09:57Pourquoi ? Parce que demain, si finalement on avait 5% de croissance à long terme,
10:00on n'aurait pas assez de discussion.
10:01Le problème, c'est qu'on n'aura pas assez de croissance,
10:03on a beaucoup moins de démographie et on n'a plus d'industrie.
10:06Donc il va falloir financer en plus,
10:08avec cette nouvelle génération, de nouvelles transitions,
10:11notamment transitions écologiques qui vont coûter des milliards et des milliards,
10:14transitions technologiques également avec l'intelligence artificielle.
10:17Et donc on a des besoins de financement colossaux.
10:20Le problème, c'est qu'en effet, on est très endettés,
10:22puisqu'en effet, on a financé ce modèle social.
10:25On s'est endettés pour avoir justement ce miracle économique.
10:28Et de l'autre côté, on a une croissance qui est beaucoup plus faible.
10:30Donc la question, c'est comment on va trouver cet argent nécessaire
10:33pour que les nouvelles générations aient le même mode de vie que leurs ancêtres.
10:38Et c'est ça, en fait, la difficulté.
10:39Dans un contexte, on l'a dit, il faut beaucoup, beaucoup, beaucoup d'investissement.
10:42Et pourquoi, à mon sens, le Premier ministre, François Bayrou, a dit
10:45voilà, les boomers ont ruiné la France ?
10:49C'est vraiment au niveau de la perspective.
10:51Quand, en effet, vous avez aujourd'hui cette clajac de boomers
10:53qui représentent 20% de la population et qui votent massivement,
10:56le problème, c'est que tous les sujets politiques tournent autour de ces boomers.
11:00C'est-à-dire, c'est la retraite, c'est la dépendance
11:03et c'est tout à fait légitime, mais il n'y a pas de sujet là-dessus.
11:05Par contre, il y a beaucoup moins de débats sur l'investissement productif,
11:09la mobilisation de l'épargne, l'investissement dans l'IA,
11:11l'investissement dans la transition et tous les champs d'avenir sur 30 à 40 ans
11:14où c'est aujourd'hui, quand on va investir, qu'on aura demain,
11:18eh bien, on va dire, les conséquences de notre investissement.
11:21Mais il faut commencer maintenant.
11:22Et donc, finalement, on est dans un débat un peu du passé
11:25parce qu'en effet, cette catégorie est importante dans la population
11:28et surtout, vote, vote et vote, j'insiste.
11:31Et donc, ce que l'on fait, on le voit quand on a eu l'indexation des retraites,
11:34on voit que l'indexation des retraites, économiquement, ça s'est traduit par quoi ?
11:38Par un taux d'épargne qui a explosé.
11:40Ça ne s'est pas traduit par l'investissement.
11:42Ça ne s'est pas traduit par je vais financer le Airbus de demain,
11:44je vais financer le bateau à hydrogène,
11:46je vais financer l'IA pour mes petits-enfants.
11:48De l'épargne ou du financement de l'immobilier.
11:51Ce qui est important.
11:52Le problème, c'est qu'en face de nous, on a des pays comme les États-Unis,
11:55on a des pays comme la Chine,
11:56qui, eux, investissent des centaines et des centaines de milliards vers le futur.
12:00Donc, à mon sens, c'est ça la question.
12:03Les boomers ont-ils ruiné la France ?
12:06Peut-être qu'en effet, aujourd'hui, on a une dette qui est importante,
12:09mais encore une fois, c'est juste parce qu'ils ont eu de la chance
12:10vu qu'ils étaient à la bonne époque.
12:12Mais comment faire que ces boomers permettent de financer l'avenir ?
12:16Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plutôt eux
12:18qui ont des moyens financiers et économiques dont le pays a besoin.
12:22Anne-Sophie Alcif, merci pour cet exposé.
12:26On va laisser Pascal Brutner prendre la parole et défendre les boomers.
12:34Pascal Brutner, les boomers n'ont pas ruiné la France.
12:37Non, d'ailleurs, Anne-Sophie vient de le dire.
12:40Enfin, elle l'a dit autrement.
12:42C'est-à-dire qu'on a eu une position temporelle extraordinaire dans le siècle.
12:46On est la seule génération qui n'a pas connu la guerre par rapport à nos parents, nos grands-parents,
12:52même si les générations d'aujourd'hui ne sont pas sous le feu d'un ennemi.
12:56Là, il y a la guerre en Europe, mais il n'y a pas la guerre ailleurs.
12:59Et moi, je dirais d'abord que les boomers n'ont pas ruiné la France, ils l'ont relevé.
13:04C'est-à-dire que la France était en ruine, évidemment.
13:08Pour nous, c'est des... Enfin, pour vous, c'est des images d'histoire.
13:13Mais jusque mes cinq ou six ans, on avait des tickets de rationnement, la viande était rare.
13:21On allait en Suisse pour acheter du chocolat.
13:23C'est toute chose qu'on oublie parce que ça paraît tellement désuet ou archaïque.
13:28Mais il y avait un élan.
13:32Et moi, je me demande si le problème, d'ailleurs, il n'est pas plus moral qu'économique.
13:40Alors d'abord, il faut rappeler que le revenu des boomers était de 40% inférieur à ce qu'il est aujourd'hui pour les jeunes générations.
13:49Le patrimoine était de 1650 milliards des Français en 1980.
13:58Il est de 16 000 milliards aujourd'hui.
14:01Donc, ça fait une moyenne de 450 000 euros par ménage, étant entendu que tous les Français n'ont pas la même situation.
14:09Mais qu'est-ce qui caractérise cette génération de ceux qui ont aujourd'hui 62 et plus ?
14:15D'abord, elle était dure au travail.
14:18Ça, on l'a oublié parce qu'il y a eu cette loi que je juge épouvantable, et respectivement, des 35 heures,
14:23qui, à mon avis, a mis la France à plat, notamment à l'hôpital et dans un certain nombre d'administrations.
14:29On a cru, sous l'effet d'une sorte d'euphorie idéologique, que le travail était une valeur qui allait disparaître.
14:36Bon, le débat est toujours là.
14:37Il y a vraiment deux gauches aujourd'hui.
14:39Une gauche qui pense que le travail transforme l'homme et le monde.
14:42Et une autre qui pense que c'est une aléination.
14:43Mais on remarque que toutes les nations qui réussissent, la Chine, l'Inde, les États-Unis,
14:49sont des nations où le travail est une valeur fondamentale.
14:53Donc, d'abord, les gens travaillaient beaucoup.
14:56Les gens se plaignaient beaucoup moins qu'aujourd'hui.
15:01Tout simplement parce que l'endurance et l'épreuve faisaient partie du paysage idéologique normal.
15:06On avait traversé la guerre et tout le monde avait souffert.
15:11Et donc, les difficultés n'étaient pas vues comme des anomalies, mais comme des étapes nécessaires sur le chemin de la vie.
15:20Tout le monde avait plus ou moins des épreuves à traverser.
15:26Et autre chose aussi, la génération des boomers, selon moi, elle peut quand même être accusée sur un plan moral.
15:36Et là, il faudrait distinguer les boomers des 68ards.
15:39Alors, mai 68, moi, je trouve que ça a été un moment assez extraordinaire de respiration.
15:44La France s'est ouverte au monde et a desserré l'étau que la pression d'un catholicisme rigoureux
15:53et d'une droite gaulliste très moralisatrice faisait peser sur les esprits.
16:00Mais ma génération a bénéficié d'un atout que nous n'avons pas su vous transmettre.
16:05Et là, je plaide coupable pour mon matricule,
16:09c'est-à-dire la valeur de l'éducation et du travail scolaire.
16:15À partir de 1970, donc après les événements,
16:18il y a les premières réformes, réformes à Bible,
16:20où petit à petit, l'enseignement se déplace des matières,
16:25algèbre, mathématiques, géographie, économie, à l'élève.
16:29Et donc, l'élève vient au centre du système.
16:32Et c'est les premières théories qui viennent des pays anglo-saxons,
16:36mais qu'on a aussi en France, notamment sous l'influence de Bourdieu,
16:39selon lesquelles l'école est le lieu d'une oppression fondamentale.
16:44C'est-à-dire que le maître, l'enseignant ou l'enseignante,
16:47opprime l'élève et il lui inculque des notions qui sont inutiles.
16:53Et tout ça est fait au nom de l'égalité.
16:56Et c'est là qu'on voit, petit à petit,
16:59que le niveau commence à baisser.
17:03Et c'est ce qu'on constate aujourd'hui.
17:05Le premier qu'il a remarqué,
17:07c'était l'ancien ministre de l'Éducation, Jean-Pierre Chevènement.
17:10Je ne sais plus, c'était au début du siècle ou à la fin du siècle dernier,
17:13quand il a remarqué que dans l'épreuve des trois jours,
17:17alors ça, je vous replace pour les jeunes gens,
17:20les trois jours, c'était le test que devaient passer les garçons
17:24pour savoir s'ils étaient aptes au service militaire ou non.
17:27Donc c'était avant que Chirac abolisse le service militaire.
17:30Et Jean-Pierre Chevènement avait remarqué
17:32que presque la moitié des candidats
17:36ne savaient pas écrire leur nom
17:37et ne savaient pas lire les formulaires.
17:39Et donc il s'est dit, il y a quand même un problème avec l'éducation.
17:42Et aujourd'hui, on sait qu'à l'université,
17:44lorsque vous accédez en première année,
17:46les professeurs sont souvent étonnés aussi
17:48par la faiblesse orthographique
17:50des étudiants et des étudiantes.
17:54Et donc,
17:54mai 68,
17:56dans les effets néfastes qu'il a eus,
17:58il en a eu beaucoup,
18:01a requis
18:03de chaque citoyen
18:05qu'il minimise ses efforts
18:06pour maximiser son plaisir.
18:08Il ne faut pas oublier que le grand mot d'ordre
18:10de mai 68,
18:11c'était
18:11« vivre sans temps mort et jouir sans entrave ».
18:14Un mot d'ordre qu'on peut contester,
18:16même si c'est très séduisant
18:17quand on a 20 ans.
18:18C'est vrai qu'il n'a pas envie
18:19de jouir sans entrave,
18:20mais je ne suis pas sûr
18:20que l'on construise une vie d'homme ou de femme
18:22sur ce seul principe.
18:24Et à partir de là,
18:26on voit bien que dans le domaine de l'éducation,
18:28la France s'est scindée en deux parties
18:31et l'élection au prix Nobel,
18:35enfin plutôt la nomination au prix Nobel
18:37de Philippe Aguillon
18:37le souligne bien
18:39puisque lui-même en a bien parlé.
18:41On voit que dans les classements PISA,
18:43alors ça,
18:43ça vous concerne directement,
18:45il y a un décrochage,
18:47c'est-à-dire qu'il y a des élites économiques,
18:49mathématiques, littéraires ou autres,
18:52qui sont en tête
18:53et qui rivalisent
18:54avec toutes les élites du monde entier.
18:55Et puis, il y a une masse d'élèves
19:00ou d'étudiants
19:01qui stagnent,
19:02qui a du mal,
19:03qui ne peut pas arriver
19:07à acquérir les fondamentaux
19:08et qui donc se séparent irrésistiblement.
19:12Et donc, il y a vraiment deux Frances
19:13qui se décident
19:14et à mon avis,
19:16si l'on veut accuser les boomers
19:19et on a le droit de le faire
19:20et on peut le faire,
19:22ce serait d'avoir peut-être été trop libéraux
19:24dans l'éducation
19:25qu'ils ont prodigué à leurs enfants.
19:27Moi, j'ai eu un fils en 70
19:28et une fille en 96.
19:31Entre les deux,
19:32je suis devenu un père
19:33et à l'un,
19:35j'ai dit
19:36fais ce qui te plaît
19:37et ça ne l'a pas aidé
19:38et à l'autre,
19:39j'ai donné une éducation
19:40avec des critères,
19:41des valeurs
19:42et des interdits.
19:43Et donc voilà,
19:45je peux être coupable
19:45sur ce seul plan.
19:46Merci Pascal Bruckner,
19:49Anne-Sophie,
19:49vous pouvez rejoindre Pascal Bruckner
19:52et on va,
19:54avant de vous laisser échanger
19:55et débattre tous les deux,
19:57Pascal Bruckner et Anne-Sophie Alciep,
19:59on va passer aux questions du public.
20:02Je crois que vous êtes plusieurs
20:03à vouloir réagir
20:04après ces deux interventions,
20:07notamment Souleymane.
20:08Bonjour Souleymane.
20:09Bonjour,
20:10je me présente,
20:11Souleymane Damouche,
20:13en Master Management,
20:14Conseil Stratégie et Entreprise
20:15de l'école l'INSEC.
20:17J'avais une petite question.
20:19Si la France va si bien,
20:21pourquoi les jeunes héritent
20:24surtout des dettes ?
20:26Voilà ma question.
20:27Quand on fait un petit peu le bilan,
20:28qu'est-ce qu'on voit ?
20:28On a en effet ces baby-boomers
20:30qui ont cette place
20:30dans la société française
20:31et on a toutes ces challenges
20:33à financer.
20:35Comment on fait ?
20:35Parce que l'idée,
20:36c'est de proposer des solutions.
20:37On a énormément d'épargne
20:38et là, en effet,
20:39la majorité de cette épargne
20:40est détenue par ces boomers.
20:42Et la majorité de cette épargne,
20:44elle est investie où ?
20:44Je l'ai dit,
20:45dans des bons du trésor,
20:46dans de l'assurance-vie,
20:47qui finance beaucoup de choses
20:48en Europe, très bien,
20:50mais pas forcément
20:51dans des investissements d'avenir.
20:52Et souvent,
20:53plus vous allez proposer
20:54des placements
20:55qui sont plus risqués,
20:57certes,
20:57qui rapportent plus,
20:58mais qui sont plus risqués,
20:59et bien là,
20:59quand vous avez une population
21:00plus vieillissante,
21:01vous avez une aversion
21:02qui est plus grande.
21:03Donc en effet,
21:03on préfère investir
21:04dans l'immobilier
21:05plutôt que dans une action,
21:07entre guillemets,
21:07on va comparer aux Américains,
21:09dans Apple ou Google.
21:10Et donc finalement,
21:11le capital produit
21:12à moyen et long terme,
21:13alors qu'on a beaucoup plus
21:13d'épargne,
21:14par exemple,
21:14que les États-Unis,
21:15sera beaucoup plus faible.
21:17Et donc en fait,
21:17le problème,
21:18ce n'est pas forcément
21:18la situation statique,
21:20mais c'est la prévision
21:21et la trajectoire.
21:22On dit qu'il y aura
21:23un problème en effet
21:23de financement des retraites
21:24parce qu'on n'a pas
21:25assez d'actifs
21:26par rapport au nombre
21:27de retraités.
21:28C'est le cas
21:28dans plein de pays.
21:29Beaucoup de pays
21:30font l'immigration.
21:31Là, en effet,
21:32une partie de cette population
21:33n'est pas forcément favorable
21:34à l'immigration.
21:36Donc,
21:36cette piste,
21:37on ne va pas la prendre
21:37politiquement
21:38parce que,
21:39voilà,
21:40ce n'est pas apprécié.
21:41On regarde au niveau
21:42de nos dépenses,
21:43les retraites,
21:43c'est 400 milliards,
21:44un tiers du budget de l'État.
21:46On voit les deux derniers budgets,
21:47qu'est-ce qu'on a sacrifié ?
21:49L'éducation,
21:50l'innovation
21:50et la transition écologique.
21:52Donc,
21:52à mon sens,
21:53ce n'est pas un reproche
21:53dont ils ont ruiné la France,
21:55mais c'est peut-être plus de dire
21:56voilà la situation,
21:57il faut trouver des solutions,
21:58peut-être,
21:59en effet,
21:59l'immigration,
22:00avoir une épargne
22:01qui soit plus productive,
22:02avoir plus d'aversions aux risques.
22:03Est-ce que la solution,
22:04on sait que le...
22:06C'est ça,
22:06un petit peu,
22:07je pense qu'il peut créer
22:07du ressentiment.
22:08Oui,
22:08mais un tiers du salaire brut
22:09des actifs
22:10va aux cotisations vieillasses
22:12que la solution,
22:13ce n'est pas de les faire payer,
22:15les faire participer
22:16à les faire au national.
22:18Est-ce qu'il était
22:19un peu la solution
22:20de François Bayrou ?
22:21Exactement.
22:21Là aussi,
22:22à mon sens,
22:22c'est là où on se trompe
22:23et on l'a très bien dit,
22:25il n'y a pas une catégorie
22:26de boomers.
22:26Il y a des boomers riches
22:27et des boomers pauvres,
22:28comme des actifs riches,
22:29comme des actifs pauvres,
22:33justes et efficientes.
22:34Le but,
22:35c'est en effet,
22:35peut-être certains boomers
22:36qui aujourd'hui
22:37ont en effet énormément d'épargnes,
22:39beaucoup de patrimoine immobilier,
22:40eh bien,
22:41être plus à contribution
22:42par contre ceux,
22:43en effet,
22:43qui ont une pension
22:44à 800 euros par mois
22:45et qui n'ont pas
22:45de patrimoine financier,
22:47bah non.
22:47Mais à ce moment-là,
22:48c'est plus un problème d'équité
22:49que vraiment de boomers.
22:51Merci, Anne-Sophie Althiff.
22:52On a une question de Marvin,
22:55une question qui nous vient
22:56de l'INSEC,
22:57il est en visio avec nous.
22:58Bonjour.
22:59Alors, Pascal,
23:00j'ai une petite question.
23:01Est-ce que vous ressentez
23:02une responsabilité vis-à-vis
23:04des générations futures ?
23:06Donc, la mienne.
23:07Je réponds.
23:07Oui, Pascal,
23:08je crois que ça s'adresse à vous.
23:10C'est une responsabilité naturelle,
23:12d'abord envers mes enfants,
23:14mes petits-enfants,
23:15et on se sent responsable du monde,
23:17forcément,
23:17surtout quand on arrive
23:18à la fin de son existence.
