- il y a 21 heures
Martin, 33 ans, ex-athlète, est devenu tétraplégique incomplet suite à une mauvaise chute en plongeant. Il a trouvé un nouveau sens à sa vie en s'engageant pour sensibiliser le public au handicap. Il a témoigné à la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques, une « revanche énorme » malgré le sentiment que les choses avancent trop lentement, notamment en termes d'accessibilité.
Story, c'est tous les lundis à 18h30 sur 20 Minutes TV. Disponible sur le Canal 32 de la TNT francilienne et sur toutes les box.
Story, c'est tous les lundis à 18h30 sur 20 Minutes TV. Disponible sur le Canal 32 de la TNT francilienne et sur toutes les box.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00J'ai quelques flashs effectivement sur ma phase de réveil où il y a un sentiment très angoissant parce que je suis en réanimation,
00:07j'ai un respirateur qui me fait respirer, j'ai une sonde nasogastrique, je suis branché de partout, je suis en pleine nuit.
00:16Forcément c'est une angoisse terrible et puis tu n'as pas tes proches, tu n'as personne autour de toi, tu n'as personne aussi pour t'indiquer ce qui est en train de se passer.
00:30Salut, je m'appelle Martin Petit, j'ai 33 ans, je suis créateur de contenu et aujourd'hui je viens de vous parler de mon livre « Va là où tu as peur ».
00:40Alors effectivement là ça ne se voit pas parce que je suis confortablement assis dans mon petit siège pour l'interview.
00:48Habituellement je troque ça contre autre chose parce que je suis majoritairement assis sur un fauteuil roulant.
00:55Donc là on ne le voit pas effectivement à la caméra mais je vis avec un handicap au quotidien.
01:01Avant l'accident j'étais en master à Nice en management du sport à l'IAE.
01:07J'avais une vie plutôt simple qui était orientée autour du sport que je pratiquais quotidiennement.
01:14J'avais une moto, je faisais de la guitare, j'avais ma copine de l'époque.
01:18Et c'est vrai que j'ai eu cet accident juste avant la rentrée de mon master 2
01:21et j'avais une vie plutôt simple et je ne savais pas trop en réalité où est-ce que je voulais aller
01:25si ce n'est que je voulais travailler dans un environnement plutôt en lien avec le sport.
01:36En août 2017, j'étais en vacances chez mon père dans les Landes
01:40et à cette époque je me suis séparé de la personne avec qui j'étais.
01:45J'avais besoin d'aller me changer un petit peu les idées.
01:47Donc mon père est du côté plus Mont-de-Marsan, donc plus dans les terres, dans les Landes.
01:53Et je décide d'aller rejoindre des copains du côté de Seignos.
01:56Et en fait, je voulais juste me changer les idées.
02:01Et donc j'arrive un dimanche soir, on passe la soirée ensemble, etc.
02:04Le lendemain matin, on profite de la plage, etc.
02:10Enfin bref, ça dure vraiment toute la journée.
02:12Donc bon, journée d'été, il fait beau, il fait chaud, tu profites, tu te baignes, etc.
02:17Les discussions avec les copains.
02:19Et le moment en fait où j'ai eu l'accident, ce qui s'est passé, c'est que j'ai eu un accident de plongeon.
02:24Donc j'ai vraiment plongé juste de ma simple hauteur.
02:28J'ai tapé la tête parce qu'il n'y avait pas suffisamment de profondeur dans l'eau.
02:33Et je me brise une cervicale, la cinquième.
02:35Et à ce moment-là, je manque de me noyer, j'ai un copain qui me sort de l'eau.
02:39Et en fait, cet accident, je me l'explique parce qu'une heure avant, je me suis baigné 45 minutes.
02:46Une heure avant, je me suis baigné à 50, 100 mètres plus loin.
02:49Et c'est vrai que je faisais trois pas.
02:51Et il y avait du fond d'un coup au niveau du poitrail.
02:54Donc l'endroit où j'ai plongé, pour moi, il y avait le même niveau de profondeur.
02:58Et comme je le disais, je manque de me noyer.
03:00À ce moment-là, il y a un médecin qui est sur la plage en vacances.
03:04Un monsieur qui s'appelle Pierre, je ne l'ai jamais retrouvé.
03:06Donc peut-être que ce sera l'occasion à force de répéter l'exercice médiatique.
03:11Mais c'est vrai qu'à ce moment-là, il m'ausculte.
03:16Il m'explique que ça peut être lié à un choc médulaire.
03:18Donc ça peut être, entre guillemets, le fait que je ne puisse plus bouger le corps.
03:22C'est lié au choc à ce moment-là.
03:24Et je n'ai jamais su s'il m'avait dit ça pour Pâche Panique.
03:27Ou si lui avait pris la mesure de ce qui était en train de se passer.
03:30Avec le temps et en refaisant un peu le puzzle, je pense qu'il avait compris.
03:36Mais que pour éviter qu'on aggrave la situation, que je me mette à paniquer et de bouger,
03:41ce que je pouvais bouger à ce moment-là, c'est-à-dire vraiment que la tête.
03:43Et pour éviter d'endommager la cervicale qui était brisée en mille morceaux à l'intérieur
03:50et qui était en train d'appuyer sur la moelle épinière,
03:54je pense qu'il a fait en sorte que je ne panique pas, en tout cas le moins possible.
03:59Et après, ce qui s'est passé, j'ai un hélicoptère qui a atterri sur la plage.
04:04On m'a hélicopté à l'hôpital de Bayonne.
04:05J'ai été opéré pendant 7 heures.
04:08Donc, ils ont retiré vraiment bout par bout la cervicale
04:10qui apparemment a été explosée vraiment en mille morceaux.
04:13Et c'est surtout, il faut le faire assez rapidement en général,
04:17en tout cas pour maximiser les chances de la récupération sur la suite
04:20parce qu'on va venir décomprimer la moelle épinière.
04:22Et plus on le fait rapidement et mieux c'est pour la suite de la convalescence, on va dire.
