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  • il y a 2 jours
Elle tue son mari violent et proxénète : la terrible histoire de Valérie Bacot

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Sport
Transcription
00:00Et du coup, tu tues Daniel.
00:01Je pense tous les jours, ma place, elle est en prison.
00:04Le procès de Valérie Bacot s'ouvre aujourd'hui.
00:06Une femme française, une mère de 4, elle a été traité à l'âge de 12 par son stepfather.
00:10Il jouait la roulette russe ?
00:11Il aimait me menacer en mettant le pistolet...
00:14Sur la tempe ?
00:15Juger aux assises pour avoir tué son mari violent et proxénète.
00:18Il me disait quelle position faire, comment et tout.
00:21Une femme qui a vécu l'enfer.
00:23Tu ne l'as pas méritée ?
00:24Pour moi, je n'ai pas été assez forte.
00:25Mais tu ne peux pas battre quelqu'un de 40 ans ?
00:28Un mec qui a 40 ans ?
00:29Aujourd'hui, on est en compagnie de Valérie Bacot.
00:31Merci d'être là.
00:32Merci.
00:32Qui est là pour nous raconter toute son histoire.
00:34Qui a co-écrit un livre avec Clémence De Blasie.
00:37Tout le monde savait, aux éditions Fayard.
00:39Et aujourd'hui, Valérie va nous raconter son témoignage.
00:41Valérie, enchantée.
00:43Enchantée.
00:44Merci d'être présente aujourd'hui, merci de ta confiance.
00:46Merci à vous de m'avoir invitée.
00:48Avec plaisir.
00:49Je pourrais faire écouter ce que j'ai à dire.
00:52Exactement, tu pourras raconter son histoire.
00:54Valérie, je te propose qu'on rentre direct dans le vif du sujet.
00:56Comment se passe ton enfance à la maison avec ta maman ?
00:58Pour moi, ça me paraissait normal.
01:00C'est en grandissant et tout ça.
01:02Et avec le procès et tout, que j'ai compris qu'entre mes frères et moi, il y avait un gros décalage.
01:09On le rappelle, tu as deux frères ?
01:10Un grand et un petit.
01:11Ils étaient traités comment, eux, à la maison par rapport à toi ?
01:14L'aîné comme le roi.
01:16Moi, c'était vraiment une haine.
01:18Quand il y avait quelque chose, c'était pour moi.
01:20C'était à cause de moi.
01:21Et mon petit frère, j'ai tout fait pour lui.
01:24Est-ce qu'ils ne voient pas des choses ?
01:25Est-ce qu'ils ne subissent rien ?
01:27C'était vraiment...
01:29Tu voulais qu'ils soient témoins d'aucun sévice que tu subissais ?
01:33Par ma mère ou par l'autre.
01:36Tu as écrit dans ton histoire que ta mère est alcoolique.
01:38Et ta mère, qu'est-ce qu'elle fait ?
01:39Elle te bat ? Elle te humilie ?
01:40Elle passe son temps à boire.
01:42Et quand elle rentrait du travail, elle avait toujours un bonbon à la main.
01:46Je pense que c'était pour cacher l'odeur, mais je vous rassure, ça ne marche pas, cette histoire.
01:49Elle passait son temps à boire.
01:52Elle était toujours agressive ou méchante.
01:55Elle adorait le martinet.
01:56Elle te frappait beaucoup avec le martinet ?
01:57Oui, oui, oui.
01:57Tu avais quel âge à ce moment-là ?
01:58Ça a toujours été, donc je n'ai pas beaucoup de souvenirs.
02:02Après, je fais tout pour ne pas en avoir, parce que le peu que j'ai, ce n'est pas des trucs qu'il faut se rappeler.
02:08Tu expliques aussi que ta maman courait avec un couteau dans la maison ?
02:11C'est une scène que je me souviens.
02:12Elle était bourrée.
02:14Elle était après préparée à manger.
02:15Je ne sais même pas la raison.
02:16Elle s'est mise à prendre le couteau, à me gueuler dessus, à me courir après.
02:20Je n'ai jamais compris la raison ni rien.
02:22C'est quelque chose que je pense que j'ai besoin de savoir, même si ça ne change rien.
02:26Mais j'ai encore une petite part de gamin qui a besoin de savoir ce que je lui ai fait pour qu'elle me déteste comme ça depuis toujours.
02:34Tu as toujours connu la violence de la part de ta mère ?
02:37Oui, même avec mon père.
02:38C'était toujours elle qui lui criait dessus.
02:40Elle a toujours été comme ça.
02:41Et du coup, à ce moment-là, il y a ton père qui vit avec vous, ton vrai père qui vit avec vous à la maison.
02:46Et à un moment, il se sépare, c'est ça ?
02:48Donc toi, tu restes avec ta mère et ton petit frère Jérôme.
02:50Vous restez tous les trois à la maison.
02:52Et l'aîné part avec le père.
02:53Oui.
02:54À ce moment-là, ta maman, elle fréquente d'autres hommes ?
02:56Oui, mais ça, ça a toujours été.
02:59Régulièrement, tu avais des nouvelles personnes à la maison.
03:01Tu ne savais pas forcément qui c'était.
03:02On avait la réputation, je veux dire, quand on allait à l'école ou quoi, d'avoir une mère...
03:08Facile.
03:09Oui.
03:09Une nuit, du coup, tu surprends ta mère avec un autre homme dans son lit.
03:13Et cet homme, c'est Daniel, c'est ça ?
03:14Oui.
03:15J'entendais du bruit et je ne savais pas ce que c'était.
03:17J'ai été voir ce qu'elle avait.
03:19Et c'est là où je les ai surpris.
03:21C'était la première fois que je le voyais.
03:23Et là, du coup, tu t'es fait gronder le fait d'avoir surpris ?
03:26Oui.
03:26L'instinct que j'ai eu, c'est de retourner vite dans ma chambre.
03:30Te cacher.
03:31J'ai fait une connerie.
03:32Puis après, elle m'avait engueulée et tout.
03:34Je ne comprenais même pas.
03:35Ce qui se passait, ouais.
03:36Oui, je comprenais.
03:37Et le lendemain, j'étais revenue à l'école.
03:40On allait chez elle, au magasin.
03:42Ok.
03:43Elle m'a dit, il va arriver, tu vas aller avec lui et tu vas apprendre à le connaître.
03:47Ah, cet homme-là qui était dans le lit avec ta mère.
03:49Et en peu de temps, il est venu vivre à la maison.
03:52Il a fallu vraiment que du jour au lendemain, vous vous habituez à sa présence.
03:55C'est ton nouveau beau-père.
03:55Oui, voilà.
03:56De prime abord, il est comment, Daniel ?
03:59Qu'est-ce qui t'inspire ?
04:00La peur.
04:01Un regard, on ne va pas se rebiffer, quoi.
04:04Même là, encore, dans la rue, il y en a encore qui m'accostent en disant,
04:08ah oui, je le connaissais, mais tu sais, il ne fallait pas se mouiller à lui.
04:13Même les gendarmes, ils en avaient peur.
04:15Et moi, ces gens-là, je les rembarque direct en disant, mais pourquoi tu l'ouvres maintenant ?
04:19C'est trop tard, quoi.
04:21Voilà.
04:22Moi, j'ai remarqué une chose, c'est quand la personne n'est plus là et tout, que tout le monde ouvre sa bouche.
04:26Et je me dis, mais ces gens-là, ils n'ont pas honte de me dire ça ?
04:31Après tout ce que tu as vécu, on ne va pas aller trop trop loin.
04:34On va y aller progressivement dans l'histoire pour que les gens comprennent bien.
04:38Du coup, Daniel, qui est ton nouveau beau-père et dominateur, autoritaire, tu as même dit pervers dans ton livre.
04:44Est-ce que tu l'as déjà considéré comme ton vrai père ?
04:47Oui, parce que notre père, il ne s'occupait pas de nous.
04:50Et le peu qu'on allait en week-end chez lui, on ne le voyait pas.
04:53Donc, on a besoin, comme tout le monde, d'avoir un père et une mère.
04:57Je me disais, il va s'occuper de nous et peut-être que notre mère sera moins agressive, moins méchante.
05:03Voilà, qu'on sera comme une famille normale, quoi.
05:06Ouais, c'est ça.
05:06Au début, tu pensais qu'il allait amener cette stabilité ?
05:10Voilà, parce qu'il s'occupait de nous, il nous faisait faire notre voir.
05:12Mais voilà, ça ne s'est pas passé comme ça.
05:14Je ne savais pas ce qu'était une vraie famille et comment ça se passait non plus.
05:18Tout ce que je voyais, c'était comment ça se passait et que c'était comme ça chez tout le monde, quoi.
05:24Donc là, petit à petit, Daniel, ton beau-père, commence à avoir un comportement un peu étrange.
