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  • il y a 1 jour
Victorien vient de sortir son premier album "Il faudrait le dire". En interview sur Purecharts, l'ancien élève de la "Star Academy" se confie avec une rare franchise sur la pression des chiffres, ses chansons intimes et le moment où il a voulu tout arrêter.

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Musique
Transcription
00:00Il y a des moments où je me suis dit, mais est-ce que se faire du mal à ce point-là pour tout ça,
00:05enfin pour la musique, est-ce que ça vaut le coup ?
00:08A la base, on s'était fixé une sortie en avril, il y a déjà 5 mois,
00:19et en fait, arrivé en février, on s'est dit, mais c'est complètement une mauvaise idée,
00:22il ne faut pas du tout faire ça.
00:23Donc on a dit, ok, on prend le temps, on repousse un peu des dates de tournée,
00:26on fait ce qu'il y a à faire, mais on prend le temps de faire un beau projet.
00:28Et je pense que c'était vraiment la meilleure option,
00:30parce que sinon, on aurait fait des chansons qui racontent la même chose que celle d'avant,
00:33et ce n'était pas du tout le but, il fallait vivre des choses, raconter des nouvelles choses.
00:36Et ouais, cette année était hyper importante.
00:40A la base, je voulais juste annoncer l'album, et puis je me suis dit,
00:42en fait, il faut que je raconte ce qui s'est passé avant de le terminer,
00:45parce que c'est vrai que les réseaux, c'est cool, c'est un super moyen de communication,
00:49de promotion et tout ça, mais en fait, comme je disais dedans,
00:52on ne montre que ce qu'on a envie de montrer.
00:54Et en fait, pour beaucoup de gens du public, la vie est trop cool quand on fait de la musique et tout.
00:59Et ce n'était pas du tout dans une intention de m'apitoyer sur mon sort ou quoi que ce soit,
01:02c'était juste de le montrer, de dire que ça existe aussi.
01:05Le fait de ne pas toujours full confiance sur ce qu'on fait,
01:07des moments où on est hyper down, on a juste une nuit blanche,
01:10parce qu'il y a un milliard de questions qui traversent nos têtes.
01:13Il y a des moments où je me suis dit, mais est-ce que se faire du mal à ce point-là pour tout ça,
01:17enfin pour la musique, est-ce que ça vaut le coup ?
01:19Enfin, c'est 90% du temps où vraiment, c'est que des questions et des moments qui ne sont pas forcément super cool.
01:24Pour ces 10% sur scène, ou les moments avec le public, à sortir des chansons et tout,
01:28est-ce que ça vaut le coup justement, tous ces efforts pour ça ?
01:31Et oui, ça vaut le coup parce que ces 10%, ils sont tellement plus importants que tout le reste
01:35que, ouais, il n'y a pas moyen d'arrêter.
01:37Mais c'est vrai que c'est des questions qu'on se pose, notamment sur les chiffres et tout,
01:40parce qu'aujourd'hui, c'est hyper important.
01:41Pourquoi on le fait ?
01:42Et c'est parce qu'en fait, on est toujours à une chanson.
01:43Et c'est cette chanson-là qui nous tient, cette chanson qui va briquer, qui va marcher,
01:47de faire de la musique notre métier et de pas juste faire de la musique pour nous dans notre chambre.
01:50Mais ouais, j'avais envie de le dire aussi dans cette annonce d'album, d'expliquer comment tout ça s'est passé.
01:55Notre saison a démocratisé beaucoup les chiffres vus par le public.
02:00Enfin, je vois, les gens regardent les crédits maintenant.
02:01Même ma mère commence à me parler d'auteurs qui ne sont pas artistes,
02:04enfin, qui n'ont pas de projet d'artiste à eux.
02:06Mais parce que ma mère se met à regarder les crédits et tout,
02:07et je pense qu'il y a eu un truc où les gens se sont vraiment intéressés au backstage de l'industrie musicale.
02:12Et du coup, en fait, on voit des récaps de nos stats et tout, tous les jours.
02:15Malgré nous, c'est pas nous, on va pas les voir.
02:16Tous les jours, ça tombe sous nos yeux.
