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  • 2 months ago

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00:00Votre rendez-vous, c'est derrière l'image. On prend le temps de décrypter l'info à partir d'une photo qui fait sens.
00:05On accueille aujourd'hui Charlotte Boiteau. Bonjour Charlotte.
00:07Bonjour.
00:07Journaliste à Info Migrants. Vous venez nous parler aujourd'hui de l'accord franco-britannique, le fameux One In, One Out,
00:13qui a été signé il y a exactement deux mois.
00:16Un accord qui prévoit notamment de renvoyer des migrants depuis l'Angleterre vers la France pour lutter contre l'immigration irrégulière.
00:22Alors on voit bien, sur la photo que vous avez choisie, elle va s'afficher à l'écran,
00:25qui montre justement cette traversée irrégulière dans la Manche pour rejoindre l'Angleterre.
00:30Ma première question est assez simple. Deux mois après son entrée en vigueur, est-ce que cet accord fonctionne ?
00:36Peut-être commencer par nous commenter, nous décrire ce cliché.
00:39Oui, c'est une question assez difficile parce que est-ce que ça marche ?
00:42À l'heure où nous parlons, Londres a renvoyé 17 personnes vers la France.
00:4517 personnes qui ont traversé la Manche exactement comme sur cette photo,
00:50en embarquant sur des petits canaux, ce qu'on appelle des small boats,
00:53pour rejoindre illégalement l'Angleterre.
00:56Donc 17 renvois, je vous le disais, ça peut paraître un petit peu dérisoire
01:00en comparaison notamment du nombre d'arrivées illégales sur le sol britannique.
01:05Les migrants n'ont jamais été aussi nombreux à traverser.
01:08Selon les derniers chiffres du Home Office, nous sommes à plus de 33 000 arrivées
01:14entre le 1er janvier et le 31 septembre.
01:17En fait, c'est un record. C'est du jamais vu pour cette période de l'année.
01:21Et pour rappel, vous l'avez dit, cet accord prévoit de renvoyer des migrants
01:25qui sont arrivés illégalement par canot au Royaume-Uni vers la France,
01:30qui va bloquer de facto leur accès au système d'asile britannique.
01:35Et en contrepartie, le Royaume-Uni s'engage à accueillir légalement
01:39des étrangers qui se trouvent en France.
01:41C'est un peu une expulsion contre une entrée en somme.
01:44Donc pour résumer, à la date d'aujourd'hui, le Royaume-Uni a renvoyé
01:4817 migrants vers la France, dont une majorité d'Afghans,
01:52et a accepté en retour l'arrivée d'une famille de trois personnes
01:56qui se trouvaient en France, mais dont la nationalité n'a pas été précisée.
02:01Pour un accord qui se voulait dissuasif, on est tenté de dire que c'est un peu raté,
02:0417 migrants expulsés. C'est pas beaucoup quand même ?
02:06Oui, c'est assez peu, d'autant que les traversées n'ont jamais cessé
02:10depuis la signature de cet accord, en témoigne cette photo qui a été prise
02:14le 27 septembre. Mais il faut préciser que c'est un projet pilote,
02:19cet accord One In, One Out. C'est assez inédit.
02:22Il n'est pas étonnant qu'il faille un petit peu de temps pour le mettre en place.
02:26Nous avons quand même contacté le ministère de l'Intérieur français,
02:29le Home Office, donc l'Intérieur britannique,
02:31l'Office français pour l'immigration et l'intégration.
02:34C'est un peu l'organe du ministère de l'Intérieur
02:36qui est chargé de superviser, on va dire, le versant français de cet accord.
02:40Nous avons contacté tous ces bureaux pour essayer d'y voir plus clair
02:43et pour savoir pourquoi il y avait aussi peu de renvois depuis deux mois.
02:48Alors, c'est pas simple d'avoir des détails sur cet accord.
02:51Ce que l'on sait, c'est que la sélection côté anglais prend du temps.
02:55Il y a d'une part des migrants dont les expulsions ont été bloquées
02:59par des juges britanniques, pardon, par voie de justice.
03:03Il y a aussi sans doute des dossiers rejetés par la France.
03:07Pourquoi ? Parce que concrètement, comment ça se passe ?