05:28Tu expliques qu'il va te voir dans la salle de bain, par exemple, quand tu te laves.
05:32Ouais, et puis passer de la crème.
05:33Donc, ça veut dire quoi, passer de la crème ?
05:35Il me disait toujours, oui, ta mère, elle est sale, il ne faut pas que tu sois comme ça.
05:39Donc, il faut te laver comme si il prenait de la crème et ça finissait toujours en ***.
05:46Voilà.
05:47C'était une façon, en fait, déguisée pour lui de te toucher, d'accord.
05:52Les *** commencent dès le début où il rentre dans la famille ou ça s'est fait progressivement ?
05:57Dès qu'il est arrivé, ça a commencé, mais au départ, ce n'était pas les ***.
06:00C'était les attouchements, les choses comme ça.
06:03Et en quelques mois, c'est passé aux ***, quoi.
06:05Ta mère était au courant ?
06:06C'est sûr qu'elle était au courant parce qu'elle a fait des choses qui me prouvent qu'elle le savait.
06:12J'avais un livre où j'écrivais ce qu'il me faisait.
06:15Un journal intime ?
06:16Oui, voilà.
06:17Surtout quand j'avais eu les brûlures et tout.
06:19Et curieusement, quand les gendarmes sont venus pour le chercher et tout,
06:23quand je suis revenue à la maison, les pages, elles étaient arrachées.
06:26Ah !
06:27Ta maman était au courant.
06:28Ta maman était au courant.
06:30Dans quelle étape psychologique tu es, toi, de par les attouchements qu'il te fait,
06:34de par les *** répétées ?
06:35Dans ta tête, qu'est-ce qui se passe ?
06:37Au début, vous avez peur, vous ne comprenez rien.
06:39Après, c'est con ce que je veux dire, mais on apprend tellement que si on se débat,
06:43on a encore plus mal et on souffre plus, qu'on fait comme si on n'était pas là, quoi.
06:48Je me suis toujours dit, en fait, je préfère que ça soit rapide que de souffrir longtemps, quoi.
06:54Tu es arrivée, du coup, quelque part, à te dissocier ?
06:56Je n'étais pas, oui, voilà.
06:57Tu étais présente, mais psychologiquement, tu étais ailleurs.
07:00Oui.
07:00Le jour où je me suis vraiment débattue, c'était dans le salon, sur le tapis,
07:05mais j'avais des brûlures de partout, donc...
07:07C'est quoi ces sortes de brûlures ?
07:08Sur le tapis, quand on force et qu'on essaie de se débattre et tout, ça...
07:13Ah oui, ton corps, il crame.
07:14Enfin, sur le tapis, ça brûle, ok.
07:15Et du coup, franchement, c'est vraiment à ce moment-là où je préfère que ce soit rapide
07:19et que je n'ai pas mal que...
07:21C'est des trucs comme ça que, du coup, en étant grand, je me dis, mais je déconne, quoi.
07:26Tu étais sous l'emprise complètement, tu ne savais pas quoi faire,
07:28tu ne savais pas comment réagir et il y a plein de gens qui vont se reconnaître dans tes paroles
07:32et qui vivent certainement ce genre, malheureusement, ce genre d'acte actuellement chez eux.
07:37C'est pour ça qu'on fait cette vidéo-là, pour justement montrer que ça t'est arrivé.
07:40Parce qu'on entend beaucoup des gens dire, tu aurais dû te défendre
07:44ou pourquoi tu n'as pas crié.
07:46Tu avais quel âge ? Tu avais 10 ans, 12 ans ?
07:47Je me rappelle que quelqu'un, même au jugement, disant que vous n'étiez pas attaché.
07:52Non, mais face à un homme de 40 ans qui ne peut rien faire.
07:54J'ai même arrêté de parler et j'ai dit, mais ce n'est même pas la peine.
07:58Je vous parle, mais vous ne comprendrez jamais rien, quoi.
08:01Entre ceux qui ont vécu, qui comprennent parce qu'ils l'ont vécu,
08:04et les gens qui n'ont jamais rien vécu, on n'a pas la même façon de...
08:08Non, mais un ***, tu subis le ***, il n'y a pas de choix.
08:11Donc, tu expliques qu'à tes 12 ans, les ***, c'est tous les jours, c'est quotidiennement.
08:14À chaque fois que je rentre de l'école.
08:16Dès que tu rentres de l'école, tu sais que...
08:17Sauf le week-end et le lundi.
08:19Putain.
08:20Le dimanche, parce que le samedi, elle travaillait, donc...
08:23D'accord, ça veut dire qu'ils ne te *** pas quand il y avait ta maman dans la maison ?
08:26Comment tu te sentais à l'école ?
08:27Tu étais concentrée en classe ? Tu étais bonne élève ?
08:30Non, je n'ai jamais été...
08:31Enfin, je n'ai jamais été bonne élève.
08:32J'ai toujours été timide et renfermée.
08:35J'avais quelques copines, mais pas...
08:37Tu n'étais pas la fille populaire de l'école ?
08:38Non, non, non, non.
08:40Renfermée et dans mon coin.
08:42On n'avait pas envie que l'école se finisse, quoi.
08:44Est-ce que Daniel, il te battait à ce moment-là ?
08:46Il ne m'a jamais battue, à part...
08:48J'avais dit un truc qui ne lui avait pas plu et il m'avait mis une grosse gifle, quoi.
08:52Ok, mais lui, il ne te battait pas...
08:54Il ne t'agressait, il te ***, mais il ne te battait pas à coups de...
08:57Oui, c'était plus un peu comme si j'étais sa chouchoute, quoi.
09:01Tu étais son jouet ?
09:03Oui, voilà.
09:03C'est que par contre, quand il disait quelque chose, j'avais intérêt de le faire.
09:07Ok.
09:07Puis c'est là où je me rends compte qu'en fait, il avait déjà l'emprise.
09:12Après, c'est normal, c'est un adulte de 40 ans, imposant, face à une enfant de 12 ans.
09:16C'est facile d'avoir une emprise, il ne faut pas être...
09:18C'est facile, hein ?
09:19Voilà, c'est maintenant que je me rends compte de ces trucs-là.
09:22De l'emprise qu'il avait sur toi, ouais.
09:23À ce moment-là, est-ce que les voisins, les proches, ils se doutent de ce que te fait Daniel ?
09:28Je pense que non, puis on voyait pas grand monde non plus, donc...
09:31Parce qu'on apprendra plus tard qu'il avait sa sœur aussi...
09:34Voilà, puis qu'il frappait ses parents...
09:37Ça, on l'apprendra plus tard.
09:38Je l'ai appris, moi, en prison.
09:39Un jour, il y a un signalement anonyme, c'est une de ses sœurs, apparemment, qui dit quoi ?
09:43Je suis en danger et qu'il doit me p*** comme il l'a fait avec sa sœur.
09:48D'accord, ok.
09:49Donc ça, c'est la première.
09:50La gendarmerie reçoit une alerte comme quoi t'es en danger.
09:53Apparemment, il y avait un de ses frères qui était venu et qui m'avait entendu crier.
09:56Il a raconté à ses sœurs.
09:58Enfin, il n'y en a qu'une qui a voulu faire quelque chose et qui en a parlé à une assistante sociale.
10:03L'assistante sociale, elle m'avait dit, faut être vraiment sûre, faut pas raconter des bêtises et tout ça.
10:08Et elle a eu le courage et le culot avec une autre de ses sœurs de faire quand même les démarches et tout.
10:14Et elles avaient raison.
10:16Toi, du coup, tu vas chez le médecin pour te faire analyser.
10:18Qu'est-ce qu'il te dit, le médecin ?
10:19J'y allais pour prouver si j'avais eu...
10:22Une f***, une depression, etc.
10:24Voilà.
10:24Et le médecin légiste, il avait dit à ce moment-là à ma mère, oui, il y avait eu des f***, mais depuis longtemps.
10:30Et elle n'a pas...
10:31Enfin, je veux dire, moi, mon enfant, on me dit ça, je suis dans tous mes états et elle est...
10:36Elle n'a pas réagi.
10:37Elle s'en fichait complètement.
10:39Et tout ce qu'elle m'a dit au retour, c'était, on va retourner à la gendarmerie, on va lui apporter ses affaires, il faut lui dire au revoir et tout.
10:47Elle était plus tracassée par lui que par moi-même, quoi.
10:49Même quand il y a eu la garde à vue et tout, elle était plus tracassée à lui apporter ses affaires et tout ça, à ce que je lui dise au revoir avant qu'il parte et tout.
10:58Les gendarmes, ils ont tellement été choqués par ça qu'ils l'ont mis dans leur dossier.
11:02Elle s'en foutait complètement de ce qu'il t'avait fait, de ce que tu pouvais ressentir.
11:06C'était plus un abandon parce qu'à cause de moi, il partait et qu'elle était...
11:10Horrible.
