Le village olympique de Paris 2024 bâti par des ouvriers sans papiers

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Le village olympique de Saint-Denis, vitrine des Jeux de Paris 2024, a été construit en partie par des ouvriers sans papiers employés au noir par une chaîne de sous-traitants. Regardez Le monde en marche avec William Galibert du 20 octobre 2025.

Transcript

00:00Il est 8h37.

00:01RTL, Le Monde en Marche.

00:04Le Monde en Marche avec vous, William Galibert.

00:06Bonjour William.

00:07Ce matin, la face cachée des Jeux Olympiques de Paris 2024.

00:1024 personnes seront jugées au mois de février prochain

00:12pour exécution en bande organisée d'un travail dissimulé.

00:17Oui, je vais vous le formuler plus clairement.

00:19Le village olympique à Saint-Denis a été construit en partie

00:22par des ouvriers sans papier.

00:24Sans papier et même un peu plus que ça.

00:26Sans salaire déclaré, sans cotisation sociale.

00:28Sur ces chantiers à plusieurs centaines de millions d'euros

00:31financés par l'argent public, c'est quand même un sacré revers à la médaille.

00:35L'enquête est à lire dans le journal L'Équipe.

00:37Elle commence par un branle-bas de combat sur le chantier.

00:40Un jour de printemps 2022, deux ans avant les Jeux.

00:43Oups, voici l'inspection du travail.

00:45Alors un ouvrier raconte son chef qui débarque.

00:48Tout de suite, M. Serkan est passé me voir pour me dire

00:50« Il y a un contrôle, tu vas te cacher ».

00:52Et il m'a indiqué où je devais le faire.

00:53J'ai passé tout le contrôle dans le sous-sol.

00:56« S'il ne connaissait pas ma situation, il n'aurait pas cherché à me cacher ».

01:00M. Serkan, c'est le chef de chantier d'une société sous-traitante.

01:04D'après l'accusation, c'est celui qui sait, celui qui recrute.

01:07Celui qui paye à l'équivalent du salaire minimum, mais sans la lourdeur des charges.

01:12Celui qui donne des chèques sans ordre et ordonne de les faire encaisser sur d'autres comptes en banque.

01:16Et donc, celui qui planque ses sans-papiers dans les caves.

01:19Derrière lui, il y a un système des sociétés-écrans, des dirigeants de paille,

01:25toujours les mêmes hommes, originaires ici de Turquie, liés par la famille et par les affaires.

01:30Et derrière cette cascade de sous-traitants, il y a l'entreprise GCC,

01:35un mastodonte du BTP, l'une des entreprises sélectionnées par l'État pour les chantiers de Paris 2024.

01:41Alors évidemment, William, les inspecteurs du travail ont voulu savoir ce grand donneur d'ordre.

01:46Était-il au courant ?

01:47GCC a-t-il préféré détourner le regard ? Fait semblant de ne pas voir.

01:51Écoutez cet extrait de l'audition de Jacques Marcel,

01:54président du conseil de surveillance de GCC et qui reproduit dans le journal L'Équipe.

02:00Vérifiez-vous que les salariés de vos sous-traitants sont bien déclarés auprès des services de l'URSSAF ?

02:05Je ne sais pas vous le dire précisément.

02:08Des vérifications, ça c'est clair, mais je n'en connais pas le détail.

02:12Procédez-vous à des vérifications d'identité sur le chantier ?

02:15Je ne sais pas vous répondre précisément, c'est possible qu'on le fasse.

02:20Comment expliquez-vous avoir sous-traité les travaux d'un montant de 842 000 euros

02:24à une société qui ne comptait qu'un seul salarié ?

02:28C'est de la responsabilité de la direction travaux de choisir les sous-traitants.

02:33Voilà, ça se passe de commentaire.

02:35Selon l'URSSAF, le préjudice dépasse 7 200 000 euros de cotisations sociales qui n'ont pas été versées.

02:43Alors en février 2026, 24 prévenus seront jugés à Bobigny.

02:47Chef de chantier, prête-nom, donneurs d'ordre qui se disent victimes d'un système qu'ils ont pourtant nourri par leur silence.

02:53Un procès de 15 jours pour que, dans l'héritage de ces Jeux que l'on a tant aimés,

02:58on n'oublie pas ce qu'on a caché dans les sous-sols du rêve olympique.

03:02Le Monde en Marchini, William Galibert, à retrouver quand vous le souhaitez sur rtl.fr.

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