23:21Mais responsabilité
23:24n'est pas culpabilité.
23:25Voilà, je pense
23:25qu'il faut distinguer les autres
23:27et on a envie d'aider son pays
23:29du mieux qu'on le peut.
23:30Alors, pour reprendre
23:32la question qui avait été posée
23:33au départ,
23:36vous avez dit
23:37qu'on hérite des dettes,
23:38mais vous héritez aussi
23:38d'un état de fait
23:39dont vous ne vous rendez pas compte,
23:41c'est-à-dire que
23:41les progrès effectués
23:43depuis 50 ans en France
23:45sont extraordinaires.
23:46La médecine,
23:47allongement de la durée de vie
23:48dont vous bénéficierez un jour,
23:50les transports,
23:52la qualité de l'alimentation,
23:55l'écologie aussi,
23:55parce que,
23:56pour répondre à ce que vous disiez
23:57tout à l'heure,
23:58je peux vous dire que Paris,
24:00dans les années 60-70,
24:02c'était une porcherie,
24:03c'était une ville suffocante,
24:04sale, sans arbres,
24:06et ce qui a été fait depuis
24:07est quand même assez extraordinaire.
24:08Alors, je ne dis pas
24:08que c'est propre aujourd'hui,
24:09ça, c'est un autre débat.
24:11Mais, quand même,
24:13il y a eu une amélioration
24:14et puis,
24:16c'est pendant notre génération
24:19que les premières prises
24:22de conscience écologiques
24:23ont eu lieu.
24:25René Dumont,
24:26en 1974,
24:27qui a fait la première campagne écologique,
24:29c'était le premier vert
24:30qui avertissait sur les dangers
24:31de la circulation,
24:33sur l'effondrement des sols,
24:36sur la pollution,
24:38et aussi un livre
24:39qui a beaucoup marqué
24:40le mouvement vert,
24:42c'est le principe responsabilité
24:43de Hans Jonas,
24:44paru en 1970 en Allemagne,
24:46et qui a irrigué
24:47toute la réflexion écologique.
24:49Donc, le réchauffement climatique
24:50n'existait pas,
24:52mais, en tout cas,
24:53l'idée est arrivée
24:55à ce moment-là.
24:56Alors, comment faire participer
24:57les actifs ?
24:58Est-ce qu'on peut désindexer
24:59les retraites ?
24:59Moi, ça ne me dérange pas,
25:00de toute façon,
25:00ma retraite est tellement misérable
25:02que je suis heureux
25:03de travailler à côté,
25:04mais je pense qu'une des pistes
25:06pour aller dans le sens
25:07de ce qu'on disait,
25:09de ce que disait Anne-Sophie,
25:10c'est que moi,
25:10je suis pour que les retraités
25:12travaillent aussi longtemps
25:14qu'ils le peuvent.
25:14sur le modèle du Japon,
25:16sur le modèle des Etats-Unis,
25:17de l'Angleterre.
25:18Moi, je suis toujours frappé
25:19quand je vais en Amérique
25:20de voir des mamies
25:21aux cheveux roses ou verts
25:23qui servent dans les bars,
25:25qui servent au restaurant,
25:26et quand vous leur demandez
25:27mais pourquoi vous travaillez ?
25:28Elle dit, d'abord,
25:29j'ai besoin d'argent,
25:29et deux,
25:30travailler pour moi,
25:31c'est rencontrer des gens,
25:32sinon je meurs d'ennuis chez moi.
25:34Et j'écoutais à la radio
25:35une statistique
25:37qui m'a fait froid dans le dos,
25:39750 000 personnes âgées
25:41meurent de solitude en France.
25:42C'est-à-dire qu'ils sont littéralement
25:44totalement isolés
25:46dans leur appartement.
25:47Et donc,
25:48le retour au travail
25:49des volontaires,
25:50bien entendu,
25:51il ne s'agit pas de forcer les gens,
25:54serait une bonne manière,
25:55à mon avis,
25:56d'alléger la dette morale
25:59des seniors.
26:00On a une autre question
26:02dans le public, je crois.
26:04Bonjour, je me présente,
26:05je suis Célia Zedadji,
26:07étudiante à l'INSEC MSC.
26:08Moi, j'avais une question
26:09pour vous, monsieur,
26:10dont votre avis m'intéresse énormément.
26:12Est-ce que ce ne sont pas plutôt
26:13les boomers
26:14qui pensent que ce sont
26:16les nouvelles générations
26:17qui ont ou vont ruiner la France ?
26:21Qui ont ruiner la France ?
26:22Non, on ne peut pas penser ça
26:24puisque les jeunes générations
26:25n'ont eu pour l'instant
26:26aucun rôle.
26:27Non, ce qui a ruiné la France,
26:28à mon sens,
26:29c'est un certain nombre
26:30de politiques
26:31menées depuis 1981,
26:34puisqu'on sait que c'est à peu près
26:35la date
26:36à partir de laquelle
26:37la dette française
26:38s'est considérablement alourdie.
26:391974, oui,
26:41donc c'est Giscard d'Estaing.
26:43Et depuis,
26:44chaque président,
26:46qu'il soit de droite
26:46ou de gauche,
26:47car sur ce plan-là,
26:48malheureusement,
26:49c'est la même chose,
26:50n'a fait que creuser
26:51un peu plus le fossé.
26:53Et aujourd'hui,
26:55je ne voudrais pas
26:57que les jeunes générations
26:58désespèrent
26:58parce que,
26:59comme l'a dit Anne-Sophie,
27:00la France est très riche.
27:01C'est un pays
27:02potentiellement richissime.
27:04Nous avons un Badelen.
27:05Si on a lu Balzac,
27:06on sait très bien
27:07ce que ça veut dire
27:07puisque ça a été
27:09le grand écrivain
27:09de la finance,
27:10mais il faut mettre
27:11cette épargne
27:12qui est effectivement
27:12abondante
27:13au service de l'investissement.
27:15Un pays qui n'investit pas
27:16est un pays qui meurt.
27:18Et j'enrage
27:18de voir
27:19effectivement
27:20tous nos politiques
27:21laisser notre pays
27:23à l'abandon
27:25et devenir la risée
27:26de toute l'Europe
27:27alors que nous avons
27:28les moyens
27:29et les talents
27:29de le hisser
27:31au premier plan.
27:33Et j'enrage aussi
27:33de voir tant
27:34de jeunes diplômés
27:35dans les sciences,
27:36dans la physique,
27:37dans la recherche,
27:38en médecine
27:39ou autre,
27:40choisir de partir
27:41à l'étranger
27:42parce qu'ici,
27:44ils n'ont pas d'avenir,
27:45parce que les salaires
27:45sont trop bas
27:46et qu'ils se disent
27:47ailleurs,
27:48je serai mieux accueilli
27:49et au moins,
27:51on m'aidera
27:52à faire des recherches
27:53conséquentes.
27:54Ça, c'est vraiment
27:54la mort de l'avenir
27:56pour un grand pays.
27:57Nous allons prendre
27:58le pouls des Français.
28:00Qui sont vraiment
28:01ces baby-boomers ?
28:02Comment sont-ils perçus
28:03par les jeunes ?
28:04Y a-t-il vraiment
28:05une guerre générationnelle ?
28:06On accueille Christelle
28:07Craplet
28:08de l'Institut Upsos.
28:10Christelle,
28:11qui sont ces boomers ?
28:12Alors déjà,
28:13c'est une population
28:14hétérogène.
28:15Les situations
28:16en termes de famille,
28:17situations sociales
28:18sont assez différentes.
28:20Certains sont encore actifs,
28:21d'autres peuvent être
28:21en situation de différence.
28:23de dépendance.
28:25Derrière ce terme
28:26de baby-boomer,
28:27il y a une grande diversité
28:28de trajectoires,
28:30de convictions
28:30et de comportements.
28:32Et eux-mêmes,
28:32en fait,
28:33ne se voient pas forcément
28:34comme un bloc homogène.
28:36Ils sont, par exemple,
28:37seulement 11%
28:38à être tout à fait d'accord
28:39avec l'idée
28:40qu'ils partageraient
28:41beaucoup de choses en commun
28:42avec les gens
28:42de leur génération.
28:43On dit souvent
28:44que c'est une génération
28:45privilégiée.
28:47Est-ce qu'elle est prête
28:48à faire des efforts
28:50pour le reste de la société ?
28:51Qu'est-ce que disent
28:52vos chiffres ?
28:53Alors,
28:53on a plusieurs éléments
28:54à cet égard.
28:55Ce qui est sûr,
28:56c'est qu'ils ont tendance
28:57à plébisciter des mesures
28:58qui ne les concernent pas
28:59forcément directement,
29:00notamment celles
29:01sur le travail.
29:03Par exemple,
29:04si on prend les 75 ans
29:05et plus,
29:05les deux tiers
29:06nous disent
29:07que les Français
29:07devraient travailler davantage.
29:09Et ça,
29:09c'est 25 points
29:10de plus que la moyenne.