04:29Alors déjà, il faut savoir que ça fait 8 ans, donc les souvenirs s'estompent,
04:39les heures qui précèdent l'opération, du moment où j'atterris à l'hôpital,
04:43au moment de l'opération, j'ai quelques flashs de l'IRM,
04:46parce que tu entends des gros bruits, j'ai une anecdote assez drôle
04:51où effectivement la personne qui m'opère, j'ai l'impression qu'il ressemble à mon père.
04:56C'est un monsieur noir qui était grand, les doigts fins,
05:00et mon père est quelqu'un de plutôt trapu, costaud.
05:03Et en fait, je pense qu'à ce moment-là, j'avais besoin d'une figure un petit peu rassurante.
05:07Je me revois sur la plage en panique.
05:10Après, avec les réseaux sociaux, le fait que je sois un petit peu dessus, etc.,
05:16il y a des gens qui étaient là aussi quand je suis arrivé à l'hôpital,
05:19notamment des infirmières, des urgences, etc.
05:21Donc j'ai pu me refaire un peu le puzzle parce qu'elles m'ont envoyé des messages.
05:26Et apparemment, j'hurlais dans le service, je répétais que je ne voulais pas finir tétraplégique, etc.
05:32Et ça, moi, je ne m'en souviens pas du tout pour le coup.
05:35Je ne me souviens pas réellement la manière dont j'ai réagi parce que je pense que j'avais déjà dans cet état de conscience
05:50qui était un peu brumeux, compris qu'il se passait des choses et que c'était compliqué.
05:55J'ai quelques flashs, effectivement, sur ma phase de réveil où il y a un sentiment très angoissant
06:00parce que je suis en réanimation, j'ai un respirateur qui me fait respirer,
06:07j'ai une sonde nasogastrique, je suis branché de partout, je suis en pleine nuit.
06:12Forcément, c'est une angoisse terrible.
06:14Et puis, tu n'as pas tes proches, tu n'as personne autour de toi,
06:16tu n'as personne aussi pour t'indiquer ce qui est en train de se passer.
06:18Et l'anecdote que je raconte souvent, c'est que je vois un petit bouton rouge
06:22et je capte que c'est le bouton pour appeler le personnel.
06:25Et je me vois appuyer, appuyer, appuyer.
06:27Et en fait, à ce moment-là, c'était mon moyen à moi de me rassurer
06:29parce qu'il y avait un être humain qui rentrait dans la chambre à ce moment-là.
06:35Et après, je ne peux pas te dire concrètement quand est-ce que j'ai eu l'annonce.
06:39Mais quelques jours après, il y a une interne qui est venue pour m'expliquer un petit peu plus en détail
06:45ce qui était en train de m'arriver.
06:45Après, j'avais conscience quand même que j'avais une tétraplégie.
06:58Moi, j'ai une tétraplégie au niveau C6-C7.
07:01Souvent, on associe la tétraplégie au film intouchable
07:03où c'est une personne qui ne va bouger vraiment que la tête.
07:06Et en fait, sur la moelle épinière, il faut imaginer qu'il y a plusieurs niveaux
07:10et en fonction de l'atteinte, elle va être plus ou moins importante.
07:13Il y a 31 paires de nerfs rachidiens sur la moelle épinière.
07:18Donc, on imagine que tu as 31 niveaux.
07:21Les 8 premiers niveaux, c'est de la tétraplégie.
07:23Moi, je suis C6-C7.
07:24Pour faire simple et pour ne pas être barbant,
07:26moi, je suis paralysé des pectoraux jusqu'au doigt de pied.
07:29L'atteinte de mes 4 mains, on va les caractériser
07:31parce que je n'ai pas l'usage des doigts et j'ai les triceps qui sont touchés.
07:35Et après, il me reste les biceps, les épaules, un petit peu le haut du dos.
07:39Et c'est ce qui me permet d'être autonome.
07:42Et je te parle de ça parce que souvent, les tétraplégies incomplètes,
07:45on a des chances de récupération.
07:47Donc, complète, en fait, ta moelle épinière, elle a été violemment sectionnée
07:49ou violemment comprimée.
07:51Auquel cas, tu n'as ni contrôle moteur, ni retour sensitif.
07:54Donc, tu ne sens pas ton corps.
07:56Et en fait, moi, dès le départ, ma tétraplégie incomplète,
07:59elle est caractérisée par le fait que je sens tout mon corps.
08:01Donc, moi, je sens quand ma jambe, elle est posée sur mon genou comme elle est là.
08:06Et pareil, j'ai le côté proprioceptif.
08:08Donc, en fait, je sens mon corps dans l'espace.
08:12Par contre, je ne sens pas le chaud, le froid et la douleur
08:15à partir de mon niveau de lésion.
08:17Donc, grosso modo, des pectoraux jusqu'au doigt de pied,
08:19tu mets de l'eau chaude ou froide, je ne vais pas sentir la différence.
08:22Donc, c'est très bizarre pour les gens qui ne le vivent pas,
08:24mais je vais sentir les gouttes d'eau ou le jet d'eau dans la douche,
08:28mais je ne vais pas sentir la température de l'eau.
08:29Donc, c'est un peu bizarre.
08:31Et souvent, les tétraplégies incomplètes, comme moi,
08:34statistiquement, tu as des chances potentielles de récupération.
08:39Et c'est vrai que c'est une idée à laquelle je me suis beaucoup attaché initialement
08:43parce que je me suis dit, OK, dans ces moments-là,
08:46tu te galvanises de beaucoup de choses.
08:48Et c'est vrai que je me suis dit, OK, ça m'arrive à moi,
08:52c'est qu'il y a une raison et on va mettre toutes les chances de son côté.
08:54pour que je puisse récupérer au maximum.
08:57En l'occurrence, j'ai eu le contre-coup quelques mois après
09:00parce que ce n'était pas le cas.
09:02On parle souvent de lésions de la moelle épinière.
09:09On nous voit souvent assis dans un fauteuil roulant.
