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  • il y a 2 jours
Au menu ce samedi : les compromis du budget 2026 en débat, détour par la Russie, reportage sur les dernières heures fastes du télétravail et entretien avec le secrétaire général de Force Ouvrière alors que vient de tomber la réforme des retraites... jusqu'en 2027. Faut-il s'en réjouir ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-18-octobre-2025-7462147

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Transcription
00:00On continue la réflexion sur le télétravail et l'actualité avec le secrétaire général de Force Ouvrière.
00:06Bonjour et bienvenue Frédéric Souillot.
00:07Bonjour, merci pour l'invitation.
00:09Aujourd'hui, les restrictions sur le télétravail, qu'est-ce qu'elles nous disent ?
00:13Est-ce qu'on était allé trop loin dans la mise à distance des salariés ?
00:17Ou bien c'est un état d'esprit général dans les entreprises qui est en train de changer ?
00:22Alors, il y a un état d'esprit général dans les directions de l'entreprise,
00:26notamment toutes celles qui ont des fonds hors France.
00:34Des fonds d'investissement ou des fonds d'entreprise ?
00:37Oui, des actionnaires qui viennent d'ailleurs, qui ne comprennent pas le télétravail,
00:41comme ça, comment on paye quelqu'un à rester à la maison.
00:44Mais il n'empêche que le télétravail, c'est un fait acquis.
00:46Il y a un accord national interpro, ça a été repris dans les branches, c'est repris dans les entreprises.
00:51Je souhaite bon courage à tous ceux qui veulent revenir sur ces accords.
00:54Et à chaque fois, qu'il y ait une rediscussion, une renégociation, un bilan, une évaluation, c'est toujours ce que l'on dit.
01:01Mais si on dit, bêtement, excusez-moi le terme, on arrête le télétravail, ça ne marchera pas.
01:08Un des premiers accords de télétravail signés en France, c'était 2004.
01:14Et Jean-Denis Combrexel m'a trimballé partout pour venir vendre l'accord de télétravail que j'avais signé à l'époque,
01:20qui était le directeur général du travail.
01:22Frédéric Souillot dans le baromètre Opinion Nouée pour Challenge.
01:26Cette semaine, on voit que la confiance des patrons dans l'économie française s'effondre.
01:30Au plus bas depuis décembre 2024, les intentions d'embauche nette, elles sont à zéro.
01:35Qu'est-ce qui vous remonte du terrain, vous, jusqu'au siège de Force Ouvrière ?
01:38Est-ce que vous êtes inquiet ?
01:38On était déjà inquiet par rapport au nombre de plans sociaux qui avaient été annoncés.
01:47Parce que quand il y a l'annonce du plan social, les licenciements n'arrivent pas tout de suite.
01:51Il y a les discussions, les négociations et tout cela.
01:53Ce qui nous remonte, c'est que plein d'entreprises arrêtent les investissements.
01:58Parce qu'elles n'arrivent pas à se projeter.
02:00Parce que, pour tout un tas de raisons, qui parfois n'ont rien à voir avec le contexte actuel.
02:05Dans tous les cas, elles n'auraient pas décidé d'investir après-demain matin.
02:09Vous voulez dire, vous êtes en train de nous dire, ce n'est pas toujours l'instabilité politique ?
02:12Là, on voit que l'instabilité politique pèse sur l'économie française.
02:16Est-ce qu'elle pèse sur les salariés ?
02:17Bien évidemment, elle pèse sur les salariés.
02:20Je rappelle quand même aux deux économistes que j'ai écoutés juste avant,
02:2556% du produit intérieur brut, c'est la consommation des ménages.
02:29Donc quand les ménages sont inquiets et qu'ils n'arrivent pas à se projeter,
02:32ils épargnent, ils ne consomment plus.
02:34Et donc, sur notre PIB, ça a un effet.
02:37Et il y a certaines entreprises qui avaient arrêté les investissements
02:41parce que la branche ou l'activité dans laquelle ils étaient
02:46étaient en train de péricliter.
02:48Et aujourd'hui, ce que l'on dit, ce que je redis,
02:52arrêtons d'avoir réindustrialisation comme un slogan.
02:55Il faut qu'on soit pragmatique, qu'on fasse les choses,
02:58notamment pour l'automobile.
03:00Les inquiétudes dans ce secteur,
03:02et il y a tout un tas de sites qui sont, ce qu'on appelle APLD,
03:06un chômage partiel rebond,
03:08puisque ça avait été mis en place à l'époque du Covid,
03:11et bien là, ça crée de grosses inquiétudes,
03:13notamment chez Peugeot, Renault, c'est d'autres mesures,
03:17mais il y a vraiment de l'inquiétude.
03:19Et là, on parle de presque 700 000 emplois.
03:23700 000 emplois en France ?
03:25Oui.
03:26C'est-à-dire, ça, c'est toute la filière automobile ?
03:28C'est toute la filière automobile, et puis après, vous avez les équipementiers,
03:32et sous-traitants et co-traitants.
03:34Et à chaque fois qu'on perd un emploi industriel, on perd quatre emplois induits.
03:38Les trois premiers directs, c'est commerce, service, sous-traitance, co-traitance.
03:42Et le quatrième, souvent, c'est un emploi de la fonction publique,
03:44parce que quand on a fermé sur un territoire une usine ou une industrie,
03:48petit à petit, on y perd les impôts, la poste, et puis la gendarmerie ferme.
03:57Et j'ai vu un reportage cette semaine à Saint-Claude dans le Jura.
04:00Je l'ai suivi, la fonderie de Saint-Claude à l'époque,
04:03pour la Fédération de la métallurgie FO.
04:05Eh bien, quand elle a fermé, on était sûr que l'hôpital,
04:09trois ans ou quatre ans plus tard, fermerait sa maternité,
04:13ses urgences et tout cela.
04:14Et c'est ce qui est arrivé.
04:15Alors, le budget à présent, pour le budget, ça va beaucoup se passer
04:19au Parlement, à l'Assemblée nationale.
04:22Qu'est-ce qu'il en pense le secrétaire général de Force Ouvrière ?
04:24Parce que c'est nouveau comme méthode.
04:26Est-ce que c'est bien ou c'est mal ?
04:28Logiquement et normalement, c'est la Constitution.
04:31C'est toujours là que ça aurait dû se passer depuis des décennies.
04:36Mais il y avait cette histoire de 49-3, qui est aussi constitutionnelle.
04:42Maintenant, oui, ça va se passer au Parlement.
04:43Mais j'espère qu'au Parlement, on va pouvoir écrire austérité à côté de ce budget.
04:48Parce qu'aujourd'hui, tout le monde nous fait un peu de minauderie en nous disant
04:52« Oui, mais c'est un budget, il est raide.
04:55Il va falloir que tout le monde mette la main à la poche. »
04:57Enfin, je m'aperçois qu'on demande au plus grand nombre.
05:00C'est-à-dire que la facture, on la présente aux travailleurs.
05:02La facture du quoi qu'il en coûte et tout ce qui en a suivi,
05:05c'est aux travailleurs qu'on la présente.
05:07C'est un budget d'austérité.
05:08Alors, il y a quand même annoncé la suspension de la réforme des retraites.
05:13La CFDT, elle dit « C'est une grande victoire. »
05:15Chez Force Ouvrière, on ne considère pas que là, on a fait tomber un totem ?
05:19Alors, voir une partie de ceux qui l'ont porté et qui l'ont soutenu avaler leur chapeau,
05:24c'est plutôt sympa.
05:27Maintenant, pour le reste, tout ça, c'est suspendu à un fil.
05:29Parce que suspension, ça ne veut pas dire abrogation.
05:33Et je suis content que, dans la suspension, on ne suspende pas que l'âge de départ.
05:38L'âge de départ serait concerné un peu moins d'un million de travailleurs,
05:43nés entre 64 et 65.
05:45Enfin, 64 et 65.
05:47L'âge de départ et l'allongement de la durée de cotisation,
05:50là, ça va concerner 3,5 millions de travailleurs.
05:53Mais pourquoi vous dites que c'est un fil ?
05:56Pourquoi est-ce que vous n'avez pas confiance ?
05:58Ben, écoutez, j'ai vu le Parlement, c'est des deux derniers jours,
06:03ce qui s'y est passé, censure, pas censure, avant ça, l'instabilité.
06:08Le Parlement, en fait, la conséquence de cette réforme des retraites
06:13passée au forceps, au 49-3 par Elisabeth Borne,
06:17où elle échappe à la motion de censure à 9 voix près,
06:21un peu moins que Sébastien Lecornu,
06:25eh bien, les résultats des élections, les citoyens n'en voulaient pas.
06:28À plus de 80% des citoyens et 92% des travailleurs.
06:33On ne voulait pas de cette réforme des retraites.
06:35Eh bien, quand ils ont été dans l'urne,
06:37ils ont voté pour des partis
06:38qui avaient mis l'abrogation de la réforme des retraites dans leur programme.
06:42Alors, cette abrogation, est-ce que, je vais vous dire franchement, est-ce que vous êtes bien raisonnable ?
06:47Là, on a l'agence S&P qui dégrade, plutôt que prévu, c'est vraiment la gifle,
06:52et S&P fait le lien avec, vous suspendez la réforme des retraites,
06:55on ne voit vraiment pas comment vous, la France, allez arriver à redresser les finances publiques.
06:59Vous êtes en train de nous dire, Frédéric Souillot, que vous vous demandez encore l'abrogation,
07:03qui coûte beaucoup plus cher qu'une suspension.
07:04Est-ce que c'est ça, la lucidité, à laquelle vous appelle le ministre de l'Économie ce matin ?
07:10Alors, la lucidité, elle est simple.
07:14En France, ce n'est pas qu'on ne travaille pas assez,
07:16c'est que nous ne sommes pas assez nombreux à travailler.
07:19Comment est-ce qu'on se débrouille pour l'emploi des jeunes, l'emploi des seniors ?
07:23Parce qu'on nous parle de démographie.
07:25Mais, sur la réforme des retraites et sur le budget de la retraite,
07:28on oublie de nous parler de 2023.
07:302023, 7,4 milliards d'excédents sur la retraite par répartition,
07:35pour une raison très simple.
07:362023, il y a de l'inflation.
07:38Et quand il y a de l'inflation, il y a de la négociation sur les salaires.
07:40Donc, on a négocié les salaires en février et en mars,
07:44et on a fait des clauses de revoyure,
07:45on n'avait pas entendu ce mot-là depuis 20 ans,
07:48en septembre et en octobre,
07:50et on a augmenté les salaires.
07:51Et quand on augmente les salaires, on augmente les cotisations,
07:54proportionnellement, et les cotisations patronales.
07:57Eh bien, on a été excédentaire de 7,4 milliards.
07:59Si on est plus nombreux à travailler,
08:02notre taux d'emploi...
08:03Mais ça ne se décrète pas, ça.
08:05C'est ça, vous dites, la lucidité,
08:07c'est d'abroger la réforme des retraites,
08:10mais d'être plus nombreux à travailler.
08:11Mais ça, ce n'est pas facile.
08:12Non, non, mais prendre les choses par le bon bout,
08:15c'est ce que j'expliquais à Elisabeth Borne en 2022,
08:20et au président de la République.
08:21Prendre les choses par le bon bout,
08:22c'est d'abord travailler sur l'emploi.
08:24L'emploi des jeunes, l'emploi tout au long de la vie,
08:27formation, reconversion, transition,
08:29et l'emploi des seniors.
08:30Ça prend du temps.
08:31Ben, ça prend du temps.
08:32Oui, alors, écoutez, ça prend du temps,
08:35parce que, dans le contexte qu'est notre République aujourd'hui,
08:38depuis le quinquennat,
08:40on n'a plus de temps long.
08:41On nous parle juste de temps court,
08:42et on est en élection permanente à chaque quinquennat.
08:45Et aujourd'hui, regardez même la logique de dire,
08:50je vais construire un gouvernement
08:51qu'avec des gens qui n'auraient pas de velléité ou de volonté
08:56pour être candidats à l'élection présidentielle.
09:00Frédéric Souillot, vous êtes co-gestionnaire
09:03avec tous les partenaires sociaux du régime de retraite complémentaire.
09:08Hier, vous avez décidé qu'elles, ensemble,
09:10elles ne seront pas revalorisées au 1er novembre.
09:13On n'a pas décidé.
09:14Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
09:16Pourquoi 14 millions de Français ne verront pas
09:18leur retraite complémentaire revalorisée ?
09:20Eh bien, parce que, dans la gestion paritaire,
09:22il y a l'organisation syndicale patronale,
09:24l'organisation syndicale de salariés.
09:27Et le patronat avait décidé
09:28qu'en fonction de l'année blanche
09:32qui allait arriver sur les retraites,
09:34sur la facture du quoi qu'il en coûte,
09:35qu'on présente au plus grand nombre,
09:37c'est-à-dire aux travailleurs,
09:38eh bien, il ne fallait pas augmenter
09:40plus de 0,2%, 0,2%,
09:43je rappelle, c'est 1 euro par mois.
09:46Toutes les organisations syndicales,
09:48elles voulaient 1%,
09:50c'est-à-dire 5,40 euros
09:52d'augmentation de la pension
09:54de retraite complémentaire chaque mois.
09:56Mais ça, c'est une conséquence
09:59de la suspension de la réforme des retraites,
10:01c'est ça qui vous a dit le patronat ?
10:01Non, c'est-à-dire que le patronat dit
10:05« je ne suis pas content,
10:06on me suspend la réforme des retraites,
10:08on me dit qu'on va me remettre
10:10un petit peu d'impôts. »
10:11En même temps, depuis 2017,
10:14le patronat, il n'a fait qu'engranger,
10:17c'est mieux que la française des jeux.
10:19Les aides publiques versées aux entreprises
10:21sans aucune conditionnalité,
10:23je prends juste le rapport du Sénat,
10:25211 milliards d'euros,
10:27allègements généraux de cotisation,
10:2889 milliards que l'État doit compenser.
10:31Question, Frédéric Souillot,
10:32si jamais le gouvernement a dans l'idée
10:35de donner aux partenaires sociaux
10:37la gestion du régime général,
10:39ça vous intéresse ?
10:40Bien évidemment.
10:42Avant 1996, les ordonnances de 1996,
10:45la sécurité sociale était gérée paritairement.
10:48Eh bien, moi, je dis oui.
10:50Chiche, on y va.
10:51Et vous prendriez des décisions difficiles
10:54quand même pour résoudre les déficits.
10:56On est d'accord, c'est ce que vous faites
10:57pour les complémentaires.
10:58La gestion de la sécurité sociale
10:59à maintenant, jusqu'en 1996,
11:02des décisions difficiles,
11:03on savait les prendre.
11:04C'est des décisions responsables.
11:07Dès 19...
11:07D'un mot, d'un mot, Frédéric Souillot,
11:10la conférence sociale,
11:11la conférence sociale, vous irez ?
11:13Vous irez à laquelle vous appelle le gouvernement ?
11:16Tout ça, c'est suspendu au même fil
11:18que la suspension de la réforme des retraites.
11:20Tout ce qu'on nous a dit aujourd'hui,
11:22tout est suspendu.
11:23On dirait une toile d'araignée.
11:24J'espère que le fil de base tient bien.
11:28Frédéric Souillot,
11:29le secrétaire général de Force Ouvrière,
11:31merci d'avoir accepté notre invitation.
11:32Sous-titrage Société Radio-Canada
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