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  • il y a 10 heures
Après l’augmentation du prix des cigarettes, la mise en place d’images dissuasives sur les paquets, le dépistage précoce… que peuvent-faire les pouvoirs publics et les services de santé pour limiter les ravages du tabac ? Que faut-il faire pour en finir avec le cancer du poumon ? Est-ce seulement possible ? Et comment prévenir des dangers du vapotage qui séduit notamment les femmes et les jeunes ? Rebecca Fitoussi et ses invités ouvrent le débat. Année de Production :

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Transcription
00:00Ni tabac, ni cancer, le combat d'une vie de Mathieu Huchet, Anne Rochefort et Stéphane Jobert.
00:09Voilà un très beau film qui lève le voile sur un cancer dont on parle assez peu pour les femmes.
00:13C'est le cancer du poumon. Historiquement, un cancer d'homme, mais devenu ces 50 dernières années, un cancer de femme aussi.
00:20Pourquoi est-ce si peu dit ? Quel message faire passer aux fumeuses et au passage à tous les fumeurs ?
00:26Parlons-en avec nos invités. Qualifié, qualifié, bienvenue. Vous êtes sénateur de la Moselle, apparenté au groupe LR, membre de la Commission des Affaires Sociales.
00:33Vous êtes vous-même cardiologue, ancien chef de service au CHR Mestionville et vous êtes membre du conseil d'administration de l'Institut National du Cancer.
00:41Roselyne Bachelot, bienvenue à vous également. Ancienne ministre, notamment de la santé et des solidarités.
00:46Vous êtes docteur en pharmacie et vous venez tout juste de publier ce livre, une omerta française, aux éditions Plon.
00:52Marion Cattelin, bienvenue. Vous êtes directrice de l'ACT. L'ACT, c'est Alliance contre le tabac. C'est un collectif d'acteurs engagés dans la lutte contre le tabac.
01:02Thomas Similovski, bienvenue. Professeur de pneumologie à Sorbonne Université et praticien hospitalier à la Pitié-Salpêtrière.
01:08Co-auteur d'une bande dessinée qui alerte les enfants sur les dangers du tabac. Mission, fume pas, objectif zéro tabac, paru chez Duno Graphique.
01:18Évidemment, on en parlera. Merci à tous les quatre d'être ici. D'abord, un mot de cette donnée qui surprend.
01:23Dès le début du film, le cancer du poumon tue aujourd'hui plus de femmes que le cancer du sang.
01:29Peut-être n'avez-vous pas été surpris, vous. En tout cas, je pense que pas mal de téléspectateurs l'ont été. Moi, je l'ai été.
01:34Thomas Similovski, est-ce qu'on a communiqué suffisamment sur le cancer du poumon qui touche les femmes spécifiquement ?
01:40Est-ce qu'on en parle assez ?
01:42Non, on n'en parle pas assez. Le documentaire est bienvenu de ce point de vue-là, de mettre la lumière sur cette spécificité.
01:48Une spécificité qui est la conséquence d'un phénomène socio-culturel qui remonte aux années 60
01:53et qui est la conséquence de la puissance de l'industrie du tabac pour faire passer le tabac pour quelque chose de valorisant,
01:59dont les femmes ont été victimes. Finalement, on le voit dans le documentaire.
02:02Il y a un paradoxe. Le tabac, c'est un instrument d'égalité, une revendication de liberté pour les femmes.
02:08Et 50 ans après, ça l'est eu.
02:11De liberté, même d'émancipation. Et c'est très bien dit dès le début du film avec des images d'archives.
02:16On a fait croire aux femmes qu'elles s'émancipaient dans les années 70 en fumant.
02:21C'était un truc de féministe même, Roselyne Bachelot.
02:23Oui. D'abord, je veux saluer ce film qui est extraordinairement émouvant à travers à la fois les femmes soignantes et les femmes soignées.
02:31Et c'est un beau message à faire passer. Présenter le tabac comme un signe d'égalité, c'est évidemment tout à fait inquiétant.
02:41Mais aussi, j'ai ressenti à travers ce film le besoin que dans les politiques de santé publique, il y ait de l'accompagnement.
02:49Il ne suffit pas qu'il y ait des messages de santé publique et qu'en particulier chez les femmes précaires,
02:54qui sont particulièrement touchées par le tabagisme, les messages ne suffisent pas.
03:01Je l'avais vu par exemple sur le dépistage du cancer du sein.
03:05C'est gratuit, c'est facile d'accès et pourtant ce sont les femmes les plus précaires qui ne se font pas dépister.
03:11Et c'est un peu le même, c'est beaucoup le même phénomène dans la prévention du tabac et dans la guérison, dans l'accompagnement du tabac.
03:20Et je trouve que l'humanité, la tendresse des personnes accompagnantes dans ce film, c'est une leçon pour l'ensemble des politiques de santé publique.
03:30– Qualifié, qualifié, que vous a inspiré ce film ? Est-ce que vous avez été surpris ?
03:33Vous le saviez vous, que le cancer du poumon touchait particulièrement les femmes aussi ?
03:37– Je le savais un peu, mais pas à ce point-là.
03:43Je l'ai su dans mon domaine, la cardiologie, où on a vu la même chose pour l'infarctus du myocarde.
03:48Jusque-là, les femmes qui étaient atteintes d'un infarctus avaient 10 ans de plus que chez les hommes,
03:54donc c'est à partir de 70 ans.
03:57Et là, j'ai vu tout le long de ma carrière qui s'est arrêtée il y a 5 ans,
04:01cette évolution négative avec une augmentation potentielle de l'infarctus du myocarde
04:07et des accidents vasculaires cérébraux chez les femmes de moins de 50 ans.
04:11Et je peux vous dire que ça fait beaucoup de dégâts.
04:14– Donc là aussi, il y a un changement de mode de vie des femmes,
04:17qui dans les années 70, effectivement, se sont émancipées,
04:19et c'était une bonne chose, mais en passant par le tabac notamment.
04:22– Alors c'est vrai que le tabac, mais il n'y a pas que le tabac chez les femmes,
04:25elles ont, comme on dit très affectueusement, trois métiers.
