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00:00Je ne photographie pas les gens, je les emporte.
00:14Et voilà.
00:15Ça me gêne.
00:17Mais arrête de glapir, Guy.
00:18Oui, c'est exact, vous glapissez.
00:23Pourquoi êtes-vous armé d'un Rebel Maire ?
00:25Et pourquoi revenir vers cet endroit précisément ?
00:31Je ne me protège même pas très bien.
00:38Isabelle Huppert en femme la plus riche du monde, l'étranger d'Albert Camus vu par François Ozon et Aurel San en super-héros dans Yoroy.
00:46C'est le programme de ce nouveau numéro 100% Cinéma 2 à l'affiche.
00:49Bienvenue à tous, Thomas Borez est avec moi comme chaque mercredi.
00:52Bonjour Thomas. Et nous recevons aujourd'hui Thierry Clifat.
00:55Bonjour.
00:56Bonjour.
00:56Pour votre film, donc, La femme la plus riche du monde, qui est une comédie grinçante sur le monde finalement assez peu connu des ultra-riches.
01:05Le personnage incarné par Isabelle Huppert est librement inspiré de la figure de Liliane Bettencourt, riche héritière du groupe L'Oréal.
01:12On va en parler dans quelques instants ensemble, mais d'abord, Thomas va nous rappeler votre parcours.
01:16Voilà, Thierry Clifat, on va se dire vous, même si nous partageons une histoire commune, celle du journalisme de cinéma,
01:21puisque vous avez été longtemps l'une des plumes du mensuel Studio Magazine, où nous nous sommes rencontrés il y a bien longtemps.
01:29Et puis, en 2001, vous êtes passé à la réalisation avec un court-métrage, Émilie est partie, porté par une légende, Daniel Darieux,
01:36mais aussi Sandrine Kiberlin.
01:38Et puis, un premier long-métrage, Une vie à t'attendre, trois ans plus tard, depuis votre filmographie, on le voit sur ces images,
01:44était riche de six longs-métrages, alterne les drames, thrillers, comédies.
01:50Et à chaque fois, vous questionnez, en fait, les liens familiaux, la famille de sang, de cœur, décomposée, recomposée,
01:57celles que l'on subit ou celles que l'on se choisit.
02:00Voici venue donc cette femme la plus riche du monde.
02:03Et bienvenue chez les Farrères, inspirée, Louise l'a dit, de la famille Bettencourt,
02:08où l'irruption d'un photographe fantasque, c'est le moins qu'on puisse dire, va faire bouger les lignes.
02:13Regardez, on en parle avec vous juste après.
02:15Vous avez toujours été comme ça ?
02:18Je vais vous aider à déverrouiller tout ce qui est fermé en vous.
02:20C'est vous qui avez la clé.
02:23Je vais vous faire un contrat de dix ans pour vos créations.
02:26Deux millions par an, ça vous paraît une somme raisonnable ?
02:29Il est hors de question que je passe une seconde de plus avec ce pic à siet.
02:35Ce matin, lave-moi le dos.
02:37Alors Thierry Clifat, quand on regarde votre film,
03:04on ne peut pas s'empêcher de penser au nom Bettencourt.
03:07Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous intéresser à cette histoire, à cette famille ?
03:12Quand le scandale a éclaté, j'ai suivi ça un peu comme tout le monde,
03:18comme un roman photo, une télé-novela,
03:20sauf que ça se passait dans un milieu où en général ce genre de scandale restait secret.
03:26Et que là, chez les ultra-riches.
03:29Et très vite, je me suis rendu compte qu'il y avait peut-être une autre vérité,
03:32parce qu'on était un peu noyé sous des sommes astronomiques,
03:36sous le scandale politico-judiciaire.
03:38Ce n'était pas nécessairement ce qui m'intéressait le plus.
03:40Ce qui m'intéressait le plus, c'était l'intime,
03:43c'était ces trois personnages qui avaient été caricaturés à l'excès
03:46et qui étaient autre chose.
03:49J'ai découvert en enquêtant, en cherchant,
03:52que ça tenait tout du...
03:55Il y avait du roman balsacien, de la tragédie shakespearienne,
03:57mais je pouvais traiter ça sur le ton de la comédie.
04:00Et justement, comment est-ce qu'on fait pour insuffler,
04:02quand, voilà, vous l'avez dit, ça a été une affaire ultra-médiatique,
04:05les faits, on les connaît.
04:06Comment on fait pour insuffler de la fiction à une histoire comme celle-là ?
04:09D'abord, en prenant cette histoire par le début,
04:14et non pas par la fin, comme elle a été beaucoup racontée,
04:16en m'intéressant à l'intime, au personnage.
04:21Et la fiction, elle est venue assez naturellement.
04:23C'est-à-dire que si ça avait été uniquement pour illustrer
04:26ce qu'on avait lu, vu et entendu au moment du scandale,
04:30ça ne m'aurait pas intéressé.
