00:00Une fraction de seconde de d'inattention, c'est la mort.
00:03Si la dernière chose que je fais, c'est de conduire cette voiture,
00:05je vais prendre cette vie, mec.
00:11Bonjour, je m'appelle Jean-Philippe Lachaud,
00:12je suis chercheur en neurosciences et je me spécialise particulièrement
00:15sur l'attention et la concentration.
00:16Et donc il y a la sortie du film F1,
00:18qui est un moment très intéressant pour combiner
00:21deux types de concentrations, qui sont celles du pilote de Formule 1
00:23et celles de l'acteur.
00:24C'est de ça dont on va parler aujourd'hui,
00:25les côtés très transversaux de la concentration
00:27qu'on trouve dans tous les domaines.
00:30Ils sont hyper concentrés, ces pilotes,
00:41dans des situations où tout change tout le temps.
00:43Et il y a énormément d'informations,
00:44donc leur attention, certes, elle va tout le temps se balader,
00:47mais elle se balade de façon parfaitement maîtrisée,
00:49de fraction de seconde en fraction de seconde.
00:55Peut-être que ce qui est le plus addictif,
00:57c'est cet état d'attention parfait.
00:59Et je pense que c'est ça qu'ils recherchent.
01:01La peur n'apporte rien.
01:02Et ça permet d'avoir une intention qui est extrêmement ciblée,
01:04vraiment comme un laser, sur ce qu'on doit faire
01:06et de ne pas se laisser parasiter par les distractions.
01:08Je pense que le parallèle est assez évident,
01:16dans le sens où l'acteur qui se lance dans une scène
01:18a en tête ce qu'il doit faire.
01:20Il peut visualiser tout ce qu'il doit produire comme effet,
01:22mais on n'est jamais parfaitement sur sa trajectoire.
01:24Donc il y a aussi toutes ces micro-compensations
01:26et le génie va se mettre là,
01:27dans ce petit décalage,
01:28puis on corrige exactement comme il faut.
01:30Ça peut être un activateur,
01:40c'est-à-dire qu'il y a ce qu'on appelle la réaction « fight or flight »,
01:43soit en combat, soit en fuit.
01:45Par contre, la pression peut être paralysante,
01:47c'est-à-dire qu'elle peut produire un surcontrôle
01:49sur sa propre performance.
01:50L'acteur, s'il est trop dans le contrôle de sa gestuelle,
01:53en fait, il va perdre toute sa fluidité,
01:54et le pilote, il va perdre toute sa fluidité de pilotage.
02:01En fait, ce qui les sauve,
02:03c'est de faire une distinction très claire
02:05entre ce qu'ils peuvent contrôler et ce qu'ils ne peuvent pas contrôler.
02:07Et je pense que pour un acteur,
02:08ça s'applique exactement de la même façon.
02:10L'acteur, il peut contrôler un certain nombre de paramètres,
02:12il peut contrôler ce qu'il fait pendant la scène,
02:13il ne peut pas contrôler la façon dont les gens vont réagir.
02:15Et donc finalement, la bonne façon de gérer la défaite,
02:18c'est d'identifier clairement ce qui était du domaine de ce contrôle
02:20et qu'on n'a pas fait aussi bien qu'on aurait pu.
02:22Et dans ce cas, l'erreur et l'échec
02:24devient une source d'information pour progresser.