09:11Et en fait, il y a plein de troubles associés à nos pathologies,
09:16à ce traumatisme qu'on a eu sur notre moelle épinière
09:19qui va régir tout un tas de fonctions qui ne sont pas que moteurs.
09:23Et la spasticité en fait partie.
09:25Tu as plusieurs choses.
09:26Tu vois, on peut être sujet à des hypotensions.
09:28On a des troubles des icosphinctariens.
09:30Donc, on va se sonder pour aller aux toilettes.
09:33On va avoir de la spasticité qui va...
09:36En fait, c'est lié à ce qu'on appelle un réflexe myotatique.
09:39En fait, ta moelle épinière,
09:41ton cerveau ne va pas inhiber certaines informations.
09:43Et quand tu vas bouger un muscle,
09:47tu vas créer un espèce d'arc anarchique dans ton corps.
09:53Et tes jambes vont se mettre à bouger toutes seules.
09:58La spasticité, elle peut être très gênante.
10:01Elle peut être aussi perturbante et te mettre en danger,
10:05notamment sur des transferts.
10:07Là, par exemple, le moment où je vous parle,
10:08tout à l'heure, je suis passé de mon fauteuil roulant
10:09pour me mettre dans ce fauteuil qui est sous mes fesses.
10:13Et si ta jambe se met à bouger,
10:18que tu n'as plus le point d'appui,
10:20ça peut être dangereux pour une personne
10:22qui a des spasmes qui sont exacerbés.
10:25Moi, c'est mon cas.
10:26Mais là où je le sers à mon avantage,
10:29c'est que je te disais juste avant
10:31que j'ai tout le côté proprioceptif.
10:34Donc, en fait, je suis en mesure
10:35d'exploiter mes spasmes à mon avantage.
10:37où finalement, quand je sens mes muscles qui se contractent
10:40et quand je sens mon pied au sol,
10:44je peux m'en servir finalement pour faire pivot
10:46et rendre mes transferts plus faciles.
10:48Et sachant qu'on se transfère pour aller,
10:51je ne sais pas, j'ai un véhicule que je conduis
10:52pour me transférer du fauteuil au véhicule,
10:55de mon fauteuil au fauteuil de douche
10:58ou comme là, où je suis en train de le faire actuellement,
11:00pour une interview où j'ai besoin de passer
11:02de mon fauteuil roulant à un siège
11:04où je suis confortablement assis.
11:07Après un accident de ce registre-là,
11:14c'est un cataclysme,
11:15c'est un marasme dans une vie.
11:16Donc forcément,
11:18il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup,
11:21beaucoup d'informations qu'il va falloir ingérer
11:23et comprendre plein de choses.
11:25Ça va être un process qui va être très long.
11:27Après, j'ai eu la chance d'être bien accompagné
11:29dans un super hôpital à Bayonne.
11:30Je me souviens aussi d'un médecin rééducateur,
11:33docteur Béguet,
11:34qui a eu les bons mots,
11:36je pense qu'il avait cette capacité aussi
11:37à se saisir de la personne qu'il avait en face de lui.
11:40Il m'a donné, je pense, des outils,
11:42des pistes de réflexion pour avancer.
11:44C'est vrai qu'à ce moment-là,
11:45tu t'en remets beaucoup au corps médical
11:48parce qu'il y a tellement d'informations
11:50que tu ne sais pas par quel bout commencer.
11:52Et en fait, de toute manière,
11:54j'ai envie de te dire,
11:54tu prends les choses étape par étape.
11:56La première étape, c'était qu'on m'extube.
11:58Donc, je suis resté 11 jours intubé.
12:01Et c'est vrai que ça a été quelque chose
12:03de très angoissant pour moi, cette période.
12:06Et je te dis ça parce qu'il faut prendre
12:07les choses étape par étape.
12:08Il faut imaginer que c'est un respirateur
12:10qui gonfle tes poumons, qui les dégonfle.
12:12Donc forcément, quand tu es conscient,
12:13il y a un truc qui est très, très chelou là-dedans.
12:16Et en fait, la première épreuve,
12:17c'était qu'on m'extube,
12:18de savoir si j'allais être en mesure aussi
12:20de pouvoir respirer tout seul.
12:21On avait peur de ça
12:22parce qu'on ne savait pas encore en mesure
12:24à quel niveau de lésion j'étais.
12:26vraisemblablement touchée.
12:27Et puis en fait, c'est en fonction de...
12:29J'ai le releveur du poignet,
12:30j'ai les biceps, j'ai les épaules.
12:32Et en fait, on savait que c'était une lésion
12:34qui était potentiellement en dessous
12:36de ce qui régit la fonction du diaphragme.
12:39Donc a priori, j'allais pouvoir respirer
12:41normalement comme je le fais là.
12:43Il faut que tu remanges un petit peu normalement
12:45parce que pareil, on t'a nourri
12:47avec une sonde nasogastrique.
12:49Donc tu vois, il faut s'assurer
12:51que les fonctions du corps humain,
12:53entre guillemets, tous les feux sont au vert
12:56pour passer à l'étape d'après.
12:59Et c'est vrai que, tu vois,
13:00c'est une anecdote aussi que je raconte souvent.
13:02Je suis allongé pendant trois semaines
13:05en réanimation, 11 jours intubé.
13:08À ce moment-là, donc,
13:08je n'étais pas nourri les 15 premiers jours,
13:11grosso modo,
13:12avec de la nourriture solide, etc.
13:15et l'inactivité physique,
13:17le fait de ne pas mettre ton squelette
13:20en contrainte avec la pesanteur,
13:23le fait de marcher,
13:24de solliciter tes muscles,
13:26j'ai perdu 10 kilos.
13:27Et c'est vrai que moi qui étais très sportif,
13:31je faisais 1m80,
13:32je le fais toujours,
13:33mais ça se voit moi depuis que je suis assis.
13:35Et c'est vrai que quand tu fais 1m80,
13:3776 kilos,
13:38je faisais beaucoup de sport,
13:39donc j'étais vraiment...
13:41J'avais un corps athlétique.