02:17Moi, j'essaye de les masquer, de les bloquer et tout, mais en fait, malgré moi, ça tombe.
02:21Et bien forcément, quand sur une liste de 15, t'es dans les trois derniers,
02:24tu te dis, ok, est-ce que c'est là ma place, quoi ?
02:26Ou est-ce que je le fais en vain ?
02:28Mais c'est vrai que c'est des questions qui sont normales.
02:30Et après, j'ai une équipe qui me rassure aussi beaucoup.
02:31Et puis de rien, malgré tout ça, j'ai des salles de concert qui se remplissent et tout.
02:34Donc la finalité, elle est là.
02:35C'est juste des profils différents et tout ça, mais ouais, les chiffres, c'est flippant.
02:39C'est angoissant.
02:42Je pense que c'est toujours là, mais qu'avant, il y avait plein de trucs
02:45où juste par peur de l'échec, j'essayais même pas.
02:47Parce que je me disais, si tu rates, t'es nul.
02:49Donc essaye pas et au moins, tu sauras pas que t'es nul.
02:51Et maintenant, je me dis, bah, vas-y, essaye.
02:53Au pire, ça marche pas.
02:54Mais évidemment, ça reste une question qui est là.
02:56Mais maintenant, j'arrive à relativiser quand même là-dessus.
03:00De toute façon, de manière globale, la musique, c'est pas que la gloire, les paillettes.
03:03C'est beaucoup, beaucoup de travail.
03:04Ouais, à des moments, j'ai pu le ressentir, ce truc de
03:06« Ok, là, ça marche plus, on est sur la fin ».
03:08Et en fait, je me rends compte que j'ai tellement envie de faire de la musique
03:10qu'au dernier stream, je vais continuer à en faire
03:13jusqu'à ce que potentiellement, ça explose ou potentiellement, ça s'arrête.
03:16Mais quand bien même ça s'arrêtait un jour, en fait, je continuerais
03:18parce que c'est juste ancré en moi et ça peut pas partir.
03:21C'est comme ça.
03:22Il y a des choses qui sont là.
03:23Et oui, il y a Maya, comme tu le disais, qui a repris ses études,
03:26mais elle arrête pas la musique.
03:27Elle disait juste qu'il faut une porte de secours au cas où.
03:29Mais de toute façon, après, la musique, si on veut en faire et on veut en vivre,
03:32il y a un million de moyens d'en vivre.
03:33Ce ne sera pas forcément sur des gros concerts en tête d'affiche et tout.
03:36En fait, il y a tellement de gens, et ça, on ne s'en rend pas trop compte
03:38jusqu'à ce qu'on y soit.
03:40Il y a tellement de gens qui vivent de la musique sans être des énormes stars.
03:42On a un super statut en France qui s'appelle Intermittence
03:44et sauve la vie culturelle en France, en fait.
03:47Quoi qu'il arrive, je vais continuer.
03:50En écrivant des chansons.
03:51Le moment où j'écris une chanson, je suis vraiment en mode,
03:54là, je me sens bien.
03:54Et je me sens tellement bien que ça compense tout le reste.
03:57Donc à partir de ce moment-là, il n'y a pas de raison d'arrêter.
04:02C'est ça, il faudra, à la base, c'était vraiment une chanson de toutes les choses.
04:05L'idée de la chanson, c'était une liste de toutes les choses qu'on doit faire dans la vie
04:09malgré le fait qu'on n'ait pas forcément envie de les faire.
04:11Et en fait, en l'écrivant, en l'écrivant, en l'écrivant,
04:13il y a un moment où je me suis dit, mais en fait, il faut continuer, quoi.
04:16Quoi qu'il arrive, il faut continuer.
04:17Et c'est pour ça que l'album s'appelle comme ça aussi,
04:18parce que je trouve qu'il représente assez bien toutes ces chansons
04:20et la situation que je vis actuellement de, quoi qu'il arrive, avance, continue,
04:25et ça va finir par payer.
04:28Je pense que de manière globale, je suis assez solitaire dans ma vie.
04:31J'adore être entouré.
04:32J'adore passer du temps avec mes potes et tout.
04:34Je trouve ça, c'est vraiment des moments que j'adore.
04:36Mais en fait, au bout de quelques heures, j'évite ce besoin de me retrouver seul avec moi-même
04:41parce que j'ai l'impression que mes batteries sociales sont complètement pleines très rapidement.
04:44J'avoue que ce n'était pas un souhait, en tout cas,
04:47d'exprimer cette immense solitude dans les chansons.
04:49Mais je pense que malgré moi, ça existe et c'est quelque chose qui fait partie de moi.
04:52Je pense que ça se retrouve dans la manière d'écrire aussi.
04:54Mais ce n'était pas forcément un souhait.
04:56Mais encore une fois, ça crée une ADN aussi au projet
04:58et ça fait que c'est mes chansons et pas celles de quelqu'un d'autre.
05:01Et ça, c'est cool.
05:04Moi, j'ai très peur du temps.
05:05Du temps qui passe et qui passe devant moi sans que j'en profite.
05:08Il y a beaucoup de chansons dans cet album qui parlent de cette temporalité, justement.
05:11Même quasiment au global, l'album est tourné autour de ça.
05:14Il y a beaucoup d'autres du passé, de peur du futur et tout ça.
05:16Je pense que, ouais, j'ai peur de rater des moments.
05:19J'ai peur d'oublier ceux que j'ai déjà vécu.
05:20Et du coup, de les écrire, ça me permet de les faire durer.
05:23Et d'écrire mes peurs, ça me permet de les accepter un peu plus, de mettre des mots dessus.
05:25C'est un peu comme une thérapie, en fait.
05:26C'est un peu ma séance de psy à moi.
05:28D'écrire une chanson, ça me permet de mettre des mots sur tout ce qui se passe, justement, dans ma tête.
05:31Ou des fois, c'est pas forcément facile de le dire à quelqu'un.
05:33Moi, j'ai beaucoup de mal à parler.
05:34D'écrire, ça me sauve un peu à des moments.
05:35Déjà, mon grand-père, c'est un peu grâce à lui que j'aime la musique et que je fais de la musique.
05:41Parce que tout a commencé, comme beaucoup de gens, quand j'étais petit dans la voiture.
05:44Et c'est des CD en boucle qui m'ont marqué.
05:48Des brelles, des brassins, c'est tout ça.
05:49Donc, moi, c'était important.
05:50Malheureusement, je l'ai perdu il y a quelques années, juste un peu avant la Starac.
05:53Et j'ai un peu fait un déni de tout ça.
05:54Et en fait, c'est arrivé genre deux ans après.
05:55Je me suis dit, mais en fait, il est arrivé, mets des mots dessus.
05:57Et du coup, ça a donné une chanson comme chez mon grand-père.
06:00Et mon père, c'est même la personne que j'aime le plus sur cette terre.
06:05Mais on a eu une relation très compliquée pendant plus de 20 ans.
06:08En fait, à un moment, je voulais écrire une chanson pour tout lui balancer.
06:11En mode, t'as fait ça, t'as fait ça, t'as fait ça.
06:12Et au moment d'écrire la chanson, c'était vraiment juste...
06:14Ça ne voulait pas sortir tous ces trucs-là.
06:15Je me suis dit, ok, c'est peut-être le moment de switcher et de passer sur un truc où on fait la paix.
06:19Et où on se dit les choses cool aussi.
06:21Donc, ouais, parler de ma famille, moi, je trouve ça hyper important.
06:23Et c'est eux qui m'entourent au quotidien.
06:24Et c'est eux qui font que je suis moi et tellement de mes souvenirs qui sont avec eux
06:27que je ne pouvais pas faire un album qui parle de ma vie sans parler d'eux.
06:32De l'écrire, ça a un côté thérapeutique.
06:34Et de le chanter sur scène, surtout.
06:36Je vois, quand j'ai chanté la chanson sur mon père, à mon père sur scène,
06:39je ne regardais plus personne, je le regardais droit dans les yeux.
06:42Et j'avais l'impression qu'on était dans le salon.
06:43Et on s'est tous les deux effondrés au milieu de la chanson.