11:10Il finit par aller en prison.
11:12Pendant combien de temps il va rester en prison ?
11:13Deux ans, deux ans et demi, quelque chose comme ça.
11:15D'accord.
11:16Il va aller en prison que pour les actes qu'il t'a fait subir ou pour d'autres actes de vie ?
11:21À ce moment-là, il n'y a été que pour ça.
11:24Il a été pour toi.
11:25Quand il avait été jeune, il avait fait quelques mois pour violence.
11:29D'accord, il avait déjà fait un peu de prison avant.
11:30Donc là, il ne reste que deux ans et quelques en prison.
11:32C'est que dalle.
11:33À ce moment-là, ta maman est triste.
11:35Quand il est parti en prison, ça a été vraiment comme si j'avais fait exploser la famille.
11:42Elle buvait encore plus, elle pleurait tout le temps.
11:44Mais c'est dingue qu'elle réagisse comme ça.
11:46À aucun moment, elle a pensé à toi.
11:48Mince, il vit ma fille, la pauvre.
11:50Non, mais non.
11:50Quand on allait le voir au parloir...
11:52Donc elle t'obligeait à aller au parloir en plus ?
11:53Tu ne voulais pas y aller ?
11:54Avec mon petit frère.
11:55Je faisais ce qu'elle me disait pour qu'elle soit moins triste.
11:58C'est comme pour l'écrire.
11:59Quand il écrivait, il fallait que je lui réponde.
12:01Allez, réponds-lui.
12:03Il n'a pas de tes nouvelles.
12:05C'est dingue.
12:05Comme je lui avais fait du mal parce qu'à cause de moi, il n'était plus là et qu'elle était malheureuse,
12:10je faisais ce qu'elle me disait pour qu'elle soit un petit peu mieux.
12:13Les seuls moments où elle était bien, c'est quand elle allait le voir au parloir.
12:16Donc en fait, tu expliquais tout à l'heure que tu étais sous l'emprise de Daniel,
12:20mais ta mère, elle était aussi complètement fan sous l'emprise de lui aussi.
12:25Elle pensait qu'à lui, elle était complètement focus sur lui.
12:27Quand il est sorti de prison, il lui fallait un travail.
12:30Elle lui a trouvé un travail.
12:31Il lui fallait un hébergement.
12:33Il est revenu à la maison.
12:35Il est revenu à la maison après ce qu'il t'avait fait ?
12:36Oui.
12:37Ça n'a choqué personne ?
12:38Non.
12:38Ils m'ont promis qu'il ne recommencerait plus ni rien.
12:41Et là, j'espère que tu vas m'annoncer une bonne nouvelle
12:43et que tu vas me dire qu'il a changé en prison
12:45et qu'il n'a pas reproduit ce qu'il faisait avant.
12:47Ben, direct, quelques mois après, ça recommençait.
12:50C'est reparti pour les *** alors qu'il était en prison pour ça
12:52et c'est reparti sur les vieux.
12:54C'est ouf.
12:55À ce moment-là, tu as quel âge ?
12:5616 ans, quelque chose comme ça.
12:57Les *** recommencent comme avant ou c'est plus brutal ?
13:01Plus brutal.
13:02Encore plus méchant et comme s'il avait encore plus de force
13:05et plus hargneux, quoi.
13:07Enfin, je ne sais pas comment dire ça.
13:08Ils étaient encore plus flippés, quoi.
13:10Ouais, ouais.
13:10Non, tu le dis très, très bien.
13:11Tu le dis très, très bien.
13:12Au passage, là, si on fait un flashback,
13:14tu as subi aussi un *** de ton grand frère.
13:17Fais la *** en forcée, c'est un ***.
13:18Pourquoi, selon toi, il agit comme ça ?
13:20Je ne sais pas.
13:21Il a toujours été violent.
13:23Enfin, je veux dire, il y avait des trous dans les portes.
13:25À ce moment-là, il ne connaissait pas Daniel, non ?
13:27Non.
13:27Il n'était pas là, donc ça veut dire que ton frère avait...
13:30Non, parce que j'étais au CP.
13:32Ça, c'était avant, ouais.
13:33C'est quelque chose, j'ai toujours eu peur de mon grand frère.
13:35Je n'ai jamais compris pourquoi.
13:37Et quand l'autre m'a forcé à faire...
13:40T'as eu des flashbacks.
13:41Ça a été...
13:42C'est ce truc-là qui fait que ça m'a...
13:44Déclenchée des souvenirs.
13:46Ouais.
13:46D'accord.
13:46Et que je me suis dit que...
13:48C'est pas normal.
13:49Ouais, voilà.
13:49Ouais, c'était pas normal, bien sûr.
13:50Tu racontes à Daniel ce souvenir de ton frère.
13:53Et là, qu'est-ce qu'il te dit ?
13:54Il ne me dit rien.
13:55Par contre, il le balance à ma mère.
13:58Ah.
13:58Et quand il lui dit, c'est là où elle dit,
14:01ah ben, je m'en doutais, mais c'est pas grave.
14:04C'est en famille, c'est rien, quoi.
14:05Ils étaient gamins.
14:06Bizarre comme réaction un peu...
14:07J'en sais rien, parce qu'à cette époque-là...
14:08Je te le dis, je te le dis.
14:10Je me permets de te le dire.
14:12C'est pas normal comme réaction.
14:13Je sais pas.
14:14Maintenant, je m'en rends compte,
14:16mais quand je le raconte,
14:18ça fait un peu comme si...
14:19Cette façon de penser comme quand j'étais gamine.
14:21Ça fait un peu quand je le dis,
14:23c'est comme si je revivais le truc.
14:25Tu finis par tomber enceinte
14:26de ton beau-père à l'âge de 17 ans.
14:29Comment ça se passe dans la maison à ce moment-là ?
14:31Ben, je sais pas.
14:32Déjà que je suis enceinte,
14:33ma mère, elle me dit,
14:35fais un test de grossesse.
14:37J'ai flippé parce que je savais pas pourquoi.
14:39Je comprenais pas trop.
14:40Je me dis, je vais refaire éclater la famille.
14:43Enfin, je veux dire là...
14:44Tu culpabilises, alors que c'est pas ta faute.
14:46Et du coup, le test, il était pas positif,
14:49mais elle était sûre pour elle que j'étais enceinte, quoi.
14:52Ben, elle avait pas tort.
14:53Je pense que c'était, je sais pas...
14:54Un déni de grossesse.
14:55Je sais pas, j'en sais rien.
14:57Je sais pas.
14:57Et puis du coup, lui, il m'a dit,
14:59on va déménager.
15:00L'autre, mon beau-père.
15:03D'accord, ok.
15:04T'arrives pas à prononcer son prénom ?
15:05Non, c'est...
15:06Oui.
15:06Ben, je comprends, hein.
15:07Je te justifie pas.
15:09Je comprends complètement.
15:09Voilà, et ma mère, elle a préparé mes bagages, vraiment,
15:13avec un air...
15:15Enjoué.
15:16Trop contente, quoi.
15:17Elle a fait des coussins, elle a pris, elle a mis de la lavande et tout,
15:20en disant, comme ça, tu m'y traînes.
15:22Enfin, vraiment super contente, quoi.
15:24Et quand on a mis les affaires pour partir,
15:27je me rappellerai toujours, elle était dans son transat,
15:30en maillot de bain, au milieu de la cour.
15:31Elle était détendue.
15:33Tranquille.
15:33C'est bizarre, quand même, comme situation.
15:35Un jour, je l'avais entendu lui dire,
15:37du moment qu'elle tombe pas enceinte, je m'en fous, quoi.
15:40Et au bout de quelques mois, on a eu une convocation au juge.
15:44Il m'avait fait faire des papiers pour être émancipée.
15:47Ah oui, parce que tu partais de l'autorité de ta mère.
15:49Ouais, voilà.
15:50D'accord.
15:50On y a été, parce que j'étais encore mineure.
15:52Tu avais 17 ans.
15:53Voilà.
15:54On y a été, et elle, elle était là.
15:56Et là, ma mère, elle commence à lui dire,
15:58« Oui, elle est partie de la maison sans mon accord.
16:02Elle m'a mis un couteau sous la gorge pour partir et tout. »
16:05Et là, mon Dieu, je me retourne et je lui dis,
16:08« Mais t'as pas honte de dire ça ? »
16:10Je lui dis, « C'est toi qui me fous de... »
16:11Et on s'est engueulé.
16:13Et après, le juge a dit à l'autre qu'il était un proxénète.
16:19C'est parti en cacahuètes, quoi, et tout.
16:21Ok, le juge, il a dû aller ici, il ne devait pas comprendre le juge.
16:23Je ne comprenais rien, quoi.
16:24Tout le monde s'est engueulé.