04:28Le métier classique, un autre métier, les enfants, la famille, la maison,
04:35et donc c'est du stress permanent, peut-être la cigarette aide un peu
04:40à calmer ce stress, mais en tout cas, les dégâts sont là aujourd'hui
04:44et c'est important qu'on puisse aussi, au même titre que le cancer du poumon,
04:48en parler avec l'ennemi commun qui est le tabac.
04:55– Marion Catelyn, c'est vrai que ce changement, ce cancer devenu aussi
05:00un cancer de femmes, alors que c'était surtout un cancer d'hommes au départ,
05:03j'imagine que l'industrie du tabac, j'imagine que les cigarettiers
05:07se sont aussi arrangés pour accompagner ce message d'émancipation,
05:10soi-disant, pour les femmes.
05:11– Absolument, et d'ailleurs j'ai trouvé ça aussi très frappant,
05:14j'ai trouvé ce film formidable, il tombe vraiment à pic aujourd'hui,
05:19en amont du bois sans tabac, et c'était frappant de voir ces témoignages
05:25de femmes qui toutes citaient le fait qu'elles avaient été influencées
05:29par les films des années 70, notamment dans le cas de la nouvelle vague
05:34où tout le monde fume, clairement, et malheureusement,
05:39c'est une stratégie qui a été sciemment pensée par l'industrie du tabac
05:43dans les années 70, elles perdaient du terrain, il y avait de plus en plus
05:46d'études qui montraient que leurs produits étaient néfastes,
05:50et il fallait finalement redorer leur image à cette époque,
05:52ils se sont saisis du cinéma pour passer véritablement des contrats
05:57avec des agences de placement de produits, des producteurs,
06:01ils payaient littéralement ces productions pour faire en sorte
06:03que leurs cigarettes soient placées à l'écran, leurs marques en particulier.
06:08– Et ça incroyablement fonctionne.
06:10– Et en particulier auprès des femmes, et donc on a, pas plus tard que,
06:15même encore récemment, mais on a Catherine Deneuve, par exemple,
06:19qui est immensément connue en France, et qui a été, on le sait,
06:25rémunérée notamment par Philippe Maurice pour organiser en marge
06:28un festival à Cannes, une remise de prix, prix Marlboro classique.
06:32Donc c'est autant de stratégies qu'a déployée l'industrie du tabac
06:37dans les années 70 pour gagner un nouveau marché qui était celui des femmes.
06:40Les femmes n'étaient pas fumeuses jusque dans les années 70,
06:43et malheureusement c'est comme ça qu'on se retrouve aujourd'hui
06:46avec une explosion du cancer du poumon.
06:48– Ou quand elles chantent avec Serge Gershubourg,
06:50« Il est un fumeur de Havane ».
06:51– Il y a eu plein d'incarnations féminines,
06:53qui effectivement avaient même beaucoup d'élégance, il faut le dire,
06:56avec cette cigarette à la main.
06:58Les chiffres sont effarants, ceux donnés par le professeur Marie-Pierre Revelle.
07:02Avant 1970, le cancer du poumon était un cancer d'homme.
07:05Aujourd'hui, 35% des malades sont des femmes, 41% avant 50 ans.
07:11C'est un fléau, Thomas-Signal.
07:12– C'est un fléau, et comme le disait le sénateur tout à l'heure,
07:16ça n'est pas que le cancer du poumon,
07:18on peut faire exactement la même chose sur les maladies cardiovasculaires,
07:21ça a été fait, mais sur les maladies du souffle,
07:23ce qu'on appelle la BPCO, c'est-à-dire la bronchopneumatique chronique obstructive,
07:26maladie qui rend les gens invalides.
07:29Le simple fait de voir un escalier les essoufflent,
07:31les handicaps profondément, c'est quand j'ai commencé mes études de médecine,
07:35un patient BPCO, c'était un homme de 65 ans, point.
07:38Et puis, j'ai commencé mes études de médecine il y a un certain temps,
07:43et maintenant un patient BPCO, c'est une dame de 50-55 ans aussi.
07:47Donc en fait, les ravages qu'on voit dans le film,
07:50qui sont ciblés sur le cancer du poumon,
07:51ces ravages, on les voit sur tous les méfaits du tabac,
07:55sur la santé, c'est absolument catastrophique.
07:57– Il y a quand même une incompréhension,
07:59c'est que tout le monde est d'accord pour dire que c'est un fléau,
08:00mais vous voyez, il y a des opérations comme Octobre Rose,
08:02et qui sont des magnifiques opérations pour sensibiliser au cancer du sein,
08:05je ne vois pas d'opérations de communication ou de prévention.
08:09– Dans quelques jours, il y a le mois sans tabac qui va démarrer.
08:11– Oui, mais visons les femmes, le tabac et les femmes.
08:13– Effectivement, il n'y a pas de ciblage sur les femmes.
08:15Je crois que là, il va falloir changer de braquet
08:19et d'avoir des communications.
08:21Donc mieux ciblées, mieux compréhensibles, mieux accompagnées.
08:27Je vais à nouveau enfourcher mon obsession,
08:31c'est sur les femmes précaires.
08:33Il faut imaginer ce que ça représente,
08:37la consommation d'un paquet de tabac,
08:39on connaît les écarts de salaire entre les hommes et les femmes,
08:44des femmes qui ont des revenus de remplacement,
08:48qui élèvent seules des enfants.
08:50La consommation régulière d'un paquet de tabac,
08:53ça représente 350 à 400 euros par mois.
08:56Je rappelle que le niveau du SMIC net par mois,
09:01c'est un peu plus de 1 400 euros.
09:03Ça représente de fumer un paquet de cigarettes,
09:05trois mois de SMIC.
09:07Et on s'est posé la question au moment, par exemple, du Covid,
09:11où on a vu reflamber la consommation,
09:13enfin légèrement, mais reflamber la consommation de tabac
09:16dans l'isolement des foyers.
09:19On a eu un moment des arbitrages à faire,
09:23parce que le prix des denrées alimentaires flambait,
09:27et comme c'est une addiction quand elle n'est pas accompagnée,
09:30c'est sur la nourriture et la nourriture des enfants
09:33qu'on fait l'arbitrage économique.