03:09Londres va envoyer des propositions de candidats aux autorités françaises
03:13et elles vont espérer que Paris valide ses propositions de candidats.
03:17Selon une source qui a parlé à nos confrères de Mediapart,
03:20il y aurait environ 50 dossiers envoyés par semaine aux autorités françaises
03:25qui regardent si en fonction de certains critères, ces personnes peuvent être réadmises sur le sol français.
03:31Alors, c'est quoi ce critère, ces critères si importants pour la France ?
03:34Nous avons demandé à Didier Leschi, le directeur général de l'OFI,
03:37et il nous a dit que c'était clairement l'aspect sécuritaire.
03:40Les autorités françaises peuvent bloquer un dossier proposé par Londres
03:44si elles estiment que le migrant qui va revenir sur le sol français
03:47constitue une menace pour la population.
03:50Comment, Charlotte, sont choisis les candidats ?
03:53Alors, les autorités britanniques sélectionnent des personnes
03:56donc qui sont toutes arrivées illégalement par la Manche.
04:00Elles doivent avoir plus de 18 ans, elles peuvent être arrivées seules ou en famille
04:04et les personnes sélectionnées ont vu leur demande d'asile jugée irrecevable.
04:10Voilà, vous voyez à l'écran.
04:11Alors, c'est un petit peu technique, cette histoire de recevabilité,
04:14mais c'est important parce que c'est dans ce terme que se cristallise toute la complexité de l'accord.
04:18Alors, nous avons demandé au Mofis, qu'est-ce que ça veut dire une demande d'asile jugée irrecevable ?
04:23Ils nous ont répondu, une demande d'asile est irrecevable
04:26quand, un, la personne, le migrant a déjà un dossier d'asile dans un autre pays
04:29ou quand, deux, elle a traversé un pays sûr pour se rendre au Royaume-Uni.
04:34Et c'est ce point qui est intéressant parce que la France est un pays sûr
04:37comme tous les pays de l'Union Européenne.
04:40Autrement dit, tous les migrants qui traversent la Manche depuis le littoral français
04:44sont potentiellement ré-expulsables vers la France.
04:48Alors, ce qu'on ignore, c'est pourquoi le Royaume-Uni choisit certains migrants
04:52et pas d'autres en vue de leur expulsion vers la France.
04:56Et c'est ce flou, en fait, qui entretient surtout la peur chez les migrants en ce moment.
05:00Donc, peu de migrants renvoyés en France, on ne sait pas sur la base de quels critères.
05:06Est-ce qu'on sait répondre à la question de comment se passe le retour ?
05:09Alors, le retour des personnes qui sont renvoyées en France se passe toujours de la même façon.
05:14Ça se passe par avion.
05:15En fait, les migrants vont atterrir, les 17 migrants dont j'ai parlé précédemment
05:19vont atterrir à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.
05:22Ils vont tous être pris en charge par l'association qui s'appelle SOS Solidarité.
05:27C'est une association qui est mandatée par l'État, plus précisément par la préfecture d'Île-de-France.
05:33Et cette association va offrir aux migrants une aide d'urgence de trois jours.
05:38Nous les avons appelés pour savoir comment ça allait se passer.
05:40Donc, concrètement, cette aide d'urgence, elle s'articule autour d'un hébergement
05:44dont le lieu est tenu secret pour des raisons de sécurité.
05:48Les migrants peuvent aussi bénéficier d'un suivi infirmier, d'un bilan sanitaire.
05:52Ils ont accès à Internet.
05:54Ils peuvent même se voir offrir une carte SIM s'ils veulent contacter leurs proches.
05:58En fait, c'est un temps de répit de trois jours.
06:00Mais au terme de ces trois jours, les migrants expulsés doivent ensuite rejoindre des CAES.
06:05Ce sont des centres d'accueil et d'évaluation des situations.
06:09Ce sont des centres qui existent déjà sur le sol français pour s'occuper des migrants.
06:14Et c'est là que leur avenir devient un peu incertain.
06:16Parce que c'est là qu'ils vont se voir offrir deux options.
06:19Soit ils choisissent le retour volontaire pour entrer dans leur pays d'origine.
06:24Soit ils peuvent déposer un dossier d'asile.
06:26Mais si les deux choix sont refusés, les migrants expulsés s'exposent alors à recevoir une OQTF, une obligation de quitter le territoire français,
06:35et pourraient faire face à une expulsion forcée.
06:38Alors pour l'heure, j'ai demandé à Didier Leski, le directeur de l'Office qui avait choisi les 17 personnes qui viennent d'être envoyées en France.
06:444 ont répondu pour l'instant et les 4 premières personnes ont choisi de déposer une demande d'asile.
06:49Nous n'avons pas encore de réponse sur le choix des 13 autres.
06:53Et que faire des non-expulsables ? Il y a des Afghans qui viennent d'être réadmis en France.
06:58Ils ne seront pas renvoyés en Afghanistan ?
06:59Non. Alors c'est encore très flou. Vous avez raison.
07:02La France n'expulse pas vers Kaboul.
07:04Le gouvernement français a décidé de suspendre les expulsions forcées vers l'Afghanistan depuis la prise de contrôle du pays par les talibans en août 2021.
07:15Donc nous avons posé cette question au ministère de l'Intérieur français.
07:17Que faire de ces migrants que vous ne pouvez pas expulser ?
07:20Le ministère de l'Intérieur ne nous a pas répondu.
07:22Nous avons une nouvelle fois demandé à l'OFI, à Didier Leski, le directeur de l'Office français pour l'immigration et l'intégration.
07:29Lui aussi botte un petit peu en touche.
07:31Il nous a dit que c'est vrai, la France n'expulse pas vers Kaboul.
07:34En revanche, il est possible de procéder, de mettre en oeuvre des retours volontaires vers Kaboul.
07:39On comprend bien que Paris mise tout sur ses retours volontaires vers l'Afghanistan pour ces migrants qui ne pourraient pas demander l'asile en France.
07:48Et dans le cadre de cet accord, Londres s'engage de son côté à accueillir des exilés qui se trouvent en France.
07:53Comment ça se passe exactement ?
07:55Oui, alors c'est assez différent.
07:56Depuis le début, je vous parle de retours forcés, de détention d'asile irrecevable.
08:01En fait, les envois dans le cadre de cet accord vers les Royaumes-Unis se fait de manière quand même beaucoup plus apaisée, si j'ose dire.
08:09Tout fonctionne sur une approche individuelle concrètement.
08:12Les migrants qui se trouvent en France et qui veulent aller au Royaume-Uni doivent remplir un questionnaire en ligne,
08:17avoir des papiers d'identité valide, un passeport valide,
08:21et doivent avoir un lien d'attache avec le Royaume-Uni.
08:25Et c'est un détail très important, puisqu'une personne qui n'a pas de membre de sa famille au Royaume-Uni a quand même très peu de chances d'être éligible au programme.
08:34Mais pour les autres, si cette première démarche est acceptée,
08:37le consulat britannique en France va convoquer le migrant, va pouvoir lui délivrer un visa et lui payer un billet d'avion pour rejoindre légalement le Royaume-Uni.
08:47Je précise que Paris n'a aucun droit de regard sur les dossiers sélectionnés par le consulat britannique.
08:53Mais là encore, derrière cette vitrine très théorique, se cachent beaucoup d'interrogations.
08:58Combien de candidats ont déjà rempli ce questionnaire ? Combien le connaissent ?
09:03Combien de dossiers a reçu le consulat britannique ?
09:06Est-ce qu'il y a un objectif chiffré par Londres ?
09:09Nous n'avons pas encore de réponse.
09:11Tout ce que l'on sait, c'est que Londres a pour l'heure accueilli une famille, je vous l'ai dit en début de chronique,
09:15deux, trois personnes et c'est à peu près tout ce que nous savons sur ce versant de l'accord.
09:21Merci beaucoup Charlotte Boitieux pour ces explications.
09:24Peut-être nous rappeler où est-ce qu'on peut vous retrouver, vous et toutes les informations.
09:29Sur infomigrant.fr, on suit l'actualité migratoire de près, notamment cet accord franco-britannique.
09:35Merci beaucoup Charlotte, qu'on se retrouve régulièrement évidemment dans Derrière l'image.
09:39J'ai une information.
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