16:26Moi, je gueulais aussi, et du coup, le juge, il me dit,
16:30« Oui, si vous continuez, je vous mets outrage. »
16:32Je ne comprenais même pas ce que ça voulait dire, quoi.
16:34Je veux dire...
16:35Et puis, c'était fini, on est repartis.
16:37Mais j'étais énervée comme tout, quoi.
16:39Je ne comprenais pas ce qu'elle me faisait, quoi.
16:40Pourtant, je la connaissais, donc je savais qu'elle était sournoise et tout.
16:45Et le juge a tamponné ?
16:46Il m'a laissée partir.
16:49Je ne sais même pas s'il y avait eu un résultat ou quoi.
16:51Après, j'avais eu 18 ans, je ne sais pas.
16:53Ok, ouais.
16:53Moi, j'étais focalisée sur ce que ma mère avait sorti comme connerie, quoi.
16:58Et dehors, elle fait, « Bon, mais j'espère que tout se passera bien pour toi et tout.
17:03Tu veux qu'on boive un petit café ensemble avant qu'on parte ? »
17:06Ah ouais, elle était complètement perché.
17:07Je me dis, « Mais c'est pas net. »
17:09Elle était ailleurs.
17:10Elle était complètement ailleurs.
17:10C'est pas net.
17:11Par contre, je lui ai dit, jamais de toute ma vie, tu verras une seule fois mes enfants.
17:16Aucun contact avec toi.
17:18Du coup, tu arrives dans cette nouvelle maison dans laquelle tu vis avec ton beau-père.
17:22C'est lui qui décide du prénom de ton enfant, de l'aîné ?
17:25De tous, de toute façon.
17:26Tu n'as pas ton mot à dire sur le prénom des enfants ?
17:28Je ne me suis même jamais posé la question à donner mon mot.
17:32Il n'y a pas de moi, quoi.
17:33Je veux dire...
17:33Tu n'existes pas, en fait.
17:35Non.
17:35Je ne me suis même jamais posé la question à...
17:38J'étais plus tracassée à faire ce qu'il faut pour qu'il ne me réprimande pas que...
17:43Pour toi, tu n'avais pas ton mot à dire.
17:45Pour toi, c'était évident qu'il allait choisir le prénom de tes enfants.
17:47Ce n'était pas évident.
17:48C'est que c'était comme ça qu'il n'y avait pas intérêt de...
17:50Ah, c'est ouf.
17:51C'est intéressant ce que tu dis.
17:52C'est vraiment le max de l'emprise, quoi.
17:55Il ne fallait pas que je réfléchisse.
17:56Le seul truc où il fallait que je réfléchisse, c'est comment faire pour ne pas qu'il se mette en colère.
18:00C'est pire qu'une relation toxique, quoi.
18:02Je ne sais pas.
18:03En fait, tu dis je ne sais pas parce que ça, c'est encore aujourd'hui.
18:05Tu ne t'en rends pas compte, c'est ça ?
18:06Non, je m'en rends compte parce qu'on y travaille et tout, mais...
18:10Aujourd'hui encore.
18:12Ma façon de voir et d'expliquer, de comprendre, c'est encore comme si j'y étais.
18:18D'accord.
18:19Et là, ce truc-là, encore...
18:20Alors qu'on en parlera plus tard, il est mort aujourd'hui.
18:24Il a encore cette emprise sur toi.
18:25Oui.
18:25C'est incroyable.
18:26Donc lui, ton beau-père, qui à la base, tu n'avais jamais frappé, commence à te frapper.
18:30Oui, ça commence à...
18:32Une claque, tu as fait une connerie, quoi.
18:35Des trucs cons.
18:37Directement, excuse-moi, mais c'est toi qui as cherché.
18:41Tu sais très bien que tu n'aurais pas dû faire comme ci, comme ça.
18:44Ça part comme ça.
18:45Ok, il commence à donner des petits coups comme ça, ouais.
18:48Oui, comme si c'était pour réprimander un gamin.
18:51Après, il y a toujours le truc...
18:53Il t'explique pourquoi.
18:55Tu as fait ça, tu n'aurais pas dû faire ça.
18:57C'est ta faute.
18:57C'est toi qui n'as pas fait comme il faut, donc...
19:01D'accord.
19:02Donc, il te frappe, mais il te dit que c'est ta faute, quoi.
19:04Ouais.
19:05Après, on y croit.
19:06Enfin, je veux dire...
19:07Ouais, quand il te le dit, tu te dis, bah oui, il a raison.
19:10Non, il n'a pas raison de te frapper.
19:12Ce n'est pas normal, entre être humain, de frapper quelqu'un.
19:15Ce n'est juste pas normal.
19:16Je ne sais pas, pour moi, ouais.
19:18Et c'est quand je le dis, que je me rends compte que quand je parle du passé, je vais encore lui donner raison.
19:25Ouais, mais il n'a pas raison.
19:26Que les gens comprennent bien chez eux, tu es encore en train aujourd'hui de travailler sur tout ça.
19:30Pourtant, je suis la première à dire aux gamins et tout, faites comme si, il ne faut pas que ce soit comme ça et tout.
19:36Mais quand je vais reparler de mon passé, je vais repenser encore comme lui, il voulait que je pense.
19:40Ça va prendre son temps, mais ok, pas de souci, ne t'inquiète pas, on va y aller étape par étape.
19:44Du coup, là, tu as accouche de ton deuxième enfant, ça sera Kevin.
19:47Lui, tu l'as à quel âge ? Vers les 18-19 ans ?
19:50J'ai eu 18 ans, j'ai eu Dylan juste après mes 18 ans, donc Kevin, 19.
19:56Là, bien sûr, les insultes, humiliations, ça continue de la part du beau-père.
20:01Plus le temps passe et le plus il y a d'enfants et le pire, c'est quoi.
20:06Parce qu'en fait, il se rend compte que tu n'as plus de temps à lui accorder.
20:09Il ne supportait pas qu'il y ait du bruit, il ne supportait pas qu'il y ait des jouets, des trucs comme ça.
20:15En fait, il ne supportait rien.
20:17Donc en fait, il voulait des enfants, mais quand ils étaient là, il ne supportait plus les cris.
20:21Ouais.
20:21C'était un pauvre gars.
20:22Dans ton livre, tu expliques qu'il devient de plus en plus violent, il te casse le nez et il te tape avec un marteau.
20:28Ouais, ça c'était pour Noël, c'est quand on mettait les guirlandes, ça le saoulait.
20:32Il te tape avec un marteau.
20:33Ouais.
20:33Et à ce moment-là, toi, comment t'es ?
20:35Bah rien du tout, quoi. On y sent, on a mal, mais on est plus focalisé à ce que les gamins ne se rendent compte de rien.
20:42Et si on se défend ou on montre qu'on a encore plus mal, c'est encore pire.
20:48J'étais arrivée à un stade où quand il frappait, je préférais qu'il frappe parce que je savais que c'était fini après et qu'il n'y avait plus les cris.
20:56Moi, ce qui m'a plus vraiment fait du mal, c'est vraiment tout ce qui est avant les coups.
21:02Les insultes, les maltraitances verbales ou les menaces avec l'arme ou tout comme ça.
21:08Pour moi, c'était pire. Les coups, des fois, je lui disais, je préfère que tu frappes direct et qu'après, je sais que tu te calmes, c'est fini.
21:18Tu t'étais complètement oubliée et tu pensais qu'à tes enfants.
21:21Je ne sais pas que je m'étais oubliée, c'est qu'il n'y a jamais eu de moi, quoi.
21:25Mais ça, je ne m'en rends pas compte.
21:26Non, tu ne t'en rends pas compte à ce moment-là.
21:27Là, du coup, tu as un autre enfant avec lui.
21:30C'est une fille qui va s'appeler Carly, c'est ça ?
21:32Carline.
21:33Carline.
21:34Lui, Daniel, de son côté, il t'explique qu'il fréquente d'autres femmes ?
21:37Ça a toujours été, quoi.
21:38Il aime bien montrer des photos, dire, tiens, voilà, j'ai trouvé une autostopeuse ou n'importe qui.
21:44D'accord, donc il te racontait les ébats qu'il avait avec les autres femmes ?
21:48Oui.
21:48Et toi, tu étais jalouse ou pas ?
21:49Je m'en foutais, quoi.
21:50Tu t'en foutais ? Tu ne l'as jamais aimé ?
21:52Non.
21:53J'ai eu mes enfants.
21:54C'est la seule chose de bien, quoi.
21:57Je veux dire...
21:57Ouais, c'était en fait, tu vivais avec ton bourreau, tu ne ressentais pas de sentiments pour lui ?
22:02Non, je n'ai jamais ressenti quoi que ce soit, quoi.
22:05Tu racontes aussi dans ton livre qu'il regardait des films pornographiques sans se cacher.
22:10Oui, il était accro aux sites de rencontres, aux films X et tout ça sur Internet.