13:42Il te pèse,
13:43il te met dans un espèce de filet
13:45qui te soulève.
13:46Et là, en fait,
13:46je vois afficher le chiffre 66.
13:49Et là, je t'avoue que
13:50quand tu te dis que tu as perdu 10 kilos
13:51en trois semaines,
13:52ça m'a fait un truc un peu bizarre.
13:54Alors depuis,
13:54je me suis un peu réemplumé.
13:56Je n'ai pas repris en muscles
13:57parce qu'ils sont paralysés.
13:59Mais c'est vrai que ça a été des moments
14:02qui t'angoisse
14:04parce que tu te dis
14:05tout ce que tu avais construit jusque-là,
14:07tout ton corps que tu t'étais bâti
14:09par le sport, etc.,
14:11ça s'était envolé.
14:13Voilà, c'est ton château de cartes
14:14qui s'effondre, quoi.
14:20Il y a forcément ta famille.
14:22C'est le premier bastion
14:24qui est là pour t'accompagner
14:26dans ces moments-là.
14:28Et encore que,
14:29j'ai envie de te dire,
14:30il y a ta famille,
14:30il y a tes amis
14:31qui défilaient
14:32dans le service de réanimation
14:33à Bayonne.
14:34mais il y a aussi,
14:36en réalité,
14:37les gens que tu côtoies le plus
14:38à ce moment-là.
14:39Il faut savoir
14:40qu'on a le droit
14:41à deux heures de visite
14:42à raison de,
14:43je crois,
14:44deux ou trois personnes
14:45dans ta chambre.
14:45Donc, tu vois,
14:46ça ne fait quand même
14:46pas grand monde
14:47sur un laps de temps
14:49qui est quand même
14:49très restreint.
14:50Et le reste du temps,
14:51tu es avec les équipes soignantes.
14:53Moi, je leur dois beaucoup
14:54et c'est aussi pour ça
14:54que je leur rends hommage.
14:55C'est qu'on ne les valorise pas assez
14:57dans la société.
14:58et j'en parle dans le livre.
15:01C'est vrai qu'il y avait
15:03un binôme Amandine et Anne-Laure.
15:05Anne-Laure,
15:06quand elle sortait de la chambre,
15:09elle me caressait un peu la main.
15:10Et je dis ça aux soignants
15:11qui nous écoutent,
15:12c'est qu'un simple geste,
15:15il peut avoir une résonance énorme.
15:17Et la preuve,
15:17c'est que je suis là
15:18à en parler en interview
15:19huit ans plus tard.
15:20J'en parle dans mon livre.
15:21Et puis après,
15:21il viendra plus tard
15:22les réseaux sociaux
15:23qui ont donné beaucoup de sens,
15:27qui ont été une caisse
15:28de résonance pour moi
15:29et qui ont été aussi,
15:31je pense,
15:31une thérapie
15:31dans un contexte
15:32où je suis enfermé
15:33entre quatre murs
15:34dans un centre de rééducation,
15:36que j'ai besoin d'exutoires,
15:37que mon exutoire,
15:38à ce moment-là,
15:39c'est de poser des mots
15:39sur ce que je traverse.
15:41De manière assez honnête,
15:43je pense que c'était plus facile
15:43pour moi de me livrer
15:44sur mon téléphone
15:45et que ça soit la vue
15:45peut-être de centaines
15:47et voire des milliers de personnes
15:48que de parler de mes affres,
15:52tu vois,
15:53en direct,
15:54avec un psychologue
15:55ou avec ma famille
15:56où forcément,
15:59tu as un sentiment
15:59de culpabilité
16:00dans ton accident
16:02ou tu as le sentiment
16:02de...
16:03Enfin,
16:04ce n'est pas un sentiment,
16:05tu emmènes les gens
16:06qui te sont proches
16:07avec toi
16:07dans un peu des choses
16:08un peu sombres
16:09et je n'avais pas...
16:11Pour les préserver,
16:12je pense que c'était aussi
16:12un moyen pour moi
16:13de dire des choses
16:15par ce prisme-là
16:16et là où ça a été
16:18trop cool,
16:19c'est que ça a été
16:20trop bien accueilli
16:21par plein de personnes
16:22et en fait,
16:23tu as plein de gens
16:24qui t'envoient des messages,
16:25qui te soutiennent
16:26donc tu as une force...
16:28Tu as quelque chose
16:28qui est très galvanisant
16:29là-dedans
16:30et puis c'est pareil,
16:31dans toutes ces personnes
16:32qui m'ont découvert
16:35via les réseaux
16:37progressivement,
16:38j'ai des gens
16:39qui avaient traversé
16:40les mêmes choses
16:40que moi
16:42des années auparavant
16:43et en fait,
16:43ces gens-là
16:44t'apportent des réponses
16:44aux questions que tu te poses
16:45et c'est aussi
16:46dans cette continuité,
16:49dans ce continuum
16:49que j'ai investi
16:51les réseaux,
16:52c'est que je me rends compte
16:53que ça peut aider
16:55des personnes
16:55au-delà même
16:56du handicap parfois
16:57parce qu'on vit tous
16:58des fracas dans nos vies.
17:05Il faut prendre
17:05les choses étape par étape,
17:07ce que je disais,
17:08ça va de la survie
17:09à la rééducation,
17:12aux chances de récupération,
17:14etc.
17:14mon objectif
17:15c'était de repartir
17:16du centre en marchant.
17:18Bon,
17:18en l'occurrence,
17:19je suis reparti en roulant
17:20et en fait,
17:22j'ai eu le contre-coup
17:23six mois après
17:24parce que je me rendais
17:25compte que la récupération
17:27où j'en ai eu
17:29un petit peu
17:30et c'est aussi pour ça
17:31que je parlais
17:31de tétraplégie incomplète
17:32tout à l'heure,
17:33c'est que je me suis vu
17:33bouger un petit peu
17:34mon orteil,
17:35bouger un petit peu,
17:36contracter des muscles
17:37de la cuisse,
17:39récupérer un tout petit
17:39mouvement dans le pouce
17:40et en fait,
17:41tu te raccroches à ça.
