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00:00Pour aller plus loin, Anne-Claire Fontan, responsable scientifique du programme sur les cyclones tropicaux de l'Organisation Météorologique Mondiale est notre invitée.
00:08Bonjour, on vient de le voir avec ces images, cet ouragan est d'une extrême intensité. Comment vous expliquez ce phénomène ?
00:17Écoutez, en fait, il faut savoir que Mélissa atteint le catégorie 5, qui est la plus extrême sur toutes les catégories.
00:24Alors, pourquoi ? Il a pu bénéficier de ce qu'on appelle une intensification rapide, c'est-à-dire qu'il a bénéficié d'un bon environnement, en particulier d'eau très chaude dans ce secteur au sud de la Jamaïque et sur une profondeur océanique très importante.
00:42Donc, énormément de potentiel pour nourrir, pour donner de l'énergie à ce cyclone.
00:49Voilà, et puis, il y a également le fait que la structure, c'est-à-dire la machine, la possibilité de toute la masse nuageuse de se construire en vertical a pu être rendue possible, effectivement, avec un cisaillement de vent qui s'est fortement affaibli et qui empêchait jusqu'à présent le système de s'intensifier.
01:09Donc, il a bénéficié d'un excellent environnement, d'où l'intensification rapide et aussi intense de Mélissa.
01:19Donc, finalement, tous ces facteurs ont fait en sorte que l'ouragan soit si important. Est-ce que le phénomène d'ouragan qu'on connaît aujourd'hui peut être amené à se multiplier ?
01:30Alors, je vais me référer au GIEC, le groupe intergouvernemental des experts pour l'évolution du climat.
01:41Ce qu'on attend dans le futur, avec le changement climatique, ce n'est pas une multiplication de nombre des systèmes tropicaux,
01:52c'est plutôt un glissement vers des systèmes plus intenses, donc du style de Mélissa, c'est-à-dire des cyclones tropicaux qui vont atteindre des intensités,
02:02comme ce qu'appellent les Américains les ouragans majeurs, donc catégorie 3, catégorie 4, catégorie 5.
02:08Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que dans une atmosphère plus chaude, ils vont pouvoir être associés à plus d'humidité, de pluie.
02:16Donc, les phénomènes vont davantage avoir de pluie, donc qu'est-ce qu'il va donner ?
02:24Avec davantage de pluie, ça va donner davantage d'inondations, davantage de glissement de terrain, de coulée de boue, donc des impacts catastrophiques.
02:34Et puis, le troisième élément à voir pour qu'ils seront associés à ces cyclones tropicaux dans le futur,
02:43vous savez que le niveau des mers est en train de monter, et que les cyclones tropicaux sont associés à ce qu'on appelle une onde de tempête,
02:52qui est d'ailleurs associée à la marée astronomique, qui s'appelle la marée de tempête,
02:55qui est une montée des eaux associée aux cyclones tropicaux.
02:59Donc, l'addition de la montée des eaux globale, plus ce qu'on appelle la marée de tempête,
03:05vont provoquer davantage d'inondations côtières, ce qui va être un problème,
03:10et qui est déjà un problème, vu que beaucoup de la population mondiale, maintenant,
03:14veuille à proximité des côtes.
03:17Et tous les phénomènes que vous nous décrivez, et l'ouragan Mélissa,
03:20est-ce qu'on peut dire que ça, c'est le résultat du réchauffement climatique ?
03:24Alors, on ne peut pas associer le réchauffement climatique à un système.
03:29En revanche, ce qu'on peut dire, c'est que Mélissa pourrait être l'illustration
03:33de ce à quoi on peut s'attendre dans le futur, avec le changement des cyclones tropicaux
03:41associés au changement climatique.
03:43Anne-Claire Fontan, vous restez avec nous.
03:45On va regarder, puisque l'inaction contre le changement climatique est décrite comme une cause
03:50de la mort de millions de personnes, d'après la revue médicale de l'UNSET,
03:54dans un rapport publié hier.
03:56Les scientifiques pointent notamment du doigt une hausse de la mortalité à cause de la chaleur
04:00ou encore de la pollution de l'air liée aux activités humaines.
04:04On voit cela avec Romain Michelot.
04:07Des températures extrêmes et de plus en plus meurtrières.
04:11Voilà le constat de la revue médicale de l'UNSET,
04:14qui a mesuré le lien entre réchauffement climatique et conséquences sur la santé.
04:19En moyenne, la chaleur a entraîné 546 000 morts par an entre 2012 et 2021.
04:24Selon les scientifiques, cette mortalité liée à la chaleur a grimpé de 23% par rapport aux années 90.
04:31Parmi les régions du monde les plus touchées, l'Afrique, le Moyen-Orient ou encore l'Asie du Sud.
04:37Nous constatons que des personnes dans le monde entier sont exposées à un nombre sans précédent de journées de canicule.
04:43Celles-ci menacent la vie, particulièrement celles des populations âgées ou ayant des problèmes de santé.
04:49Pour les scientifiques, la pollution de l'air, aggravée par l'activité humaine,
04:53reste aussi très meurtrière.
04:56En 2022, selon eux, rien que la combustion des énergies fossiles a entraîné la mort de 2,5 millions de personnes.
05:03Autre phénomène qui nuise à la santé, les catastrophes naturelles et l'apparition de maladies infectieuses.
05:09Une situation qui pourrait encore s'aggraver, selon les auteurs de ce rapport.
05:13Ce qu'il faut, c'est évidemment une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
05:18On sait que nos systèmes de santé souffrent déjà avec le niveau actuel de réchauffement d'1,3 à 1,4 degrés Celsius.
05:26Que se passerait-il si l'on dépassait ce seuil actuel, si le réchauffement était de 2,7 degrés ou plus, si on recule sur nos engagements ?
05:35Un rapport publié à quelques jours de l'ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil,
05:40où les dirigeants du monde entier doivent se réunir à partir du 10 novembre.
05:45Anne-Claire Fontan, on vous retrouve.
05:47Le phénomène de réchauffement climatique, vous étudiez les cyclones tropicaux.
05:52Est-ce que finalement, il y a une répercussion réelle aujourd'hui liée à la hausse des températures ?
05:59Par rapport aux cyclones tropicaux, effectivement, la hausse des températures entraîne, comme je vous le disais,
06:07une atmosphère plus chaude et donc avec plus d'humidité.
06:10Pour un cyclone tropical, il va pouvoir absorber plus d'humidité et être associé à beaucoup plus de pluie.
06:19Là, pour Mélissa, vous avez vu qu'en plus, lorsqu'un cyclone tropical s'avance à une trajectoire très lente,
06:27ça la donne d'énormes quantités de précipitations au même endroit,
06:32d'où des impacts au niveau des inondations bien plus importantes.
06:38Donc, effectivement, une atmosphère plus chaude, associée aussi avec des océans plus chauds.
06:43Donc, il faut avoir en tête que les océans, c'est le fuel, comme on dit,
06:49pour vraiment donner de l'énergie aux cyclones tropicaux.
06:54Donc, effectivement, dans un environnement plus chaud, des eaux plus chaudes, des eaux océaniques plus chaudes,
07:00les systèmes tropicaux sont entendus être plus intenses, mais pas plus nombreux.
07:06Et vous venez de l'évoquer avec, finalement, ce phénomène qui passe très lentement d'ouragan.
07:11Là, en ce moment, en Haïti, on a au moins 10 personnes qui sont mortes suite aux inondations
07:16qui sont provoquées par l'ouragan Mélissa.
07:18Alors, le phénomène météo et destructeur, après l'ouragan, il y a donc les inondations.
07:23Vous étudiez ces phénomènes. Qu'est-ce que vous avez pu constater globalement ?
07:28Écoutez, les phénomènes dangereux vont se multiplier.
07:32Ça, c'est ce que le GIEC, effectivement, a reconnu.
07:36Donc, écoutez, là, moi, je fais partie de l'Organisation Météorologique Mondiale.
07:42Et nous avons une initiative qui a été lancée par les Nations Unies
07:45et notre secrétaire général, Antonio Guitares,
07:49qui est vraiment de promouvoir l'initiative des alertes précoces pour tous.
07:54Donc, il s'agit à l'heure actuelle de favoriser et de renforcer la collaboration
08:00à l'échelle internationale, régionale, pour faire en sorte que chacun,
08:06le moindre individu sur la planète, puisse être alerté en temps et en heure
08:11et agir en conséquence pour se mettre à l'abri.
08:14Donc, voilà ce à quoi ça s'appelle « Early Warning for All » en anglais.
08:19Et c'est vraiment la grande initiative que nous promouvons en ce moment
08:24et dont les efforts des pays pour suivre cette initiative.
08:29Les phénomènes météo plus ou moins extrêmes,
08:33on a l'impression, en tout cas, ça donne l'impression qu'ils se multiplient.
08:35Mais finalement, est-ce que des nouvelles régions pourraient être impactées
08:39par des phénomènes météo intenses ?
08:44Alors, en ce qui concerne les cyclones tropicaux,
08:46il est vrai qu'il y a…
08:48Alors, ce n'est pas encore complètement…
08:51Donc, c'est encore à vérifier.
08:53Mais il est vrai que si, par exemple, il y a à l'étude la possibilité
08:58que les trajectoires des cyclones tropicaux affectent un peu plus,
09:02soit glissent en dehors des zones tropicales
09:05et donc vers des latitudes, vers des pays qui n'ont pas l'habitude,
09:10qui n'ont pas la culture du risque cyclonique.
09:12Et c'est vrai qu'à ce moment-là, ça poserait de réelles difficultés
09:15d'adaptation au risque cyclonique, par exemple.
09:20Anne-Claire Fontan, merci beaucoup d'avoir été l'invité d'Autour du Monde
09:24cet après-midi.
09:25Et puis, on va regarder ces premières images qui nous viennent de Jabbaïk
09:29après le passage de l'ouragan Mélissa.
09:31Et vous le voyez, la vie tente de reprendre tout doucement son cours.
09:36Merci.
09:37Merci.
09:38Merci.
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