04:32C'est à partir du moment où j'ai découvert qu'il y avait autre chose,
04:34un autre mystère, peut-être une autre vérité,
04:37que là, je me suis vraiment passionné.
04:39J'ai vu qu'il y avait du cinéma.
04:42Sinon, si c'était pour faire un film dossier
04:44ou un film dit nécessaire,
04:46ça ne m'aurait pas intéressé tant que ça.
04:49Ce qui est intéressant dans le film,
04:51c'est que le monde que vous décrivez,
04:52on le voit rarement dans la vraie vie.
04:54Moi, personnellement, le monde des ultra-rilles, je ne les connais pas.
04:56Et au cinéma, bizarrement,
04:58c'est assez peu traité dans le cinéma français.
05:00Et donc, vous, vous forcez un peu cette porte-là.
05:03Vous ne regardez pas trop de la serrure.
05:04Comment on arrive à prendre la langue
05:06et à filmer une intimité
05:08que, par essence, on ne connaît pas ?
05:10D'abord, il y avait une matière incroyable,
05:13une correspondance de plus de 5000 lettres
05:16entre les deux principaux de la milliardaire et le photographe.
05:20Il y avait énormément de...
05:24Tout était consigné comme dans des carnets
05:26et tout a été mis au dossier judiciaire.
05:29Donc, j'ai pu avoir accès à pas mal de pièces comme ça.
05:32Et ce qui nous a aidés, sur la langue, en tout cas.
05:35Et c'est vrai que c'est assez rare de faire un film
05:38qui passe par les dialogues, par l'oralité.
05:41Et que c'était...
05:43Ça, c'était très...
05:45En fait, ce qui était très intéressant pour les acteurs
05:46et pour moi, c'est que c'était des prototypes, en fait.
05:49Des personnages comme ça, ils n'en ont jamais joué,
05:51ils n'en joueront sans doute plus jamais
05:52parce que les situations sont folles,
05:57ces personnages sont hors sol.
05:59Donc, tout ça conférait vraiment de la comédie
06:05à tous les endroits.
06:07Et c'est d'autant plus fou de faire une comédie
06:10qui est quand même traversée par de grandes thématiques
06:13et notamment par l'histoire.
06:14Elle est traversée par la grande histoire.
06:16Oui, le passé sombre de cette famille.
06:18Oui, le passé de cette famille.
06:20Et c'est très consigné à une...
06:21En fait, la chose aussi dont je me suis aperçu,
06:23c'est que...
06:24Mais ça, c'est rétrospectivement que je m'en rends compte aujourd'hui.
06:26C'est que, finalement, avant cette affaire
06:29qui a explosé au milieu des années 2000,
06:31les ultra-riches, on savait qu'ils existaient,
06:34mais on ne les identifiait pas nécessairement.
06:35C'était comme une espèce d'entité, comme ça, vague.
06:37Et tout à coup, quand l'affaire a éclaté,
06:40cette femme, mise presque malgré elle,
06:43de son fait sur le devant,
06:44tout d'un coup, elle a donné un visage à ces ultra-riches.
06:47Et je trouvais ça assez intéressant et très romanesque.
06:52Et justement, ce visage, c'est Isabelle Huppert.
06:54Comment on compose avec Isabelle Huppert ?
06:56On ne compose pas.
07:00C'est extraordinaire de travailler avec elle,
07:02d'abord parce qu'elle est d'une intelligence remarquable.
07:04Mais ce n'est pas du tout...
07:05Elle est très loin de ce qu'on pourrait imaginer.
07:07Isabelle, ce n'est pas quelqu'un qui crée dans le génie,
07:09enfermée dans sa loge et en étant tournée sur elle.
07:12C'est quelqu'un qui a une grande, évidemment, culture.
07:17C'est quelqu'un qui se nourrit de tout.
07:18C'est-à-dire qu'elle est tout le temps dans le présent.
07:20C'est-à-dire qu'elle est là pour accueillir les accidents
07:22qu'il peut y avoir sur un plateau.
07:23Elle propose énormément.
07:25Et elle est toujours du côté du film.
07:28Elle a été une partenaire, mais comme tous les autres,
07:30vraiment formidable.
07:31Mais elle a besoin d'avoir quelqu'un qui la regarde.
07:33Elle a besoin d'avoir des partenaires en face.
07:35Et elle ne crée pas seule.
07:37Ce n'est pas elle et les autres.
07:38C'est elle toujours avec les autres.
07:40Elle est impressionnante.
07:41On souligne aussi l'appréhension de Laurent Lafitte
07:43qui est absolument incroyable,
07:44en photographe un peu manipulateur,
07:47qui a l'air de s'être beaucoup amusé.
07:49Oui, qui est génial.
07:50Qui est génial.
07:51Qui est simplement génial.
07:51Qui est génial dans le film.
07:52Vous restez encore un peu avec nous, Thierry Clifat.
07:54On va continuer à dérouler l'actualité cinéma avec vous, Thomas.
07:58Et on passe à l'adaptation d'un classique
08:00de la littérature française et mondiale,
08:02L'étranger d'Albert Camus par François Ozon,
08:04dans le rôle de Meursault,
08:05l'insaisissable héros du roman.
08:07Benjamin Voisin, plongé dans la fièvre de l'Algérie française.
08:10Il évolue dans un magnifique noir et blanc.
08:13On regarde des images, Thomas.
08:13Vous nous donnez votre avis juste après.
08:17Aujourd'hui, je suis retournée au bain.
08:20J'ai fermé les yeux et...
08:22J'ai senti ta tête posée sur mon ventre.
08:27Quand j'ai rouvert les yeux, tu n'étais pas là.
08:33Pourquoi as-tu tué cet homme ?
08:37Pourquoi avoir brisé ce bonheur qui nous attendait ?
08:40Vous portez en vous le poids d'un péché dont il faut vous débarrasser.
08:49Il y a des choses dans votre geste qui nous échappent
08:51et nous avons besoin que vous nous aidiez à les comprendre.
08:53D'abord, regrettez-vous votre acte.
09:00Voilà, difficile tâche que d'adapter la profondeur de la prose d'Albert Camus
09:05qui parvenait avec cet étranger à faire de l'opacité de son personnage.
09:08Le fameux meurceau, le vecteur d'un questionnement philosophique
09:12sur l'emprise du mal, la culpabilité, l'aveuglement, la responsabilité.
09:17Je ne vais pas vous faire une explication de texte.
09:19Tout le monde l'a lu.
09:20Ce qui explique que peu de cinéastes se sont quand même aventurés et mesurés
09:24à cet étranger.
09:25On se souvient peut-être qu'en 1967,
09:27Lucino Visconti avec Marcello, Mastroianni s'était essayé
09:29sans convaincre totalement.
09:32Idem pour François Ozon,
09:34qui pêche à mon avis d'abord par coquetterie,
09:37d'abord avec une esthétique publicitaire,
09:39moi personnellement, avec ce noir et blanc
09:40trop chiadé.
09:42Et la façon de traiter la sensualité des personnages
09:45teintés d'érotisme doux aurait pu être une piste originale à traiter.
09:49Mais je trouve que Ozon ne s'engage pas vraiment,
09:53préférant rester à une distance, à mon avis, trop confortable.
09:56La seconde partie, elle, ressemble plus à une explication de texte laborieuse.
10:02Voilà, elle désamorce un mystère
10:03qui soudain perd de sa force expressive.
10:07Et puis on termine avec le chanteur Aurel San,
10:09un héros d'un film d'aventure autour d'une armure aux étranges pouvoirs.
10:14C'est You Roy de David Tomaszowski.
10:16Voilà, les fans du rappeur le savent,
10:17Aurel San aime le Japon,
10:19ou du moins sa culture pop,
10:21où l'univers du manga ouvre des portes
10:23vers des mondes à l'imaginaire débridé.
10:25C'est un peu ce qui se passe ici.
10:26Aurel San est aurélien,
10:28une sorte de double de lui-même,
10:29qui s'octroie un moment de calme avec sa douce au Japon.
10:32Au fond d'un puits, il y a une armure.
10:33Bon, il faut croire à tout ça.
10:34Et une fois qu'il revêt cette armure,
10:36il y a des démons maléfiques
10:38qui vont surgir,
10:40qui sont presque des excroissances,
10:41de l'incarnation de ces traumas du héros.
10:43Voilà, réalisé par le responsable des clips d'Aurel San.
10:46Ça se veut une orgie visuelle.
10:49Les fans du chanteur sont déjà là.
10:51Reste à convaincre les autres.
10:53Voilà, c'est surtout à destination des fans.
10:55Avis donc à ceux qui aiment Aurel San.
10:57Merci beaucoup Thomas.
10:58Merci évidemment Thierry Clifat d'être venu sur le plateau de Alaphiche.
11:02La femme la plus riche du monde est à voir en salle dès cette semaine.
11:04Et merci à vous de nous avoir suivis.
11:06N'oubliez pas de nous retrouver sur france24.com
11:08ainsi que sur tous nos réseaux sociaux.
11:09On se quitte donc sur quelques images d'Aurel San en super-héros
11:12de sa propre vie dans Yoroi.
11:13Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite.
11:15Peut-être qu'elle est inoffensive et elle veut juste me lécher.
11:24Il faut que je les affronte seul.
11:27Non mais attends, t'as commencé les arts martiaux à 32 ans.
11:31On a dit qu'on affrontait les galères ensemble.
11:33Puis vraiment, objectivement, t'es nul en baston.
11:35Ouais bah ça va, j'ai compris cette partie-là.
11:38Ton armure, elle a des pouvoirs ?
11:39Non, elle n'a pas de pouvoir.
11:41Elle me protège même pas très bien.
11:45Non, elle n'a pas de pouvoir.
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