17:43J'ai lu le livre
17:43de grand corps malade
17:44qui te dit
17:45qu'il bouge le doigt de pied
17:45donc tu te dis
17:46c'est mon tour,
17:47ça m'est arrivé à moi
17:48et en fait,
17:48je vais repartir
17:50du centre en marchant
17:50et c'est vrai
17:51que les résultats
17:53escomptés,
17:53ils n'étaient pas
17:54à la hauteur
17:54de l'idéal
17:56que tu t'étais
17:57mis en tête.
17:58ce qui s'est passé
17:59c'est qu'au gré des discussions
18:02avec mon médecin rééducateur
18:05docteur Gossens
18:06à ce moment-là,
18:07il me parlait
18:07qu'il fallait que je reprenne
18:08mes études et tout.
18:09À ce moment-là,
18:10j'avais envie de te dire
18:11flemme de ouf,
18:13ma vie n'a plus aucun sens,
18:14j'étais hyper triste
18:15et en fait,
18:17ça a quand même fait son chemin
18:18dans ma tête
18:19mais non,
18:20j'ai repostulé
18:21pour un master en marketing
18:22à l'IAE de Bordeaux
18:23qui était la même école
18:24que celle que j'avais fait à Nice.
18:25J'avais mon directeur de master 1,
18:28David Duron
18:29qui m'avait fait
18:30une lettre de recommandation
18:31donc je pense que ça avait joué
18:32en ma faveur
18:33et puis je m'étais donné les moyens
18:34et d'ailleurs,
18:35une anecdote que je raconte
18:36et je pense que je ne l'ai raconté nulle part,
18:38c'est qu'on me demande
18:40une lettre manuscrite
18:41de motivation
18:42pour le master.
18:44Tu vois,
18:44la détermination,
18:45elle était déjà peut-être
18:46un petit peu là,
18:46c'est que j'ai mis
18:47une heure et demie
18:48à rédiger
18:49ma lettre manuscrite
18:51pour postuler au master
18:53et ça,
18:54je pense qu'ils ne le savent même pas
18:55tout ça pour dire que
18:57c'était une étape
18:58parmi tant d'autres
18:59parce qu'effectivement,
19:01j'ai postulé à ce master,
19:02j'ai eu la chance d'être pris
19:03parce que voilà,
19:04j'ai mis les chances
19:05de mon côté aussi.
19:07Après,
19:08la véritable violence
19:09et même si le mot
19:11est un peu fort dit comme ça,
19:13c'est que tu vas te confronter
19:14aux écueils
19:15de ce que c'est
19:17que d'être en fauteuil
19:18et la réalité
19:19que d'être en fauteuil.
19:20Disons que quand
19:21tu es en centre de rééducation,
19:22tu es avec des soignants,
19:24du personnel soignant,
19:26des gens qui traversent
19:27les mêmes difficultés que toi
19:28au même instant
19:29et en fait,
19:31tu as une espèce de cocon
19:32qui se crée,
19:32tu es hyper materné
19:33et la véritable violence,
19:35c'est quand tu sors
19:36du centre de rééducation
19:37parce que tu te confrontes
19:38au regard des autres,
19:39tu te confrontes
19:40aux difficultés d'accessibilité.
19:42Il y a un truc
19:42que je donne souvent
19:43comme exemple,
19:45moi,
19:45mes premières difficultés,
19:47mes premières peurs,
19:48c'était juste
19:48de prendre le tramway
19:49parce que j'avais le sentiment
19:50que tout le monde me regardait
19:51donc tu avais ce regard
19:52qui te pèse sur toi
19:53mais en fait,
19:54au fil des années,
19:55tu te rends compte
19:55que c'est plus le regard
19:57que tu poses sur toi-même
19:58et tu apprends en fait
20:00à être moins dans le comparatif
20:04de ta vie d'avant.
20:05C'est ta nouvelle réalité,
20:06ton cerveau,
20:07il s'est reprogrammé
20:08au fil des années
20:08et maintenant,
20:09quand je vois
20:10que je suis capable
20:10d'aller au Portugal
20:11avec mon van en autonomie,
20:14que je suis capable
20:15d'être à Paris
20:15avec ma petite trottinette électrique
20:16de rentrer tard le soir et tout,
20:18je me dis qu'il y a eu
20:19deux chemins de fait
20:20et c'est aussi ça le message,
20:21c'est de rassurer aussi
20:23potentiellement
20:23des gens
20:24qui traverseraient
20:25les mêmes difficultés
20:26et de leur inviter
20:28à réfléchir,
20:29à se faire confiance
20:30et de laisser le temps
20:32faire son oeuvre.