29:11Donc,
29:12dès qu'il y a des mesures
29:13en faveur du travail,
29:14ils ont tendance
29:15à les plébisciter
29:15sans être forcément
29:16concernés directement.
29:18Et puis,
29:18quand on parle là
29:19spécifiquement
29:20de la baisse
29:20du déficit public,
29:22quelle génération
29:23devrait mettre
29:24à contribution ?
29:25Alors là,
29:25c'est assez éloquent
29:26puisqu'on n'a pas
29:26un seul senior
29:27qui considère
29:28qu'il faudrait surtout
29:29faire travailler,
29:31enfin mettre à contribution
29:31les retraités.
29:33Ils sont 0%.
29:34Mais à cet égard,
29:35en fait,
29:36ils ne sont pas tellement
29:36différents des Français
29:37puisque 4% seulement
29:39des Français
29:39ciblent les retraités
29:40comme contributeurs
29:42essentiels
29:43de la baisse
29:43des déficits publics.
29:44Comme si finalement,
29:45il y avait dans la population
29:46française le sentiment
29:47que cette génération
29:48était peut-être aussi
29:49à préserver
29:50et ne pas forcément
29:50à attaquer.
29:52Alors oui,
29:52si les Français
29:54portent un regard
29:55bienveillant
29:55sur cette génération,
29:57comment les boomers,
29:58eux,
29:58voient les jeunes ?
29:59Alors,
30:00deux éléments
30:00sur ce sujet.
30:02C'est vrai
30:03qu'ils ont tendance
30:03à penser
30:04qu'ils ont un peu plus
30:05donné que les jeunes.
30:07Ils sont par exemple
30:0755% à dire
30:08que leur génération,
30:10elle travaille plus,
30:11elle se donne plus
30:12la peine d'essayer
30:13que d'autres générations.
30:14Mais il ne faudrait pas
30:15non plus penser
30:16que les boomers
30:17sont dans une tour d'ivoire
30:19et ne s'inquiètent pas
30:19du tout
30:20des plus jeunes.
30:21Au contraire,
30:22ils sont 72%
30:24à se dire inquiets
30:25pour l'avenir
30:26de leurs enfants,
30:27pour l'avenir
30:27des futures générations.
30:29Ils sont 51%
30:30aussi à reconnaître
30:31que leur situation,
30:33la situation de leurs enfants
30:34sera sans doute
30:35moins facile
30:35que la leur.
30:37Et puis,
30:37si on parle un peu
30:38de la planète,
30:39ils sont tout aussi inquiets
30:40que les plus jeunes
30:41à l'égard
30:42de la préservation
30:42de l'environnement.
30:43Merci beaucoup Christelle
30:45pour tous ces éléments
30:46qui vont nous aider
30:47à nous positionner
30:49sur le sujet.
30:51Alors,
30:51on va passer au débat.
30:52Revenons aux propos
30:53du Premier ministre
30:54François Bayrou
30:55qui vous a accusé,
30:56enfin qui a accusé
30:57les boomers
30:58d'être privilégiés.
30:59Est-ce que vous avez
30:59l'impression d'être
31:00privilégié,
31:00Pascal Bruckner ?
31:01Oui,
31:02tout à fait.
31:02Je suis privilégié
31:03parce que j'ai moi-même
31:04créé mon privilège.
31:06C'est-à-dire que
31:06je suis écrivain,
31:08j'ai eu la chance
31:08d'avoir du succès,
31:09j'ai eu la chance
31:10d'exercer un métier
31:10que j'adore.
31:11Donc pour moi,
31:11c'est un privilège
31:12qui n'est pas matériel
31:14mais qui est immatériel
31:15et qui est immense
31:16même si je ne roule
31:17pas sur l'or.
31:19Mais effectivement,
31:20je suis privilégié
31:21parce que j'appartiens
31:22à cette génération
31:23qui a connu les trois P,
31:24la prospérité,
31:25la paix,
31:25le plein emploi.
31:26Et c'est vrai
31:26que quand j'avais 20 ans
31:27et que je voulais
31:28financer mes études,
31:29je trouvais du travail
31:30en 24 heures.
31:32Aujourd'hui,
31:32il faudrait
31:33beaucoup plus.
31:35mais le prof d'un privilège
31:39c'est qu'on a envie
31:39de transmettre,
31:40on n'a pas envie
31:40de le garder pour soi,
31:41on a envie
31:42que les jeunes générations
31:42aussi en bénéficient.
31:44Et toute la difficulté,
31:47c'est de faire
31:49que cet héritage
31:50soit porté
31:53par les jeunes gens.
31:56Et souvent,
31:57il me semble
31:57que l'obstacle
31:59qu'il y a
32:00entre nous,
32:02les boomers
32:03et les gens
32:04qui ont entre 15
32:06et 30 ans,
32:07c'est souvent
32:07un obstacle de langage.
32:09C'est-à-dire
32:09que nous ne parlons
32:10plus la même langue.
32:11Et parfois,
32:11je me dis
32:12qu'il faudrait
32:12des GPS
32:13de traduction générationnelle
32:15pour que nous puissions
32:16nous comprendre
32:17les uns les autres.
32:19Mais en réalité,
32:19quand il y a
32:20un seul domaine
32:20dans lequel tout le monde
32:21se comprend très facilement
32:22et dans le monde entier,
32:23c'est l'argent.
32:24Quand les jeunes gens
32:26ne trouvent pas
32:27des loyers
32:29à prix modéré,
32:30quand les jeunes gens
32:30n'arrivent pas
32:31à acheter
32:32ou à financer
32:32un appartement
32:33parce que je pense
32:33que l'accès
32:34à la propriété,
32:35c'est fondamental
32:36quand on commence
32:37une vie.
32:38Est-ce qu'il y a
32:38Anne-Sophie Alcives
32:39qui n'a pas malgré tout
32:40une forme d'inégalité
32:42générationnelle ?
32:43Souvenons-nous
32:46pour l'anecdote
32:46quand il y avait
32:47Claude-François
32:47ou Lévis,
32:48les parents disaient
32:49quels sont ces chauvages
32:50et on ne comprend pas
32:51ces jeunes.
32:52Donc c'est vrai
32:52que très souvent,
32:53on a tendance
32:53à répéter.
32:54Quand on regarde
32:55d'une manière
32:55plus financière,
32:57je vais faire
32:57mon économiste,
32:58en effet,
33:00aujourd'hui,
33:00les plus de 85 ans,
33:02toutes catégories confondues,
33:03bien sûr qu'il y a
33:03des inégalités,
33:04etc.,
33:04n'ont jamais été aussi riches
33:05depuis la Seconde Guerre mondiale.
33:07Pour ça,
33:07c'est les stades
33:08de l'INSEE,
33:09c'est un constat.
33:11Et par contre,
33:12les moins de 25 ans
33:12n'ont jamais été aussi pauvres.
33:14Donc en fait,
33:15c'est ça un petit peu
33:15le sujet,
33:16ce n'est pas stigmatiser
33:17les plus de 85 ans,
33:18tant mieux pour eux,
33:18ce n'est pas le sujet.
33:19Mais de l'autre côté,
33:21le problème,
33:21c'est qu'il y a
33:22ces taux de pauvreté.
33:23Et là où je pense
33:24que c'est compliqué,
33:25et quand on parle justement
33:25est-ce qu'ils ont ruiné
33:26ou autre,
33:27c'est par exemple
33:27quelque chose
33:28de très factuel.
33:29Quand on a eu le Covid,
33:30le Covid,
33:31on faisait des enquêtes
33:31en disant,
33:32pendant le Covid,
33:33quelle est la catégorie
33:34qui a le plus souffert ?
33:35La majorité des réponses,
33:37c'est les retraités
33:37qui ont expliqué
33:38que c'était eux
33:38et qui avaient perdu le plus,
33:40etc.
33:40Quand on regarde
33:41en termes purement financiers,
33:43c'est faux.
33:44C'est exactement l'inverse.
33:45Et ceux qui ont perdu le plus,
33:46qui sont le plus paupérisés,
33:47à ne pas pouvoir manger,
33:49etc.,
33:49donc des choses assez compliquées,
33:50c'était vraiment
33:51les moins de 25 ans.
33:52Et en fait,
33:53je pense que c'est ça
33:53qui est un petit peu
33:54dans la compréhension,
33:55c'est qu'on n'a jamais
33:56une paupérisation aussi importante
33:58des plus jeunes.
33:59Et donc forcément,
34:00comme on a cette paupérisation
34:01importante,
34:01on se dit,
34:02oui,
34:03où a été accumulée la richesse
34:04et on voit que c'est
34:05chez les plus de 85 ans.
34:06Et c'est pour ça
34:07que ça crée,
34:08à mon sens,
34:08beaucoup de débats
34:09dans la société.
34:10J'en reviens
34:10à ma question
34:12de,
34:12est-ce qu'il faut
34:13les faire payer
34:14d'une certaine manière ?
34:16Certains veulent taxer
34:17les retraités,
34:19certains veulent même
34:20aller jusqu'à la taxation
34:21de l'héritage.
34:22Ça, c'est un vrai sujet
34:23sur la transmission.