09:36Donc derrière le ciblage des campagnes anti-tabac,
09:41enfin prévention de la consommation du tabac chez les femmes,
09:45il y a un enjeu économique et social sur lequel il faut vraiment insister.
09:49– Qualifier, qualifier, il faut communiquer.
09:50– Moi je voulais réagir sur la politique de prévention en général en France,
09:56et on a un travail en cours en ce moment au Sénat sur la prévention en général.
10:04Il y a quelques milliards qui sont dépensés tous les ans par le ministère,
10:09mais aussi par les collectivités à travers les contrats locaux de santé, etc.
10:13Pour la prévention, bien sûr le tissu associatif est très actif aussi,
10:20mais malheureusement on ne voit pas encore de résultats tangibles.
10:26Vous avez évoqué les cancers du sein, le cancer colorectal,
10:30dans ma région par exemple,
10:32seulement 40% des gens se sentent concernés par ces dépistages.
10:36Donc c'est pour ça qu'il est important qu'on recentre cette politique de prévention,
10:41qu'elle soit au plus proche des habitants et que les gens s'approprient.
10:48Et c'est pour ça que dans le cadre d'un conseil territorial de santé,
10:54on a ciblé vraiment pour être au plus proche de la population,
10:58et comme l'a rappelé Madame la ministre tout à l'heure,
11:02chez les personnes précaires.
11:03– Si je me permets d'apporter un autre complément d'information,
11:07c'est qu'on sait bien qu'il y a trois régions qui sont particulièrement touchées
11:11par la consommation de tabac plus que la moyenne nationale.
11:14Le Grand Est en fait partie parce que c'est une région transfrontalière
11:18et qui a moyen de se procurer du tabac de façon moins coûteuse qu'en France.
11:24C'est aussi l'Occitanie et PACA qui sont concernés.
11:27– Les inégalités sociales en matière de tabagisme sont très marquées,
11:29elles sont chiffrées, 12 points d'écart entre les plus bas
11:32et les plus hauts revenus de fumeurs quotidiens.
11:35Il y a un public qu'on n'arrive pas à toucher ?
11:37– En fait, on sait que les personnes en situation de précarité
11:40sont aussi plus éloignées du système de santé,
11:44moins réceptives aussi parfois aux campagnes de prévention,
11:48et pour tout un tas de raisons aussi personnelles,
11:51des difficultés financières ou autres,
11:54ça peut être plus compliqué d'entrer dans une dynamique de sevrage.
11:57– Parce que la cigarette, c'est quoi ?
11:59C'est le petit plaisir, le seul petit plaisir qui reste ?
12:01– Le petit vice, qu'on s'octroie parce qu'on n'a pas grand-chose d'autre ?
12:05– Alors, il y a deux choses, c'est cet argument de dire
12:09quand par exemple, de notre côté à l'Alliance contre le tabac,
12:12on milite pour une hausse régulière des prix du paquet de cigarettes.
12:17On aimerait en 2032 aboutir à un prix de paquet à 25 euros.
12:22Là, on parle en même temps des inégalités de santé sociale,
12:25et évidemment, on entend souvent, mais si on fait ça,
12:28on va les priver du dernier plaisir qui leur reste.
12:32Et pour nous, c'est un discours extrêmement pernicieux,
12:36parce qu'on sait très bien que les augmentations du prix du paquet
12:39sont aussi le meilleur moyen de faire en sorte
12:41que la prévalence tabagique, c'est-à-dire la part de la population qui fume, baisse.
12:46Dans le même temps, il est extrêmement important de renforcer les politiques
12:51d'accompagnement, d'aide au sevrage.
12:54– Parce que c'est une addiction très très forte.
12:56– Aujourd'hui, il n'y a que 15% des fumeurs qui utilisent un outil de sevrage tabagique,
13:00un produit de substitution nicotinique,
13:02qui est pourtant remboursé par la Sécurité sociale.
13:04On pourrait même faire mieux en faisant en sorte que 100% de ces produits
13:08de substitution nicotinique soient remboursés.
13:10Aujourd'hui, il y a une petite part de reste à charge qui peut avoir lieu,
13:13donc ça peut pénaliser effectivement ces personnes en situation de précarité.
13:16Et puis, il peut y avoir tout un tas aussi d'expérimentations,
13:20peut-être de gonds, comme ce qui est fait aussi au Royaume-Uni, aux États-Unis,
13:24d'incitation à l'arrêt du tabac.
13:26Ça a été fait notamment chez les femmes fumeuses enceintes.
13:29On sait que ça marche.
13:31Et là, on a tout un tas aussi de mesures que nous souhaiterions porter.
13:33– On va revenir sur la nouvelle génération et ce qui se passe autour de la génération.
13:35– Mais sur le côté social, je voudrais dire une chose,
13:39c'est que pour avoir l'énergie de se sevrer du tabac,
13:44ce qui est une épreuve, quelque chose de très difficile,
13:47il faut avoir une certaine bande passante disponible.
13:50Et plus on est dans la difficulté sociale,
13:52moins cette bande passante est disponible,
13:54parce qu'on a d'autres soucis.
13:55On a le souci de boucler la fin du mois,
13:57de ne pas être en découvert, de nourrir les enfants,
13:59comme disait Mme la ministre tout à l'heure.
14:01Et donc, il y a aussi une explication…
14:03– Il faut une disponibilité intellectuelle.
14:04– Il faut une disponibilité intellectuelle pour faire cet effort.
14:06– Et il y a un autre point qui est très important,
14:08parce que vous avez dit le dernier petit plaisir qui reste.
14:10Moi, je voudrais souligner que la nicotine ne procure aucun plaisir.
14:13La nicotine ne procure que le plaisir de corriger le manque qu'elle a induit.
14:17Vous pouvez demander aux gens qui commencent à fumer, c'est horrible.
14:21– Sur le moment, une ou deux cigarettes, après…
14:23– Mais après, une fois que vous êtes accro,
14:25que les récepteurs dans le cerveau se sont développés,
14:28qu'ils demandent en permanence de la nicotine,
14:30la détente ne vient que du fait que la nouvelle cigarette
14:34calme le début du manque qui commençait à s'installer.
14:36En soi, la nicotine n'est pas un produit psychostimulant.
