Skip to playerSkip to main content
  • 7 weeks ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Pour commenter la situation politique en France, Olivier Guiotto, bonjour.
00:05Merci de nous rejoindre. Vous êtes enseignant-chercheur en stratégie et en sciences politiques à l'INSEC,
00:09l'Institut des hautes études économiques et commerciales.
00:13Que vous inspire cette reconduction de Sébastien Lecornu ?
00:18Est-ce qu'Emmanuel Macron tourne en rond ?
00:22Alors, ça illustre plusieurs choses.
00:26D'abord, la difficulté, je pense, à trouver quelqu'un, dans un sens.
00:30Et effectivement, ça illustre le morcellement du plateau politique actuel,
00:38qui n'a pas changé, fondamentalement.
00:41Et il s'entête un peu en gardant un macroniste.
00:46Évidemment, ce qu'il a dit, c'est qu'il allait lui laisser carte blanche.
00:49Et c'est un peu le message qu'il essaye d'envoyer pour un peu montrer que la situation a changé.
00:53Fondamentalement, elle n'a pas changé.
00:58Les équilibres restent les mêmes et ils restent difficiles.
01:01Dans un pays où on n'a quand même pas vraiment la culture du compromis, quelque part,
01:06et c'est un peu la difficulté face à laquelle on se trouve actuellement.
01:11Néanmoins, il va falloir voir comment ça évolue.
01:16Ce qui est clair, c'est que la formation du gouvernement va être clé.
01:20Ça va être le premier point. Et ça, ça va être un mouvement raté du premier gouvernement Lecornu.
01:25Il va falloir changer les têtes.
01:27Et deuxièmement, il va falloir voir quelles sont les avancées par rapport à des dossiers politiques.
01:32On a parlé de la réforme des retraites.
01:34Il avait avancé le 49.3 en pensant sans doute que ça allait être suffisant comme signal.
01:40Et ça ne l'avait pas été.
01:41Donc on va voir ce qu'il va se passer à partir de là, effectivement.
01:44– Sébastien Lecornu promet, Olivier Guiotto, du renouvellement.
01:49Il dit avoir accepté par devoir.
01:51Vous, comme moi, nous ne sommes pas dans le secret des dieux.
01:55Cependant, qu'est-ce qui a pu se passer à l'Élysée
01:57pour qu'il accepte de rester dans sa fonction qu'il avait brutalement quittée il y a quelques jours ?
02:03– Alors, c'est intéressant, cette précision par devoir.
02:09C'est-à-dire qu'outre le fait qu'Emmanuel Macron a sans doute du mal à trouver des personnes
02:14qui soient motivées par le faire, même dans son propre camp, on sent un manque d'enthousiasme.
02:19– Ce n'est pas faire de grand discours.
02:20– Ceci étant dit, c'est peut-être aussi une manière de jouer sur l'idée de la responsabilité,
02:29devoir-responsabilité et faire une sorte d'appel du pied un peu symbolique au parti.
02:35Et aujourd'hui, c'est un peu la ligne qu'ils essayent d'avoir en disant finalement,
02:39il faut que la France ait un budget, donc il faut qu'on s'entende malgré le fait
02:43qu'on ne soit pas d'accord sur certains points.
02:45Et on va voir si ça va fonctionner.
02:47Mais effectivement, c'est intéressant comme sémantique, cette idée de devoir,
02:53le fait qu'il le précise, alors que quelque part, quand on devient Premier ministre,
02:56on est plutôt content, on est plutôt enthousiaste.
02:59Là, on a l'impression qu'il est un peu forcé de le faire, mais qu'il va le faire
03:03parce qu'il se met au service des Français et il se met au service de la France.
03:07– Il avait dit aussi qu'il était un bon moine soldat.
03:12Alors, sur la réaction, Manuel Bompard de LFI a parlé d'une humiliation des Français.
03:18Éric Ciotti utilise les mêmes mots d'un bout à l'autre du spectre politique.
03:22On n'a pas de mots assez durs pour condamner ce choix le cornu.
03:25Cette colère, cette indignation, professeur Guilloto, est compréhensible ?
