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  • il y a 2 mois
Tous les deux jours un agriculteur se suicide. Le risque est 30% supérieur à la moyenne nationale. Et pourtant l'omerta règne encore. Le mal-être de la profession est encore tabou. Difficultés économiques, endettement, isolement, manque de reconnaissance... Les raisons pour lesquelles les agriculteurs perdent pied sont nombreuses.
Arnaud Simion, député socialiste de la 6ème circonscription de Haute-Garonne, a décidé d'alerter sur la santé mentale des agriculteurs et de mettre autour de la table tous les acteurs du secteur pour une meilleure prise en charge dès les premières difficultés.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00l'agriculteur c'est un métier passion si on n'a pas la passion c'est même pas la
00:11peine de l'avisager c'est tellement de sacrifices à tous niveaux ça peut être familial certains
00:18ils le payent au prix cher moi j'ai la chance d'avoir une femme intolérante
00:22j'ai mon frère qui s'est suicidé à mon adolescence lui qui devait reprendre l'exploitation et et moi
00:34après du coup j'ai repris le flambeau après mon père bonjour à toutes et à tous je suis arnaud simion
00:47député de la sixième circonscription de haute-garonne j'ai décidé de m'engager sur une thématique
00:55particulière à la santé mentale des agricultrices et des agriculteurs c'est une thématique trop peu
01:00investigué trop peu traitées et celles et ceux qui nous nourrissent mérite à la fois reconnaissance
01:08soutien et accompagnement salut vous allez bien un super député merci merci de m'accueillir chez vous
01:26laurent cultive 45 hectares de céréales bio à 30 km de toulouse c'est la première fois qu'il accepte de
01:35parler du suicide de son frère ça a été très soudain donc ça a été une lente descente aux
01:40enfers donc c'est soudain vraiment on s'y attendait pas en fait on est parti on était parti à une fois
01:46avec mon père et ma soeur et donc on est revenu trois heures plus tard en voiture on a vu j'ai vu une
01:56forme dans un jardin et puis on est arrivé dans voilà à la maison il y avait une lettre sur la table
02:05et on a vu les premiers premiers mots et je suis vite parti en courant voir la forme j'ai vu c'est lui qui
02:12était allongé avec mon fusil en plus c'était pardon mais de vous refaire ressurgir à la fois les mots qu'il a
02:23écrit également les images que vous avez vu mais c'est aussi forcément important même si c'était il
02:28y a longtemps c'est forcément important de pouvoir témoigner du drame que vous avez vécu
02:33eric le frère de laurent s'est donné la mort en 1991 acculé par la situation financière de
02:42l'exploitation effrayé par l'avenir à l'époque l'europe vote une nouvelle PAC la politique agricole
02:51commune qui réduit drastiquement les quotas et les prix garantis mon frère était à l'âge de
02:59reprendre quel âge il avait 21 ans et et vous vous étiez plus jeune donc j'avais 16 ans ouais et
03:05les temps c'est un peu dur d'en parler mais c'est normal mais c'est normal on perd du coup
03:12mais un peu le stress et les informations les médias mon frère a fait les formations agricoles
03:18depuis toujours il a été branché là dessus là dessus là dessus et il arrivait sur une impasse
03:23ça fait une impasse qu'on a tout donné depuis sa tendre enfance c'est c'est dur de voir qu'on
03:31peut pas arriver à accomplir un CRM c'était surtout la fameuse PAC qui était au niveau administratif
03:39on savait pas où on allait on savait pas comment on allait traiter parce que à chaque fois l'administration
03:43demande des papiers enfin ouais quand on est du métier de l'administration c'est tout est bien
03:48plus facile à remplir les les procédures les déclarations et alors vous vous avez pas lâché
03:54Laurent lui aussi fait face aux mêmes difficultés il ne peut pas vivre de son exploitation il travaille
04:12à temps partiel pour une collectivité et installer 200 ruches sur ses champs pour se dégager un revenu
04:18c'est combien en complément du revenu annuel c'est 10 20% 30% 30% c'est considérable oui oui oui oui
04:29ça ça c'est vraiment compliqué même j'ai des amis avec 60 hectares ils s'en sortent vraiment pas ils
04:36ont ils font zéro salaire à zéro zéro rien que leur femme travaille après on est dans un engrenage
04:42d'investissement où c'est que vraiment on peut pas s'en sortir c'est on y est on y est on ne voit
04:51au bout et on n'a pas d'échappatoire et après on effectivement mais après en garonne le revenu
04:57agricole est très bas et on a la nécessité de déclencher du rsa pour les agriculteurs parce
05:04qu'ils s'en sortent pas quoi une fois toutes les charges payées l'année dernière la ferme de
05:11laurent ne lui a rapporté que 4000 euros environ 300 euros par mois le père de laurent aujourd'hui
05:18à la retraite l'aide à étiqueter ses pots de miel pour les marchés il dénonce un modèle agricole qui
05:25fonctionne à l'envers le souci c'est que on produit et puis on sait pas comment on va être rémunéré et ça
05:33c'est un des gros problèmes agricoles et qui est encore actuel et qui est complètement incohérent
05:38normalement c'est l'agriculteur qui doit faire ses prix d'après les charges qu'il a et non pas avoir
05:45que quelques miettes et puis voilà on vous fixe un prix on sait pas quoi ça correspond c'est pas
05:50comment on va vivre et ça c'est encore d'actualité aujourd'hui tout à fait absolument c'est dommage
05:55qu'au niveau de la msa aussi à des dates qui sont aussi incohérentes que les charges viennent à payer
06:02avant que la récolte soit ramassée c'est un gros point noir avec ça c'est quelque chose qu'on peut
06:08faire remonter au responsable de la msa je vais les voir demain à payer les charges avant le 14 juillet
06:15qu'on n'a pas livré la récolte il ya quelque chose qui va pas et c'est normalement une mutuelle sociale
06:20agricole en principe des petites activités comme ça c'est le revenu agricole qui pose problème papa de
06:29laurent l'a dit il faut être payé au juste prix et il ya plein d'intermédiaires plein
06:35effectivement un intervenant et de charges qui baissent considérablement le revenu agricole
06:44encore une fois on parle de vivre dignement on est des gens simples ici
06:49difficultés économiques endettement modèle agricole les raisons pour lesquelles les
06:59agriculteurs perd de pied sont nombreuses et peu osant parler depuis trente ans une
07:06association les aide solidarité paysans en haute garonne tous les ans ils accompagnent une
07:12centaine d'agriculteurs comment ça va il y a quelques années lionel a perdu la quasi totalité
07:24de son troupeau l'association lui a permis de surmonter cette crise de se relever et de
07:30transmettre l'exploitation à son fils aujourd'hui c'est vache laitière c'est mon fils qui a repris
07:37et avec production de lait à base d'herbe et de fouet d'accord et il travaille à bâtir à
07:45transformer et vers un label d'accord à l'appel d'accord ok sabine elle aussi a dû se réinventer
07:53j'ai levé du port noir j'ai cultivé les céréales pour nourrir mais les normes européennes ayant
07:59changé brutalement mais c'est totalement impossible de garder les cochons extérieurs donc il ya plus que
08:05que je re-adapte et que dans la vie combien de cochons j'en avais une trentaine mais je vendais
08:10tout en vente directe à des restaurateurs à paris à lyon c'est parce que c'était du bio et du de la
08:18qualité ce que je les gardais deux ans donc ça faisait nous dire d'extraordinaire d'accord
08:21malheureusement j'ai été obligé d'arrêter dommage c'est ça dommage combien on a de 40 de vaches
08:28l'écart en production actuellement elles sont magnifiques ah ouais c'est beau ah c'est beau
08:34eh ben viens nous voir bah du coup oui d'accord avec deux salariés et une dizaine de bénévoles eux
08:45mêmes agriculteurs michel sillonne le département pour aider et rompre l'isolement de ceux qui osent
08:51appeler à l'aide beaucoup de gens mais voilà leur premier truc c'est c'est un soutien moral après on
08:58regarde d'où viennent les problèmes quelle stratégie ou quel plan on peut mettre en place pour aider qui
09:06on peut contacter et c'est voir avec la msa pour un report des échéances ce qui se passe très souvent