14:40– Mais c'est une addiction de quel ordre ?
14:41Une addiction chimique ? Une addiction psychologique ?
14:44On est addict à la pause ?
14:45– C'est deux autres addictions.
14:46C'est un mélange, et c'est ça qui est terrible.
14:48Il y a une addiction chimique, purement chimique.
14:50Quand vous fumez de la nicotine,
14:51vous produisez des récepteurs dans votre cerveau,
14:53et ces récepteurs demandent à être saturés de nicotine,
14:56ça c'est chimique.
14:57Il y a une addiction gestuelle,
14:59il y a beaucoup de fumeurs qui n'arrivent pas à s'arrêter
15:01parce qu'ils ont besoin du geste, de la contenance, etc.
15:04Et puis il y a une addiction, Marion Catelan l'a bien souligné,
15:07il y a une addiction sociale.
15:08Le tabac reste malheureusement quelque chose de valorisé, quelque part.
15:16Mon message, moi, c'est les enfants.
15:19On a parlé de personnes vulnérables tout à l'heure,
15:21les personnes vulnérables socialement,
15:22mais les enfants sont vulnérables par définition.
15:24Eh bien, l'industrie du tabac,
15:27on va en reparler tout à l'heure avec la vape,
15:29fait en sorte que le fait de fumer, ça reste
15:31« je suis un grand, je suis fort, etc. »
15:34Et donc, arrêter de fumer, c'est extrêmement important,
15:37mais il y a un autre message sur la vulnérabilité et la prévention,
15:40c'est qu'il ne faut pas commencer à fumer.
15:41Alors, on va poursuivre l'échange,
15:42mais la bonne nouvelle, quand même,
15:43c'est que fumer ne semble plus trop à la mode chez les jeunes.
15:46En tout cas, les chiffres sont assez clairs.
15:48Ce sont ceux de Santé publique France,
15:49ils ont été publiés il y a tout juste quelques jours.
15:50En 10 ans, le nombre de fumeurs quotidiens de 18 à 75 ans
15:55a diminué de 4 millions.
15:5618% de fumeurs quotidiens parmi les 18 à 29 ans en 2024.
16:01En 2021, ils étaient 29%.
16:04La clé, c'est de changer de regard
16:05et de changer de discours sur le tabac.
16:07En tout cas, d'après le professeur Marie-Pierre Revelle,
16:10on l'écoute et on en parle juste après.
16:11On va se débarrasser du cancer du poumon
16:15quand on va complètement changer
16:17la façon dont on conçoit le fait de fumer,
16:20qu'on doit arriver à dénormaliser.
16:22Il faut vraiment que la nouvelle génération
16:24ne s'expose pas à ce risque.
16:27Vraiment, ça coûte trop cher en vie humaine.
16:29Dénormaliser, changer de regard sur le tabac,
16:33ça, c'est l'une des clés fondamentales ?
16:35Évidemment, parce qu'on l'a dit,
16:38il y a toute une mythologie culturelle autour de ça,
16:42une mythologie sociale d'égalité entre les hommes et les femmes.
16:47Il y a, moi, une chose que je combats,
16:50c'est le risque aussi du vapotage,
16:55c'est-à-dire avec la gestuelle du vapotage
16:58qui induit à terme la consommation du tabac,
17:03même s'il y a eu,
17:04il faut toujours avoir une vision balancée,
17:07des sevrages réussis avec le vapotage.
17:11J'évite les choses trop carrées et trop géométriques.
17:16Mais enfin, la gestuelle est aussi la mythologie de la gestuelle,
17:21on en a parlé, c'est quelque chose de très important.
17:23On voit l'importance de cibler les jeunes
17:27et les femmes jeunes,
17:29de cibler les femmes, bien entendu.
17:32Parler aussi du tabagisme passif
17:35qui a évidemment causé chez des femmes
17:39et en particulier des femmes précaires des ravages.
17:42– Des ravages, heureusement qu'on a interdit
17:47dans les bars, les restaurants,
17:51c'est moi qui ai mis en œuvre le décret de 2007,
17:55contre l'industrie, contre les hôteliers,
17:58c'était terrible,
17:59j'ai quelquefois été menacée physiquement
18:02dans certains restaurants.
18:03– Ah oui ?
18:03– J'étais celle qui allait mettre
18:07la restauration française en faillite
18:09en interdisant le tabac dans les lieux de restauration.
18:13– Vous avez reçu des menaces,
18:14des menaces de responsables de restaurant.
18:16– Oui, bien sûr, oui, tout à fait.
18:17– Par les serveurs dont vous avez sauvé la vie
18:19et la mort, parce que le premier effet quand même
18:21a été une diminution spectaculaire
18:23de la morbidité des personnels de restaurant.
18:26La morbidité cardiovasculaire
18:28des personnels de restaurant
18:29a chuté dans les trois mois
18:31qui ont suivi la mise en place du décret.
18:33– Parce que l'efficacité sur le cardiovasculaire,
18:36elle est immédiate,
18:37je pars sous le contrôle des médecins,
18:39elle est immédiate sur l'âne,
18:42le risque cardiovasculaire,
18:43elle est beaucoup plus longue à obtenir
18:45sur le risque pulmonaire,
18:47parce que nettoyer un poumon…
18:49– C'est compliqué.
18:51– C'est compliqué.
18:51– Mais c'est une bonne nouvelle,
18:53cette baisse du nombre de fumeurs
18:55chez les jeunes qualifés-qualifés.
18:56– C'est une excellente nouvelle.
18:59– C'est spectaculaire même.
19:00– Mais il faut qu'on continue,
19:01et comme l'a dit notre collègue pneumologue,
19:05il ne faut pas commencer.
19:07Il ne faut pas commencer,
19:08mais il faut qu'on puisse inciter les jeunes
19:10à faire autre chose,
19:12des jeux de société,
19:14aller faire du sport, etc.
19:16Et ça, ça fait oublier.
19:17– On a une idée de la façon
19:18dont ils perçoivent le tabac,
19:19les jeunes aujourd'hui ?
19:20Ils trouvent que c'est démodé ?
19:22Oui ?
19:22– Oui, absolument.
19:23On mène des enquêtes
19:25dans le cadre de nos activités
19:27qui montrent effectivement
19:28que les jeunes estiment
19:30que le fait de fumer
19:31est très mal perçu,
19:33très mal vu.
19:34En revanche, dans le même temps,
19:35on voit que 85% des jeunes,
19:38et particulièrement,
19:39enfin, 85% des jeunes femmes
19:40estiment que vapoter
19:42est plus cool que fumer.
19:43Mais par contre,
19:43on est face à quelque chose de nouveau.
19:46Et pour rebondir
19:46sur ce que vient de dire
19:47monsieur le sénateur,
19:49ce qui est extrêmement important
19:51pour les années à venir,
19:52c'est de faire en sorte
19:53que l'on puisse véritablement prévenir
19:54de l'entrée dans le tabagisme
19:57des plus jeunes.
19:57Et pour cela,
19:58on porte un projet de mesure
20:01d'une génération sans tabac.
20:02Concrètement,
20:03qu'est-ce que nous voudrions ?
20:04C'est le fait,
20:05en 2032,
20:07de faire en sorte
20:07qu'il ne soit plus possible
20:08de vendre des produits du tabac
20:10à toutes les personnes
20:12nées après 2014.
20:14C'est-à-dire,
20:14on créerait des générations entières
20:16de personnes non fumeuses.
20:18Pourquoi ?
20:18Parce qu'aujourd'hui,
20:20un fumeur,
20:21et les fumeurs sont rentrés
20:22dans le tabagisme
20:23avant 18 ans.
20:24Quand, après 18 ans,
20:25on n'est pas rentrés
20:26dans le tabagisme,
20:27il y a très peu de chances
20:28de devenir fumeur.
20:29Ça a été testé à l'étranger ?
20:30Ça a été testé.
20:31C'est en cours d'adoption
20:32au Royaume-Uni.
20:33Plusieurs pays sont en train
20:35de prendre la mesure.
20:37Il faut savoir aussi
20:37qu'il y a 9 adolescents sur 10
20:39qui déclarent vouloir vivre
20:40dans un monde sans tabac.
20:427 Français sur 10 aussi
20:43sont favorables
20:44à cette interdiction
20:45dite générationnelle du tabac.
20:48Et donc, pour nous,
20:49c'est vraiment central
20:50pour franchir une étape supplémentaire
20:52vers une société sans tabac
20:54en France.
20:55Mais ça veut dire
20:56que le processus
20:56de dénormalisation
20:57dont parle le professeur
20:58dans le film
20:59est en cours.
21:00Ça a commencé.
21:00On est en train
21:01de changer de regard.
21:02On n'en veut plus.
21:02Mais attention.
21:04Il y a une ambiguïté
21:05avec le mot tabac.
21:06Parce que quand je vous dis
21:07tabac, vous pensez cigarette.
21:08Éventuellement,
21:09vous pensez cigare,
21:10vous pensez pipe.
21:11Mais quand je vous dis tabac,
21:14il y a aussi...
21:14La nicotine,
21:15elle vient d'où ?
21:15La nicotine,
21:16elle vient du tabac,
21:17de la culture du tabac.
21:18Et donc,
21:18la dénormalisation
21:19de la cigarette
21:20est bien entamée.
21:22La dénormalisation
21:22du fait de fumer
21:23et d'utiliser des produits
21:24dérivés de la nicotine,
21:25elle,
21:26est moins entamée.
21:28On le voit
21:28avec la popularité
21:29qui vient d'être signalée
21:30de la vape.
21:31Dans certains pays
21:32d'Europe du Nord,
21:33il y a d'autres façons
21:33de consommer le tabac
21:34par voie orale
21:36en mettant sur les gencives,
21:37les snus en Suède.
21:40Et cette nicotine,
21:41elle vient du tabac.
21:42Et pour dénormaliser ça,
21:44la santé est un argument,
21:46bien entendu.
21:47Mais il y a un autre argument
21:47qui est très peu utilisé,
21:49c'est l'environnement.
21:50Et pour fabriquer de la nicotine,
21:52il faut cultiver du tabac,
21:53quelle que soit la forme
21:54sous laquelle on va
21:55consommer cette nicotine.
21:56Et pour cultiver du tabac,
21:58on détruit la planète.
21:59Et les jeunes générations,
22:00je pense qu'elles devraient
22:01être plus sensibles,
22:02en tout cas à court terme,
22:03à un discours environnement
22:05qu'à un discours santé.
22:06Parce que se projeter
22:07dans la maladie
22:07quand on a 18 ans
22:08et qu'on vous dit
22:09qu'à 50 ans,
22:10vous allez avoir un cancer
22:11ou une insuffisance respiratoire...
22:12Sauf si on a un proche
22:12qui est touché un peu moins...
22:13Alors, effectivement,
22:14le proche, le familier, ça aide.
22:16Et c'est d'ailleurs le cas
22:17de Marie-Pierre Revelle
22:18dans le film avec sa cousine.
22:20Mais il faut savoir,
22:23pour faire pousser le tabac,
22:26l'emballer, etc.,
22:27on coupe 600 millions d'arbres par an.
22:31Alors que les statistiques disent
22:32que si on en plantait un milliard,
22:34on limiterait le réchauffement climatique.
22:37Or, on va transporter ce tabac,
22:39on va le transporter dans des bateaux,
22:41on va le transporter dans des camions
22:42pour l'amener,
22:43parce que pour partir des plaines de culture
22:45en Amérique du Sud
22:46ou en Chine ou en Centrafrique
22:47et arriver dans le buraliste
22:49rue de Vaud-Girard,
22:50il y a du CO2 qui est dépensé.
22:51C'est vrai que c'est un argument
22:52qu'on n'utilise jamais.
22:53C'est une catastrophe écologique monstrueuse.
22:55Et cette catastrophe écologique,
22:57elle tient quelle que soit la forme
22:58puisqu'il faut faire de la nicotine.
23:00J'ajouterais que dans la vape,
23:02vous avez du plastique,
23:04vous avez des piles au lithium.
23:06Donc l'environnement est une catastrophe.
23:09Or, abîmer l'environnement
23:11pour quelque chose d'utile.