20:38C'était quelque chose
20:38de très compliqué
20:39parce que forcément,
20:41j'avais l'impression
20:42d'être en décalage,
20:43t'imagines qu'il y a
20:44plein de questions
20:45qui chamboulent
20:47dans ma tête
20:48et puis j'ai mes difficultés,
20:51tu vois,
20:52il faut,
20:52je te dis,
20:53tu as le regard des autres
20:54qui te pèsent sur toi,
20:54tu as les problèmes
20:55d'accessibilité
20:55et je ne sais pas,
20:57tu vas en soirée étudiante,
20:58tu sais qu'il y a du monde,
20:59donc tu as ce truc
21:00un peu oppressant
21:01qui est sur toi,
21:02je fais 1m30 maintenant,
21:04donc les gens,
21:04ils te parlent à hauteur,
21:06il faut que je couvre
21:07le bruit
21:07parce que c'est pareil,
21:08c'est des choses
21:08qu'on n'a pas forcément
21:10le temps d'évoquer
21:11sur des formats
21:11qui sont trop courts
21:12mais je n'ai pas l'usage
21:13des abdos
21:13et c'est vrai que pour avoir
21:14la voix qui porte
21:15comme je suis en train
21:16de le faire là,
21:16moi je parle beaucoup
21:17avec le souffle
21:18et t'imagines que
21:19quand il y a du bruit,
21:20il faut couvrir ce souffle-là,
21:21en plus les gens sont 50 cm
21:22ou 40 cm
21:23ou 30 cm,
21:25évidemment ça dépend
21:25de la taille des gens
21:26mais au-dessus de toi
21:28et en fait il faut
21:29qu'ils puissent t'entendre,
21:30toi il faut que tu puisses
21:31les entendre aussi
21:31et des fois il y a
21:32une espèce de décalage
21:33qui se crée aussi
21:34en termes de,
21:35tu vois,
21:36de moments passés
21:37avec les personnes,
21:38tu as ça
21:39et puis si tu vas
21:41dans un bar
21:41qui n'est pas accessible,
21:42tu n'as pas forcément
21:43envie de batailler,
21:44tu n'as pas envie
21:44de batailler parce que
21:45ton fauteuil
21:46prend de la place,
21:46tu es obligé de t'excuser
21:47limite d'être là et tout
21:48et j'avoue qu'à ce moment-là
21:49moi je vivais peut-être
21:51moins les choses comme eux
21:52parce que je n'ai pas tant fait
21:54de soirée étudiante avec eux,
21:56j'ai une forme de solitude
21:57et de caractère solitaire
21:59qui a été exacerbée
22:00parce que c'était déjà
22:00un petit peu le cas avant
22:01mais qui est exacerbée aussi
22:03par ce côté un petit peu
22:04qui t'isole un peu des autres
22:06donc ce n'est pas évident aussi
22:08des fois de sortir
22:09de sa zone de confort
22:10et d'aller au-devant des choses.
22:17Oui, c'est des questionnements
22:19qui se posent très vite
22:20sur ta capacité à séduire,
22:24avant c'est vrai que
22:25forcément j'avais un physique athlétique
22:28donc je m'étais construit
22:30une identité par rapport à ça
22:31et peut-être que je me reposais
22:33davantage dessus
22:33et en fait je me rends compte aussi
22:35au fil des années
22:36que ce n'est pas tant
22:36le physique qui compte,
22:37c'est plus tes accomplissements,
22:40ta volonté d'aller de l'avant,
22:42la confiance en toi
22:44et ça c'est pareil,
22:47c'est des choses que j'ai acquis
22:48au fur et à mesure
22:52et après personnellement
22:55je n'estime pas avoir
22:56de difficultés
22:57mais parce que je me suis rendu compte
22:58que l'essentiel
22:59il n'est pas tant dans le physique,
23:01il est peut-être ailleurs
23:02et puis ça fait le tri aussi
23:04s'il y en a pour qui le physique
23:06enfin voilà c'est ok
23:08des fois ça peut être frustrant
23:10parce que tu as une personne
23:11qui te plaît
23:11et tu te dis que c'est peut-être
23:13ton physique qui fait barrière
23:14après je ne pense pas
23:16je pense que c'est une question
23:17c'est marrant
23:19on dit comme ça
23:19ça me fait penser à Kylian Mbappé
23:21mais c'est une question d'âge aussi
23:22je pense que j'arrive à un âge
23:24où j'ai 30 ans
23:24et que
23:25on se rend compte que
23:27voilà
23:27avec le chemin de vie
23:30le fait de mûrir aussi
23:32c'est pas forcément
23:34le plus important
23:35et c'est aussi un moyen
23:37de rassurer
23:38de la même manière
23:39que
23:39évidemment
23:40je te parle de ça
23:418 ans après
23:42mais au début
23:42c'est vrai que
23:43tu te dis
23:45est-ce que je vais être en capacité
23:46de séduire
23:46est-ce que je vais être en capacité
23:47de recevoir du plaisir aussi
23:48dans l'intimité
23:49d'en donner
23:50bon a priori
23:52ça va
23:53les réseaux sociaux
23:59avec la notoriété
24:00qui grandit
24:02forcément
24:03c'est devenu aussi
24:04un moyen
24:06d'en faire mon métier
24:07et après
24:08l'idée c'était
24:08de trouver aussi
24:09le bon ton
24:09juste
24:10et l'équilibre
24:11pour à la fois
24:12partager
24:14comme je suis en train
24:15de le faire là
24:15sensibiliser le grand public
24:17à ce que c'est
24:18que de vivre avec un handicap
24:19et c'est aussi rassurer
24:20être peut-être
24:21source d'espoir
24:22ou en tout cas
24:23donner des pistes
24:24de réflexion
24:24à des gens
24:24qui vivent la même chose
24:26qui sont en centre
24:27de rééducation
24:27on est tous soumis
24:29au fracas dans nos vies
24:29je parle souvent
24:30d'impermanence
24:31de la vie
24:32on va tous
24:33l'ensemble d'entre nous
24:36on va forcément
24:37vivre des choses difficiles
24:39que ce soit
24:39la perte d'un proche
24:42une rupture amoureuse
24:43un peu en route au travail
24:44des accidents
24:44comme le mien
24:45et l'idée
24:46de ce bouquin
24:47et de ce message
24:48c'est aussi
24:48de faire écho peut-être
24:52moi je suis pas là
24:52pour donner une leçon