03:30– Oui, bien sûr, elle est compréhensible parce qu'effectivement,
03:34par rapport à l'après-dissolution, il y a une sorte d'entêtement d'Emmanuel Macron
03:42de rester un peu sur la même ligne, de garder la main,
03:47alors que ses opposants demandent d'autre chose.
03:51Soit une sorte de cohabitation avec la gauche, soit une dissolution, soit une démission.
03:55Et lui, par rapport à ça, il n'est pas du tout dans le compromis.
03:59Et après, c'est vrai qu'on se retrouve dans une situation
04:02où un peu la colère se sent sur sa personne aujourd'hui.
04:07Et quelque part, il va y avoir un deal entre si on fait les efforts,
04:12finalement, pour donner un budget et un peu pour sauver la France,
04:15c'est une expression, on sauve aussi le soldat Macron.
04:20Et quelque part, c'est là où il va y avoir une sorte de difficulté un peu,
04:23parce qu'aujourd'hui, je pense que personne ne le soutient,
04:26même dans son propre camp.
04:28On voit bien que ça s'est quand même pas mal érodé, son soutien.
04:31Et ce qui est aussi un vrai changement,
04:34ceux qui le soutiennent officiellement sont assez rares.
04:36On voit bien qu'Atal s'est détourné, Philippe s'est détourné.
04:40Il est vraiment isolé, comme rarement il a été.
04:44Et ça va être quand même l'enjeu des prochaines semaines.
04:50Sachant qu'après, chaque partie joue un peu sa carte.
04:53Et le socle commun est mort, a dit Bruno Rotaillot.
04:57Alors, aujourd'hui, on va suivre assez attentivement
05:01les premiers pas de ce gouvernement Le Cornu,
05:04s'il arrive à le constituer.
05:08Olivier Guillotot, au-delà des individualités,
05:12qui est pour faire partie de cette équipe ?
05:14Quel profil ?
05:14C'est la vraie question.
05:18Il va falloir qu'ils trouvent, à mon avis,
05:20qu'ils mettent un peu des pincées de beaucoup de tendances,
05:23s'il veut y arriver.
05:24Sans doute faire appel aussi à des gens de la société civile.
05:27Après, c'est vrai que quand on entend les discours,
05:29il y a beaucoup de gens, notamment à gauche,
05:31qui disent, finalement, c'est pas le qui qui est important,
05:33c'est le quoi qui est important.
05:35Et par rapport à ça, c'est-à-dire qu'on va avoir le qui
05:38qui va être la formation du gouvernement
05:40et qui il y a dans le gouvernement.
05:41Et il va y avoir le quoi, c'est-à-dire sur quel dossier
05:44on fait des concessions, sur quel dossier on peut avoir des avancées
05:48par rapport au programme qui a été mis en place jusqu'à maintenant.
05:51Et c'est finalement le mélange de ces deux aspects
05:54qui va déterminer le futur de Le Cornu 2,
05:59sachant que l'EPS, et même hier, j'écoutais Cyril Châtelain,
06:03qui disait, on censurera pas par principe.
06:06C'est-à-dire qu'on va voir les efforts qu'ils vont faire.
06:09Arithmétiquement, ça va être très difficile.
06:12Ça reste encore jouable si, effectivement,
06:14au moins ces deux forces-là acceptent de ne pas censurer.
06:19Mais c'est vrai qu'après, à moyen terme, à long terme,
06:22l'élection présidentielle est quand même assez loin.
06:24Voilà, ça nous lance sur une assez longue période potentiellement.
06:30Et dans tout cela, il y a quand même aussi,
06:33il faut le rappeler, le facteur temps, Olivier Guilhautau.
06:37Quelles sont les marges de manœuvre de Le Cornu 2 ?
06:39Puisque sur le budget, par exemple, le temps est extrêmement contraint.
06:42Les débats doivent démarrer au plus tard le 15 octobre
06:45pour respecter le délai de 70 jours prévus par la Constitution.
06:51Effectivement, il va falloir qu'il aille plus vite que la dernière fois.
06:53Et il avait mis du temps à nommer son gouvernement.
06:56Là, il va falloir que ça aille vite et que ça se fasse rapidement.
07:00Après, aujourd'hui, la question aussi, ça va être qui a envie d'y aller.