09:12comment se confronter à une assurance comment se confronter à des administratives de coopératives
09:17comment se confronter à une banque voilà on est complètement perdus et si on n'a pas un secours
09:23ou des tiers qui regardent de l'extérieur et avec un certain recul on ne passera pas ce qui est très
09:30important vous le dites c'est que bon il ya les institutions il ya les partenaires mais c'est aussi
09:37le mouvement associatif solidarité paysans l'ada 31 qui a qui permet aussi d'accompagner et cette
09:46association elle est aussi financée notamment par les collectivités et le jour où les collectivités
09:52pourront plus financer une association comme la vôtre ben ça posera d'autres problèmes
09:56il y aura plus de suicides parce que justement quand j'ai appelé et comme tant d'autres c'est
10:01qu'on était quand on appelle au secours mais c'est qu'on vraiment n'en peut plus et si personne
10:05nous répond là c'est la seule main qu'on connaît si on n'a plus de main mais on va ton déjà qu'on est
10:10il ya un suicide tous les deux jours il y aura des suicides tous les jours
10:13depuis lionel et sabine sont devenus eux mêmes bénévoles à leur tour ils apportent du soutien
10:20un maillage essentiel il faut que l'ensemble des partenaires des grandes institutions du
10:27milieu associatif et des agriculteurs eux mêmes on se prennent par la main et on soit un peu plus
10:33efficace tous ensemble
10:39ce jour là
10:40le député a réuni tous les acteurs pour une table ronde autour de la santé mentale des agriculteurs
10:46michel casalot est là avec le président de la chambre départementale d'agriculture
10:52la msa la sécurité sociale des agriculteurs est présente
10:57ce drame humain très objectivement on ne peut pas l'ignorer parce que derrière les chiffres il
11:02y à un homme une femme une famille qui sombre dans le désespoir ce à quoi on s'attache côté
11:08msa c'est à dire on ne peut pas avoir une vision une approche totalement globalisant de cette
11:13question non en fait il faut à chaque fois qu'on a qu'on réussisse à construire des réponses qui
11:17soient individualisés et des dispositifs qui soient spécifiques chacun à son propre dispositif
11:24la msa a développé un réseau de sentinelles pour prévenir détecter et accompagner les
11:31agriculteurs en difficulté la chambre d'agriculture elle a formé des conseillers et mis en place une
11:38cellule réagir pour tenter de régler avec les créanciers les problèmes financiers des
11:43exploitations et je sais que vous faites partie des gens dans le département qui sont sensibilisés à ce
11:50problème mais voilà il faut qu'on essaye de libérer des financements pour que toutes les actions que
11:56là les bénévoles les structures en place puissent être le plus efficace possible président comptez pour
12:03sur moi pour être un bon avocat vous inquiétez pas et je le je le ferai remonter d'autres
12:08interventions ou pas on a besoin de vous pourquoi parce que les agriculteurs ils font des produits de
12:16qualité mais de l'autre côté il ya un gros gros souci c'est qu'ils se font démonter par les grandes
12:22distributions les intermédiaires et c'est pour ça qu'il ya ce problème depuis des années ça date
12:28pas d'aujourd'hui non mais c'est vrai si on a pu au moins pendant quelques quelques minutes vous
12:35sensibiliser au fait qu'il fallait impérativement soutenir nos agriculteurs et que c'est presque un
12:40choix de société pour nous c'est affirmé que la solidarité la dignité humaine va le plus que la course
12:46au profit on n'échappera pas à mon avis un grand débat démocratique sur la question agricole sur
12:52notre modèle sur notre volonté aussi effectivement d'être dans une démarche de souveraineté alimentaire
12:59je crois que ce débat il faut qu'on l'ait encore une fois il faut qu'on l'ait de manière apaisée
13:04en un an la msa a déjà reçu 69 appels de dédresse pour solidarité paysans c'est un appel tous les deux
13:15jours depuis quelques mois 300 agriculteurs se suicident chaque année un chiffre largement sous-estimé
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