24:53avoir un ton
24:54moralisateur
24:55ou avoir une vision
24:57un peu dogmatique
24:58de c'est comme ça
24:59qu'il faut faire les choses
25:00et d'ailleurs
25:00à la question
25:01les conseils
25:02que je pourrais donner
25:03j'en ai pas à donner
25:04parce que ce qui s'applique
25:04pour moi
25:05ça n'applique pas
25:05pour les autres
25:06mais pour autant
25:07je me dis que
25:09le fait de donner
25:12des outils de réflexion
25:13ça peut aider
25:13chacun à cheminer
25:15et c'est important aussi
25:17c'était un peu
25:19le propos du livre
25:20c'est d'être fédérateur
25:21je me rends compte
25:23que quand je suis en fauteuil
25:24je capte l'attention
25:25tu vois
25:26j'ai retourné
25:27de la chose
25:27à mon avantage
25:28où c'est soit
25:30ce regard
25:30il allait me peser
25:33et il allait
25:35mettre de la pression
25:36soit je le retourne
25:37à mon avantage
25:37et j'essaie d'en faire
25:38quelque chose
25:38de plus grand que moi
25:39l'année dernière
25:45donc pendant les Jeux
25:46Olympiques
25:47et les Jeux Paralympiques
25:48j'ai eu la chance
25:50effectivement
25:51pour la cérémonie
25:52d'ouverture
25:53des Jeux Paras
25:54de témoigner
25:55de ce que je dis
25:57un petit peu là
25:58et à la cérémonie
25:59d'ouverture
26:00donc c'est quand même
26:00assez stylé
26:01parce que
26:03c'est quelque chose
26:04qui a été regardé
26:04par un milliard
26:06de téléspectateurs
26:07dans le monde
26:07et après
26:09on va pas se mentir
26:10de manière très personnelle
26:11c'est hyper gratifiant
26:12tu te dis
26:15enfin tu sais
26:16genre des fois
26:16tu fais un peu
26:16la rétrospective
26:17tu es sur ton lit
26:18de réanimation
26:19et sept ans après
26:21tu es en train de témoigner
26:22devant le monde entier
26:23tu dis
26:24la revanche
26:25elle est énorme
26:29quoi
26:29est-ce que je pense
26:35s'il y a de mauvaise accessibilité
26:36je pense
26:37c'est pas je pense
26:38c'est
26:38il y a encore trop de choses
26:40sur lesquelles on doit avancer
26:41et des fois
26:43c'est des petits détails
26:43c'est
26:44t'as un commerce
26:46même si c'est pas un grand commerce
26:47déjà
26:47d'être attentif
26:49à l'autre
26:50je trouve ça déjà
26:51un premier pas
26:52c'est un bon jeu de mots
26:53et tu vois
26:54tu peux
26:55tu peux avoir une rampe
26:56que tu peux commander
26:57sur internet
26:58qui vaut pas forcément
26:59très cher
27:00j'étais voir le stade français
27:01UBB
27:02parce que je voulais soutenir
27:03l'UBB
27:03bon ils se sont pris
27:04une branlée
27:04mais c'est pas grave
27:05et tu vois
27:06genre par exemple
27:07tu vas dans
27:08tu vas dans les toilettes
27:09pour hommes
27:10t'as les toilettes handicapées
27:11il n'y a pas de
27:13il n'y a pas de poubelle
27:14que ce soit
27:16dans les toilettes
27:17tu vois
27:17vraiment dans
27:18dans les WC handicapés
27:20et même tu vois
27:21là où il y a les lavabos
27:22etc
27:22bah t'imagines
27:24que t'es une femme
27:24et que t'as des protections hygiéniques
27:25je vois mal
27:26la personne sortir
27:27enfin la femme sortir
27:28avec sa protection hygiénique
27:30donc elles ont des poubelles
27:31elles dans leurs toilettes
27:32et nous en l'occurrence
27:33bah là on n'en a pas
27:34c'est à dire qu'il faut
27:34que je sorte avec ma sonde
27:35alors personnellement
27:37moi j'aime bien
27:38mettre en confrontation
27:38donc ça va pas forcément
27:39me déranger
27:39parce que justement
27:40je me dis que ça va
27:41les interpeller
27:41de me voir sortir avec
27:42mais tu vois
27:43c'est des trucs tout bêtes
27:45où tu mets juste une poubelle
27:46et des fois
27:47t'as l'impression
27:50enfin donner plein d'exemples
27:52donner plein de conseils
27:53etc
27:53et dans la mise en application
27:56bah on est encore loin
27:58et là je te donne
27:58des petits exemples tout bêtes
27:59qui peuvent se
28:00qui peuvent à mon sens
28:02trouver des solutions
28:03assez facilement
28:04et dans des solutions
28:06plus complexes
28:07notamment en termes
28:07d'accessibilité
28:08et par exemple à Paris
28:10pour le métro
28:11t'as 3% des lignes
28:12qui sont accessibles
28:13donc c'est trop peu
28:15et tu vois
28:16on parlait de la cérémonie
28:18d'ouverture
28:19des Jeux Paralympiques
28:20la cérémonie de clôture
28:22des Jeux Paralympiques
28:24avec Andrew Parsons
28:25donc c'est le président
28:26du CIP
28:27Comité International Paralympique
28:30et tu vois
28:31il dit une phrase
28:32je l'ai mise dans le livre
28:32il met une phrase
28:33du genre
28:34on veut faire de Paris
28:35une fête
28:36et de rendre
28:37cette ville accessible
28:39pour tous les handicapés
28:40de France
28:41etc
28:41enfin je sais plus
28:42comment il avait sorti ça
28:42donc il l'a inscrit
28:44dans le marbre
28:45il l'a dit
28:45on est un an après
28:46et un an après
28:47on a eu des discussions
28:48et tu vois
28:49j'ai le sentiment
28:50que ça n'avance pas
28:52et à la fois
28:53c'est systémique
28:54il faut rester pédagogique
28:55assurer de la récurrence
28:57dans les propos
28:57pour que ça s'ancre
28:58dans les consciences
28:59et à la fois
29:00il y a un moment
29:00il faut aussi prendre
29:01ses responsabilités
29:02se mettre autour d'une table
29:03et qu'on avance
29:04sur le sujet
29:05et j'ai le sentiment
29:06que c'est très long
29:09trop peu
29:09et effectivement
29:11après il existe
29:11des solutions
29:12comme ma petite
29:13trottinette électrique
29:14mais qui me permet
29:15d'être mobile à Paris
29:16mais quand il fait
29:18au moins 15
29:18et qu'il flotte
29:19ce n'est pas l'idéal
29:21non plus
29:21quand tu prends le bus
29:22c'est 3-4 fois plus de temps
29:23donc quand tu as des rendez-vous
29:25tu dois être à l'heure
29:26à tel rendez-vous
29:27des fois tu es obligé
29:29de prévoir des choses
29:30à l'avance
29:30sachant que c'est pareil
29:31je le rappelle
29:31je suis tétraplégique
29:32là je suis à Paris
29:33je n'ai pas d'aide
29:34il faut que je m'habille
29:35je mets une heure et demie
29:36à me préparer
29:36il faut que je prenne ma trottinette
29:37où je dois traverser
29:38tout Paris
29:38tu vois c'est du temps
29:40qu'il faut avoir en tête
29:45dans la gestion
29:47en tout cas du temps
29:47pour gérer sa journée
29:49après il y a le taxi
29:50et le taxi
29:50c'est pareil
29:51la plupart des handicapés
29:52ils ne vivent pas
29:53avec des moyens mirobolants
29:55que prendre le taxi
29:57tu fais 2-3 courses
29:58dans la journée
29:59ça va te coûter 50 balles
30:00tu fais x3
30:01ça te fait 150 euros
30:03sur un jour
30:04tu restes une semaine
30:05tu fais le calcul
30:06et tu vois
30:07l'observoir des inégalités
30:08ils estiment qu'on est
30:09la population
30:09la plus pauvre en France
30:11pour les handicapés
30:12et pareil
30:13le défenseur des droits
30:14je crois que c'est la 8ème année
30:15peut-être 9
30:16voilà
30:17parce qu'on est très bon
30:18a priori pour ça
30:18mais on est la population
30:22la plus discriminée en France
30:23derrière le racisme
30:25derrière l'homophobie
30:28etc
30:28donc ça prouve
30:29qu'il y a encore
30:29beaucoup de boulot
30:29comment j'envisage l'avenir
30:36c'est une bonne question
30:37je prends
30:38les choses un peu
30:39étape par étape
30:40là il y a la sortie du livre
30:41je vais voir où ça me porte
30:42ça va certainement m'ouvrir
30:44d'autres portes
30:44d'autres opportunités
30:45et puis voilà
30:47après
30:47moi
30:48tu sais depuis que j'ai eu
30:49cet accident
30:50l'idée c'est à la fois
30:51de faire des choses
30:52qui peuvent peut-être
30:54changer le monde
30:55alors évidemment
30:56c'est pas moi
30:57Martin Petit
30:57qui vais le changer
30:58en tout cas
30:58je m'ancre
31:00dans cette démarche
31:01encore une fois
31:02sans mauvais jeu de mots
31:02mais voilà
31:04j'ai envie d'être
31:05garant de ça
31:06en tout cas
31:07j'adopte l'attitude
31:08pour en être garant
31:08et après
31:10j'ai aussi envie
31:11de m'amuser
31:11donc tout ce que je fais là
31:12à la fois
31:13j'ai le sentiment
31:14de faire quelque chose
31:14de sérieux
31:15et à la fois
31:15je vis des expériences
31:16de vies qui sont assez uniques
31:19et je rencontre plein de gens
31:20et c'est très stimulant
31:22donc voilà
31:23je suis assez bien placé
31:26pour savoir que la vie
31:27réserve des choses
31:29qu'on n'a pas toujours conscience
31:30des fois pas cool
31:32et des fois beaucoup plus cool
31:33et je pense que le pas cool
31:34est passé
31:35en tout cas j'espère
31:36que la vie m'en préservera
31:37au max
31:38mais c'est vrai que
31:40maintenant
31:40ça va
31:42et voilà
31:42il faut adopter
31:43un équilibre
31:44entre faire des choses
31:45qui ont du sens
31:45pour la société
31:46et puis pas s'oublier
31:48profiter
31:49et vivre intensément
31:51l'arme la plus puissante
31:57c'est le temps
31:58parce que
31:59je pense que le temps
32:00fait son oeuvre
32:01que quand on vit
32:02quelque chose de difficile
32:03voilà
32:05il faut faire confiance au temps
32:07il faut pas
32:08s'isoler
32:09il faut aller
32:11à la rencontre de l'autre
32:12il faut
32:12des fois un peu
32:14s'affranchir
32:15sortir de ses peurs
32:16sortir de sa zone de confort
32:18parce que tu vois
32:19le titre du livre
32:20c'est ça
32:20c'est va là où tu as peur
32:21mais en fait
32:21je me rends compte
32:22que c'est aussi une invitation
32:23finalement ce titre
32:24pour la simple et bonne raison
32:26que
32:26on a souvent une méconnaissance
32:29du handicap
32:30on a souvent peur du handicap
32:32où ça existe
32:33soit par le prisme
32:34des jeux paralympiques
32:35des mecs qui gagnent
32:36des médailles d'or
32:36soit d'un truc
32:37très misérabiliste
32:38et en fait
32:39il y a un entre deux
32:40où tu as des gens
32:40comme moi
32:41comme tout le monde
32:42qui ont une vie
32:43comme tout le monde
32:44si ce n'est qu'ils roulent
32:45plutôt que de marcher
32:46et en fait
32:47c'est une invitation
32:48parce que de la même manière
32:49que moi
32:49j'ai été affronter mes peurs
32:52pour pouvoir délivrer un message
32:53aujourd'hui
32:54je fais un pas vers vous
32:55et j'espère qu'il y a des gens
32:57qui feront un pas vers nous
32:58Qu'est-ce que je dirais
33:04en Martin de 2017 ?
33:05Je dirais que
33:07fais-toi confiance
33:10reste authentique
33:12reste fidèle à toi-même
33:14et puis voilà
33:17la vie te réservera
33:18de belles choses
33:19tu ne le sais pas encore
33:20et une phrase
33:21que je me dis souvent
33:22c'est que
33:22je ne savais pas
33:23que j'allais réaliser
33:24autant de choses
33:24mais je savais
33:26que j'allais mettre
33:26toutes les dispositions
33:28qui me sont conférées
33:31pour essayer de les réaliser
Recommandations
1:19
|
À suivre
1:15
3:37
5:02
12:10
1:36
3:07
6:14
3:49
8:21
Écris le tout premier commentaire