06:45Et ouais, c'est des moments où tu sens qu'il y a un switch qui se passe.
06:48Et où le truc est sorti.
06:49Et c'est bon, maintenant, on peut passer à autre chose.
06:52De toute façon, je n'ai rien à cacher.
06:54Sur ma vie, je pense qu'on peut faire des chansons de tout si on le tourne bien.
06:57Et si on raconte vraiment la vérité, on peut faire des chansons sur tout.
07:00C'est vrai que, du coup, comme je disais, ça m'a fait passer du déni à l'acceptation.
07:04En fait, c'est un peu les phases, je ne sais plus combien il y en a,
07:07mais il y a quatre ou cinq phases du deuil.
07:09En fait, je suis passé de la première à la dernière d'un coup grâce à la chanson.
07:12Ça m'a passé par toutes les étapes du milieu.
07:13Ça m'a fait vraiment du bien.
07:17Bien sûr, mais même avant, je pense que je l'avais, ce souhait de continuer quoi qu'il arrive.
07:21Mais c'est vrai que maintenant qu'il est annoncé,
07:22déjà, de l'une, il n'y a plus le choix. Maintenant, il faut y aller.
07:24Parce que sinon, je vais me faire embrouiller par le label.
07:26Non, non, non, non. Ouais, bien sûr, j'ai absolument pas envie d'arrêter.
07:29C'est même pas... En fait, c'est même pas un sujet.
07:31J'y pense pas. J'y pense plus, en tout cas.
07:32Parce que c'est vrai qu'en fait, là, les deux années qui se sont écoulées,
07:35c'est tellement des montagnes russes où il se passe un milliard de choses
07:38dans tous les sens que les questions vont avec.
07:40Là, maintenant, on commence à avoir un projet qui est un peu plus pérenne,
07:43qui petit ou grand soit-il, peu importe.
07:45Ça, c'est pas l'important, mais un projet qui peut durer dans le temps.
07:52Un peu de musique, un peu de machin, un peu de machin.
07:53Ça monte, ça descend. Et là, on commence à lisser le truc un petit peu.
07:56Maintenant, ça peut aller que de l'avant, quoi.
08:00Cette chanson, elle est née en séminaire l'année dernière,
08:01quand on est partis pour faire l'album.
08:03Et je me suis dit, en fait, il manque un égotrip dans ce projet.
08:06Genre, c'est bon, on est gentil depuis un moment, là.
08:08Je dis ce que je pense et tout ce qu'il y a,
08:10et avec une prod qui tabasse un peu.
08:13Et c'est vrai qu'elle veut tout dire, cette chanson, en fait.
08:15C'est maintenant, je vais le faire.
08:16Laissez-moi me planter, je le ferai quand même.
08:18Et ça va le faire. Ça va marcher.
08:22Trop au début pour penser à pour qui je veux écrire dans mes rêves.
08:26Parce qu'en fait, ceux pour qui je veux écrire,
08:27ils écrivent tellement mieux que moi, pour l'instant.
08:28Je suis tellement à des années-lumière de leur niveau,
08:30de ceux avec qui je rêverais de collaborer.
08:32Mais oui, si on parle de collab,
08:34ce serait peut-être même plus dans le sens inverse.
08:36Des gars comme Raphaël ou Ben Mazoué,
08:38même bosser avec eux sur mes chansons, moi, un jour, ce serait un rêve.
08:41Je suis tellement trop loin, pour l'instant,
08:43pour écrire sur leur projet,
08:44que je ne me pose même pas trop la question.
08:46Et je me dis, si quelqu'un m'appelle,
08:48c'est qu'il est sensible à ce que je fais, avec grand plaisir.
08:50Mais pour l'instant, je ne me sens pas encore tout à fait légitime
08:51d'aller démarcher des artistes en mode
08:53« Cool, tiens, j'ai écrit une chanson, je pensais à toi. »
08:55Peut-être qu'un jour, ça arrivera,
08:56mais pour l'instant, je reste assez focus sur le mien.
08:59Et si on m'appelle sur d'autres, j'y vais, mais doucement.
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