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  • il y a 2 jours
"Un schizophrène mange la cervelle d'un prisonnier" : Un gardien de prison raconte

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Sport
Transcription
00:00Un schizophrène et on l'a retrouvé en train de bouffer la cervelle de l'autre.
00:03J'ai connu, j'ai quatre meurtres dans ma carrière,
00:05j'ai connu un hélicoptère qui est venu livrer des armes en prison,
00:08l'hélicoptère attiré, il y a eu une grave mutinerie,
00:1113 prises d'otages, on a failli avoir une évasion collective.
00:15Les vitres blindées ont volé, les grilles ont cédé,
00:17mais comme du carton, alors qu'on se croyait en sécurité.
00:21L'établissement a été complètement saccagé.
00:22Aujourd'hui, nous sommes avec Didier, ancien chef de détention de la prison de Saint-Mort.
00:27Il a passé 38 ans dans cette prison centrale,
00:29il a rencontré des tueurs en série, côtoyé de célèbres criminels,
00:32des bandits, des terroristes.
00:33Il a assisté à une tentative d'évasion avec un hélicoptère,
00:36plusieurs mutineries.
00:37Aujourd'hui, Didier est avec nous, il a sorti un livre,
00:40Derrière les murs, c'est un livre qui retrace toute ta vie au sein de la pénitentiaire
00:45et on va en parler du coup dans cette vidéo.
00:46Didier !
00:47Thibaut !
00:47Comment ça va ?
00:48Ça va Thibaut, merci.
00:49C'est un vrai plaisir de te recevoir.
00:50Merci de me recevoir.
00:51J'ai un milliard de questions à te poser, voire deux, trois milliards en vrai.
00:54Didier, est-ce que tu peux expliquer ton métier alors ?
00:56Alors moi, je suis rentré en 1983 comme surveillant pénitentiaire,
01:01en première affectation à l'île de Ré, à la maison centrale de l'île de Ré,
01:03en stage pratique.
01:04Ensuite, je suis retourné à l'école d'administration pénitentiaire à Fleury-Mérogis
01:08et à l'issue de ma scolarité, j'ai été affecté à la maison centrale de Saint-Maur.
01:11Quelle est la différence entre une maison d'arrêt et une maison centrale ?
01:14Les maisons d'arrêt sont conçues pour accueillir les courtes peines
01:17et les détenus en attente de procès.
01:19Et parfois, quand la condamnation est courte,
01:21les maisons centrales sont conçues pour accueillir des détenus
01:24qui ont au minimum une quinzaine d'années de prison jusqu'à perpétuité.
01:27De plus en plus souvent, aujourd'hui, ce n'est pas leur vocation,
01:29mais c'est devenu depuis quelques années,
01:31on y accueille des détenus qu'on appelle sédicieux
01:33qui sont ingérables dans les autres établissements.
01:36Ingérables ?
01:36Ils ont parfois des courtes peines, mais ils sont ingérables.
01:39Mutinerie, bagarre ?
01:40Mutinerie, bagarre, agression de personnel.
01:42On les accueille en maison centrale
01:43parce qu'on a la structure pour les accueillir.
01:45Et toi, tu étais vraiment en maison centrale,
01:48c'est-à-dire que tu t'occupais des détenus qui avaient des longues peines ?
01:50C'est la plus grosse centrale de France, Saint-Mort.
01:52Saint-Mort, c'est vraiment le centre de la France ?
01:54C'est le centre de la France, c'est au sud de Châteauroux.
01:56J'avais des longues peines et des détenus par mesure d'ordre.
01:59Quel profil de détenus tu avais du coup ?
02:01Tout, ça partait du grand banditisme aux affaires de mœurs
02:04et parfois la petite délinquance de quartier qui avait mal tourné.
02:07Tu disais aussi que tu avais des terroristes dans les prisons ?
02:10Alors j'ai eu des terroristes, des terroristes de renom.
02:12Avant de rentrer dans le vif du sujet,
02:14quelle était ta journée type en tant que chef de prison ?
02:17Appel du personnel à 6h30, réveil des détenus 7h.
02:20Et les gens partent soit aux ateliers, soit aux études, soit au sport.
02:24Déjeuner midi, l'après-midi recommence.
02:26C'est toute une vie sociale.
02:27Fermeture d'établissement le soir à 20h.
02:29Et 20h, 7h le lendemain matin, c'est le service de nuit.
02:31C'est ronde en détention, mirador, intervention.
02:34S'il y a des problèmes d'incendie, des gens qui se coupent.
02:38Il y a toujours des problèmes la nuit.
02:39C'est vous qui définissiez les activités qu'allaient faire les détenus ?
02:42Oui, c'est toujours les personnels.
02:43C'est moniteur de sport, certains surveillants de détention,
02:46nos collègues de CIP, les conseillers d'insertion et de probation.
02:49Et le quartier des études.
02:51Pour les détenus qui veulent reprendre les études ?
02:53Reprendre les études, faire du sport, travailler.
02:55Quel type d'activité les prisonniers pouvaient faire ?
02:57En termes de travail, il y a du travail à façon, il y a du conditionnement.
03:01Où j'étais à Saint-Mort, j'avais une grosse menuiserie, une grosse métallerie.
03:05J'avais même de la restauration d'archives sonores.
03:07J'ai eu des souffleurs de verre par le passé.
03:09Après, au niveau des études, ça peut partir de l'alphabétisation jusqu'au DEA.
03:13Et en termes de sport, traditionnellement, la musculation, les sports co,
03:17badminton, football, le sport, c'est la santé.
03:19C'est éviter de passer sa journée à fumer du shit sur son lit.
03:29Quels ont été les criminels les plus connus que tu aies côtoyé en prison ?
03:32Il y en a eu beaucoup.
03:33J'ai eu un terroriste, c'était le train Corail sur Limoges.
03:37Il y a eu plusieurs attentats.
03:39Qu'est-ce que j'ai connu d'autre ?
03:40Les attentats du métro Saint-Michel, triste affaire, le faux médecin qui a tué toute sa famille, le trio infernal.
03:44C'était quoi cette histoire ?
03:45C'était deux jeunes et une jeune fille.
03:47Elle séduisait de riches notables.
03:50Ça se terminait par des séquestrations et ça s'est terminé par des morts.
03:52Les deux types ont pris perpète.
03:54J'en ai eu un des deux à Saint-Mort.
03:55Ils s'en sont sortis d'ailleurs, ils sont sortis de prison.
03:57Ok, on en parlera après tout ce qui est réinsertion, on en parlera un petit peu après.
04:00Les peines les plus lourdes des prisonniers que tu avais ?
04:02C'est la perpétuité.
04:03Contrairement à ce qu'on peut entendre dans la télévision et dans les médias, elle existe.
04:10Tommy Joseph Récaud, l'assassinat des caissières de Béziers.
04:13Plus de 80 ans, il est toujours en prison.
04:15Marcel Barbeau, en prison depuis 1976.
04:17Qu'est-ce qu'il avait fait ?
04:18Huit meurtres de femmes dans la région de l'Oise.
04:22Selon toi, pourquoi ces gens qui à la base sont monsieur et madame tout le monde,
04:25ils dégoupillent et ils finissent par faire un acte horrible et finissent en prison ?
04:28Qu'est-ce qui se passe selon toi ?
04:30Moi, ceux que j'ai connus, par exemple, les dettes.
04:33L'accumulation de dettes, le type ne s'en sortait plus.
04:36Il a préféré assassiner tout son entourage.
04:39À cause des dettes d'argent ?
04:40Des dettes d'argent.
04:41Moi, l'analyse que j'en ai faite, c'est de se dire
04:43« je vais tellement faire souffrir ma famille aujourd'hui que je préfère que tout s'arrête ».
04:47Wow, c'est un peu extrême.
04:49Après d'autres, c'est par idéologie.
04:51Moi, je n'ai jamais trop compris.
04:52Je ne vois pas ce que faire péter un train ou faire péter une bouche de métro
04:56pour faire valoir ses idées en matière de terrorisme.
05:00Moi, c'est les gens avec qui j'ai eu le plus de problèmes, c'était les terreaux.
05:03Comment ils étaient les terroristes psychologiquement quand tu étais avec eux ?
05:06Certains sont encore dans leur trip, dans leur idéologie.
05:10D'autres, un peu moins.
05:11Le seul souci pour nous, c'était de savoir si c'était passé à autre chose ou pas.
05:15Est-ce que tu étais au courant de tout ce qu'avaient fait ces prisonniers ?
05:17Oui, parce que j'avais connaissance de leur dossier.
05:19Oui, les personnels savent ce qu'on fait.
05:21Tout se sait, oui.
05:21Tout se sait, quoi.
05:22Est-ce que tu as rencontré des gens foncièrement mauvais en prison ?
05:26Ils ne sont pas nombreux, mais effectivement, moi, j'ai rencontré des gens qui sont mauvais,
05:29pour lesquels le vice est en eux, ou pour des opinions, c'est des gens néfastes pour la société.
05:35Ils ne sont pas si nombreux, j'assiste là-dessus, mais il y a des gens qui méritent de ne pas sortir de prison.
05:40Même toi, qui es pour la réinsertion sous certaines conditions, il y a des gens, tu dis non, il ne faut surtout pas qu'ils sortent.
05:44Il faut attendre que l'âge fasse son effet et qu'il inhibe leur verve.
05:51Quels sont les criminels les moins bien vus en prison par rapport aux autres criminels ?
05:55Est-ce que c'est les *** qui vont en parler ?
05:57Les problèmes de mœurs, voilà, c'est ça.
05:59Oui, oui, forcément, c'est les problèmes de mœurs, quoi.
06:00Aujourd'hui, il y en a tellement, s'ils font profil bas, il n'y a pas de problème.
06:04Ils ne vont pas se faire tabasser forcément en prison ?
06:06En prison, c'est comme ça.
06:07Si tu fais profil bas, tu n'as pas de souci.
06:09Si tu t'affiches et qu'en plus, tu as été condamné sur des problèmes de mœurs,
06:13forcément, tu vas avoir des gros problèmes et te retrouver très rapidement à l'isolement.
06:18Comment ça se passe, l'isolement, pour un détenu ?
06:21Alors, l'isolement, c'est un quartier spécifique où on y retrouve des détenus soit à leur demande.
06:26Pour la sécurité ?
06:27Ils sont faibles, ils sont rackettés ou prennent des coups.
06:31Soit par mesure d'ordre parce que c'est des gens qui ont trop d'emprise sur la détention
06:35et qu'il va y avoir des problèmes ou qu'il y a déjà eu des problèmes ou voire des risques d'évasion.
06:40Donc là, c'est l'administration qui décide de les mettre à l'isolement.
06:42C'est soit à leur demande, soit par mesure d'ordre.
06:45D'accord.
06:46L'isolement, comment ça se passe ?
06:47Ils ont une petite cour que pour eux ?
06:49Ils ont une cellule un peu alexentrée ?
06:51Il y a plusieurs régimes d'isolement.
06:53On peut les mettre à deux ou trois parcours comme on peut les mettre seuls en promenade.
06:57Mais ils ne sont pas très nombreux à l'isolement.
06:59Moi, sur l'établissement où j'étais, je n'avais que 25 places.
07:02Parfois, on était complets, mais ils ne sont pas très nombreux à l'isolement.
07:05Est-ce que tu as une anecdote à nous raconter ?
07:06Alors, j'en ai des sympas et des moins sympas.
07:08On va recommencer par les sympas, on fera les moins sympas après.
07:10Les téléthons, les sorties, pas festives, mais les sorties avec les détenus pour faire du vélo dans le département
07:15et se joindre aux municipalités qui organisaient les téléthons.
07:19J'en ai organisé plusieurs et je n'ai jamais eu le moindre souci.
07:22Oui, c'était bien encadré.
07:24C'était encadré et puis les détenus sont assez soucieux de l'image de marque qu'ils vont rendre à l'extérieur.
07:29D'accord, ok.
07:30Et puis ils étaient choisis, j'imagine que tous les détenus n'allaient pas à l'extérieur.
07:33Forcément, il y a un laps de temps.
07:34Ils sont proches de leur libération, mais parfois non.
07:38C'est aussi du cas par cas.
07:39C'est aussi du cas par cas et c'était aussi l'occasion de les observer à l'extérieur.
07:42Et toujours, on est habillé de la même façon.
07:45Ce n'est pas comme en prison.
07:46Il m'est arrivé de sortir avec les détenus à l'extérieur, mais ils portaient le cuissard comme moi, le maillot de vélo comme moi.
07:50Donc en fait, les gens ne savent pas qui est qui.
07:52Ok, je comprends.
07:53Ça participe à les aider, à peut-être se réinsérer potentiellement pour la suite, à retrouver un peu d'humanité peut-être ?
07:59Un peu d'humanité, voilà.
08:00Ça, c'est des bonnes anecdotes.
08:02Lorsqu'on revient en prison, plus jamais le type avec lequel tu es sorti va te sauter à la gorge.
08:06Ni lui, ni ses collègues, parce qu'ils s'imaginent que dans quelques temps, ça sera leur tour.
08:10Ça permet de créer une relation de confiance vraiment avec les détenus.
08:12Et du coup, des anecdotes moins sympas ?
08:14Une des pires que j'ai connues, voilà, un type qui a agressé un autre, un schizophrène,
08:18et on l'a retrouvé en train de bouffer la cervelle de l'autre.
08:21T'as tout vu ?
08:21J'ai pas tout vu, non, j'ai pas tout vu, mais j'avais mes deux collègues surveillants qui étaient en première ligne à la distribution du repas qui, eux, ont tout vu.
08:28Ils étaient dans la même cellule, les deux, c'est ça ?
08:30Non, non, pas du tout. En maison centrale, ils sont seuls en cellule, mais lors de la distribution du repas, tu ouvres deux portes à la fois, deux, voire trois portes à la fois.
08:36D'accord.
08:37Avec deux agents, un devant le chariot de distribution, l'autre derrière, un ouvre l'autre ferme.
08:42Et à un moment d'inattention ?
08:43Le type décompensait.
08:45Ça veut dire quoi, décompenser ?
08:46Il n'avait plus sa tête, il était plein d'élire.
08:49Pour manger la cervelle de la personne.
08:50Une pierre qu'il avait remontée de la promenade, il a asséné sur la tête de son co-détenu.
08:55C'était quelqu'un d'extrêmement costaud.
08:56De toute façon, ils n'auraient même pas pu intervenir tellement ça a été rapidement.
08:59Ah ouais ?
08:59Le seul qui a intervenu, c'est un détenu qui était là, qui s'est fait massacrer.
09:02Effectivement, lorsque les renforts sont arrivés, on a vu un type à genoux, on pensait qu'il lui portait secours.
09:07Et en fait, il est en train de s'imprégner de sa cervelle.
09:09Et du coup, il y a une cellule psychologique qui est mise en place pour les autres surveillants ?
09:12Forcément, forcément.
09:13Parce qu'à l'issue de ce truc-là, même pour les détenus qui étaient à côté, il y a des psychologues à l'établissement.
09:19Il y a une cellule qui s'est mise en place.
09:20Il y a eu une espèce de deuil collectif, d'ailleurs, dans l'établissement en ce moment-là, où ça a été compliqué pour l'équipe de direction et ma part de reprendre les choses.
09:28C'était lourd, là, comme truc.
09:29C'était lourd et tout le monde se méfiait, tout le monde.
09:32Il y avait une espèce de coalition entre certains surveillants et certains détenus.
09:36C'était légitime, ils avaient peur.
09:37Le pire pour un détenu, c'est de mourir en prison.
09:40La prison, c'est pour payer sa dette à la société, ce n'est pas pour y mourir.
09:45Il n'y a pas eu une histoire avec un criminel qui a tué quelqu'un d'autre avec une halter, un truc comme ça ?
09:50La maison centrale d'Arles, ce n'est pas très vieux, ça a défrayé la chronique.
09:54Les détenus ont peur en prison ?
09:56Oui, les détenus ont peur en prison parce que, de toute façon, la prison, c'est le plus grand hôpital psychiatrique de France, aujourd'hui.
10:01La médecine psychiatrique, c'est le parent pauvre de la médecine en général.
10:06Et du coup, les prisons se sont adaptées puisqu'elles ont créé des centres médico-psychologiques régionaux avec des psychiatres et des psychologues.
10:14Et il y a une prise en charge de ces détenus.
10:15Ce n'est pas notre vocation, mais comme il n'y a pas eu d'altération au moment des faits, l'altération du comportement au moment des faits, on retrouve ces gendars en prison.
10:23Donc la bénédicière, elle s'est adaptée.
10:25Après, le personnel de surveillance n'est pas psychiatre.
10:27Et parfois, on peut passer à côté.
10:29Et puis, ils sont très nombreux.
10:30C'est dur de s'occuper de tout le monde.
10:31C'est dur de ne pas se rendre compte que peut-être X ou Y ne prend plus ses médicaments, qu'il recommence ses délires et ne pas le repérer.
10:39Ça peut arriver, c'est ce qui nous est arrivé.
10:40D'autres anecdotes, peut-être ?
10:42Oui, des tristes. Moi, j'ai connu, j'ai quatre meurtres dans ma carrière.
10:45J'ai connu un hélicoptère qui est venu livrer des armes en prison.
10:49Il y a eu une fusillade parce que les détenus se sont emparés des armes.
10:52On commence à tirer sur les miradors.
10:54L'hélicoptère a tiré.
10:55C'était une scène de guerre.
10:57Les miradors ont tiré sur l'hélicoptère.
10:59L'hélicoptère s'est écrasé juste dans le chemin de ronde, entre les deux murs.
11:04Heureusement qu'il n'est pas tombé sur la prison, sinon je ne sais pas ce qui se serait passé.
11:08C'était une scène de guerre.
11:09Alors, ça s'est passé comment, cette soirée d'hélicoptère ?
11:11Le frère d'un détenu qui était dans l'établissement s'est fait passer pour un photographe,
11:15pour aller photographier les châteaux de la Loire.
11:17Ils étaient plusieurs, donc il y avait le frère de ce détenu.
11:20Un complice avait retenu la famille du pilote en otage.
11:22Donc, ils les ont mis en relation téléphonique.
11:25Du coup, le pilote était contraint de partir.
11:28Ils se sont arrêtés au coin d'un champ.
11:29Ils ont récupéré du matériel, armes, cordages.
11:32Et ils sont venus directement sur l'établissement livrer des armes à certains détenus
11:37qui ont tiré sur les migrador pendant qu'il arrachait son frère.
11:41Sauf qu'il a été abattu.
11:43Par qui ? Par les surveillants de la prison ?
11:44Par les surveillants.
11:45Tout le monde tirait sur tout le monde.
11:47Comme dans les films.
11:48Comme dans les films.
11:50Vous êtes préparé à ça, vous ?
11:52Oui, on a des formations.
11:53Alors, ça, ce scénario, c'était la première fois que ça arrivait.
11:55Aujourd'hui, on a une conduite à tenir sur les aéronefs.
11:58On ne tire plus sur un aéronef.
12:00Faute de consignes à l'époque, la légitime défense,
12:03les gens se sont cru en légitime défense et ont tiré.
12:05Mais l'hélicoptère aurait pu s'écraser sur la prison et faire des dizaines de morts.
12:09Du coup, maintenant, les miradors ont été bancarisés.
12:12C'est le mot à dire, avec des vitres blindées.
12:14On ne tire plus sur l'hélicoptère.
12:16On va tirer sur la personne qui est sur le filin, mais on ne tire plus sur l'hélicoptère.
12:20D'accord, ok.
12:21Quand vous êtes attaqué, vous avez le droit du coup de tirer à...
12:23Le droit de riposter, oui.
12:24De riposter.
12:25On est la seule profession où on peut tirer sur quelqu'un qui est désarmé et dans le dos.
12:29C'est la seule profession ?
12:30Voilà, c'est-à-dire que quelqu'un qui s'évade, c'est très clair.
12:32Lorsqu'il est engagé sur le dernier mur extérieur, la dernière barrière de sécurité extérieure,
12:37après sommation, on peut tirer.
12:39Pourquoi tu as voulu faire ce métier de chef de prison ?
12:42Alors, en réalité, je n'ai jamais voulu faire ce métier.
12:44Moi, je n'étais pas paumé, mais j'ai commencé par un BP d'hôtellerie, de collectivité, spécialité cuisine.
12:51Rien à voir.
12:52Qui n'avait rien à voir.
12:53J'ai été extrêmement déçu le peu de temps où j'ai travaillé avant mon service national.
12:57J'étais extrêmement déçu de l'attitude...
12:58De la restauration.
12:59Qui buvait, qui était déjà sous cacheton tellement ils étaient sur les nerfs.
13:04J'ai devancé mon appel.
13:05Je suis parti très rapidement à l'armée.
13:07Alors, je pense que l'armée m'a fait beaucoup de bien.
13:09L'autorité, l'encadrement, la hiérarchie.
13:11Ça vous a aidé à vous trouver une voie.
13:14Et du coup, j'ai rencontré...
13:16J'ai toujours fait beaucoup de sport.
13:17Le président de mon club de vélo était directeur technique à la maison centrale de Clairvaux.
13:22Et c'est quelqu'un, moi, qui me fascinait par ces anecdotes, qui me racontaient.
13:26Et en plus, sa personnalité.
13:27C'était un vrai meneur d'homme.
13:29Et c'est lui qui m'a dit, mais tu devrais passer le concours de surveillants.
13:33Je pense que tu as l'étoffe pour le faire.
13:34Et voilà comment ça s'est passé.
13:36Je me suis pointé à la maison d'arrêt de Limoges.
13:38J'ai demandé le dossier.
13:39J'ai passé le concours.
13:40Et deux mois après, j'avais un uniforme sur le dos.
13:42Génial.
13:43Et du coup, tu es monté en échelon au sein de la prison.
13:45Alors, je suis resté dix ans surveillant, en détention, avec des rythmes matin, nuit,
13:51matin, après-midi, nuit, les dimanches, les offriers, pas de vacances.
13:55Je me suis aguerri.
13:56J'ai appris le métier, parce qu'il faut passer par là.
13:58Et ensuite, j'ai passé le concours de premier surveillant,
14:01sachant que j'allais devoir faire mes valises,
14:03parce que chaque fois qu'on passe un concours, il faut partir.
14:05Partir ?
14:06Mutation, en fonction du classement.
14:08Et comme j'étais extrêmement bien classé, j'avais le choix de mon poste.
14:11Et il y avait un poste à mon établissement.
14:12Ah, génial.
14:13Et comme l'établissement n'était pas très demandé,
14:16parce qu'on avait mauvaise presse, c'était un établissement...
14:18Les maisons centrales ont toujours mauvaise presse,
14:20parce que c'est des établissements où il y a des faits...
14:22C'est difficile, ouais.
14:22C'est difficile.
14:23Et j'ai été réaffecté, donc je suis resté encore 15 ou 18 ans, premier surveillant.
14:29Et un jour, j'ai été nommé au choix lieutenant.
14:31Lieutenant, génial.
14:32J'ai regagné l'école à Agen, stage de mise en situation moulin, bien classé.
14:38Je suis revenu encore à la maison centrale de Saint-Morque.
14:40Je suis passé capitaine un an après, je suis resté juste un an lieutenant.
14:45Je suis passé capitaine un an après et commandant, commandant pas à la fin.
14:48Ah oui, t'as vraiment la carrière, t'as fait toute ta vie là-bas.
14:51De mémoire, je pense que je dois être le seul cas.
14:54À monter autant les échelons.
14:56À monter dans le même établissement, normalement, c'est toujours une mutation.
14:58Je me plaisais à Saint-Morque.
14:59Comment un gardien se fait respecter en prison ?
15:02En maison d'arrêt, c'est différent.
15:04Le détenu a le souci de sa peine, de son procès.
15:08Ils ne sont pas souvent en dehors de la cursive.
15:11Ça passe essentiellement par l'autorité.
15:12Chez nous, en maison centrale, c'est complètement différent.
15:15Il y a l'aspect autoritaire pour tout ce qui est sécurité.
15:18Mais il y a aussi leur porter beaucoup d'attention.
15:21De la relation, de l'attention, du dialogue.
15:24Il y a beaucoup d'accompagnement.
15:25Parce qu'ils savent qu'ils vont passer beaucoup de temps derrière les barreaux.
15:28Voilà.
15:29Et que nous, on va aussi passer beaucoup de temps à côté d'eux.
15:31Et que ça peut être aussi parfois pénible pour nous.
15:33Il y a des détenus avec lesquels ça se passe bien.
15:35Et on a des rapports cordiaux.
15:37Il y en a d'autres avec lesquels ça se passe moins bien.
15:40Et ça peut durer longtemps.
15:41Quel type d'armes vous avez ?
15:42Le HK G36, le même que les gendarmes, policiers.
15:46D'accord. Le fusil à pompe aussi, il me semble ?
15:48Alors oui, il y a toute une palette d'armes.
15:49On a le fusil à pompe, lanceur de balles de défense, le SIG, le SIG Shower.
15:54D'accord, ok. Vous pouvez vous protéger.
15:55Et surtout dans les centrales sécuritaires.
15:58Aujourd'hui, il y a des formations au maintien de l'ordre, des formations au tir.
16:02Avec des équipes locales d'intervention.
16:05Sans parler des EFRIS.
16:06C'est une sorte de police d'élite qui est là pour intervenir en cas de mutinerie ?
16:10C'est nos forces spéciales.
16:11Bizarrement, ils ne sont pas à côté des prisons.
16:13Ils sont au siège de la direction régionale.
16:14Pour ma part, j'étais direction régionale de Dijon.
16:18J'étais quand même à 400 kilomètres de mon EFRIS.
16:21Alors souvent, quand il y avait un problème, c'était l'EFRIS de Paris qui descendait.
16:25De plus en plus, les établissements, et maintenant c'est une consigne,
16:29sont équipés de DELAC, maintenant qui a été transformé en ELSP,
16:33équipe locale de sécurité pénitentiaire,
16:35qui sont armées et capables d'intervenir très rapidement.
16:38S'il y a des mutineries ?
16:39Alors si en début de mutinerie, après en mutinerie, on passe avec des EFRIS,
16:43sur des problèmes de quelques personnes,
16:46maintenant on est capable de gérer nos problèmes tout seul.
16:48As-tu déjà subi des agressions ?
16:50Oui, bien sûr, j'ai subi des agressions.
16:51Je le relate dans le livre, j'ai subi une grave agression.
16:55J'encadrais deux agents au quartier d'isolement.
16:59Je me suis fait agresser à l'arme blanche.
17:00Tu as eu des séquelles ?
17:02Je n'ai pas été touché, mais mon collègue est resté en otage.
17:04C'est le GIGN qui est venu me récupérer à 2h du matin.
17:06Tu as déjà été pris en otage toi ou pas ?
17:08Je n'ai pas été pris en otage longtemps,
17:09parce que dans la mutinerie, on m'a piqué mes clés,
17:12on m'a renfermé dans une cellule,
17:13mais on est venu me récupérer.
17:16J'ai eu la chance d'avoir côtoyé un détenu avec lequel j'étais à l'armée,
17:19qui m'a évacué au jour de la mutinerie.
17:21En fait, moi, elle a duré 10 minutes, ma prise d'otage.
17:23Je n'ai jamais été qualifié de prise d'otage d'ailleurs,
17:25mais j'en ai vécu de nombreux.
17:28Est-ce que tu as déjà eu peur pour ta famille ?
17:29Toi qui étais en prison, qui travaillais, qui côtoyais des prisonniers,
17:32qui étais parfois sévère avec des prisonniers,
17:34est-ce que tu pensais à ta famille à l'extérieur
17:35et tu disais « mince, ils sont peut-être en danger ».
17:37Oui, j'ai eu peur, forcément j'ai eu peur,
17:38puisque mon épouse recevait régulièrement des messages de menaces.
17:43« Dis à ton mari d'arrêter de faire chier jusqu'à la fin
17:45où j'ai même été filmé, suivi en voiture ».
17:49Comment on réagit alors ?
17:50Moi, je n'ai jamais eu très peur.
17:52J'ai toujours pensé que c'était l'intimidation.
17:53Ça s'est arrêté là après ?
17:55Sur la première affaire, j'ai eu affaire à un major de police extraordinaire.
18:00C'était mon épouse qui était au téléphone,
18:01surtout qui recevait des menaces téléphoniques la nuit
18:04d'une cabine téléphonique localisée sur la région de Bretagne.
18:08Un major de police, mais au pignâtre, vraiment au pignâtre,
18:11a fini par découvrir avec l'aide d'un collègue qui était l'auteur.
18:15Des gens qui ont été condamnés par la suite.
18:17Du coup, Didier, toi, quand tu avais vécu des choses vraiment traumatisantes en prison,
18:21est-ce que tu en parlais avec ta famille et tes proches ?
18:24Non, non, non.
18:24Moi, le premier réflexe, de toute façon, quelle que soit la journée que je passais,
18:27le premier réflexe à rentrer dans la prison, c'était poser de l'uniforme.
18:29Voilà, moi, j'évitais de parler du boulot, pas communiquer les angoisses.
18:32Aujourd'hui, la raison de ce livre, c'est peut-être aussi évacuer toute cette tension.
18:36Ouais, ouais, ouais.
18:37C'est un travail sur toi-même.
18:39J'ai pas de souci à en parler.
18:40Je pense que même moi, j'ai pas évacué certaines choses, quoi.
18:44Comme quoi, selon toi, encore ?
18:45Bah, tu sais, chez nous, quand il y a des problèmes, tu mets sous le tapis.
18:47C'est un peu comme à l'armée.
18:48Je dis pas que j'aurais besoin d'avoir eu un de ces vipsy,
18:50mais en certaines situations, avoir eu besoin d'en parler, ça aurait été peut-être pas mal.
18:54Sauf que t'as toujours le regard des autres.
18:56Oui, tu veux faire le bonhomme, mais...
18:58Voilà, tu te dis, est-ce que ça va pas être une ombre sur ma carrière ?
19:02Une faiblesse.
19:03Une faiblesse, voilà.
19:04Alors, tu accumules, t'en parles pas à ta famille pour répondre à ta question,
19:06t'en parles pas pour pas communiquer.
19:07T'as tout gardé pour toi ?
19:09En plus, moi, j'étais dans une prison qui était suffisamment anxiogène,
19:12mais pratiquement pour tout le département.
19:14Il y a eu des fois où on passait pas une semaine sans faire la une de la Nouvelle République,
19:17c'est du journal local.
19:18Puis voilà, il y a eu des évasions par l'hélicoptère,
19:20donc je sais pas si tu vois ce que ça peut faire sur le voisinage,
19:24un hélicoptère, des coups de feu.
19:25Cette mutinerie ou périple d'un kilomètre,
19:28on avait évacué tous les gens.
19:29Enfin, moi, à l'époque, mon épouse, je l'ai retrouvée dans un gymnase,
19:32enfin voilà, quoi.
19:33Waouh !
19:33Et si tu veux, c'était suffisamment anxiogène pour ne pas en rajouter.
19:36Et voilà, j'ai évité d'en parler.
19:37Tes enfants et ta femme n'ont pas non plus visité la prison ?
19:40Mon épouse a pu visiter la prison.
19:42D'accord, tu as fait qu'elle me visitée.
19:42Moi, j'étais assez favorable à ça.
19:44Ça se fait pas dans beaucoup d'établissements.
19:45C'est toujours que délicat d'organiser une visite en prison.
19:47On peut pas mettre les familles au contact des détenus.
19:49Ouais, j'ai eu la chance aussi d'avoir été en maison d'arrêt.
19:52Du coup, ouais, c'est impressionnant d'être au contact des détenus.
19:54Même au début, je me souviens, j'osais pas les rêver dans les yeux.
19:57Ouais, c'est tout un univers, quoi.
19:58C'est un univers, c'est vraiment à part...
20:00Ouais, c'est impressionnant.
20:01Surtout que les détenus ont joué un peu.
20:02Il va y arriver une nouvelle tête.
20:04On roule un peu des bras, on roule un peu des épaules.
20:06Je suis passé dans la cour.
20:08Ils étaient tous, du coup, à la fenêtre.
20:09Ils m'ont tous reconnu.
20:10Mes abonnés sont en prison.
20:12Bravo, les gars.
20:12Bien joué.
20:13C'est pas facile.
20:14Il faut savoir donner une seconde chance, mais c'est pas facile.
20:16Surtout quand tu as les familles des victimes.
20:18Tout l'équilibre, quand tu parles de la pénitentiaire, c'est tout l'équilibre à avoir.
20:21C'est extrêmement compliqué de dire que tu organises des activités au sein de la prison,
20:25voire des activités à l'extérieur de la prison, parce que tu dois aussi intégrer qu'il y a des victimes,
20:30des parties civiles qui te regardent et qui, eux, ont une autre vision de...
20:34Bien sûr.
20:35Voilà, une autre vision de la pénitentiaire, qui attendent autre chose de la pénitentiaire.
20:39Tu as déjà pris des coups de pression de la part de familles de victimes, justement,
20:42qui te disent « Mais pourquoi tu vas faire du vélo avec celui-là ? Il a tué mon fils, par exemple. »
20:46Pas de famille, mais indirectement, oui, j'ai pris des coups de pression.
20:49Et puis, dans une affaire tristement célèbre qui s'est passée dans la région,
20:52nous, il n'y a pas très très longtemps, où je m'étais engagé sur la libération conditionnelle.
20:56Enfin, moi, j'avais un ami, un avis favorable, et j'insistais fortement pour qu'un détenu soit libéré,
21:01qui avait commis, on peut dire, de nombreux crimes, sur lesquels je croyais,
21:05sur lesquels il y avait des expertises psychiatriques qui étaient favorables,
21:08la pression médiatique qui ne se passait pas une journée sans qu'il passe à la télévision,
21:12les parties civils.
21:13Indirectement, on sentait la pression qu'on avait sur les quelques personnes à l'établissement
21:18qui s'étaient investies, direction, quelques personnels, son conseiller d'insertion,
21:21et même la chape locale qui était favorable à sa libération.
21:26On y est arrivé, l'actualité est passée à autre chose, et puis ce type-là est dehors, et puis voilà.
21:31On se met à la place des familles, et en même temps, on se dit que le détenu, il a fait sa peine.
21:36Parce que dans les commentaires de la vidéo, je sais qu'il y aura deux camps.
21:38La population a une relation schizophrénique avec ses prisons, de toute façon.
21:42Quand on voit les détenus en surpopulation dans les prisons, la chaleur, la surpopulation, les bagarres, les détenus insalubres...
21:50Oui, la pénitentiaire, elle fait n'importe quoi, à part les moyens.
21:53À contrario, tu pars avec une dizaine de détenus faire du vélo en campagne, alors avec des missions.
22:00C'est soit pour participer à un téléthon local, soit parce qu'eux aussi, on t'a demandé d'observer le type, comment ils étaient à l'extérieur.
22:05Et là, quand ça passe à la télévision, ils n'ont rien d'autre à foutre que de les sortir.
22:09C'est extrêmement compliqué.
22:10Tu ne fais pas un métier facile.
22:11Heureusement qu'il y a des gens comme toi qui font ce magnifique métier.
22:14On passe le bonjour à tous les gardiens de prison qui vont voir le reportage, je pense qu'il y en aura pas mal.
22:17Il faut, il faut des gens comme vous.
22:18On est qualifiés de la troisième force de sécurité publique, mais je pense qu'on est les mal aimés de la société.
22:23Il faut que vous soyez présents pour pas que ces mecs-là sortent, mais il faut aussi avoir cette lumière de dire que quand ils sont prêts à sortir, il faut les aider, les accompagner.
22:31Tu es soit un héros, soit un facho.
22:33Chez nous, c'est comme ça.
22:34Un peu ce que vit la police aujourd'hui.
22:36Avec les émeutes et tout, c'est...
22:38Au lendemain du Bataclan, c'était des héros.
22:40Dès qu'il y a la réforme des retraites, etc.
22:42Un éborgné, et c'est des fachos.
22:44Pour un type qui a mal maîtrisé son truc, toute la police est fachos.
22:48Ce n'est pas des métiers faciles, mais comme on dit souvent, heureusement qu'ils sont là pour maintenir l'ordre, pour éviter qu'il y ait d'autres débordements.
22:54On touche un sujet très sensible.
22:56Dans la prison dans laquelle tu étais, la maison centrale, combien il y avait de détenus ?
23:00Initialement, quand je suis arrivé, il y avait 300, 350 détenus.
23:04C'était les années 83.
23:05On recherchait beaucoup de places pour les condamner, donc on nous avait demandé d'augmenter l'effectif.
23:10On est monté à 440.
23:11Et à 440, on savait très bien que ça serait impossible.
23:14Et l'établissement, en novembre 87, il y a eu une grave mutinerie.
23:1813 prises d'otages.
23:19Ça a duré toute une nuit.
23:21L'établissement a été complètement saccagé.
23:23Tu étais là à ce moment-là ?
23:23Comment tu as vécu la mutinerie ?
23:26Ça a été mon premier fait d'arme, parce que de 83 à 87, il y avait une tension.
23:30C'était gérable.
23:32Il y avait quelques agressions entre détenus.
23:34Il n'y avait pas d'agression, très peu d'agression sur le personnel, sauf dans les maîtrises.
23:39Les gens se débattent un petit peu.
23:41À partir de 87, il y a un régime qui a changé au niveau de mise de peine.
23:45Nous, on avait vraiment beaucoup trop de longue peine dans cet établissement.
23:49Il n'était pas prévu pour accueillir à l'époque 440 détenus.
23:52L'assaut commençait à bien monter.
23:53Et en novembre 87, il y a eu une grave mutinerie avec prise d'otages, GIGN, hélicoptère.
23:59Enfin, une vraie scène de guerre.
24:00Il y a eu des morts ?
24:01Il y a eu quelqu'un qui est décédé des suites de ses blessures.
24:04Mais il y a eu des graves blessés.
24:05Je me suis demandé ce que je faisais là-dedans.
24:07J'étais jeune, j'avais 26 ans.
24:08Et me retrouver avec une arme à la main, les détenus qui remontaient.
24:12On a failli avoir une évasion collective.
24:13Est-ce que je serais capable de tirer ?
24:15On n'était pas très nombreux, on était avec deux.
24:17Les grilles ont cédé, mais comme du carton.
24:19Alors qu'on se croyait en sécurité.
24:21Les vitres blindées ont volé.
24:23Ils sont allés jusqu'aux ateliers récupérer les postes à soudure
24:26pour après ressouder les grilles pour nous éviter de revenir en détention pour la charge.
24:33Revenir le matin, remettre de l'ordre.
24:35Moi, j'ai vu jusqu'à un véhicule de l'avant blindé
24:38qui était là pour casser les portes pour entrer dans l'établissement.
24:41C'est incroyable.
24:41C'est quand le véhicule démarre, que les hélicos se mettent en route,
24:45que les détenus, c'est la reddition.
24:47Heureusement, parce que je ne sais pas comment ça s'est terminé cette histoire.
24:50Quelle histoire ? Ça a duré combien de temps ça ?
24:51Ça a commencé à 15h et ça s'est terminé le matin à 10h.
24:55J'ai eu quelques séquelles après, parce que j'ai rêvé longtemps de cette mutinerie.
24:58Longtemps.
24:58La nuit, j'avais peine à trouver sommeil lorsque je dormais à l'établissement.
25:03Et c'est un chef, un vieux chef, qui m'a dit « mais t'inquiète pas, tu ne reverras jamais une scène comme ça ».
25:08Et effectivement, je suis resté.
25:09Il y a eu celle de l'hélicoptère un peu plus tard.
25:11Oui, mais j'étais plus aguerri.
25:12Ce n'était pas la même chose.
25:13Ok. C'est une vie quand même. C'est des moments.
25:17Mais cette mutinerie, ça m'a marqué.
25:19Ça m'a renvoyé l'image du stade du Hezel.
25:21Je ne sais pas si tu te souviens.
25:21Non.
25:22En Belgique, quand la foule écrase le grillage, il y a des dizaines de morts.
25:28Et là, je me suis rendu compte de la puissance de la foule.
25:30Est-ce que tu as déjà assisté à une évasion ?
25:32Oui, j'ai assisté à une évasion.
25:34J'ai eu des évasions de permission.
25:35Un type qui réintègre par établissement, c'est toujours qualifié d'évasion.
25:38Pour moi, ce n'est pas une évasion violente.
25:40C'était une évasion par bris de prison.
25:42Oui, oui, une fois, ils se sont apparus du camion poubelle.
25:45En marche arrière et sous les feux des miradors, et blessés, ils ont réussi à s'évader.
25:49Avec une prise d'otage, ils ont réussi à s'évader.
25:52Comment ça est fini ?
25:53Alors, on les a retrouvés, un à Paris, sans casque, sur une mobilette.
25:58Ah, tout con.
25:59Oui, tout con.
26:00Les deux autres, en Suisse, parce que blessés par balles,
26:03ils avaient pris un otage, un tout-bib pour se faire soigner.
26:06Ok. Est-ce qu'effectivement, des fois, ça se passe bien avec des détenus,
26:09malgré le fait qu'ils aient commis des actes horribles,
26:12ils arrivent à être sympathiques ? C'est possible ?
26:14C'est toute la curiosité du métier.
26:16Parfois, dans l'horreur, on y trouve le meilleur.
26:18Moi, j'ai eu des rapports extrêmement cordiaux
26:20avec des criminels qui ont commis des faits horribles,
26:23mais dans un système cadré, avec des relations,
26:26on peut réorganiser une vie et avoir des rapports très cordiaux.
26:28C'était peut-être le cadre qui leur manquait dans leur vie précédente ?
26:31J'ai un regard un peu différent sur l'homme maintenant.
26:34Moi, je me dis que tout le monde peut faire n'importe quoi.
26:36La jalousie, la colère, l'humiliation, l'argent
26:40peut mener quelqu'un à dégoupiller et à commettre l'irréparable.
26:44Tellement tu as vu de choses.
26:45Tellement j'ai vu de choses, voilà.
26:47Je veux dire, la prison, ça ne peut pas arriver qu'aux autres.
26:48Est-ce que les gens qui étaient en prison,
26:50c'était les gens qui avaient des cicatrices,
26:51qui n'étaient pas beaux ?
26:52Ou alors, au contraire, c'était monsieur et madame tout le monde ?
26:54Alors, parfois, il y a les clichés,
26:56les tatouages, la muscu,
26:58les gueules cassées, ça arrive, ça arrive.
27:01Mais parfois, il y a des gens débonnaires
27:03qui ressemblent à monsieur tout le monde.
27:05Tu leur mettrais ton fils sur les genoux.
27:08Et oui, il y a des gens, c'est monsieur tout le monde.
27:11Ça ne leur a pas empêché de faire un acte ?
27:12Ça ne leur a pas empêché.
27:13À un moment de leur vie, ils sont dégoupillés
27:16parce que ce n'est pas la pression, la jalousie,
27:19des problèmes psychiatriques.
27:20Est-ce que tu as créé des amitiés avec des détenus ?
27:23Ce n'est pas des amitiés,
27:24mais il y a pu y avoir des instants amicals.
27:26Moi, j'ai vu une collègue surveillante se faire agresser.
27:29Lorsque je suis arrivé en renfort,
27:31il y avait un détenu qui avait maîtrisé l'agresseur.
27:33Tu fais ce que tu as à faire,
27:34tout de suite, tu prends en charge ta collègue
27:36et tu prends le type à côté
27:37et tu lui serres la main en lui disant merci.
27:40Je ne sais pas si on peut qualifier ça
27:41pas d'amitié, mais de reconnaissance.
27:43Oui, c'est vrai, OK.
27:44Il y a des histoires comme ça,
27:45mais j'en ai vécu mes pleins.
27:46C'est peut-être ce qui m'a fait rester dans la profession.
27:49Un agent sportif qui fait un malaise à l'étage
27:52parce qu'il n'avait pas dû s'alimenter
27:54ou la journée était trop longue.
27:55Tu sais, on a une alarme homme mort.
27:57C'est-à-dire que si tu tombes, que ton appareil radio est à plat,
28:01l'alarme se déclenche.
28:02Et là, tu arrives, tu prends en charge ton collègue.
28:05Tu as une personne détenue qui est à côté
28:07qui te prend par le bras et qui te remet ses clés
28:09en disant je préfère faire ça avant que les autres...
28:12Et tu dis mais pourquoi ?
28:13Il dit j'ai préféré faire ça avant que les autres détenus s'en emparent.
28:15C'est des moments d'humanité là où normalement,
28:17il ne devrait plus en avoir.
28:18Voilà, mais il y en a plein des moments comme ça
28:20où des matchs de foot, parfois de personnel détenu,
28:23comme dans les grands matchs, tout le monde se serre la main.
28:25Les remises de récompenses, de diplômes de fin d'année.
28:28Dans ton livre, tu as un passage où tu dis
28:30« J'ai côtoyé pendant 38 ans la noirceur humaine la plus crue
28:32et j'ai parfois vu de la lumière. »
28:34Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
28:35C'est le contraste avec l'image que vont te renvoyer les médias,
28:39même le dossier, de la personne qui a commis plusieurs crimes
28:42ou parfois des crimes odieux
28:43et son comportement qu'il peut avoir en prison.
28:45Le type a un comportement plus que conforme,
28:48tu as des liens cordiaux.
28:49C'est ce contraste là.
28:50Est-ce que les détenus, entre eux,
28:52ils sont au courant des peines de chacun ?
28:54Oui, oui, oui, oui, oui.
28:55Pas tous, mais la plupart, oui.
28:57Moi, les gens que j'avais, c'était des fées criminels
28:59qui avaient défrayé la chronique,
29:01donc tout le monde savait qui avait fait quoi.
29:02C'était tristement des « stars » entre guillemets.
29:04Oui, j'avais des stars, on peut le dire comme ça.
29:06Comment ils étaient traités, ces criminels stars,
29:09parmi les autres détenus ?
29:11Ils avaient leur cours.
29:11Célèbre, ça dépend pourquoi,
29:13mais par exemple, le grand banditisme.
29:14Et puis en prison, il y a des clins, il y a des groupes,
29:17c'est comme ça, et à la tête de ces groupes, de ces clins,
29:19tu vas retrouver des terroristes,
29:22c'était ceux-là les plus dangereux,
29:22qui vont entraîner tous les petits jeunes.
29:24Comment on t'explique que des criminels,
29:26ils avaient des fans ?
29:27J'ai du mal à me l'expliquer.
29:28Oui, oui, est-ce qu'il y a des...
29:30La fascination, je veux dire, par ces personnages âges,
29:32tous les noms que j'ai connus, voire sexuels même,
29:35avaient du courrier, des visites.
29:37Ces criminels-là ont le droit de recevoir
29:39leurs femmes, leurs épouses ?
29:41Bien sûr, tous les week-ends.
29:43Et ils ont le droit d'avoir des relations intimes ?
29:45Oui, parce qu'aujourd'hui, on a ce qu'on appelle dans les établissements
29:47des unités de vie familiales.
29:48Enfin, moi, j'avais trois studios.
29:50Jusqu'à 72 heures, le type pouvait recevoir sa femme et ses enfants.
29:54Il pouvait recevoir aussi des fans, je ne sais pas ?
29:56Il fallait qu'il soit titulaire d'un permis de visite.
29:58Selon toi, comment éviter qu'un criminel qui sort récidive ?
30:03C'est extrêmement compliqué.
30:04Ça passe par l'accompagnement.
30:06Le SPIP, le Service pénitentiaire d'insertion et de probation,
30:10qui va suivre par la suite...
30:11Le détenu...
30:13Les plus détenus.
30:13On appelle ça un placé, parce que souvent, on va être sous le bracelet pendant quelques temps.
30:18Ensuite, on enlèvera le bracelet, mais il sera encore suivi pendant de nombreuses années.
30:22C'est extrêmement compliqué, surtout pour les longues peines.
30:24Comment effacer 15 ans, 10 ans, 20 ans de sa vie face à un employeur ?
30:30Comment justifier ce trou de 15 ans ?
30:32Il y a des employeurs qui prennent des anciens détenus,
30:35qui ont fait 10, 20, des anciens meurtriers...
30:37Il y a beaucoup d'associations, Emmaüs et autres...
30:40Qui acceptent.
30:40Voilà, qui acceptent.
30:41Quand un prisonnier qui a fait perpétuité demande à sortir,
30:45est-ce que tu arrives à le sentir s'il est prêt ou pas ?
30:47La perpétuité, elle est toujours assujettie à une période de sûreté,
30:50qui est généralement entre 18 et 22 ans.
30:53Donc, c'est après cette période de sûreté qu'il peut prétendre à un aménagement de peine et à sortir.
30:58D'accord.
30:58Effectivement, moi, je passe ma vie et les surveillants de détention passent leur vie à leur contact.
31:03Quand un type a un bon comportement, quand il accepte sa peine, qu'il a payé ses parties civiles,
31:07que les rapports d'expertise psychiatrique sont favorables, que la période de sûreté est échue...
31:12Oui, oui, on s'engage pour un aménagement de peine, une libération conditionnelle.
31:17Il faut un projet, un lieu d'accueil, un travail, des expertises psychologiques qui soient favorables.
31:23Au sein de chaque établissement, tu as un petit tribunal, qu'on appelle le TAP, le tribunal d'application des peines.
31:27Et là, on y examine les libérations sous contrainte.
31:30D'accord. Et après, si tout est respecté, la personne peut sortir ?
31:33Libération sous conditionnelle, il n'est pas libre, entièrement libre.
31:37Il y a soit le bracelet électronique, soit d'autres mesures de contrainte.
31:40Des obligations de soins, des obligations de travail, des pointages au SPIP, au service pénitentiaire d'insertion et de probation,
31:48et ceci pendant quelques temps. Il est suivi par un juge d'application des peines.
31:51Tu crois en la réinsertion, après avoir commis une peine de 20 ans de prison et avoir fait un truc horrible ?
31:56Oui, j'y crois. Sinon, je n'aurais pas fait ce métier. On ne lâche pas les gens comme ça.
32:00Alors, bien sûr, il y a beaucoup de récidives, mais l'administration paysancière, elle ne peut pas tout faire.
32:05On arrive après la famille, après l'éducation nationale, on re-socialise les gens, on les accompagne sur de nombreuses années.
32:11On n'est pas non plus la société civile. Il faut que dehors, les gens reprennent le relais.
32:14Ton avis sur la peine de mort ? Souvent, c'est un débat qui revient.
32:17Moi, je suis contre la peine de mort. De toute façon, la peine de mort, ça ne sert à rien.
32:20Qui est qui pour se permettre de donner la mort à quelqu'un d'autre ?
32:23On voit des faits divers, on voit des criminels qui...
32:27Les enfants, on leur dit qu'ils n'ont plus le droit de vivre.
32:30Être privé de son temps, c'est la plus cruelle des peines.
32:32Condamné à perpétuité, c'était à l'écart de la société pendant toute ta vie.
32:36Tu ne vois pas ta famille, tes enfants ?
32:37Tu ne vois personne. De toute façon, la famille n'existe plus au bout de quelques années.
32:41Tu ne peux pas rester 20 ans en prison avec une famille qui te suit.
32:44Tous les exemples que j'ai vus au bout de quelques années, la distance,
32:48parce que généralement, quand ça s'est passé dans un endroit,
32:50on en voit à l'autre côté de la France.
32:52La famille ne peut pas se payer l'hôtel tous les week-ends.
32:56Et puis les problèmes du quotidien de la famille, l'éducation des gamins,
33:00les problèmes de fric, le boulot, la distance.
33:02Les liens se distendent et les types sont isolés, sont tout seuls.
33:06On s'en renie, ils sont abandonnés.
33:08Du coup, aujourd'hui, tu as quel âge ?
33:09Aujourd'hui, j'ai 72 ans.
33:11C'est la retraite ?
33:12C'est la retraite, mais pas tout à fait,
33:13parce que j'ai quitté cet établissement il y a deux ans,
33:16j'ai quitté la fonction il y a deux ans.
33:17Six mois après mon départ, le lien social me manquait, la cohésion.
33:22Moi, j'ai toujours aimé la cohésion qu'il y avait dans l'administration pénitentiaire.
33:24C'était juste un établissement difficile
33:25où les surveillants, les cadres étaient obligés de se serrer les coudes.
33:29Il y a eu un manque.
33:30Quand je suis parti en retraite, j'ai eu un manque.
33:31J'ai eu l'opportunité de rentrer dans la réserve,
33:33la réserve opérationnelle pénitentiaire.
33:35Et aujourd'hui, je suis…
33:36Tu travailles toujours en prison, aujourd'hui ?
33:37Je ne suis pas en prison.
33:38Je travaille au SPIP, le service pénitentiaire d'insertion et de probation,
33:41qui est à l'extérieur de la prison.
33:43Et je pose des bracelets sur des aménagements de peine
33:45ou des condamnés à courte peine pour éviter la prison.
33:48Donc c'est dur de décrocher de la pénitentiaire ?
33:50C'est dur.
33:50Là, j'ai retrouvé une équipe avec…
33:53On est trois, plus des collègues conseillers d'insertion et de probation.
33:57Je suis dans un super service.
33:58C'est vraiment une famille, en fait.
33:59C'est un métier où il y a beaucoup de cohésion.
34:01Tu vis tellement des trucs durs au quotidien,
34:03un petit peu comme les gens dans les hôpitaux, dans les urgences.
34:05Ils sont obligés de se serrer les coudes.
34:06C'est exactement ça.
34:07Et puis nous, c'est un métier où on a besoin de communiquer entre nous énormément.
34:10Comme les pompiers qui vivent des choses traumatisantes.
34:13Il faut communiquer.
34:13Et puis échanger sur les personnes détenues ou les personnes placées.
34:17Pour en tout cas, plein de réussite dans cette deuxième étape de vie.
34:19Merci Thibaut.
34:20Avec plaisir.
34:21Selon toi, qu'est-ce qu'il faudrait améliorer dans les prisons ?
34:24Qu'il faudrait améliorer, c'est les maisons d'arrêt.
34:26D'être seul en cellule, parce que la promiscuité, c'est infernal.
34:29Aujourd'hui, trois types en cellule, c'est pas normal, c'est pas dessein.
34:32Et ça ne l'est pas non plus pour les personnels.
34:34Il t'en parle ça, les détenues, de la promiscuité, le fait d'être à trois dans une cellule ?
34:38Forcément.
34:39Parce que dans les trois, t'as forcément un leader.
34:41T'as un non-fumeur qui va supporter la fumée des autres.
34:44C'est extrêmement compliqué.
34:45Pour l'intimité, etc.
34:46Et puis pour l'intimité, les soins d'hygiène, c'est pas normal.
34:48Aujourd'hui, t'as des détenus qui sont couchés sur des matelas.
34:51T'as un lit superposé, t'as un matelas au sol.
34:52Ça existe dans les établissements.
34:54Dans ça, il faudrait l'améliorer.
34:55Faire quoi ? Plus de prisons ?
34:56Plus de prisons.
34:57Il faudrait raser certaines prisons et refaire des prisons neuves.
34:59Mais après, c'est faute de moyens financiers, faute localement, de l'accord de la municipalité,
35:05de trouver un terrain.
35:06C'est compliqué.
35:07Est-ce que c'est vrai qu'il y a aussi beaucoup de gens qui se sont en prison ?
35:10Il n'y en a pas beaucoup.
35:10Il n'y en a pas plus que dans la société en général.
35:13Mais il y en a.
35:14Et à chaque fois, c'est un échec.
35:15Ils ne sont pas venus en prison pour mourir.
35:17La prison, c'est fait pour être écartés de la société, payer sa dette.
35:20Ils ne sont pas venus pour mourir en prison.
35:21Est-ce que tu aurais un message aux jeunes qui vont regarder la vidéo et qui peuvent
35:25être intéressés par ce milieu de la prison, gardien, surveillant pénitentiaire ?
35:30Qu'est-ce que tu aimerais leur dire à ces jeunes-là ?
35:32Que ce n'est pas qu'un métier où les agents sont porte-clés, comme il est dit
35:35régulièrement dans la télévision.
35:37C'est un métier enrichissant.
35:38Il y a de l'humain, il y a du contact.
35:40Il y a l'aspect autoritaire pour tout ce qui est sécurité et maintien de l'ordre.
35:43Mais il y a aussi l'aspect attention pour tout ce qui est réinsertion, accompagnement
35:48des détenus au quotidien.
35:49C'est un métier avec pleine valeur et c'est une grande famille.
35:51Voilà, et puis c'est diversifié.
35:52Aujourd'hui, il y a les brigades sinotechniques, les moniteurs de tir, les moniteurs d'intervention,
35:57les plateformes régionales des créations judiciaires.
35:59C'est un métier hyper varié.
36:00Aujourd'hui, on peut sortir de la coursive, travailler en milieu extérieur.
36:04C'est très varié.
36:05Et on a fait une simulation d'incendie aussi.
36:07Il faut que les mecs savent gérer un incendie et tout.
36:08Voilà, et puis pour les plus sportifs, il y a les hérisses.
36:10Ton bouquin est disponible en tout cas.
36:12Où est-ce qu'on peut le retrouver ?
36:13Sur Amazon ?
36:13Sur Amazon, dans toutes les librairies, à la FNAC.
36:16Didier Duchiron, derrière les murs.
36:1838 ans auprès des criminels les plus redoutés.
36:21Ce qu'écrivent les professionnels, souvent, c'est qu'ils vomissent leur haine sur le truc.
36:24Ça ne va pas.
36:25Là, je ne suis pas du tout là-dedans.
36:26Au contraire, j'essaie de...
36:28Tu valorises tout le monde.
36:29Une bonne image de marque de l'institution.
36:31Essayer de valoriser.
36:32Et puis, je m'en sers aussi pour le recrutement.
36:34J'aimerais que ça change un peu.
36:35On vous mettra un lien dans la description pour en savoir plus.
36:37Je vous conseille à tous de vous le procurer pour avoir encore plus de détails sur tout ce qu'on a raconté aujourd'hui.
36:42Merci beaucoup pour ta confiance.
36:43Merci Thibaut.
36:44Plein de bonnes choses.
36:45Merci d'avoir invité.
36:48Merci Thibaut.
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