22:16Si, il ne faisait que ça, quoi.
22:18Et du coup, il faisait juste attention, de temps en temps, quand les gamins passaient, de changer de page ou des trucs comme ça, quoi.
22:25Mais après, ils y voyaient bien...
22:27Ok, tout le monde comprenait quand même ce qu'ils faisaient, quoi.
22:29Oui.
22:29À ce moment-là, est-ce que toi, tu as un travail ? T'as 19, 20 ans ?
22:33J'avais un BEPA à service à la personne, mais je n'ai jamais travaillé.
22:38J'ai essayé une fois.
22:39C'était la voisine qui partait en retraite.
22:41Donc, elle m'a dit, c'est juste quelques heures de ménage après l'école.
22:44J'ai tenté.
22:45Il m'avait dit oui.
22:46Le premier jour, les gars tournaient autour de l'école pour lui dire ce que je faisais et tout.
22:53Et je suis rentrée, quoi, après le boulot.
22:56Et là, c'est là où j'ai trouvé Carline, enfin, le bordel à la maison.
23:00Et que j'ai trouvé Carline qui pleurait sur le canapé.
23:03Et qu'elle m'a dit qu'il ne fallait surtout pas que je retourne au boulot.
23:06Parce que sinon, ils allaient tous nous tuer.
23:08Et du coup, je lui ai promis que je ne retournerai pas.
23:11D'accord.
23:11Est-ce qu'il avait essayé des attouchements sur elle ou pas ?
23:14Ça, c'est quand tu étais beaucoup plus grande, quoi.
23:16C'était plus tard ?
23:17Oui.
23:17Je ne sais pas ce qui s'était passé quand je n'étais pas là ou quoi.
23:20Mais tu sentais dans tous les cas, il fallait que tu sois à la maison pour protéger tout le monde.
23:24On sent que ça te touche beaucoup plus quand tu parles de tes enfants.
23:27Je pense qu'on peut me faire n'importe quoi, mais...
23:30Mais tes enfants, non ?
23:31Oui.
23:32Est-ce qu'ils frappaient tes enfants ?
23:34Carline, peu, mais les gars, oui.
23:36Et puis humiliés parce qu'ils ont des problèmes dyslexiques et tout ça.
23:40Mais la...
23:41Carline, par contre, tirée par les cheveux.
23:44Jeter contre le mur et tout ça.
23:45Oui, elle y a eu aussi, Carline.
23:47Ok, donc ce n'était pas que sur toi, c'était aussi sur tes et ses enfants, en l'occurrence, quand même.
23:52Des insultes comme tes débiles, tes moins que rien.
23:56Mais Rowan, ça lui a fait beaucoup de mal.
23:58Quand il était petit, il a essayé de se pendre avec sa ceinture de zoro.
24:02Et il nous a dit, j'en ai marre.
24:03Oh, tu as un de tes enfants qui avait une directive de *** parce qu'il n'en pouvait plus.
24:06C'est le plus petit, on fait toujours attention à comment on lui dit les choses pour pas que...
24:10Bien sûr, mais je l'ai vu tout à l'heure et c'est une future machine de guerre.
24:13Moi, je dis, il va commencer la muscu, tu vas voir.
24:15Je mets beaucoup d'avenir en lui, tu vas voir.
24:17Ensuite, on est en 2004 et toujours dans sa démarche de continuer à t'humilier, il te propose de te prostituer.
24:24Oui, ça a commencé parce que pour lui, je ne servais à rien parce que je ne ramenais pas d'argent, que j'étais moins que rien.
24:34Et qu'il fallait que je travaille.
24:37Mais du coup, je lui disais, mais si je travaille, tu ne veux pas du coup.
24:40Et c'est là où il me montrait sur Internet les sites, les films X et il me mettait sur ses genoux comme quand j'étais petite.
24:50Il m'expliquait petit à petit, voilà, il faut que tu fasses ça, ça rapportera et tout.
24:54Et je disais non, je disais non.
24:56Et puis après, il était violent, il était encore plus méchant.
24:59Il était en train d'essayer de te convaincre que c'était une bonne idée que tu deviennes prostituée.
25:03Et après, je n'ai pas cédé.
25:05Et après, il est devenu encore plus méchant et plus violent.
25:08Et après, tu ne dis plus non parce que tu fais ce qu'il se dit.
25:12Sinon, tu vas mourir.
25:14Et qui prendra soin de tes enfants si tu n'es plus là.
25:16Là, à cette époque-là, je ne pensais pas qu'il allait me faire du mal ou quoi.
25:20C'était plus pour ne pas qu'il me tabasse.
25:22Quelle merde.
25:23Donc, il t'incite à devenir prostituée.
25:25Il aménage même une voiture avec un système d'oreillette.
25:29Il te fait des cartes de visite.
25:30Il réalisait à la fois un fantasme, c'est ça ?
25:32Oui, parce qu'il avait fait un trou exprès pour voir tout ce qui se passait du début à la fin.
25:38Et il aimait ça.
25:40Et les oreillettes, il me disait quelle position faire, comment et tout pour que lui, ça le...
25:45Que ça se satisfasse indirectement.
25:47Ok, c'était vraiment un niveau de perversité extrême.
25:49Tu vois, c'est un truc con.
25:50Mais même ça, je dis, je ne sais pas.
25:51Tu penses que c'est normal de dire à sa femme d'aller faire la prostituée ?
25:55Tu vois, j'ai une copine, moi.
25:56Et je pense que si je l'appelle et que je lui dis, Justine, va faire la prostituée dans un camion,
26:01je pense que sa réaction, elle ne va pas être...
26:03Mais du coup, je ne comprends pas, parce que ce n'était pas pour l'argent.
26:06Non, c'est du voyeurisme.
26:08Il était d'amour comme tout.
26:08En fait, avec toi, il avait atteint tous ses fantasmes.
26:12Il avait tout réalisé.
26:13Et du coup, dans la suite des d'autres fantasmes à réaliser, il y avait deux regardés en train de faire l'amour avec d'autres hommes.
26:18C'est des fantasmes.
26:19Ça, c'est un truc aussi au tribunal où sa sœur qui l'avait vu, il lui a toujours dit, quand tu seras adulte, je te ferai faire la prostitution.
26:28Pour continuer dans l'humiliation, tu expliques qu'il a gravé son nom à côté de ton sexe ?
26:33Au-dessus.
26:34Tu as réussi à le faire enlever ça avec des tatouages aujourd'hui ?
26:37Compliqué de trouver qui veut le faire.
26:39Tu n'as trouvé personne pour l'enlever ?
26:41Au rayon, ça coûte très cher.
26:43Il en faut beaucoup et ça fait très mal.
26:45Et un tatoueur qui veut recouvrir, très compliqué à trouver.
26:49Ce que personne ne veut faire ici.
26:51Je pense que si on fait un appel dans les commentaires pour trouver un tatoueur qui te tatoue un papillon ou ce que tu veux pour rappeler son nom, il y en a plein.
26:59Une femme, pas...
27:01Bien sûr, oui.
27:01Donc, s'il y a une femme...
27:03C'est vrai que j'ai beaucoup d'exigences et...
27:05Oui, bien sûr, tu as raison.
27:06Donc, s'il y a une femme qui est capable et qui saurait recouvrir ton tatouage et qu'elle se manifeste,
27:12on mettra tous tes liens de toute façon dans la description, une adresse mail.
27:15Et je suis sûre que dans notre communauté, il y en a plein qui vont se porter volontaire.
27:19Comme si les coups ne suffisaient pas, tu te fais tirer dessus avec une carabine à plomb.
27:23Il avait la carabine et il a tiré...
27:26Ça a été dans le meuble de la cuisine.
27:27Il t'a tiré dessus ?
27:28Oui.
27:29Oui ?
27:29Oui.
27:30Moi, ce n'est pas ça qui m'a plus perturbée.
27:33C'était plus quand il jouait avec son pistolet et que je ne savais pas s'il y avait quelque chose dedans.
27:38Il jouait la roulette russe ?
27:39Il aimait me menacer en mettant le pistolet sur la tempe et me crier dessus et tirer.
27:47Des fois, je ne savais jamais s'il y avait quelque chose dedans ou pas.
27:50Et des fois, j'avoue, j'avais envie qu'il y ait quelque chose et que ça s'arrête.
27:53Ça, c'est sûr.
27:54Mais c'est plus ça que le coup de la carabine.
27:58Oui.
27:58C'est choquant le coup de la carabine, mais après tout ce qu'il te faisait à côté, ce n'était pas grand-chose.
28:02C'est vrai que...
28:02Non, mais par contre, le pistolet, oui, c'est ce qui faisait vraiment le plus peur, quoi.
28:07Et puis quand il disait « je vais tuer tous tes enfants », ça, oui.
28:09C'était plus des menaces, quoi.
28:11C'était au-dessus des menaces, quoi.
28:12C'était au-dessus.
28:12Il allait presque passer à l'acte, quoi.
28:14Je l'ai toujours cru, quoi.
28:15Est-ce que tu as pensé à en finir avec ta vie ?
28:18Oui, j'étais par la fenêtre, oui.
28:20C'est pour ça que je comprends ceux qui passent à l'acte ou qui le pensent.
28:23C'est que c'est vraiment une délivrance pour nous, mais on ne pense pas aux...
28:27Aux conséquences des personnes qu'on laisse derrière.
28:29Oui, ce n'est pas être égoïste ou quoi.
28:32C'est un soulagement pour nous, quoi, en fait.
28:34Et du coup, au dernier moment, j'ai toujours pensé aux gamins.
28:38Et je me dis « c'est à cause de moi qu'ils sont ici ».
28:40Il faut que tu les sortes de là.
28:41Je ne peux pas les laisser avec lui parce que sinon ils sont foutus, quoi.
28:46Que j'assume jusqu'au bout, quoi.
28:47Je m'étais toujours dit « tant qu'ils sont à la maison, les gamins, je ne me sauve pas ».
28:51C'était « il fallait que j'arrive à tenir jusqu'à ce que les enfants ne soient plus à la maison, quoi ».
28:56C'était un peu ce qui te tenait, quoi.
28:58En 2006, c'est la naissance de ton dernier enfant, le dernier, Erwan,
29:01qui fait sa muscu à côté, d'ailleurs.
29:04Les enfants à l'école, pour eux, comment ça se passe ?
29:06C'est difficile, l'école ?
29:07Pour les gars, c'est compliqué à la maison et à l'école.
29:10Il y a du harcèlement à l'école ?
29:12Dylan a subi pas mal à l'école.
29:15Il s'est laissé faire, tapé par tout le monde et il ne disait rien, quoi.
29:18En même temps, il ne disait rien à la maison.
29:20Donc, en fait, c'était une continuité.
29:22Après, ils n'ont jamais eu d'amis.
29:24Enfin, je veux dire, Kevin, il dit toujours « on n'a pas des amis, on a des connaissances ».
29:27Quand on ait vécu de gros traumatismes ou pas de gros traumatismes,
29:29c'est dur de se faire des amis aussi.
29:31On en parlera après de ce que sont devenus tes enfants aujourd'hui.
29:33En tout cas, c'est compliqué pour tes enfants à l'école.
29:36Par contre, j'ai su, enfin, j'ai su au moment du procès,
29:39il y avait une des profs qui avait envoyé un petit mot au Gentil et tout ça, en me soutenant.
29:45Et au moment du procès, j'ai entendu comme quoi elle disait « non, ils sortaient, ils allaient au bowling ».
29:51Et Florian, il peut le prouver, jamais on n'a été en bowling, en famille, ni rien du tout.
29:57Elle mentait déjà.
29:58Et j'ai su après, justement par le tribunal et tout,
30:04que Erwann, ça a été un des seuls qui a parlé à l'école.
30:08Pour dire que ça n'allait pas.
30:09En disant que ça n'allait pas, que ça criait et tout.
30:11Chose que je ne savais pas, que j'ai appris au procès.
30:13Et l'école n'a rien fait.
30:15Et l'école n'a rien fait.
30:15S'il y a des directeurs aussi qui regardent la vidéo aujourd'hui,
30:19on vous invite à vraiment prendre en considération les élèves qui viennent vous voir pour ce genre de sujet grave.
30:24L'école n'est pas responsable de tout, mais elle a un rôle à jouer aussi.
30:26Pour prévenir les autorités, etc.
30:29Ensuite, Daniel se marie avec toi ?
30:31Vous faites un mariage, alliance, etc.
30:33Comment tu le vis, ça, de te marier avec lui ?
30:35Ça, c'est parce que les gamins à l'école, ils étaient tout le temps embêtés par les autres.
30:39Pourquoi ils n'ont pas le même nom ?
30:41C'est juste pour ça, en fait.
30:43Donc les enfants étaient emmerdés à la maison et à l'école.
30:46Du coup, j'ai dit qu'on le fait, ok, pour qu'ils ne soient pas embêtés par ça.
30:52Tu pensais à eux à ce moment-là ?
30:54J'ai toujours fait en fonction d'eux.
30:57Est-ce que tu as gardé espoir que Daniel change un jour de comportement ?
31:01Je n'ai jamais eu d'espoir de rien du tout.
31:03On ne sait même pas ce que c'est l'espoir.
31:06On ne pense à rien du tout à part faire attention.
31:09À rester en vie ?
31:10Oui, c'est tout.
31:11Plus le temps passait, plus on se posait la question à la fin, est-ce qu'il y a un lendemain ?
31:16Tu comptais chaque jour ?
31:17Ah oui, mais quand le week-end arrivait, c'était une angoisse pas possible.
31:21Parce qu'il était là tout le temps.
31:23Il avait un travail, lui ?
31:24Oui, il était chauffeur.
31:26Ma fille, un coup son copain lui dit, qu'est-ce que tu pensais que tu allais faire comme métier plus tard et tout ?
31:32Et ma fille lui a répondu, on ne pensait pas.
31:35On ne savait pas s'il y avait un lendemain, donc on n'allait pas penser à ce qu'on allait avoir comme métier.
31:40Lui, ça l'a complètement choqué qu'elle dise ça.
31:44Est-ce que tu as déjà pensé à aller à la gendarmerie pour expliquer tout ça ?
31:48Oui, mais trop peur.
31:49Déjà, il fallait que je trouve quand y aller sans qu'ils s'en rendent compte.
31:53Et du coup, comme je ne sortais jamais toute seule ou alors juste l'aller-retour pour les enfants,
31:58donc du coup je l'appelais avant et après que je sois rentrée,
32:01donc j'ai un temps imparti.
32:03Et les courses, je les faisais quand ils rentraient du boulot et il fallait toujours gérer un des gamins.
32:07Un moment, tu arrives à y aller et tu envoies tes enfants et là ils se font refouler ?
32:11Oui, la première fois, c'était appareil.
32:14Ils ne se sont pas fait refouler, mais par contre, il a pris la plaque d'immatriculation
32:18et il a dit, il a fait de la prison et cette voiture, elle est au nom de votre mère, son nom est lui.
32:24Ils m'ont dit et tout, qu'il fallait aller à la gendarmerie de chez nous.
32:27Quelques temps après, ils sont allés à la gendarmerie de chez nous et c'est là où ils se sont fait refouler.
32:32Ces enfants sont allés à la gendarmerie pour expliquer la situation.
32:36Qu'est-ce qu'ils pouvaient faire ?
32:38Et les gendarmes, ils ne l'ont pas pris au sérieux ?
32:40Ils se sont fait envoyer pêtre comme quoi c'était des gamins.
32:43Ça fait chier, hein ? En plus, il y a beaucoup de gendarmes, on les aime beaucoup, on fait beaucoup de vidéos avec eux.
32:48C'est bête, moi je ne les aime pas.
32:49C'est vrai ! En même temps, comme on dit, c'est personnel parce que toi, tu as vécu quelque chose de pas cool en rapport avec les gendarmes.
32:55Donc, s'il y a des amis gendarmes qui regardent la vidéo, il y en a plein, j'en suis sûre.
32:58Écoutez les gamins.
32:59Écoutez les gamins.
33:00C'est peut-être des gamins, mais ils ne gagnent pas pour rien non plus.
33:04Ils ont répondu aux gamins, vous êtes des enfants, on n'a pas que ça à faire avec vous, s'il y a quoi que ce soit, elle n'a qu'à venir.
33:11Écoutez les gamins, voilà.
33:13Chaque personne qui vient déposer plainte, il faut prendre...
33:17Pour des renseignements, ce n'est pas pour rien.
33:18Ouais, ce n'est pas pour rien.
33:19Tu abandonnes la gendarmerie et là, Daniel commence à avoir un comportement bizarre avec tes enfants.
33:25Il est en train de reproduire le même schéma qui t'a fait subir à l'époque.
33:28Il se rapproche de tes enfants, c'est ça ? Dans le lit, etc.
33:31Carline, elle doit te dire bonne nuit dans le lit quand il est couché.
33:35Elle commençait à avoir l'âge que j'avais, il commençait à...
33:38A reproduire ce qu'il avait fait sur toi.
33:40Ouais.
33:40Même, il tient des propos un peu bizarres, il lui demande comment ça se passe sexuellement, c'est ça ?
33:44Ouais.
33:44Donc, il est vraiment, ouais, il est en train de vriller encore une fois.
33:47Là, tu décides de mettre des somnifères dans son café ?
33:50C'était un week-end encore et les week-ends, c'était horrible, quoi.
33:54Je voulais...
33:55Qui dorme ?
33:55Ouais, du calme, quoi.
33:57Et ça a marché le coup des somnifères ?
33:59Non, parce qu'il a...
34:01Il a cramé ?
34:02Ouais.
34:02Du coup, c'est moi qui m'a fait boire, donc...
34:05Daniel continue avec ses délires un peu bizarres de te prostituer, etc.
34:10Et un jour, il t'oblige à aller voir un client, un client pas cool, qui veut le faire par derrière.
34:15Toi, comment tu réagis à ce moment-là ?
34:17Oui, je ne le sais pas.
34:18C'est comme l'histoire de comment aller sexuellement, le somnifère et le client, c'est le même...
34:23C'est la même journée, quoi.
34:24C'est la même journée, tout ça ?
34:25Le même week-end.
34:26Ok, c'est le même week-end.
34:27Oui.
34:28Donc là, il te force à aller voir ce client-là.
34:30Toi, tu n'as pas envie.
34:30Qu'est-ce qui se passe ?
34:32Je ne savais pas ce qu'il allait avoir, ni rien.
34:35Je savais juste que c'était un client, que lui, il avait peur et que moi, j'avais peur aussi.
34:39Donc là, tu refuses de faire ce que le client veut que tu fasses ?
34:43Et du coup, à ce moment-là, oui, je ne me laisse pas faire.
34:46Je pleure.
34:47Lui, il me force.
34:48Lui, il me crie dans les oreilles.
34:49Et du coup, j'ai saigné et ça s'est passé.
34:54Le client est parti.
34:55Tu remontes dans la voiture ?
34:56Non, je suis tout le temps dans la voiture.
34:58Ok.
34:59Et lui, il m'a dit qu'il allait me le faire payer parce que c'est un client qui était régulier.
35:04Et du coup, il y avait tout, ce que Caroline m'avait dit, ce qui venait de se passer, ce qu'il me disait.
35:12C'était un trop-plein.
35:12Je croyais que c'est...
35:13Il y avait tout en même temps.
35:14J'entendais tout comme si je revivais toute ma vie.
35:17Ouais, t'as un trop-plein d'informations avec tout ce qui s'est passé le week-end.
35:21Et là, du coup, t'attrapes le revolver et du coup, tu tues Daniel.
35:25Et je me rappelle juste de l'odeur, du bruit du coup de feu, la lumière.
35:30Et je me rappelle que je me suis sauvée et que j'étais toute nue, mais que j'étais voir quelqu'un, que j'étais perdue.
35:37Et qu'il m'a dit, ne t'inquiète pas, on va aller voir, il va se calmer et tout.
35:41Et quand on est arrivés, c'est là où il m'a dit que je l'avais tué.
35:44Ouais, t'avais pas conscience de ce que t'avais fait ?
35:46En fait, c'est comme tu dis, c'est de la survie ce que t'as fait.
35:49J'en sais rien.
35:50Je comprends pas.
35:52T'as été forte de faire ce que t'as fait ?
35:54Non, j'étais la pire merde possible.
35:59De tuer ton mari ?
36:00Mais bien sûr, c'est une honte.
36:01T'as protégé ta famille ?
36:02T'as protégé tes enfants ?
36:03Non, c'est pitoyable.
36:05Ma vie, elle devrait être derrière les barreaux.
36:07On ne me fera pas changer d'avis.
36:08Mais aujourd'hui, tes enfants sont en vie peut-être grâce à toi ?
36:11Non, pour moi, la justice n'a pas fait son boulot quand j'étais petite parce qu'elle ne m'a pas protégée.
36:17C'est vrai.
36:17Pour moi, la justice n'a pas fait son boulot maintenant parce qu'elle aurait dû m'emmener en prison toute ma vie.
36:23T'as fait justice toi-même ?
36:25Mais c'est une honte.
36:26Personne ne devrait avoir à le faire, mais toi, t'as été obligée de le faire pour protéger les enfants.
36:30Je ne suis pas d'accord.
36:31Ma place, elle n'est pas dehors.
36:33Même si je suis contente d'être dehors avec eux, j'y pense tous les jours.
36:37Ma place, elle est en prison.
36:39Je pense qu'il y a plein de gens qui réagiront dans les commentaires et qui essaieront d'expliquer un petit peu tout ce comportement.
36:45Mais en fait, effectivement, ce n'est pas normal de se faire justice soi-même.
36:49C'est interdit, c'est illégal, c'est puni par la loi.
36:51Mais c'était tellement un cas de force majeure.
36:55Et avec tout ce que t'as vécu depuis tes 7-8 ans, ce mec-là, il ne méritait pas de vivre en fait.
37:01C'est ce qu'on me dit, mais moi, je ne le pense pas comme ça.
37:05La justice n'a pas fait son boulot.
37:06Même si la juge, elle me dit, vous avez été jugé, vous avez été condamné, il faut l'accepter.
37:11La justice a rendu son verdict.
37:12Ben, pour moi, pas comme il faut.
37:14Après, ma psy, elle me dit que c'est pour me punir de ce que j'ai fait que je pense comme ça, je bloque.
37:22Ce n'est pas que je me fais du mal, mais intérieurement, je veux dire, j'avance normal.
37:27Mais il n'y a pas une journée où je ne pense pas.
37:30S'il était à côté de nous, et des fois, tu m'as dit que tu le percevais un petit peu comme ça,
37:33je pense que ça l'énerverait de te voir heureuse, épanouie.
37:37Je ne sais pas, je suis déjà soulagée d'une chose, c'est de ne plus le voir, le sentir et l'entendre.
37:42C'était en 2006, c'est ça ?
37:442016.
37:44D'accord, donc ça reste assez frais, c'est il y a moins de 10 ans.
37:48Pour moi, je trouve que c'est loin et que j'ai avancé, mais pas...
37:52Moi, je pense que tu as très bien avancé, tu as fait un gros parcours, mais il te reste encore du chemin à faire.
37:58Son emprise a duré plus de 10 ans, donc c'est normal que ta reconstruction prenne aussi plus de 10 ans.
38:03Mais tu vas y arriver, tu vas y arriver.
38:05J'ai confiance en toi, Valérie.
38:06En plus, tu portes le même nom que ma mère, on lui fait des bisous.
38:08Tu enterres le corps du coup de ton mari dans une forêt, avec l'aide de tes enfants.
38:14Comment tes enfants, ils vont à ce moment-là ?
38:16Est-ce que vous êtes en mode robot ?
38:17Rien, on sait même pas réellement ce qu'on fait.
38:20On fait un truc, mais sans...
38:22C'est bizarre de dire ça, c'est...
38:24Je leur ai dit ce que j'ai fait.
38:25L'instinct qu'ils ont eu, c'est...
38:27T'inquiète pas, on va t'aider, mais c'est plus peur qu'ils reviennent, quoi.
38:31Enfin, je veux dire, on a passé 18 mois dehors avant que je parte en prison.
38:36Pendant ces 18 mois, pour nous, c'était horrible parce qu'on a vécu comme s'il allait débarquer du jour au lendemain et nous tuer.
38:42Alors qu'il était mort.
38:43C'est dingue, ça montre que l'emprise, elle était vraiment à un stade...
38:47Le moindre bruit, le moindre truc, on a...
38:49Comme s'il allait débarquer et nous tuer, je veux dire, voilà.
38:52Quand on l'a enterré, la seule chose qu'on pensait, c'est recouvrir pour pas qu'il nous coure après et nous tue, quoi.
38:59Je veux dire, c'est...
38:59Bah, t'as passé 15 ans à être dans la peur, donc c'est normal que...
39:03Ouais, c'est normal.
39:04Pendant 18 mois, personne va être au courant, du coup, de ce que vous avez fait.
39:08Ensuite, il y a des recherches qui sont faites et le corps est découvert, c'est ça ?
39:10Oui, il y avait une de ses sœurs qui m'avait appelée et qui m'avait dit pourquoi c'est fermé et tout ça depuis des mois.
39:17Et je lui ai dit, mais t'inquiète pas, je suis avec les enfants.
39:20Je lui ai dit, il est parti.
39:21Et elle m'a dit, j'espère que t'es loin parce qu'il faut surtout pas qu'il te retrouve.
39:25Il faisait peur à tout le monde.
39:25Quand elle m'a dit ça, je me suis dit, mais ça veut dire qu'elle savait ?
39:29Enfin, je me suis posé la question, ça veut dire qu'elle savait ce qu'on vivait, elle savait comment il était ?
39:33Tout le monde savait.
39:34Ça, c'est une des sœurs qui n'a jamais rien voulu, qui a dit qu'il était bien,
39:39et qu'il n'y a jamais rien dit de méchant contre lui.
39:41Au bout d'un certain temps, elle m'a dit, je vais quand même appeler la gendarmerie en disant qu'il est parti et tout.
39:47J'ai dit, fais ce que tu veux.
39:49C'est comme ça qu'il a été découvert.
39:51Parce que sinon, les autres personnes ne voulaient, personne n'avait envie de savoir où il était ou quoi.
39:55Du coup, t'as fait de la prison.
39:57Un an.
39:57Un an de prison ferme.
39:59Tes enfants, ils sont condamnés pour quelque chose ?
40:01Ils ont eu du sursis et d'aller voir un psychologue.
40:05C'était pour celle de cadavre.
40:06Ton procès a été hyper médiatisé.
40:09Il y avait plein de chaînes de télé, de radio, etc.
40:12Comment tu l'as vécu, ça, cette popularité soudaine ?
40:14Je n'ai jamais calculé.
40:16Je suis focalisée sur profiter des gamins.
40:20C'est tout.
40:21Parce que toi, dans ta tête, tu vas prendre perpète.
40:23Pour moi, je partais pour 15 ans.
40:25J'avais déjà fait ma valise et tout.
40:27Oui, dans ta tête, tu étais...
40:28Et pourtant, le tribunal va te donner un an ferme que tu avais déjà fait et trois ans avec sursis.
40:36Donc, tu sors libre du tribunal.
40:39C'est une victoire pour toi ?
40:40Non.
40:41Parce que les gens, ils t'applaudissent dans la rue.
40:43Je ne comprends pas cette façon de penser.
40:45Je reste dans mon objectif que ce n'est pas à ma place.
40:48Je pense que les gens qui t'applaudissent, ils te voient vraiment comme l'exemple de la personne qui a réussi à sortir de l'emprise de son mari.
40:57Pour moi, je ne suis aucun moment victime.
41:00Je suis juste une coupable qu'il faut condamner.
41:04Alors que pour moi et que pour beaucoup d'entre nous, depuis l'arrivée de cet homme dans la maison, c'est toi qui es la victime.
41:13Moi, je ne me vois pas comme ça.
41:14On dit toujours que tout ce qui nous arrive, c'est qu'on l'a mérité.
41:20Je veux dire, j'ai toujours entendu ça.
41:21Si un mec à 18 ans, il ne bosse pas, il ne travaille pas le soir, il rate son bac, oui, c'est mérité, c'est sa faute.
41:27Mais te faire attoucher, subir des violences, etc., tu ne l'as pas mérité.
41:33Pour moi, je n'ai pas été assez forte.
41:35Mais tu ne peux pas battre quelqu'un de 40 ans, un mec qui a 40 ans.
41:38Le seul truc, c'est que j'aurais été mieux en foyer quand j'étais petite.
41:41Quand ils ont dit que j'étais en danger chez ma mère.
41:44Ça aurait dû être comme ça.
41:46J'aurais dû aller en foyer.
41:47L'éducateur l'a dit que j'étais en danger chez elle.
41:50Il l'a dit, c'est le seul juge qui m'a laissé là-bas.
41:53Pour ma part, c'est aussi lui le fautif.
41:55Je pense que ton cas n'est pas un cas isolé.
41:58Je pense qu'il y a beaucoup d'enfants dans ce cas-là, même, qui vont regarder la vidéo aujourd'hui,
42:02et qui sont chez eux, qui subissent les coups, les sévices, les ***.
42:06Il y en a beaucoup, ça doit arriver chez eux.
42:08Qu'est-ce que tu dirais à ces enfants et qui vivent ce que tu as vécu ?
42:12Je sais que c'est très compliqué de se rendre compte de ce qu'ils vivent,
42:16de comprendre que ce n'est pas normal et que c'est très compliqué d'oser le dire.
42:21Ils vont mettre du temps, mais il faut arriver à parler à n'importe qui,
42:25mais pas de le garder pour soi.
42:27Et face à des femmes qui sont sous l'emprise d'un mari violent,
42:30qu'est-ce que tu aimerais leur dire à ces femmes aussi ?
42:32Qu'elles soient courageuses parce que c'est encore plus dur pour elles,
42:36parce que déjà, il faut qu'elles comprennent que ce n'est pas normal et que ce n'est pas de leur faute.
42:40Et là, je comprends que là, je dis une autre façon que moi, je pense, moi-même.
42:46Mais que je sais que c'est très compliqué d'arriver à comprendre que ce n'est pas de leur faute.
42:52D'arriver à le dire à quelqu'un d'autre, c'est encore plus dur.
42:56Mais il faut qu'elles arrivent à passer ce cap.
42:59Et à garder espoir.
43:00Oui, mais le problème, c'est qu'on ne va pas aller vers quelqu'un le dire si on n'est pas en sécurité.
43:06C'est ça, le problème.
43:07Les gendarmes qui disent « Ah, vous venez, et après, on aura une enquête, on l'interrogera. »
43:12Ben non, personne ne va porter plainte ou dire ce qu'elle subit si elle n'est pas mise en sécurité, protégée de lui.
43:19D'abord, il faut mettre les femmes en sécurité et après, elles parleront.
43:23C'est logique.
43:23Bien sûr.
43:23C'est logique.
43:24Bien sûr.
43:24Ils savent comment nous manipuler.
43:26Ils savent que notre vie, en tant que mère, c'est nos enfants.
43:29Et ils savent qu'ils jouent sur les enfants pour nous faire du mal.
43:32J'ai un collègue, un ancien collègue qui me disait comme ça « Oh, j'ai aidé ma belle-sœur, mais elle y retourne toujours, c'est qu'elle y aime. »
43:39Mais c'est ridicule de dire ça.
43:40C'est pitoyable.
43:42C'est parce qu'il y a les enfants et qu'ils jouent sur les enfants pour qu'elles reviennent.
43:46Elle ne revient pas parce qu'elle l'aime, comme tu dis.
43:48C'est pour ses enfants.
43:50Voilà, c'est ça qui est très compliqué.
43:51Je pense que tes enfants, ils sont aussi très fiers de toi.
43:53C'est ce qu'ils me disent, mais je déteste quand ils disent ça.
43:56Je n'ai rien fait de bien.
43:58Ils ont eu une vie pourrie à cause de moi.
44:00Je suis fière de ce qu'ils sont maintenant, mais ce n'est pas grâce à moi, c'est grâce à eux.
44:04Tu les as protégés.
44:05Tu as aussi fait en sorte de les mettre à l'écart quand toi, tu subissais les insultes, les coups.
44:11Je leur ai toujours dit, quand je m'enfermais dans la salle de bain, je m'arrangeais pour ne pas qu'ils voient.
44:18Ils me disaient toujours quand je sors, tout va bien.
44:21Je dis, t'occupe.
44:22C'était mon truc.
44:22Ils savaient que t'occupe, ça veut dire tout va bien.
44:25Tu les as protégés.
44:26T'occupe.
44:26Tu les as protégés comme tu as pu le faire à ce moment-là.
44:28Et aujourd'hui, comment ils vont tes enfants d'ailleurs ?
44:30Ils vont tous très bien.
44:31Je suis deux fois grand-mère, bientôt trois fois.
44:34Trop bien.
44:35Félicitations.
44:35Ils ont tous acheté leur maison.
44:38Ils ont un boulot, une famille.
44:39Voilà, tu as réussi ta vie.
44:41Tout va bien.
44:41Ce n'est pas parce que les enfants ont été ou abusés, ou maltraités, ou humiliés, ou violents, ou quoi que ce soit d'une certaine façon,
44:53qu'ils vont reporter la même chose sur leurs enfants.
44:56Ça, je tiens à le préciser parce qu'il y a quand même pas mal de gens qui croient que, voilà, vous avez été traité comme ça, vous allez traiter...
45:04On va reproduire le même schéma.
45:06C'est ridicule de penser ça.
45:07Merci beaucoup Valérie.
45:09Encore bravo.
45:10Merci à vous.
45:10À toi, à toi, on se tuto, on a dit qu'on se tutoyait quand même.
45:13Merci beaucoup pour ton témoignage.
45:15Je vous laisse écrire en commentaire plein de messages de soutien pour Valérie.
45:19Je pense que tu auras la lecture après la vidéo.
45:21Moi, je suis très fier de toi et je pense que tu vas inspirer beaucoup de femmes.
45:26Oui, mais je le dis.
45:26Oui, mais il ne faut pas.
45:28Faites tout le contraire de ce que j'ai fait.
45:29Ayez le courage de parler et de vous confier aux autres.
45:33On le reprécise, Valérie, tu as co-écrit un livre avec Clémence, tout le monde savait.
45:37Donc, pour ceux qui veulent en savoir plus sur ta vie, on mettra les liens dans la description ainsi que tes comptes Instagram, TikTok, chaîne YouTube.
45:44On mettra tous tes liens, on mettra l'adresse mail.
45:46S'il y en a qui veulent contacter directement Valérie, que ce soit pour des écoles, des conférences, pour quoi que ce soit, aura pour plaisir de vous répondre.
45:54Trop bien.
45:55Merci beaucoup.
45:57Merci.
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