Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 jours
Partout en France, les villes touristiques sont confrontées à la crise du logement. De plus en plus de touristes en centre-ville et de moins en moins d'habitants. Les plateformes type Airbnb sont accusées de siphonner les locations, d'accentuer la pénurie de logements et de faire flamber les prix de l'immobilier

Il y a un an, les députés Annaïg Le Meur (Ensemble pour la République) et Inaki Echaniz (Socialiste) faisaient voter la loi transpartisane sur la régulation des meublés de tourisme. L'objectif : donner des outils aux élus locaux pour mieux réguler le marché notamment dans les zones les plus attractives, pour rééquilibrer l'offre entre la location longue durée et touristique.

Après une première saison touristique estivale, la députée de la 1ère circonscription du Finistère, est allée à la rencontre des élus et des professionnels du secteur pour observer les premiers impacts de la loi.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Encore une.
00:07Voilà typiquement le type de boîte à clés qu'on peut retrouver dans certaines villes.
00:11Là, il y a quand même une densité plus forte dans le centre-ville historique.
00:15Bonjour, ça va ?
00:17Ah, mais on ne voit pas beaucoup.
00:20Il y a une telle difficulté à se loger pour les locaux
00:22qu'effectivement, il faudrait peut-être mettre un frein à ce genre de show.
00:25Pas encore comme à Barcelone.
00:27On n'a pas encore la même attractivité que Barcelone,
00:29qui est vraiment une capitale.
00:30Nous sommes la capitale de la Bretagne, de la Cornouaille.
00:42Bonjour, Anna Higlemeur, députée du Finistère de la première circonscription.
00:47Je vous accueille aujourd'hui à Quimper pour faire le point sur la régulation des meublés de tourisme.
00:52C'est l'occasion de voir ce que ça a changé pour nos territoires.
00:55Je vous laisse me suivre.
00:59Depuis quelques années, Quimper, comme de nombreuses villes du littoral breton,
01:04attire de plus en plus de touristes et connaît une crise du logement.
01:11Les plateformes type Airbnb sont accusées de siphonner les locations,
01:16d'accentuer la pénurie de logements et de faire flamber les prix de l'immobilier.
01:21En France, elles sont passées de 300 000 en 2016 à 1 200 000 aujourd'hui.
01:29Il y a un an, Anna Higlemeur et Iñaki et Chamise faisaient voter une loi transpartisane
01:36sur la régulation des locations de tourisme et des résidences secondaires.
01:40L'objectif ? Rééquilibrer le marché immobilier dans les zones les plus attractives,
01:46comme ici, dans le centre-ville de Quimper.
01:49Ici, vous êtes dans la rue principale face à la cathédrale,
01:53qui est la rue la plus commerçante de Quimper.
01:56En haut, on a des zones qui sont moins habitées
01:58ou qui sont plutôt à vocation de location touristique.
02:02On peut déplorer que des gens n'y habitent pas forcément
02:05et qu'on ait une économie plutôt liée au tourisme uniquement,
02:10alors qu'on a besoin d'avoir des salariés, des étudiants aussi dans nos villes.
02:15Dans les rues de sa ville, la députée est connue pour son combat.
02:19Elle est soutenue par les élus d'autres familles politiques.
02:23C'est bien de cadrer un peu les choses ?
02:26C'est là où ta loi est bien, c'est Quimper devient une station balnéaire.
02:30Donc il faut faire aussi des choses pour éviter
02:32qu'on soit un petit peu, qu'on vide les centres-villes
02:37avec des locations saisonnières, qu'on vide tout ça.
02:41Tous les propriétaires doivent désormais déclarer leur location en mairie.
02:46Dans les zones tendues, le maire peut même instaurer des quotas.
02:51Un peu moins d'un an depuis l'application de la loi
02:54et après une première saison touristique,
02:57Annaïg Lemeur vient dresser un premier bilan auprès des acteurs de l'immobilier.
03:01Bonjour, bonjour.
03:03Très bien, merci.
03:05L'un des dispositifs les plus dissuasifs pour les propriétaires,
03:09c'est la réduction de l'abattement fiscal sur les locations de tourisme.
03:13Il passe de 70 à 50%.
03:15Aujourd'hui, concrètement sur le terrain,
03:19ce qu'on voit, c'est des propriétaires qui petit à petit se posent la question
03:23est-ce qu'aujourd'hui j'arbitre en faveur de louer mon bien à l'année ou en saison.
03:29C'est une petite frange d'acteurs,
03:31mais ce début de changement a quelque chose de bon
03:35pour aider à la régulation du marché.
03:40Mais ce premier rééquilibrage est encore insuffisant face au prix du marché.
03:45La location touristique est encore avantageuse pour financer un appartement.
03:50Là, tu vois, c'est un appartement qui est à vendre en dernier étage.
03:53On reste dans une station balnéaire,
03:54donc tu as des prix qui sont quand même assez élevés.
03:57Est-ce qu'un investisseur va vouloir l'acheter pour continuer de louer à l'année ?
04:02Et le taux de rendement ne va pas forcément être au rendez-vous pour l'investisseur.
04:06Je pense que c'est une première marche qu'on a montée grâce à cette loi,
04:11une première étape de passer dans le sens où on a invité des gens à se poser la question.
04:14La deuxième marche, elle est assez évidente.
04:16C'est plus un débat de location de courte durée par rapport à la location de longue durée
04:22et de rendre justement cette location longue durée fiscalement attractive pour les investisseurs,
04:29pour libérer du logement sur l'ensemble du territoire et pas seulement dans les stations balnéaires d'ailleurs.
04:34La Bretagne connaît une forte tension immobilière entre le tourisme et les besoins des habitants.
04:41Ici, on est sur une dynamique économique forte en Bretagne.
04:44On a vraiment une économie avec quasi plein emploi,
04:49sauf que les gens refusaient des postes pour défaut de logement.
04:52Donc on se retrouvait des fois avec des salariés qui refusaient les postes
04:54ou qui étaient logés soit dans des mobilhommes, soit dans leurs véhicules.
04:58Donc il fallait réguler ça, expliquer, remettre à plat pour pouvoir effectivement améliorer la situation.
05:04Comment maintenir ou retrouver cet équilibre dans les zones touristiques ?
05:10Les députés ont donné au maire la possibilité d'interdire la construction de résidences secondaires neuves.
05:17C'est l'autre volet de la loi dont les municipalités commencent à se saisir.
05:22À l'image de Cancale, 5 500 habitants,
05:27sa baie et ses huîtres qui figurent au patrimoine mondial de l'UNESCO.
05:30La ville compte 41% de résidences secondaires et autant de volets fermés sur le port.
05:39Les locations de tourisme ont bondi de 30% entre 2020 et 2024.
05:44Alors, pour éviter de devenir un simple lieu de villégiature,
05:49Cancale a entrepris de la rénovation urbaine.
05:53Elle a implanté des logements sociaux pour garder des habitants à l'année.
05:58Bonjour Madame Corsec.
05:59Bonjour Madame Lumeur. Bienvenue à Cancale.
06:01Merci de m'accueillir.
06:02Je vous en prie.
06:03Mais ce n'était pas suffisant.
06:06Alors, grâce à la loi, les élus ont modifié le plan local d'urbanisme.
06:11Ils ont désigné des zones où il ne sera plus possible de construire des résidences secondaires.
06:16Nous avons donc ici la version de ce PLU.
06:22Donc, on a inclus toutes les parcelles qui sont dans cette zone qui est en vert.
06:26Et après, ce sont toutes les parcelles qui sont striées en rose, qui ont été rajoutées,
06:31avec des critères qui sont premièrement à la surface, de plus de 1000 m².
06:36Et également, un autre critère qui a consisté à dire, on va réserver l'habitat principal
06:41dans les secteurs qui ne sont pas loin des équipements et des services publics.
06:46À l'école, aux activités sportives, aux lieux associatifs.
06:49Une partie du foncier que vous avez strié, que vous avez incorporé,
06:53il y a une partie qui était propriété de la collectivité et une partie privée, j'imagine.
06:59Et du coup, comment réagissent les habitants à ce dispositif ?
07:02Nous n'avons reçu que des avis favorables à ces différents classements.
07:08C'était des villes qui n'arrivaient pas avant à avoir d'outils.
07:12Ils n'avaient pas les outils, parce que les outils étaient simplement pour les villes de plus de 200 000 habitants.
07:16Donc, effectivement, c'était la volonté qu'on avait avec M. Etchanis,
07:19c'est de ramener à la réalité du quotidien et de laisser la main aux maires,
07:23de communes plus petites, de pouvoir justement bâtir un projet de résidence principale sur leur territoire,
07:30notamment, mais aussi avoir tous les outils de régulation qu'ils n'avaient pas.
07:34Donc, enfin, un outil qui nous permet de réglementer la situation
07:38et de réserver effectivement la consommation foncière à la résidence principale.
07:43À quelques kilomètres de Cancale, Saint-Malo, un million de touristes chaque année.
07:50La ville, devenue emblématique du surtourisme,
07:53a été pionnière dans la lutte contre les locations saisonnières.
07:56Depuis 2021, la mairie a instauré des quotas de location touristique par quartier.
08:03Elle a inspiré le projet de loi de la députée.
08:07Et pourrait bientôt se saisir, comme Cancale,
08:10de la loi pour empêcher la construction de résidences secondaires neuves.
08:16Comme un pied de nez, c'est ici que la Fédération nationale de l'immobilier
08:20a organisé ses rencontres de la location de vacances
08:23auxquelles la députée a été conviée.
08:31L'impact de la loi Lemaire,
08:33moi je vais vous la donner tout de suite, on parlait de data il y a 5 minutes.
08:36On va prendre New York parce qu'ils l'ont fait il y a 2 ans, ce qu'on fait aujourd'hui.
08:39Et bien voilà les résultats de New York.
08:41Le Airbnb, c'est fini.
08:43Est-ce qu'il y a plus de logements pour les étudiants ?
08:45Réponse, non.
08:46Est-ce que les loyers ont augmenté pour les étudiants ?
08:49Ils ont triplé. Vous savez ce qui s'est passé à New York ?
08:51New York, ils ne plaisantent pas, ce n'est pas comme la France.
08:53Qui a gagné de l'argent dans les affaires ?
08:54Les hôtels. Les prises ont explosé.
08:58Les quotas, la fiscalité et les interdictions inquiètent la profession réticente
09:03qui trouve que la loi a confié trop de pouvoir aux maires.
09:08Nous, ce qu'on se souhaiterait, c'est que les maires prennent les décisions avec des gardes-fous.
09:12Ils ne peuvent pas tout seuls décider, voilà, j'attardis les locations de vacances
09:15ou j'attardis les résidences secondaires.
09:16Ce qui serait bien, c'est qu'il y ait des commissions mixtes professionnelles,
09:19des résidents permanents, des résidences secondaires,
09:21puisqu'ils payent aussi leurs taxes d'habitation,
09:24aident effectivement les maires à organiser ces restrictions, ces quotas, ces PLU,
09:29voilà, dans ce sens.
09:30Quelque chose de commission mixte paritaire.
09:33En fait, on a peur que votre initiative, qui était transpartisane,
09:36soit dévoyée par des maires locaux qui ont une approche idéologique
09:39beaucoup plus radicale que la vôtre, pour le coup, en tout cas dans vos travaux,
09:42et qui détournerait vos outils pour des résultats qui ne seraient pas forcément
09:46dans l'esprit de celui que vous avez imaginé.
09:48Si ça va trop loin, ne vous inquiétez pas, tout le monde saura leur dire
09:51et au bout d'un moment, il y aura certainement une adaptation.
09:55Attendez, elle n'a même pas un an, donc on fera une évaluation
09:58et ça nous permettra de voir effectivement ce qui est peut-être à revoir,
10:03à revisiter, à améliorer.
10:04Pour le président de l'AFNAIM, ce n'est pas en limitant les locations de tourisme
10:10que la crise du logement sera résolue.
10:13Le problème, c'est que les mesures qui sont proposées
10:16sont souvent des mesures de redressement, qui sont des mesures de sanctions,
10:20alors qu'on devrait être dans un cadre d'incitation,
10:23et n'importe de répondre à un logement pour tous,
10:25à la fois composé et ne pas opposé le secteur de la location touristique
10:30au secteur de la location longue durée, mais composé avec, je dirais,
10:34toute l'arborescence de la politique logement.
10:36Je suis désolée là-dessus, c'est peut-être notre petit point de désaccord
10:39sur l'interprétation de notre loi.
10:41Pour moi, justement, c'est une boîte à outils mise à disposition,
10:44on n'impose à personne de le prendre ou de le faire.
10:46Nous, on fait de la politique.
10:47Au bout d'un moment, il faut qu'on oriente vers le bon produit.
10:50Donc le bon produit, actuellement, n'est plus celui de la location touristique,
10:54parce qu'on est arrivé peut-être, comme le disent certaines communes,
10:57à un niveau plafond.
11:00Peut-être qu'il faut les accompagner maintenant,
11:02et je pense que ce n'est même pas peut-être,
11:04mais il faut accompagner maintenant et inciter vers une autre politique
11:08qui est la politique du logement à l'année.
11:11Les réticences et les inquiétudes des professionnels de l'immobilier
11:15n'ont pas entamé la détermination de la députée
11:18à faire reculer cette France des volets fermés.
11:22On voit que quand les communes s'en emparent,
11:24il y avait quand même une attente.
11:26Elles attendaient, il n'y avait que certaines communes en France qui pouvaient le faire,
11:29les autres, elles le faisaient de façon dérégatoire, elles se faisaient attaquer.
11:32Donc là, on l'a mis dans la loi, on a sécurisé la prise en main des outils
11:36qui étaient déjà préexistants la plupart, qu'on a affinés, qu'on a améliorés.
11:40Il y a des attentes surtout, je pense, en termes de fiscalité.
11:43Il y a une notion d'équilibre de justice sur la fiscalité,
11:47se dire que demain, la fiscalité doit être plus à l'avantage d'un projet politique
11:52et l'allocation de longue durée pour pouvoir loger tout le monde.
11:57Les députés estiment qu'il faudra encore 5 à 10 ans
12:01avant de pouvoir tirer un bilan précis de la loi
12:03et de son impact sur la crise du logement.
12:06Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations