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  • il y a 3 semaines

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Transcription
00:00Quand on prend en charge aussi bien une victime vivante que décédée,
00:04on se doit d'une rigueur, écouter, regarder,
00:07laisser le temps aux victimes de nous parler quand elles sont vivantes.
00:10Et quand elles ne sont plus là, on se doit, pour la personne qui est décédée, de tout analyser.
00:14S'il y a 30 plaies, on va devoir examiner les 30 plaies.
00:18Dans l'image du médecin légiste, on a quelque chose qui est un petit peu trop droit,
00:22trop détaché, avec une image effectivement froide.
00:25La médecine égale, c'est quelque chose qui reste pour moi, avant tout,
00:29quelque chose de très humain.
00:31On va parler pour celles qui ne peuvent plus parler,
00:33pour celles qui n'osent pas parler quand elles sont vivantes et qu'elles ont peur.
00:36Le corps parle pour nous quand on n'a pas les mots pour le dire.
00:40Dans le domaine, effectivement, des violences conjugales, on a un énorme rôle.
00:44On a un rôle à la fois de prise en charge à l'instant T,
00:49mais aussi je pense qu'on a un rôle de prévention.
00:51Quand on sait que, par exemple, cette femme, elle a été déposée plainte
00:54quelques temps auparavant et que la plainte a été transformée en une mère courante,
00:58qu'effectivement, on ne l'a pas écoutée.
01:00On a de la révolte contre l'ensemble du système.
01:03Aux Antilles, j'ai eu la chance de pouvoir mettre en place une procédure
01:07de signalement des violences faites aux femmes.
01:10On a relevé neuf critères.
01:12Et quand on a trois critères sur neuf, on fait un signalement directement au procureur.
01:17Alors, ça ne veut pas dire qu'on ne s'occupe pas des autres personnes
01:20qui sont victimes de violences conjugales.
01:22Ça veut dire que le jour même, on se dit, cette personne, elle est vraiment en situation de danger.
01:27On s'assurait que la personne ne rentre pas chez elle tant que l'auteur des faits n'avait pas été appréhendé.
01:35On avait des nuits d'hôtel ou des logements chez l'habitant.
01:39Cette procédure, elle nous avait permis quand même de passer de 17% à très vite 0% d'homicide conjugaux
01:46sur une période de trois ans.
01:48Mais elle passait effectivement par des équipes qui étaient formées,
01:52par un parquet qui était hyperactif.
01:54Quand on est dans une relation de couple et qu'on est victime de violences,
01:57on revient toujours à cette emprise.
02:00Ou alors, justement, on sait que quand on va aller déposer plainte,
02:03on ne va pas être accueilli de la même façon que quelqu'un d'autre.
02:05Je pense à le cas de cette personne qui m'a énormément marquée,
02:09qui quand je lui ai dit, écoutez-moi, je vais faire le signalement pour vous
02:12parce que je pense que vous êtes en danger, vous et votre fille.
02:16Et qu'elle m'a dit, il m'a volé ma vie et vous me volé ma mort.
02:19Pourquoi ? Parce que cette personne était tellement persuadée
02:22que personne ne pourrait l'aider, personne ne pourrait l'écouter.
02:24En quelque sorte, elle avait programmé, c'était la prochaine personne
02:28qui allait décéder sous les coups.
02:29Elle avait prévu pour son enfant où il allait aller.
02:32Voilà, et là, je lui volais la seule chose qui lui avait permis d'être construite.
02:35Mais maintenant, elle va bien, cette personne.
02:37Donc, ce n'est pas grave si je lui ai volé ce moment-là, en fait.
02:39Mais ce sentiment, elle l'a eu parce qu'effectivement, sa vie ne lui appartenait plus.
02:43Je pense que là, on n'est pas bon.
02:45Je pense que si on regardait, examinait, écoutait un peu plus
02:49toutes les gens qui sont victimes de violences,
02:51on pourrait éviter, en tout cas, un certain nombre de décès.
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