00:00S'il y a bien un peintre qui a su mélanger les couleurs et la musique dans ses oeuvres,
00:04c'est lui, Vassily Kandinsky.
00:07Artiste phare du XXe siècle, il s'est inspiré du langage de la musique
00:11pour créer un art qui se détache de toute imitation de la nature, l'art abstrait.
00:18Né à Moscou en 1866, Kandinsky découvre très jeune la musique.
00:23Kandinsky vient d'une famille très aisée, où la musique fait partie de l'éducation attendue.
00:28Et on sait que très tôt, il apprend le violoncelle, le piano ou l'harmonium.
00:32Donc il a vraiment une culture musicale.
00:34Il fréquente les salles de concert, Moscou, ensuite à Odessa.
00:43On est en plein essor des écoles nationales.
00:45Le groupe des cinq, Moussorsky notamment.
00:48Et il va être très marqué par cette musique qui est vraiment très romantique,
00:51très nationaliste, très mystique aussi.
00:54On le sait parce qu'il le commente dans sa correspondance.
00:56Sa femme Nina dira que Moussorsky est resté toute sa vie son compositeur préféré.
01:03En 1896, Kandinsky éprouve un choc esthétique qui va bouleverser sa carrière.
01:09Le choc Wagner.
01:10Il a 30 ans.
01:12Il est étudiant en toute fin d'études d'économiste, statisticien.
01:16Et là, il assiste à Moscou à une représentation de l'O.N. Green.
01:19Il raconte que cette émotion a été décisive.
01:26Après l'expérience Wagner, il décide d'arrêter sa carrière d'économiste,
01:30de quitter Moscou, de s'installer à Munich où il deviendra peintre.
01:34Ce qui est curieux, c'est qu'il ne dit pas qu'il deviendra musicien,
01:37mais qu'il a décidé de vivre dans le développement du langage de l'art,
01:41et c'est celui de la peinture.
01:42Il y a eu un autre choc qu'il décrit vraiment strictement parallèle.
01:48Il aurait découvert aussi les meules de foie de Monet.
01:50Et effectivement, Monet est un des peintres qui, lui, petit à petit,
01:52a compris tout l'intérêt de détourner la peinture d'une imitation stricte de la nature
01:58pour investir la couleur d'une force expressive qui est quasiment autonome.
02:04Kandinsky se lit d'amitié avec des compositeurs avant-gardistes
02:07comme Thomas von Hartmann et Arnold Schoenberg.
02:10Elle est mise en œuvre par Schoenberg, les premiers pas de la tonalité.
02:14Et ça, pour lui, ça va être aussi un choc.
02:16En tout cas, ça a le confort dans ses propres expériences de peintre
02:20qui, lui aussi, veut marcher vers une nouvelle peinture moderne.
02:25Fasciné par ce nouveau langage musical,
02:28Kandinsky développe sa propre théorie de la peinture.
02:31Kandinsky, c'est ce qu'il a toujours fasciné, intéressé dans ce matériau musical.
02:35C'est qu'il existe donc un langage artistique
02:38qui est capable de toucher fortement l'âme, mais sans imiter la nature.
02:41Et du coup, son raisonnement est le suivant.
02:43Si la musique y est arrivée,
02:45est-ce que la peinture, par ses seuls moyens autonomes,
02:47donc les couleurs, la ligne, les contrastes, des formes ou des couleurs entre elles,
02:52est-ce que ses seuls moyens, comme les sons de la musique,
02:54sont capables, sans imiter la nature, d'un effet sur l'âme humaine ?
02:59Les années 1910 sont fondamentales pour Kandinsky avec le passage à l'abstraction.
03:06Petit à petit, il va commencer des grands cycles de peinture
03:09dont le titre est une connivence avec l'imaginaire musical.
03:13Il va carrément s'intéresser à la notation musicale,
03:24par exemple, comment des fragments de la 5e symphonie de Beethoven,
03:27comment le dessin des notes va vraiment offrir une série de propositions graphiques
03:34pour la peinture, avec en arrière-plan, bien sûr, une identité musicale.
03:38Et dans plusieurs de ses œuvres, Kandinsky associe les couleurs au son.
03:44C'est ce qu'on appelle communément la synesthésie.
03:46La synesthésie, c'est la capacité de fusionner, on va dire, les émotions sensorielles.
03:52C'est par exemple, lorsque j'entends une musique,
03:54ce son musical suscite aussitôt la perception d'une couleur.
03:58C'est un phénomène, on va dire, neurosensoriel.
04:01Il a pu lui-même établir des concordances,
04:03le son rouge du violon, surtout le son jaune de la trompette.
04:07On en a fait un synesthète.
04:10Est-ce qu'il l'était vraiment ?
04:13Il y a tellement d'analogies dans ses œuvres, dans sa théorie,
04:19dans son quotidien, dans ses correspondances.
04:21Il y a une très, très forte sensibilité exacerbée à la musique.
04:24Sous-titrage Société Radio-Canada
04:39Sous-titrage Société Radio-Canada
04:41Sous-titrage Société Radio-Canada