34:24Ce qui est assez intéressant,
34:25on voyait des enquêtes
34:26qui ont été faites
34:26notamment pendant le Covid,
34:27beaucoup de personnes âgées
34:28disent,
34:29non, ça va pour moi.
34:30Il y a des gens
34:31qui ont des difficultés,
34:31bien sûr,
34:32mais ça va.
34:32Mais surtout,
34:33je n'ai pas assez
34:33pour transmettre
34:34à mes petits-enfants
34:35ou à mes enfants.
34:36Et ça,
34:36c'est assez intéressant.
34:37Ce qu'il faut voir,
34:38la génération que vous étiez,
34:40votre but,
34:40c'était de faire des études,
34:42d'avoir votre propre salaire,
34:43d'avoir accès
34:43à votre propre logement
34:44sans attendre
34:45d'être de votre grand-mère,
34:46votre grand-père ou autre
34:47et donc d'être libre
34:48de votre vie.
34:49Et là, en effet,
34:49on voit qu'on est
34:50beaucoup plus dans un phénomène
34:51où on va essayer
34:52de transmettre
34:53pour rattraper le fait
34:55qu'il y a moins
34:55de mobilité sociale
34:56et qu'il y a moins
34:56d'émancipation
34:57par le travail
34:58et le diplôme.
34:59Pascal Bruckner,
35:00est-ce que vous êtes prêts
35:00à être taxés
35:01et est-ce que ça vous ennuierait
35:03malgré tout
35:03qu'on taxe votre héritage
35:06ou est-ce que vous avez
35:06travaillé pour vos enfants ?
35:08Je suis déjà taxé.
35:09Oui.
35:10Comme nous tous.
35:11Et abondamment.
35:12donc l'héritage,
35:15mais c'est au-delà
35:15d'une certaine somme
35:16et que je n'atteins pas.
35:17Je crois que c'est 1,8 million.
35:18Dieu merci,
35:19je n'y suis pas.
35:21Donc, effectivement,
35:23dans un souci
35:24très familial
35:25et très endogame,
35:28je ferai tout
35:28pour que mes enfants
35:29et mes petits-enfants
35:30aient le maximum
35:31et ne pas donner à l'État
35:33que je considère
35:35d'un œil goguenard
35:36dans sa capacité
35:37à bien dépenser
35:38l'argent qu'on lui donne.
35:40Est-ce que c'est pas ça
35:40le problème ?
35:41Ça permet de réagir.
35:42Vous qui aimez beaucoup
35:43les États-Unis,
35:43aux États-Unis,
35:44on voit que le capital hérité,
35:45c'est 30%.
35:4650% en France,
35:4775% en Allemagne.
35:48Et c'est vrai que
35:49vous semblez quand même
35:51aimer le modèle américain.
35:52C'est assez étonnant
35:52de dire,
35:53regardez ce qu'a fait Bill Gates,
35:54non, justement,
35:55je vais essayer de donner
35:56un peu moins d'héritage
35:57pour justement
35:57qu'il y ait le plus
35:58de développement social
36:01et du fait
36:01de pouvoir réussir
36:02par soi-même.
36:03Donc, c'est assez étonnant
36:04de voir,
36:05je trouve que c'était intéressant
36:06votre remarque
36:06depuis le début de l'émission
36:07et là de dire,
36:08je vais tout faire
36:08pour qu'ils aient risqué le plus.
36:09Alors, Anne-Sophie,
36:10je n'ai pas la fortune
36:11de Bill Gates.
36:11Non, non, c'est ça.
36:12Il y a de plusieurs milliards,
36:14j'en suis bien loin.
36:15Je m'en doute.
36:16Non, alors,
36:16non, oui,
36:17je voulais juste faire
36:18deux remarques.
36:20La première,
36:21c'est que dire
36:22des boomers
36:23qu'ils ont ruiné la France,
36:24c'est prendre un bouc émissaire
36:26qui est en voie d'extinction.
36:27Alors,
36:28c'est pas très malin
36:29parce que dans quelques années,
36:31ils seront tous,
36:32ils auront tous disparus.
36:33Donc, il faut trouver
36:34quelque chose
36:34de plus solide.
36:35Je vous conseille
36:36d'orienter votre colère
36:37sur d'autres catégories sociales.
36:39Tout à l'heure,
36:40il y a quelqu'un dans le public
36:41qui vous demandait
36:42si les boomers
36:43n'avaient pas aussi
36:44une mauvaise vision
36:45de la jeunesse.
36:46On sait que vous avez critiqué
36:47dans vos livres
36:48la génération woke.
36:50Est-ce que
36:50la détestation des boomers,
36:53c'est une obsession
36:53de la génération woke ?
36:55Oui et non,
36:56mais enfin,
36:56les woke détestent
36:57beaucoup de monde.
36:59On n'est qu'une niche
37:01parmi toutes celles
37:02qui les vomissent.
37:04Et puis bon,
37:04les woke ont quand même
37:05du plomb dans l'aile aujourd'hui.
37:06Aux Etats-Unis,
37:07en France,
37:07ça va venir aussi.
37:08Mais il y a autre chose aussi,
37:10peut-être,
37:11qui est plus de l'ordre
37:12d'un privilège moral.
37:14C'est que ma génération
37:15aimait la liberté
37:17et croyait au progrès.
37:19Et ça a duré
37:20jusqu'au début
37:21des années 2000.
37:22Sur les premières...
37:24C'est là où on a eu
37:24les premières nouvelles
37:25sur le dérèglement climatique.
37:27Et dans les jeunes générations,
37:29je vois qu'il y a
37:30une forme de dépression
37:31qui est indéniable,
37:31surtout après le Covid,
37:33dont parlait Anne-Sophie.
37:33des gens qui ont été isolés.
37:36La maladie mentale
37:37est très forte
37:38chez les 15-20 ans.
37:40Et il y a l'idée aussi
37:43que le monde
37:44est arrivé à un terme.
37:45Ce que je ne crois pas du tout.
37:46Mais en tout cas,
37:47cette croyance est très forte.
37:49Et qu'au fond,
37:50le progrès,
37:50ça a été un jeu de dupe
37:51qui a ruiné la planète
37:53et dont nous ne sortirons pas
37:54vivants,
37:55en quelque sorte.
37:56Et je pense que
37:56quand on a cette vision du monde,
37:59on ne voit pas
37:59les immenses avancées
38:01qui ont été réalisées
38:02et dont on ne souligne
38:04que les régressions
38:06ou les écarts.
38:08Donc, il me semble
38:11que c'est ça.
38:11Nous n'avons pas
38:12les mêmes philosophies
38:13de la vie
38:13et ma génération
38:15croyait encore
38:17dans un avenir possible.
38:18Et aujourd'hui,
38:19les gens savent
38:19qu'ils ont un futur,
38:21mais ils n'ont plus d'avenir.
38:22Et c'est quand même
38:23une grosse différence
38:24dans la vision
38:25de l'existence
38:27et des années à venir.
38:29On va prendre
38:30une question
38:31de Mehdi
38:32qui vous écoute
38:33depuis l'INSEC.
38:35Mehdi,
38:36on va voir
38:36s'il est optimiste
38:37ou pas
38:37vis-à-vis de l'avenir.
38:39Alors, ma question,
38:40est-ce que
38:40vous pensez vraiment
38:42que notre génération
38:43va devoir travailler
38:44jusqu'à 70 ans
38:45pour compenser
38:46ce que les boomers
38:47ont laissé ?
38:49Anne-Sophie,
38:49je crois que c'est pour vous.
38:50Je crois que c'est pour moi.
38:52Alors,
38:53voilà,
38:53ça dépend,
38:53ce sera des choix politiques.
38:55Il y a d'autres solutions.
38:56Je parlais de l'immigration
38:56de travail,
38:57c'est ce que font massivement
38:58les États-Unis,
38:59le Canada,
38:59l'Allemagne l'a fait massivement
39:01avec par exemple
39:02les Syriens,
39:03notamment dans le secteur
39:03de la médecine
39:04puisqu'il y avait des demandes
39:05qui étaient assez importantes.
39:06Aujourd'hui,
39:07dans beaucoup de secteurs,
39:08on voit qu'il y a énormément
39:09recours à cette main-d'œuvre.
39:11Donc, c'est vrai
39:11que le fait de faire
39:12l'immigration de travail
39:13comme on l'a vu en Allemagne,
39:14c'est que ça permet tout de suite
39:15après un an de formation
39:16d'avoir des gens
39:17entre guillemets
39:17qui sont taxables
39:23c'est-à-dire avoir
39:24une acceptation politique.
39:25Donc là,
39:26on est sur un autre chemin.
39:27Donc bien évidemment
39:27qu'il y a d'autres solutions.
39:29Après, en effet,
39:30vu l'allongement de vie
39:31encore une fois en bonne santé
39:32par rapport à tous les progrès
39:33qui ont eu lieu
39:36qui est quand même
39:36une bonne chose.
39:37Donc là,
39:37on nous parle de 64 ans
39:40même si ça a été suspendu.
39:41Mais il y a dit 70 ans.
39:43Est-ce que ce n'est pas ça
39:44le véritable horizon ?