07:04C'est-à-dire que par rapport au gouvernement qu'il avait nommé la première fois,
07:09est-ce que finalement, c'était la volonté de reconduire les mêmes
07:12ou est-ce que c'était l'impossibilité de trouver des personnes pour les remplacer ?
07:16Et ça, on ne sait pas vraiment ce qui se trame derrière.
07:20Et comme effectivement, il y a cette perspective de la présidentielle
07:24et comme tout le monde joue un peu ses cartes et essaye de se positionner,
07:28il y en a qui n'y auront pas aussi.
07:29De toute façon, le cornu a quand même dit qu'il voulait personne,
07:32qu'il y ait des ambitions présidentielles dans son gouvernement.
07:35Et ça a l'air quand même d'être une des lignes
07:37qui va éclairer sa composition.
07:41Exitent peut-être un peu les rotaillots d'Armanin, etc.
07:46Et puisque vous parlez de chaque parti qui joue ses cartes,
07:49on a entendu les réactions de LFI, du RN et des écologistes.
07:53Un mot peut-être du Parti socialiste
07:55qui promet la censure immédiatement,
07:59mais à deux conditions.
08:01Si le 49-3 n'est pas formellement abandonné,
08:05si la réforme des retraites n'est pas complètement suspendue.
08:07À quoi joue le PS ?
08:11Le PS, il fait partie de ces partis
08:14qui pourraient perdre beaucoup
08:16si jamais il y a une dissolution.
08:19Donc il essaye aussi de se positionner
08:21en partie un peu de gouvernement,
08:25en partie régulièrement.
08:27Et puis aujourd'hui, finalement, la situation à gauche,
08:30les ponts ont quand même été coupés avec LFI.
08:33Et donc s'il veut continuer d'exister,
08:36stratégiquement, il ne peut pas non plus
08:39se remettre du côté de LFI
08:40et donner l'impression que finalement,
08:42c'est eux qui avaient raison.
08:44Donc on est dans cette espèce de jeu
08:46qui est à la fois un jeu stratégique
08:48et un jeu politique
08:49pour savoir comment se positionner,
08:51pour savoir comment s'en sortir le mieux possible.
08:55Mais c'est vrai que pour le moment,
08:57c'est assez difficile de savoir quelle est leur ligne.
09:00Ça a l'air de varier presque de minute en minute.
09:02Et pour le moment, on reste là-dessus, effectivement,
09:07cette idée qu'ils ne censureront pas
09:10s'il y a des grosses avancées.
09:11Est-ce que le corps nudeux sera capable
09:12d'offrir ces grosses avancées ?
09:14C'est un peu tout le débat.
09:15Le PS semble, si l'on vous suit bien,
09:18sur une sorte de chemin de crête.
09:21Pour finir, Olivier Guilotto,
09:23qu'est-ce que cette séquence peut laisser comme trace
09:25sur l'image déjà très dégradée,
09:28même auprès des siens,
09:29d'Emmanuel Macron ?
09:31On est dans une fin de règne
09:35qui est particulièrement difficile.
09:37C'est-à-dire qu'il donne vraiment l'impression
09:40de ne pas être capable de faire de compromis,
09:42de ne pas se remettre en question.
09:43Et c'est vrai qu'en termes d'image,
09:47ça va être compliqué à la fois en interne
09:50et donc dans son propre camp,
09:53mais aussi en externe.
09:54On sait que son taux de popularité,
09:56là, il n'a jamais été aussi bas.
09:57On sait que toutes les fins de mandat sont compliquées,
10:00mais Emmanuel Macron, il est jeune
10:02et potentiellement, il pourrait continuer
10:05à faire des politiques
10:06et même éventuellement revenir à d'autres élections.
10:08Et je pense que ça va laisser des traces,
10:10effectivement, dans l'image que les gens ont lui,
10:13et dans le bilan de son action, finalement.
10:15Merci beaucoup, Olivier Guiotto,
10:18d'avoir accepté de répondre à nos questions ce matin,
10:21enseignant chercheur en stratégie
10:22et en sciences politiques à l'INSEC.
10:24Merci.
10:25Voilà ce qu'on pouvait dire avec vous
10:27de la crise politique en France.
10:29Merci.
10:30Merci.
10:31Merci.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended