00:00Elle a marqué les esprits dans Émilie in Paris, où elle incarne la charismatique Sylvie Grateau, patronne redoutable et élégante.
00:30Philippine Leroy-Beaulieu est aussi une figure du cinéma français.
00:36De trois hommes et un couffin à des séries plus récentes qui l'ont fait redécouvrir à une nouvelle génération de spectateurs.
00:42Égérie L'Oréal-Paris, elle a participé au grand défilé de la marque pour l'ouverture de la Fashion Week parisienne.
00:49Invité d'eux à l'affiche, l'actrice nous partage sa vision de la mode, de la beauté et évoque le retour très attendu d'Émilie in Paris, saison 5.
00:58Philippine Leroy-Beaulieu, bonjour.
01:00Philippine Leroy-Beaulieu, merci beaucoup de nous accorder un peu de votre temps ici à Paris.
01:04Alors, on vous retrouve dans un rôle un peu différent de celui qu'on vous connaît sur nos écrans, celui de mannequin pour le défilé de L'Oréal-Paris en ouverture de la Fashion Week.
01:20Quel rapport est-ce que vous entretenez avec la mode, peut-être aussi la beauté dans votre univers personnel et professionnel ?
01:28D'abord, je récuse ce terme de mannequin complètement.
01:31On est d'abord, avant tout, des femmes, des personnes.
01:37On n'est pas les mannequins.
01:38On est toutes différentes en plus, on a toutes vraiment des occupations très différentes.
01:42Donc, le rapport que j'entretiens à la mode, à la beauté, à la mode, je m'amuse beaucoup avec.
01:47Je trouve que c'est un terrain de jeu formidable pour raconter des histoires, pour raconter des histoires de manière aussi assez subliminale en réalité aussi.
01:57Je dirais plus que la mode, c'est les vêtements en tant qu'œuvre.
02:01Ce n'est pas tant les courants de mode qui m'intéressent que le vêtement en tant qu'œuvre d'art, en tant que vision d'un créateur que je trouve toujours très intéressant et beau et très amusant à porter.
02:14Et la beauté, la beauté, c'est un vaste sujet parce que c'est quelque chose qu'on le sait, c'est un peu impensif de le dire, ça vient de l'intérieur.
02:25Donc, c'est des choses de base qui ont à voir avec se sentir bien dans sa peau, se sentir heureux d'être en vie.
02:32Et on le sait tous, même les personnes les plus parfaites peuvent avoir une sale gueule un matin parce qu'elles sont malheureuses.
02:39Donc, en fait, qu'est-ce que c'est la beauté ? Je crois que ça va aussi avec la sincérité.
02:45Alors, le défilé met en avant l'idée de confiance en soi, d'émancipation féminine.
02:50C'est un message qui résonne pour vous dans votre parcours, peut-être dans les rôles aussi que vous choisissez ?
02:56L'émancipation féminine, c'est quelque chose qui dure depuis que je suis enfant puisque ça a commencé il y a longtemps et je trouve qu'on avance formidablement.
03:06Il se passe des choses merveilleuses pour les femmes.
03:09Je me réclame aussi d'un féminisme qui prend la main aux hommes, qui ne laisse pas les hommes sur le bord de la route.
03:19Je trouve qu'on résout les problèmes à plusieurs et pas tout seul.
03:25La confiance en soi, c'est aussi ça.
03:27C'est pas avoir peur de l'autre, en fait, de ne pas se sentir menacée.
03:31Dès lors qu'on ne se sent pas menacée, on arrive à apporter ce que les femmes peuvent apporter de plus beau, qu'il y a la communication.
03:39Je crois qu'on est assez fortes en communication.
03:42D'ailleurs, on prend la tête des mecs souvent avec ça.
03:44Mais si on arrive à trouver un terrain d'entente, on peut communiquer sans vouloir que l'autre nous ressemble, mais plutôt en écoutant ce qu'il a à nous dire et en écoutant ses différences.
03:57Je trouve que la chose à défendre aujourd'hui le plus, c'est vraiment la grande tolérance envers les différences.
04:09Les gens qui ne pensent pas comme vous, il faut les entendre.
04:12Vous avez prononcé ce mot « confiance ».
04:14Qu'est-ce qui vous donne confiance devant une caméra ou sur un podium de défilé ?
04:21Je crois qu'on se met dans un autre état, en fait.
04:24On ne pense pas que c'est nous.
04:26Si on est en train de se regarder, on n'arrive pas à s'abandonner à ce qu'il doit être à ce moment-là.
04:32Donc, il faut se mettre dans un état un peu différent.
04:36Il faut être…
04:38Je ne sais pas.
04:40C'est du lâcher-pris.
04:41Oui, mais c'est des mécanismes qui se mettent en place en plus, de plus en plus avec le temps.
04:45Et c'est vrai que quand on est une très jeune actrice, on est paniqué.
04:49Et puis avec l'expérience, il y a des choses, des mécanismes inconscients qui ont pris place
04:54et qui font qu'on arrive à être intime en public.
04:59C'est la seule chose que le jeu nous demande, en fait.
05:02Le monde de la mode et celui du cinéma, là on parle un peu des deux, se croisent aussi, souvent.
05:08Est-ce que la mode nourrit votre jeu d'actrice, vos personnages ?
05:14On pense évidemment à Émilie in Paris, où c'est un peu là en filigrane aussi.
05:19Non, la mode ne nourrit pas mes personnages.
05:21Il se trouve que dans Émilie in Paris, les vêtements sont une partie intégrante de cette série.
05:26Ils font partie de l'esthétique de Darren Star depuis toujours.
05:30Et c'est très amusant de jouer avec.
05:32Mais de dire que ça nourrit mes personnages, non.
05:35En revanche, les vêtements qu'on choisit ont toujours à voir avec l'état intérieur du personnage que je joue.
05:42Donc en fait, on essaye de faire en sorte que ça ne soit pas juste un défilé de mode,
05:47mais quelque chose qui a à voir avec ce qu'on a envie de raconter de manière subliminale au spectateur
05:53sur ce que traverse le personnage à ce moment-là.
05:55Et les contraintes que moi j'ai besoin d'avoir par moment, parce qu'une scène, elle raconte ça ou ça.
06:02Donc j'ai besoin d'avoir mal aux pieds, j'ai besoin d'être serrée à taille, j'ai besoin d'avoir un truc trop petit, trop large.
06:07Enfin, ça m'aide parfois à trouver des états, en fait.
06:12Alors on parle beaucoup aujourd'hui d'inclusivité, de diversité, d'âges différents représentés au cinéma,
06:30mais surtout nos écrans, y compris les réseaux sociaux.
06:33C'est des valeurs qui sont un peu en danger en ce moment.
06:36Comment est-ce que vous percevez cette évolution, peut-être notamment dans le monde du cinéma que vous connaissez bien ?
06:42Moi j'ai l'impression que c'est énormément là, en fait.
06:46Surtout en France, j'ai pas l'impression, j'ai pas le sentiment en France, peut-être que je me trompe, mais que ça soit en danger.
06:51Ce qui est sûr, c'est que la tolérance ou l'inclusivité ne peut pas être que cosmétique.
06:56En réalité, le bémol que je mettrais à tous ces mouvements qui ont accompagné dernièrement la mode, le cinéma, etc.,
07:03c'est que c'était souvent des cases qu'il fallait cocher pour qu'un projet puisse exister.
07:10Il fallait cocher certaines cases.
07:12Je trouve que c'est, d'abord c'est à la valeur des gens qui travaillent qu'il faut se référer toujours.
07:20Et ensuite, il faut le faire de manière plus profonde, en fait.
07:23C'est-à-dire, est-ce qu'on a envie de travailler avec quelqu'un parce que cette personne apporte quelque chose au projet ?
07:28Alors à ce moment-là, je ne vois plus ni la couleur, ni le genre, ni rien.
07:33Parce que c'est ça qui est important, en fait.
07:36Je serais plutôt pour une société qui ne voit pas ces choses-là,
07:39plutôt que pour une société qui passe en temps à les pointer du doigt.
07:42Je trouve qu'il y a un risque à tout le temps pointer du doigt le genre ou la couleur de quelqu'un,
07:48ou la religion de quelqu'un, parce qu'on peut renverser très vite la problématique.
07:54Et c'est aussi très dangereux.
07:56Donc, je ne sais pas, il y a un équilibre à trouver.
07:58Alors, vous avez récemment été membre du jury au Festival de Deauville.
08:01Un des invités d'honneur était Pamela Anderson.
08:05Bon, évidemment, on la connaissait pour son rôle dans Alerte à Malibu.
08:08On lui a beaucoup parlé de ça.
08:09Mais aujourd'hui, elle prend un peu le contre-pied de tout ça.
08:11Par exemple, elle apparaît sur les tapis rouges sans maquillage et elle le revendique.
08:16Qu'est-ce que vous, ça vous inspire ?
08:18Elle est très, très touchante, déjà.
08:21Je l'ai rencontrée à Deauville, je la trouve vraiment touchante.
08:24Elle a fait un virage à 180 degrés parce que c'était vraiment, effectivement, à l'époque d'Alerte à Malibu,
08:30c'était une vraie poupée d'une beauté renversante.
08:35Et une poupée, quoi.
08:38Et je trouve que c'est très, très beau, le chemin qu'elle a fait.
08:43Dans The Last Showgirl, elle est tellement touchante.
08:47Le dernier film dans lequel elle a joué.
08:48Vraiment très, très, très touchante.
08:50Ça m'inspire qu'elle a trouvé sa vérité, en fait.
08:56Et je trouve ça génial.
08:58Elle a trouvé qu'elle avait envie d'être.
08:59Je trouve ça génial.
09:01Je trouve que le message qu'elle lance, plus que de dire,
09:04il ne faut pas mettre de maquillage ou il faut en mettre.
09:07Chacun fait ce qu'il veut, en réalité.
09:08Moi, j'adore mettre du maquillage.
09:09Bon, pour l'instant, j'en mets.
09:10Peut-être que je ne le mettrai plus.
09:11Mais c'est surtout d'être qu'elle a envie d'être.
09:15Et elle a envie d'être ça.
09:18Et bravo.
09:20Vous êtes aussi attendue Philippine Leroy-Beaulieu,
09:23et c'est peu de le dire, dans la saison 5 d'Émilie in Paris.
09:27Qu'est-ce que vous pouvez nous dire,
09:29je sais que sans doute pas grand-chose,
09:30mais de la suite que le public attend.
09:33Je peux vous dire que je me suis beaucoup amusée cette saison.
09:36Mais c'est tout ce que je peux vous dire.
09:38Qui est un peu d'Italie, évidemment, mais ça, tout le monde le sait.
09:40Oui, ça, on l'a vu.
09:42Vous prenez toujours autant de plaisir à travailler.
09:44Je me suis beaucoup amusée cet été.
09:47Vous incarnez donc toujours Sylvie Gratteau,
09:49la directrice de l'agence de communication Savoir.
09:52Vous dites avoir peu de choses en commun, finalement, avec elle,
09:55alors que peut-être les gens font un rapprochement.
09:58Ça arrive souvent quand un personnage marque autant les esprits.
10:02Si ce n'est justement l'amour de la mode,
10:05qu'est-ce qui vous plaît, vous, dans cette Sylvie Gratteau ?
10:08Ah, ce qui me plaît chez elle, c'est sa blessure.
10:11Ce qui me plaît chez elle, c'est, en fait,
10:13il y a un abysse en elle, en fait.
10:18J'adore ces personnages qui ont des carapaces comme ça
10:20et qui, en réalité, sont des gens très blessés.
10:23C'est ce que j'ai tout de suite vu.
10:25Et voilà, c'est ce que je fouille, en fait.
10:31Voilà, c'est pour ça que j'arrive à m'amuser d'une saison à l'autre.
10:34C'est parce que je n'arrête pas de fouiller ça, en fait.
10:36Et Darren Star aussi, parce que du coup,
10:40il s'amuse avec moi, avec ça, dans l'écriture.
10:42Donc, fouiller cette blessure, c'est très jouissif.
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