39:46Oui, en Europe,
39:46on est plutôt autour de 67.
39:48On a vu les pays du Nord
39:49maintenant sont au-delà de 70.
39:51Donc oui,
39:52il va falloir sûrement
39:53travailler plus.
39:54La question, c'est qui ?
39:55C'est toujours la même chose
39:56comme pour les boomers.
39:57C'est-à-dire que l'idée,
39:58c'est de faire en sorte
39:59qu'il y ait beaucoup plus
40:00d'aménagement du temps de travail.
40:01Vous l'avez dit,
40:02en France,
40:02vous travaillez entre 25 et 55 ans.
40:0455 ans, au revoir.
40:06Alors que dans les pays nordiques,
40:07vous avez un taux de productivité horaire
40:08qui est beaucoup plus bas
40:09tout au long de la carrière.
40:10Mais par contre,
40:11qui a beaucoup plus de durée
40:13dans le temps.
40:14Et donc l'idée,
40:14ça serait,
40:15au lieu de travailler une semaine,
40:16vous pouvez travailler trois jours,
40:18avoir plus de flexibilité,
40:19plus de formation.
40:20Mais ça veut dire repenser
40:21notre mode de fonctionnement
40:22du travail
40:23sur un temps beaucoup plus important.
40:26Et ça, ça veut dire
40:26avoir un minimum
40:27de consensus politique
40:28qui n'est pas le cas.
40:29Effectivement,
40:31quand on me pose la question,
40:33quand on nous pose la question,
40:34faudra-t-il travailler
40:35jusqu'à 70 ans ?
40:37Oui, bien sûr.
40:38Mais quand vous arriverez
40:40à cet âge,
40:40vous aurez envie de continuer
40:41si vous aimez votre travail.
40:44D'abord, il faut savoir
40:44qu'on n'a pas une carrière
40:46dans la vie,
40:47on a des carrières.
40:47Il y a plusieurs vies
40:49dans la vie d'un homme.
40:50Vous l'avez dit,
40:52vous avez eu le privilège
40:52de faire un métier
40:53que vous aimez.
40:54Est-ce que c'est le cas
40:55de tous les Français ?
40:56Non, ce n'est pas le cas.
40:56Celui qui travaille à la chaîne,
40:58par exemple ?
40:58Oui, oui, mais on ne peut pas
41:00prendre que les métiers pénibles.
41:01Bien sûr qu'il y a les carrières,
41:03il y a toutes sortes de métiers
41:04où il faut arrêter très tôt,
41:06les gendarmes,
41:07les officiers,
41:08les soldats.
41:09Mais vous avez énormément
41:11de gens qui font
41:12des travaux intellectuels,
41:13qui sont dans la recherche,
41:14dans la médecine,
41:15dans l'économie,
41:16ou autre,
41:17ou dans l'enseignement.
41:19Par exemple, pendant le Covid,
41:20pour reprendre l'exemple
41:21d'Anne-Sophie,
41:22on a réquisitionné
41:24des médecins à la retraite
41:25qui, de nouveau,
41:26se sont sentis utiles.
41:27Je pense que pour un homme
41:29ou une femme
41:29qui aiment leur métier,
41:31et il y en a beaucoup plus
41:32qu'on ne croit,
41:33être détaché du métier
41:36et mis au rebut,
41:38c'est pour eux
41:39un crève-cœur
41:40qui a des conséquences
41:41physiques et psychiques.
41:43Et donc,
41:44on peut créer des banques du temps,
41:46ça existe en Suède,
41:47par exemple,
41:48on peut très bien décider
41:49de travailler deux jours
41:50par semaine,
41:51mais rester actif
41:54au milieu des autres,
41:57c'est, à mon avis,
41:57ce qui donne du prix
41:58à une existence.
41:59Il y a une autre question
42:01peut-être dans le public,
42:03est-ce que quelqu'un
42:03veut s'exprimer ?
42:05Oui,
42:05bonjour.
42:06Oui,
42:07moi,
42:07je...
42:08Françoise,
42:08je crois que c'est...
42:09Oui, Françoise.
42:10Les politiques ne nous ont pas demandé...
42:12Enfin, je veux dire,
42:13moi,
42:13je n'ai pas de voix
42:14pour dire,
42:15ben oui,
42:15taxez-moi un peu plus,
42:16ça ne me dérange pas,
42:17mais on ne me le demande pas.
42:17Pourquoi ?
42:18Parce que nos politiques
42:19achètent nos voix.
42:20En fait,
42:20ils ont peur de demander
42:21aux retraités
42:22qui représentent
42:22je ne sais combien
42:23de l'électorat.
42:23Très bonne question.
42:24Voilà.
42:25Oui,
42:25effectivement,
42:25on rappelle que
42:26les plus de 50 ans
42:28sont en majorité absolue
42:30parmi les électeurs.
42:32Enfin,
42:32la question,
42:32est-ce que la France
42:33est une géontocratie
42:35gouvernée en fonction
42:36des seuls intérêts
42:37des retraités ?
42:37Le problème,
42:38c'est qu'en effet,
42:38il y a des sondages,
42:39ça ne vous a pas échappé
42:40que les politiques
42:40aiment beaucoup les sondages
42:41et quand on parle
42:42de pouvoir d'achat,
42:43l'une des catégories
42:43qui s'en plaint le plus,
42:45c'est les retraités
42:45et c'est pour ça
42:46qu'on indexe les retraites
42:47et que ça coûte des milliards
42:48et que ça se transforme
42:49en épargne.
42:50Donc,
42:50c'est vrai que si la majorité
42:51des retraités,
42:52c'est un peu ça,
42:52peut-être la critique
42:53de cette émission,
42:54on dirait,
42:54non,
42:54tout va bien,
42:55bien sûr,
42:55il y a des différences,
42:56etc.,
42:56on est d'accord,
42:57mais non,
42:58tout va bien,
42:58on n'a pas besoin
42:59d'être indexé,
43:00on n'a pas vraiment
43:00de pouvoir d'achat,
43:01même si,
43:02bien sûr,
43:02il y a des catégories
43:03qui en ont besoin,
43:04financer plutôt,
43:05en effet,
43:06l'alternance
43:06ou les jeunes,
43:08ben,
43:08voilà,
43:08si les sondages,
43:10en tout cas,
43:10quand on sondait,
43:11on avait ça qui ressortait,
43:13on aurait sûrement
43:13des politiques très différentes,
43:14parce que,
43:15comme vous l'avez dit,
43:15le politique suit énormément
43:16tout ce que vous dites,
43:18donc,
43:18vraiment,
43:18là,
43:18c'est très,
43:19très important.
43:19Le problème,
43:20c'est que dans les sondages,
43:20je vous le disais,
43:21pour le Covid,
43:22la majorité des boomers
43:23disent que c'est eux
43:24qui ont été sacrifiés,
43:25alors que c'est faux.
43:27Pascal Bruckner,
43:28vous êtes retraité,
43:29vous travaillez,
43:30mais est-ce que vous pensez
43:32peut-être que la France
43:33est trop gouvernée
43:34en fonction des intérêts
43:35des seuls retraités
43:36et des seuls boomers,
43:37parce qu'ils pèsent
43:39sur le plan démographique ?
43:40Je ne m'en étais pas aperçu.
43:41Et électorale.
43:42Mais non,
43:45enfin,
43:46je ne sais pas.
43:47Honnêtement,
43:47je ne peux pas vous répondre.
43:48Je n'ai pas l'impression
43:49que nous sommes
43:49la classe dirigeante
43:51de la France,
43:51parce que là,
43:52il y a aussi des actifs
43:53qui sont richissimes
43:54et qui sont aussi
43:55peut-être la cible
43:56des prochaines
43:57augmentations d'impôts.
43:59Moi,
43:59il me semble que là,
44:00ce qu'on peut reprocher
44:01aux boomers,
44:03c'est peut-être
44:03de ne pas avoir
44:04suffisamment armé
44:05les jeunes générations
44:06pour affronter
44:07le monde qui vient.
44:08C'est-à-dire
44:09de ne pas leur avoir donné
44:10des outils psychologiques,
44:11philosophiques,
44:12politiques
44:12pour aller
44:14contre des événements
44:17qui sont très anxiogènes.
44:18La guerre en Ukraine
44:19qui nous impacte directement,
44:21le dérèglement climatique,
44:22le terrorisme,
44:24on l'oublie.
44:25Moi,
44:25je n'ai pas connu le terrorisme.
44:26Enfin,
44:26s'il y a eu des attentats
44:27pendant la guerre d'Algérie,
44:28mais enfin,
44:29c'était quand même
44:29très ciblé
44:30et très minoritaire.
44:33Et je comprends parfaitement
44:35qu'une génération,
44:37les jeunes
44:37qui ont été élevés
44:38dans un cocon,
44:39parce que quand même,
44:40on est dans une France nounou
44:42qui s'occupe de ses enfants,
44:46ne veut pas les blesser,
44:48a créé une génération
44:49flocon de neige,
44:50pour reprendre un terme
44:51anglo-saxon,
44:53c'est-à-dire
44:53qui se froisse
44:55au moindre,
44:57à la moindre attaque,
44:59à la moindre offense.
45:00Et je pense que c'est ça
45:02un peu notre tort.
45:03Alors,
45:03on peut nous taxer,
45:05moi ça ne me dérange pas,
45:05je suis prêt à ouvrir
45:06mon portefeuille
45:07pour investir,
45:08mais il sera très vite,
45:10très vite,
45:11très vide.
45:12Mais,
45:13c'est le moral qui compte
45:17et moi ce qui m'inquiète,
45:18c'est que je vois
45:19une jeune génération
45:20qui n'a pas le moral.
45:21Qui n'a pas le moral.
45:22Justement,
45:22on a une question
45:24de Marie,
45:25je crois.
45:25C'est une question
45:26pour rebondir
45:27sur ce que dit Françoise
45:28par rapport au fait
45:29d'investir,
45:30par exemple,
45:31dans l'IA
45:31ou dans les nouvelles technologies.
45:32Et du coup,
45:33je voulais demander à Pascal,
45:35comme vous l'avez dit,
45:35vous,
45:35quand vous étiez plus jeune,
45:37vous avez eu ce privilège
45:38de pouvoir accéder facilement
45:39à l'emploi.
45:41Et donc du coup,
45:42qu'est-ce que votre génération
45:42à vous pourrait faire
45:44pour aider notre génération
45:45à nous justement
45:45à pouvoir avoir
45:46à peu près
45:47les mêmes privilèges ?
45:50Alors,
45:50les privilèges
45:51ne se transmettent pas
45:52sauf dans la noblesse,
45:53dans l'aristocratie
45:54ou dans les très riches familles.
45:57Je pense que
45:57les petits emplois
46:00qu'on avait
46:01quand on était étudiant,
46:02ils étaient payés
46:03une misère.
46:04On était payés
46:04aux lancières.
46:06Mais ce qui a changé,
46:07c'est qu'on savait
46:08que de toute façon,
46:09c'était provisoire
46:10et qu'après celui-là,
46:12moi j'étais chauffeur de maître,
46:14j'étais gardien de nuit,
46:15etc.,
46:15piano, bar et tout ça,
46:17on savait qu'au-delà,
46:18il y avait de toute façon
46:19le plein emploi pour tous.
46:22Et donc,
46:22c'est le temps
46:23était de notre côté.
46:26Et on a le sentiment
46:27qu'aujourd'hui,
46:27pour les jeunes générations,
46:28le temps joue contre nous.
46:30Et donc,
46:32moi,
46:33ce que j'ai envie
46:33de donner aux jeunes générations,
46:35c'est évidemment
46:36tous mes maigres biens,
46:39avec joie,
46:40mais c'est surtout
46:40un état d'esprit.
46:41C'est un état d'esprit
46:42optimiste,
46:45positif,
46:46qui contrecart
46:47une mentalité française
46:49qui est quand même
46:50très dépressive
46:51et décliniste.
46:51on est quand même
46:52un des pays,
46:53je crois,
46:54dans les classements
46:54les plus dépressifs,
46:56juste avant le Vietnam,
46:58le Bangladesh,
46:59c'est-à-dire des pays pauvres.
47:00Et encore,
47:01je ne suis pas sûr
47:01que ces pays
47:02ne nous dépassent pas
47:03dans l'optimisme.
47:04Donc,
47:06voilà,
47:08j'ai le sentiment
47:09qu'au-delà
47:09des problèmes matériels,
47:11il y a une transmission
47:12de force
47:15qui n'a pas été faite
47:17de ma génération
47:18aux générations à venir.
47:19On a peut-être
47:21une question
47:22dans le public,
47:23oui ?
47:24Comme vous dites,
47:25je pense qu'une partie
47:27plus que de parler
47:29que d'argent,
47:29de transmettre
47:30de l'argent
47:31des boomers
47:31à des jeunes générations,
47:33il y a un manque
47:34pour certains boomers
47:36de transmission
47:37de savoir,
47:39de dynamisme,
47:40d'ambition
47:41et de dire
47:42je suis capable
47:43de faire
47:43et je ferai.
47:45Moi,
47:45j'ai créé une société
47:46j'avais 24 ans
47:47parce que j'avais envie
47:49d'avoir une affaire
47:50à moi,
47:50etc.
47:51Et après,
47:51j'ai rebondi comme ça.
47:53Donc,
47:53aujourd'hui,
47:54je pense qu'il manque
47:55de modèles
47:55et même dans les médias,
47:57on ne parle pas suffisamment
47:58des potentiels
48:00qu'il y a pour des jeunes
48:01à faire des choses,
48:03à créer,
48:04à créer des sociétés,
48:06à faire des parcours
48:07de carrière intéressants,
48:09etc.
48:09Et si on regarde,
48:11par exemple,
48:12je vais vous citer
48:12un exemple
48:13qui m'a quand même
48:14perturbée.
48:16Au moment de la rénovation
48:17de Notre-Dame,
48:18on a vu
48:19tous les menuisiers,
48:20tous les artistes,
48:22artisans plutôt,
48:25remettre en valeur
48:27les métiers
48:27qui étaient inconnus.
48:30À la suite
48:31de cette rénovation,
48:32énormément de jeunes
48:33ont voulu faire
48:34des formations,
48:35des bénisteries,
48:36de travail des vitraux,
48:38etc.
48:38Donc si on montrait
48:40un peu plus
48:41à la jeune génération
48:42qu'il est possible
48:44qu'il y a des issues
48:46de sortie,
48:47peut-être qu'il serait
48:48avec un moral
48:49moins bas.
48:50Il faut juste
48:51transmettre...
48:52Anne-Sophie,
48:53d'abord sur Rapide,
48:55est-ce que la conjoncture
48:57est vraiment très différente
48:58d'avant
48:58ou est-ce qu'il y a
48:59plein d'opportunités
48:59aujourd'hui pour les jeunes ?
49:00Il y a énormément
49:01d'opportunités,
49:01c'est ça qui est
49:02d'autant plus frustrant.
49:03Et le problème,
49:03c'est qu'en effet,
49:05et je pense que
49:05parce que politiquement
49:06les boomers ont un poids,
49:07leur a tort ou a raison,
49:09et c'est peut-être aussi
49:09la facilité des politiques,
49:11il y a une idée de dire
49:12il faut absolument
49:12avoir leur électorat
49:13coûte que coûte
49:14et donc s'ils disent
49:15qu'ils ont passé
49:15le pouvoir d'achat,
49:16hop, on fait un truc,
49:17s'ils disent ça,
49:17hop, on le fait,
49:18ils ne veulent pas
49:18d'immigrés,
49:18on le fait,
49:19ils veulent le pouvoir d'achat,
49:20voilà,
49:20et donc c'est tout,
49:21et donc on n'a pas
49:21de vision.
49:22Alors que vous l'avez
49:23très justement dit,
49:24énormément de boomers,
49:25ils ont des enfants,
49:26etc.,
49:26ils peuvent transmettre
49:27beaucoup de choses
49:28et vous l'avez dit,
49:29on a l'IA,
49:29on a énormément
49:30de transitions
49:31dans l'industrie à faire,
49:32on a énormément
49:33de challenges
49:33et on voit que tous
49:35les débats aujourd'hui
49:35politiques,
49:36c'est sur quoi ?
49:37Aux impôts,
49:37aux retraites,
49:38il y a quoi sur
49:39les projets innovants,
49:40aller dans l'espace,
49:41les choses qui font rêver,
49:42il n'y a rien.
49:43Paul, je crois,
49:44une question pour vous
49:45sur l'intelligence artificielle.
49:47Paul ?
49:47Oui, bonjour.
49:48Alors j'ai une question
49:49pour Anne-Sophie.
49:51Comment comptez-vous
49:52mobiliser les épargnes
49:53et les investissements
49:54liés à la génération
49:55des baby-boomers
49:56vers des secteurs d'avenir
49:57comme l'intelligence artificielle
49:58quand on sait
50:00que les États-Unis
50:00ou d'autres pays
50:01débauchent nos meilleurs talents
50:02en France ?
50:03Par exemple,
50:04les États-Unis,
50:04ils ont lancé
50:05un nouveau projet Stargate,
50:07ils ont investi
50:08500 milliards de dollars
50:09sur le projet
50:09d'ici 2030,
50:11je crois.
50:12En tout cas,
50:12ça sera étonné.
50:13Comment comptez-vous
50:14diriger tous ces revenus
50:16vers toutes ces dépenses
50:17vers des secteurs d'avenir ?
50:20Alors c'est la grande question
50:21sur laquelle je travaille,
50:22donc merci beaucoup
50:23pour cette question
50:24et je pense que c'est
50:25le nœud du problème.
50:26Ce qu'il faudrait à mon sens
50:27c'est donner justement
50:28un cap et des projets
50:29et aujourd'hui,
50:31il n'y a absolument rien,
50:32on l'a dit,
50:32c'est que retraite
50:33ou hausse d'impôts
50:34et à mon sens,
50:35bon voilà,
50:36par exemple,
50:36je milite peut-être
50:37certains boulemers
50:38avaient,
50:39vous aviez un Codevy,
50:40un Codevy c'est un livret d'épargne
50:41qui finançait justement
50:42des entreprises industrielles
50:44dans des secteurs innovants,
50:45ben voilà,
50:45ça peut être peut-être
50:46une solution
50:47et surtout en fait de dire
50:50en investissant peut-être
50:51dans Airbus,
50:52dans des entreprises européennes,
50:53voilà à quoi vous contribuez.
50:55Ce n'est pas juste
50:56un livret avec derrière
50:57de la finance
50:58et c'est tout.
50:59Derrière des projets.
51:00Quand vous allez aux Etats-Unis,
51:01pourquoi les gens investissent
51:02autant dans les actions,
51:03etc. ?
51:03Parce que derrière,
51:04ils ont un téléphone
51:05qui fait rêver,
51:06parce qu'il y a une fusée
51:07qui va dans l'espace,
51:07parce qu'il y a un vaccin
51:08contre le cancer.
51:10Donc il y a des projets
51:10et la période que vous avez connue
51:12était une période de projets.
51:14Il y avait énormément de projets
51:15et donc il faut en fait
51:16pour orienter cette épargne
51:18de dire voilà,
51:18on vous propose des produits,
51:20alors on a un peu ça
51:21avec l'Europe de la Défense,
51:22là qui peut faire un clivage,
51:24mais en tout cas
51:24on a un petit peu ça.
51:25Des produits pour investir.
51:27Pour investir
51:27et pour dire
51:28voilà,
51:28vous allez contribuer
51:29à quelque chose.
51:30Quand même,
51:31on parle de personnes
51:32qui vieillissent,
51:33on a un secteur
51:33où on est quand même très bon
51:34et vu la démographie
51:35où il y a un énorme marché,
51:36c'est la santé.
51:37Si on faisait un plan national
51:38en disant à tous les boomers
51:40est-ce que vous voulez investir
51:40des millions dans la santé
51:42à un fonds
51:42et on investit tout
51:43chez Roussy et Curie,
51:45vous seriez le premier
51:45à dire oui.
51:45C'était la dernière question
51:48et peut-être
51:48la conclusion
51:51pour Pascal Bruckner.
51:53Alors allons-y.
51:54Vous voulez investir
51:55dans la santé,
51:56Pascal Bruckner ?
51:56Oui, mais je suis prêt
51:56à investir dans tous
51:57les secteurs d'avenir
51:58mais je trouve un peu triste
52:01pour rebondir
52:02sur ce qui vient d'être dit
52:03que les deux grands débats
52:04qui ont agité la France
52:05ces dernières années,
52:07c'est les soins palliatifs
52:08et les retraites.
52:09Un pays moderne,
52:10un pays jeune,
52:12bon,
52:12on doit mourir,
52:13c'est triste.
52:14Il faut payer la retraite
52:15c'est triste
52:15mais en tout cas,
52:16il faut aussi forger
52:18un horizon
52:19pour les jeunes générations
52:21et nous,
52:22nous avons perdu
52:23la confiance dans le temps
52:24et ça,
52:25c'est vraiment
52:25très préoccupant
52:26et ça n'est pas
52:27notre faute cette fois.
52:28Eh bien,
52:29merci Pascal Bruckner,
52:30merci Anne-Sophie.
52:32On a conclu ce débat,
52:34on va voir
52:34si vous avez été
52:35convaincants
52:36et si certains
52:37ont changé déjà
52:38d'avis dans le public.
52:39On rappelle les votes,
52:40en réalité,
52:42seuls 16%
52:43du plateau
52:44et de l'INSEC
52:45pensaient que les boomers
52:47ont ruiné la France
52:48contre 84%,
52:50donc pas du tout d'accord
52:51avec l'ancien Premier ministre
52:52qui, on le rappelle,
52:53était lui-même
52:53un boomer.
52:55Est-ce que quelqu'un
52:55dans le plateau
52:56a changé d'avis
52:57après ce débat ?
52:58Oui, bonjour.
53:00Rebonjour plutôt.
53:03Donc,
53:04rebonjour
53:05et j'ai la joie
53:06de dire que oui,
53:07j'ai changé d'avis
53:07depuis le début du débat.
53:09En effet,
53:10c'est une question
53:10qui ne saurait être répondue
53:12que par un oui franc
53:13et je garde notamment
53:15l'argument de Pascal Bruckmer
53:16qui rappelait
53:17qu'il ne faut pas confondre
53:18les faits
53:19et aussi un règlement
53:20de compte intergénérationnel.
53:22Merci.
53:23Nous enverrons le triomphe
53:24pas d'Est.
53:25Vous partez avec
53:26beaucoup d'avance.
53:27Est-ce que quelqu'un d'autre
53:29a changé d'avis ?
53:30Oui ?
53:31Bonjour.
53:33En fait,
53:34il ne faut pas trouver
53:34un bouc émissaire comme ça.
53:36On a trouvé
53:37le bouc émissaire
53:37et malheureusement,
53:39en France,
53:40on cherche toujours
53:40le bouc émissaire
53:41et le bouc émissaire,
53:42c'était les retraités.
53:44Et pour moi,
53:45là,
53:45j'ai changé d'avis
53:46tout simplement
53:47parce qu'en réalité,
53:49ce n'est pas les retraités
53:50mais il faut
53:51redynamiser les jeunes,
53:53il faut créer des cellules
53:55pour les jeunes,
53:57écouter les jeunes
53:57et motiver
53:59et motiver les jeunes.
54:01Voilà.
54:01Eh bien,
54:02merci.
54:02Donc,
54:03il y a le suspense
54:05mais on va voir
54:06si les votes
54:07ont évolué.
54:08Est-ce que les boomers
54:09ont ruiné la France ?
54:11Oui ou non ?
54:13On va vous demander
54:14de re-voter
54:15et on va voir
54:16le résultat
54:17tout de suite.
54:18Merci.
54:19Merci.
54:20Je pense toujours
54:21que les boomers
54:22n'ont pas ruiné la France.
54:23il ne faut pas
54:26se cacher
54:27derrière les faits
54:29pour culpabiliser
54:30une génération donnée.
54:31La question,
54:32c'est comment allons-on faire
54:33pour arranger
54:34la situation actuelle
54:35afin que cela puisse
54:36avantager
54:37toutes les générations.
54:38Je pense toujours
54:39que les boomers
54:39n'ont pas ruiné la France
54:40même si je reste assez sensible
54:42aux arguments factuels
54:43d'Anne-Sophie
54:44qui m'ont légèrement
54:45fait changer d'avis
54:46au dernier moment.
54:48Je ne pense toujours pas
54:49que les boomers
54:49ont ruiné la France
54:50puisque comme l'a soutenu Pascal,
54:52chaque génération
54:52contient ses erreurs
54:53mais aussi ses réussites
54:54et qu'il faut qu'on puisse
54:56ensemble bâtir
54:57un avenir meilleur.
54:58Le suspense touche
54:59à sa fin.
55:00Nous avons le résultat
55:02des votes.
55:02On rappelle d'abord
55:03le résultat précédent.
55:06C'était 84%
55:07qui pensaient
55:08que les boomers
55:09étaient non coupables
55:10et 16%
55:13qui pensaient
55:13que les boomers
55:14avaient ruiné la France.
55:16Ça a évolué
55:16un tout petit peu.
55:18On n'est plus
55:18qu'à 15%
55:20qui pensent
55:20que les boomers
55:21ont ruiné la France
55:22et 85%
55:23qui finalement
55:25sauvent les boomers.
55:27Pascal Bruckner,
55:28vous avez gagné
55:29mais ce n'était pas non plus
55:30un match
55:31nuancé
55:33aujourd'hui.
55:35Bravo
55:35aux boomers.
55:37Une petite réaction.
55:38J'irai à l'EHPAD
55:38avec le sourire.
55:40Très bien.
55:41On vous souhaite
55:42de ne pas aller
55:42à l'EHPAD
55:43et de vivre longtemps
55:44en pleine forme
55:45Pascal Bruckner.
55:46Anne-Sophie Alcif,
55:47une réaction ?
55:48Pas trop déçue
55:49d'avoir perdu ?
55:50Non, j'avais l'impression
55:51quand même
55:51que je partais
55:52de très loin
55:52le résultat
55:54parce que c'est intéressant
55:55et c'est bien
55:56vu le contexte actuel
55:57c'est qu'on a peut-être
55:58un public
55:58qui ne veut pas
55:59stigmatiser
55:59une classe d'âge
56:01ou des personnes.
56:01Il faudrait peut-être
56:02que les politiques
56:02s'en inspirent.
56:04Le mot de la fin
56:05Pascal Bruckner ?
56:06On n'est pas coupable
56:07de sa date de naissance.
56:09Merci Pascal,
56:10c'est un très beau mot de la fin.
56:12C'était un plaisir
56:12de débattre avec vous,
56:14avec le public.
56:15On se retrouve
56:16le mois prochain
56:16pour un nouveau numéro
56:17de Controverses.
Recommandations
2:42
13:09
4:00
9:49
58:19
9:25
Écris le tout premier commentaire