00:007h46 après 10 jours de reconstitution du meurtre de Thomas à Crépaule, l'auteur du coup de couteau mortel n'a toujours pas été formellement identifié.
00:07Nathalie Rodriguez en reçoit ce matin, maître Denis Dreyfus, l'avocat de l'association des victimes du bal de Crépaule.
00:14Bonjour Denis Dreyfus.
00:16Bonjour.
00:165 victimes et les 14 mises en examen ont été entendues lors de cette reconstitution.
00:23Qu'est-ce que ça a apporté cette reconstitution ?
00:26On avance pas à pas, c'est difficile.
00:30On l'a fait dans l'excellence qui doit être saluée du travail des juges d'instruction et des experts qui s'étaient vus confier cette mission de reconstitution numérique.
00:41Et on l'a fait, et c'est ô combien souhaitable dans ce dossier, dans un climat de sérénité où chacun a pu concourir, comme on dit, à la manifestation de la vérité.
00:52Sérénité, vraiment, on a entendu dire que des suspects avaient pu ricaner, avaient eu des regards insistants, des victimes l'ont mal ressenti.
01:01Vous vous dites que quand même le climat a été serein ?
01:04Oui, globalement, j'étais avec la présidente de l'association que j'assiste hier, et je crois qu'au terme de ces huit journées de reconstitution, elle est ressortie assez sereine.
01:18Alors après, il y a toujours l'épiderme, les sourires, les regards, mais je crois qu'il ne faudrait pas, en quelque sorte, travestir ces quelques attitudes,
01:30les politiser, voire même, sont des jeunes, des très jeunes, moi ça m'a frappé, que j'ai regardé pendant huit jours,
01:38et il faut aussi savoir porter un regard qui correspond à l'état d'esprit qui est le leur,
01:43qui parfois est quelque peu dramatique, de ne pas avoir suffisamment de prise de conscience de la gravité et des conséquences de leurs actes,
01:51mais je pense que globalement, les choses se sont bien déroulées.
01:54Donc, vous dites qu'on avance pas à pas, mais on n'a toujours pas la réponse.
01:59Qui a porté le couteau mortel à Thomas ?
02:02Non, et c'est là qu'au-delà de la forme, sur le fond, le babelès,
02:07car on a ces 14 jeunes qui ont agi de manière commune, à mon sens, le soir du drame de Crépole,
02:19d'où la qualification initiale d'une bande organisée, de meurtre et de tentative de meurtre en bande organisée,
02:25et qui aujourd'hui persistent finalement dans cette qualification juridique par leur attitude de silence,
02:31où on ne parle pas parce que c'est la loi de la cité, du quartier, et malheureusement de la prison,
02:36et qu'on ne peut pas, reprenant leur vocabulaire, être une balance ou une poucave au risque d'endurer d'autres conséquences
02:43et au mépris malheureusement de l'humanité qui est due à la famine de Thomas et aux victimes.
02:48Donc aujourd'hui pour vous, l'absence d'aveux marque leur complicité, signe leur complicité au 14 ?
02:55Je crois qu'ils sont en train de rentrer, s'ils maintiennent cette position,
03:00dans un piège qui va se renfermer sur eux, sur le plan juridique,
03:04parce que ça va maintenir la qualification actuelle,
03:07et avec le risque aussi, devant la juridiction,
03:10à ne pas vouloir parler, à ne pas vouloir dire la vérité,
03:13de ne pas trouver les éléments d'individualisation de peine,
03:18et ils prennent le risque d'un espèce de tarif commun quant à la sanction pénale,
03:24dans une notion juridique qui existe dans la bande organisée,
03:28qui est la coaction.
03:29Peu importe finalement qui a donné le coup de couteau,
03:32c'est le résultat global de ce groupe agissant qui amène à ce drame.
03:37Maître Denis Dreyfus, donc l'avocat de l'association des victimes du bal de Crépole,
03:42l'instruction va se poursuivre, ce n'est pas terminé après cette reconstitution,
03:47mais en l'état actuel des choses, à ce stade,
03:49est-ce que vraiment il peut y avoir un procès devant une cour d'assises,
03:52si on n'a pas de charges suffisantes,
03:54et si on n'a pas un meurtrier identifié ?
03:57Alors vous avez raison, on est à ce stade de la procédure,
04:01c'est sur les indices précieux concordant support des mises en examen,
04:05et la question va être pour les magistrats,
04:07le procureur de la République et les juges d'instruction,
04:10avec les observations de toutes les parties,
04:12les parties civiles et la Défense,
04:14de savoir s'il existe des charges suffisantes.
04:16A mon sens, il est impensevable, inconcevable,
04:20qu'il n'y ait pas de procès d'assises,
04:22et que l'on ne se retrouve pas dans un périmètre
04:24assez proche de l'ensemble des personnes
04:27qui à l'heure actuelle sont mises en examen,
04:30dont une partie non négligeable,
04:32neuf sont encore en détention provisoire.
04:34Mais on peut condamner les 14 pour le meurtre de Thomas,
04:38si aucun ne se désigne d'ici là,
04:40et si on n'a pas de charges sur un parmi d'autres ?
04:43Ce sera la juridiction de le faire,
04:45après un débat contradictoire,
04:46et où la Défense aura bien sûr à développer ses arguments,
04:49mais c'est du domaine du possible.
04:52Vous vous souvenez sans doute,
04:53à Grenoble, de la terrible affaire Kevin et Sofiane,
04:56où effectivement on n'a pas eu d'identification précise
04:59sur l'auteur des coups de couteau,
05:01des coups de pioche, des coups de marteau,
05:03et où finalement, c'est l'ensemble d'une bande organisée
05:06qui a été renvoyée et condamnée,
05:08avec des différences ensuite dans l'appréciation des sanctions pénales,
05:12mais on est dans ce cas de figure.
05:14Et c'est pareil pour les victimes ?
05:16Enfin, elles ressortent d'un procès comme ça,
05:18avec le même sentiment de justice rendue,
05:20ou il y a toujours quand même cet inconnu qui reste ?
05:22Je crois qu'il faut se garder de considérer que la justice peut apporter une réponse à ses victimes,
05:33à la famille de Thomas en priorité,
05:35et puis à l'ensemble des autres victimes,
05:36et de la déflagration qui a existé pour ces jeunes que je rencontre.
05:40La justice n'est pas de nature à compenser un tel drame.
05:46Mais elle participe dans ce qui est fondamental dans ce dossier,
05:51et qui s'appelle l'apaisement,
05:54parce que le travail de deuil, il continuera,
05:56et de toute façon, existe-t-il possiblement,
05:59dans un tel drame pour la famille de Thomas,
06:03un travail de deuil ?
06:04Je crois que le deuil, il demeure éternellement quand on a vécu ce genre de drame.
06:09Maître Denis Dreyfus,
06:10donc l'avocat de l'Association des victimes du bal de Crépole,
06:13merci d'être venu sur ICI Dromardèche ce matin.
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