23:14Ça peut faire des transactions.
23:16Mais abîmer l'environnement
23:18pour quelque chose
23:18qui ne sert à rien d'autre
23:19et tuer ses consommateurs,
23:21c'est formidable.
23:22Qualifié, qualifié ?
23:23Écoutez, moi je pense
23:24qu'il faut être pédagogue.
23:26Il faut être pédagogue.
23:27Je ne veux pas tout revoir.
23:29La cigarette, c'est le goudron,
23:32c'est ça qui donne le cancer.
23:33C'est le monoxyde,
23:34le carbone.
23:37C'est beaucoup d'autres substances
23:38qui sont dans la cigarette.
23:40Puis il y a la nicotine aussi.
23:42Donc ce qui est cancérigène surtout,
23:44je le dis sous votre contrôle,
23:48c'est le monoxyde de carbone
23:50et puis le goudron aussi.
23:53Moi je voulais revenir sur les PEUF
23:55puisqu'on parlait des jeunes.
23:58Donc des nouvelles pratiques
23:59qui sont en train d'arriver,
24:00qui sont en train de toucher notamment les jeunes.
24:02On a été alertés assez tôt
24:04au niveau parlementaire,
24:06en tout cas au Sénat
24:08comme à l'Assemblée nationale.
24:10Et on a mis une petite année de travail
24:12pour interdire les PEUF.
24:15Mais l'industrie est toujours
24:16plus inventive que nous.
24:19Les PEUF qui étaient à usage unique,
24:21maintenant on continue
24:23à les commercialiser
24:25avec une recharge.
24:27Donc ce n'est pas tout à fait
24:29c'est la même définition
24:30que nous avons interdite.
24:32Donc on est en permanence
24:33en compétition avec l'industrie
24:37pour essayer de limiter les PEUF.
24:44Je ne sais pas si vous avez prévu de le dire,
24:46mais en tout cas les PEUF chez les jeunes,
24:48c'est une catastrophe
24:49parce que la plupart,
24:52même les PEUF sans nicotine,
24:54même si c'est théorique.
24:56– Mais d'abord parce qu'on n'a pas de recul,
24:58on ne sait absolument pas.
24:59– Si, on sait.
24:59– On a le recul.
25:00– Pour dire que c'est ?
25:02– On a un recul.
25:04Tout d'abord, le plus important,
25:05c'est qu'en dehors de l'aspect écologique
25:07que vous avez évoqué,
25:1030 à 40 % des jeunes
25:12qui commençaient à fumer
25:13avaient déjà commencé par les PEUF.
25:16Donc c'est quand même,
25:18il était urgent
25:19qu'on interdise ce phénomène
25:21et l'État, je pense,
25:23a mis tous les moyens qu'il faut
25:24avec la repression des fraudes,
25:27etc.
25:27pour vraiment faire appliquer
25:30cette interdiction.
25:31Mais encore une fois,
25:33l'industrie est toujours plus inventive
25:34que le législateur.
25:35– Oui, ça veut dire qu'il faut…
25:36– Roselyne Bachelot,
25:37il y en a eu,
25:38des campagnes contre le tabac,
25:40il y a eu l'augmentation des prix,
25:41il y a eu le paquet neutre,
25:42il y a eu le paquet dissuasif
25:43avec les images dissuasives
25:44dont vous êtes à l'origine.
25:45Ça veut dire qu'il faut se réinventer
25:46en permanence, là ?
25:47– Alors, l'industrie du tabac
25:50déploie des trésors d'imagination
25:52et toutes sortes de circuits.
25:55Il faut être plus futé
25:56que cette industrie.
25:58Et je crois que la question
25:59qui est posée,
26:00c'est quel est l'émetteur,
26:01quel est le bon émetteur
26:03pour faire la pédagogie
26:07de l'environnement,
26:09la pédagogie de la santé,
26:11la pédagogie du risque social
26:13encouru.
26:15Moi, ce que je regrette,
26:17c'est qu'il n'y ait pas plus
26:18de personnes, j'allais dire,
26:20qui sont écoutées par les jeunes,
26:22qui se mobilisent
26:23pour expliquer les risques du tabac.
26:27– Parce qu'il y a des influenceurs…
26:28– Pardon,
26:29mais un grand professeur de médecine,
26:31alors je ne parle même pas d'un ministre,
26:33parce que là,
26:34on est complètement déconsidérés.
26:35– Ça ne leur parle pas.
26:36– Ça ne leur parle pas.
26:37– Ça ne leur parle pas.
26:38– Mais j'ai entendu,
26:40en venant à l'émission,
26:41à la radio,
26:43un professeur de physique-chimie
26:44qui est en train d'investir TikTok
26:47avec des messages pédagogiques.
26:49– D'accord.
26:49– Et j'ai entendu
26:51une petite capsule type TikTok
26:52qu'il avait faite,
26:54et puis donc, en fait,
26:55avec des quiz,
26:56et puis on demande aux jeunes
26:58d'interagir en disant
26:58si tu réponds,
26:59si tu penses que oui,
27:00– Et ça,
27:00c'est le bon réseau pour leur parler.
27:01– Ça pourrait être un bon réseau
27:03si on est capable
27:04de faire cette pédagogie
27:05à ce niveau-là.
27:06– C'est clairement,
27:07en fait,
27:07les réseaux sociaux
27:08sont investis aujourd'hui
27:10comme un nouveau lieu
27:11pour l'industrie du tabac,
27:12pour la promotion de ces produits.
27:14Que ce soit d'ailleurs
27:15des produits du tabac,
27:16puisqu'ils mettent sur le marché
27:18du tabac fumé,
27:19donc peut-être on en parlera après,
27:22c'est un outil à la frontière
27:24du dispositif électronique
27:26et de la cigarette en elle-même,
27:27comme les sachets de nicotine,
27:30les produits du vapotage,
27:31etc.
27:32Et clairement,
27:33ce que l'on observe aujourd'hui,
27:34c'est qu'il y a,
27:34donc on sait, nous,
27:35qu'il y a des centaines d'influenceurs
27:37qui, les dernières années,
27:39ont été rémunérés
27:39par l'industrie du tabac
27:40pour faire la promotion
27:42de ces produits,
27:42en particulier les jeunes femmes.
27:44Et là,
27:44ce que l'on constate aussi
27:46en connaissant un peu le marché,
27:49les prochains mois à venir,
27:50on sait qu'il va y avoir
27:51de nouveaux produits
27:52sur le marché
27:53qui vont particulièrement
27:55cibler les jeunes femmes
27:56avec des cigarettes électroniques,
27:58avec un packaging
27:58fait pour l'influence,
28:01en fait,
28:01ils appellent ça l'unboxing,
28:02donc qu'on peut mettre en scène
28:04sur ces réseaux sociaux.
28:06Et donc,
28:06ils vont être ouverts
28:06comme des paquets
28:08des boîtes
28:10de rouge à lèvres.
28:12Alors,
28:12il y aura des couleurs pastels,
28:14vraiment sous un forme
28:15de rouge à lèvres,
28:16une forme de rouge à lèvres,
28:17et ce sont clairement
28:19les jeunes femmes
28:20qui sont visées
28:20et des jeunes influenceuses
28:22qui sont rémunérées
28:22par ces industriels
28:24pour en faire la promotion.
28:25Ils ont toujours
28:25un coup d'avance, quoi.
28:26Ils ont un coup d'avance,
28:27mais face à ça,
28:28il y a des moyens,
28:29justement,
28:30de mettre un terme
28:31à cette dérive
28:31de ce marché de la nicotine,
28:33parce que c'est bien
28:34ce dont il s'agit
28:34et il faut absolument
28:36le plus vite possible
28:37qu'on mette en place
28:38le paquet neutre
28:39sur tous ces produits.
28:40Ça mettrait un terme
28:41véritablement
28:42à toutes ces opportunités
28:43de marketing renouvelé
28:44pour les industriels.
28:46C'est un sujet,
28:46en tout cas...
28:46Et l'industrie pharmaceutique
28:47joue actuellement
28:49sur une confusion terrible
28:50qui est la notion
28:51de réduction de risque.
28:52Parce que,
28:53on dit,
28:54le vapotage,
28:55c'est une bonne solution
28:56thérapeutique,
28:57c'est un traitement
28:57pour se sevrer
28:58et l'intérêt du vapotage,
29:00c'est la réduction de risque.
29:02Le problème,
29:02c'est que quand vous êtes malade
29:03et que vous prenez un traitement,
29:04tout va bien,
29:04mais si vous n'êtes pas malade,
29:05pourquoi prendre ce traitement ?
29:07Et du coup,
29:07ce qui réduit le risque
29:08chez les fumeurs
29:09induit des risques
29:10de types divers et variés
29:11chez les non-fumeurs.
29:12Et cette distinction
29:13doit être très importante.
29:14Parce qu'on a eu plein de questions,
29:15le sujet est très concernant,
29:16on a eu plein de questions
29:17de téléspectateurs
29:18avant cette émission
29:18et je voudrais vous en faire part
29:20de quelques-unes.
29:20Effectivement,
29:21Jennifer, 49 ans,
29:22qui vient de la mode
29:23Saint-Hérès dans les Deux-Sèvres,
29:24elle dit,
29:24si les pouvoirs publics
29:25veulent réduire les ravages
29:26du tabagisme
29:27qui tue 200 personnes par jour,
29:28dit-elle qu'ils reconnaissent
29:29la vape
29:30comme un outil de sevrage
29:32œuvrant
29:32pour la réduction des risques.
29:34Des professionnels
29:35travaillent tous les jours
29:36pour aider les gens
29:37à arrêter de fumer
29:37par la vape.
29:39Considérons-les
29:39comme des acteurs
29:40de la réduction des risques.
29:42Voilà.
29:43Chez les fumeurs,
29:45la vape doit être
29:47un traitement,
29:48c'est une prescription,
29:49ça devrait être,
29:50je pense,
29:50une prescription.
29:51Pas une pratique de plaisir.
29:52Ce n'est pas une pratique
29:53de plaisir.
29:54Quand vous chauffez
29:55vos voies aériennes,
29:55quel que soit le moyen
29:56par lequel vous les chauffez,
29:57vous les enflammez.
29:58Quand vous les enflammez,
29:59vous prenez déjà un risque
30:00pour votre santé.
30:02À notre niveau,
30:02ce que l'on constate
30:03à l'Assemblée au Sénat,
30:05c'est un lobbying
30:06extrêmement fort
30:08des représentants
30:09des industriels
30:10de la nicotine
30:10et de la vape
30:11en particulier.
30:12Pour ne pas citer,
30:14l'un d'entre la FIVAP
30:15a organisé
30:16une pétition
30:18en instrumentalisant
30:20finalement
30:20les vapoteurs
30:22qui utilisent
30:23ce moyen-là
30:24pour quitter
30:24le tabac,
30:26ce qui est en soi
30:26mieux que rien
30:28ou que continuer
30:29à fumer,
30:29mieux que continuer
30:30à fumer plus tôt.
30:31Ils utilisent
30:32ces fumeurs
30:33pour finalement
30:34empêcher
30:35la prise en charge
30:38de mesures,
30:39notamment de taxation
30:39sur ces produits
30:40d'abotage.
30:40de la taxe en commission
30:42à l'Assemblée nationale.
30:42C'est leur fruit.
30:44Ce qui est paradoxal,
30:46c'est qu'ils utilisent
30:48ces lobbyistes
30:49des fumeurs
30:51pour empêcher
30:52la mise en œuvre
30:53d'une mesure
30:53qui pourrait protéger
30:54les plus jeunes
30:55d'entrer dans
30:56l'addiction à la nicotine
30:57par le biais du vapotage.
30:58C'est quand même délirant.
30:59C'est comme si
31:00vous vouliez
31:01prévenir les jeunes
31:02contre la vodka
31:03en leur recommandant
31:04de boire du cidre.
31:06C'est juste aberrant
31:06comme démarche.
31:07C'est juste aberrant
31:08comme démarche.
31:09Réduction des risques
31:10n'est pas absence de risque
31:11parce que ces mêmes lobbyistes
31:13se présentent
31:13comme des acteurs
31:15de santé publique.
31:16Ils ont voulu
31:16que nous collaborions
31:17avec eux.
31:18Nous avons reçu aussi
31:19des lettres,
31:20en particulier
31:21de la part des industriels
31:22du tabac
31:23qui aussi commercialisent
31:24ces produits
31:24et en disant
31:26qu'ils mettent sur le marché
31:26des alternatives
31:27de santé publique.
31:28Soyons clairs,
31:29la solution au problème
31:30du tabagisme en France
31:31ne viendra jamais
31:32du marché
31:33de l'addiction
31:34à la nicotine.
31:35Voilà une bonne réponse
31:35apportée à Jennifer
31:36qui vient des deux terres.
31:38Il n'y a qu'une seule
31:39absence de risque
31:40concernant la nicotine.
31:41C'est l'abstinence.
31:42C'est rien du tout.
31:44Il y a quelques années,
31:45j'ai fait un débat
31:46justement
31:46en ne participant pas
31:48à ce mode agiographique
31:51du vapotage.
31:53Je me suis fait insulter
31:54sur les réseaux sociaux
31:55par le lobby de la vape,
31:57mais c'était
31:58d'une violence
31:59et avec un côté injurieux
32:02en disant
32:04ça peut être
32:05une technique
32:06de sevrage
32:07mais ça ne peut pas
32:08être une habitude sociale
32:09qu'on commence
32:10et qu'on voit
32:12d'ailleurs
32:12dès les sorties
32:13de lycées.
32:14– Et vous avez sans doute
32:15été accusé d'atteindre
32:15la liberté des gens.
32:16– Bien entendu.
32:18Je l'ai entendu
32:18dans une interview
32:19avec Marion Catelyn
32:20sur France Inter
32:21il y a quelques semaines
32:22où elle avait
32:22un interlocuteur
32:23qui s'était au moment
32:25où était posée
32:26l'interdiction
32:27de fumer
32:27à proximité
32:28les plages,
32:29les terrasses,
32:29etc.
32:30Et donc son interlocuteur
32:32disait
32:32on atteint
32:32ma liberté
32:33mais à la fois
32:34c'est aberrant
32:35parce que sa liberté
32:36elle prive les autres
32:37de liberté
32:38par le biais
32:39du coût social
32:41du tabagisme
32:41mais en fait
32:42il n'est pas libre du tout.
32:44Sa liberté
32:44c'est d'être dépendant
32:46de la nicotine.
32:46– Qualifié,
32:47c'est vrai que c'est un univers
32:48qui est quand même
32:48gangréné par les lobbies
32:50c'est-à-dire qu'on sent
32:50quand même
32:51qu'il y a une pression
32:51qui vient de l'extérieur
32:52et notamment des industriels
32:53qui est très forte.
32:55– Oui,
32:55on le connaît,
32:57ça a été dit
32:57les industriels
32:58de la cigarette
32:59maintenant on a
33:01de nouveau
33:02un nouveau métier
33:03qui est le vapotage
33:04avec plein de magasins
33:06plein de personnes
33:06qui vivent
33:07de ce marché
33:09et l'industrie
33:10c'est devenu
33:11une économie importante
33:12aujourd'hui
33:13mais est-ce qu'elle est justifiée
33:16est-ce qu'elle est
33:17est-ce qu'il faut
33:19qu'on la développe
33:20à mon avis non
33:21parce qu'on a parlé
33:23beaucoup de nicotine
33:24mais la vape elle-même
33:26même la vapeur
33:27qui sort de là
33:28c'est une vapeur
33:29bon au niveau marketing
33:30on dit
33:31c'est chauffé
33:32à 60 degrés
33:33alors que la cigarette
33:34c'est plutôt
33:35300-400 degrés
33:36donc
33:37mais on chauffe quoi ?
33:39On chauffe du plastique
33:40on chauffe des arômes
33:42on chauffe
33:43du glycérol
33:44c'est le glycérol
33:46et sans parler
33:48des autres
33:48métaux
33:50qui sont dedans
33:51qu'on ne connaît pas
33:51et tous ces produits
33:52sont irritants
33:53dans un premier temps
33:55et l'irritation
33:56c'est pour moi
33:57le début d'un concert
33:59plus tard
33:59On arrive à la fin
34:00de cette émission
34:01s'il y avait un dernier message
34:02à faire passer
34:03tous
34:04qualifiés
34:04qualifiés
34:05très très rapidement
34:06Très rapidement
34:06il faut tout faire
34:08au niveau de l'éducation nationale
34:09notamment
34:10mais aussi au sein des familles
34:12pour que les jeunes
34:13ne commencent pas à fumer
34:15Madame Gatela
34:15Exactement
34:16et dans le prolongement
34:17de ce que vient de dire
34:18monsieur le sénateur
34:18nous demandons vraiment
34:20à ce que les décideurs
34:22se mobilisent pour mettre en oeuvre
34:23une génération sans tabac
34:24et donc finalement
34:25mettre fin à la vente
34:26des produits du tabac
34:27à toutes les générations
34:28nées après 2014
34:30à partir de 2032
34:31c'est notre proposition
34:32Et interdire le tabac complètement ?
34:33Non
34:33Pas d'un coup
34:35C'est compliqué
34:36et pas d'un coup
34:37mais moi ce que je voulais rappeler
34:38en conclusion
34:39c'est que l'invention
34:40des fake news
34:41elle n'est pas récente
34:42l'invention des fake news
34:44c'est l'industrie du tabac
34:45et l'utilisation massive
34:47et à grande échelle
34:48des fake news
34:49c'est l'industrie du tabac
34:50donc mon message serait
34:51faites attention à ce qu'on vous dit
34:53peut-être que ce n'est pas vrai
34:54Gardez un esprit critique
34:56Les filles
34:56vous avez encore une conquête
34:58de liberté
34:58c'est d'un monde sans tabac
35:00Et bien voilà
35:01c'est bien dit
35:02Merci à tous les quatre
35:03d'avoir participé à ce débat
35:04Merci à vous
35:05de nous avoir suivis
35:06comme chaque semaine
35:06émission et documentaire
35:08à retrouver en replay
35:09sur notre plateforme
35:10publicsénat.fr
35:11A très vite
35:11Merci beaucoup
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